La Potennerie blanche

En novembre 1958, l’office départemental des HLM démarre un grand chantier de construction de 1.200 logements. Neuf cents constitueront la cité des Hauts Champs, et trois cents inscrits dans le même programme de travaux, vont être construits rue Montgolfier sur le terrain Cavrois (entre les rues Du Puy de Lôme et Philippe Auguste). Par référence au type de fabrication, on procède par assemblage d’éléments fabriqués en grande série, parois, cloisons,  le chantier est appelé « secteur industrialisé ».  L’office départemental des HLM travaille en collaboration avec le CIL de Roubaix Tourcoing, et l’architecte de l’ensemble est M. Dubuisson.

Le chantier de la Potennerie Blanche en 1959 Photo Nord Éclair

Un an plus tard, le chantier a progressé : les blocs collectifs se dressent derrière le groupe CIL de la Potennerie Rouge, un grand immeuble le long de la rue Philippe Auguste, et trois petits immeubles situés perpendiculairement au premier. Il est prévu que les locataires commencent à s’installer au début de l’année 1960, pour répondre au problème plus qu’urgent du relogement des habitants du bloc Anseele, dont la démolition est bien avancée.

Le même chantier en 1960, du côté des loggias Photo Nord Éclair

En février 1960, le gros œuvre est achevé, les peintures intérieures sont terminées, et les accessoires, placards, meubles et tables de cuisine sont installés. On met en place les tuyauteries pour le chauffage, les appartements seront chauffés par le sol. Il y a des logements comprenant une salle de séjour, une cuisine, une salle d’eau et une, deux ou trois chambres selon le type. Les appartements de deux et trois pièces sont dotés sur la façade exposée au soleil d’une loggia avec porte-fenêtre donnant sur la salle de séjour. Les appartements seront terminés et proposés à la location à partir d’avril mai 1960.

La Potennerie blanche en décembre 1960 Photo Voix du Nord

Un article de la Voix du Nord daté de décembre 1960 relate l’installation d’un jeune couple dans un appartement de la Potennerie blanche. La cuisine équipée de rangements et les placards des chambres sont grandement appréciés. Par contre, l’absence de volets et la difficulté de poser des rideaux du fait de la disposition des fenêtres apparaissent comme des problèmes. Le bahut Louis XIV et le grand lustre ne correspondent pas aux dimensions de l’appartement. Malgré ces petits inconvénients, l’article se termine par la satisfaction des nouveaux locataires quant au chauffage. Plus de poêles, de radiateurs, on n’a jamais froid aux pieds, et pour le séchage des lainages, c’est épatant. En conclusion, les jeunes locataires n’ont pas l’impression de vivre dans une courée verticale, ils s’arrangent avec les voisins pour le nettoyage des escaliers et pour le bruit. Et puis, une fois fermée la porte d’entrée, on se sent parfaitement chez soi.

Vue aérienne de la Potennerie blanche en 1962 Photo IGN

A l’instar de la cité des Hauts Champs qui a déjà connu plusieurs opérations de rénovation et de réhabilitation, la Potennerie blanche est inscrite au Programme de Rénovation Urbaine. Le projet prévoit la démolition partielle  du  bâtiment  Renan  (3  entrées,  75  logements)  ainsi  qu’une réhabilitation et une résidentialisation du site. A l’angle de la Rue Montgolfier et de la Rue Renan, un nouveau collectif de 18 logements proposera des appartements de type 2, 3, 4 et 5. Huit  maisons,  en  accession à la propriété, seront également construites, après  déplacement  de  l’extrémité  de  la  Rue Renan vers la Rue Philippe Auguste. Les travaux devraient commencer à l’automne 2011.

