La triperie André

André Vaurs est boucher-tripier. Il est installé aux Halles Centrales de Roubaix. A la fin des années 1940, il y occupe l’emplacement N° 86.87. Les affaires commencent à retrouver un rythme normal, en cette période d’après guerre.

Publicité Décembre 1952 ( document collection privée )

En 1955, les affaires d’André Vaurs sont florissantes. En plus de ses deux emplacements 86.87, il développe son affaire en reprenant les parcelles voisines : les N° 84 85 15 19 et 20.

En 1956, les Halles Centrales sont démolies pour cause de vétusté. Tous les commerçants sont priés de quitter les lieux. André Vaurs a l’opportunité de reprendre un local situé au 13 rue Pierre Motte ( juste en face des anciennes Halles ). C’est le commerce de la boucherie-chevaline de M. Hellin Sellier.

( document collection privée )

La surface de 83m2 au sol est très petite et la porte cochère voisine ne lui appartient pas, car il s’agit de l’accès à la réserve du Monoprix voisin ; mais il bénéficie de tout le dynamisme de cette rue très commerçante.

Publicité 1957 ( document Nord Eclair )

André est boucher et spécialisé dans le commerce des abats ; il souhaite donc apposer son enseigne : « Triperie André » sur sa façade. Il développe alors, une gamme de produits très complète : rognons de porc, tripes, foies de génisse, cervelle d’agneau, ris de veau, langue de bœuf, tête de veau, joue de bœuf, parfaitement présentés dans la vitrine réfrigérée.

La nouvelle façade 1962 ( document archives municipales )

Au début des années 1960, les affaires fonctionnent correctement, André Vaurs décide donc d’investir en transformant sa façade en 1962. Après avoir eu l’accord de son propriétaire Jacques Heim installé au 7 rue Pierre Motte, il confie le dossier à Guy Delhaye décorateur à Bully-les-Mines pour mener à bien le projet. André profite de l’occasion de sa réouverture pour communiquer sur les promotions, dans la presse locale.

Publicité 1963 ( document Nord Eclair )

A la fin des années 1960, son fils Jean-Pierre, après ses études de boucher, vient l’aider à la tenue du commerce. En 1975, André prend sa retraite à 65 ans. Il cède son magasin à son voisin Michel Bruffaerts exploitant le Comptoir de la Viande au 45 de la même rue.

Publicité 1976 ( document Nord Eclair )

Michel Bruffaerts ne garde pas longtemps ce point de vente, puisqu’il le céde ensuite à la boucherie chevaline Hippo Nord en 1977.

Publicité 1977 ( document Nord Eclair )

La sévère concurrence des grandes surfaces amène la boucherie chevaline à fermer ses portes à la fin des années 1970. A partir de cette année-là, le commerce ne sera plus jamais, à vocation alimentaire.

Dans les années 1980, s’implantent les sociétés Rainbow Color (Photo) AAAB (Sécurité) et VAK ( sécurité ). En 1989, Fabien Hamès, jeune diplômé en optique, reprend le pas-de-porte du 13 rue Pierre Motte, y fait effectuer les travaux d’aménagement, et ouvre son premier commerce d’optique à l’enseigne Krys.

documents archives municipales et Nord Eclair

Les affaires de Fabien Hamès, aidé par son épouse Nathalie, fonctionnent de façon très satisfaisante. En 1999, le manque cruel de place les incite à changer d’emplacement pour le N° 9 de la même rue ( voir un précédent article sur notre site, intitulé : 9 rue Pierre Motte ).

Vont alors se succéder diverses entreprises au n° 13 : entre autres : en 2008 l’assureur Warhol du groupe GAN, puis en 2010 Humanis.

documents Google Maps

De nos jours le 13 rue Pierre Motte est occupé par un commerce de cigarettes électroniques : Neo Vapo.

Photo BT

Remerciements aux archives municipales

Mai 1903

Le journal des sports de mai 1903

Football. Finale du Challenge international du Nord, entre le Racing Club Roubaisien et le Racing Club de Bruxelles. Bruxelles l’emporte par 4-0.

Football. Un match RCR UST au profit des pêcheurs bretons. Remerciements du Préfet du Morbihan pour l’envoi de la somme collectée à l’adresse du Président de l’Union Sportive Tourquennoise.

Football. Sociétés indépendantes. Citées dans la liste les équipes suivantes : Club Sportif Roubaisien, Sporting Club Roubaisien (terrain au Pont Rouge) Olympique Roubaisien, Etoile Sportive Roubaisienne, Étendard Roubaisien.

Escrime. Une section en formation au Stade Roubaisien.

Courses à pied. Une course pédestre au vélodrome roubaisien, organisée par le comité régional de la FSAF aura lieu le jour de l’Ascension.

Course pédestre au vélodrome doc BNRx

Jeu de bourle. Chez M. Cyrille Trenteseaux 105 rue du Moulin entre les Boers du Moulin et les Forts du Canon d’or. Pour un souper de vingt couverts. Chez Jules Demazure, cabaretier du Pile Au Bon Bouleur, dit les Quatorze fesses, grand jeu de boule à la platine.

Boxe. Le contre de sixte la société d’escrime bien connue a décidé de créer une section de boxe française. On peut encore s’inscrire auprès du secrétaire du club, 47 rue du Moulin.

