Café Janssoone

La rue des Trois Baudets à Hem a donné son nom au quartier qui l’entoure. Au dix-septième siècle c’était un simple sentier de terre qui menait à Roubaix et ce n’est qu’au dix-neuvième siècle qu’elle apparaît avec le nom de Chemin de Hem aux trois Baudets. Au début du vingtième siècle comme l’atteste la carte postale ci-dessous elle prend le nom de Chemin des Trois Baudets.

Chemin des 3 Baudets (Document Mémoire en Images de Hem)

Elle doit son nom à la forte pente à monter en venant de Roubaix pour aller au centre de Hem. La diligence s’arrête alors au bas de la rue au lieu dit « Le pain d’or » (actuel coin des rues Jean Jaurés et Clémenceau) nom de l’estaminet qui s’y trouve et dont le propriétaire sort alors ses ânes pour aider les chevaux fatigués à monter la côte jusqu’au relais de diligence situé au coin de la rue du Bas Voisinage (actuelle rue Louis Loucheur).

3 ânes pour grimper la côte (Document Au Temps d’Hem)

A l’époque les estaminets sont déjà nombreux dans cette petite rue et aux alentours immédiats : le Pain d’Or, le Beau-Chêne, le Congo, le Chasseur Belge (devenu en 1902 le Grand Saint-Eloi), la Fosse de la Verrerie, la Gaité, l’Harmonie, le Mirliton, le Point du Jour, le Pont de Canteleu, le Plafonnier, le Saint-Louis (relais de diligence des Trois-Baudets) au coin de la rue du Bas Voisinage, le Vrai Bon vivant, la Truelle d’Or…

La rue des Trois Baudets puis rue Jean Jaurés avec le futur café Janssoone au n°96 (Document Mémoire en Images de Hem)

C’est donc vers le milieu de la rue, plus exactement au numéro 96, que, dans les années 1920, s’installe Jules Janssoone, fils de Achille Janssoone, tisserand à Roubaix, en qualité de menuisier/ébéniste et exploitant d’un café-tabac. L’établissement sert également de siège au comité local du syndicat des petits propriétaires et bénéficiaires des HBM (Habitations à bon marché) qui a pour objectif la défense de la petite propriété familiale. C’est aussi chez lui que se déroule la perception de la taxe sur le chiffre d’affaires.

Un Comité Républicain Démocrate est fondé à Hem en 1926, à l’initiative de Georges Bernard (Voir sur notre site un article sur cette personnalité intitulé Georges Bernard- La Villa Pax) au cours d’une réunion à laquelle Jules Janssoone participe et est élu membre du comité. Jules Janssoone s’implique dans la vie politique de la commune où il figure sur la liste de concentration républicaine au titre de candidat aux élections municipales de 1929, au cours desquelles il est élu.

Jules dans son atelier (Document Joffrey Janssoone)

Au début de la seconde guerre mondiale c’est l’affolement et l’évacuation de la population civile est prévue par le commandement militaire. Une commission municipale d’évacuation de la population est donc constituée à Hem comme ailleurs, dans laquelle figure Jules Janssoone. Une réunion en mairie à pour objet d’indiquer la mission de chacun de ses membres, fixer les points de groupement, des moyens de transport et des points de rassemblement de la population.

Une enquête fait ressortir 4550 personnes à évacuer, dont 408 malades et vieillards et 1635 femmes et enfants. Pour cela les industriels, agriculteurs, commerçants et particuliers peuvent mettre à disposition 2 camions de plus de 3 tonnes, 12 camions de moins de 3 tonnes, 97 camionnettes et voitures de tourisme, 18 chariots à 4 roues et 4 tombereaux.

Instantané de mémoire de Rose Gosman habitant rue Jean Jaurès (Document Historihem) : « Lundi 20 mai, tout le monde partait. Ma tante, marchande de lait au bidon, avait une voiture C4. Elle emmena ma mère, ma marraine, les parents de la marraine ; moi, j’étais assise sur le bidon d’essence, la tête baissée par le plafond de la voiture. Mon père partit en vélo…La voiture tombait constamment en panne, nous roulions au pas à cause de l’embouteillage des routes et les bougies s’encrassaient. Mon père avançait plus vite que nous en vélo ! Il demandait aux gens «  Vous n’avez pas vu une voiture avec un sac blanc sur le capot ? » Par manque de place, nous avions mis en équilibre sur le capot de la C4 un grand sac en toile blanche rempli d’effets. Nous avons été mitraillé par des avions à La Bassée. Nous avons dormi dans une ferme à Beuvry : c’est la première fois que je dormais dans du foin. »

Exemple de photos de l’exode en 1940 (Documents Wikipedia)

Pendant la guerre tout est bon à prendre pour venir en aide aux prisonniers. Ainsi des jeux sont organisés et chaque fois une recette assez rondelette est remise au comité local d’entraide. C’est dans ce cadre qu’un groupe d’amis a l’idée d’organiser une soirée chantante chez Jules Janssoone.

Le succès de la soirée dépasse toutes les espérances grâce au concours bénévole d’artistes réputés : « les Prudents » et « les Charlystes », duettistes (Personne qui chante ou qui joue d’un instrument en duo ou personne qui fait un numéro de music-hall, de cirque avec une autre) , « Raymolus » et « Marcel Eelbo », comiques, accompagnés au piano par Mlle Bauwens. Les jeux de 421 sont récompensés d’un lapin, don de Mr Balduyck et d’un filet d’Anvers, don de Mr Demaline, boucher dans la rue. Au total, la soirée permet de récolter la coquette somme de 2515,20 francs pour le comité d’entraide.

Exemple de duettistes des années 1920-1930 (Document les Amis du Louxor)

A suivre…

Une pensée pour Emilie Janssoone disparue trop tôt, en Mars 2022, alors qu’elle se faisait une joie d’apporter son témoignage.

Remerciements à Joffrey Janssoone et Patrick Debuine, à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem, à Bernard Thiebaut pour son livre : Mémoire en Images de Hem.

L’école de la rue du Moulin

La façade vers 1910 ( document archives municipales )

Les anciens bâtiments de l’hôpital de Roubaix situés au 32 34 rue du Moulin ( rue Jean Moulin aujourd’hui ) à Roubaix depuis le XV° siècle, sont démolis en 1866.

