Les petites sœurs des pauvres

Un asile de vieillard (comme on l’appelle à l’époque) est fondé provisoirement à Roubaix, en 1860, rue de l’Embranchement (aujourd’hui, la rue de Lille). L’abbé Masse, doyen de Saint Martin et plusieurs industriels y font venir « les petites soeurs des pauvres ». Il s’agit d’une congrégation religieuse qui a pour mission la fraternité dédiée aux soins des personnes âgées, pauvres et malades.

En 1862, les bienfaiteurs de l’œuvre achètent un terrain de 10.234 m2 au 52 rue Saint Jean pour y installer le bâtiment définitif et participent au financement de sa construction grâce à des dons et des souscriptions particulières.

La façade de la rue Saint Jean ( document archives municipales )

La construction se termine en 1864. Le bâtiment peut recevoir 150 personnes. Une grande chapelle dans l’axe central, et qui n’est pas visible de la rue, sépare les deux ailes : les hommes à gauche et les femmes à droite. A cette époque, les chambres sont des dortoirs, les lits sont séparés par un simple rideau.

En 1882, la maison s’est encore agrandie de manière à pouvoir recevoir 235  »vieillards » et 22 petites sœurs, aidées par de nombreux bénévoles.

Plan ( document archives municipales )

A l’intérieur, les écuries se trouvent à gauche du bâtiment et l’entrée des chevaux se fait ainsi par la rue du coq Français. Au fond se trouve la buanderie. Une cour intérieure se trouve au centre du bâtiment principal, pour les jardins mais également pour la basse-cour où les animaux peuvent promener à leur aise en liberté : poules, coqs, canards et même moutons. Sur la droite, se trouve la salle des fêtes et le vestiaire. L’aumônerie quant à elle, se trouve juste à côté au 38 de la rue Saint Jean.

l’aumônerie au 38 qui existe toujours de nos jours ( photo BT )

De nombreux bénévoles reçoivent les dons des particuliers, des vêtements ainsi que des meubles pour remise en état en vue d’une future revente.

documents collection privée
document Nord Éclair

Les écuries deviennent des lieux d’expositions, en Novembre de chaque année. Les travaux manuels des pensionnaires y sont en effet mis en vente : vannerie, rotin, fer forgé, tricot, broderie, dentelle, tableaux, peluches. L’argent ainsi récolté est une aide pour les missions des « petites sœurs des pauvres » à l’étranger pour les pays en voie de développement sur les 5 continents.

document Nord Eclair

Au début des années 1960, la maison de retraite ( appelée autrefois : l’asile de vieillards ) change d’appellation et devient « Ma Maison ». La salle de restauration est refaite, l’accueil est plus sympathique et chaleureux, les jardins extérieurs sont soignés : tout est fait, pour que les personnes âgées se sentent chez eux, comme à la maison.

document collection privée

En 1962, on décide enfin d’élargir généreusement la porte cochère. En effet, l’étroite porte d’entrée ne permet plus aux camions de pouvoir accéder à la cour pour effectuer les livraisons.

document Nord Eclair et archives municipales

Un club du 3° âge est créé en 1973, pour les personnes âgées qui habitent le quartier. Leur local est aménagé dans les anciennes écuries, d’une façon remarquable : murs de briques nettoyées, cheminée rustique, meubles anciens restaurés par les pensionnaires ; l’atmosphère est chaude et sympathique.

Les personnes habitant le quartier peuvent venir au club, tous les jours de 14h à 18h, pour jouer aux cartes et à d’autres jeux de société.

document Nord Éclair

En 1999, le bâtiment a désormais 135 ans d’existence ! Des travaux très importants sont nécessaires : travaux d’aménagement et de modernisation car les locaux sont très vétustes, et travaux de sécurité, car le bâtiment est loin de répondre aux normes de sécurité obligatoires.

Compte tenu des sommes importantes que ces travaux représentent, les sœurs quittent les lieux. Elles vont se diriger vers d’autres centres des petites sœurs, et en particulier à La Madeleine. Le centre des « petites sœurs des pauvres » de Roubaix ferme donc définitivement ses portes, en cette même année 1999.

À suivre . . .

Remerciements aux Archives Municipales, à la SER, ainsi qu’à Manuela Screpel, Soeur Adelaïde et Monique Gheerolfs.

Le château et la ferme de Beaumont

Le fief de Beaumont à Hem remonte au 13ème siècle et appartient initialement à la Maison de Lannoy. La première représentation que l’on a du château remonte aux années 1640, par l’intermédiaire du chanoine Antoine Sanders, dit « Sanderus », théologien et érudit auteur de nombreux ouvrages au dix-septième siècle. Le domaine se situe au bout du chemin de Beaumont, sur un simple chemin rural.