Cyclisme. Le Véloce Club Algérien dont le siège se trouve au 63 rue Delespaul organise des sorties sur Pecq, Armentières. On annonce une grande fête pour juillet.

Escrime. L’assaut de la salle Dubar s’est déroulé rue Neuve à Roubaix. Citons parmi les excellents amateurs MM Firmin Lestienne, Jules Ternynck, Jean Dubrulle, Pierre Dehesdin, René et André Masurel, Emile Pollet, Dubar fils.

Football. Pour clôturer la saison de football, le RCR rencontrera le Cercle Sportif Brugeois pour la finale du tournoi international de Courtrai. Le RCR présentera pour l’occasion une équipe mixte. Les Brugeois l’emportent par 3-2.

Lutte. Un grand championnat de lutte est organisé pour le 7 juin prochain chez M. Henri Briffaut, estaminet de la Cloche, Grand Place à Wattrelos.

Cyclisme. Bordeaux Paris, Aucouturier vainqueur. Trousselier second.

Aucouturier vainqueur du Bordeaux Paris doc https://www.velo-club.net

Course à pied. Le record pédestre Roubaix-Lille détenu précédemment par Richard Donat a été battu par Jules Dubar du Club des Sports de Roubaix. Il améliore de 25 secondes le temps pour ce difficile parcours.

Cyclisme. Le véloce-Club de Roubaix Wattrelos est une nouvelle société, établie chez M. César Garin 116 rue Carnot à Wattrelos. Une première sortie est prévue le dimanche suivant sur le parcours Roubaix Lens et retour.

L’aviron à Roubaix in Le Canal de Roubaix éditions Sutton

Aviron. Au Cercle Nautique l’Aviron de Roubaix, on apprend que les fameuses équipes seniors Amicitia (Delchambre-Hazebroucq) et Crocodile (Delchambre, Cau, Bouckaert Hazebroucq) ne participeront plus aux compétitions. Ces deux équipes ont tenu la tête pendant plusieurs années dans la région du Nord. Emile Delchambre se retire avec 53 premiers prix dont six championnats du nord et un de France. Cette quadruple retraite va priver la fédération du nord de ses meilleurs éléments seniors. Place aux jeunes !

Le second vélodrome de Wattrelos

S’il est un sport qui se développe après la première guerre, c’est bien le cyclisme. Malgré la disparition du vélodrome des quatre villes du Laboureur, dont la mémoire subsiste avec les jardins ouvriers du vélodrome, ce sport a repris du poil de la bête. En effet, pas une ducasse sans sa course cycliste. Ainsi le circuit du Saint Liévin, ou encore les courses au Laboureur, au Plouys, au Sapin-Vert et au Touquet. Sans oublier la traditionnelle course cycliste du 14 juillet.

Publicité cycles Baert doc JdeRx

Les marchands de cycles sont nombreux et organisent même des grands prix, tels les cycles Baert. Il y a encore la course Wattrelos Seclin et retour, organisée par l’Union Sportive Wattrelosienne avec l’aide des commerçants. Les coureurs cyclistes wattrelosiens brillent : ainsi les deux frères Adolphe et Armand Vanbruaene remportent le troisième critérium du Réveil du Nord du 24 mai 1926. De nouvelles sociétés de cyclistes se forment, ainsi « La Roue d’Or » affiliée à l’union vélocipédique de France, dont le siège est chez M. Lebrun 37 rue Jean Jaurès à Wattrelos.

Le vélodrome de Wattrelos, rue du Beck doc JdeRx

Aussi ce n’est pas une surprise que de voir Wattrelos inaugurer son deuxième vélodrome, le 15 mai 1927, autour du terrain municipal des sports, rue du Beck.

Courses sur le vélodrome doc JdeRx

L’inauguration est faite devant un public de 2000 spectateurs auxquels on propose une réunion sportive très intéressante : grand match de vitesse en trois manches, course individuelle de 20 kilomètres, américaine de 50 kms (150 tours), course de primes (40 tours). À signaler les belles prestations fournies par les jeunes Seynave de Menin et Lebrun de Wattrelos. Le comité de la « Roue d’Or » s’est chargé de l’organisation des différentes épreuves cyclistes s’étant déroulée sur le coquet vélodrome.

Les officiels doc JdeRx

M. Briffaut député maire de Wattrelos était entouré de MM. Delvinquière et Pesin adjoints, Windels, Lecomte et Carpentier, conseillers municipaux.

à suivre

Blanchisserie du Nord (Suite)

La Blanchisserie Teinturerie du Nord est répertoriée dans l’annuaire téléphonique jusqu’à la moitié des années 1970. Elle exerce son activité sur laines peignées et filées ainsi que sur des fibres artificielles et synthétiques. La vue aérienne de l’entreprise en 1971 est donc l’une des dernières à la représenter en activité.

Publicités de la Blanchisserie des années 1970 (Documents Historihem et collection privée)
Vue aérienne de 1971 (Document IGN)

En 1976, soit après presque 50 ans d’existence, l’entreprise, victime de la crise économique, ferme ses portes. Grâce à la volonté d’une quinzaine d’artisans et de l’ancien propriétaire, d’une agence et de la municipalité, le site voit s’implanter une zone artisanale qui est la première à Hem.

L’ensemble est accompagné d’une supérette au n°346, au coin de la rue Jules Guesde et de la rue des Vosges, qui a pour objectif de desservir le quartier de la Vallée qui commence dans cette rue (perpendiculaire à la rue Jules Guesde), et s’étire jusqu’à la rue de la Vallée.