Cette date est incertaine, car sur le plan de 1847 ci-dessous, on distingue des lits d’hôpital dans le bâtiment dont les plans sont très voisins de la structure actuelle de l’immeuble. Il est donc permis d’avoir un doute sur le fait que la façade pourrait être antérieure à l’école et avoir été construite en 1847.

Plan de 1847 ( document JP. Devulder )

A la place, sur ce terrain qui appartient toujours aux Hospices Civils de Roubaix, est alors construite une maison d’habitation pour les frères de la Doctrine Chrétienne.

C’est un immeuble imposant d’une façade de 25m de large et d’une profondeur de 10m. Les murs ont une épaisseur de 50 centimètres ! Les frères des écoles chrétiennes arrivent rue du Moulin en 1867 ; ils y créent la communauté du Vénérable de La Salle. Seize chambres sont à l’étage pour les vingt-deux frères qui logent dans le bâtiment visible de la rue. Ils instruisent dans les six classes situées sur 2 niveaux, 3 au rez de chaussée et 3 à l’étage, dans un bâtiment situé de l’autre côté de la cour intérieure et relié à l’immeuble principal par une coursive à droite, qui abrite la buanderie, la cuisine et l’arrière cuisine pour le stockage des denrées.

L’école vue de la cour intérieure ( document archives municipales )

En 1882, suite à la loi Jule Ferry, l’école des frères de la rue du Moulin devient une école communale de garçons ( puis par la suite, une école de filles ). La croix qui surplombe le fronton est alors décrochée.

Sur le toit, on distingue encore la croix ( document JP Devulder )

L’école, devenue communale, en 1883, compte 547 élèves pour 6 classes ! On ne peut pas en conclure qu’il y avait 91 élèves par classe car il y avait un roulement avec notamment les classes du midi pour les enfants-ouvriers, qui apprenaient à lire et écrire pendant leur pause-déjeuner. Ces classes sont séparées de l’immeuble de la rue du Moulin et deviennent l’école de la rue Chanzy, ( aujourd’hui école Edmond-Rostand ).

Au dessus de la porte d’entrée : école communale ( document JP Devulder )

Les frères quittent Roubaix, après une longue période de résistance rendue possible grâce au soutien conjoint de la population ouvrière et des instances patronales, pour ériger à Estaimpuis, les fondements de ce qui deviendra par la suite le collège Jean Baptiste de la Salle. Leurs logements rue du Moulin deviennent alors des logements urbains traditionnels pendant près d’un siècle.

Ensuite, il faut attendre la fin de la deuxième guerre mondiale pour que le bâtiment se transforme. En 1948, Roger Vanovermeir s’installe dans le bâtiment au N° 34 pour y vendre ses meubles.

documents collection privée

La façade du rez de chaussée de la rue Jean Moulin est alors complètement transformée et surtout dévastée ! Elle est percée pour laisser apparaître les larges vitrines du commerce de meubles. Les lettres « école communale » de 1882 disparaissent momentanément ( elles seront retrouvées au moment de la restauration en 2016 ). Roger Vanovermeir et sa famille occupent personnellement quelques pièces, situées à l’arrière du magasin . Roger Vanovermeir reste dans les locaux pour la vente de ses meubles, de 1947 à la fin des années 1970.

Au début des années 1960, au fond de la cour intérieure, un mur est construit à une distance de deux mètres, le long de l’école ( le bâtiment a été retravaillé avec l’ajout de couloirs couverts pour créer des circulations entre les classes ). Les 6 salles de classe continuent d’accueillir des élèves qui entrent dès lors à l’école Edmond Rostand par la rue Chanzy située juste derrière.

Le mur construit devant les 6 classes de l’école ( photo BT )

Pendant quelques années ( fin des années 70, début des années 80 ), l’immeuble connait une déshérence, provoquée par plusieurs facteurs : fermeture puis incendie de l’usine Motte Porisse, située juste en face, puis un véritable « tsunami » en matière d’urbanisme avec carrément la disparition d’une partie de la rue Jean Moulin pour la création de l’avenue André Diligent et de la ZAC Motte Porisse. L’immeuble se retrouve alors, pendant une décennie, assez isolé dans un environnement extrêmement difficile de friches ou de ruines. La défaillance financière des occupants de l’époque accentue cette déchéance ( défaut d’entretien manifeste, mauvais locataires…le terme de squat a été prononcé )

Au début des années 1980, le bijoutier Marc Vieille et son épouse Yvette, dont le commerce est situé juste à côté au 28 30 rue Jean Moulin, rachètent le bâtiment à la barre du tribunal. L’immeuble très bien construit reste solide mais est assez délabré. Marc entreprend de le rénover pour qu’il soit aux nouvelles normes et de le transformer en résidence étudiante. Le 1° étage est alors composé de 15 logements ( 7 studios avec commodités à l’intérieur et 8 chambres. Un très grand appartement compose le 2° étage.

C’est à cette époque que le locataire Roger Vanovermeir quitte les lieux. Ensuite, le commerce est occupé à plusieurs reprises par des commerçants locataires qui ne restent guère longtemps, jusqu’à ce que Robert Bedaghe signe un bail de location pour installer son atelier d’encadrements à l’enseigne « Arts Décors ». La partie arrière ( les pièces qu’occupait personnellement Roger Vanovermeir ) se transforme en réserve. L’ancienne cour de récréation devient un parking pour une dizaine de véhicules

document archives municipales

Robert Bedaghe souhaite prendre sa retraite en 2006, d’autant qu’il apprend que son bail ne sera pas renouvelé. Les propriétaires, Mr et Mme Vieille souhaitent, quant à eux, se séparer de cet immeuble.

Marie-Anne Devulder, gérante de la société d’encadrement « Pictual », possédant 4 magasins dans le Nord, se positionne pour reprendre le matériel et les stocks de la société Arts Décors, mais ni le fonds de commerce, ni l’entreprise.

En juin 2006, Marc Vieille propose alors à Jean Pierre et Marie-Anne Devulder de leur céder l’immeuble. Dans un premier temps, ils déclinent l’offre, puis se ravisent et finalement font l’acquisition de l’immeuble en février 2007.

L’atelier de fabrication Pictual de Bondues trop petit, est donc transféré à Roubaix dans les locaux de l’ex société Arts Décors

Témoignage de Jean-Pierre : Ce qui nous intéressait, c’était d’abord l’atelier d’encadrement qui se trouvait au rez-de-chaussée. Nous avions trois magasins de cadres et un atelier-magasin au centre de Bondues. Ici, c’était beaucoup plus grand. Nous avons acheté, d’abord comme un simple investissement locatif. Et puis nous sommes tombés amoureux, devant la richesse inouïe de l’histoire des lieux

à suivre . . .

