La cité disparue

En 1972 la Sarhnord entame la démolition d’une ancienne usine textile, située aux n°309 à 313 de la Grand-rue. On y trouvait autrefois les industriels Bonte & Lesur et leur fabrique de tissus, puis le tissage Bonte et Cie. Un temps inoccupés, les lieux furent ensuite repris par une société de fabrication de meubles, la  société Dupont-Mobildar, à laquelle succédera vers 1970 la société de meubles Leville-Mobildar réunies, dernière entreprise sur les lieux. Un projet de lotissement, présenté comme une formule originale de logement social est alors mis en œuvre, qui sera appelé la cité de promotion. Cela fait suite à une première expérience roubaisienne qui s’est déroulée  dans la rue St Antoine, dont l’objet était d’accueillir des personnes socialement handicapées et perturbées. Il s’agit donc ici de créer une cité sur les 11.127 m² qu’occupaient les anciens établissements textiles et mobiliers. Les travaux sont menés par La Sahrnord et l’entreprise Théry d’Arras.

plan du lotissement

L’expérience débute en juillet 1974. Le CIL, le bureau d’aide sociale, la communauté urbaine de Lille, la direction de l’action sanitaire et sociale, le ministère de l’équipement se sont associés pour l’opération, et le CAL de Roubaix va gérer ce lotissement original. Cette cité se trouve donc dans le quartier de l’entrepont, et ses maisons en ciment seront construites sur un chantier détrempé par les mauvaises conditions climatiques. Une partie du lotissement est consacrée aux espaces verts, ce qui lui vaut d’être présenté comme un poumon de verdure pour l’Entrepont. Cependant la cité de promotion est un monde à part, avec son centre social avec salle de soins médicaux, et salles pour activités diverses. Elle comprend 27 logements de type F6 ou F7 pour familles nombreuses, plus 8 maisons rénovées de la rue de la Conférence, soit 32 logements proposés. Un monde à part, mais ouvert sur le quartier, car les enfants vont dans les écoles du quartier, et les habitants feront leurs courses dans les magasins du quartier.

entrée de la cité familiale

Ces  maisons hautes d’un étage, ont une surface de 110 m² au sol,  attenante à un lopin d’espaces verts. L’Orsucomn, le Pact, le Bureau d’aide sociale seront à l’origine des placements, et  l’administration du centre social sera confiée à la CAF et au PACT. Il s’agissait d’un public en très grande difficulté, et les familles étaient suivies par des travailleurs sociaux. Les témoins racontent que ces familles étaient renfermées sur elles-mêmes, coupées du monde, elles n’allaient pas vers les autres, elles étaient sauvages. Qui étaient-elles ? D’où venaient-elles ? On évoque des familles immigrées, des familles ayant connu des accidents de la vie, des familles d’origine rurale, Dès le début, en tous cas, des familles en détresse, peu acceptées par la population.

La cité familiale en 1986 Photo Coll Particulière

On se demande très vite dans le quartier pourquoi on a fait un ghetto.  Au départ, ça s’appelait la cité promotion, puis on a parlé de cité de transit, enfin de cité familiale, Les personnes ne devaient pas rester dans cette cité, elles ne faisaient que passer. De ce fait, les maisons étaient très mal tenues. Il y avait aussi la découverte de l’habitat urbain, pour une famille de la campagne, comment s’adapter à l’usage du nouvel habitat. On évoque la présence de poulets, de lapins, dans les maisons. Bientôt, il n’y a plus de permanence sociale sur place, le suivi est fait par des extérieurs.

Vue de la cité Photo Coll Particulière

On tire alors un constat d’échec : cette concentration de personnes en difficulté  est jugée inopérante. Les familles partent, ne sont pas remplacées, et on mure les maisons. La cité se vide, on commence à démolir. Quinze ans à peine après sa construction, les pavillons sont à l’état de ruine, la cité s’est transformée en terrain d’aventure pour les enfants du quartier, ou en chantier de récupération de matériaux divers, ou encore en dépôts d’ordures.  Deux ou trois locataires occupent encore les logements, assez vindicatifs. La ville met en demeure la Sahrnord de démolir, car il y a danger pour les enfants qui jouent au milieu des ruines et des gravats, La destruction de la cité est décidée en décembre 1988.