D’après les informations recueillies dans Nord Éclair, Nord Matin, La Voix du Nord et auprès de la Mairie des Quartiers Sud

Une si longue attente…

postejuillet1960Le bureau de poste en juillet 1960 Photo Nord Éclair

Construit entre les deux guerres, le quartier du Nouveau Roubaix ne possédait pas de bureau de poste. Il fallait donc se rendre à la poste centrale de Roubaix, ou rejoindre le bureau du Pile, tout aussi éloigné. Entre-temps, le quartier est devenu une véritable ville de 11.000 personnes, sans compter les quartiers alentour les Trois Baudets, Beaumont, la Lionderie, et le début de la construction des Hauts Champs. La création d’un bureau de poste fait alors l’objet d’une interpellation d’Alphonse Delbecque, conseiller municipal. C’était en 1956, les PTT donnent leur accord pour un chantier d’une somme de près de 18.000.000 francs, étant entendu que cette dépense serait couverte par un emprunt, mais la situation de restriction des crédits bancaires entraîne le report du projet. Devant les difficultés rencontrées pour obtenir un bureau de poste, le conseil municipal prend alors une délibération, et décide de la construction de l’immeuble qui sera remis à la disposition des P et T, qui obtiennent des conditions raisonnables pour s’acquitter de leur dette. Roubaix à la rescousse des services de l’Etat !

postejuillet1960bLe bureau de poste en juillet 1960 Photo Nord Éclair

Fin 1958, date à laquelle le crédit foncier débloque une première tranche de 8 millions, les longues démarches de la ville auprès des PTT ont enfin abouti. Le terrain a déjà été acheté depuis longtemps, à l’angle du boulevard de Fourmies et de l’avenue Linné, place Charles Spriet. M. André Lys architecte des PTT est chargé de l’exécution des travaux. Le bureau de poste comprendra une salle pour le public, des guichets, une salle de tri et à l’étage, un appartement pour le receveur. Le chantier démarre en avril 1959, on creuse les fondations, il est probable que pour le début de l’hiver, les habitants auront leur bureau de poste.  En août les murs s’élèvent déjà. On espère l’ouverture du bureau de poste du Nouveau Roubaix pour le printemps 1960. Mais en avril 1960, le bureau n’est toujours pas ouvert, quoiqu’on en sache plus sur ses équipements : une recette de plein exercice, dotée de deux cabines téléphoniques et de trois guichets. Le public sera reçu par quatre employées placées sous la direction d’une brigadière intérimaire. En juillet, la construction est terminée. Le bureau de poste, qui n’est toujours pas ouvert est considéré comme le plus bel ornement de la place Spriet : il est coquet, agréable, clair et spacieux. Il fonctionnera dès le début de septembre. L’inauguration officielle retardée en raison des congés payés, est également prévue début septembre.

cabinestelVue des cabines téléphoniques du bureau de poste août 1960 Photo Nord Éclair

à suivre

Le cinéma de Roubaix 2000

colisee2bisPrésentation de la nouvelle salle aux officiels Photo Nord Éclair

En septembre 1971, alors qu’on se prépare à l’ouverture du centre commercial, la presse annonce l’ouverture de deux cinémas, l’un dans le centre lui-même, le colisée 2 et l’autre, à deux pas, dans la grand Rue, le Club.

Le colisée 2 est situé au premier étage  du centre commercial, juste à côté de l’escalator. C’est une salle de 220 places qui sera présentée à la municipalité et aux personnalités le 5 octobre à 18 h 30. La première manifestation officielle du centre commercial Roubaix 2000, après l’inauguration du parking, c’est donc la présentation du nouveau cinéma aux officiels, avec drapeaux tricolores, visite guidée et démonstration. Le maire Victor Provo et M. Thibeau adjoint sont présents parmi les personnalités. MM Deconninck et Desrousseaux, gérant et directeur du Colisée guident leurs hôtes dans la nouvelle salle. M.Deconinck signale que le public revient au cinéma à Roubaix. M. Fabre, l’architecte, explique le but recherché : l’époque est aux petites salles, avec simplicité et confort, pour attirer la clientèle dans le centre commercial. Victor Provo remercie M. Deconinck pour son audace créative, et il coupe le ruban qui barrait le système de commande de la projection. Pendant vingt minutes, les premiers spectateurs ont pu admirer la qualité de l’image et du son grâce à quelques documentaires.