Remerciements à Jean-Pierre et Marie-Anne Devulder, ainsi qu’aux archives municipales.

Novembre 1902

Cyclisme. Les amnisties de l’Union Vélocipédique Française. À l’occasion de son congrès annuel, l’UVF a amnistié de toutes pénalités un certain nombre de vélodromes. Ainsi le vélodrome lillois disqualifié depuis 1900 pour des raisons d’ordre financier, le vélodrome d’Arras puni d’une amende pour avoir laissé courir des amateurs non licenciés, et le Vélodrome de Roubaix qui se voit dégagé d’une amende de 100 francs relative à son fonctionnement.

En tête du bulletin de l’UVF doc Gallica

Football. Les résultats des sociétés de l’U.S.F.S.A. Le RCR bat l’Olympique lillois par 3 bus à 2 après une belle partie. Le RCR bat le Sporting Club Tourquennois, 6 buts à 3.

Football. Les résultats des sociétés libres. Le match opposant l’Olympique Roubaisien et le Football Club Tourquennois a pris fin après 35 minutes de jeu, le FCT refusant de continuer à jouer après un regrettable incident. L’O.R. menait 2 à zéro. L’Iris Club Roubaisien rencontrait l’Étoile Roubaisienne et a remporté le match par 3 buts à 1. Le Club Sportif Roubaisien a battu le Sporting Club Roubaisien par un but à zéro, après une partie animée et une belle défense du CSR.

Cross Country. Premier entraînement de la saison de cross country au Racing Club Roubaisien, sur 5 kilomètres. Vainqueur Honorez en très grande forme, il court en 19’30, laissant son second Becquerel à plus de deux minutes.

Hockey sur gazon. Une partie opposait le RCR au Sporting Club Tourquennois, qui s’est terminée par un match nul 4 à 4, après un match très intéressant sur le terrain de Beaumont.

Antwerp FC le plus ancien club de Belgique

Football. Le challenge international du Nord. Il est organisé comme chaque année par le Sporting Club Tourquennois et ouvert à tous les clubs français et étrangers reconnus par l’Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques (U.S.F.S.A). Les demi-finales et la finale se joueront sur le magnifique terrain de la rue de Dunkerque. Pour cette septième édition, voici les équipes présentes : l’Antwerp FC détenteur du Challenge, le Racing Club Roubaisien, champion de France, le Standard Athlétic-Club, le Racing-Club de Bruxelles, le Football-Club Liégeois, l’Union Saint Gilloise, l’Union Sportive Parisienne, la Nationale de Saint Mandé, le Football Club Courtraisien, le Cercle Sportif Brugeois, le Daring Brussels Club, l’Olympique lillois, l’Union Sportive de Calais et le Sporting Club Tourquennois.

Football. Résultats Championnats du Nord : le RCR bat l’Iris Club Lillois par 9 buts à 3. L’Olympique lillois bat le Stade Roubaisien par 3 buts à 2. Du côté des sociétés indépendantes, l’Iris Club de Roubaix bat le Sporting club roubaisien par 2 buts à 0. L’Olympique Roubaisien a battu le Football Club Courtraisien par 2 buts à 0.

Lutte. La fête de l’union des sports de Roubaix a accueilli un public nombreux. Le travail athlétique de MM. Bulteau, Desbouvries et Kochler et les exercices classiques de MM. Briche et Vanhuysse ont été très applaudis, de même que le travail aux anneaux de M. Liévens. Pour les numéros de lutte, le professeur Boghaert a tombé Vanhuysse par une ceinture avant après 18 minutes de lutte intéressante.

Croquis du Journal de Roubaix 1902

Cyclisme. La concurrence parisienne a été fatale aux pistes de province. Ainsi le vélodrome de Roubaix avait bien commencé par la course Paris Roubaix, avait bien continué par une belle rencontre entre Jacquelin et Ellegaard, le premier ayant remporté le Grand Prix de Pâques. Puis le vélodrome roubaisien se contenta de continuer la saison par des réunions évidemment intéressantes mais point sensationnelles. Pourquoi ? Les coureurs tout simplement attendent à Paris dans leurs cabines celui des deux vélodromes parisiens qui resterait le plus offrant et le dernier enchérisseur.

La gare du Pile

Soucieux d’avoir un accès plus direct aux régions charbonnières, on ouvre une ligne allant de Tourcoing à Somain, concédée à la compagnie du Nord-Est mais reprise presque tout de suite par la compagnie des chemins de fer du Nord. Sur cette ligne est installée la gare dite de Roubaix-Wattrelos qu’on situe finalement après beaucoup d’hésitations dans le quartier des trois ponts. Elle se situe non loin du canal et de la limite de Wattrelos, entre le boulevard de Beaurepaire et la rue de Carihem. C’est une gare d’embranchement (qui dessert plusieurs directions), avec une ligne qui se dirige vers Wattrelos et la frontière après avoir effectué un demi-tour sur elle-même, et une autre vers Orchies et Somain par Lys et Villeneuve-d’Ascq. Pour les roubaisiens, elle prend tout de suite le nom de gare du Pile.

Plan de 1899

Le bâtiment des voyageurs de la gare du Pile est construite en 1878 sur le type courant des bâtiments voyageurs de la région. Il possède un corps central à trois portes comportant un étage, et deux corps latéraux bas à une seule porte. Mais les ailes en seront allongées en 1897 pour suivre l’importance du trafic : elles auront alors cinq portes chacune. Le chef de gare a son logement réservé à l’étage.

Par ailleurs, on construit une halle à marchandises importante, qui sera dédoublée ensuite, un quai de déchargement, ainsi qu’un bureau d’octroi et une cabine d’aiguillage surélevée. La photo nous montre le bâtiment-voyageurs au centre, à gauche le toit de l’abri de quai, et, au fond, la cabine d’aiguillage et la halle. Tout à fait à gauche, on aperçoit une locomotive à marchandises à l’arrêt, apparemment du type à marchandises Nord 040 à tender séparé, datant des années 1870.