Dès 1979, un Intermarché est construit au 346, sur une surface de vente de 950 mètres carrés, comprenant alimentation, produits frais, bazar mais aussi un rayon photo. Un parking de 60 places complète l’offre du magasin par ailleurs d’une hauteur modeste et entouré d’un îlot de verdure pour ne pas gâcher l’environnement. Cette implantation doit entraîner la création de 20 emplois.

Fermeture définitive de la Blanchisserie (Document BD Au temps d’Hem)
Vue aérienne du site en 1981 avec l’ Intermarché et son parking (Document IGN)
Doc 15.5 Photo de la construction en 1979 (Document Nord-Eclair) et publicités Intermarché (Document collection privée)

C’est ainsi que dans les vingt cinq années qui suivent la fermeture de l’entreprise, les habitants voient s’installer sur ce site des représentants de professions très diverses :

  • des entreprises de bâtiment telles que Guelton (chauffage central), Dourdin (électricité générale), Alutherm (menuiserie alu et plastique), Isotherm (isolation technique et phonique), Morival (maçonnerie)

  • des entreprises telles que Best (agencement de bureaux), Buisine (agencement de magasins), Discem (cuisiniste)

  • puis Labbé (électroménager), IBB (imprimerie), Jeanine (studio photo) ou même Laile et Lacuisse (volailler), Hem Modelisme…

Publicités de l’année 1982 pour la Zone Artisanale de la Blanchisserie du Nord (Document Office Municipal d’Information de Hem)
Diverses publicités et autocollant du 362 (Documents collection privée)
Vue des bâtiments en front à rue en 2008 à côté de la grille d’entrée dans le site et du château d’eau encore existant (Documents Google Maps)

Ce n’est que dans la fin des années 2000 qu’intervient la destruction complète de l’usine, hormis les bâtiments en front à rue, après le rachat du site par la ville. Une future zone commerciale et artisanale, actée par le nouveau POS (Plan d’Occupation des Sols) doit voir le jour sur cet emplacement tout à côté du magasin Lidl qui a remplacé l’ancien Intermarché.

Vues de l’usine en démolition en 2007 et 2008 (Documents Historihem)

Puis en 2009 intervient la démolition du château d’eau, dernier emblème de la Blanchisserie du Nord, devant le voisinage ébahi : « 3 secondes de Waouah ! après 2 mois de préparation » témoigne le Directeur des Services Techniques de la ville de Hem. Des gravats de l’ancienne usine ont été laissés pour amortir la chute et une pelle de 40 tonnes vient achever la tour.

Démolition du château d’eau en 2009 (Document Nord-Eclair)

Après le temps des démolitions, vient le temps des constructions : la rénovation du magasin Lidl, l’aménagement d’une zone artisanale et enfin, 10 ans après la destruction du château d’eau, la sortie de terre d’un nouveau centre commercial de six cellules commerciales pour une surface de 740 mètres carrés.

Ce nouveau centre, situé entre le nouveau Lidl et les reste des bâtiments en front à rue de la blanchisserie, qui accueille des professions médicales, paramédicales et des associations, doit comprendre une pharmacie, une agence bancaire, un magasin de cycles, une opticienne et un café-poussette (concept de petite restauration adapté aux enfants en bas âge).

Le nouveau Lidl, les anciens bâtiments en front à rue, la zone commerciale en chantier en 2019 et la zone artisanale avec une publicité d’établissement (Documents Google Maps,Voix du Nord, collection privée)

Près d’un siècle plus tard il ne reste donc plus de la Blanchisserie du Nord qu’un bâtiment en front à rue et la vue aérienne de la zone en 1998, soit 20 ans après sa fermeture définitive, en comparaison avec celle qui peut être observée de nos jours n’a plus rien à voir. Il n’en reste pas moins que ce lieu est resté une zone artisanale et commerciale et donc une zone d’emplois pour la ville.

Vision comparative des vues aériennes de la zone en 1998 et 2022 (Documents Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem et à la ville de Hem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Café Vandamme

Le café Vandamme à Leers est une véritable institution. L’activité débute en 1933 par Jules Vandamme et Jeanne Messian, dont leurs familles possèdent déjà un café : Caroline Vandamme, la sœur de Jules tient à Linselles, le café « Au Coq Chantant », car à l’étage de l’établissement, se trouve un parc destiné aux combats de coqs encore fréquents à l’époque. La réputation de ce café, 50 ans après le décès de Caroline est telle que l’arrêt de bus porte aujourd’hui, le nom de Vandamme. Cet arrêt est situé à l’angle de la rue de Castelnau et de la rue de Lille à Linselles.

le café « Au Coq Chantant » ( document Ch Duhamel )
Caroline Vandamme jouant à la belote avec ses fidèles clients. ( document Ch Duhamel )
Photo de l’endroit de nos jours ( document Ch Duhamel )

Jules Messian et son épouse Clémence Vandenbergh, les parents de Jeanne, gèrent l’estaminet de la Poste à Leers, 14 place Sadi Carnot. • Au décès de Jules en 1910, à l’âge de 41 ans, son épouse continue seule l’activité.

l’estaminet de la poste 14 place Sadi Carnot en 1925 : A partir de la gauche Georges (2e ),Clémence (3e ) et Jeanne (5e ) ( document Ch Duhamel )

La famille n’est pas épargnée par les malheurs, leur fils Albert est assassiné par les Allemands à Longwy en 1917, quant à leur fille Marguerite, elle décède en 1920 à l’âge de 15 ans, conséquence d’une peur atroce causée par la charge d’un taureau présent dans la pâture de la ferme de Bretagne.

