L’inauguration de la Maison de l’éducation permanente

La Maison de l’éducation permanente est constituée de plusieurs modules formant un ensemble architectural résolument moderne. L’entrée s’effectue par la rue Jean Castel et donne l’accès direct à un vaste hall autour duquel sont réparties les salles d’enseignement général, les salles de cours informatiques, le centre audio-visuel, la salle de documentation. Elle dispose également d’un coin lecture, d’un forum pour les débats et discussions, il est également prévu un logement de fonction. De l’autre côté de l’entrée principale, ce sont les salles réservées à l’administration, aux enseignements spécialisés comme le dessin d’art, les sciences naturelles, la physique chimie. Une salle pour les enseignants, une autre pour les formateurs sportifs y seront aménagées. Des salles de superficie plus restreintes seront dédiées à des équipements tels que labo photo ou technologie diverses. Par le hall d’entrée, il est possible de rejoindre les salles dans lesquelles seront aménagés des ateliers tels que ferronnerie, cuisine ou couture.

La Maison de l’éducation permanente de Wattrelos, aujourd’hui doc ville de Wattrelos

Placé plus en retrait, un autre bâtiment a été construit pour accueillir une salle polyvalente pouvant être utilisée pour des spectacles, d’une contenance de 300 personnes. Dans la partie située à proximité de la ferme pédagogique, sera aménagé le restaurant directement adjacent à une belle terrasse sur laquelle une cheminée barbecue a déjà été installée. Les cuisines seront spacieuses. Un service médical et un foyer seront installés à proximité du hall des sports, dont l’entrée pourra se faire par la rue Jean Castel, mais aussi par la voie d’accès à la salle des jeux traditionnels.

Dès sa mise en service, la maison de l’éducation permanente poursuivra les activités déjà proposées aux stagiaires : cours d’électronique, informatique, anglais, allemand, préparation à l’examen d’entrée à l’université. Des projets sont en cours qui doivent permettre la création de stages de formation professionnelle (secrétariat, bureautique, électronique) en collaboration avec l’AFPA et des stages de gestion informatique en collaboration avec la chambre de commerce de Lille Roubaix Tourcoing. Les stages d’insertion de l’ancienne école Michelet y bénéficieront de salles de cours.

Cette maison est l’un des bâtiments les plus prestigieux en matière d’équipement éducatif et sportif pour Wattrelos et toute la métropole. Elle a un coût : 20 millions de francs. La ville de Wattrelos bénéficie d’une subvention du Conseil régional de 5 millions et 450,000 francs et peut ainsi déjà accueillir 600 stagiaires.

L’inauguration du 15 décembre 1984 doc NE

La maison de l’éducation permanente a été inaugurée le samedi 15 décembre 1984 par le député maire Alain Faugaret, en présence du président du Conseil régional Noël Josephe, de Michel Delebarre ministre du travail et de la formation professionnelle, de Madame Victor Provo et son fils Jean Claude, conseiller régional. Elle portera le nom de Victor Provo qui fut un grand maire, un grand député et un grand président du Conseil Général du Nord.

Communion solennelle à Saint Maclou

L’église St Maclou à Wattrelos Collection particulière

Toute petite, j’allais déjà à la messe avec ma voisine et sa fille qui était de mon âge. J’étais bien habillée, je n’oubliais pas de prendre mon missel, je mettais des gants. Nous y allions à pied, l’église Saint Maclou était à deux pas. Nous assistions à la messe de 9 heures ou à celle de 11 heures, il y avait toujours du monde. On n’oubliait pas de prendre le petit sou pour la quête et la carte pour signaler notre présence et faire constater notre assiduité.

Puis j’ai eu l’âge de faire ma communion solennelle. Ça se faisait à l’époque, beaucoup d’enfants de 12 ans, garçons et filles, d’abord passés par le catéchisme, se préparaient pour cette cérémonie importante. Moi, j’allais chez une dame de la rue Henri Carette pour faire le catéchisme, et aussi au patronage derrière le cinéma Pax, où j’ai fait une retraite. Le mercredi des cendres, juste avant, le prêtre fit une croix sur notre front avec des cendres et nous avons du nous confesser.