Photo archives municipales

Côté voies, la gare ne dispose que de deux quais, protégés pour le premier par une marquise et un abri, desservant trois voies. En effet, elle n’est pas prévue pour un trafic voyageurs très fourni. Les voyageurs sont majoritairement à destination ou originaires de Herseaux par Wattrelos, ligne ouverte en 1900, mais aussi les différentes stations vers Villeneuve d’Ascq. En 1908, 52000 voyageurs empruntent les convois, en troisième classe dans 95 % des cas . Ce sont le plus souvent des ouvriers qui viennent travailler à Roubaix.

Cette situation ne dure pourtant pas car, durant la première guerre, la ligne de Somain est coupée par les allemands et celle de Herseaux est fermée au trafic voyageurs. La gare du Pile devient alors une gare sans voyageurs.

Document Nord Eclair

Par contre, la gare étant conçue essentiellement pour le traitement des marchandises, les installations correspondantes sont particulièrement importantes. Le faisceau des voies marchandises est particulièrement développé. Il comporte 6 voies de tri et des voies pour desservir le quai de déchargement et la halle, mais aussi des voies encadrant la cour aux marchandises, et d’autres desservant la cour aux charbons, assidûment fréquentée par les marchands locaux. Le faisceau comporte également une voie mère desservant des zones charbonnières particulières, louées aux négociants les plus importants. Les diverses entreprises situées près de la gare sont reliées au chemin de fer par des voies d’embranchement qui permettent chargements et déchargements direct.

Tout ceci sera complété ensuite par un accès au faisceau de voies réservé au tri postal, comportant 8 voies et deux voies de garages des rames en attente.

Photo IGN 1978

Tout ceci représente un trafic marchandises considérable : en 1947, la gare expédie des marchandises diverses (6800 wagons expédiés depuis la cour aux marchandises) mais aussi de nombreux colis. Dans l’autre sens, elle reçoit plus de 21 000 wagons et de nombreux colis, tout cela avec un effectif de 32 agents et un chef de gare. L’ensemble représente, en 1959, quatre trains à l’arrivée et trois au départ pour la station et les 37 embranchements desservant les usines des alentours.

Document Nord Eclair 1959

Les manœuvres sont réalisées par les locomotives du dépôt de Tourcoing qui, après avoir assuré leur train jusqu’en gare, sont ensuite utilisées au tri et au placement des wagons sur les voies disponibles.

La photo qui suit, datée de 1949, donne une idée du trafic généré par la gare. On est surpris par le nombre et la taille des tas de charbons, par le nombre de wagons attendant d’être chargés ou déchargés, de la quantité de camions qui animaient le quartier toute la journée de leurs navettes incessantes…

Photo IGN 1949

Les deux voies centrales dans la cour des marchandises permettaient de charger ou de décharger deux fois plus de Wagons. La photo suivante montre qu’il suffisait d’approcher le camion devant la porte du wagon pour pouvoir opérer le transfert. Ici, on voit le marchand de charbon opérer la mise en sac directement sur le wagon avant de charger le plateau de son camion Renault. A l’époque, il fallait plusieurs camions pour vider un tombereau de 20 tonnes !

Photo Nord Matin 1963

La photo suivante, prise dos au pont de Carihem en 1993, nous montre la gare vers la fin de son activité. On y remarque au centre des parcs à charbon envahis par la végétation, précédés de l’aiguille menant aux deux voies centrales de la cour des marchandises. A gauche, la voie mère menant aux parcs à charbon et aux embranchements de l’avenue Brame. Le sol est saturé de poussière de charbon. A droite au fond, on distingue la halle à marchandises et, plus près, une « sauterelle », tapis roulant mobile pour le chargement, abandonnée en position basse. La fin est proche !

Photo D. Labbe – 1993

Aujourd’hui, le bâtiment des voyageurs a été vendu, les herbes folles ont pris possession des installations, et un chemin de promenade emprunte les emprises de la station.

Photo Jpm 2012

Entre les traverses des voies de l’ancien faisceau marchandises poussent les bouleaux. La végétation est maîtresse du terrain.

Photo Jpm 2020

Les documents proviennent des archives municipales, des sites de la médiathèque de Roubaix et de l’Institut Géographique National.

André Loens pilote automobile

En août 1957, André Loens présente sa nouvelle voiture de course, une Maserati 2 litres, 200 CV, 635 kg vitesse maximum 275 kmh. Cet engin est le plus rapide dans sa catégorie. André Loens vient de rentrer d’Italie où il s’est entraîné avec le constructeur Maserati et il a procédé également aux essais de la nouvelle conduite intérieure 5CV tourisme aussi rapide qu’une voiture de course, selon lui. Sa Maserati est de couleur rouge et non bleue, sa couleur habituelle en tant que pilote français, car il est le seul coureur privé européen assisté par Maserati.

La Maserati d’André Loens photo NE

Son calendrier est très chargé : le 6 août il part pour Christianstadt où il participe au grand prix de Suède. Le 18 août, il sera au Danemark. Le 25 Août, il participera au grand prix de Belgique à Spa. Sa voiture, seule de la catégorie des 2 litres, entrera en compétition avec des 3 et 4 litres. Il sera le 1er septembre à Salane et le 8 à Cadours. Enfin, il partira pour la Sicile et la Sardaigne. Il se propose également d’effectuer un périple de 20.000 kms en six semaines avec une Maserati et un Racer de 500 cm³ qu’il a construit avec l’aide de son frère, et avec lequel il gagne une course de 120 kms à la Châtre, le 28 juin 1957.

En octobre 1957, à Montlhéry, il dispute la treizième coupe du Salon. Il était le favori, vainqueur probable des deux litres, de l’écurie de Flandre. Au quatrième tour, il passe en tête. Mais on l’attendra vainement au cinquième tour, victime d’un accident il gît sous sa voiture, tué net. Que s’est-il passé ? Arrivé très vite dans un virage, il redoute une embardée et comme l’espagnol Godia le suit de près, il choisit de prendre l’échappatoire qui est devant lui. Celle-ci est barrée d’un calicot sur une base métallique et le roubaisien va se jeter là dessus. Sous le choc, il lâche la pédale d’embrayage et la voiture libérée bondit en avant, percute une barrière de bottes de paille et se renverse. Dégagé et transporté à l’hôpital d’Arpajon, on ne peut que constater le décès, il a été tué sur le coup. C’est la consternation au siège local de l’Écurie de Flandre, rue de Soubise à Roubaix. André Loens avait tant de projets et d’espoirs !

