La rue de Carihem

Cette rue emprunte une partie du tracé de l’ancien chemin vicinal n°15 reliant le hameau des Trois Ponts et le village de Leers entre le passage à niveau n°157 sur la voie de chemin de fer de Somain à Menin de la compagnie du Nord-Est et la rue de Leers (chemin d’intérêt commun n° 142).

A la fin du dix neuvième siècle, la rue est pavée, bordée de fossés et traverse les champs. Elle n’est pas encore éclairée : M. Pennel, maraîcher au hameau de Carihem réclame la pose de quelques lanternes à pétrole et la réparation de la chaussée. Il n’y a alors le long de la rue que deux constructions : une ancienne ferme placée juste après le passage à niveau, et un estaminet tenu par M. Pottier en 1891 (cet estaminet porte le numéro 160 en 1933). La ferme est au nom de Jean Louis Fremaux-Lorthioir, habitant de la rue de Vaucanson en 1875, qui a repris la ferme Fremaux rue des Trois Ponts en 1880. Il s’installe finalement en 1885 dans la ferme de la rue de Carihem près du chemin de fer, qu’il rachète à Fidéline Sophie Bonte, épouse de Joseph Moulin. Il l’occupe quelques années, puis en juin 1895, il demande l’autorisation de construire quatre maisons sur l’emplacement de la ferme, face à la voie ferrée et « sur le vieux pignon face à la rue de Carihem ». Ces maisons existent encore aujourd’hui.

En 1910, il figure donc dans le Ravet Anceau non plus comme cultivateur, mais comme rentier. En 1914 on retrouve à la même adresse le nom de Fremaux-Duleu, un fils du rentier, sans doute…

Malgré le peu d’habitations desservies, l’état de la rue préoccupe la municipalité, et en 1899, le directeur du service de la voirie estime nécessaire de fixer l’alignement et le nivellement en prévoyant une largeur de 12 mètres. Quelques maisons sont à frapper d’alignement, mais elles « sont dans un état de délabrement tel qu’il n’y a pas lieu… de tenir compte de leur existence ». Un certain nombre de terrains sont à racheter aux riverains pour assurer les alignements.

La rue se construit peu à peu, mais un plan des futurs travaux datant de 1905 ne montre, hormis les maisons précédentes, que quelques bâtiments près de la rue de Leers, une ferme au coin de la rue Boucicaut, une rangée de maisons près de la voie de chemin de fer et une construction au passage à niveau (sans doute une maison de garde-barrière). L’année 1909 voit la construction du stand de tir, qui va apporter un peu d’animation à cette rue campagnarde.

On projette la construction d’un aqueduc, mais la réalisation des travaux est retardée : en 1926, M. Neirynck, propriétaire au n°30 se plaint de fuites au conduit placé sous la chaussée, car les eaux des fossés  ont envahi sa cave . En 1930 l’aqueduc n’est toujours pas réalisé, et le service de la voirie déclare sa construction urgente. En 1932, les riverains ayant volontairement comblé les fossés, le service de la voirie propose de curer ces mêmes fossés et de réparer le pavage de la rue. On poursuit les reprises d’alignements et les achats de terrains jusqu’à la deuxième guerre. Quelques autres immeubles sont construits, sans que la rue perde pour autant son caractère calme et champêtre. Peu de transformations donc, il faudra attendre les années 50 pour que son aspect change considérablement, accompagnant le développement du quartier…

 

Travaux au Carihem

Maquette du lotissement publiée dans Nord Éclair

 Ce petit quartier à l’époque peu habité, et fréquenté par les habitués du stand de tir, va être concerné au début de février 1961 par une importante opération d’urbanisme. En effet, c’est un chantier de 220 logements qui va s’ouvrir bientôt, sur les plans des architectes Bernard Beslin et Marcel Spender pour le compte de l’office HLM. Le chantier est délimité par les rues du stand de tir (1) du Carihem (2) et Boucicaut (3). Les bâtiments qui seront constitués d’appartements de type studio, F1, F2 et F3, sont destinés à accueillir les « évacués » de l’ilot Edouard Anseele, et ceux du quartier des 3 Ponts, dont les « 300 maisons vétustes » vont être bientôt démolies.