Derniers instants de la cité en 1988 Photo Nord Éclair

Quelques années plus tard, l’endroit est devenu un petit coin de nature : le Jardin de Chlorophylle,  un havre de paix, à deux pas de l’agitation de la ville. Entretenu par une structure d’insertion sociale, il est animé depuis par l’association Angle 349, qui s’applique à faire découvrir au public le milieu naturel sous ses diverses formes et à initier aux notions d’écologie, en particulier à destination des enfants.

Vue actuelle Extrait Google Maps
Remerciements aux membres de l’atelier mémoire pour leurs témoignages et leurs documents

 

La place du Travail en projet

Pour structurer les quartiers appelés à se développer au sud-ouest de Roubaix, on songe, parallèlement à l’ouverture de boulevards de ceinture (boulevard de Lyon), à créer des places publiques. M.Tiers, en conseil municipal, insiste en 1889 sur le fait que Roubaix ne dispose que de trois places publiques et qu’il en faudrait d’autres. Il insiste sur leurs avantages du point de vue hygiénique (appel d’air), comme lieu réunion pour les enfants, et souligne le prix abordable des terrains dans les quartiers périphériques. Il ne faut pas différer les constructions, sinon les endroits favorables seront construits. Il cite en particulier un terrain rectangulaire Bossut-Delaoutre dans le quartier du cheval blanc le long de la rue de Lannoy (future place de la Fraternité). Mais un autre emplacement retient également l’attention de la

Le site en 1845

Juillet 1890 : Le directeur de la voirie municipale procède au métré de terrains « pour servir à la création d’une place publique au lieu-dit la Potennerie ». Cela représente environ 5100 mètres carrés de terrains appartenant à la Société Lemaire et Lefebvre et comprend un corps de ferme situé le long de la rue de Larochefoucault, le tout au prix de 6 francs le mètre.

En septembre de la même année, M. Jean-Baert, clerc de notaire à Lys lez Lannoy, adresse une lettre au conseil municipal, « ayant appris que l’administration et le conseil municipal… recherchaient des terrains … pour y créer des places publiques… » Il présente un projet de place situé lui aussi dans le quartier du petit Beaumont, sur sur 12000 mètres carrés, lui aussi le long du chemin n° 8 du Petit Beaumont, mais légèrement plus bas que le terrain Lemaire et Lefebvre (il ne touche pas le Boulevard de Lyon). M. Jean-Baert détaille les avantages de son projet : c’est un quartier appelé à un grand développement, proche de la nouvelle église de St Jean Baptiste, et du tout récent boulevard de Lyon, située dans une zone où de nouvelles fabriques s’installent, qui vont provoquer des mouvements de population et des constructions en tous genres. Autre avantage, les terrains sont encore nus et non bâtis et ne nécessitent pas d’expropriations.

Il propose de vendre à la ville une superficie de 9750 mètres carrés à 5 francs le mètre, et de donner gratuitement une bande de terrain représentant 2200 mètres carrés. Par ailleurs, pour éviter à la ville une dépense immédiate, il propose un bail sur dix ans avec faculté d’acquisition des terrains au prix convenu pendant la durée du bail. Il offre enfin de faire effectuer lui-même les travaux de terrassement, que la ville pourrait rembourser par la suite.

L’année suivante, en décembre 1891 est faite la demande de déclaration d’utilité publique avec le plan des parcelles à acquérir. C’est le résultat d’un mélange des deux options précédentes : pour englober le tracé du boulevard de Lyon et son intersection avec la rue de Beaumont, on choisit, pour la plus grosse partie de la place, des parcelles appartenant à la société Lemaire et Lefebvre (qui viennent en majorité de la famille Destombes). On complète ce terrain par deux bandes appartenant l’une à la société Henri Briet et compagnie, dont les administrateurs sont Henri Briet et Jean Baert, l’autre à Jean Baert lui-même.

Les différents propriétaires des parcelles

On complète le projet avec l’ouverture de rues qui vont converger vers la nouvelle place. En particulier, une rue déboucherait au milieu de la place, et une autre la borderait :

Les rues à ouvrir

Finalement, une nouvelle mouture du projet nous montre une configuration semblable à celle que nous connaissons aujourd’hui, avec les futurs boulevards de Fourmies et du Cateau, ainsi que la future rue Henri Regnault. Les travaux vont pouvoir commencer.