Adrien Théophile Léon Loens, dit André Loens est né le 3 février 1920 à Roubaix. Ses parents habitent boulevard de Metz cour Vercuysse, son père est artisan zingueur. Il avait la mécanique dans le ventre. Mécano de grande valeur, il avait été metteur au point chez Gordini et il avait fignolé les voitures de plusieurs grands champions dont Jean-Pierre Wimile et Raymond Sommer. Puis lui vint le goût de la compétition. Pilote assisté de Maserati, il courait régulièrement depuis sept ans inscrivant à son actif une trentaine de victoires dont celle du Cran d’Escalle et le grand prix de Cadours.

Pendant la guerre, il était engagé dans la RAF en qualité de mitrailleur, ce qui explique qu’à la fin des hostilités, il monte un garage de l’autre côté de la Manche. Il a déménagé à Bournemouth en Angleterre, où il courait sous une licence britannique. Loens dirigeait le garage Purewell Motors à Christchurch, à proximité. Sa première apparition en course date de mars 1951 dans une JBS Norton à Castle Combe, où il finit sixième de sa manche.

André Loens sur JBS Norton doc Coll Particulière

Puis André Loens court à nouveau à Castle Combe le 12 avril, mais cette fois dans un Mk1 Kieft , et il termine deuxième derrière Stirling Moss dans une voiture similaire, puis ce sera Brands Hatch le 21 avril 1951 où il a remporté la première course de la journée, une manche pour l’Open Challenge, mais n’a pas réussi à terminer la finale et a pris la deuxième place de sa manche pour le championnat junior. De nouveau à Brands le 12 mai, André a pris la deuxième place dans une manche du Trophée International mais a échoué en finale. A Ibsley le 4 août, il a pris la deuxième place devant Peter Collins, puis le 18, il a réussi une respectable sixième dans la Allcomers Race à Silverstone.

Modèle Kieft conduit par André Loens Coll Particulière

Pour 1952, André a acheté le nouveau Kieft CK52, et il obtient des résultats globalement similaires, manquant de peu la victoire contre une opposition souvent supérieure. Avec l’ingénieur Martin, il modifie les suspensions Kieft et Cooper et il court en Angleterre, Allemagne, Suède, Belgique, France, tenant tête régulièrement aux ténors de l’époque, S. Moss, P. Collins.

Victorieux à Draguignan en 1952 Coll Particulière

Le 12 avril, il est deuxième derrière Moss à Castle Combe et un voyage en Allemagne lui apporte une excellente seconde place au Nürburgring puis il échoue à Brands et, au début de l’été, il fait une tournée en France, gagnant à Draguignan, faisant troisième à Amiens. De nouveau dans la Staride, Loens a pris la dixième place du Grand Prix de Grande-Bretagne à Silverstone le 19 juillet, puis une seconde place impressionnante derrière Don Parker lors de la finale du Trophée international à Brands le 4 août. Il revient sur Kieft pour une seconde place à Turnberry et une victoire lors de la finale de consolation à Brands. Il a pris la sixième place à Goodwood le 27 septembre et la même chose à Castle Combe en octobre et une troisième légèrement chanceuse à Charterhall le 11 pour clôturer l’année.

André a continué à conduire le Kieft jusqu’en 1953, faisant à nouveau des voyages en France. Il a remporté une victoire à Ibsley le 18 avril et une autre à Castle Combe le 25 en battant Les Leston , Dennis Taylor et Ivor Bueb mais n’a pas réussi à terminer le trophée international à Silverstone en mai. Loens et un certain nombre de pilotes britanniques sont allés à Avus en juillet où André a pris la quatrième place. De retour à Castle Combe en octobre, Loens finit troisième. Il participe également à d’autre courses, sur le Cooper Bristol de George Hartwell en 1952 et le Kieft Butterworth en 1953.

La Staride conduite par André Loens Coll Particulière

Pour 1954, il acheta une Staride , gagnante à Davidstow en juin, ainsi qu’un certain nombre de bons classements. André apparaît dans une Martin pour la dernière partie de l’année mais la vend à Roger Gaillard à la fin de l’année. Il semble n’y avoir aucun résultat pour Loens en Grande-Bretagne en 1955, mais il a remporté le Grand Prix de Suède à Kristianstad le 7 août, puis il est cinquième à Karlskoga une semaine plus tard, une victoire à Stockholm et à nouveau à Roskildering au Danemark en septembre, plus la Coupe Fagioli. à Caldaie, en Italie, contre une opposition de 750 cm3, le tout dans sa Cooper Mk IX.

La Cooper MK IX Coll. Particulière

André a vendu son garage de Bournemouth en 1955 et est retourné à Roubaix, en France, puis a construit le Loweno. Avec son frère, il crée la Loweno (pour LOens-WErry-NOrreil), aidé par les membres de l’écurie Flandre : Mrs Noreille, Werry- Delbarre – Monnier- Mulnard – Pollet. Quelques années plus tôt, il a signé une licence en France et il est revenu s’installer chez ses parents 186 rue d’Oran à Roubaix et surtout chez son ami M. Flamencourt garagiste rue de la Madeleine à Lille. Il n’a alors couru que sur le continent, remportant sa manche et deuxième de la finale à Narbonne en juillet, deuxième à Roskildering en août 56, deuxième à Helsinki en mai 1957 et gagnant à La Châtre en juillet.

Loens a fondé l’usine Loweno qui fabriquait de petites monoplaces. Il a poursuivi sa carrière en pilotant son propre Loweno et a également participé à plusieurs courses au volant d’une Formule 3 Cooper de 500 cm3 et d’une voiture de sport Maserati A6GS de deux litres.

André Loens Coll Particulière

André Loens a été tué lors de la XIII Coupe du Salon, tenue le dimanche 06 octobre 1957. Le « Troisième Circuit » de 6,283 kilomètres de Linas-Montlhéry a accueilli l’événement, le parcours comprenait l’Anneau de Vitesse et le virage à Couard. Loens conduisait la Maserati 200SI rouge qu’il avait récemment achetée. Il est inhumé au cimetière de Roubaix.

Infos et images trouvées dans le site http://www.spiritracerclub.org et http://500race.org/people/andre-loens/

Le café Leffe

Sur la Grand Place, à droite de l’église Saint Martin et à gauche de la Grand’rue, se trouvent 6 immeubles qui ont toujours été occupés par divers commerces.

