Grand Marché Grand-Rue

Le magasin A la Pensée au CP Méd Rx
Le magasin A la Pensée au CP Méd Rx

L’entrée de la Grand Rue, côté pair, va bientôt accueillir une nouvelle surface commerciale. Il y a cinquante ans s’ouvrait au même endroit un magasin ultramoderne, le Grand Marché. Avant d’évoquer cet événement, il faut revenir sur la constitution de cet ensemble, n°4 à n°12, qui est bien antérieur, et que les roubaisiens ont mieux connu à une époque sous l’enseigne A la Pensée.

Le magasin Loucheur est créé en 1871 au n°10 de la Grand-Rue, c’est une mercerie tenue par le couple Loucheur-Facques. L’affaire se développe et le magasin se double du n°12, avant 1889. En 1895, le magasin de mercerie et d’articles de mode Loucheur-Facques s’est encore agrandi, il occupe désormais les n°8 à 12. En 1908, la société Loucheur Facques fait démolir la maison située au n°6 de la Grand Rue autrefois occupée par une chapellerie, et qui lui appartient, et fait reconstruire pour compléter le magasin. C’est la génération suivante, sous la raison sociale de Loucheur et fils, qui réalisera l’ensemble que nous connaissons de nos jours, du n°4 au n°12. Après la grande guerre, l’établissement Loucheur frères est un magasin de lingerie. On ne sait pas exactement quand l’enseigne « à la pensée » est apparue, mais certains cartons publicitaires l’emploient dès la première génération Loucheur Facques.

Buvard publicitaire Doc Méd Rx
Buvard publicitaire Doc Méd Rx

En 1953 le magasin est toujours au Ravet Anceau, mais dix ans plus tard, il va changer d’apparence et de vocation. En effet, en 1963, la société Loucheur propose sa nouvelle enseigne, un peu inspirée de son voisin de toujours le Bon Marché, située au n°2 de la Grand-Rue. Mais il s’agit de bien autre chose. Il est 14 heures, le 9 septembre, quand  le Grand Marché ouvre ses portes au public. On assiste à la création d’un grand magasin populaire proposant des articles de nouveautés, de bazar et d’alimentation générale, sur 1000 m² de vente, sur deux étages et autant de surface réservée aux stocks. Ce qui rompt avec la vocation première des établissements Loucheur. Un escalator permet l’accès à l’étage où se trouvent les produits d’alimentation, sous la forme d’un libre service avec des caddies. On y trouve boucherie, charcuterie, primeurs, produits laitiers.

Le Grand Marché sera inauguré le mardi 17 septembre 1963. Le directeur général de la société M. Michel Brémard et ses collaborateurs MM Brière directeur administratif, Pigny directeur commercial, et De Hooghe directeur du magasin, accueillent les personnalités au cours d’un cocktail. MM. Brière, Jacques Motte, président de la chambre de commerce, et Liébart président de l’union des commerçants du centre, rendent hommage au nom bien connu de Loucheur, à la transformation du magasin (impossible de reconnaître les lieux, selon l’un d’entre eux) et à l’évolution constante de Roubaix. Le Grand Marché fut donc officiellement installé à cette date. L’architecte de cette réalisation est le tourquennois M. Forest, et le chantier a mobilisé quelques entrepreneurs roubaisiens, parmi la quinzaine d’entrepreneurs cités : la Société Noral (41 rue Pellart) pour le bardage de façade en alliage léger, les carrelages Bonnet (158 rue de Lannoy), les Ets Jackson & Delbar (232 rue Edouard Anseele) pour l’installation du chauffage, les Ets Delannoy et Deparis (81/83 rue de l’Hommelet) chauffage et plomberie, les Ets Deschepper (63 rue de Béthune) menuiserie, aménagement intérieurs, l’entreprise Bourgois (30 rue du Trichon) couverture et plomberie, l’entreprise Zurawski (28 boulevard d’Armentières) plâtrerie et cimentage, les Miroiteries Gekière (56 rue St Hubert) miroiterie et portes en glace sécurit, et l’entreprise Fernand Gilmant (rue de Beaumont) peinture.

Vues de l’intérieur du Grand Marché Photos Nord Éclair

Le début des années soixante correspond à la période de création des supermarchés. Ainsi Auchan est-il apparu dans les quartiers sud en 1961. La Grand-Rue était alors une importante rue commerçante, qui possédait déjà son Minifix, sur le même trottoir que le Grand Marché, une vingtaine de numéros plus loin. Sans oublier le Monoprix de la rue Pierre Motte, ces deux dernières moyennes surfaces étant présentes depuis 1953, au moins. Que dire de la concurrence ainsi créée ? Au moment où nous rédigeons ces lignes, nous ne savons pas encore quand le Grand Marché a cessé de fonctionner. Il figure encore au Ravet Anceau de 1973. Les 3 Suisses vont occuper un temps cet emplacement. Qui va prendre le relais ? Cela rendra-t-il à la Grand-Rue plus d’attractivité ? Comment cette activité complétera-t-elle les commerces déjà existants ? Toutes ces questions se posaient déjà en 1963.

