N° 9 rue Pierre Motte

Le 9 de la rue Pierre Motte a été, pendant très longtemps, occupé par un débit de boissons : l’estaminet de L. Rousseaux dans les années 1900, puis celui de M. Deffrenne ( chez Marius ) dans les années 1920 et 1930.

( document collection privée )

Après la libération, le café est tenu par Stanislas Ryba Coppens. L’enseigne est le « LA MI DO » Trois notes de musique ! car Stanislas, musicien passionné, profite de cette période d’après guerre, pour transformer son établissement en café-concert. L’activité musicale roubaisienne se concentre au cœur de la ville, autour des halles, et la rue Pierre Motte se transforme en « rue du jazz ». Les principaux commerces créent leur formation de jazz et de swing. Dans cette rue, nous trouvons le Celtic au 11, le Bazar des Halles au 35, l’orchestre de Jean Poulin au 55, la Rotonde à l’angle du Boulevard Gambetta, et un peu plus loin, le café du Broutteux.

( document Nord Eclair )

Au début des années 1950, Claude Ryba, le jeune fils de Stanislas, est accordéoniste. Il anime les après-midi dansants pour divertir la clientèle. Le « LA MI DO » devient un lieu renommé et apprécié.

( documents Nord Éclair )

En 1962, l’opticien André Her, installé au 94 96 rue de l’Epeule, reprend le café et demande à l’architecte Henry Hache, situé place de la Fraternité, des travaux de transformation de la vitrine pour la création d’un magasin de prêt-à-porter et plus précisément d’imperméables et de manteaux à l’enseigne : Toutemps. M et Mme Lagast sont responsables du commerce jusqu’en 1966.

( document collection privée )

Daniel Jacquart reprend le commerce du 9 rue Pierre Motte, en 1966. Daniel est déjà commerçant ; il possède un commerce de bonneterie, à l’enseigne « La Bicoque », au 53 bis rue de Lannoy, en 1962. Trois années plus tard, une grande partie de la rue de Lannoy est rasée pour faire place au futur centre commercial Roubaix 2000. Daniel Jacquart comme beaucoup de commerçants, s’installe au Lido à l’emplacement N° 15, toujours avec son enseigne « La Bicoque ». Le Lido étant un centre de transit provisoire, Daniel pense déménager pour trouver un commerce digne de ce nom, et choisit donc, le 9 rue Pierre Motte. En Septembre 1966, il demande à l’entreprise Trousson une modification de la vitrine.

( document Archives Municipales )

Il abandonne l’enseigne La Bicoque pour afficher son nom : Jacquart, et, en 1968, il fait transformer complètement le magasin par l’entreprise Delcour de Wasquehal. Son enseigne est désormais ; Jacq’bis.

La façade en 1986 ( document Archives Municipales )

Daniel continue son commerce de bonneterie, mais va surtout développer la vente de prêt-à-porter féminin, avec des grandes marques, connues du grand public. Sa devise est : Jacq’bis, la plus parisienne des boutiques roubaisiennes

publicités ( documents collection privée )
La façade en 1999 ( document F. Hamès )

En 1999, Daniel Jacquart cède son commerce à Fabien Hamès et son épouse Nathalie. Fabien est opticien adhérent Krys depuis 1989, au N° 13 de la rue Pierre Motte ( 2 commerces plus loin ! ). Les affaires fonctionnent très correctement, mais dix ans après, le développement se fait de plus en plus difficile, par un manque cruel de place. Ne pouvant agrandir son petit magasin de 70m2, Fabien souhaite déménager son commerce. Il entretient de bonnes relations avec les commerçants voisins, et l’occasion se présente quand Daniel Jacquart lui annonce vouloir céder son affaire.

La façade Krys en 2000 ( document F. Hamès )

Fabien réalise les travaux nécessaires, pour transformer le magasin de prêt-à-porter en commerce d’opticien. Il ouvre son nouveau magasin au 9 rue Pierre Motte, en Février 2000. La surface de vente est désormais de 120 m2, ce qui lui permet de développer le choix des montures de lunettes et de devenir spécialiste en lentilles de contact et en basse vision pour les mal-voyants.

La façade du magasin Krys ( document F. Hamès )
L’Intérieur du magasin ( document F. Hamès )

En Janvier 2009, Fabien Hamès et son épouse Nathalie, reprennent le magasin de la bijouterie Soyez de Philippe Heim, au N° 7 de la rue Pierre Motte. (voir sur notre site, l’article intitulé : La bijouterie Soyez)

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Remerciements aux archives municipales, ainsi qu’à Fabien et Nathalie Hamès.