En 1933, leur dernier fils Georges succède à sa maman et poursuit l’activité sous le nom du café de la poste Messian-Lannoo jusqu’en 1973.

L’immeuble de nos jours est un cabinet médical ( Photo BT )

En 1928, Jeanne Messian se marie avec Jules Vandamme. Ce dernier est électricien sur les lignes de haute tension. Quant à Jeanne, elle quitte le domicile familial et reprend le café de la Coopérative au 10 rue des Patriotes, aujourd’hui le café «  Liberty », jusqu’en 1933.

le 10 rue des Patriotes en 1933, Jules Vandamme tient par la main sa fille Marguerite (document Ch Duhamel )

Jeanne et Jules souhaitent ouvrir un commerce plus grand. L’opportunité se présente en 1933, en effet l’ancien relais de diligences de M. Delcroix, situé juste en face, est en vente, à côté du bâtiment Pluquet qui empiète sur la rue.

Avant la guerre, le futur café Vandamme, inséré entre le presbytère et l’auberge Pluquet, dont l’un des descendants fut un résistant fusillé par les Allemands ( document Ch Duhamel )

A l’étage, au-dessus de l’ancienne entrée des diligences, se trouve un parc pour les amateurs de combats de coq. Avant-guerre, des tournois mémorables avaient lieu, avec bien entendu, les coqueleux Linsellois.

Jeanne Vandamme au comptoir en 1938, les portes de gauche permettent d’accéder chez le coiffeur. ( document Ch Duhamel )

Bien avant 5 heures du matin, le café est ouvert pour les ouvriers du Transvaal et de Motte-Bossut, et ferme bien tard le soir. Durant la guerre, Jules prend le maquis, Jeanne tient son commerce, une pièce est dédiée au coiffeur Pierre Willequet. Lors de la destruction de l’auberge Pluquet en 1953, un bâtiment sera construit pour le coiffeur. C’est aujourd’hui un cabinet médical.

Jules et Jeanne ( document Ch Duhamel )

Après-guerre, le café devient un lieu incontournable de la commune, Jules est considéré comme  » bon vivant » tandis que Jeanne est affable avec sa clientèle.

Dans les années 1950, les prix des consommations sont stables, ce qui permet de faire imprimer le tarif et de l’afficher pendant des années dans le café.

Tarif des consommations ( document Ch Duhamel )

Le café est agrandi, le coiffeur ayant quitté les lieux, La façade et l’intérieur sont métamorphosés. A l’arrière, l’ancienne remise des diligences est transformée en une grande salle de réception pour banquets, mariages, et réunion d’associations.

Jules, Flore Delespaul, et Jeanne devant la friture, pour la vente à emporter en 1953 ( document Ch Duhamel )
la salle de réception ( document Ch Duhamel )

Jeanne et Jules sont sensibles à l’évolution des goûts des jeunes de la ville. Ils remplacent le billard par l’un des premiers baby-foot « Stella » et un Juke-Box. Devant l’évolution du café, l’aide apportée par les cousins Bernard, Jean-Pierre et Jean-Marc Desmet est la bienvenue.

Jules et Jeanne devant le Juke Box en 1957 ( document Ch Duhamel )
Jeanne Vandamme et à sa gauche une personnalité de la ville, Edgar Deffrene ( Combattants Républicains ) en 1958 à l’arrière du café. ( document Ch Duhamel )

à suivre . . .

Remerciements à Christian Duhamel, le petit fils de Jules et Jeanne Vandamme

Un match de football féminin en 1924

Ce match s’est déroulé dans le cadre du stade Jean Dubrulle, un dimanche de mai 1924. Le journal de Roubaix annonce une rencontre internationale entre le Brussels Femina Club et le Nova Femina de Paris.

Les Bruxelloises présentent une équipe de valeur (pas plus de précision de la part du journal) et les Parisiennes alignent une équipe qui compte parmi les meilleures du pays. Elles ont terminé troisième de leur championnat.

Le Brussels Femina Club doc JdeRx

Le journaliste fait la fine bouche : il ne peut être question de donner ici un compte-rendu technique de cette partie qui ne rappela que de très loin le ballon rond. Mais si quelques rares joueuses parurent posséder de bonnes notions de football, le public put apprécier la souplesse et l’agilité de toutes les équipières.

Avant de pénétrer sur le terrain, les deux « onze » déposent des fleurs au pied du monument aux morts du Racing-Club. Les règles du football féminin ne sont pas les mêmes que celui pratiqué par les hommes. Les dimensions du terrain sont réduites, les mi-temps sont de 30 minutes, les charges ne sont pas admises et les joueuses peuvent se protéger le buste avec les mains.