Les premières publicités du Grand Marché Nord Éclair

 

 

La ferme de Maufait

Située près du chemin de Lannoy, cette ferme était « Une des censes le plus considérables du pays » selon Th. Leuridan. Elle appartenait à l’origine aux seigneurs de Roubaix. Comme toutes les grosses fermes anciennes de Roubaix, elle est entourée d’un fossé. Celui-ci est alimenté par un ruisseau – le courant de Maufait – venant des Hauts champs et se jetant dans l’Espierre après avoir traversé le hameau des trois ponts. Ses vastes bâtiments enserrent une cour centrale. La cense est reliée par un chemin rectiligne qui se détache perpendiculairement de la rue de Lannoy. Les membres de la famille Lezaire l’exploitent au 17ème siècle. Elle appartient, au siècle suivant, à la famille Delcourt, dont on retrouve un représentant en la personne de Jean Baptiste Delcourt, né en 1761, époux de Marie Catherine Chombart, et qui exploite la ferme en 1820 avec ses cinq enfants et dix domestiques. Il en faut des bras pour un tel domaine !

Carte 1899

Le censier est signataire en 1830 de la pétition qui dénonce les différences de traitement entre les habitants du bourg et les fermiers des alentours, opposant Roubaix-ville et Roubaix campagne. On retrouve les Delcourt jusqu’au recensement de 1851 : Cette année là, le fils de Jean Baptiste, Théodore, tient la ferme, dont le propriétaire est alors un Bridé de la Grandville. Gustave Eugène de Gennes héritera ensuite du domaine, représentant alors 49 hectares, qu’il revendra en 1867 à Joseph Vincent Leconte-Baillon.

Les héritiers Leconte-Baillon constituent en 1900 une société chargée de vendre la propriété, exploitée depuis 1869 par Alexis-Joseph Pollet, né à Sainghin en Mélantois en 1820, époux de Marie Desquiens, moyennant un fermage de 8000 francs par an. La propriété est alors reprise par la ville qui accumule alors les terrains dans le quartier pour y réaliser des équipements collectifs, tel l’hôpital de la Fraternité. Elle rachètera également les terres de la ferme de l’Espierre, située non loin de là. Alexis Pollet va exploiter la ferme jusqu’en 1895, et décédera un an plus tard à Hem, où son fils Joseph Désiré a repris une ferme.

Un descendant des anciens censiers, M. Denis Lezaire, brasseur à Loos, a fait prendre par le photographe M. Brulois une série de clichés de la ferme.

La ferme

Le Journal de Roubaix, dans un article de 1910, relate la démolition de la ferme. L’article précise que La maison Devernay et Tiberghien, boulevard Beaurepaire, en est chargée. Elle mettra en vente les vieux matériaux. Une photo aérienne 1932 nous montre que la ferme est remplacée par des jardins, probablement ouvriers.

Photo IGN

On voit sur la photo que la rue de Maufait a été prolongée, mais elle ne recevra sa chaussée définitive entre la rue St Hubert et l’avenue Roger Salengro que dans les années d’après guerre, époque à laquelle on trace la rue Schumann (appelée à l’époque la rue Yolande). Les terrains sont mis à la disposition du CIL qui va y implanter les lotissements qu’on retrouve aujourd’hui.

Photo Delbecq
Photo Jpm

Le site où se situait la ferme près de cent ans plus tôt.

Les documents proviennent des archives municipales.

 

Travaux sur le pont

Le pont Saint Vincent d'autrefois, vu de la place de la Patrie CP Méd Rx
Le pont Saint Vincent d’autrefois, vu de la place de la Patrie CP Méd Rx

Depuis 1864, le pont Saint Vincent permettait de relier la rue Saint Vincent de Paul et la place de la Patrie, par-dessus la voie de chemin de fer. Nous évoquerons bientôt l’historique de sa création. Pour l’instant, nous allons aborder dans l’article présent sa modification, consécutive à la création de l’avenue des Nations Unies. Notons tout d’abord que le pont a pris le nom de la rue, qui lui fut antérieure de quelques années. Cent ans plus tard, le pont Saint Vincent, aux heures de pointe du matin, c’est 550 véhicules à l’heure dans un sens, 650 dans l’autre. Aux heures de pointe du soir, 800 dans un sens, 1.000 dans l’autre. Six kilomètres de bouchon, en moyenne.  