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La bijouterie Soyez

Au début des années 1900, le 7 de la rue Pierre Motte est composé de deux magasins jumeaux : le 7 et le 7 bis.

Les magasins jumeaux 7 et 7 bis ( document collection privée )

Sur cette photo, à gauche le N° 7 est une bijouterie tenue par M et Mme Desagre-Verfaillie. A droite, au N° 7 bis, se trouve l’imprimerie Castelain.

( document collection privée )

Au N° 7, la bijouterie du couple Desagre-Verfaillie est un commerce de bijoux, certes, mais également d’articles religieux, cadres photos, articles fumeurs, meubles. On peut se demander comment gérer autant d’articles dans une si petite échoppe, car le magasin est peu profond, et très étroit. La maison Verfaillie a été crée en 1880.

( document collection privée )
( document collection privée )

Au N° 7 bis, F. Castelain a créé son commerce en 1895. Il imprime des journaux, des brochures, des catalogues, des registres. Il vend également des articles de papeterie et des cartes postales. Curieusement, sur leurs publicités de l’époque, les deux commerçants préfèrent indiquer leur adresse : Place des Halles, plutôt que le 7 rue Pierre Motte, probablement car leurs points de vente se trouvent juste en face des célèbres Halles de la ville, que tous les roubaisiens connaissent. Pendant de très nombreuses années, les deux magasins vont rester jumeaux : Au N° 7 bis – Le commerce est repris par un ébéniste : J. Herbeau dans les années 1910, puis deviendra un magasin de chaussures tenu par Mlle Chavet dans les années 1920 et par G. Rouzé dans les années 1930-1940.

Au N° 7 – Albert Soyez et son épouse Jeanne, née Delerue, reprennent le commerce d’Hélène Verfaillie, vers 1910. Il était installé bijoutier, au 133 rue de Lannoy, et son souhait est de se rapprocher du centre ville. Il décide de se limiter uniquement au commerce de bijoux, en supprimant le reste des produits vendus jusqu’alors.

Albert Soyez et son épouse Jeanne ( documents P. Heim )
( document collection privée )

Albert Soyez décède en 1914. Sa veuve, Jeanne, continue seule l’activité du commerce. Quelques années plus tard, elle rencontre Fernand Heim. Il reprend la bijouterie, au milieu des années 1920, et garde l’enseigne Soyez qui a une très bonne notoriété : une maison de confiance qui rassure la clientèle. Ils habitent sur place, à l’étage.

( document P. Heim )

Fernand est excellent commerçant et développe son commerce de façon très satisfaisante, toujours avec l’enseigne Soyez, et ce, pendant des années.

Publicités Soyez ( documents collection privée )

Jacques Heim ( le fils de Fernand ) aide son père, dès 1945, à la gestion du commerce. Dans les années 1950, il habite au 112 rue de Lannoy ; Fernand a toujours son domicile rue Pierre Motte.

De gauche à droite : Jacques Heim, Hermance la mère de Fernand, Fernand, et Jeanne devant le magasin en 1945 ( document P. Heim )

En 1963, la locataire du commerce de chaussures du 7 bis, Mlle C Rouzé, quitte les locaux et part s’installer au 14 de la rue du Maréchal Foch. Jacques Heim reprend le point de vente, fermé depuis peu. Il fait effectuer des travaux pour ne faire qu’un seul magasin : le 7 et 7 bis sont ainsi regroupés. Les travaux d’aménagement sont confiés à l’entreprise Romain d’Arras.

La façade avant travaux en 1962 ( document P. Heim )
La façade après travaux en 1964 ( documents Nord Eclair )

La nouvelle Bijouterie-Horlogerie-Joaillerie Soyez ouvre en 1964. Le commerce est bien connu des roubaisiens depuis plusieurs générations et s’est constitué une clientèle désireuse d’acheter dans une maison de confiance.

Intérieur du magasin 1964 ( document P. Heim )

L’installation du nouveau magasin est moderne et de grand standing : vastes rayons, larges comptoirs vitrés ; c’est une véritable exposition permanente. Un personnel compétent conseille les acheteurs pour choisir les prestigieuses pièces de bijouterie joaillerie, ainsi que les montres des plus grandes marques, dont Lip, Universal. Après cette transformation, Jacques Heim continue de développer fortement le commerce dans les années 1970-1980, son fils Philippe vient l’aider en 1978 en tant qu’employé.

Publicités années 70 80 ( documents collection privée )

En 1975, intervient une nouvelle modification de façade et d’aménagement intérieur. Les travaux sont à nouveau confiés à l’installateur Romain à Arras. Il créé un concept moderne, avec hall d’entrée, porte automatique, et de magnifiques vitrines d’exposition.