 

Documents archives municipales

 

 

 

Le Jardin Ma Tante

Lors d’une séance plénière de l’atelier mémoire, notre ami Paul Meunier évoquait un endroit bien connu des anciennes générations de roubaisiens, le Jardin Ma Tante. Sa mère avait l’habitude de s’y promener, étant jeune. Cet endroit participe d’un mystère, celui de l’évolution de la propriété des Près appartenant à M. Cordonnier. Une grande partie de la surface sera utilisée pour la réalisation des deux stades du quartier, le stade Dubrulle Verriest, et le stade Maertens. Le Jardin Ma Tante aurait été une situation transitoire entre les deux époques, c’est-à-dire entre le décès de Monsieur Cordonnier survenu en 1876 et l’apparition des espaces sportifs.

Roubaix au début du vingtième siècle AmRx
Roubaix au début du vingtième siècle AmRx

Que savons-nous du Jardin Ma Tante ? C’était un grand parc floral avec des gloriettes, des labyrinthes de haies où les familles pouvaient venir se promener. Jean Piat, le journaliste et historien de Roubaix l’évoque ainsi : les promeneurs se reposaient au Jardin Ma Tante, y jouaient une partie de boules, ou dégustaient une portion de jambon avec des frites et du pain au son.

Publicité du journal l’Étoile du Nord Bibliothèque Gallica
Publicité du journal l’Étoile du Nord Bibliothèque Gallica

Nous trouvons des traces de l’endroit dans les publicités d’un journal roubaisien éphémère, l’Étoile du Nord. On peut y lire que le Jardin Ma tante est la propriété des sympathiques directeurs Robyns et Loucheur, que c’est un jardin de verdure pittoresque et magnifique, un véritable paradis rustique et agréable. Un café moderne s’y trouve où l’on peut prendre un five o’clock campagnard à base de café et de pain bis. On y vient régulièrement le dimanche et le jeudi. Un concurrent du Beau Jardin, alias le parc de Barbieux ? On pourrait le croire, car le Jardin Ma Tante est qualifié de Versailles roubaisien, lieu préféré des familles roubaisiennes, où il a des jeux divers pour enfants, et une grande salle de dégustation en cas de mauvais temps. Mieux encore, à l’occasion de la Pentecôte 1913, un concert et une braderie y sont organisés. Ceci situe l’action avant 1914.

Publicité de l’Étoile du Nord 1913 Bib Gallica
Publicité de l’Étoile du Nord 1913 Bib Gallica

Fait curieux, pendant l’occupation allemande, le bulletin de Roubaix, journal à la solde des allemands, annonçait la réouverture du Jardin Ma Tante, en avril 1918. Signe d’un assouplissement de l’occupation, ou indication de leur futur départ ?

On ne parle plus du Jardin Ma Tante après guerre. La reconversion en terrains de football s’est vraisemblablement opérée à cette époque. Dans la rubrique sportive de 1919, le Stade Roubaisien joue au Stadium, alors que le Racing club de Roubaix est encore au terrain de Beaumont. Les deux clubs ne vont pas tarder à s’installer au lieu-dit du Pont Rouge, transformant ainsi une grande promenade de jardins, en pelouses plus sportives. Mais ceci est une autre histoire.

 

 

 

Le pont St Vincent (origines)

A l’origine, la partie nord-ouest de Roubaix est parcourue par deux chemins, celui de Mouvaux et celui du Fresnoy menant au centre de Roubaix respectivement par la rue du grand chemin et la rue Nain. Un chemin transversal, le chemin de Blanchemaille, croise les précédents.

Plan cadastral de 1805
Plan cadastral de 1805

En 1842 l’arrivée du chemin de fer coupe cette partie de la commune en deux. Le tracé étant décidé, on choisit d’implanter la station de chemin de fer le plus près possible du centre, à l’endroit où la voie se trouve à niveau, c’est à dire à l’endroit où passe la rue du Fresnoy. Le chemin de Mouvaux, en contrebas de la voie, passera sous celle-ci. Par contre, le nouveau bâtiment des voyageurs barre maintenant le chemin du Fresnoy : Il faut le dévier par une rue latérale vers la droite, qui, après un premier coude à gauche, coupe la voie par un passage à niveau avant de rejoindre l’ancien tracé du chemin.