Les communiantes Collection Particulière

Le grand jour arriva enfin. C’est par un beau dimanche de juin que je fis ma communion solennelle à l’église Saint Maclou, comme une trentaine de jeunes filles. C’était une cérémonie spéciale, car nous étions des élèves du lycée et nous sommes passés après tous les autres. On m’avait acheté une belle aube blanche chez Beuscart rue Roger Salengro, j’avais un gros cierge en main, et nous sommes entrées à la suite l’une de l’autre.

Sur la droite, le grand café l’Innovation Collection particulière

Après la cérémonie, mes parents avaient réservé pour l’occasion une salle à l’Innovation Grand Place pour un repas familial avec des amis. Nous étions près d’une trentaine dans une salle du bas de ce grand établissement. Le menu était copieux : d’abord un potage velouté accompagné d’une mousse de Turbot en gelée, puis de la langue aux champignons, ensuite du gigot pré-salé avec des flageolets à la crème, de la salade mimosa, un beau plateau de fromages, une glace baptisée Agneau Pascal, une corbeille de fruits, café liqueurs vins et champagne. Ce fut une belle fête où chacun y alla de sa petite chanson. On connaissait déjà le répertoire car ceux qui chantaient interprétaient toujours leur chanson : les Papillons de Nuits, Du gris, c’est un mauvais garçon, Primevère…

Le banquet Collection Particulière

C’était au mois de juin 1963, et sans m’en rendre vraiment compte, je suis sortie de l’enfance.

Remerciements à RM pour ses souvenirs

Première pierre à la Mousserie

C’est le directeur de la Caisse des dépôts et consignations en personne qui vient procéder le 18 octobre 1954 à la pose de la première pierre du nouveau groupe d’appartements à Wattrelos. M. Bloch-Lainé vient visiter les réalisations du CIL de Roubaix Tourcoing et il en profite pour procéder à la pose de la première pierre d’un bloc de 252 appartements dans le nouveau quartier résidentiel de la Mousserie, lequel doit totaliser plus de 1.500 logements.

François Bloch-Lainé document fondation Charles De Gaulle

Wattrelos est déjà un vaste chantier. Au sud est de la Mousserie, le groupe de maisons individuelles de la Tannerie, en bordure de la rue du Sapin-Vert est déjà habité alors que la tranche A de la Mousserie (268 logements) est en cours de construction. Tout dernièrement à proximité du pont du Tilleul a commencé l’édification d’une première tranche de 200 logements du groupe d’immeuble collectifs du Tilleul.

Le groupe dont la première pierre sera posée se trouve en bordure du boulevard des Couteaux. Il comprendra 119 appartements à une chambre pour jeunes ménages, 109 appartements à deux chambres et 24 appartements à trois chambres. Le chauffage central est prévu dans chaque appartement alimenté par une chaudière unique, eau chaude et froide, cave et garage pour bicyclettes et voitures d’enfants.

L’Espierre avant couverture doc NE

Les travaux de couverture de l’Espierre sont actuellement en cours, ainsi que l’élargissement du pont des Couteaux qui permettra une liaison directe entre le boulevard de Metz à Roubaix et le quartier de la gare à Tourcoing.

M. François Bloch-Lainé est accompagné par M. Leroy directeur général de la Société Immobilière. Il est accueilli par M. Albert Prouvost et des personnalités du CIL, MM Victor Provo député maire de Roubaix, Debesson maire de Tourcoing et D’hondt maire de Wattrelos. On remarque la présence d’André Lefebvre président de la société le Bien être qui va se charger de construire un bon nombre des futurs appartements, M. Degallaix, président du syndicat des entrepreneurs chargés de la construction des 1733 habitations de la Mousserie, M. Hache directeur de la Maison Roubaisienne.