A l’époque le fief de Beaumont se compose d’un château bâti sur motte avec donjon et chapelle, entouré de grands fossés et d’une cense contenant maison, étables, bergerie, grange, fournil, basse-cour, jardins, prés, pâtures, bois, champs entourés d’eau et terres de labour. (Source historique des « château et cense de beaumont » à Hem Nord publiée par Mr Volpi, basée sur les recherches de Max Barrois)

Croquis du 1er château de Beaumont (Document archives Historihem)

Le domaine se maintient dans son intégrité jusqu’à la révolution. Une vente réalisée en 1732 à la famille Libert (conseiller du roi de France) fait en effet mention :« d’un château seigneurial avec porte, avec une basse cour et plusieurs jardinages entourés d’eaux pour l’usage et la commodité du seigneur et attenant au château, un lieu manoir amassé de granges, étables, fournil et autres édifices à usance de cense, avec prés, pâtures, bois, chaingles (enceintes), eaux, rejets, flots, flégards (sentiers) et terres labourables en plusieurs pièces tenant ensemble et contenant 25 bonniers environ ». (Sources généalogiques et historique des provinces du Nord)

En 1773, le château, en mauvais état, est vendu par la famille Libert à Paul Joseph Dutoit, fermier de Beaumont, et Michel Joseph Letellier maçon à Hem. Ensuite en 1872, c’est Jules Brame Delemer qui devient propriétaire du domaine puis Max Barrois son descendant.

Le journal Nord-Eclair de 1941, dans sa rubrique : Regards sur le passé, publie une photographie du château de Beaumont au début du vingtième siècle. S’agit-il bien du château situé dans le fief de Beaumont comme le laisse supposer l’article du journaliste qui en reprend l’histoire, ou s’agit-il d’une autre propriété ? En effet, dans l’annuaire de 1923, le château de Beaumont est la propriété d’un industriel nommé Glorieux et c’est encore le cas en 1948 mais il s’agit d’une propriété sise au 209, boulevard Clémenceau et non de l’ancienne seigneurie.

Photo du Château au début du 20ème siècle Document Nord-Eclair)

Dans les années 1930, on retrouve l’impressionnante propriété de l’ancien fief de Beaumont sur une vue aérienne au niveau du 12 de l’actuelle rue Montaigne à Hem, à la limite de la ville de Croix.

Photo aérienne du Château de Beaumont en 1932 (Document IGN)

En 1931, la cense de Beaumont est toujours entourée de douves. Elle est gérée par Louis Lienart qui la laissera l’année suivante à son fils Pierre. La pièce d’eau cerne une île où se trouve un chalet. Le château est alors à l’opposé de l’entrée de la ferme.

Photos de la ferme en 1931 (Documents archives Historihem)

En 1944, les propriétaires sont Mrs Barrois et Detroyat (célèbre aviateur). En 1945, le château, loué à l’association : « les amitiés scoutes », devient un lieu de réunion des troupes scoutes et guides. Ainsi, à l’été 1957, les 2000 scouts et guides de France des districts de Roubaix-Tourcoing y organisent une agréable journée de rassemblement.

Le programme est le suivant : une messe en plein air célébrée par l’aumônier d’une fraternité scoute, un déjeuner au restaurant installé pour l’occasion ou un pique-nique sous les arbres du parc verdoyant, un kayak pour naviguer sur la rivière, une exposition de peintures, des manèges et de nombreux jeux, un junicode suivi des nombreuses démonstrations organisées par les scouts et guides qui, dans la soirée, procèdent au renouvellement des feux de la Saint-Jean.

La fête champêtre de 1957 (Documents Nord-Eclair)

Pourtant la même année la presse annonce la prochaine disparition du château et de la ferme pour permettre la création d’une magnifique cité résidentielle. Fort heureusement le site sera finalement épargné et la construction se fera autour permettant aux futures résidences de bénéficier d’un cadre exceptionnel et surtout assurant la préservation d’un patrimoine historique.

Prochaine disparition du château et de la ferme (Documents Nord-Eclair)

Les derniers gérants sont le couple Meyer jusqu’en 1961. La Cense est ensuite rachetée puis aménagée, en 1962, par Mr Remi Ange Silvio Volpi, industriel roubaisien dans la teinture à façon au 232 boulevard de Fourmies.

En 1947 et 1962, les vues aériennes montrent un domaine toujours aussi imposant sans autre demeure dans le voisinage immédiat.

Photos aériennes de 1947 et 1962 (Documents IGN)

Dans les années 1970, le domaine, fort bien entretenu, est toujours très champêtre. En revanche, dès 1976, les habitations se densifient et en 2021, l’ancienne cense de Beaumont est environnée de maisons.

Photos des années 1970 (Documents collection privée)

Photos aériennes de 1976 et 2021 (Documents IGN et Google Maps).