Nouvelle façade 1975 ( document P. Heim )
Intérieur du magasin en 1985 ( document P. Heim )

En 1985, Jacques Heim prend sa retraite après 40 ans d’activité. Il transmet le magasin à son fils, Philippe. Celui-ci et son épouse Joëlle vont désormais assurer la gestion complète du commerce.

Philippe Heim en 1996 ( document P. Heim )

Philippe Heim cesse son activité en 2008, après 30 années passées derrière le comptoir. La bijouterie Soyez fondée en 1889, ferme ses portes en 2008.

La façade en 2008 ( document Google Maps )

Philippe Heim propose à son voisin Fabien Hamès, opticien adhérent Krys, installé au N° 9 de la rue Pierre Motte, de lui céder son commerce. Un accord est conclu en début d’année 2009 ( voir sur notre site, l’article intitulé : 9 rue Pierre Motte ). Fabien et son épouse Nathalie décident de regrouper les deux magasins en un seul point de vente. Ils confient le dossier à leur architecte d’intérieur Didier Leclercq ; les travaux sont réalisés par l’entreprise Gruson 177 rue de Maufait à Roubaix. Fabien et Nathalie décident de ne pas fermer leur point de vente pendant les 2 ou 3 mois de travaux nécessaires. Le 7 et le 9 de la rue Pierre Motte, sont ainsi regroupés et l’ouverture se fait dans le courant de l’année 2009. Le magasin est superbe.

( document Google maps )

La surface de vente de 240 m2 permet de proposer un choix plus large en montures, de développer les verres progressifs, la basse vision, et l’espace audition. Aujourd’hui, le magasin Krys de Roubaix, est l’un des plus grand point de vente de la marque Krys sur la région.

( documents F Hamès )

Remerciements aux Archives Municipales, ainsi qu’à Philippe Heim, à Fabien et Nathalie Hamès

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CIL Laboureur 1951

Le Laboureur de 1947 vue IGN

La photo aérienne de 1947 nous montre un quartier du Laboureur encore fort champêtre, où apparaissent néanmoins les maisons construites par la Société Roubaisienne d’habitations ouvrières dans les années vingt (cf notre article les 52 maisons du Laboureur). Sur la gauche, l’ensemble des maisons situées rue du Commandant Bossut et square Louise de Bettignies, sur la droite les maisons du square Léon Marlot.

Vue des chantiers 1951 au Laboureur vue IGN

Un article de presse de janvier 1951 nous apprend que la construction a repris et occupe progressivement les espaces libres. Les nouvelles habitations sont édifiées par le CIL, à l’image de ce qui se fait dans le Nouveau Roubaix ou la cité des Canaux entre Roubaix et Tourcoing. À Wattrelos, cela se fait en trois tranches : la première, déjà entamée au moment de l’article, comprend 78 logements entre la rue Faidherbe et la rue des Dragons. Les travaux qui ont du être interrompus à cause du gel ont repris et on pense que la location pour ces logements sera ouverte dans quelques mois. Sur cette autre vue aérienne datant de 1951, on peut voir nettement le chantier des nouvelles constructions au dessus de la rue Faidherbe, et à côté des maisons des années vingt.

Les nouveaux bâtiments terminés rue Monge Coll Particulière

La seconde tranche, dont le gros œuvre est en cours, comprend la construction de 294 maisons qui borderont la rue Monge jusqu’à la rue Ma Campagne. Une troisième tranche de 190 habitations qui rejoindront la rue de Béthune seront constituées par des appartements. À l’instar du Nouveau Roubaix et de la cité des canaux, les premiers immeubles collectifs du CIL apparaissent, alors que jusqu’ici on reproduisait le modèle de maison plébiscité par les visiteurs et les professionnels lors de l’exposition de la cité expérimentale du Congo au Blanc Seau en 1946. Des espaces verts sont ménagés ça et là entre les immeubles, il est même prévu qu’une Maison de l’Enfance avec personnel spécialisé vienne compléter l’ensemble. Nous reparlerons ultérieurement plus longuement de cet établissement particulier.

Les 52 maisons du Laboureur

Autrefois appelée le chemin de la Hornuyère et dénommée dans l’immédiat après première guerre, la rue du Commandant Bossut établit la jonction entre le quartier du Laboureur et celui du Crétinier.