La première tranche de travaux au Carihem photo Nord Éclair

Une première tranche des travaux doit être terminée pour le printemps 1962 et le reste pour la fin de la même année. Il est également question d’aménager le passage à niveau dit des 3 Ponts en fonction des nouvelles conditions de vie et de circulation du quartier du Carihem.

Le cauchemar du PN 157

Le passage à niveau des Trois Ponts, alias PN 157 en 1963 Photo Nord Éclair

 Le passage à niveau du Carihem, alias le PN 157, situé entre les Trois Ponts et la route de Leers, était le cauchemar des automobilistes. Placé trop près des voies de garage, il était souvent fermé à cause des manœuvres de wagons, au moment de leur placement sur les embranchements des différentes usines auxquelles ils étaient destinés. La répartition des wagons selon leur destination respective alimentait 25 embranchements en 1963, ce qui entraînait que le PN 157 était pratiquement toujours fermé. Ce passage à niveau obligeait les automobilistes pressés d’aller vers Leers à retraverser le quartier des Trois Ponts pour aller rejoindre le pont de Beaurepaire. Il barrait également l’accès au stand de tir du Carihem, et à la décharge du même endroit. Un témoin nous rapporte que la SNCF a employé toute une famille comme gardes barrières, le père, la mère et les deux fils qui étaient jumeaux.

Vue aérienne du PN157 en 1962 Cliché iGN

Les files d’attente de véhicules ne favorisaient guère la circulation, aussi il est bientôt question d’établir une passerelle au dessus de la voie ferrée, pour désenclaver le quartier et faciliter la circulation vers Leers et Wattrelos. Le quartier est alors en plein développement, la cité des trois Ponts s’étend, on parle de la création d’un tri pour les colis postaux au Carihem, soit vingt wagons supplémentaires à prévoir, tout cela va donc augmenter encore la circulation.

Deux solutions sont à l’étude : soit  rectifier le passage à niveaux des Trois Ponts et le remplacer par un passage supérieur, soit le remplacer par un autre passage à niveau automatique situé plus loin, pour aboutir rue du Carihem par l’avenue du Parc des Sports prolongée, derrière le lycée. Le financement de ces travaux est assuré dès 1963 par le fonds spécial d’investissement routier, qui a planifié l’aménagement de la rue de Carihem et la suppression du PN 157.

Une passerelle pour le Carihem

L’opération Carihem, croquis de Marcel Pinot Nord Éclair

 Le principe du passage supérieur est retenu, mais un nouvel élément vient modifier le dossier. En 1967, les avenues Motte et Salengro ont reçu la vocation provisoire de voie rapide vers la frontière belge. En fait il sera bientôt question de faire la jonction entre une voie rapide de contournement par les quatre cantons (Villeneuve d’Ascq) vers Dottignies. Un avant projet pour ce qu’on appelle désormais l’opération Carihem, est estimé à 5 millions de francs. La passerelle permettrait la jonction avec la Belgique, mais également avec le projet de pénétrante prévu sur le parcours du canal qu’on projetait de combler !

Passerelle et aménagements en 1972 Photo Nord Éclair

Au-delà de la passerelle, il y a aussi l’aménagement des rues de dégagement, Salengro, Carihem, Cohem, Brame, alors qu’on est en train de bâtir la nouvelle cité des Trois Ponts. En 1970, l’avenue du Parc des Sports est prolongée, un passage à niveau automatique est installé. C’est la fermeture définitive du PN 157, dit des Trois Ponts, une passerelle pour piétons enjambe la voie, et on commence les travaux.

Vue de la passerelle pratiquement terminée Photo Nord Éclair

Le « passage supérieur » du Carihem est le premier ouvrage réalisé sur la voie express des Quatre Cantons à Dottignies, destinée à désenclaver Roubaix. Il sera inauguré le samedi 10 février 1973 après plus de deux ans de travaux. Pendant ce temps, l’antenne de Roubaix piétine du côté d’Hem, et on commence à parler de voies sur berge sur le canal. L’inauguration fut double, puisqu’on célébra aussi l’ouverture du groupe scolaire Léo Lagrange dans le quartier des Trois Ponts. Cette passerelle eut pour effet de couper le Carihem du quartier des Trois Ponts, et d’intensifier la circulation vers le centre commercial de Leers et la zone industrielle de Roubaix Est.