colisee2Le système de projection automatique Photo Nord Eclair

L’inauguration proprement dite se fera le 12 octobre avec la projection du premier film et une réception. Pour l’occasion, on joue la première à Roubaix du film de Claude Lelouch « Smic Smac Smoc ». Le décor est minimaliste, pas de scène, un mur de briques et de moquette, pas de jeux de rideaux compliqués devant l’écran. Les fauteuils sont spacieux et confortables, le sol recouvert de moquette… L’espacement des sièges, la climatisation, la bonne déclivité facilitant une vision toujours dégagée contribuent à faire de cette salle un agréable lieu de loisirs. La projection est automatique : mise en route du film, ouverture et fermeture de la lumière dans la salle, réglage de l’écran à la bonne dimension, diffusion de la musique d’ambiance. L’appareil de projection est équipé d’un système à plat qui permet la projection de plus de quatre heures sans discontinuité. Un petit ordinateur à cartes perforées donne l’ordre des modifications en cours de programme.L’exploitation de cette salle demande un personnel réduit : un opérateur (qui pourra s’absenter) une caissière et une ouvreuse. Un circuit de télévision permet de suivre le déroulement du programme depuis la caisse. Deux maisons roubaisiennes ont contribué à l’équipement du Colisée 2 : les travaux de marbrerie ont été effectués par les Ets Duquesne 210 grand rue, et les Ets Scrépel Pollet ont réalisé le contrôle de projection par télévision en circuit fermé. De fait ce cinéma se présente comme la première salle automatisée du Nord. Le prix de l’époque : 6 francs jusque 17 heures, et  8 francs après, le cinéma étant permanent.

salle colisee2La salle du Colisée 2 Photo Nord Eclair

Dès le lendemain, le Colisée 2 est ouvert à l’exploitation. C’est une salle qui fonctionne de 14 h à 23 heures, c’est-à-dire qu’il y a quatre projections par jour sans interruption. Des séances pourront être présentées le matin et à l’heure de midi. Assez paradoxalement, la presse annonce que les films présentés là ne seront pas ceux qui attirent la grande foule. Il est également envisagé la projection une fois par semaine d’un film d’art et d’essai. Le Colisée 2 est le premier cinéma de poche permanent de Roubaix, il sera suivi le 15 novembre par le Club, salle annexe du Casino, dont l’entrée se situera Grand Rue.

Visite de Ste Bernadette

En 1938, un an après la construction de l’église Sainte Bernadette, la vie de la paroisse s’organise : 220 enfants suivent les cours de catéchisme, 250 les activités du patronage. Une foire aux plaisirs réunit les paroissiens en Juillet. Le 11 décembre, on profite du premier anniversaire de l’église pour inaugurer les fresques, œuvres d’André Trebuchet, la principale étant située sur la partie incurvée de l’abside.

La nef est large et dégagée, les piliers étant écartés au maximum, grâce à la technique de construction choisie par l’architecte roubaisien Dupire.  Les bas-côtés sont de simples passages.

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L’église Sainte Bernadette est construite en briques et en béton armé. D’aspect massif, ses murs extérieurs, ornés de croix grecques, présentent à leur sommet une évocation de créneaux et de mâchicoulis, et évoquent un château fort.

Le parvis, auquel on accède par quelques marches, fait toute la largeur de la façade. Les fidèles y devisaient à la sortie de la messe.

Le baraquement qui avait abrité provisoirement les cérémonies du culte durant la construction de l’église n’est pas démoli : il sert désormais pour diverses activités, comme le patronage.

Bernard nous confie : « Oui, quand j’étais gamin, on allait jouer ; on allait au patronage là. Il y avait de l’espace ! » Et Jeanine ajoute : « c’est la chapelle provisoire… C’est là où était le patronage. On y avait des petites soirées. Je l’ai vue démolir, beaucoup avant l’église. »

En 1960, le cardinal Liénart vient célébrer le 25 ème anniversaire de la paroisse. Il rappelle à cette occasion qu’il était venu poser la première pierre de l’église en 1935, et conclut son allocution en demandant aux paroissiens d’accueillir fraternellement les nouveaux habitants qui vont bientôt s’installer dans les 885 logements nouvellement construits dans le quartier. A cette époque, en effet, le quartier va voir sa population considérablement augmenter avec la mise en location des nouveaux immeubles.