Le pont est aligné avec la rue de Lorraine Photo Nord Eclair
Le pont est aligné avec la rue de Lorraine Photo Nord Éclair

La réalisation d’une grande voie pénétrante entre Roubaix et Tourcoing est décidée en 1975, ce qui va entraîner un certain nombre de modifications, dont celle du pont.  Le Conseil Municipal du 16 novembre 1979 donne à la nouvelle avenue le nom de Nations-Unies. Au cours des années 1980 à 1983, les délibérations du Conseil Municipal sont abondamment marquées par les décisions prises pour le bon fonctionnement de la circulation dans cette nouvelle avenue. En Février 1982, le Pont Saint Vincent est coupé pour neuf mois, à cause des travaux pour mettre ce pont dans l’alignement de l’avenue des Nations Unies, et de la rue de Lorraine. On va également le rehausser pour permettre l’électrification de la ligne Lille Tourcoing.

Le pont est ré ouvert en novembre 1982. Photo Nord Eclair
Le pont est ré ouvert en novembre 1982. Photo Nord Éclair

Deux types de déviations mises en place : les éloignées et les rapprochées. Les éloignées, par les boulevards de Strasbourg, Metz, (Rx) des Couteaux, avenue Léon Jouhaux (Wos), pont et rue du Tilleul (Tg). Ou par les rue Carnot, de Roubaix (Tg) de Tourcoing, Collège, Grand rue (Rx). Les rapprochées : Gambetta (Tg) Alsace, Ouest, Mouvaux, Grand Chemin, ou Grand Chemin, Epeule, Arts, Boucher-de-Perthes, Mackellerie, Cuvier, Armentières, République. Après six mois de travaux, on a changé l’orientation du pont qui regarde à présent vers la rue d’Alsace (avant c’était la rue de Lorraine). On l’a aussi relevé de 80 centimètres pour permettre le passage de câbles.

L'élargissement du pont en 1983. Photos Nord Eclair
L’élargissement du pont en 1983. Photos Nord Éclair

Fin novembre, le Pont est rendu à la circulation, mais on n’en a pas fini avec lui. Il sera doublé en 1983, afin de passer les quatre voies de l’avenue des Nations Unies.

D’après l’histoire des rues de Roubaix par les Flâneurs, le journal du Comité de Quartier Fresnoy-Mackellerie, Nord Éclair

 

La pharmacie depuis 1970

Mme CLERC et Mme DOOGBAUD témoignent

 On a agrandi assez vite, en 70. C’est une pharmacie qui se développait, et il n’y avait pas assez d’espace. On a élargi la vitrine en gagnant sur une pièce et en supprimant la fenêtre correspondante. La deuxième fenêtre est devenue une porte pour les livreurs, et le bureau restait sur l’avenue Linné. On a installé le chauffage central qui n’existait pas.

1970--96dpi
L’officine en 1970 -photos collection particulière

 La façade a été agrandie, munie de deux portes, une pour la clientèle, et l’autre pour les livreurs, celle-ci donnant sur une pièce de déballage. Par ailleurs, l’espace client a été rendu plus spacieux par la suppression de la réserve attenante. Des petits comptoirs séparés ont été installés devant des armoires-tiroirs, nouveau mode de rangement des médicaments.

Plan1970-96dpi

L’aménagement dans les années 70

 En entrant dans la pharmacie, les clients avaient, sur la gauche, une partie en libre-service, signalée par « servez-vous », et une gondole tournante. A l’arrière, la petite cour couverte servait de réserve et de vestiaire pour le personnel. Les lois avaient évolué, et c’était devenu obligatoire.

1970-vitrine-96dpi
La vitrine dans les années 70 – photo collection particulière

 Au début des années 1980, on a créé une SCI, et on a racheté de l’immeuble, pour agrandir les locaux. On n’a pas touché à la façade, mis à part la modification du bandeau et l’ajout d’un pare-soleil : sur cette place il faisait très chaud ; on a aussi installé la climatisation, peu après. On a installé un escalier intérieur pour communiquer avec l’étage.

Au premier on a aménagé le préparatoire, le bureau et les réserves, ainsi qu’une chambre pour la garde. La réception des commandes continuait à se faire en bas. On a essentiellement fait des travaux à l’étage ; le rez -de- chaussée est resté inchangé, mise à part l’installation d’une réserve dans l’ancien bureau. A l’étage, il y avait le bureau sur la droite, puis la chambre pour la garde, le préparatoire sur la gauche suivi des réserves.

Plan etage-96dpi

Le plan de l’étage dans les années 80

 Auparavant, au premier, il y avait deux locataires, dont une vieille dame, qui y était déjà en 1936. On n’a jamais utilisé le deuxième étage. En 1990, on cède la pharmacie à M. Challiez. Il a racheté les murs par la suite. Il a pris sa retraite et a cédé aux pharmaciennes qui y sont actuellement. Depuis, il y a eu d’autres transformations, et, en 2013, la pharmacie a été transférée à la place du garage attenant.