Plan cadastral

Dans les années 1980-1990, à l’extrême droite, juste à côté du « Palais du Vêtement », on trouve 4 cafés-restaurants situés côte à côte : au N° 28 le restaurant « Au Lapin Blanc », ensuite au N° 29 le restaurant « Maurice », au N° 30 le restaurant « Au Grand Cerf » et au N° 31 le café-brasserie « Grand Saint Martin » rebaptisé ensuite « Le Central ». Puis viennent au N° 32 la mercerie Margaret et au N° 33 le magasin de vêtements FOUF.

document archives municipales
Restaurant « Maurice » ( document collection privée )

Restaurant du « Grand Cerf » ( documents collection privée )

Au début de l’année 2000, Monsieur Nolf dépose en Mairie, une demande de permis de démolir pour 3 des 6 immeubles. Sont concernés les numéros 29 30 et 31.

document archives municipales
document archives municipales
document archives municipales

Ce sont des maisons très anciennes, modestes et très abîmées. La mérule s’est installée dans les murs intérieurs, un pignon menace de s’effondrer, de l’amiante se trouve dans les plafonds. Il n’y a aucune autre solution possible que de tout raser.

documents Nord Eclair

Luc Daniel Nolf demande simultanément un permis pour la construction d’un immeuble à usage de logements, de commerces et de bureaux aux 29 30 et 31 par la SCI Philippe de Girard. L’immeuble projeté vise à s’insérer dans l’harmonie de la Grand Place. Il est édifié entre le 28 et le 32 sur la même configuration, à savoir sur deux étages.

Le projet de la façade ( document archives municipales )

L’association de défense et de préservation du patrimoine « Art-Action », présidée par François Descamps s’insurge contre ce projet. Comment peut-on imaginer détruire des maisons flamandes construites à la fin du 17° siècle, les plus vieilles du centre ville ?

document Nord Eclair

Après quelques semaines difficiles de polémique par voie de presse, entre Luc Daniel Nolf et l’association Art-Action, le projet est accepté par la Mairie, au grand désespoir de François Descamps qui déclare : « Mes pauvres arguments de conservation du patrimoine ne valent pas grand chose contre la froide détermination de modernité et de rentabilité. »

Luc Daniel Nolf devant les 3 maisons à démolir ( document Nord Eclair )

Les travaux de démolition commencent alors, au début de l’été 2000. En Juillet 2001, le chantier a pris un peu de retard, suite à des problèmes du sous-sol très humide.

document Nord Eclair
Les travaux en Juillet 2001 ( document Nord Eclair )

Le projet du promoteur, Luc Daniel Nolf, est ambitieux. Un café Leffe occupe l’emplacement des 30 et 31 à savoir le « Grand Cerf » et le café « Le Central », tandis qu’une boutique à l’enseigne L’Onglerie ouvre à la place de chez Maurice au N° 29.

document Nord Eclair

La superficie du café Leffe est très grande : 250 m2 au sol. L’établissement peut contenir 120 personnes, plus une centaine de clients en terrasses. La brasserie occupe tout le rez de chaussée. Les 2 étages sont occupés par des bureaux.

document Nord Eclair

Le café Leffe est inauguré en Février 2002, en présence de Mr le maire, qui a tenu à confirmer le soutien du conseil municipal à ce projet privé qui profitera pleinement au futur hypermarché Géant à quelques pas de là.

Luc Daniel Nolf et René Vandierendonck le jour de l’inauguration ( document Nord Eclair )

René Vandierendonck, un peu embarrassé de devoir faire l’éloge de la Leffe alors que la Terken locale connaît quelques difficultés, souligne néanmoins la magnifique décoration de l’établissement et l’ambiance sympathique. L’emplacement est idéal : entre l’église Saint Martin et la Grand’rue. L’investissement financier est conséquent : 12 emplois sont créés. L’objectif est simple : faire revivre et animer la Grand Place.

Pourtant, quelques années plus tard, en 2006, le café Leffe change d’enseigne et devient « Le Petrus »

Le Petrus en 2008 ( Photo BT et document Nord-Eclair )

En Juillet 2018, le Petrus appartenant à la brasserie flamande De Brabandere qui produit la bière Bavik et Petrus, ferme ses portes. Aucun des 4 gérants successifs n’a réussi à développer le commerce, malgré les nombreuses animations avec DJ, proposées à la clientèle pour éviter que les étudiants partent faire la fête à Lille.

Il Caldo en 2022 ( Photo BT )

Peu de temps après, les gérants de l’Hôtel de France, Bruno et Brigitte Mazzucato reprennent l’établissement en Avril 2019. Ils décident le changement complet du concept. L’enseigne choisie est « Il Caldo » ce qui signifie en italien : Le Chaleureux. C’est une pizzeria-trattoria comme on en trouve très souvent en Italie.

Ce changement nécessite la refonte complète de l’intérieur de l’établissement avec de nouvelles couleurs, le changement du mobilier etc. La restauration est bien sûr italienne : pâtes, pizzas et plats traditionnels. Le restaurant est ouvert le midi. Un système de livraison à domicile est mis en place

Remerciements aux archives municipales

Teinturerie Lenfant

(suite de l’article précédemment édité et intitulé :Henri Delecroix)

Entre temps, Henri Delecroix a cédé son entreprise au fils de Louis LENFANT, le dernier tisserand à l’ « otil » de la rue du Calvaire, Rémy Lenfant. Celui-ci avait initialement créé une teinturerie à Willems au lieu dit « Le Robigeux », 32 rue d’Hem, en 1911. Il s’y occupait des écritures, son beau-frère Jules FONTAINE, était chargé de la clientèle, et Albéric PARENT y était technicien teinturier. Il abandonne donc l’activité brasserie de son prédécesseur pour rouvrir une teinturerie à Hem.

CPA de la 1ère teinturerie Rémy Lenfant à Hem ( Document collection privée)
Courrier de la teinturerie en 1929 (Document Historihem)

Dans les années 1920, Rémy Lenfant achète également 1.100 mètres carrés de terre agricole dans l’avenue de la Gare (actuelle avenue Delecroix, après s’être également appelée rue de la Place) et y construit sa résidence, presque en face de sa nouvelle usine, située dans la rue du Rivage, laquelle bien que prenant sa source dans l’avenue lui est presque parallèle.