Informations Journal de Roubaix et Nord Eclair, photos Lucien Delvarre

La Potennerie rouge

Le Parc de la Potennerie en 1957 et en 2011 Photos IGN

Le Toit Familial s’est rendu acquéreur des cinq hectares occupés par le château et le parc, par l’entremise du CIL. La démolition du château Huet intervient en avril 1951, elle est effectuée avec le souci de préserver les grands arbres de la propriété. Le permis de construire est délivré le 21 novembre 1951. Huit grands immeubles parés de briques rouges sont édifiés, qui porteront des noms d’oiseaux : la mésange, la chanterelle, la grive, le bouvreuil, le bruant, la bergeronnette, le pinson et le rossignol.

Parc de la Potennerie en juillet 1953 Photo Nord Éclair

A la fin de l’année 1953, le vieux mur triste qui enserrait la propriété a été en partie abattu, laissant ainsi apparaître les nouveaux immeubles, entourés d’arbres et de verdure. Une partie du parc a été réappropriée en jardin d’enfants, c’est le futur square de la Potennerie. En juillet 1953, il est procédé à l’inauguration du jardin du square Destombes, puis de celui de la Potennerie. Les officiels visitent les deux lieux sous la conduite de M. Bernard, chef des jardins et plantations de la ville.

Le 24 janvier 1954, le groupe de la Potennerie propose 152 nouveaux logements à la location, alors qu’une partie du parc a été réappropriée en square avec jeux d’enfants.

L’avenue et ses arbres

L’avenue Julien Lagache à ses débuts CP Médiathèque de Roubaix

Janvier 1971, la communauté urbaine décide d’aménager l’avenue Julien Lagache, qui reliera désormais le quartier des Trois Ponts à la place de la Fraternité. Cette opération de voirie soulève des protestations, car on commence par abattre les arbres qui bordent l’avenue, qualifiés par la presse de vénérables sycomores, c’est dire leur âge et leur taille. L’abattage durant plusieurs jours, un matin, les bûcherons ont la surprise de trouver des affiches apposées sur les arbres libellées comme suit : arbre destiné au domaine du monument historique. Après vérification auprès des services de la communauté urbaine, il s’agit d’un canular qui a retardé l’échéance de quelques heures. Les arbres ont donc été abattus. Cet acte écologiste inédit dénonce la destruction d’arbres qui aident la ville à respirer et ajoutent beaucoup au charme de la vie urbaine. Un inventaire des implantations d’arbres est alors effectué, et l’on constate que vingt boulevards, sept avenues, huit places et quinze rues sont plantés d’environ 1.500 arbres ! Ce qui entraîne le vœu d’un conseil municipal : si l’on peut admettre parfois la nécessité absolue d’abattre des arbres lors de la réfection d’une rue, il devrait être admis et rendu obligatoire par décision du nouveau ministre de l’Environnement, que pour chaque arbre abattu un nouvel arbre soit planté. Du pain sur la planche pour Robert Poujade, chargé du nouveau ministère de la Protection de la nature et de l’environnement, créé en janvier 1971 par Jacques Chaban-Delmas !

L’avenue Julien Lagache en 1971 Photo Nord Éclair

Concernant l’avenue Julien Lagache, elle prend à ce moment la configuration qu’on lui connaît encore, avec l’aménagement de deux chaussées séparées par un terre-plein central. Elle commence désormais rue de Lannoy pour rejoindre l’avenue de Verdun, et les arbres ont fait leur réapparition, au milieu de l’avenue, pour donner de l’ombre aux voitures…

La naissance de l’ADEP

Dans le cadre de la promotion sociale municipale, l’A.F.P.S, l’Association pour la Formation et la Promotion Sociale, dispensait des cours du soir, notamment en Français et en Mathématiques. Il existait également un atelier libre-service informatique. C’était la ville qui gérait le fonctionnement de ces formations et payait directement les formateurs. Ses activités étaient hébergées dans l’ancienne école des garçons au 94 avenue Léon Marlot, l’école des filles étant devenue une école mixte.

Puis, suite à la demande d’instances extérieures, il devient nécessaire de confier l’organisation de ces cours à un organisme indépendant et non plus municipal. L’A.D.E.P, Association pour le Développement de l’Éducation Permanente, est donc créée. Sa déclaration figure au Journal Officiel de Juin 1998, mais son démarrage réel ne se fait qu’à la rentrée 98-99.