La grande transformation aussi a été le passage du manuel à l’informatique dans les pharmacies. On l’a subi aussi… On a mis deux postes de travail pour la saisie. C’était imposant, ça prenait beaucoup de place. Je vois encore les gens qui me disaient « je suis dans l’ordinateur ! ». Au début, on a eu beaucoup de mal à s’adapter, ayant eu peu de formation. On a appris vraiment sur le tas. Mais on y est arrivé, parce qu’il le fallait bien. Il fallait tout entrer au clavier et ne pas oublier de sauvegarder chaque soir : il ne fallait surtout pas perdre le fichier clients !

C’était un handicap commercial, parce qu’on était tellement pris qu’on avait moins de temps pour écouter les patients. Ceux-ci devaient attendre. La carte vitale n’existant pas, on prenait une photocopie des renseignements concernant les assurés, qu’on entrait dans l’ordinateur par la suite. Ceci a modifié le temps de travail de la secrétaire qui est passé d’un mi-temps à un temps plein.

aspro-96dpi
Document Nord-Matin – 1952

La disparition du petit Degas

Quand le pôle ressource Laennec ouvre en décembre 2008, le « petit Degas » était encore debout à côté du « grand Degas ». Le « petit Degas », c’est-à-dire le plus petit des deux morceaux suite à la première ouverture du bâtiment Degas pour le passage du prolongement de la rue Marlot (voir article antérieur sur ce sujet dans le blog). Il a été progressivement vidé de tous ses locataires.

Le petit Degas en passe d’être démoli Coll Particulière

En 2009, on l’a détruit afin de construire de jolies maisons avec jardins et garages. Beaucoup de vieux et de beaux arbres ont disparu, mais la qualité de vie des habitants s’est beaucoup améliorée dans leurs nouveaux logements. Puis ce fut le tour de grand terrain de football de disparaître, afin d’y construire le même type de logements, rue Charles Pranard.

Les nouvelles maisons de la rue Degas Coll Particulière

Ensuite on a attaqué la démolition des entrées C et D du « grand Degas » afin d’ouvrir une percée vers l’avenue Motte. Il y a eu beaucoup de débats autour de cette trouée, suivant les souhaits des uns et des autres. Certains voulaient des parkings, d’autres des jardins potagers, et pire encore, on envisageait d’y faire passer une ligne de bus.

Le grand Degas avant Coll Particulière

La percée a été réalisée, ce qui aère l’espace de vie, et le projet de passage d’une ligne de bus a vu le jour, du côté de la rue Michelet.

Les nouvelles maisons rue Pranard Coll Particulière

Merci à Patricia pour le texte et les illustrations.

 

 

 

Evolution de l’école

L’école du Moulin, terminée en 1867, est amenée à évoluer : En 1876, on construit à l’arrière du terrain, sur la rue du Général Chanzy, un gymnase municipal et un stand de tir. Le gymnase est utilisé notamment par les sapeurs-pompiers qui y pratiquent des activités sportives.

Photo Jpm

 En 1885, le chef des sapeurs pompiers demande la libre disposition du jardin de l’école pour pouvoir compléter l’entraînement de ses hommes par des exercices d’incendie. En 1886, on installe provisoirement les cours de dessin de l’école nationale des arts industriels (hébergée à ce moment à l’institut turgot) dans des locaux inoccupés de l’école.

Puis l’école devient publique et les frères qui la dirigeaient sont remplacés par des instituteurs laïcs. M. Dazin en devient le directeur et fonde en 1887 l’amicale du Moulin. Celle-ci procède l’année suivante à la première distribution de vêtements aux élèves grâce à une donation de 150 franc or. Cette tradition s’est perpétuée jusque dans les années 50. En 1894 La municipalité décide la création d’une cantine pour les écoles des rues du Moulin et de Chanzy.

En 1903, M. Dazin se voit retirer son jardin qu’il cède à la ville contre un dédommagement de 400F. Au décès de M. Dazin, c’est M. Dhermes qui le remplace comme directeur et M. Seynave qui prend la présidence de l’amicale. En 1905 M.Thaisne succède à M.Dhermes. La présidence passe à Clovis Segard, qui gardera ce poste pendant 31 ans ! Les directeurs se succèdent : Mlle Harcqz en 1908, puis Mme Dumoulin, M. Taisne, Mlle Prum, Mme Doleans en 1932, Mme Despretz, Mlle Clochez et enfin M. Joly juste avant la guerre. Après la libération, M. Dumez prend la direction de l’école et M. Foelix la présidence de l’amicale. Ils sont remplacés par M. Renand-Bouchez qui dirige l’école et préside l’amicale. Celle-ci compte en 1952 260 membres. En 1955 l’adresse de l’école passe de la rue du Moulin à la rue du général Chanzy. L’entrée des élèves se fait dorénavant par une porte à côté du gymnase.