La société anonyme roubaisienne d’habitations ouvrières créée en 1921 (président Édouard Rasson, Victor Hache secrétaire et cheville ouvrière) va construire là, au Laboureur, son plus gros chantier d’après la première guerre. En effet, quelques mois après sa création, cette société va construire dix maisons au Hutin à Roubaix, vingt rue du Congo au Blanc Seau, quatorze rue Kléber à Croix, vingt deux avenue Linné à Roubaix, douze rue Motte-Bossut à Lys et cinquante deux au Laboureur, à Wattrelos.

Les premières maisons rue du commandant Bossut en 1923 Photo JdeRx

En 1923, le groupe d’habitations du Laboureur comprend deux séries : l’une de 28 maisons, l’autre de 24. La première correspond à l’emplacement du square Louise de Bettignies, le long de la rue du Commandant Bossut, et la seconde à celui du square Léon Marlot. La dénomination des rues rendant hommage aux héros (en l’occurrence roubaisiens) de la première guerre est caractéristique du début des années vingt.

La rue du Commandant Bossut en 1932 Photo IGN

Œuvre d’un architecte roubaisien, ces maisons sont d’un aspect agréable quoique sobre, d’une grande simplicité et bien dégagées. Le loyer de chaque maison s’élève à 65 francs. Plusieurs rues plantées d’arbres traversent le groupe de maisons. Il faut également noter que la rue du Commandant Bossut met en relation le quartier du Laboureur aux importants équipements industriels du Peignage Amédée Prouvost dans le quartier du Crétinier et au-delà à la Lainière de Roubaix.

La rue du Commandant Bossut aujourd’hui vue google maps
Maisons du square Marlot de nos jours vue google maps

Les arrivées du Paris Roubaix entre les deux guerres

Le vélodrome roubaisien de Barbieux situé sur la commune de Croix avait été bâti en 1895 à l’initiative de Théodore Vienne et Maurice Pérez. Il fut le lieu d’arrivée des 19 premiers Paris-Roubaix, dont la première édition s’est déroulée le dimanche 19 avril 1896. En 1910, une nouvelle piste en bois était posée au vélodrome et les tribunes étaient aménagées de manière à accueillir plus de 10.000 spectateurs. À l’issue de la Première Guerre mondiale, la piste en bois du vélodrome a disparu, probablement utilisée comme bois de chauffage par l’occupant allemand. Le vélodrome finira par être détruit pour laisser place à des habitations individuelles.

L’avenue Jaurès qui fut l’avenue Jussieu en 1919 CP Méd Rx

L’épreuve reprend en avril 1919 et faute de vélodrome en état, l’arrivée va se dérouler sur l’avenue Jussieu dont on vient d’élargir le parcours et qui deviendra l’avenue Jean Jaurès, il s’en faut d’un mois, le 10 mai 1919. C’est une ligne droite propice à un sprint à trois que remportera Henri Pélissier.

Le stade Dubrulle Verriest de nos jours Photo PhW

Les deux années suivantes, c’est le stade Jean Dubrulle, du Racing Club Roubaix qui accueille Paris-Roubaix. C’est en quelque sorte un renvoi d’ascenseur puisque le grand club omnisports roubaisien avait fait ses débuts au sein du vélodrome de Barbieux en faisant des démonstrations de course à pied et en y jouant ses premiers matches de football. Deux monuments du sport roubaisien collaborent ainsi pendant deux ans, avec sans doute l’intérêt de pouvoir faire des entrées payantes. Plusieurs milliers de spectateurs vont ainsi assister à l’arrivée du belge Deman sous une pluie torrentielle en 1920. L’année suivante, en réunion d’attente, les spectateurs peuvent assister à deux matchs de football et à des prestations musicales de la Concordia Harmonie. La piste avait été spécialement préparée par le RCR et c’est Henri Pélissier qui signe un second succès.

arrivée sur l’avenue des villas Coll Particulière

De 1922 à 1928, l’arrivée s’effectuera ensuite pendant sept ans sur l’avenue des Villas, une longue ligne droite propice aux sprints. Cette importante artère commence avenue Le Nôtre pour se terminer au rond point qu’elle forme avec le boulevard Clémenceau (vers Hem) et l’avenue Alfred Motte. Cette belle avenue mesure 1.840 mètres de longueur sur 30 mètres de largeur. Elle permet aux coureurs de disputer un long sprint sans être gênés par la foule qui est maintenue des deux côtés de l’avenue par des barrages. Après leur arrivée, les coureurs descendent en ville par le boulevard de Paris.