Aperçu de la future Mousserie Collection particulière

La matinée a été consacrée à la visite des chantiers et réalisations du CIL, puis la future cité de la Mousserie est présentée sous forme de maquette sous une grande tente. Albert Prouvost fait une allocution dans laquelle il évoque le chemin parcouru et il rend hommage à la ville et la municipalité de Wattrelos dot l’intelligente collaboration va permettre l’édification sur les 45 hectares de la Mousserie de 2.000 logements qui abriteront six mille personnes et à la fin de 1957, dix mille.

M. Bloch-Lainé répond en quelques paroles simples. Il dit sa fierté de collaborer à l’œuvre éminemment sociale du CIL et il ajoute que le CIL de Roubaix Tourcoing apparaît comme une entreprise pilote. Il affirme sa résolution de tout mettre en œuvre pour mettre un terme à cette plaie des mal-logés. Il viendra avec joie pour poser au faîte de la dernière maison de la Mousserie le traditionnel bouquet.

La pose de la première pierre doc NE

Puis on se dirige vers le chantier ouvert à proximité. Un escalier de planches conduit les officiels jusqu’aux fondations de la première maison de la future cité. Le chef de chantier tend à M. Bloch-Lainé la truelle symbolique avec laquelle il scelle la première pierre. Puis l’on se sépare sous le frais soleil d’automne.

Démolition de moulins

Wattrelos possédait une dizaine de moulins sur son territoire, d’après le cadastre consulaire établi au début du XIXe siècle. Ils ont disparu les uns après les autres. En voici quelques-uns dont nous avons pu repérer la démolition.

L’emplacement du moulin Laloy, devenu Place du Moulin puis Place Roger Salengro CP Coll Particulière

C’est en Juillet 1890 que les travaux de démolition du moulin Laloy, antiquité de la commune, seront menés à bien. L’affaire attirera nombre de curieux qui s’attrouperont autour des ruines. Jules Alphonse Laloy, meunier de profession, vient tout juste de décéder, le 5 mars 1890. À quoi va être consacré l’emplacement du moulin ? La question a été abordée dès le mois de mai par le conseiller municipal Jean Baptiste Flipot qui a proposé à ses collègues de transformer l’endroit en place publique. Cette excellente idée a rencontré l’aval de ses collègues et l’assentiment de la population de Wattrelos. L’argumentaire est précis : plusieurs rues et non des moins fréquentées aboutissent au moulin Laloy et nul doute qu’une place à cet endroit deviendrait un des points les plus animés de la commune. Le vieux moulin se trouve en effet à l’aboutissement de la rue Traversière, de la rue du moulin, et du chemin vers le hameau Sainte Marguerite. De plus, il est question d’une nouvelle route du laboureur vers la Grand Place. La création de cette nouvelle voie (rue carnot) va singulièrement léser les habitants de la rue du moulin dans leurs intérêts. Leur accorder une place publique, où un marché pourra s’installer, serait une bonne compensation. Quelques jours ont suffi pour démolir l’ancien moulin. L’affectation de l’emplacement reste au coeur de toutes les conversations. On espère que les commissions municipales ne tarderont pas trop, allusion à la lenteur ordinaire de prise de décision des édiles wattrelosiens. Comme argument supplémentaire, on se plaint toujours qu’il n’y ait pas assez de place pour le marché ou les ducasses de la grand place. La nouvelle place du moulin pourrait ainsi venir compléter le dispositif avec bonheur. La décision est prise le 30 mai 18901.