Vue de l’étendue du domaine sur le plan de la ville (Document Google Maps)

Pourtant la construction en elle-même n’a pas beaucoup changé et lorsque l’on observe de plus près la photographie de l’entrée du domaine côté ferme, en venant de la rue Boileau, on s’aperçoit que le porche crénelé déjà observé sur les photos de 1931 se retrouve à l’identique sur les photos actuelles.

Photo du porche actuel (Document archives Historihem)

Le 12 rue Montaigne est aujourd’hui le siège de l’entreprise de recherche-développement en autres sciences physiques et naturelles de Mr Luis Gonzales Alvarez. De nos jours, lorsque l’on passe dans la rue Montaigne on ne voit aucune trace de l’ancien domaine ; seul un petit portail blanc, à côté du numéro 6, donnant sur une allée marque l’entrée de l’ancien château. Dans la rue Boileau, le portail n’est pas plus grand mais une petite plaque indique la présence de la Cense de Beaumont. Au fond de l’allée on distingue le porche crénelé dont la photographie figure ci-dessus.

Photo du portail côté Boileau (Document Google Maps)

Remerciements à l’Association Historihem 

La crèche du centre

On en parlait depuis 1972 au moins ! On avait fait mieux, puisqu’un architecte avait été sollicité pour un avant projet immédiatement transmis à l’autorité supérieure. Le Conseil Municipal a réservé les terrains situés à l’angle des rues Saint-Joseph et Florimond Lecomte pour son implantation future. Là se trouvaient les bâtiments de l’ancienne école de filles du Centre, qui abritèrent autrefois les services de la mairie.

Le plan de la future crèche publié par NE

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Les Entrepôts du Nord

Dans les années 1890, l’entreprise Coulon-Cuvelier est un commerce de gros qui approvisionne en vins et spiritueux, les commerçants et les particuliers de la ville, sous l’enseigne « Les Entrepôts du Nord ». Elle est implantée au 6 8 10 et 12 Boulevard de Paris à Roubaix.

En-tête 1890 ( document collection privée )

Au début des années 1900 Auguste Grimonprez-Delcourt reprend l’affaire, et garde l’enseigne « Entrepôts du Nord ».

document collection privée

Dans les années 1920, Auguste Grimonprez Delcourt développe l’activité en ajoutant des gammes de produits : vins fins, bières anglaises. Il passe un accord d’exclusivité pour des vins de champagne Guy de Montprez pour toute la France et la Belgique.

document b.n.r

Mais surtout, Auguste négocie la vente exclusive de l’eau de la source Willems, produite localement à la source du Robigeux à Willems, ainsi que l’exclusivité de grands vins de porto pour la France et l’étranger.

document collection privée

En 1934, un gros projet immobilier résidentiel voit le jour, et nécessite la démolition de plusieurs maisons du n° 2 au n° 12 du boulevard de Paris. Sont concernés : le pâtissier Van Haelst au n° 2, le photographe Shettle au n° 4, le comptable Debuchy au n° 6 et les entrepôts du Nord aux n° 8 10 et 12

Les travaux de construction de l’immeuble en 1934 ( document collection privée )

Pendant les travaux de construction de cet immeuble, Auguste Grimonprez déménage son entreprise provisoirement au 19 rue Jean Moulin, dans une partie des locaux de la filature Motte et Marquette.

Adresse provisoire ( document Ravet Anceau 1934 )

En 1936, la construction est terminée, Auguste reprend son emplacement. La façade sur le boulevard est plus petite ( n° 10 et 12 ) mais la profondeur est plus importante, car il dispose d’un accès à l’arrière, rue des loups, pour les réception et les livraisons de marchandises.

documents collection privée 1936

En 1943, l’affaire Grimonprez Delcourt est reprise par Losfeld-Tanchou et Cie. Maurice et Robert Losfeld sont mariés avec deux des sœurs Tanchou. Les frères Losfeld gardent l’enseigne « Les Entrepôts du Nord »

Papier à en tête Losfeld Tanchou ( document Marc Losfeld )

Maurice et Robert Losfeld apportent quelques modifications dans les gammes de produits. Ils créent la marque « LOTA » (LO.sfeld TA.nchou) pour les vins et rhums, développent l’embouteillage de vins de qualité traditionnelle et distribuent les eaux de la Compagnie fermière de Vichy. C’est à la fois un négoce de produits,  »en gros et au détail ».