l’entrée sur le stade Amédée Prouvost, avant la chute Coll Particulière

Inauguré en septembre 1927, le stade Amédée Prouvost situé à Wattrelos est tout neuf. Il accueille l’Excelsior Athlétic Club de Roubaix fondé en 1928, issu de la fusion du Football Club de Roubaix et de l’Excelsior Club de Tourcoing. Ce club dispose de belles installations sportives de pointe et il est également largement aidé par les établissements Charles Tiberghien de Tourcoing et par le groupe Prouvost. L’arrivée du Paris-Roubaix cycliste de 1929 s’y fera pour la première et dernière fois. Pour pouvoir faire payer des droits d’entrée, rien de tel qu’un stade du point de vue des organisateurs. Mais il n’est guère facile de rouler sur la piste en cendrée de Wattrelos, et aumoment du sprint final le belge Georges Ronsse qui a course gagnée, dérape dans le dernier virage et brise sa roue, entraînant dans sa chute Déolet qui le suivait. La victoire revient au troisième, le jeune belge Charles Meunier. Les deux sprinters terminent à pied, le vélo sur l’épaule. La confusion gagne le stade, le service d’ordre est débordé et le public envahit la piste, empêchant ainsi le bon déroulement de la course ! Cette fin d’épreuve fera très mauvais effet auprès de la presse et des amateurs de cyclisme.

La fanfare cycliste du Nord Touriste CP Méd Rx

Et l’on repart pour cinq ans (1930-1934) sur l’avenue des villas. La fanfare cycliste du Nord Touriste fera partie du rituel de l’arrivée. Elle fait patienter la foule toujours aussi nombreuse derrière les barrages en jouant des morceaux et en effectuant des pas redoublés. L’arrivée est toujours jugée face au n°33 de l’avenue Delory nouveau nom de l’avenue des villas. Soixante gendarmes et vingt agents de police assurent le service d’ordre d’une épreuve dont l’engouement ne se dément pas. À la tête de l’organisation on trouve des noms célèbres à Roubaix, Jean Desruelles et même Constant Niedergang. Le système de doubles barrières est très au point, l’une en madriers, l’autre en claire-voie assurent la sécurité et annihilent toute poussée intempestive. L’ambiance est généralement assurée par le public belge, dont les coureurs vont rafler toutes les éditions de cette période.

Affluence aux abords de l’hippodrome des Flandres Photo JdeRx

En 1935-1936, Paris Roubaix se termine à l’Hippodrome des Flandres. Conçu en 1930 par l’architecte Jean Papet sur un terrain de 55 hectares en pleine campagne, il a été inauguré le 15 mars 1931, en présence d’une foule innombrable. En 1935 et 1936, il accueille l’arrivée du Paris-Roubaix. Jules Ladoumègue vient y courir un 1.500 mètres qu’il remporte dans la réunion sportive d’attente. Courses hippiques au galop, au trot et quelques épreuves cyclistes. Selon la presse de l’époque, ce n’est pas la grande foule qui attend les coureurs. De plus, pas de tour d’honneur, absence de l’hymne (la Brabançonne, le belge Rebry étant vainqueur) ni même de bouquet au vainqueur ! Le monde des turfistes était-il celui des amateurs de cyclisme ? On peut en douter.

La grande ligne droite de l’avenue Delory doc AmRx

En 1937-1939 c’est le retour de l’arrivée à Roubaix avenue Gustave Delory, On retrouve avec plaisir la longue ligne droite du sprint encadrée par un nombreux public le tout bien organisé. Des courses préliminaires font patienter la foule. Un italien gagne, surprise ! L’année suivante même dispositif, avec barrières de la rue Édouard Vaillant jusqu’à la rue Verte à Croix. Storme gagne, bouquets, ovations et comme il est difficile aux coureurs de s’extraire de la foule !

Pourquoi pas au parc municipal des sports ?

Les travaux du parc municipal des sports démarrent en mars 1929, il couvre huit hectares et l’architecte en est Jacques Greber, à qui on doit également les plans de l’école de plein-air. Le journal de Roubaix, dans une édition du mois d’août 1930 évoque une ouverture prochaine des installations. Mais le nouveau vélodrome ne voit le jour qu’en 1936. Contrairement à son prédécesseur, il n’est pas cerné de tribunes. Sa piste, longue de 500 m, est en ciment. Le Paris-Roubaix « officiel » reste cependant fidèle à l’avenue Delory. La Seconde guerre mondiale interrompt à nouveau l’épreuve. Elle reprend sous l’Occupation, en 1943. C’est justement cette année-là que l’arrivée est jugée sur le vélodrome du parc des sports pour la première fois, mais c’est une autre histoire.

Août 1900

La saison de football va reprendre pour le Stade Roubaisien après le 15 août. Les équipes devant participer aux championnats et aux prochains matchs seront formées incessamment.