Descente de la passerelle, le jour de l’inauguration Photo Nord Éclair

 

Le stand de tir du Carihem

Créée en 1860, la société du Tir National déménage ses cibles du lieu-dit des Puits (futur Parc de Barbieux) à la rue Ma Campagne, puis de la rue Ampère au n°311 de la Grand Rue. La pratique du tir se développe à Roubaix après la chute du second empire, et garde de nombreux adeptes jusqu’après la seconde guerre mondiale. Preuve en est l’organisation à Roubaix de la dixième fête annuelle du Tir Français, dont le Tir National Roubaisien se fait le promoteur. Pour cette occasion, un stand moderne est créé au lieu dit des Trois Ponts. Les nouvelles installations ont coûté plus de 150.000 francs et la subvention municipale s’est élevée à 110.000 francs. Son architecte est roubaisien, il s’agit d’Albert Bouvy. L’inauguration du stand de tir du Carihem aux Trois Ponts est placée sous le haut patronage de M. Fallières, Président de la République, et se déroule le dimanche 20 mars 1910. Le concours national remportera un grand succès.

Le stand à la date de son inauguration Collection Particulière

Le stand

Le stand est composé d’un vaste hall de 50 mètres sur 10, divisé dans sa longueur en pas de tir, avec un promenoir en arrière. Une salle d’honneur et des locaux d’administration complètent l’ensemble. Le jardin qui précède les constructions est l’œuvre du mécène Pierre Destombes. Un concours national exige un nombre important de cibles diverses : elles sont au nombre de 135, ce qui à l’époque constitue un record du nombre dans les concours nationaux. Roubaix se retrouve donc dotée d’un stand de tir moderne géré par une société particulière à l’orée de son territoire.

Préparation militaire et vue aérienne

Concours de tir et préparation militaire

Remis en état après les dégâts occasionnés par la seconde guerre, le stand de tir partage ses activités entre la pratique sportive du tir et l’instruction militaire sous toutes ses formes. Le 43 RI vient ainsi régulièrement s’y entraîner dans les années cinquante. Beaucoup de jeunes gens viennent y effectuer leur préparation militaire avant d’être incorporés. Des concours de tir y sont régulièrement organisés, de niveau local et régional.

Démolition

Bien que plusieurs fois rénové, le stand ne présente plus les garanties de sécurité de ce genre d’installation. Des demandes de subvention ont été faites, il a même été proposé d’inclure les installations de tir dans les équipements sportifs municipaux. Toutes ces démarches seront vaines. Le stand des Trois Ponts sera démoli en 1964.

Photos Collection Médiathèque, Archives Municipales et Nord Éclair

Le parc des sports du Carihem

Une photo aérienne de 1953 nous montre qu’au delà du passage à niveau de l’avenue Roger Salengro, au lieu dit « ferme de l’Espierre », la zone située derrière les maisons bordant la rue de Carihem, est encore constituée de terres agricoles cultivées, reste du patrimoine de l’ancienne ferme Fremaux, toujours propriétés de la famille.

Ces terrains sont pourtant repris par la ville qui, en 1955, cède l’espace jouxtant le stand de tir au service intercommunal des eaux de Roubaix-Tourcoing, tout en conservant une vaste parcelle située le long des voies ferrées et traversée par l’ancien chemin qui reliait la ferme de l’Espierre et celle qui borne aujourd’hui la zone commerciale d’Auchan Leers. Ces terres ne vont pas être cultivées très longtemps, puisqu’on y installe une décharge municipale dont se plaignent rapidement les riverains.