Photo aérienne de la propriété en 1933 et en 2022 (Document IGN et Google Maps)
Photos de la maison de maître (Documents Historihem et Google Maps)

On retrouve la teinturerie « Remy Lenfant et Cie » dans l’annuaire dès 1923. L’ usine ayant brûlé en 1940, à l’exception des bâtiments situés en bordure de rue, est reconstruite après 1946 grâce aux indemnités perçues pour les dommages de guerre. A la fin des années 40, Rémy Lenfant possède également une usine au 45 rue Jules Guesde à Roubaix.

Vue aérienne de l’usine de Roubaix en 1951, et en 2022 le magasin Lidl à son ancien emplacement (Documents IGN et Google Maps)

L’usine de Hem pratique le blanchiment, l’apprêt et la teinture sur bobines et sur écheveaux des fils de laine, de lin, de coton et de fibres synthétiques ainsi sur les articles non confectionnés. L’activité de teinturerie des tissus reprend en 1951 et celle des fils vers 1970.

En-tête de facture de 1955 (Document Historihem) et en tête d’enveloppe (Document collection privée)
Publicités de l’entreprise dans les années 60 (Documents Historihem et collection privée)
Vue aérienne de la teinturerie dans les années 60 (Document Historihem)

L’entreprise puise sa force dans son évolution constante au fil des décennies : dans les années 1950 la teinturerie se spécialise ainsi dans les revêtements de sièges et tissus d’ameublement. Puis 10 ans plus tard elle réalise des investissements lourds avec achat d’autoclaves pour teindre le fil.

Dans les années 1970-80, les investissements continuent et la teinture des rubans, ceintures et fermetures éclair débute. Puis dans les années 1990, l’usine s’ouvre à de nouveaux marchés avec la teinture de vêtements finis ou semi-finis, sans pour autant abandonner les tissus d’ameublement, fils et rubans.

Vues de l’usine en 1992 (Document Historihem) et publicité (Document collection privée)

A cette époque, l’entreprise est gérée par Jean-Pierre Lenfant et Géry Fontaine, les arrières petits fils des fondateurs. Ils emploient 14 personnes alors qu’avant 1940, les salariés étaient une cinquantaine. L’eau, pompée à 18 mètres dans le forage de la brasserie en 1910, est pompée, dès lors, à 160 mètres de profondeur.

Vues de l’usine de l’extérieur (Documents Google Maps et Historihem)
Vues des ateliers (Documents Historihem)

Dans les années 2000, la teinturerie Lenfant est titulaire du label Nord Terre Textile et a réalisé un important programme d’investissement dans une rame en grande largeur (3m20) qui lui permet de diversifier ses services aux clients et de renforcer encore la qualité. Le dirigeant de l’entreprise est désormais Jérôme Lenfant et François Fontaine est administrateur.

Logo et publicité de l’entreprise des années 2000 (Document site internet)

Remerciements à l’association Historihem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Hem 1000 ans d’histoire ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

La brasserie Leclercq à Hem (Suite)

 

Publicités Leclercq Frères au 14 rue de Croix (Documents Historihem)

Après la guerre l’activité reprend sous le nom de Leclercq Frères, répertoriée dans le Ravet-Anceau de 1923 aux rubriques brasseur et cultivateur. Comme souvent à cette époque la brasserie est propriétaire d’estaminets tels que celui exploité par Jean Corteville sur la Place Verte (actuelle place de la République) qui distribue leurs bières. Sur la photo ci-dessous datant de 1932, la fanfare « La Gauloise », pose au complet devant l’estaminet.

Maison Jean Corteville (Document Mémoire en images de Hem)

Pendant la seconde guerre mondiale, la brasserie Leclercq est retenue comme abri pour le secteur de l’Hempempont, la rue de Lille et le Trié, avec la pelleterie et l’usine Electra, dans le cadre des instructions préfectorales de la défense passive dont le commandement est assuré par le maire de Hem. En 1945 et 1948, le Ravet-Anceau reprend l’entreprise Leclercq Frères à la rubrique brasserie.

Publicités bières Leclercq années 50 au 40 rue de Croix (Documents Historihem)

Dans l’annuaire de 1953, en revanche l’entreprise apparaît à la rubrique brasserie au nom de M. Leclercq. Puis dès 1955, l’entreprise « Brasserie Leclercq » est reprise à la rubrique du commerce de gros de vins et spiritueux. La fabrication s’arrête donc dans les années 50. C’est dans les années 60 que l’on retrouve ses dernières publicités Elle commercialise alors une bière Bock du Faisan de qualité supérieure. Les bâtiments sont vendus et démolis en 1976.

Bière Bock du Faisan (Documents Historihem)
Vues aériennes en 1947 et 1962 (Documents IGN)
Dernières publicités années 1960 (Documents Historihem et Nord-Eclair)

En 1982, on retrouve Jean Pollet inscrit en qualité d’exploitant agricole au 40 rue de Croix. Puis en 1998, La Gourmandine / Le Clos de la Source, installé à Mouvaux depuis 1991, ouvre un nouvel établissement dans le domaine, chargé d’histoire, du 40 rue de Croix à Hem. Il s’agit d’un service de traiteur qui met 4 espaces à disposition de sa clientèle dans l’ancienne et magnifique ferme-brasserie :

– La Nova (180 m²): Poutres apparentes, mezzanine et terrasse ouverte sur le jardin pour une salle très accueillante,
– La Grange (300 m²): Un toit de chaume magnifique, des murs de briques, de belles poutres en chêne, une mezzanine
– La Voûte (100 m²): Aménagée dans les anciennes écuries, la salle dispose d’un plafond de deux hauteurs en forme de voûte recouverte d briques.
– La Champêtre (60 m²): moderne et intime, idéale pour des repas de petits groupes réussis.

Le clos de la Source vu de la rue et de la cour intérieure (Documents Google Maps et site internet)
Vues d’une salle décorée (Documents site internet)

Exception faite de la malterie disparue depuis 1976 après plus de 50 ans de fonctionnement, le quartier est donc resté identique à ce qu’il était au début du 20ème siècle si l’on fait abstraction de la proximité de la voie rapide qui ne parvient cependant pas à altérer le charme et la tranquillité des lieux.

Vue aérienne de 1982 (Document IGN) et de 2020 (Document Google Maps)

Remerciements à Historihem, la Ville de Hem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Hem 1000 ans d’histoire, et Bernard Thiebaut pour son ouvrage Hem Mémoire en images.