Le Nova Femina de Paris doc JdeRx

Les parisiennes en chemisette rouge envahissent le camp des belges dès le début du match. Un premier but après cinq minutes de jeu puis un second malgré un plongeon de Melle Van Truyen, qui fut la meilleure des joueuses de Bruxelles. Avant le repos, un troisième but est inscrit par les françaises. La seconde mi-temps est à l’image de la première. Un pénalty est manqué, qui arrive tout doucement dans les mains de la gardienne belge. Les corners se succèdent pour la Nova Femina qui joue constamment dans les 18 mètres de Bruxelles. L’ailier droit qui a déjà marqué trois buts en ajoute un quatrième au score, avant que l’avant centre, Melle Comtesse, ne marque à son tour, trois autres buts. Au coup de sifflet final, la gardienne parisienne, Melle Lefebvre, n’a touché qu’une fois le ballon, à la suite d’une sortie de but.

La conclusion du journaliste est définitivement machiste : il est douteux, dit-il, que cette partie ait pu convertir les adversaires du football féminin, qui persistent à croire que ce jeu trop violent pour les femmes doit rester réservé à leurs frères. Cent ans plus tard, il n’est heureusement plus question de ça.

Lycée Professionnel Louis Loucheur ( suite )

Suite d’un article précédemment édité sur le Centre d’apprentissage.

Le Collège d’Enseignement Technique accueille plus de 400 élèves. Au milieu des années 1970, l’agrandissement des salles de formation devient indispensable. Un deuxième étage est ainsi construit pour créer quelques salles de cours supplémentaires.

Le Collège devient L.E.P Lycée d’enseignement professionnel, puis quelques temps après, Lycée Professionnel Louis Loucheur et dépend ainsi de la région Nord-Pas de Calais.

Le collège, avec son deuxième étage ( document archives municipales )

Au milieu des années 1980, le Lycée Louis Loucheur collabore à des entreprises théâtrales. Les élèves réalisent des décors de théâtre, des objets, des meubles et même des façades de maison pour des compagnies et en particulier pour l’Aventure à Hem ( Voir sur notre site un article précédemment édité et intitulé : Théâtre de l’Aventure). Ce « chantier-école » permet aux lycéens de mettre en pratique leur savoir faire à l’extérieur de l’établissement.

document Nord Eclair

En 1992, Le Conseil régional, demande un permis pour construire une plate-forme dans les locaux techniques, côté Edouard Vaillant. Cet agrandissement permettra de développer les métiers technologiques et scientifiques basés sur les énergies électriques et énergétiques.

Plan du Lycée

Le Lycée Louis Loucheur se développe encore. La région Nord Pas de Calais dépose en 2003, un permis de construire sur un terrain leur appartenant au 143 bis rue Jean Moulin, pour la construction d’un bloc supplémentaire de 3 salles de classes et de sanitaires.

Plan Cadastral

Après le proviseur Patrick Derancy, c’est Liliane Norrés qui arrive à la direction du lycée Loucheur au début des années 2010. Pleine d’enthousiasme et de pugnacité, elle décide qu’une rénovation de son établissement est nécessaire. Le Conseil Régional accepte de financer du nouveau matériel. La direction et les professeurs incitent les élèves à s’unir autour d’un projet fédérateur : la réfection des locaux. De quoi donner aux lycéens l’envie de s’approprier les lieux. L’heure du renouveau a sonné.

document Nord Eclair

Suite à cette rénovation, le Lycée Louis Loucheur reçoit, dans sa catégorie, le prix de l’éducation citoyenne en 2014. Une façon pour les jeunes lycéens de mettre la main à la pâte de manière très utile, et qui est ainsi récompensée.

document Nord Eclair

Autre récompense : en 2015, Guillaume Delbar, maire de Roubaix, en visite au lycée Louis Loucheur, remet le titre de meilleur apprenti de France à Jefferson Catteau dans la catégorie ; carreleur-mosaïste. Apprenti en « bac pro carrelage » au lycée, Jefferson a passé plus de 100 heures de travail, en dehors des cours, pour réaliser son œuvre. Ce qui en dit long sur sa motivation !

document Nord Eclair
document Lycée L Loucheur

En 2021, les élèves du Lycée décorent les plots en béton qui se trouvent sur le trottoir face à leur établissement, à la vue des nombreux piétons et automobilistes sur le boulevard de Lyon, pour démontrer les intérêts de la formation professionnelle.

document Lycée L Loucheur

L’année suivante en 2022, des lycéens en Bac professionnel « Gros Oeuvre » réalisent, grâce à l’imprimante 3D du lycée, un énorme logo en béton pour le festival de musique URBX de la Grand Place. Un QR code est installé au pied de la structure afin que les passants puissent connaître l’origine de l’ouvrage.

document Nord Eclair

De nos jours, après une période un peu difficile, le nombre de lycéens ayant quelque peu chuté, l’effectif repart à la hausse sous l’impulsion de Jean-François Caron, proviseur, en poste depuis quelques années. L’effectif du lycée est de 58 personnes pour encadrer les élèves : l’équipe enseignante (32) une équipe d’agents (11), et une équipe technique et administratif (15).

Photo des ateliers de nos jours ( photos BT )

En relation étroite avec le tissu économique et industriel local, l’établissement forme aux métiers du bâtiment. Les formations préparent du CAP ( Certificat d’Aptitude Professionnel ) au Bac Pro ( Baccalauréat Professionnel ) dans 4 domaines : Génie Thermique et Sanitaire, Maçonnerie Gros Œuvre, Peinture Revêtement, et Carrelage. Les formations sont proposées sous statut scolaire et pour certaines d’entre elles sur le niveau terminal par apprentissage. Le lycée accueille également en son sein une classe de 3e Prépa-métiers.

document Lycée L Loucheur

Remerciements à Jean-François Caron, ainsi qu’aux archives municipales.