L’école, alors quasi centenaire, est rénovée en 1963. Un article de Nord Matin nous détaille les travaux : restauration des façades avec modification des fenêtres, galerie de desserte des classes, vestiaires, réfectoire installé dans un nouveau bâtiment, escalier de secours, réfection de la cour, du préau et des installations sanitaires, rénovation du chauffage et de l’éclairage…

Les travaux – Photo Nord Matin

 Le bâtiment donnant sur la rue du Moulin ne sert bientôt plus aux besoins scolaires. Il abrite désormais plusieurs locataires, et, à partir de 1965, au rez-de-chaussée s’installent au 34 les meubles Vanovermeir, qu’on retrouvera jusqu’en 1974.

Photo Jpm

 Le Gymnase accueille jusque dans les années 60 les activités de la société sportive « la Roubaisienne ». On trouve à la direction de l’école successivement MM. N.Bailleul, P.Delins, Cl. Drumez. Au début des années 2000 l’école ferme ses portes. Ses locaux abritent alors l’inspection académique. Pourtant, dans la deuxième partie des années 2000, une école maternelle s’y installe à nouveau. Elle s’y trouve toujours et perpétue une tradition vieille de près de 150 ans.

Photo Jpm

La naissance de la sainte Famille

C’est le 11 janvier 1949, que le Cardinal Achille Liénart, Evêque de Lille, confie à l’abbé Alfred Potdevin la charge de fonder une paroisse dans le quartier du Hutin à Roubaix. Sous le vocable de la Sainte Famille, va naître cette nouvelle communauté chrétienne, entre le canal, le cimetière de Roubaix et Wattrelos. Investi de cette « incroyable mission », à vélo et avec entrain, l’Abbé Potdevin parcourt le quartier, qui est riche de plus de 3.000 habitants, afin de faire connaissance avec ses ouailles, et d’annoncer la bonne nouvelle : la construction d’une église dont la réalisation dépendra de leur bonne volonté. Sa parole est entendue, puisque de nombreux futurs paroissiens répondent favorablement à son appel.

L’abbé Alfred Potdevin Photo Collection Particulière

Quatre ans après la fin de la seconde guerre mondiale, le quartier bénéficiait du renouveau et du plein essor de nombreuses entreprises : la Lainière, rue d’Oran, le peignage Amédée Prouvost, rue de Cartigny, Dubar-Delespaul, Pennel et Flipo, Gallant  rue d’Alger, Olivier rue de Constantine, Lestienne, rue du Caire, Clarel rue Delespaul, pour ne citer que les plus importantes. On parlait de la future construction d’immeubles : en 1954, les appartements de la rue d’Oran, puis la cité des dominos, les appartements de la rue du Caire. Un peu plus tard, les premières tours, dont la tour du Hutin.

A cette époque la marche était pour la plupart le seul moyen de locomotion ! Pour assister à la messe dominicale, il fallait se rendre à l’église du Sacré Cœur boulevard de Strasbourg (aujourd’hui disparue) ou à Saint Vincent de Paul (aujourd’hui reconstruite). Comme il fallait agir dans l’urgence, la première messe fut célébrée le 1er février 1949, dans une maison de la rue Mazagran. Mais tout ceci ne pouvait être que provisoire, et nécessitait qu’on voie rapidement plus grand. L’Eglise se mit donc en marche, et c’est le 3 avril 1949, soit moins de trois mois après la naissance du projet que sera posée la première pierre. Sur le terrain allant accueillir le nouvel édifice, une foule de fidèles assiste à la messe concélébrée, parmi les officiants par le Cardinal Achille Liénart, Evêque de Lille, de Monseigneur Henri Dupont, Evêque auxiliaire, de Monsieur l’Abbé Alfred Potdevin, et de Monsieur l’Abbé Jacques Testelin.

L’événement dans la presse en mai 1949 Nord Éclair

Rendez-vous fut pris, trois mois plus tard, pour l’inauguration ! C’est un « sacré défi » que vont relever les membres de cette nouvelle communauté. Tout le monde s’investit tant financièrement que physiquement. C’est à celui qui achète le plus de briques, le plus de ciment, qui fournit le plus d’outils, qui se découvre de talents de manœuvre, de métreur, de maçon, de menuisier, de vitrier, de plombier et de couvreur. Les épouses et les mères assurent l’intendance. C’est une histoire de famille ! Une trentaine de gamins cassent, sans se lasser, des pierres nécessaires pour réaliser le sol de l’église et sur lesquelles sera coulé le béton. Les scouts charrient des brouettes de cailloux, de sable et de ciment sous la houlette des « chefs de chantier ». Tout se fait dans la joie et la bonne humeur, avec la même motivation pour tous. Mi-juin, le gros œuvre est déjà terminé, mais c’est le 23 juin 1949 que fut baptisée la Cloche Madeleine-Françoise, conçue et fondue, également dans le quartier. Le cérémonial se déroule selon les rites et tous les paroissiens bénéficient de la traditionnelle distribution de dragées.