Plan cadastral de 1845
Plan cadastral de 1845

Mais la compagnie des chemins de fer du Nord, à l’étroit dans ses installations, étend les emprises de la gare à partir de 1857. La surface en est presque doublée. On construit une vaste halle pour les marchandises sujettes aux droits de douane à côté du bâtiment de voyageurs. Quelques années plus tard, la Compagnie construit de nouvelles halles à marchandises. Cependant, la municipalité se préoccupe des difficultés de circulation entre la gare et le centre de la ville. En effet, pour se rendre à la gare, il faut emprunter des rues étroites et mal commodes. Par ailleurs, la municipalité juge le bâtiment de la gare « d’une insuffisance notoire et de la plus triste construction ». Elle forme le projet de relier la grand-place à la gare par une large avenue rectiligne débouchant sur un bâtiment digne de la ville.

La rue de la Gare est ouverte en 1883 mais ne débouche que sur le bâtiment de la douane. Parallèlement, la compagnie du Nord propose dès 1860 de supprimer le passage à niveau du Fresnoy, gênant pour tout le monde et de le remplacer par un passage supérieur reporté 300 mètres plus loin. La municipalité réagit à partir de 1863 en réalisant une rue reliant la rue Blanchemaille à ce nouveau pont. Large de 12 mètres, elle prendra le nom de St Vincent de Paul et passera entre les écoles et l’hôpital de la rue Blanchemaille (hôpital Napoléon). On prolonge également les rues de l’Alma et de l’Ouest pour les raccorder au pont nouveau.

A situation en 1886, avant la construction de la gare définitive
A situation en 1886, avant la construction de la gare définitive

Le nouveau maire, Monsieur Julien Lagache, négocie avec la Compagnie du Nord. Pour la construction d’une nouvelle gare à l’emplacement de la halle de la douane. Le nouveau bâtiment est terminé en 1888. En 1891, on élargit le tablier du pont, qui constituait un étranglement pour la circulation.

A gauche le pont original, à droite le même élargi
A gauche le pont original, à droite le même élargi

Enfin, vingt ans plus tard, en 1908 on construit la passerelle qui permettra de nouveau la communication directe pour les piétons avec le quartier du Fresnoy. En 1914, les allemands, avant leur départ, feront sauter la halle qui surplombe les voies, la passerelle et le pont Saint-Vincent. Le pont sera reconstruit après la guerre.

Le pont en 1918 – document collection particulière
Le pont en 1918 – document collection particulière
Les autres documents proviennent des archives municipales.

 

 

 

 

Centenaire de l’église Saint François

En juin 1960, l’église Saint François va célébrer le centenaire de sa construction. Au milieu du dix neuvième siècle, Roubaix s’agrandit et la population augmente. Il n’y a que deux églises à cette époque Saint Martin et Notre Dame. De plus, il y a beaucoup d’ouvriers flamands. On décide alors de faire appel aux franciscains pour le service des prêtres flamands. C’est à eux qu’on doit le nom du quartier qui se construit alors : St Joseph, dont une rue garde le souvenir, qui mène au parvis de l’église. Ces prêtres franciscains étaient des Récollets, et ils vinrent tout d’abord s’installer dans une maison de la rue du Collège, puis rue Saint Antoine, près de l’ancien carmel.

De généreux paroissiens, parmi lesquels la famille Dujardin, offrent un grand terrain situé en plein champ à la basse masure. Le 21 novembre 1857, la première brique du couvent Saint Joseph est posée. Le 15 mai 1859, c’est au tour de la première pierre de la chapelle du couvent. Ce sanctuaire est l’œuvre de l’architecte Dewarlez, et il fait 50 mètres de long sur 21 de large. Le 23 juin 1860, la nouvelle chapelle est bénite.

La chapelle des Récollets doc Med Rx

 

Une première injonction de quitter les lieux est faite aux Récollets en 1880, les frères franciscains étant belges sont frappés d’un arrêté d’expulsion.  Les portes de l’église sont ré ouvertes en 1896. Puis la loi sur les congrégations religieuses de 1903 force les religieux à quitter les lieux. Après avoir servi de dépôt de pain, de logements, d’école d’apprentissage, l’église reprend ses activités cultuelles en 1919. La même année, intervient la création de la paroisse qui englobe les quartiers du cul de four et de la basse masure, et on donne à l’église des pères le nom de Saint François, fondateur de l’ordre franciscain.