La décharge du Carihem Photo Nord Éclair

Cette décharge est pourtant amenée à disparaître, car on forme en 1972 le projet d’aménager cette zone en espace vert, et d’y créer un terrain de loisirs. On entoure le terrain d’une clôture, on nivelle et on nettoie l’ancienne décharge en profitant d’une aide financière du ministère de la protection de la nature et de l’environnement, dans le cadre de la restauration du paysage urbain. Ce « mini parc Barbieux » pourrait également permettre d’agrandir l’espace dévolu à la colonie de vacances du centre aéré situé de l’autre côté de la voie ferrée…

Photo la Voix du Nord

On construit donc des installations sanitaires et divers équipements pour les enfants du centre aéré, mais on envisage également, parallèlement à la création d’un espace vert planté d’arbres, l’implantation de terrains de football destinés à l’entraînement, mais qui pourraient également être mis à la disposition du public. On s’oriente donc vers une vocation mixte pour le parc : sports et loisirs y cohabiteraient. Un square est d’abord aménagé au coin des rues de Carihem et du stand de tir pour desservir les collectifs récemment construits de l’autre côté de cette dernière rue.

Document Nord Matin

 Une couche de terre végétale est répandue sur le reste du terrain, qui est ensuite engazonné. On pense réserver deux hectares pour les terrains de sport, et les quatre restants pour la détente. Au final, au lieu de terrains de football et d’une zone de loisirs, on se trouve aujourd’hui devant un ensemble complètement dévolu au rugby, mis à part le square déjà réalisé, qui continue depuis lors à accueillir régulièrement sur ses  bancs les mamans et leur progéniture.

Le square fleuri Photo Jpm

Rénovation au Carihem

Début 1980, l’Office public des HLM a deux projets dans ses cartons : réhabilitations au Carihem et au Nouveau-Roubaix. Mis en location en 1964, pour le relogement d’une partie des habitants des Trois Ponts d’avant l’actuelle cité, le groupe du Carihem, qui représente 228 logements s’est dégradé. Ce qui a entraîné le départ d’un grand nombre de locataires. De quoi s’agit-il exactement ? D’abord il faut remédier aux problèmes de chauffage par des travaux d’isolation thermique. Il faudrait ensuite améliorer le confort de ces logements : refaire les entrées, installer des baignoires, revoir les revêtements de sol, améliorer l’isolation acoustique des appartements, et remettre aux normes de sécurité les installations électriques.

Le Carihem en 1980 Photo Nord Éclair

Qui dit travaux, dit financements. Il y a près de 14 millions de francs à trouver. Le montage se fera de la manière suivante : 10% par les HLM, 50% par l’Etat, 10% par la communauté urbaine, une participation du Conseil régional à déterminer. Un prêt de 11% auprès du CIL et le reste financé par un prêt de la Caisse d’épargne de Roubaix.

Qui dit investissements, dit hausse des loyers pour les locataires. Là encore, un dispositif de compensation est prévu, les locataires auraient droit à l’A.P.L. (aide personnalisée au logement) à laquelle ils n’avaient pas droit jusqu’ici.

Les loyers de cette époque au Carihem sont les plus bas de l’Office de 350 francs pour un type 1 à 756 francs pour un type 5, charges comprises. La hausse serait donc compensée : un peu plus de la moitié des locataires verront leur loyer diminuer de 30 à 60 francs, un quart paieront entre 0 et 120 francs par mois, et un dernier quart de 120 à 300 francs par mois. On escompte également près de 35% d’économie de consommation de fuel suite aux travaux d’isolation thermique.

Travaux de réhabilitation engagés en 1980 Photo Nord Éclair

Certains locataires n’ont pas attendu l’office HLM pour faire des travaux à leurs frais dans leur appartement. S’il est avéré que ces travaux font faire des économies, ils seront chiffrés et feront l’objet d’un crédit de travaux pour effectuer une autre amélioration dans le logement concerné.

La présentation de ces décisions a été faite aux locataires par lettre individuelle et par une assemblée générale. Il semble qu’elles aient trouvé l’agrément des locataires, qui ont pu par la suite choisir la couleur de la peinture des paliers, ou le papier peint à coller dans les pièces en pignon dont les murs sont affectés par les travaux d’isolation thermique.