étiquettes de vin et rhum ( documents Marc Losfeld )

Instantané de mémoire : Souvent, le jeudi après-midi, je vais rejoindre mon père Maurice, pour découvrir l’entreprise « Les Entrepôts du Nord ». On entre par le n° 12 car la porte du n° 10 est réservée aux bureaux. C’est la salle d’accueil pour la clientèle. Les différents produits proposés sont exposés en vitrine et sur une étagère derrière le comptoir. Les bières en bouteilles sont vendues au détail. Derrière l’accueil, se trouve la salle d’embouteillage. Une petite grue permet de descendre et de remonter les fûts du chais ( caves en sous sol ) couvrant une grande partie de la société. On y accède par un escalier situé dans la salle d’embouteillage. Derrière se trouve le quai de chargement pour la camionnette de livraison « Chenard et Walker », la cour pour réceptionner les fournisseurs, ainsi qu’un emplacement pour le lavage des bouteilles consignées. A chaque fois que j’y allais, les 3 membres du personnel ( les cavistes Oscar et Robert ainsi qu’une vendeuse ) étaient heureux de m’accueillir.

Plan de l’entreprise ( document Marc Losfeld )

Robert Losfeld décède en 1945, Maurice continue seul, l’activité. Au début des années 1950, la situation financière de l’entreprise se dégrade car la vente de vin en tonneaux chute considérablement. L’entreprise ferme définitivement ses portes en 1953.

Au début des années 1960, le n° 10 est repris par M. Verschaeve commerçant en fruits et légumes, et le n° 12 par l’épicerie-alimentation de M. Bombeck. Puis de nombreux commerces et/ou professions libérales s’y succèdent. A ce jour le n°10 est occupé par un commerce de vapotage et le 12 par l’entreprise de serrurerie Porquet.

Photo BT

Remerciements à Marc Losfeld et aux archives municipales.

Marie-Paule Cadeaux

C’est en 1955 que le numéro 162 de la rue Jules Guesde à Hem apparaît pour la 1ère fois dans le Ravet-Anceau. Il s’agit alors d’une quincaillerie au nom de Mol qui en 1958 change de propriétaire pour devenir celle de Mr Vandenabeele.

Carte postale années 1900 (Document collection privée)
publicité mol (document collection privée)

Dès 1959, le commerce devient la propriété de Gérard et Thérèse Leysens. Il s’agit alors d’un modeste commerce. La porte donne sur un couloir et le magasin se trouve dans la première pièce à droite, tandis que la famille habite dans les autres pièces et que Gérard possède un atelier tout au fond.

Comme l’indiquent leurs publicités parues en 1963 et 1966 dans le journal Nord-Eclair, le commerce se spécialise alors dans le chauffage et l’électro-ménager même s’il est toujours répertorié dans la rubrique quincaillerie de l’annuaire.

Gérard Leysens est en effet chauffagiste de profession. Il est très apprécié dans le quartier où il est toujours prêt à dépanner les habitants et se fait aussi une spécialité d’installation et de dépannage dans les écoles.

Publicités de 1963 et 1966 (Document Nord-Eclair)

Thérèse quant à elle s’occupe de la vente des ustensiles de ménage et si, dans un premier temps elle ne dispose que de 2 fenêtres en guise de vitrine et d’un magasin très exigu, le couple procède ensuite à l’agrandissement du magasin et à l’ouverture d’une véritable vitrine dès les années 1960.

bis La vitrine et l’intérieur du magasin avant l’agrandissement (Document Marie-Paule Deshayes)

Ainsi en 1972, la publicité de l’établissement porte encore essentiellement sur les convecteurs électriques de la marque EFEL. Le commerce reste surtout orienté sur les gazinières, bouteilles de gaz, machines à laver…

Publicité de 1972 (Document Nord-Eclair)

En 1982, dans le bulletin d’information de Hem Gérad Leysens diffuse une publicité faisant état d’un commerce d’articles ménagers, de quincaillerie, de papeterie, de fantaisies et de cadeaux. En effet son épouse s’est diversifiée vers la papeterie, les cartes postales et les jouets, même si, en 1984, le magasin figure encore dans le répertoire des commerçants de Hem à la rubrique quincaillerie.

Publicité de 1982 (Document office municipal d’information de Hem) Photo du magasin après l’agrandissement et l’installation de la vitrine (Document collection privée)

Marie-Paule Deshayes, leur fille, reprend le magasin lorsque ses parents prennent leur retraite en juin 1986, alors qu’elle était jusqu’alors agent d’encadrement dans une société de vente par correspondance roubaisienne. Elle change néanmoins d’activité ; il s’agit dorénavant d’une boutique de cadeaux et non plus d’un magasin ressemblant encore à une quincaillerie bazar, mais un simple bandeau sur la façade préexistante en fait état dans un premier temps.

Photo du magasin Marie-Paule Cadeaux en 1986 (Document Marie-Paule Deshayes)

Dès l’année suivante, avec son mari André, elle décide d’agrandir le magasin mais aussi de rénover la façade afin de pouvoir mettre en valeur les traditionnels articles de ménage ainsi qu’une vaisselle de qualité, des articles en cristal et toutes sortes d’idées cadeaux pour tous types d’événements.