Notre Dame d'Assistance et les petits pages Photo Nord Eclair
Notre Dame d’Assistance et les petits pages Photo Nord Éclair

Les cérémonies du centenaire donnent lieu à diverses manifestations : le 9 juin une conférence par le R.P. Pol de Léon Albaret à la maison paroissiale de la rue Richard Lenoir, le 14 juin au Colisée, gala en l’honneur de Saint François d’Assise par « Jeunesse et famille », le 19 juin à 10 h 30 en l’église Saint François, cérémonie d’actions de grâce, sous la présidence de Son Eminence le Cardinal Liénart. Il est accueilli à dix heures rue Philippe Lebon, au domicile de M. Jules Georges Duquesne, adjoint au maire. Une procession conduit ensuite le chef du diocèse jusqu’à l’église dont le fronton est orné des armoiries épiscopales et de l’inscription 1860-1960. En tête de la procession, le groupe des enfants de chœur, les communiants et communiantes de l’année, la communauté des Pères franciscains de Roubaix, une délégation des Pères de la province de Paris, de Belgique.

Les Pères Franciscains en tête de la procession Photo Nord Eclair
Les Pères Franciscains en tête de la procession Photo Nord Éclair

Le cardinal est accompagné de Mgr Prévost, vicaire général. Il est accueilli sous le porche de l’église par le curé Vincent Guegen et le gardien du couvent Alexis Castro. A l’entrée dans l’église, les grandes orgues tenues par M. Paul Carrière. La messe sera célébrée par le TRP Gustave Boulez, ministre provincial. La chorale paroissiale et la maitrise des Frères du couvent de Mons en Baroeul exécutent le Missa Festiva. Le RP Alexis Castro donne ensuite lecture en chaire d’une lettre du Père Général des Franciscains à la communauté de Roubaix, ainsi que d’un télégramme du Vatican. A son tour le cardinal prend la parole. Il dit notamment : nous devons faire de nos paroisses des communautés chrétiennes ouvertes aux autres et accueillantes.

Le Cardinal Liénart à Saint François Photo Nord Eclair
Le Cardinal Liénart à Saint François Photo Nord Éclair

Après la messe, le cardinal donne à l’assistance sa bénédiction et regagne la sortie en procession. L’après midi fut récréatif, les Canterelles d’Anne Marie Debatte exécutent musiques et danses, puis les frères du noviciat de Mons interprètent avec finesse et esprit plusieurs chœurs.

 

 

 

En bas de la rue

La rue du Moulin, une des plus anciennes voies de Roubaix, a très vite été densément bâtie. Si on considère la partie basse de la rue, entre le boulevard de Paris et la rue du Havre pour les numéros pairs, on est surpris du nombre de commerces, d’entreprises et de courées de part et d’autre de l’école municipale.

Le bas de la rue, côté pair – vues depuis et vers la rue Neuve
Le bas de la rue, côté pair – vues depuis et vers la rue Neuve

Ce côté pair présente avant la première guerre une profusion d’estaminets : on en compte pas moins de 12 avant la rue du Havre ! Les commerces de bouche y sont également bien représentés : une charcuterie, quatre épiceries et deux crèmeries. D’autres commerces complètent ce panel : la pharmacie au coin du boulevard de Paris, une blanchisserie, un marchand de couleurs, un buraliste, deux magasin vendant des étoffes, une coiffeuse, un marchand de journaux. Sans oublier , tout au bas de la rue, la serrurerie Liagre, déjà présente en 1886 :

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Cette partie de la rue abrite également d’autres métiers artisanaux : trois ferblantiers, un teinturier, un vannier, un ébéniste, deux tailleurs, un cordonnier. Il n’y a pratiquement pas de maison sans boutique ! Les maisons d’habitation sont renvoyées dans des courées, généralement attenantes à un estaminet. On trouve ici au 22 la cour Delmarle, au 42 la cour Dubar, au 64 la cour Loridant, et, au 70 la cour Brabant.

L'entrée de la cour Delmarle de nos jours. Photo Jpm
L’entrée de la cour Delmarle de nos jours. Photo Jpm

Les entreprises industrielles sont bien présentes aussi, avec une fabrique de pompes, qui deviendra un atelier de fonderie au 38, juste à côté de l’école, et, au 50-52, l’entreprise D’Halluin-Grenu, puis D’Halluin-Namur en 1901, puis Bayart père et fils.

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Entre les deux guerres, peu de changements. Un maréchal ferrant s’installe au 36, un marchand de chaussures au 72, un marchand de jouets au 44 et un marchand de cycles au 62, remplaçant d’autres commerces. Exemple de stabilité, la pharmacie au coin du boulevard de Paris, reste tenue par M. Constant depuis 1885 jusque dans les années 50… Une affaire de famille !