En plus des aménagements intérieurs, il est prévu d’aménager un terrain de football et de tracer des aires de stationnement pour les voitures. Un chemin piétonnier vers la station de bus est également prévu. Les travaux ont commencé en septembre 1980 et ils dureront un an.

D’après Nord Éclair

Le serpent de mer piétonnier

Le chantier du secteur piétonnier et de l’aménagement des voies a été divisé en quatre tranches pour gêner le moins possible les automobilistes. Dans un premier temps, on s’occupe de la chaussée latérale entre la Place de la Liberté et la rue Pierre Motte. On est en mars 1977, cette partie du chantier doit durer deux semaines.

Travaux sur les boulevards Photo Nord Éclair

Dans un deuxième temps, trois semaines de chantier encore, on attaque l’autre latérale dans le sens Lille Wattrelos, puis dans un troisième temps, on passera à l’aménagement du terre plein. Le site propre du Mongy sera doublé pour recevoir les bus, et l’opération doit durer un mois.  Quatrième opération, l’aménagement de la Place de la Liberté du côté de la Banque de France.  Il n’y aura plus qu’un seul sens de circulation pour la Place de la Liberté, vers le boulevard Gambetta, seuls bus et Mongy iront dans l’autre sens. Tout cela sera terminé fin juin. D’ici là, apparaîtra un terre plein de fleurs planté par la ville, et on prévoit les arbustes pour l’automne. On parle de refaire un syndicat d’initiative à la place de l’ancien, tout en verre et plus grand. Les dallages seront de type mosaïque dans les passages piétons et de style grain lavé ailleurs, et les commerçants disposeront de vitrines présentoirs. On disposera quelques bancs, et l’éclairage sera modernisé. A ce moment, pas de date prévue pour l’inauguration.

Travaux Place de la Liberté Photo Nord Éclair

 En Mai, on aménage le côté des magasins de la Place de la Liberté. Après en avoir ôté le revêtement bitumé, on délimite l’aire du Mongy, ainsi qu’un couloir réservé aux bus de six mètres de large et un trottoir chaussée de six à dix mètres pour les piétons. Un dallage spécial remplace le bitume. A présent, on attend la fin des travaux pour fin juin. Pendant les vacances les services de la mairie garniront de terre la bande centrale, de la rue Henri Dunant à la rue Pierre Motte, et on ré emboisera à la Ste Catherine, où tout prend racine. On prévoit des jardinières de fleurs Place de la Liberté.

Le nouveau secteur piétonnier, vu de la Grand Rue Collection privée

 Tous ces aménagements entraînent des modifications pour le plan de circulation. Provisoires, comme l’interruption de la circulation et du stationnement, et plus durables comme les sens uniques, ou les interdictions de tourner à droite dans la Grand rue venant de la rue du collège…En Août, des petits murets sont apparus sur le terre plein du boulevard Leclerc pour contenir les terres des décorations florales. Quelques soucis, dus au séchage de la coulée de béton et du dallage, et à la fuite d’eau de la fontaine qui va décorer le secteur piétonnier. Comme le séchage des dalles prend plus de temps que prévu, on dévie la circulation et cela crée des engorgements au rond point de l’Europe. Mais on a commencé la traversée piétonnière entre la Place de la Liberté et Roubaix 2000. En Septembre, c’est le temps des embouteillages, mais l’inauguration est prévue pour bientôt…

Le nouveau secteur piétonnier vu du boulevard Leclerc Collection Privée

 Enfin, l’inauguration du centre piéton roubaisien intervient le 17 septembre. Exceptionnellement, tous les magasins sont ouverts le dimanche, près d’une trentaine de commerces, parmi lesquels les vêtements Marchand frères, le chemisier Violette, pour citer les anciens de la rue de Lannoy, et le cinéma le Casino et sa deuxième salle le Club. Une semaine d’animation s’ensuit à grand renfort de montreurs d’ours, de cracheurs de feu, de jongleurs, de charmeurs de serpents, de marionnettes. Une après midi est consacrée au troisième âge avec un orchestre, et de nombreux jeux sont proposés aux enfants.