Leers, constructions de 1951

Après bien des démarches, à Paris, auprès du ministère de la reconstruction et de l’urbanisme, à Lille, à l’office départemental des HBM, Leers va pouvoir faire construire sur son territoire une quarantaine de logements. Selon le maire de l’époque, M. Kerkhove, les crédits ont été votés et il n’y a plus de raison pour que la mise en chantier n’ait pas lieu. L’adjudication des travaux aura lieu le 28 février 1951 à Lille et l’ensemble des travaux est évalué à 70 millions de francs. Il aura fallu plus de deux ans et demi pour que les démarches commencées le 28 juillet 1948 aboutissent. L’emplacement choisi se situe rue de Wattrelos entre les hameaux de la Motelette et du Trieu de Leers, face à la briqueterie Salembier. Il s’agit d’un terrain de deux hectares, considéré comme un terrain idéal pour la santé des enfants.

Les travaux débutent en octobre doc NE

De quels logements s’agit-il ? Un premier type de maison présente 6,78 mètres de front à rue, avec porte d’entrée sur la gauche, vestibule de 4 m de profondeur sur 2,30 m de largeur comportant les WC et l’escalier. À droite, une large baie vitrée donne sur une salle de séjour (ou salle à manger) de 4,20 m sur 3,30 m. Au fond une cuisine de 4,40 m sur 3,80 avec évier, penderie et salle d’eau (douche et buanderie) de 2,56 m sur 2,47. La cuisine comporte une entrée extérieure entourée de deux larges baies. À l’étage trois chambres. Une cave a été prévue ainsi qu’une remise.

Le second type de logement ne diffère pas du premier pour ce qui ,est de la surface. Cependant l’entrée est à droite et la cuisine vient prendre la place de la salle de séjour, celle-ci étant située à l’arrière. Il s’agit de maisons rappelant essentiellement le type choisi par le CIL, bien que ne relevant pas de cet organisme, mais bien de l’office départemental des HBM.

La construction démarre en octobre et entre deux on parle désormais de HLM. En effet, le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme considère le logement comme une compétence de l’État-providence, et une loi de 1950 transforme les habitations à bon marché (HBM) en habitations à loyer modéré (HLM), qui deviendront peu après l’outil principal de l’État pour lutter contre la crise du logement de l’après-guerre.

Vue du Square Bauwens Google Maps

Une entreprise roubaisienne est venue installer sur le terrain requis le matériel nécessaire aux travaux préliminaires. On a ensuite procédé au creusement des premières fondations et il y a quinze jours le maire alla sans cérémonie poser la première pierre. Les maçons ont pris possession des lieux et déjà huit habitations sont en cours de construction. Pour deux d’entre elles le rez-de-chaussée a été atteint. Les terrassiers ont préparé les assises de vingt logements, ce sera la première tranche des HLM. Le temps est clément et propice aux travaux de construction. On peut compter au printemps sur l’édification des vingt premiers logements. La seconde tranche des travaux démarrera ensuite. Les services de la mairie n’ont pour l’instant aucune précision sur la répartition future des logements.

Le chantier en juin 1952 photo NE

En juin 1952, après un hiver relativement peu rigoureux, vingt premières habitations sont élevées en deux groupes de six, un groupe de quatre et deux groupes de deux. L’ensemble n’est pas symétrique, on a surtout tenu compte du soleil et de la lumière, avec des façades exposées au sud. Marcel Spender architecte DPLG, est l’auteur des plans de ce lotissement.  La seconde tranche des travaux est commencée, cinq groupes de quatre maisons, et se terminera au printemps prochain.

Vue du Square Bauwens Google Maps

La cité jardin ainsi construite sera dénommée Square du Capitaine Bauwens par décision municipale du 22 novembre 1952, en hommage envers un enfant de Leers héros des deux guerres.

Sources Nord Éclair

La création de l’office du tourisme

En juillet 1991, intervient l’ouverture de l’office du tourisme de Wattrelos. L’office de tourisme ou office du tourisme est un centre d’information dont la mission est « l’accueil, l’information et la promotion du tourisme » sur le territoire concerné à destination du public ou des visiteurs, allant des simples habitants locaux aux excursionnistes en passant par les touristes.

La création officielle des offices de tourisme date de la promulgation de la loi du 10 juillet 1964. Le gouvernement, ayant pris conscience des enjeux économiques liés au tourisme, décide d’autoriser les conseils municipaux des stations classées de tourisme, à créer des offices si elles le désirent. L’accueil et la promotion touristique commencent à être perçus comme un service public. La création de ces structures doit être entérinée par le préfet. Il s’agit alors d’établissements publics à caractère industriel et commercial ayant vocation de promouvoir le tourisme dans la station […], assur[er] la coordination des divers organismes et entreprises intéressés au développement de celle-ci. »

L’office du tourisme en 1991 doc Journal Mun Wos

C’est donc pour se faire mieux connaître que Wattrelos se dote d’un office du tourisme. En 1991, la ville présente de nombreux arguments : le sens de la fête et de la convivialité qui s’expriment lors du carnaval, des Berlouffes, de la fête des écoles ou des ducasses de quartier. Un parc urbain de 35 hectares, deuxième espace vert de l’agglomération lilloise. Une ferme pédagogique, un étang de pêche et le musée des arts et des traditions populaires. Une vie culturelle et associative particulièrement riche avec des manifestations régulières : saison musicale, grand cabaret wattrelosien, festival international du cinéma et de la vidéo. Wattrelos envisage la mise en place du tourisme industriel dont le but est d’être la vitrine des activités de la ville en montrant le savoir faire des entreprises locales. Ainsi la GBM et la Redoute participent. C’est aussi un outil au service des wattrelosiennes et wattrelosiens qui disposeront d’un centre d’information pour leurs vacances et leurs distractions.

Ses prestations et activités diverses se sont largement étoffées depuis 1991.

Adresse: Office de Tourisme de Wattrelos

189 rue Carnot – 59150 WATTRELOS

+33(0)3 20 75 85 86

Bureaux sont ouverts du mardi au samedi de 10h à 12h et de 14h à 18h (fermeture à 17h du 15 juillet au 31 août), de 10h à 12h le dimanche. Fermé les lundis et les jours fériés.

E mail : contact@wattrelos-tourisme.com

le site https://www.wattrelos-tourisme.com

Sources : Wikipédia, Le Journal Municipal de Wattrelos