En 1930, les fêtes du Gibraltar attirent une foule nombreuse avec un programme s’étalant sur trois jours. Le samedi, la traditionnelle retraite aux flambeaux avec le concours de l’harmonie « l’Amitié Franco-Belge ». Des gâteaux sont distribués aux enfants porteurs de lampes vénitiennes. Le Dimanche matin, vers 6 heures, des sonneries de clairon suivies de salves d’artillerie annoncent aux alentours que les fêtes vont commencer. Toute la matinée des jeux sont organisés chez les débitants qui attirent de nombreux amateurs. Vers 16 heurs 30, après la réception des sociétés participantes, un cortège défile dans les différentes rues du quartier. Trois sociétés musicales sont présentes : la Fanfare Municipale de Lys, sous la direction de M. Pierre Demey, sous chef ; l’harmonie royale « La Lyre » d’Estaimpuis, sous la direction de son chef M. Émile Broux ; et l’harmonie « l’Amitié franco-belge » sous la direction de son chef M. Édouard Parent. La société de gymnastique La Féminine de Leers exécute ensuite de gracieux mouvements rythmés et le grand ballet des Polichinelles. La journée se termine par une fête de nuit des plus réussies et par un grand bal dans la salle de l’Harmonie. Le Lundi, une grande braderie attire nombre de forains et d’acheteurs. À 10 heures, chez Henri Ladmirault, a lieu l’élection du maire, lequel est reçu dans l’après midi à la mairie du quartier. Un match de football a été disputé entre l’Union de Néchin et les Ballons Rouges du Gibraltar. Pour clôturer la fête, un grand concert est donné par la Fanfare communale d’Estaimbourg. Cette grande fête, répétée chaque année démontre ce que l’union des habitants d’un quartier est capable de faire. Le journaliste souhaite que l’exemple soit suivi et que bientôt les autres quartiers de Leers aient aussi leur fête propre.
L’harmonie « l’amitié franco-belge » a été fondée en 1923 à Gibraltar, populeux hameau formé par l’extrême frontière de Leers-France et celle de Néchin-Belgique. Ses débuts sont modestes : vingt exécutants de Leers et de Néchin et une commission civile formée de cinq membres. La société est ainsi dénommée pour commémorer les liens d’affection qui de tous temps ont uni nos deux pays et qui se sont encore considérablement resserrés pendant la grande tourmente de 14 18. M. Pierre Le Blan, industriel à Lille, a accepté d’en être le président d’honneur et il a offert un magnifique drapeau. D’un côté figure le drapeau français avec les armes de Leers, encadré d’une bande aux couleurs belges ; de l’autre côté le drapeau belge avec les armes de Néchin, encadré d’une bande aux couleurs françaises.
Le premier président actif est Georges Benoist, membre d’une honorable famille roubaisienne. Il est prématurément décédé le 10 mai 1926. La direction musicale est confiée pendant quatre années à un vétéran de la musique, M. Auguste Quique de Leers. Puis c’est M. Édouard Parent de Roubaix, clarinettiste de talent, donne une nouvelle impulsion à « l’amitié franco-belge ». La société compte à l’époque 54 exécutants inscrits et des cours sont donnés à 11 élèves musiciens. Son idéal est non seulement de marcher de progrès en progrès dans l’art musical, mais aussi d’entretenir et de développer parmi ses membres avec un véritable esprit de famille, une atmosphère de confiance réciproque. Quatre membres de l’Harmonie ont été honorés par la Médaille de la Fédération du Nord et du Pas de Calais pour leurs trente années passés au sein de cette fédération. Il s’agit de MM. Jules Blin, Albert Bataille, Jules Carrette et Désiré Ponthieu.
D’après le Journal de Roubaix