Publicité Boucau

Aviron. L’entraînement bat son plein au Cercle Nautique l’Aviron au Blanc Seau. L’équipe à deux rameurs juniors « Anisette » MM. Bossut et Petri, qui est rentrée deuxième à deux secondes du premier dimanche dernier à Dunkerque, se prépare en vue des championnats du Nord à Boulogne sur Mer, le 12 août. L’équipe à quatre seniors (MM. Hénin, Michel, Bossut, Delarue) sera également à Boulogne sur Mer. Au Sartel, l’équipe « Crocodile » (MM Delchambre, Cau, Bouckaert, Hazebroucq) monte dans son nouveau bateau et s’entraîne pour les championnats seniors du Nord, qui aura lieu à Calais, le 15 août.

Course à pied. Le Challenge de la quadruplette se courra dimanche prochain 12 août à neuf heures et demie précises. Pour que la réunion offre plus d’intérêt, quelques épreuves ont été ajoutées au programme de cette journée organisée par le RCR : 250 mètres haies, 2100 mètres plat handicap, saut à la perche, saut en longueur, saut en hauteur et lancement du poids.

Le champion du monde invité par le RCR

Course à pied. Un américain champion du monde présent à la fête sportive du RCR. Georges Orton est un vétéran de la course à pied et l’un des meilleurs stayers au monde. Il a récemment triomphé le championnat du monde de sa spécialité (2.500 mètres steeple) en Angleterre au mois de juillet dernier. Il s’est inscrit dans le 250 mètres haies, le 2100 mètres plat handicap et le 1000 mètres steeple scratch.

Fête sportive du RCR. Et pour compléter encore le programme, des matchs de tennis auront lieu sur les magnifiques courts du terrain de Beaumont. Des assauts d’armes auront également lieu avec M. Dubar, l’excellent professeur de Roubaix, un maître d’armes de Lille et des amateurs membres de l’Union des Sports de Roubaix et du Racing Club de Roubaix. La musique sera de la partie. Pendant la réunion cinquante musiciens sous la direction de M. A. Duhamel., un racingmen, feront entendre les plus beaux airs de leur répertoire.

Aviron. Le cercle nautique l’Aviron de Roubaix est engagé dans les grandes joutes internationales de Paris. Emile Truffaut, le dévoué président du cercle nous adresse un télégramme daté du 25 août : Course extraordinaire dure. Roubaix est qualifié pour la finale, demain à deux heures. Notre équipe se trouvait entre deux équipes allemandes et était constamment gênée. Malgré la grande difficulté de nage, les Roubaisiens sont arrivés deuxièmes, à deux secondes de Germania, meilleur temps de la journée. Roubaix est la seule équipe française qualifiée pour la finale en quatre seniors. Nous avons grand espoir dans le succès final.

Cyclisme. Dans le cadre d’une fête de bienfaisance dans le quartier du Pont Morel, M. Alphonse Marescaux, cabaretier (Au vrai pédaleur, 143 rue de Tourcoing) organise comme les années précédentes deux courses vélocipédiques sur route. La première se fera sur le parcours de Roubaix Quesnoy aller et retour pour amateurs, soit sur 35 kilomètres. La deuxième course se fera pour les pupilles au-dessous de 16 ans, autour du quartier : quai de Calais, rue Darbo et rue de Tourcoing. Le premier prix sera adjugé au coureur qui aura fait le plus de kms en 45 minutes.

Athlétisme. L’Avenir Athlétique Roubaisien organise une réunion extraordinaire le lundi 27 août au local de la société, café Léon Déarx 94 rue de France. Ordre du jour : renouvellement de la commission, révision entière des statuts, réduction des cotisations, admission de nouveaux membres.

L’aviron aux JO de 1900 (régates avec arrivée au pont d’Asnières sur la Seine). Le Sport Universel Illustré, 1900

Aviron. Paris, l’équipe roubaisienne remporte le championnat du monde ! Télégramme du Président Truffaut : Beaucoup de monde s’était rendu hier sur les berges de la Seine pour assister aux régates internationales qui se donnaient dans le bassin de Courbevoie-Asnières, près de Paris. Voici les résultats. Deux rameurs juniors : Club nautique de Gand. Quatre rameurs seniors : Cercle nautique de l’Aviron de Roubaix. Après avoir été bord à bord pendant 1600 mètres, Roubaix gagne de deux longueurs.

Gymnastique. Les sociétés La Roubaisienne et l’Ancienne participent au grand concours d’Arras et remportent de magnifiques succès : la Roubaisienne obtient les meilleures récompenses suivantes, 1ere division, premier prix de section, premier prix de mouvements spéciaux, huit prix individuels. Les pupilles de l’Ancienne obtiennent le premier prix de section sur huit sociétés concurrentes. Le premier prix de concours individuel est décerné à M. Henri Nottelet, proclamé champion du concours sur 80 concurrents. M. Victor Lefebvre remporte le deuxième prix individuel.