Photo du magasin en 1987 après rénovation (Document collection privée)

Instantané de mémoire : « Lorsque je vis à Hem Centre, dès que je veux faire un petit plaisir à mes enfants qui vont à l’école de la Vallée, je passe avec eux chez Marie-Paule leur acheter une « bricole ». A la rentrée des classe, les cahiers, trousses et stylos prennent beaucoup de place. Cependant je peux toujours y trouver du petit électro-ménager en dépannage, de la vaisselle et surtout le cadeau de bon goût qui fera plaisir. Le magasin n’est pourtant pas grand mais Marie-Paule a toujours l’idée de génie pour peu qu’on lui explique à quelle occasion le cadeau va être offert ».

En 1989, elle décide de s’inscrire au Challenge du Mercure d’Or de la Chambre de Commerce et de l’industrie de Lille-Roubaix-Tourcoing, qui récompense les performances individuelles des entreprises commerciales, et remporte le prix. Si elle l’obtient c’est parce que, au delà des changements matériels apportés au magasin, elle a fait preuve d’un dynamisme commercial et d’un sens de l’accueil et du service qui ont retenu l’attention du jury.

A suivre…

Remerciements à Marie-Paule et André Deshayes

Février 1902

Le Journal des sports de février 1902

Vélodrome et arènes de Roubaix. Une nouvelle administration va exploiter le vélodrome et les arènes de Roubaix et elle prépare un superbe programme pour 1902. La saison commencera à Pâques avec Paris Roubaix, dont l’organisation est confiée au journal l’Auto Vélo. Une épreuve automobile Paris Roubaix à l’alcool sera organisée comme l’année dernière. La société du vélodrome et des arènes existe toujours, mais la direction a été confiée cette année à M. J. Fosté de Paris.

Nord Sportif. Le journal Nord Sportif se propose d’organiser en juillet ou en août une course régionale cycliste sur route. Il propose aux lecteurs de la région de choisir l’itinéraire parmi les cinq suivants : Lille-St Amand, Lille-Dunkerque, Lille-Amiens, Lille-Calais, Lille-Boulogne sur mer. Ce petit référendum est ouvert jusqu’au 2 février, on connaîtra le 7 février le recensement des lettres.

Avenir Athlétique Roubaisien. Suite à la réunion de la commission le 29 janvier, certains articles du règlement ont été modifiés. Le prix des cotisations a été fixé à 50 centimes par mois. La commission a étudié divers projets notamment les cours de canne, boxe, lutte, escrime et culture physique. On est prié de s’inscrire au local, café Déarx 94 rue de France.

Escrime. Une nouvelle salle va ouvrir. Il s’agit d’une réouverture, la salle de feu M. Leuridan 164 rue de Lille à Roubaix va être reprise sous la direction de M. Victor Fort, le jeune professeur bien connu.

Patinage au parc de Barbieux doc BNRx

Patinage au Parc de Barbieux. Si beaucoup se plaignent de l’hiver, il y en a d’autres qui s’en réjouissent, les patineurs sont de ceux-là. Les gelées que nous subissons ont transformé en un superbe champ de patinage l’étang de Barbieux et chaque jour, nombreux sont ceux qui viennent y patiner.

Football. La finale du championnat du Nord opposait l’union sportive de Calais et le Racing Club Roubaisien sur le terrain de la rue de Beaumont malgré les rigueurs de la température. Le terrain était très glissant. Albert Dubly marque deux fois pour les roubaisiens, c’est le score à la mi-temps. Les maritimes profitent de la seconde partie du jeu pour égaliser. Les roubaisiens ont péché par excès de confiance.

Athlétisme. Le Club Athlétique Roubaisien nouvellement créé organise des séances d’entraînement tous les mercredis matin et dimanche soirs ans la salle de la société 34 rue de Lannoy.

Football. Championnats du Nord. Le RCR a été champion de la deuxième série après sa victoire sur l’Union Sportive Boulonnaise, champion de la région maritime, par quatre buts à un. Le RCR présentait pourtant une équipe remaniée suite à la défection de plusieurs indisposés, alors que les boulonnais avaient leur équipe type. Le terrain était détrempé suite au dégel. Score à la mi-temps 2-0. Les maritimes marquent un but à la reprise, mais les roubaisiens marquent deux nouveaux buts.

Maurice Garin lensois doc Coll particulière

Cyclisme. Maurice Garin à Lens. Le vainqueur de la course Paris Brest 1901, Maurice Garin qu’on appelait le roubaisien d’adoption vient de se fixer à Lens pour y faire le commerce de cycles. Garin aurait renoncé aux courses mais il s’occupe déjà d’organiser une course sur route pour le mois de juin prochain.

Football. Le challenge international du nord organisé par l’Union Sportive Tourquennoise vient de débuter. L’UST affrontait l’Iris Club lillois et l’a emporté par deux buts à un.