Le nouvel accès piétonnier entre la Place de la Liberté et Roubaix 2000 Collection privée

Présentée comme le renouveau du commerce roubaisien, cette initiative d’urbanisme est fêtée comme il se doit. Petit bémol, le maire Pierre Prouvost se demande où est passée la promesse communautaire du parking de la rue Pauvrée. Arthur Notebart, le Président de la Communauté urbaine réaffirme son soutien à l’opération et signifie qu’il n’est pas l’homme qui change l’eau en vin. Les deux hommes consacrent ensuite le mariage entre la ville de Roubaix et la communauté urbaine en visitant le secteur piétonnier. Cette opération de rénovation ne sera pas la dernière, mais elle transforme durablement l’environnement et les conditions de circulation du centre de Roubaix.

Quand Darty vint à Roubaix

C’est au début du mois de juillet 1976 que l’on apprend la fermeture prochaine du magasin Monoprix rue Pierre Motte à Roubaix. Cette décision a été prise au cours d’une réunion avec le comité d’entreprise. Cette surface commerciale de 1300 m² avec son parking emploie alors une cinquantaine de personnes. La raison de la fermeture, c’est la baisse du chiffre d’affaires, due à l’ouverture récente d’un supermarché Auchan dans le centre commercial Roubaix 2000. Mais le Monoprix de la rue de Béthune à Lille fermera également avant la fin de l’année. L’arrivée de la société Darty sur les deux sites Monoprix, à Lille et à Roubaix, est annoncée par voie de presse en août 1976.

 L’histoire de la société commence en 1957, lorsque trois frères, Nathan, Marcel et Bernard Darty, commerçants en textile, rachètent le bail d’un magasin d’électroménager voisin pour agrandir leur surface commerciale. Suite à la vente du stock de ce magasin, Bernard Darty et ses frères décident d’abandonner le textile pour se lancer dans la vente d’appareils électroménagers. Jusqu’en 1966, l’entreprise familiale se développe avec la création d’un entrepôt à Bagnolet et un autre magasin en région parisienne. En mai 1968, la première grande surface Darty voit le jour à Bondy. Le fameux « contrat de confiance » créé en 1973, qui inclut un service de garantie après vente, établit la renommée et le succès commercial de la chaîne de magasins. Dès 1976, Darty entre en bourse et développe son concept en région.

La dernière animation commerciale de Monoprix, sur son parking en avril 1976 Photo Nord Éclair

Darty en 1977, c’est 28 magasins en France. Après la région parisienne, et la région Rhône Alpes, c’est dans le Nord que la société n°1 de vente de téléviseurs, de radios, d’électroménager et de Hi Fi vient s’installer. En avril 1977, Darty ouvre simultanément trois magasins : à Lille, rue de Béthune dans le secteur piétonnier, à Englos dans le centre commercial et à Roubaix, 15 rue Pierre Motte, et ses horaires sont les suivants : du lundi au samedi de 9 h 30 à 20 heures 30 sans interruption. A l’époque, sur ce créneau, le magasin d’électroménager à Roubaix, c’est Scrépel Pollet, dans la Grand Rue.

Le magasin Darty de Roubaix à son ouverture Photo Nord Eclair

 La formule Darty : des prix bas toute l’année, une livraison gratuite des appareils et un dépannage rapide, 7 jours sur 7. Dans les années 2000, Darty représente plus de 200 magasins en France et au Luxembourg, plus de 10 000 salariés et plus de 400 camionnettes jaune et bleu qui sillonnent les routes. L’entreprise n’appartient plus à la famille, depuis 1993, la société Darty est entrée dans le groupe britannique King Fisher. Aujourd’hui, elle est présente sur différents créneaux : multimédia, téléphonie, image et son.

Darty en 2013 Photo PhW

 La presse vient d’annoncer la fermeture du Darty roubaisien au printemps 2013. Quelle sera la nouvelle enseigne du 15 rue Pierre Motte ?