Le logo de l’association, réalisé par Sabine Despas

Le but de l’association est de gérer les actions de formation financées par la ville. Ces actions, à destination des adultes visent « à transmettre les savoirs de base fondamentaux nécessaires à une vie sociale professionnelle épanouie : savoir lire, écrire, compter, mais aussi utiliser un ordinateur et de nouveaux outils de communication... » (Roubaix Info, Juin 2000)

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Document Roubaix Info

L’A.D.E.P reprend les locaux de l’A.F.P.S, qu’elle loue à la ville. Celle-ci lui octroie une subvention mais la Région finance également les cours. L’association a la charge de recruter et de payer les formateurs, le plus souvent choisis parmi les enseignants de l’Éducation Nationale. Au départ,  elle n’a qu’un seul salarié.

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Document La Voix du Nord – Janvier 1999

La première année sont assurés des cours en anglais et néerlandais, des modules d’alphabétisation et de remise à niveau en Français et Mathématiques, des cours de bureautique (Word et Excel) et une formation en communication et relations humaines. L’A.D.E.P propose également un libre service informatique, qui permet au public d’utiliser des ordinateurs, avec l’aide d’un animateur. Par ailleurs, sont organisés à l’E.S.A.A.T des cours d’arts plastiques : dessin, sculpture, modèle vivant, peinture et infographie. La Voix du Nord nous précise que 2000 stagiaires ont été accueillis en 1999.

La boulette !

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Publicité parue dans Nord Éclair

Juin 1971, l’ouverture du centre commercial est à présent imminente. Une campagne publicitaire est alors lancée, d’une part pour annoncer l’événement prévu à l’automne, et d’autre part pour relancer la vente des surfaces commerciales. Mais stupéfaction générale, le centre commercial a pris le nom de Lannoy 2000 !

Voici qui replonge les deux cités dans leur combat médiéval, à l’époque où Pierre de Roubaix, de la Maison de Bourgogne, s’en allait à la tête de ses chevaliers, châtier Jean de Lannoy, inféodé au roi de France ! Etre un roubaisien heureux, c’est devenir lannoysien (comprendre lannoyen) c’est donc quitter Roubaix ? Inversement, Lannoy devient le cœur de Roubaix ? C’est à y perdre son latin !

Accessoirement, parler de Lannoy 2000, c’est éviter de parler des longues haies (ou oublie définitivement) et d’Édouard Anseele (un flamand, collectiviste qui plus est !).

La rue de Lannoy deviendrait donc un quartier ? C’est oublier un peu vite les quelques kilomètres de commerces qui portent encore ce nom du boulevard de Belfort jusqu’à Lys Lez Lannoy !

Cette boulette publicitaire est dénoncée par la presse roubaisienne, comme « l’œuvre imprudente de publicitaires parisiens ignorant la géographie locale ».

De fait la question du nom n’est pas tranchée. En septembre, diverses propositions ont été lancées, dont Lannoy 2000, Point Nord, ou encore Lido…En décembre, la dénomination Roubaix 2000 semble faire l’unanimité. Ce centre commercial aura finalement été bien mal nommé, puisqu’il ne connaîtra pas l’an 2000, ayant été démoli juste avant. Mais ceci est une autre histoire…

Le premier Auchan

Au début des années 60, les habitants du nouveau quartier des Hauts-

Photo Nord Eclair

Champs manquent de commerces de proximité. Les magasins les plus proches sont rue de Lannoy, ou Boulevard de Fourmies. Jeanine témoigne : « Nous, c’était plutôt la Justice, pour l’alimentation,les vêtements, ou alors, on allait faire les courses en centre ville ». L’arrivée d’un  super marché de l’autre côté de l’avenue Motte est donc particulièrement appréciée.

Inauguré par le préfet du Nord en décembre 1961 dans les bâtiments de l’ancien tissage Léon Frasez, devenu en 1953 la Filature de laine Arlaine puis la filature Maille-Picarde, ce libre service offre une surface de vente de 1140 m2. Son entrée rue Braille s’ouvre sur un parking de 200 places. Une nouveauté : des « paniers roulants » sont mis à la disposition de la clientèle. Remplis au fur et à mesure des achats dans les rayons, ils permettent de transporter sans fatigue la marchandise jusque dans le coffre de la voiture !