La droguerie Molinier a pris, en 1922, la suite de la serrurerie Liagre
La droguerie Molinier a pris, en 1922, la suite de la serrurerie Liagre

Autre exemple de stabilité, les débits de boisson restent très nombreux : la proportion d’estaminets ne varie pas sensiblement.

L'estaminet Derly, au numéro 40
L’estaminet Derly, au numéro 40

Après la deuxième guerre, même pérennité. La droguerie Molinier perdure sous le nom de Dupont-Delalé jusque au seuil des années 70. Le salon de coiffure, installé au 12 depuis le début des années trente se retrouve au même endroit en 1874 ! Le 80, au coin de la rue du Havre est un commerce d’alimentation depuis les années 20 jusqu’à aujourd’hui, après qu’on y ait vendu des gaufres en 1914, et du beurre en 1922.

Au premier plan le carrefour de la rue du Havre et le n°80
Au premier plan le carrefour de la rue du Havre et le n°80

Si les premières maisons ont été détruites récemment, les autres sont toujours debout, et les façades de la partie remontant jusqu’à la rue du Havre n’ont pratiquement pas changé. Elles mériteraient pourtant quelques travaux de rénovations !

 

 

 

 

 

 

 

Le foyer des jeunes travailleurs

C’est en août 1968, que l’Office municipal d’HLM de Roubaix a terminé les travaux de construction du Foyer de Jeunes Travailleurs. L’initiative de cette réalisation est due à MM Pierre Catrice et Germain Wiart, Président et Vice Président de l’Association pour le logement des jeunes isolés. Construit dans le parc d’une ancienne maison de maître appartenant à la famille Meillassoux, le foyer est l’œuvre de l’architecte roubaisien Michel Delplanque. Les plans ont été réalisés sur les bases d’un travail d’équipe entre l’architecte et le conseil d’administration.

Le foyer en 1969 Photo Nord Éclair

Le foyer est un bâtiment de quatre étages sur pilotis triangulaires, avec  une vaste surface de rez-de-chaussée et une partie habitation qui comprend  148  chambres. Le hall d’entrée s’ouvre sur la Grand-Rue. Quand on y pénètre, à droite en entrant, on découvre une salle de restaurant self service d’une contenance de 250 places. L’autre côté du rez-de-chaussée est consacré aux activités socio-culturelles. Il y a une cafétéria pour l’après repas, un foyer de lecture, une salle de jeux de 165 m², des salles de télévision,  deux salles de réunion, une bibliothèque. En sous sol, sept pièces sont aménageables en ateliers, labo-photo, et une grande salle de 200m² permet de faire du sport.

La cafétéria et le self Photos Nord Éclair

La chambre type fait 10,75 m², comprend un petit vestibule, un cabinet de toilette, avec eau chaude et eau froide, et un grand placard de rangement. Les chambres ont vue sur le parc, et à chaque étage, il y a des douches et des  installations sanitaires. Dans le parc, on trouve un terrain de sport (basket et volley ball). Il y a des douches dans les sous sols. Un parking pour vélomoteurs et bicyclettes se trouve entre les pilotis. Les conditions d’admission sont les suivantes : être célibataire, être âgé de 18 à 25 ans, travailler. L’ouverture aux étudiants est envisagée. Le prix de la pension mensuelle est de 320 francs, comprenant la location de la chambre, le petit déjeuner et quarante repas à 4,50 frs.

Salles de loisirs et de TV Photos Nord Éclair

La structure possède un encadrement permanent : un directeur, un intendant, deux animateurs. Le modus vivendi reste à définir, mais le Foyer ne sera pas un ghetto, car il s’ouvrira aux jeunes du quartier et de l’agglomération. Le restaurant sera ouvert aux non-résidents (capacité 500 repas matin et soir en deux services). Le premier directeur se nomme Henri Lepers. Tourquennois d’origine, 28 ans, il est diplômé de l’école de formation et d’application pour l’animation des collectivités, titulaire du diplôme d’état de conseiller d’éducation populaire de la Jeunesse et des Sports. Il a déjà œuvré au foyer de Bayonne, au foyer des apprentis jockeys de Chantilly, et il a participé à l’animation globale d’un quartier d’Evreux.