La Cloche Madeleine-Françoise Photo PhW

Ce pari fou qui paraissait irréalisable pour certains, a été tenu, car le 3 juillet 1949, soit trois mois, jour pour jour, après la pose de la première pierre, l’église a été inaugurée, pleine de ces hommes et femmes qui ont cru et ont pris part à sa création. Seul le fronton, et quelques fenêtres, restaient à poser.

Le Cardinal Liénart se rendant à l’inauguration de la sainte Famille Photo Collection Particulière

Ce fut la fête dans le quartier. Les enfants, tout de blanc vêtus, les scouts, la fanfare, le clergé, les laïcs, ont parcouru les rues du quartier avant de se rendre à la Sainte Famille pour participer à la première messe. A l’issue de la cérémonie, le Cardinal Achille Liénart a remercié les bâtisseurs d’amour et de paix, en rappelant que c’est au milieu des actes de votre vie que s’accomplit l’œuvre de votre salut. Cette citation sera reprise par Monseigneur Adrien Gand, lors de la messe célébrée en plein air, pour le vingtième anniversaire de la paroisse en 1969, qui fut suivie d’un repas où tous les fidèles furent conviés.

La Chapelle de la Saint Famille CP Collection Particulière

 

Merci à Micheline Masure-Cagnet pour ce magnifique témoignage, et ce n’est qu’un début !

Embranchés rue de l’Ouest

Après l’établissement de l’embranchement desservant l’entreprise Dujardin, un autre négociant en charbons, M. Delcroix-Planquart, après accord avec la compagnie du Nord, demande l’autorisation en 1890-1892 d’établir un raccordement de voie traversant la chaussée moyennant un droit annuel de 1000 Francs. L’embranchement devra être fermé par une barrière cadenassée, sauf lors du mouvement des wagons. La ville s’oppose d’abord à l’installation de cette traversée à niveau, répugnant à concéder une partie de l’espace public à un particulier, puis finit par accepter la pose de la voie en 1893. On prévoit ici également la construction de deux cuvettes d’égout aux frais de M. Delcroix.

1892-Delcroix-96dpi
L’embranchement des établissements Delcroix. En bas, la plaque tournante d’accès

 Le négoce de charbons du 47 est repris avant la guerre les établissements Mulliez-Delcourt. On retrouvera ce commerce jusque dans les années 70. Durant cette période, la plaque tournante est remplacée par un pont à secteur visible sur la photo aérienne de 1962. On y distingue la voie qui traverse le bâtiment perpendiculaire à la rue, et qui sort dans la cour, desservie par une plaque tournante.

1962-Delcroix
Document IGN – 1962

 L’entreprise est ensuite remplacée par un casseur de voitures. En 1973, la ville reçoit une demande de démolition pour des locaux industriels situés à cette adresse. Ces locaux sont constitués de hangars et de maisons, dont une vieille bâtisse située sur la rue. On trouve aujourd’hui à cet endroit un groupe de maisons récentes, le hameau du Fresnoy.

Une autre entreprise, la scierie Moïse Rogier fait construire en 1906 un quai de déchargement pavé de 30 mètres de long sur les emprises de la gare, et des barrières permettant d’y accéder directement depuis la rue de l’Ouest. Ces barrières seront remplacées par des portes roulantes en 1923. La scierie elle-même est située plus haut dans la rue d’Epinal. Elle n’a pas changé de nom jusque dans les années 1990. Sur son quai, on a déchargé les animaux destinés à l’abattoir jusque dans les années 50-60. Après 90, ce quai a finalement été démoli pour faire place à l’école Afobat.

 1906-barriere-96dpi

La barrière d’accès

En 1923 La SNCF pose une voie supplémentaire le long de la rue de l’Ouest « pour faciliter la desserte des embranchements particuliers… ». Pour cela elle construit un mur de soutènement.

Cette même année, la société Dubois, Dhont, et Finart demande l’installation d’un portillon permettant d’accéder directement depuis la rue de l’Ouest à ses bureaux, installés sur un emplacement loué dans la cour des marchandises, moyennant la construction d’un escalier qui escaladera le talus. La société Dubois restera implantée très longtemps sur l’emprise de la gare, jusqu’au déclin de celle-ci et à la disparition de son service marchandises.

1923-Dubois-96dpi

 Autre embranché, on trouve en 1892 au 14-16 de la rue les établissements Petit père et fils, eux aussi négociants en charbon. Leurs entrepôts sont situés quai du blanc-Seau à Tourcoing.