Photo Institut Géographique National

Il n’a pas encore de dénomination et s’appelle le Super-marché. Plus tard, en référence au nom du quartier, Gérard Mulliez l’appelle « Ochan », puis « Auchan ». Jeanine continue : « En fin d’après-midi, on décide d’aller à Auchan pour la première fois, on est arrivés dans ce hangar immense, et encore, des salles n’étaient pas ouvertes. On a passé un temps fou à rassembler l’essentiel des provisions dont on avait besoin, le contenant, je ne m’en souviens plus, l’aménagement intérieur était sommaire, mais il y avait tout, partout… ». Sur les publicités, l’accent est mis sur les prix pour attirer la clientèle.

Photos Nord Eclair

L’une des plus grandes mutations du commerce vient de commencer.

L’histoire du Supermarché Auchan  de l’avenue Motte(1961-1985) a été relatée dans la revue Ateliers Mémoire Mémoires des Ateliers n°2, disponible en Médiathèque de Roubaix

St Jean Baptiste, avant et maintenant

L’église Saint Jean Baptiste carte postale Médiathèque de Roubaix, photo Michel Farge

Pendant une réunion de l’atelier mémoire, les participants se sont exprimés sur les deux images de l’église Saint Jean Baptiste, l’une datant de la belle époque, et l’autre du mois d’août 2010. Le compte rendu suivant relate les observations, les remarques et les pistes de recherches énoncées par tous les membres de l’atelier. On trouvera en italique quelques éléments de réponse extraits du bulletin de la Société d’Emulation consacré aux églises de Roubaix. Mais le travail est loin d’être terminé !

Sur la photo ancienne, l’église est encore en construction, la rue semble être un sol de scories.

L’église Saint Jean Baptiste, dite du Raverdi, a été conçue par l’architecte Auguste Dupire dont les plans datent du 2 août 1887. Sa première pierre est posée en 1888, et l’église sera construite du 16 avril 1889 au 15 novembre 1890. La rue Jean Goujon fut classée dans le réseau urbain de la ville par une décision du Conseil Municipal du 21 octobre 1904.

Les flèches ont changé. A mi hauteur des deux clochers, des éléments ont disparu, des ornements (clochetons ou pignons).Ont-ils mal vieilli et posé des problèmes de sécurité ? Sont-ils tombés ? On cite deux rénovations, l’une après la première guerre, et l’autre, il y a une dizaine d’années.

Une délibération municipale du 6 février 1959 nous apprend qu’il est question de faire procéder à d’importants travaux : consolidation de la charpente, réfection de la maçonnerie, réfection des grillages de protection des vitraux et reconstruction du parvis. Tous ces travaux seront menés à bien dans le cours de l’année.

Les abat-sons sont plus nombreux, par contre, on a procédé à la suppression des « balcons », le garde corps a disparu, pouvait-on autrefois y marcher ? La statue aurait été descendue et rénovée il y a quelques années… L’Horloge est toujours la même, il est rare de trouver une horloge sur les frontons des églises.

En janvier 1892, les habitants du quartier ont pétitionné pour obtenir une horloge à leur église.

Autrefois, il y avait plus de vitraux, ils ont été rénovés. Sur la photo de gauche, il semble y avoir un vitrage provisoire, ou des planches…Les deux colonnades latérales du fronton autour du vitrail central ont disparu. Les portes n’ont pas changé, elles ont été repeintes lors de la dernière rénovation, ce qui fait l’objet d’une anecdote. La couleur employée, le violet, ne plaisait pas aux paroissiens, les portes furent donc repeintes couleur sang, en référence à la Pâque juive.

L’atelier s’interroge sur la présence de deux tours. Une autre église, aujourd’hui disparue, Saint Antoine, rue de Remiremont avait la même configuration. Pourquoi donc deux tours ?

Une signification symbolique est-elle attachée à cette caractéristique ? Sans doute la réponse se trouve-t-elle dans les travaux de l’architecte Dupire, qui a également construit le temple protestant de la rue des Arts. Un autre témoignage historique pour terminer : avant l’église, il y avait des fermes et des vignes, et le vin fournissait l’évêché de Tournai.

Cet échange commun pose de nombreuses pistes de recherches. Un travail similaire sera effectué avec des vues comparatives de l’intérieur de l’église. A vos commentaires et compléments !