Dans le quartier des Trois baudets, cette rue, longue de 869 m, joint la rue Jean Jaurès à la rue d’Halluin, avant de se poursuivre jusqu’à Roubaix, rue Pierre Brossolette. Sans nom sur le plan cadastral de 1824, elle devient le chemin du Bas Voisinage sur celui de 1890, puis la rue du même nom au début du vingtième siècle, avant d’apparaître sous son nom actuel sur un plan de la fin des années 1960.
Dans la première partie de la rue, qui descend de la rue Jean Jaurès vers la rue Alexandre Ribot, on trouve, dès après guerre, des commerces très divers. Ainsi l’épicerie Tribalat puis Desmet Bonnaviat, alimentation générale, épicerie moderne, au n°39, au coin de la rue Ribot, qui sera ensuite reprise par les Thooris-Vergne au début des années 1960 avant de devenir, au milieu de la décennie, l’alimentation Dillies-Dupriez de Dominique Dillies sous l’enseigne « Dominique » jusqu’à la fin des années 1980.
A la fin des années 1950 et jusqu’au début des années 1980, un horticulteur, A.Deligny est installé au n°19. « Célibataire, il vit avec sa sœur, institutrice. Il sortait son couteau pour couper des fleurs et en voyant une limace la piquait et la gobait. Il allait tout les jours au cimetière à vélo fleurir des tombes » d’après le témoignage d’un riverain.
Au milieu des années 1960, un marchand de charbon, Louis Vanbenneden, dit « le berger »occupe le n°2. Témoignage d’un voisin : « Ses deux fils, Achille et Louis, ont été les 2 derniers marchands de charbon avec des chevaux. L’écurie était en haut de la rue sur le coin de la rue Jean Jaurès, face à l’épicerie COOP. Mon père leur demandait, une fois par an, du fumier de cheval pour le jardin, avant l’hiver. Alors ils le livraient avec leur ancien tombereau sur le trottoir. Quand je rentrais de l’école Jules Ferry par la rue Alexandre Ribot, arrivé à l’angle de ma rue je voyais le tas énorme. Alors je savais que je ne pourrais pas jouer car il fallait tout rentrer avec des seaux jusqu’au fond du jardin avec mon frère. Quand le bus, qui passait par la rue à l’époque, glissait dans le fossé côté horticulteur, alors on allait chercher les chevaux du marchand de charbon pour l’en sortir. »
10 ans plus tard, le numéro 2 devient le siège d’un artisan en peinture vitrerie R.Voisart. A la même époque et jusqu’à la fin des années 1970, un artisan carreleur, Chantrie et fils, occupe le n°35.
A l’époque, à hauteur du N°20, une palissade grise juste avant l’impasse Briffaut, délimite le terrain du patronage de Saint-Joseph, situé rue des Ecoles (Parallèle à la rue Loucheur), lequel accueille les activités sportives des enfants de la paroisse notamment le 1er terrain de volley. Témoignage d’un riverain, enfant à l’époque : « La soeur Agnés avec ses cornettes nous coursait avec son tisonnier quand on embêtait les filles ».
Dans les années 1970, le terrain a été racheté et une maison y est construite pour abriter une entreprise de bâtiment ECH, entreprise de construction hémoise, également Z Dépannage, spécialisée dans le dépannage rapide de tous les domaines du bâtiment, laquelle fait sa publicité sur le pignon de la maison voisine. Dix ans plus tard, Mr Vanwynsbergue y est installé en qualité d’agence immobilière sous le sigle CIH. Puis la maison retrouve son usage d’habitation.
Témoignage d’un riverain : « Dans l’impasse Briffaut il n’y avait pas d’eau, alors il fallait aller en chercher rue Jean Jaurès, en haut de la rue Loucheur, à la borne. Il y avait Georgette qui était déhanchée et marchait en se balançant qui allait chercher de l’eau avec ses deux seaux toute la matinée le jour de lessive, alors le trottoir en terre était trempé car elle en renversait beaucoup ».
Avec le n°39 ci-dessus, nous voici déjà au carrefour de la rue Alexandre Ribot (sur ce sujet voir un article précédemment édité sur notre site). Le contraste y est saisissant entre la vue d’une carte postale ancienne prise à cet endroit et la même vue en 2023. Finis les champs qui bordaient encore le côté impair de la rue du Bas Voisinage au début du 20 ème siècle. La rue Loucheur est à présent un alignement de maisons des deux côtés .
Dans les années 1950, au n°42 s’installe la boucherie de J. Vandenberghe (sur ce sujet voir un article précédemment édité sur notre site). Un peu plus loin, au n°48, c’est une parfumerie qui ouvre ses portes, à la même époque, et reste sur place jusqu’à la fin des années 1960, celle de Mme. Meulebrouck. 10 ans plus tard et pour une décennie, c’est la pharmacie Vasseur-Dupriez qui y emménage et cédera la place par la suite à la pharmacie Lheureux. Aujourd’hui, c’est une habitation à cette adresse.
La maison voisine, au°50, accueille durant une quinzaine d’années, au milieu des années 1950, une fabrication de confection gérée par Mme Deblaere. C’est une quincaillerie qui se trouve au n°52, dans les années 1960, tenue par Cl. Froquet. Ces deux commerces, situés au coin de la rue du Maréchal Foch reprennent ensuite leur usage d’habitation.
A la fin des années 1950, le n°56 abrite l’épicerie J.Mazurelle, puis l’alimentation générale J. Deschamps au milieu des années 1960. A la fin des années 1970, un salon de coiffure dames Deschamps-Janssens, qui fait également parfumerie, y côtoie l’épicerie Alain Deschamps, spécialisée dans la commercialisation des vins Nicolas. De nos jours le bâtiment est à usage d’habitation mais l’on y retrouve toujours le pignon en briques qui supportait la publicité des vins Nicolas.
Le n°58 est la villa Mona Lisa de l’entrepreneur roubaisien Léon Degallaix-Vion, qui a fondé son entreprise de construction au 23, bd du Catteau à Roubaix et au 34 rue Ingres. Il est également le fondateur, en 1929, de la Société de briqueterie de l’entreprise dont il reste président pendant 37 ans. Il est enfin fondateur et vice-président de la caisse de congés payés du bâtiment ainsi que de la caisse de chômage et intempéries.
Bien connu également dans la région du Touquet où il a oeuvré à la construction de nombreuses digues, hôtels et villas, il y possède une résidence secondaire et y fonde « La Touquettoise Immobilière » dont il est le président. En raison des nombreux services rendus à la corporation, il est promu officier de la Légion d’Honneur. Il décède, en 1966, à l’âge de 92 ans. Ses funérailles sont célébrées à l’église Saint-Joseph à Hem, en présence d’une foule imposante, constituée de nombreuses personnalités dont le maire de Hem, Jean Leplat. L’inhumation a lieu ensuite dans le caveau de famille, au cimetière de Roubaix.
De 1979 au milieu des années 1980, la maison voisine, au n° 60, accueille l’auto-école de Marie-Louise Manche et, à la même époque, on retrouve au n°70 le piqurage à façon de H. Creton. Quant au n°78, il héberge, dès le début des années 1970 et durant une décennie, le salon de coiffure pour dames d’ Héléne Deblaere. Tous ces bâtiments ont retrouvé ensuite leur usage d’habitation.
A suivre…
Remerciements à l’association Historihem