Teinturerie Gabert (Suite)

Après l’appel à la résistance du Général de Gaulle, une poignée de hémois et hémoises s’engage dans la résistance. Parmi eux se trouve un dénommé René Thomas, syndicaliste convaincu et ouvrier chez Gabert. Domicilié impasse Vandemeulebrouck (dans la rue Jules Guesde), il participe à la structuration d’un réseau et devient l’âme de la résistance avec le Dr Trinquet.

Les tâches du réseau sont multiples : compter les camions de ravitaillement, les camions d’essence, les avions, voir quel bâtiment vient d’être abandonné par étirement des troupes allemandes, reconnaître les barrages antichars, comme celui situé entre l’usine Duprez et le passage à niveau de la Briqueterie et fait de rails sortant de terre de 60 cm à 1,20 m.

René se dépense sans compter, à ses frais, pour les réfractaires d’Hem. Il se montre d’un dévouement et d’un courage sans faille en participant à des actes de résistance pure, tels que le sabotage de la voie ferrée Lille-Bruxelles, sur les territoires voisins de Hem et en diffusant des tracts par voie d’air.

Il est malheureusement arrêté sur dénonciation et subit de longues séances de torture par la Gestapo à La Madeleine. Pendant 90 jours il est au secret, enchaîné, blessé, laissé sans soins mais ne parle pas. Sa femme donne le jour à leur fille pendant son emprisonnement. Puis il est déporté en Allemagne en forteresse d’abord puis en camp de concentration. Il n’en reviendra pas…

Les ouvriers de chez Gabert avant1939 : à droite, tête nue, René Thomas (Document Historihem)

Après-guerre l’usine reprend son activité et de nombreuses femmes y sont employées en tant que préparatrices en écheveaux, ces assemblages de fils repliés et réunis par un fil de liage. Sur la photo ci-dessous au 1er plan c’est Mlle Decottignies qui restera la dernière ouvrière de l’usine à sa fermeture 40 ans plus tard.

Les préparatrices en écheveaux avec Mlle Decottignies au 1er plan et la même 40 ans plus tard (Document Hem 1000 ans d’histoire)

L’entreprise poursuit son activité sans problème apparent durant les 30 années qui suivent. Entre 1950 et 1960, elle emploie jusqu’à 300 personnes et connaît son apogée pendant cette décennie.

Le bulletin de paie d’un salarié en 1957 (Document collection privée)

En 1971, il devient nécessaire de recimenter, recercler et rejointoyer la cheminée haute de 40 mètres après plus d’un siècle d’existence. C’est une entreprise de la région parisienne qui se charge de cette œuvre de haute voltige pour laquelle il faut non seulement n’avoir pas le vertige mais également ne pas craindre la température des fumées de 150 à 180 degrés à la sortie de la cheminée.

Photo aérienne de l’entreprise et du château Gabert en 1971 (Document IGN)
La réparation de la cheminée en 1971 (Document Nord-Eclair)

En 1975, la société, alors dirigée par l’arrière petit fils du fondateur Philippe Gabert et son frère Jacques, fête le départ en retraite de 2 cadres qui y ont travaillé pendant 40 ans : Jean Hotot, responsable des ateliers de bobinage, et Jean Vanhamme, responsable de la teinturerie sur bobine. La société emploie alors encore 270 personnes. Philippe Gabert se félicite dans son discours du fait que le plein emploi a pu être assuré pendant toute la durée de l’année précédente.

2 départs en retraite de cadres de l’usine en 1975 (Document Nord-Eclair)

Malheureusement les années 1980 sonnent le glas de l’entreprise qui n’arrive plus à faire face économiquement après avoir dû déposer le bilan en 1977. Ainsi, alors qu’elle se trouve en concordat depuis, elle ne peut faire face à l’échéance concordataire de juin 1982.

C’est alors que le conseil municipal à l’unanimité décide le rachat des terrains et des bâtiments au moyen d’un emprunt. Le but est clair : l’entreprise devient locataire et peut relancer activité et investissements afin de sauvegarder l’emploi, tandis que la municipalité paye capitaux et intérêts de l’emprunt grâce au loyer versé.

L’entreprise Gabert se rapproche en parallèle du groupe Leblan par l’intermédiaire duquel elle devrait trouver des commandes. Pour atteindre le seuil de rentabilité il lui faut en effet assurer une charge de production de 100 tonnes par mois, résultat envisageable uniquement grâce à une modernisation de son outil de production et à la conquête d’une nouvelle clientèle. Pourtant la situation continue à empirer jusqu’à la fermeture.

L’usine en1982 (Document Nord-Eclair)

Deux ans plus tard l’usine n’emploie plus qu’une dizaine de salariés même si elle fait encore travailler à façon le personnel d’autres entreprises. Le tribunal de commerce prononce alors la liquidation des biens de la société qui, dès lors, semble condamnée à fermer définitivement ses portes.

Et en avril 1987, c’est le dernier acte, et la mairie est forcée de constater la vétusté des lieux et de décider la démolition des bâtiments (sauf un atelier et des entrepôts) construits sur 22.000 mètres carrés, y compris la mythique cheminée. Il est alors question que Kiabi y installe ses services centraux mais c’est finalement rue du Calvaire, face à la briqueterie d’Hem que cette installation aura lieu.