Natation. Une belle réunion de la section natation du Racing Club Roubaisien. Une belle partie de water-polo a montré les progrès accomplis par les joueurs.

Tir. Tir National de Roubaix (stand de la Grand Rue 311). On donne les résultats du concours du dimanche 23 février : 1er prix Victor Renard, 2e Floris Salembier 3e Henri Vantroys, 4e Victor Dewailly. On annonce qu’un grand concours international de tir aux armes de guerre à 200 mètres réduit Jouvet à 20 mètres et Flobert à 12 mètres aura lieu prochainement au Stand de Tir National.

Au Petit Cendrillon

Depuis plus d’un siècle, le 107 rue de l’Epeule à Roubaix, a toujours été occupé par un commerce de chaussures. Dans les années 1910, il s’agit du magasin de A. Hourez

Publicité 1910 ( document collection privée )

Le point de vente est ensuite tenu par Mlles Carette dans les années 1920, jusqu’en 1961. La photo ci-dessous représente la façade du magasin de chaussures des sœurs Carette vers 1950. A gauche on distingue une partie du commerce des cycles Vercoutère.

document MC Goossens

Fernand D’Halluin est cordonnier à Linselles. Il est ambitieux et souhaite, avec son épouse Geneviève, ouvrir un magasin de chaussures dans une grande ville proche. L’occasion se présente en 1961, quand les deux sœurs Carette décident de prendre leur retraite, et cèdent leur point de vente, aux époux D’Halluin.

Fernand et Geneviève gardent l’enseigne existante : « Au Petit Cendrillon » car elle possède une bonne notoriété dans le quartier de l’épeule. Fernand continue son activité de cordonnier, puisqu’il a installé son atelier dans la réserve, juste derrière le magasin.

Publicité 1961 ( document Nord Éclair )

Fernand et Geneviève développent leur affaire fortement pendant toute la période des années 60. Fernand vend des chaussures sur les marchés et Geneviève tient la boutique.

En 1969, ils décident de rénover complètement leur commerce qui en a bien besoin. Ils font appel à Max Ecoeur, décorateur installé à Lomme, pour transformer la façade, et aménager complètement l’intérieur.

documents archives municipales et bnr Daniel Labbé

Le résultat est magnifique : la porte d’entrée se trouve un peu en retrait par rapport au trottoir, ce qui permet une très grande vitrine d’exposition de chaque côté. La porte est protégée la nuit, par un rideau de fer. Le carrelage de l’entrée est en marbre de couleur rose.
A l’intérieur, sur la droite, les chaussures sont exposées sur des meubles tout en hauteur, et à gauche, se trouvent plusieurs sièges afin que les clients(tes) puissent essayer différents modèles avant de choisir. Le comptoir en forme de demi-lune et de couleur orange est placé au fond du magasin, juste à côté de la porte de la réserve, qui donne elle-même sur l’habitation

Intérieur du magasin ( documents archives municipales et MC Goossens )

La gamme de produits est très large, de façon à ce que chacun puisse trouver ce qu’il recherche : du haut de gamme, bien sûr, comme les chaussures Clerget, mais les plus grosses ventes se font avec la marque Gepy de la maison Gep, un milieu de gamme qui convient parfaitement à la clientèle de ce quartier populaire.

Publicité 1976 ( document Nord Eclair )

Fernand et Geneviève ont 4 enfants : Guy, Philippe, Jean-Jacques et Marie-Chantal. En 1976, soucieux de leur avenir, les parents décident d’ouvrir des magasins de chaussures pour eux, ou plus précisément pour les 3 aînés :

– pour Guy le magasin de Wattrelos Sapin Vert, 7 rue de l’Union

– pour Philippe, celui de Wattrelos Laboureur, 266 rue Carnot

– pour Jean-Jacques, celui de Roubaix au 229 boulevard de Fourmies

Les trois garçons ont une parfaite connaissance de la chaussure, puisqu’ils ont aidé leur père Fernand sur les marchés.
Quant à la cadette, Marie-Chantal qui travaille dans le magasin de la rue de l’épeule, elle pourra dans un avenir proche, reprendre le commerce.

Fernand est très investi dans la vie de son quartier. Il est, pendant de très nombreuses années, président du comité des fêtes du quartier Epeule-Alouette-Trichon. Il organise la braderie de la rue de l’épeule, les fêtes quinquennales, le football humoristique, les courses en sac, le banquet des anciens, etc

Fernand et Geneviève D’Halluin ( documents MC Goossens )

En 1984, Fernand et Geneviève prennent leur retraite. Marie-Chantal reprend la boutique à son compte et embauche sa belle sœur Krysia pour continuer l’activité du commerce. Elle habite à l’arrière du magasin avec son mari Daniel Goossens et leurs 3 enfants.