Les dernières heures du Moulin Glorieux doc NE

En Août 1956, on démolit le moulin Glorieux, du nom de son dernier propriétaire. On pensait l’abattre trente ans plus tôt, mais la solidité des murs arrêta les démolisseurs. Il se trouve sur la frontière belge à quelques pas de la route nationale Lille Audernarde (rue Jules Guesde). Il figure sur le plan cadastral consulaire. Il était surnommé le moulin de la fraude, car les blés belges étaient introduits en France sans payer de droits. Également surnommé le moulin des trois sots, la légende expliquait que ses trois propriétaires avaient perdu la raison après avoir été ruinés. Haut d’une trentaine de mètres, il abrite encore les énormes meules de pierre qui servaient à écraser le blé. Un des pierres du moulin porte le millésime 1780, date à laquelle il fut construit par le famille Dumortier. L’une des filles épousa Étienne Glorieux dont la famille occupa le moulin jusqu’à sa fermeture intervenue à la fin du XIXe siècle. C’était l’un des plus beaux moulins de la région2.

Le moulin de la rue Négrier doc NE

Nous sommes en 1958. Un autre moulin va disparaitre. En juin, les démolisseurs vont s’attaquer à un moulin désaffecté situé derrière la droguerie du numéro sept de la rue Négrier, tenue par M. Bogard. Il était haut d’une trentaine de mètres et devenait un risque d’accident car ses briques se détachaient une à une. Déjà le toit n’existait plus. Bâti vers 1830, ce moulin servait encore d’abri pour le reposoir de la paroisse Saint-Maclou, et de nombreux oiseaux le visitaient régulièrement. L’entreprise tourquennoise de Fernand Leblanc, rue de Gand, se charge du travail.

Le moulin de la broche de fer Coll Particulière

Un dernier moulin subsiste à l’époque selon le journaliste, c’est celui qui se trouve sur le terrain de la ferme Gallois, à la Broche de fer3.

1D’après l’article Le moulin laisse la place, in Wattrelos fin de siècle Atemem éditions

2D’après l’article de Jean Lafrance Nord Matin d’août 1956

3D’après l’article de Nord Eclair de juin 1958

Éducation permanente et tradition

Le 28 février 1983, on procède à la pose de la première pierre du centre d’éducation permanente wattrelosien et on inaugure la salle de jeux traditionnels. C’est Noël Josephe Président du Conseil Régional qui vient pour l’occasion. Alain Faugaret Maire de Wattrelos, marque le coup : Wattrelos s’engage dans le modernisme mais reste fidèle à ses traditions.

La pose de la première pierre Doc NE

L’office municipal d’éducation permanente a été créé en 1981, avec comme but d’améliorer les connaissances et la qualification de la population. De septembre à décembre 82, vingt deux stages de formation ont été effectués dans les domaines les plus divers, concernant plus de cinq cents personnes. De nouveaux locaux plus importants sont jugés nécessaires, d’où la décision de construire. Cout de l’opération, deux milliards de francs, 540 millions de francs au Conseil Régional, le reste financé par la Caisse d’épargne sous forme de prêt.

Les pistes de bourles doc VDN

La salle des jeux traditionnels, inaugurée le même jour, est un équipement à deux étages, très clair, très chaud. C’est une bien jolie réalisation avec ses poutres de bois. Pour Marcel Buyck, président de la Fédération wattrelosienne de bourle, ce jour est historique. Cette bourloire permettra de maintenir le jeu de bourle pour un demi siècle et au-delà. Il rend hommage à l’action de M. Rucquoy adjoint aux sports.

Noël Josephe reçoit la grande plaquette d’honneur de la ville et rend hommage au dynamisme de Wattrelos, ville phare dans sa recherche en matière d’éducation et de formation permanente.

Vue de la bourloire doc Office du Tourisme

L’engouement pour le jeu de bourles ne s’est pas démenti. Une fois par mois, l’Office de tourisme de Wattrelos donne rendez-vous à la Maison des jeux de tradition, en plein parc du Lion, juste en face de la ferme. L’objectif : initier à un jeu typique de la métropole très connu aux XIXe et XXe siècles, la bourle. Tous les vendredis, samedis, dimanches (sauf en mars et avril) et lundis à partir de 15 h 30, on peut avoir accès aux pistes de la bourloire du parc du Lion (gratuit, une consommation au bar) sur réservation. Contact : Maison des jeux de tradition au 03 20 83 72 76.