L’agonie d’un géant ainsi que titre le journal Nord-Eclair : les ateliers et la cheminée lors de la destruction (Document Historihem)
La cheminée Gabert tombe en 1987 (Document Au temps d’Hem)

Photo aérienne de Meillasoux et Mulaton et du terrain de l’usine Gabert après démolition.

En 1990, le réaménagement du site Gabert est décidé avec l’implantation d’un lotissement abritant des petites et moyennes entreprises accueillies sur des terrains de 1200 à 3500 mètres carrés. Cette zone d’activité est financée par un gros investissement communal, par une subvention du FEDER (Fonds Européen de Développement Régional) pour l’aménagement des friches industrielles et le solde par un emprunt qui devrait être remboursé au moyen des recettes fiscales apportées par les entreprises installées sur le site.

La friche Gabert en gros plan avec le château après la démolition puis 10 ans plus tard (Documents Historihem)
Entrepôts transformés en loft en 2008 (Document Historihem)

30 ans plus tard, soit plus d’un siècle et demi après la naissance de l’entreprise, le site Gabert a laissé place à la zone d’activités prévue et délimitée par une allée ayant reçu le nom de Gabert, au n°6 de laquelle on retrouve l’ancien château Gabert joliment restauré.

Photo aérienne de la zone en 2022 (Document Google Maps)
Le château en cours de restauration puis actuellement au milieu de la nouvelle zone d’activité (Document Historihem et Google Maps)

Remerciements à Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui et à ce dernier pour son ouvrage Hem 1000 ans d’histoire.

Le terrain municipal des sports

Il y a cent ans, la création du terrain municipal des sports de Wattrelos. On joue beaucoup au football en ce début des années vingt. Les clubs pullulent. Ainsi toutes les amicales laïques ont déjà leur équipe de football, telles l’amicale du Centre, du Crétinier, de la Baillerie. De même les patronages comme la Croix de Malte. Il y a également l’Union Sportive de Wattrelos et le Sport Ouvrier Wattrelosien.

Sur quels terrains jouent tous ces clubs ? Ont-ils commencé dans des pâtures mises à disposition par les agriculteurs, comme cela se faisait encore en 1980 ? La presse cite des terrains au Crétinier, à la Baillerie, au hameau de Sainte Marguerite. C’est ce dernier emplacement qui sera approprié en terrain municipal des sports à partir de l’été 1922. En décembre de la même année, l’aménagement du nouveau terrain de sports du hameau de Sainte Marguerite touche à sa fin. Pendant tout l’été une équipe d’ouvriers des services municipaux y a travaillé quotidiennement. Les sociétés sportives de Wattrelos auront donc un beau terrain pour pour participer aux fêtes sportives de la ville. Mais il y a un hic. L’hiver, la rue menant à ce terrain, comprendre la rue du Beck, se trouve toujours dans un état déplorable pour les piétons. Il est à espérer que le service municipal de la voirie songera à aménager un peu cet état de choses.

Les espaces sportifs ne sont pas encore entrés dans les mœurs des Wattrelosiens. En Août 1923, depuis quelque temps, ce terrain pourtant municipal, sert de dépotoir aux habitants du voisinage qui y apportent leurs ordures ménagères. Certains n’hésitent pas à déposer sur le sol des débris de ferraille qui peuvent blesser dangereusement les sportifs qui s’entraînent tous les jours. Le terrain est donc non seulement opérationnel mais de plus utilisé quotidiennement !

L’entrée du stade du Beck de nos jours vue Google Maps

Réaction des autorités locales : le terrain municipal des sports n’est pas un dépôt pour les ordures ménagères. La municipalité a aménagé un terrain de sports pour servir à toutes les sociétés sportives de la ville. Pour mettre fin à ces abus la police a reçu des ordres très sévères afin de faire cesser l’extraordinaire sans-gène des habitants voisins du terrain des sports. Des poursuites seront exercées contre toute personne qui aura déposé des ordures quelconques sur le terrain.

Cent ans plus tard ces habitants du voisinage auraient trouvé une déchetterie à proximité du stade. Mais considérer un espace sportif comme propice à un dépôt d’ordures, c’est vraiment condamnable. Ce sont des pratiques qui vont à l’encontre de la volonté d’urbaniser et d’équiper la ville.

Nous n’avons pas trouvé d’inauguration officielle. Toutefois, le 22 septembre 1923, le Sporting Club Wattrelosien joue un de ses premiers matchs sur le terrain municipal rue du Beck, contre le Racing Club Lillois et c’est une victoire par 2-1.

à suivre

Les tracteurs du canal

Le 25 février 1957 se produit un accident au bord du canal. Les journaux du 27 nous montrent un curieux véhicule qu’on sort de l’eau à grand peine. Le conducteur, ébloui par les phares d’une moto a fait une embardée terminée par un plongeon dans les eaux froides. Remonté sur la berge, il rentre chez lui sans savoir que les sapeurs pompiers le recherchent au fond de l’eau et essaient de remonter le tracteur à l’aide d’un camion-grue. Ce n’est que le lendemain qu’il se fera connaître, au grand soulagement général.

Cette scène évoque irrésistiblement dans notre souvenir les petits tracteurs qui parcouraient inlassablement les chemins de halage des canaux en remorquant les péniches.

Sur la photo, on peut distinguer sur le châssis les lettres CGTVN.