De la poste à l’IUT

C’est en janvier 1928 que M. Robert receveur principal, fait l’ouverture du nouvel hôtel des postes au public. Imposant par sa taille son style néo-flamand et par la dimension de ses services, cet immeuble accueillait les derniers perfectionnements de la science de l’époque : ascenseurs puissants, monte-charges électriques, monte-télégrammes pneumatiques, toboggans pour la descente du courrier…Il comportait une vaste salle pour l’accueil du public, et derrière les guichets une grande salle pour le tri du courrier par les facteurs. Un service de boîtes postales digne d’une grande ville, environ un millier, une salle de six cabines téléphoniques ouverte jour et nuit, une salle de télégraphe. L’immeuble est vaste ce qui contraste fort avec l’ancienne poste de la rue du Curé.

L’hôtel des postes, peu après son ouverture Collection Médiathèque de Roubaix

 On sait dès l’année 1967 qu’il est question de construire une nouvelle poste sur l’emplacement de la place des Halles, à l’époque occupé par le Lido, centre de transit entre la rue de Lannoy et le futur centre commercial Roubaix 2000. La ville souhaite transformer le grand immeuble postal en centre culturel, où s’installeraient la bibliothèque municipale, des salles de conférence et de réunion au deuxième étage, un musée au troisième, et le musée du folklore au quatrième. Petit bémol, les édiles de l’époque préfèrent parler de conservatoire des arts et traditions populaires. Les amis du Musée qui militent depuis longtemps pour un établissement de ce genre, relancent leurs appels pour enrichir le fond et annoncent déjà des animations telles qu’expositions de peinture, section philatélie…

La poste des années cinquante Collection Médiathèque de Roubaix

L’accord pour construire une nouvelle poste intervient en avril 1970, mais c’est seulement en 1975, soit deux ans après le démontage du Lido, que l’on reparlera de construire une autre poste, qui ouvrira le lundi 12 décembre 1977. La question du devenir de l’ancien bâtiment reste donc posée. Donné à la ville en l’échange des terrains nécessaires à la construction du nouvel bâtiment postal, ce bâtiment a besoin de travaux d’aménagement. La ville pense en faire à ce moment une maison des associations locales. En mars 1980, c’est toujours une friche administrative. On sait le montant des travaux d’aménagement, près d’un million et huit cent mille francs, et la ville a entrepris de faire restaurer la toiture. Les projets sont toujours les mêmes : carrefour pour les associations, centre de développement culturel, pouvant accueillir divers groupements artistiques, comme la compagnie de marionnettes de Jacques Vincent. Puis on parle de l’aménager en mini centre tertiaire, dont les bureaux seraient rétrocédés à des sociétés privées. En octobre 1980, le projet d’aménagement en maison des associations est retenu pour un concours organisé par l’état via le ministère de l’environnement intitulé architectures publiques.

Sont alors envisagés une salle de réunion de 150 places, une salle d’exposition, un centre de documentation et d’information, une cafétéria, des salles banalisées à la disposition des associations, des locaux affectés à des associations ayant des besoins particuliers (photo, audio visuel, poterie). L’état finance 50% de l’étude et si le projet est retenu, le fonds d’aménagement urbain participerait à hauteur de 35%. Si la ville s’est engagée dans l’étude, elle ne l’est pas pour les travaux. Le bâtiment étant en très mauvais état, il n’est pas impossible que la ville le revende.

L’hôtel des postes devenu IUT Photo Michel Farge

Les travaux de rénovation commencent en 1982 par la réfection de la toiture et ils se termineront en septembre 1984. A cette date, malgré une capacité d’accueil potentielle de 45 associations, la municipalité d’André Diligent estime que trop peu sont intéressées à l’occuper, il est donc décidé d’accueillir les étudiants de l’Institut Universitaire de Technologie C de Lille II (carrières juridiques, judiciaires et techniques de commercialisation), créé en 1974 à Villeneuve d’Ascq. Une aubaine pour Roubaix, qui est la capitale de la vente par correspondance. Les premiers étudiants en Management de la Distribution arrivent en décembre 1985. C’est en novembre 1986 que le ministre de l’éducation nationale de l’époque René Monoury viendra visiter un IUT de 500 étudiants sous la conduite de son directeur, Monsieur Werrebrouck.