LE CERCLE NAUTIQUE L’AVIRON CHAMPION DU MONDE ! Les rameurs roubaisiens : Delchambre, Cau, Bouckaert, Hazebroucq. Ils sont premiers devant le Club Nautique de Lyon, Favorite Harmonia d’Hambourg est troisième. Il y avait six équipes au départ. Trop selon certains qui préférent renoncer : Ludwighafen, la Minerva d’Amsterdam et la Germania d’Hambourg.

Athlétisme. Les sociétaires de l’Avenir Athlétique Roubaisien se sont réunis lundi dernier. Ils ont renouvelé leur commission. Président Louis Rernael, VP Emile Laureys, secrétaire trésorier Jean Déarx, commissaires Ernest Deschamps, Urbain Foelix, Henri Kint, Georges Lombart. M. Pierre Buns a été élu par acclamations professeur de boxe et de bâton. Une séance d’entraînement a suivi la réunion.

Le Tilleul

J’ai eu la chance de vivre une enfance heureuse dans un quartier tranquille de Wattrelos : le sapin-vert. J’habitais une rue paisible : la rue Marcel Van Eslander. Des maisons alignées avec au bout une épicerie tenue par M. Verkees vêtu de son immuable blouse grise et son crayon derrière l’oreille. Mon paternel m’envoyait régulièrement y chercher sa bouteille de Gévéor, celle avec une petit bouchon en plastique coloré en forme de chapeau. Je pouvais garder la monnaie de la consigne pour acheter un malabar à 10 centimes. Notre maison avait un grand jardin qui donnait sur une barre d’immeubles de trois étages qu’on appelait « le talus » parce qu’elle était construite sur une butte.

Ensemble tour et centre commercial du Tilleul CP Coll Part

Beaucoup de familles étaient logées là et quand on demandait aux copains ce que faisaient leurs pères, la grande majorité d’entre eux répondait : « il travaille à la Lainière ». Il y avait du boulot pour tout le monde à l’époque, ça évitait aux gens de faire trop de conneries. Derrière cette longue barre d’appartements se trouvait un square et autour de ce square d’autres immeubles ainsi que la haute tour du tilleul qui surplombait l’ensemble. Le square c’était notre territoire à nous, les mômes. Deux bacs à sables remplis de sable bizarre faisant plus penser à une litière pour chat, les crottes en cadeau ! Deux balançoires tape-cul qu’on aimait bien utiliser avec une copine car lorsqu’elle était en l’air, on lui voyait la culotte. Comme on était plus lourd, on la laissait en l’air hurler et agiter ses gambettes puis on pouvait se marrer en sautant vite fait de la balançoire, elle retombait à toute vitesse sur le sol et se faisait mal aux fesses ! Un cage à poule trônait au milieu de cette « aire de jeux » décorée d’un tas de petits cochons pendus. Là aussi, on aimait bien quand la petite copine faisait ça, jambes accrochées, tête en bas, c’était spectacle de mate assuré avec vue sur le coton Petit-Bateau ! Par-ci, par-là des bancs pour les buts du foot, un terrain avec des panneaux de baskets, des tas d’endroits avec des buissons pour se planquer… Bref ce square c’était le pied !

Vue tour et square CP Coll Part

A côté il y avait un petit centre commercial. Fallait bien nourrir les habitants du quartier ! Moi il ne me semblait pas si petit que ça en fait. C’est qu’il y en avait des commerces ! J’en ai sans doute oublié mais, de mémoire, il y avait : une boucherie, une pharmacie, une Caisse d’épargne, un dentiste, un café, une auto-école, deux épiceries genre supérette dont une qui avait pour symbole un lapin qui ressemblait à Bugs Bunny. Mes deux magasins préférés c’était la boulangerie tenue par une gentille dame toujours impeccablement permanentée. L’été elle vendait des glaces : vanille, chocolat, fraise, café et mon parfum préférée : pistache. « Une, deux ou trois boules ? » Qu’elle te demandait en souriant comme une mère qui sourit à son enfant. Mais moi mon truc c’était les Pez, ces distributeurs de bonbons rectangulaires qui avaient des têtes de personnages humoristiques souvent du Walt Disney. J’avais toute la collec’ : Donald, Mickey, Dingo, les nains de Blanche-Neige, et même Astérix et Obélix. J’ai, encore aujourd’hui, le goût de ses bonbons dans la bouche tellement j’en aurai avalé ! Autre magasin super : la libraire qui faisait aussi débit de tabac. J’y étais souvent fourré. Dès qu’il y avait un nouveau Lucky Luke, il se trouvait en vitrine alors ça donnait envie ! On y trouvait aussi des petites figurines JIM siglées ORTF par exemple celles du Manège enchantée ou de Kiri le clown. Mais je ne pouvais, hélas, pas tout acheter. Au bout du centre commercial se trouvait une station-service Fina. Avant les vacances, à chaque plein, on y distribuait des points pour obtenir le ballon de plage, la bouée ou le bateau gonflable. Pour ce dernier, il en fallait des litres d’essence ! A mon avis seuls les enfants de conducteurs de poids-lourds pouvaient l’obtenir.