 1892-Petit

Néanmoins, cette société se raccorde aux voies SNCF derrière la halle petite vitesse grâce à un embranchement particulier qu’on trouve représenté sur un plan de la gare de 1906 :

1906-Petit-96dpi

Dès avant la première guerre, c’est la société Lepoutre-Six qui a prend la suite. Sur l’en-tête, seuls les bureaux sont au n°16, le chantier reste situé quai du Blanc-Seau à Tourcoing. mais l’embranchement reste utilisé sur place. Une photo aérienne de 1962 semble montrer un autre chantier charbon en face, de l’autre côté rue de l’Ouest.

1962-Lepoutre
Document IGN

 Pour donner accès aux zones de stockage, en contrebas des voies, on dut faire établir un « ascenseur pour wagons » qui permettait de descendre ceux-ci depuis le niveau des voies de la gare jusqu’à celui de la rue de l’Ouest.

Lepoutre-1966-96dpi
Publicité 1966

  En 1977 on trouve au numéro au 16 les sociétés Maplex-Nord, matériel pour horticulteurs et Delespierre-Leman, correspondants SNCF, installés également au 37-39. Aujourd’hui, toute cette partie à droite de la rue a fait place à une pelouse.

 Les documents proviennent des archives municipales.

 

Les commerçants du Lido

Les commerçants du Lido ont tous adhéré à l’Union Commerciale du Centre, ce qui entraîne fin 1965 la formation d’un nouveau comité de commerçants de la rue de Lannoy restante avec l’unification des deux tronçons Belfort Guesde et Guesde Fraternité, soit 150 commerçants. Ainsi la rue de Lannoy a-t-elle survécu à l’amputation du début de son parcours.

Publicité Lido parue dans Nord Eclair
Publicité Lido parue dans Nord Éclair

Les anciens commerçants de la rue de Lannoy ont gardé tout leur savoir-faire pour l’organisation des campagnes commerciales. C’est ainsi qu’en décembre 1965, ils lancent l’opération « les dindes au champagne au Lido ». Le 1er mars 1966, à l’occasion du premier anniversaire, le géant Atlas visite le Lido, et donne le coup d’envoi des manifestations commerciales du 3 au 19 mars. Un grand concours anniversaire est lancé, « donnez votre avis sur le fonctionnement du Lido », basé sur le classement des six avantages importants du centre commercial : concentration des magasins et choix, cadre agréable, économie de temps pour les achats, magasins modernes et attractifs, pas de circulation automobile, parking attenant au centre. Nous n’avons pas trouvé le classement idéal, mais ces six critères décrivent le commerce moderne, qui anticipe bien entendu le futur Roubaix 2000.

 

Les n°4 et 12 (Roubaix ameublement)

En mars 1966, les commerçants s’expriment dans la presse. M. Gamin (au n°19 du Lido) trouve l’expérience excellente, affirme que la clientèle ancienne a suivi, et qu’une nouvelle est venue. La gare routière ELRT est toute proche, c’est un avantage, et le centre commercial présente une belle vue. Il manque toutefois une surface de stockage plus importante. M. Gazier (au n°8 du Lido) : pour les affaires, le bilan est positif, il n’y a rien de négatif dans cette opération, mais il pense déjà aux efforts pour le nouveau centre commercial. M. Duvet Dupreelle : (vice-président du Lido commerce d’ameublement) malgré un démarrage lent, nos commerces ont monté leur standing d’un cran en venant ici, mais finalement ça marche. Un point noir toutefois, l’accès difficile au Lido pour les piétons qui viennent de la rue Pierre Motte. M.Devaux (trésorier du Lido, droguerie) dit qu’il est difficile de comparer, le chiffre d’affaires est en hausse, mais les charges également. Les points forts sont la parfaite entente entre les commerçants, les magasins sont attractifs, à proximité de la bibliothèque, de la caisse d’épargne, de la mairie, de la poste. Le parking est en zone bleue, tout ça est parfait. Il faudrait cependant faciliter la traversée aux piétons de la rue Pierre Motte. M. Jankielewicz (président des commerçants du lido, vêtements) : il règne une bonne entente entre les commerçants, le bilan des affaires est positif, l’ancienne clientèle a suivi en partie, et une nouvelle est venue. Les souhaits des commerçants du Lido sont les suivants : prévoir un logement plus proche pour les commerçants, poursuivre l’éclairage tardif des vitrines, et rendre la traversée de la rue Pierre Motte plus facile.

 

N°30 (Papillon Bonte)

En 1967 Le Lido se présente comme le paradis du lèche-vitrine et du shopping, et en  novembre, les commerçants organisent « la farandole des automates » dans leurs vitrines, en quelque sorte, une promenade spectacle…Un grand tiercé gratuit des automates est organisé avec le patronage de Nord Éclair et de la Caisse d’épargne.