Henri Lepers, premier directeur du foyer Photo Nord Eclair

Le foyer des jeunes travailleurs est un véritable hôtel tout confort qui a coûté 35 millions d’anciens francs. Son budget de financement se répartit de la manière suivante : 2,5 millions crédit HLM, 548.000 francs par la sécurité sociale et la Caf, 310.000 francs par le ministère des affaires sociales, 300.000 par la ville, 100.000 par le Conseil Général, le FAS, et le CIL. La ville de Roubaix a acheté le terrain et l’a cédé à l’office municipal HLM qui est propriétaire du terrain et du foyer, lequel est mis en location à l’A.L.J.I,  seule responsable de sa gestion. Il sera inauguré par Robert Schumann, ministre des affaires sociales en mars 1969.

Maurice Schumann inaugure le foyer Photo Nord Éclair

 

 

 

 

 

 

 

Evolutions d’une façade

A travers les années, la vitrine de la pharmacie de l’Avenir a bien évolué, en suivant les modes successives. La voici en quelques photos.

Années 50 : la façade a été rénovée. Signe des temps, remarquer le porte-vélos à droite de la porte d’entrée

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1970 : Deux vitrines, une de chaque côté de la porte. Le porte-vélo y est toujours. Le bandeau est éclairé par des spots

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1988 : le bandeau est refait, mais conserve le même graphisme. Les lettres sont rouge sombre . On ajoute les mentions herboristerie et homéopathie, et un rideau pare-soleil (associé à l’installation de la climatisation).

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2000 : Le graphisme de l’enseigne a de nouveau changé : lettres blanches de type Helvetica. Le porte-vélos a disparu. La pharmacie appartient alors à M . Challiez. Le bandeau est de nouveau éclairé par des néons.

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2010 : les lettres de l’enseigne sont désormais vertes et éclairées par des spots. On entre par la porte située à droite (agrandissement de la pharmacie). Ajout à même la façade sur le pan coupé avenue Linné du mot Orthopédie avec les mêmes caractères, ainsi que, sur les vitrines de Homéopathie, Hydrothérapie, Parapharmacie, produits vétérinaires, matériel médical.

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2013 : la vitrine principale, plus chargée, arbore maintenant, écrit verticalement : matériel médical, location-vente. La façade sur l’avenue Linné arbore Orthopédie.

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Documents collection particulière

La salle paroissiale

C’est en 1952, dans le bâtiment qui allait devenir par la suite la salle paroissiale, que Marthe Lecat accueille ses premiers élèves. La configuration des locaux ne se prêtant pas aux besoins de l’école, la nouvelle école de la Sainte Famille fut érigée rue de Constantine en 1956.

Devant la salle paroissiale Coll Particulière

L’association populaire Cartigny-Hutin (A.P.C.H.) put ainsi disposer des locaux et en faire son cercle paroissial. Les familles Avet, Arickx, Balcaen, Belleverghe, Bouckaert, Crohin, Hennion, Holvoët, Lecat, Leman, Lerat, Marissal, Messen, Poucet, Prusse, Stellamans, Vanneste, Waelès (Que de là-haut nous soit pardonné un éventuel oubli !) ont grandement contribué à la bonne marche de l’association, et l’ont perpétuée en passant le flambeau à leur descendance !

Beaucoup de projets ont vu le jour dans cette salle. Parmi eux, le club des jeunes, avec billard, table de ping pong, juke-box, baby-foot, mais aussi le club de belote et de pétanque, le goûter des anciens. La sainte Famille a aussi été le témoin de nombreuses rencontres suivies de nombreux mariages !

Les enfants de la Sainte Famille Coll Particulière

Les enfants du catéchisme assistaient pour la plupart au patronage. Les sorties en autocar, au château d’Estaimbourg ou à Dadizeele, étaient vécues comme une aventure exceptionnelle. Il faut  dire qu’en ce temps-là, nous ne parlions pas encore beaucoup de vacances. Plus tard, ces escapades menèrent à la mer ou à Bellewaerde.

Les veillées de Noël étaient appréciées de tous. La crèche vivante attirait beaucoup de familles, et l’église était trop petite pour accueillir tout le monde. A l’issue de la cérémonie, les jeunes distribuaient des marrons chauds, et le pot de l’amitié offert par l’association paroissiale, faisait l’unanimité. Une tombola au profit de la Conférence Saint Vincent de Paul clôturait cette sympathqie réunion. Les enfants étaient entourés de leurs catéchistes : Evelyne Belleverghe, Patricia Bourgois, Bernadette Deroubaix, Maria Mélikeiche, Nadine Plet, Rosine Vandendriessche.