La Tour du Tilleul CP Coll Part

C’était une belle époque, les gosses pouvaient déambuler sans que cela cause des soucis aux parents, la violence et les incivilités n ‘étaient pas de mise. De temps en temps un exhibitionniste venait créer un peu d’animation ou la bande de la Mousserie se pointait (je ne faisais pas long-feu, c’était pas des tendres !) mais rien de bien méchant… Ce quartier vivant respirait les 30 glorieuses, le square et le centre commercial en étaient les deux poumons.

L’application du lutteur tranquille

En 2009, Philippe Mathis nous avait fait l’honneur et la gentillesse d’être l’un de nos guides pour la journée du patrimoine consacrée cette année là aux sports. Voici l’hommage que nous lui avions rendu.

Philippe Mathis en 1976 Coll Part

Le palmarès de Philippe Mathis commence alors qu’il n’a que 11 ans ! Deux ans plus tôt, il choisit entre la lutte et la gymnastique, en entrant au lutteur club du Nouveau Roubaix, parce que, dit-il, c’était plus près de chez lui. Les débuts sont difficiles pour ce gamin de neuf ans, mais avec le travail et l’entraînement, le voici champion de France des benjamins en 1969. C’est le début d’une longue série de victoires et de titres, au plus haut niveau régional et national. Il rejoint le bataillon de Joinville, puis sera sélectionné une première fois avec les juniors français à Poznan en Pologne, où il sera champion d’Europe de sa catégorie. Il sera ensuite champion de France senior en 1979 et en 1980, ce qui lui vaut une autre sélection aux championnats d’Europe en Tchécoslovaquie en 1980 et à Lodz en Pologne en 1981. Il obtient ensuite un diplôme d’entraîneur à l’INSEP et revient entraîner les jeunes de son club. Philippe Mathis a été nommé « lutteur émérite », ce qui représente la distinction suprême de son sport. Une bien belle carrière au service de la lutte !

Le jeton du parc

Notre ami Bernard, grand collectionneur devant l’éternel, nous a trouvé dans ses tiroirs un petit jeton en plastique de couleur violette, sur lequel était écrit Parc de Barbieux, bon pour une personne. Comme il n’est pas avare de questions, il nous demande de chercher bon pour quoi exactement ?

Le fameux jeton Coll Bernard Termeulen

Après avoir soumis la question à la mémoire collective et populaire, il en ressort un certain nombre de réponses assez variées. Une grande majorité se prononce pour les tours de manège, suivi par les tours en barque/ou pédalo, puis le mini-golf. On nous parle aussi d’un carrousel avec des chevaux et un carrosse ?

Le Bol d’Air CP Méd Rx

Nous avons donc décidé de chercher des témoins. Un cousin de notre ami Gérard lui indique le nom de M. Jean Paul Colin, qui a exploité le Bol d’air de 1976 à 1981 et donc était susceptible de nous renseigner. Ce qu’il a fait de bonne grâce. Voici ce qu’il nous a dit : ces jetons servaient à gérer les tours en barque ou en pédalo.

Pédalos et barques Coll Particulière

D’autres questions restent en suspens : pourquoi pour une personne ? On pouvait en mettre quatre dans un bateau et deux sur un pédalo. Fallait-il un bon par personne ? De même, il semble que le tour en barque ou en pédalo ne devait pas excéder la demi-heure, sans doute pour que plus de monde puisse en profiter. La gestion de cette animation était-elle confiée à un concessionnaire particulier ou faisait-elle partie d’un ensemble avec le manège et le mini-golf. Quelles étaient les mesures de sécurité autour de ces barques et pédalos ? D’autres se souviennent de couleurs différentes, lesquelles ? Avaient-elles un sens particulier ? Et finalement quel était le tarif ?

L’enquête ne fait que commencer mais vous pouvez toujours participer. On vous tient au courant.