Les n° 31 (Lucien) n°32 (Violette) et n°18 (Nord Matin) Collection particulière

En mars 1967, les commerçants s’expriment à nouveau sur leurs affaires et la perspective du nouveau centre commercial de la rue de Lannoy. Mme Devaux (droguiste) se félicite du dynamisme et de la solidarité des commerçants du centre. L’arrivée de nouveaux locataires dans le bloc Anseele a renforcé la clientèle. La transition avec le futur centre commercial n’est pas automatique pour elle, car il faut voir les conditions financières et la situation du travail à Roubaix. Le chauffage moderne de M. Dujardin se porte bien. Le déplacement vers le centre urbain a entraîné une modification de la clientèle, on achète beaucoup moins à crédit ! Le commerçant rassure sa clientèle, les prix et l’accueil n’ont pas changé pour autant. Pour le futur centre commercial de la rue de Lannoy, n’a-t-on pas vu trop grand ? Les jeunes ne s’intéressent plus à la profession commerciale, il faut cependant de la jeunesse et du dynamisme pour un tel centre. Les établissements Blondeau (vêtements) constatent un fléchissement du pouvoir d’achat sur Roubaix, malgré un superbe équipement et le fait que les articles de qualité, bien que plus coûteux, prennent un part plus importante dans le chiffre d’affaires. Le futur centre commercial a l’avantage de regrouper tout ce que l’acheteur recherche, mais il faut voir les conditions et peut être faut-il une période transitoire pour préparer la clientèle à  changer de magasins. Jean Papillon (chaussures) signale que le Lido ne fait que progresser, la formule de l’allée à piéton est un succès. Cette expérience fait école, des représentants de la ville de Metz sont venus voir. Tous les corps de métier sont représentés, cela contribue au succès. On vient au centre en famille, ce qui n’était pas le cas avant. Il manque cependant les commerces traditionnels (boucheries, épiceries, boulangeries), dont le nouveau centre de la rue de Lannoy sera pourvu. Il faut encore faciliter l’accès aux piétons, car traverser la rue Pierre Motte n’est pas une sinécure. M. Oteman (magasin le Rouet) confirme le progrès par rapport à la rue de Lannoy, mais il se plaint des charges, de la situation locale du travail, et du fait que la vie dans le nord est plus chère qu’ailleurs. La formule Lido est payante, car il y a de nouveaux clients, mais le centre n’est pas encore assez connu. 

 

 

Soetens magasin leader de quartier

En 1946, au n°111 de la rue Jules Guesde, s’installe le premier magasin ouvert par André Soetens, âgé de 32 ans et de retour de captivité. C’est une petite boutique installée dans deux pièces à l’enseigne de « Tout pour le ménage ». On y vend des articles ménagers, de la vaisselle et de la faïence. Le commerce se développe bientôt et un deuxième magasin s’ouvre dans la rue de la Vigne, au n°10, tenu par Mme Soetens. (Il sera fermé en 1978)

Document Nord Matin – 1952

 A partir de 1966, le magasin de la rue Jules Guesde devient trop petit, mais il faudra attendre 1971 pour concrétiser le projet d’agrandissement par le rachat de l’ancienne forge attenante, celle de M. Brocvielle, le maréchal ferrant du quartier, décédé. Cette fois la surface de vente est multipliée par 5. Le décor, réalisé par l’architecte H. Hache, est complètement rénové et abrite plus de 6000 articles cadeaux « depuis les étains et faïences anciennes jusqu’aux plus récentes créations du Design » (dixit la Voix du Nord). Il est organisé en « coins shopping » et offre un important rayon listes de mariage. Son fils Patrick, qui vient de terminer des études commerciales, vient alors le seconder.

Document La voix du Nord – 1972

Une publicité de 1973 indique que le magasin est ouvert le dimanche matin. En 1978 le magasin rue de la Vigne est fermé, et l’activité se recentre sur les locaux de la rue Jules Guesde. C’est une boutique de quartier, qui continue à vendre des articles ménagers, mais qui a su, grâce à la publicité, attirer la clientèle de toute l’agglomération roubaisienne grâce à ses articles de qualité. En 1982 le magasin est spécialisé dans l’art de la table, on y propose toutes les marques de Limoges et de cristal français, l’orfèvrerie de couverts et un rayon cadeau.

Mais les temps sont durs : la fin des années 70 voit la fermeture de nombreux magasins d’arts de la table. M. Soetens explique cela par le fait que la clientèle traditionnelle est progressivement remplacée à Roubaix par une population qui ne fréquente pas ce type de magasin. Pourtant, le magasin résiste : « Nous avons tenu grâce à notre choix, à la recherche constante de la qualité, à nos conseils de véritables spécialistes, enfin à nos prix » (Nord Eclair 1982). Le magasin s’agrandit de nouveau sous la direction cette fois de l’architecte Serge Degand.

Soetens en 1982 document Nord Eclair

Les documents  proviennent des archives municipales.