Publicités 1984 1987 ( documents collection privée )

Comme ses parents, Marie-Chantal s’investit également dans l’animation de la rue de l’épeule ; elle est secrétaire de l’Union des Commerçants du quartier, dont la présidente est Nathalie Desfrennes de la droguerie voisine Debril. L’Union Commerciale organise en particulier les soirées des sosies, spectacle renommé et populaire dans le quartier, financé par l’association ; Commerces et Quartiers.

Lors des premières Cavalcades du centre-ville, Marie Chantal est présente pendant deux jours, place de la Liberté à son stand « Au Petit Cendrillon ». Sur la photo ci-dessous figurent Miss Roubaix métropole, Marie-Chantal et au fond, son mari Daniel.

Stand lors des Cavalcades ( document MC Goossens )

L’Union Commerciale diffuse également avec l’association Commerces et Quartiers, le calendrier annuel distribué par les commerçants de la ville.

En 1991, Daniel et Marie-Chantal Goossens-D’Halluin ont l’occasion d’acheter leur immeuble qu’ils louaient jusqu’à présent au propriétaire, Mr Debaere.

Marie-Chantal, en 2010, décide de rajeunir l’image de l’enseigne en modifiant le fronton, et de réaménager à nouveau l’intérieur, en changeant l’ensemble des étagères de présentation.

Enseigne de la façade en 2010 ( documents bnr D. Labbé et MC Goossens )
Intérieur ( document Daniel Helynck )

Vers 2015, les affaires sont de plus en plus difficiles car les sites de vente de chaussures sur Internet, sont des concurrents virulents. Marie-Chantal et Daniel envisagent d’arrêter leur activité. Ils annoncent en 2018 une liquidation totale des stocks avant fermeture pour cause de retraite. La réputation de leur commerce est telle que tout le stock de chaussures est vendu en très peu de temps. Le magasin ferme définitivement ses portes après 57 années d’activité.

document Nord Eclair 2018

L’ensemble immobilier et commercial est cédé en 2019 et le magasin devient un commerce de bouche : O Poulet Braisé en 2019, C.Pizz en 2020 et Gharnata en 2021.

documents Google Maps et BT

Remerciements à Marie-Chantal et Daniel Goossens-D’Halluin ainsi qu’aux archives municipales.

Lobry – Milidée

Ignace Lobry, dont le commerce est répertorié comme quincaillier dans le Ravet Anceau de 1958, et comme vendeur de journaux dans celui de 1968, au 88 rue des Ecoles à Hem, apparaît également, dès 1968, comme vendeur de journaux-tabac au 229 avenue Laennec à Hem. 

Publicité Lobry (Document collection privée)

Comme le démontre sa publicité Ignace Lobry n’exploite pas seulement ce qu’il est convenu d’appeler un tabac mais un commerce beaucoup plus varié dédié à la presse, les fournitures scolaires et les cadeaux en tous genres, et ce dans ses deux points de vente. Son commerce de la rue des Écoles est installé dans des bâtiments annexes de l’ancien Château Olivier, à savoir les écuries.

Photo Lobry rue des écoles années 50 et photo Milidée années 2000
(Document collection privée)

La vue aérienne de 1951 montre un quartier en cours d’évolution avec les constructions qui débutent à la Lionderie, en lieu et place de l’ancien parc du Château, détruit en 1944. Au bord de la rue des Ecoles on distingue très bien les bâtiments des anciennes écuries, seul vestige des annexes du château.

Photo aérienne rue des écoles 1951 (Document IGN)

La boutique de l’avenue Laennec est une construction neuve.

Photo Lobry avenue Laennec (Document collection privée)

La vue aérienne du quartier Longchamp de 1969 montre en effet un tout nouveau quartier à l’emplacement d’anciens terrains agricoles figurant sur le document de 1951.

Photo aérienne avenue Laennec en 1951 et 1969 (Document IGN)

Ignace Lobry n’hésite pas, en plus de publicités régulières publiées dans les journaux, à créer des événements publicitaires à l’occasion de l’une ou l’autre fête, telle que Saint Nicolas qui propose aux enfants une photo en sa compagnie.

Photo St Nicolas 1967 (Document collection privée)

Instantané de mémoire : « Quand j’ai emménagé à Hem avec mes parents dans le nouveau lotissement de la rue des Écoles, j ai tout de suite pris mes marques dans ce magasin qui ressemblait à une caverne d’Ali Baba aux yeux de l’enfant de 10 ans que j’étais. Je m ‘y sentais comme chez moi grâce à Mauricette, la vendeuse, qui m’accueillait toujours avec le sourire et bienveillance et m’aidait à choisir un cadeau en rapport avec mon budget. J’y achetais mon Pif Gadget et Mickey Parade ainsi que, pour la rentrée des classes mes stylos plumes, cahiers, etc »

Lorsqu’ Ignace Lobry cesse son activité, en 1984, H. Hellebuyck reprend l’entreprise et le commerce change alors de nom pendant 3 ans mais Mauricette reste toujours présente, rue des Écoles.