Photos La Voix du Nord 1957

La CGTVN, ou Compagnie Générale de Traction sur les Voies Navigables regroupe au 1er janvier 1927 diverses compagnies privées qui partageaient cette vocation.

Un article de « La navigation du Rhin » de 1926 fait état de la prochaine constitution de la compagnie, mais indique également que la Chambre de Commerce de Roubaix a émis un vœu favorable à l’établissement de la traction mécanique sur le canal de Roubaix. Le Journal de Roubaix d’octobre 1927 indique que celle-ci donne mandat à la chambre de commerce de Lille pour obtenir la concession et le monopole du halage mécanique. C’est ainsi que dès 1928 apparaissent 16 autochenilles sur les berges du canal.

Document site Papidema.fr

Il faut bien se dire que, à l’origine, la traction des chalands se faisait à bras d’hommes, pris dans la famille ou l’équipage du bateau, ou encore en louant les services de haleurs spécialisées. La traction se faisait grâce à des cordes fixées à des sangles qui barraient la poitrine. C’est ce qu’on appelait « la bricole ». Il faut dire que les bateaux étaient plus petits et moins lourds qu’aujourd’hui .

A partir de 1885, et l’apparition des péniches de 300 tonnes au gabarit Freycinet, les bras ne suffisent plus, et les chevaux remplacent l’homme dans ce dur travail. Certains mariniers avaient leurs propres chevaux qu’ils logeaient dans une écurie placée au milieu du bateau.

Une péniche halée par un cheval à Lille

Mais ce mode de transport est lent et coûteux pour le marinier. Sur le canal de Roubaix, les autochenilles arrivent à point pour améliorer et simplifier le service de halage.

Le Journal de Roubaix 1928

Le journal de Roubaix du 29 janvier 1928 annonce l’arrivée de ces « puissants et gracieux tracteurs à chenilles » sont capables de remorquer 3 péniches pleines ou six vides à trois kilomètres à l’heure grâce à leur moteur de 10 chevaux. On retrouve des engins identiques sur d’autres canaux dans le nord.

Une autochenille Citroën système Kegresse en service entre Calais et St Omer (Document G.Kiffer)

Pourtant, les inconvénients de ce mode de halage sont importants, en particulier, les chemins qui s’abîment sous l’action des chenilles. D’ailleurs, la SEAC, société d’exploitation des autochenilles, est rapidement absorbée par la CGTVN qui mise principalement sur le halage électrique.

Documents site Papidema.fr

C’est ainsi que, en 1931 les tracteurs électriques remplacent les auto-chenilles sur le canal de Roubaix. Pourtant, ce ne sont pas des tracteurs sur rails, comme on en rencontre sur la Deule, à Lille où deux tracteurs sont restés des années à l’abandon près de l’écluse de la Barre…

Un tracteur sur rails Jeumont J30 à Lille Photo origine indéterminée

Sur le canal de Roubaix, pas de voie ferrée. Les tracteurs étaient sur pneus car le trafic moins important ne justifiait pas l’installation de rails. Par ailleurs, la voie ferrée a un rayon de courbure minimum, alors que les tracteurs sur pneus, avec leur quatre roues directrices, passaient partout, simplement alimentés par deux fils de contact aériens. La photo suivante nous montre un pont roubaisien et l’angle prononcé de la courbe du chemin. Elle nous permet de remarquer en haut à droite sous le tablier le chemin de planches isolants les fils de contact.

Le chemin de halage sous le pont du chemin de fer.

Ces tracteurs comportent deux essieux accouplés, toutes les roues étant directrices, et pèsent entre 2 tonnes et demie à trois tonnes, embarquant des gueuses de lest. Ils fonctionnent en prenant le courant continu sur une double ligne aérienne dont la tension est 600 volts. Ils possèdent une cabine centrale comportant deux sièges et deux volants verticaux en vis à vis. Un seul escalier en permettait l’accès à l’opposé de l’au, pour des raisons de sécurité. Le moteur est placé à une extrémité sous un capotage. A l’autre extrémité, un lest. Ils furent construits par la CGTVN elle-même à Douai en 1930.

Un tracteur flambant neuf à Douai. A l’arrière, le lest. Photo site Papidema.fr

Les tracteurs ne peuvent se croiser. En cas de rencontre, ils échangent leur remorques et repartent en sens inverse. La conduite de ces engins était relativement dangereuse lors des démarrages : si l’on tirait trop brusquement, c’était le tracteur qui allait à l’eau ! Ceci explique les cabines largement ouvertes pour éviter la noyade au conducteur…

Pourtant, les tracteurs du canal de Roubaix étaient carrossés de manière à ce que l’abri protège un peu mieux le conducteur des intempéries. La photo suivante nous montre, à l’extrême droite, un tracteur quai de Marseille en plein hiver.

Mais tout évolue, et, bientôt, la multiplication des automoteurs, péniches possédant leur propre motorisation, entraîne la disparition progressive des demandes de remorquage. Le service est donc supprimé en 1970, et la dissolution de la compagnie suit de peu en 1973. Le public a tôt fait d’oublier ces sympathiques tracteurs électriques qui parcouraient les berges du canal…

Seul émergeait le toit de l’engin… Photo Nord Matin

Sauf précisions dans les légendes, Tous les documents proviennent de la médiathèque et des archives municipales, que nous remercions.