Kermesse des jeunes Photo Nord Eclair

Chaque année, la kermesse était l’occasion de se rappeler les anciens, les durs, les vétérans qui furent les piliers de toutes es batailles, et qui malgré les contraintes, connaissaient le prix du bénévolat, de l’amitié, du dévouement. Ce que nous savions faire, c’est d’eux-mêmes que nous l’avions appris, avec le secret espoir de le transmettre à nos enfants. Jusqu’au tout début des années 70, les kermesses se déroulaient sur trois jours. Elles resteront à jamais gravées dans l’esprit des paroissiens. Chacun y avait un rôle à jouer. L’installation des stands (tout en bois) sous la responsabilité de Maurice Messen, prenait quelques week-ends. Les répétitions du spectacle ou de la comédie musicale duraient un mois, sous la baguette de Marthe Lecat, qui avait fort à faire, non seulement avec les enfants et les adolescents, mais aussi avec les adultes souvent très dissipés. Michèle Hennion, styliste à ses heures, passait ses vacances à réaliser des costumes tous aussi exceptionnels les uns que les autres, et dignes des grands couturiers. Les « petites mains » confectionnaient les accessoires et les décors. Des centaines de kilos de frites, d’assiettes anglaises, de sandwiches et de crêpes étaient servies dans la joie et la bonne humeur.

Goûter des anciens Photo Nord Eclair

C’est vers 1985, à la fin d’une kermesse, que les membres de l’association dépités de rester un long moment sans se voir, décidèrent d’organiser, en plus et quatre fois dans l’année, des soirées familiales à thème. Ces rencontres furent très appréciées jusqu’au dernier buffet campagnard d’octobre 2012, qui signera la fin de l’association, dissoute le 31 décembre 2012. Les habitués du cercle, accueillis par Jocelyne Peere durant de nombreuses années, regretteront encore longtemps leur partie de cartes du dimanche matin.

Merci à Micheline Masure-Cagnet pour ce témoignage

 

 

 

Les origines du quartier

Après la révolution, le quartier – essentiellement agricole – est bordé par deux chemins. Le premier, une voie importante qui mène à Tourcoing (aujourd’hui la rue Turgot), et le chemin des couteaux sur l’emplacement du boulevard de Metz. Sur celui-ci s’embranche un chemin à droite menant au Hutin. Ces deux voies sont reliées au sud par ce qui deviendra plus tard la rue de la Vigne. Le long du Chemin de Tourcoing, deux autres chemins forment un triangle.

Peu de constructions, au nombre desquelles plusieurs fermes, reconnaissables à leurs cours carrées. Elles forment deux hameaux le long de ces axes, celui des Couteaux et du Triez St Joseph. La cense plus importante est celle de Fontenoy, entourée d’eau (gage d’ancienneté). La famille Le Becque-Fontenoy qui la tient tout au long du 17ème siècle. L’un de ses membres, Philippe de Le Becque fut échevin et inhumé dans le chœur de l’église St Martin. La ferme est placée entre les rues de Tourcoing et Turgot, juste au sud de la rue Jacquart.

Les couteaux St Jposeph – 1805

En 1816, le fort St Joseph est construit sur le triangle le long de la rue Turgot. Il est contenu entre les chemins préexistants et un nouveau hameau apparaît au lieu-dit de la Basse masure, le long d’une voie reliant le chemin de Tourcoing à celui des couteaux, et qui deviendra plus tard la rue Basse-Masure.

plan cadastral 1826

Près de trente ans plus tard, en 1847 les constructions n’ont pas évolué. Seul, le croisement entre le chemin de Tourcoing et celui menant à la Basse-masure est-t-il désormais bordé de maisons. L’essentiel de la population est encore agricole, et le recensement de 1851 cite un certain nombre d’agriculteurs.

Mais de profondes transformations coïncident avec le percement du canal à la fin des années 1860 et l’arrivée des entreprises qui s’installent le long de la rue de Tourcoing, récemment tracée. On construit des logements pour les ouvriers, flamands pour la plupart. On construit une église et un couvent attenant pour les révérends pères des Recollets. Le quartier acquiert le caractère qu’on lui connaît encore.

Documents archives municipales