Publicité Hellebuyck (Document collection privée)

En avril 1987, quelques mois avant la cessation d’activité de la société Hellebuyck, fin 87, Mauricette Duquenne reprend le commerce de la rue des Écoles, pour le plus grand bonheur des riverains.

Publicité Mauricette Duquenne (Document collection privée)

Instantané de mémoire : « Étant moi-même revenue vivre à Hem Centre j’ai alors retrouvé le chemin de la rue des Ecoles pour y acheter mes revues ainsi que des jouets pour mes enfants ainsi que leur nécessaire pour la rentrée des classes, la presse enfantine »

Mauricette Duquenne exploite son magasin, à l’enseigne Milidée jusqu’en février 2002.

Photo Milidée rue des écoles (Document collection privée)

Après la fermeture, la boutique reste vide durant plusieurs mois puis 2 boulangeries s’y succèdent. A l’heure actuelle il n’existe plus aucun commerce au 88 rue des Écoles.

Photo des 2 boulangeries successives (Documents Tout’Hem et collection privée)

Quant à l’ancien magasin de l’avenue Laennec, un temps repris par un boucher-volailler, le bâtiment a ensuite été détruit et une mosquée a été construite à son ancien emplacement.

Photo de la boucherie volailler et de la mosquée (Documents google maps)

La ligne Lille-Leers – Troisième partie : Fives et St Maurice

Plan Ravet-Anceau 1930- Document Gallica

Aussitôt sortie des Dondaines, la ligne emprunte la rue Eugène Jacquet, anciennement rue des Guinguettes, laissant à sa gauche la rue du Faubourg de Roubaix. La photo nous montre ce carrefour, vu depuis Lille. La rue du Faubourg de Roubaix, empruntée par le tramway F en direction de Roubaix, tourne à gauche, la rue Eugène Jacquet est à droite. Notons le côté sommaire et rustique qu’avaient à l’époque les constructions de ce quartier des Dondaines.

Photo collection particulière

L’ancienne rue des Guinguettes forme pratiquement une ligne droite. La voie prend ensuite à droite la rue Rabelais qui va la mener aux voies de chemin de fer qui contournent Lille par le Nord et se dirigent vers Roubaix-Tourcoing, ainsi que vers la côte. Au premier plan sur la photo, on voit les rails empruntent la rue Rabelais vers la droite, et quittent la rue Eugène Jacquet qui se prolonge au fond face à nous.

Photo collection particulière

Notons cette fois-ci, que les constructions, au dehors des Guinguettes, ont repris un caractère plus définitif. La photo suivante nous montre la rue Rabelais qui semble très animée.

Photo collection particulière

Parvenue au bout de la rue Rabelais au chemin de fer, la ligne 2 traverse les voies par un passage inférieur, un pont dont la voûte est en anse de panier. La photo suivante, prise depuis la place Madeleine Caulier, montre ce pont, désigné par une flèche.

Document Cparama
Le même pont aujourd’hui – Document Google

Les voies de la Compagnie du Nord traversées, la rue Rabelais change de nom et devient la rue de Bouvines. Les voies de la Compagnie du Nord traversées, la rue Rabelais change de nom et devient la rue de Bouvines. Le tram passe devant l’église dite « des flamands », disparue aujourd’hui pour faire place à un espace vert situé derrière l’église Notre-Dame.

La rue de Bouvines hier et aujourd’hui – photos collection particulière et Google

La ligne 2 poursuit son chemin vers le Sud-Est le long de cette voie avant de déboucher sur l’important carrefour qu’elle forme avec les rues de Bernos, Pierre Legrand et de la rue de Lannoy. Elle emprunte cette dernière à gauche, en suivant vers l’Est le chemin de grande communication numéro 6. La photo nous montre, au fond, une motrice ELRT longeant le trottoir de la rue de Lannoy. La voie métrique de l’ELRT voisine ici avec une voie normale à écartement de 1m44, visiblement plus large, des TELB (Tramways Électriques de Lille et de sa Banlieue). Cette voie s’arrête court après quelques mètres  : c’est ici le terminus de la ligne N, alors que le G poursuit sa route vers la droite.

Document collection particulière

La douane a aujourd’hui disparu, ce qui change notablement l’aspect du carrefour.

Photo Google

La voie suit maintenant la rue de Lannoy, elle aussi pratiquement en ligne droite, vers la chapelle d’Eloques.

Le voie est alternativement unique et double pour permettre le croisement des trams.

Documents Delcampe

On peine aujourd’hui à retrouver cette ferme. Son nom perdure pourtant à l’enseigne d’un commerce.

Photo Google

A suivre…