Remerciements à Christian Ladoe pour les archives

La visite de M. K

Le général de Gaulle a invité N.S. Khrouchtchev en France. Le voyage se déroule du 23 mars au 3 avril 1960. Nikita Khrouchtchev, alors Président du conseil des ministres de l’URSS, est le premier chef d’État soviétique reçu officiellement par le Président de la République française depuis la révolution de 1917. Né le 3 avril 1894 à Kalinovka, dans l’Empire russe, et mort le 11 septembre 1971 à Moscou, Nikita Khroutchev est un homme d’État soviétique qui dirigea l’URSS durant une partie de la guerre froide. Il fut le premier secrétaire du Parti communiste de l’Union soviétique de 1953 à 1964 et président du conseil des ministres de 1958 à 1964. Il joua un rôle important dans le processus de déstalinisation, dans le développement du programme spatial soviétique et dans la mise en place de réformes relativement libérales en politique intérieure. Il fut remplacé en 1964 par Léonid Brejnev au poste de premier secrétaire et par Alexis Kossyguine à celui de président du conseil des ministres.

M. K et Albert Prouvost doc NE

Les hôtes soviétiques ont donc visité en douze jours un grand nombre de villes françaises : Paris, Bordeaux, Lacq, Tarbes, Pau, Istres, Pichegu, Nîmes, Arles, Marseille, Dijon, Metz, Verdun, Reims, Épernay, Lille, Roubaix, Serqueux, Rouen, Flins et Rambouillet. Lille et Roubaix sont sur le parcours et plus particulièrement Wattrelos, du fait de l’implantation des usines Prouvost, le Peignage Amédée-Prouvost et la Lainière de Roubaix.

M. K en visite au Peignage doc NE

Le mercredi 30 mars a lieu la visite de M. Nikita Khroutchev à Wattrelos au Peignage Amédée-Prouvost et à la Lainière de Roubaix. Venant de Lille, il a gagné Roubaix par le grand boulevard. Il tourne à la Laiterie et remonte l’avenue Delory jusqu’au rond point des Trois Baudets. Puis il emprunte l’avenue Motte, longe les Hauts Champs. Il sillonne ensuite les rues du Nouveau Roubaix pour rattraper le boulevard de Paris, le boulevard Gambetta, la Place Nadaud, le boulevard de Strasbourg. Passe le canal rue de la vigne, se dirige vers les rues du Cartigny et d’Alger. Manifestement on lui aura fait visiter tous les nouveaux ensembles immobiliers du coin avant d’arriver aux sites industriels.

M. K et Albert Prouvost doc NE

Il arrive au peignage Amédée Prouvost avec vingt minutes de retard sur l’horaire. Il y a beaucoup de curieux. Il est accueilli par Albert Prouvost fils et François Lefebvre, gérants. La petite fille des concierges Françoise Engelbert, 9 ans, s’avance avec un bouquet de violettes de Toulouse qu’elle remet à Mme Khroutchev qui sourit et embrasse l’enfant. Albert Prouvost découvre que Mme Khroutchev parle parfaitement l’anglais, c’est elle qui servira d’interpréte1. Elle s’intéresse aux pulls Rodier et au prix modique des repas à la cantine. M. K qui suit le même périple que celui de la Reine en 1957, s’intéresse au matériel dont l’automatisme réduit la peine des ouvrières. Dans la salle du conseil d’administration, poignées de main, rencontre du personnel, le président et Mme signent le livre d’or, puis c’est au tour de M. Kossyguine et M. Gromyko ministre des affaires étrangères. La visite de l’usine se fait au pas de course. Albert Prouvost saisit une mèche de peigné et donne quelques explications à M. K. C’est la cohue des photographes. La visite aura duré une vingtaine de minutes.

M. K et Jean Prouvost doc NE

À la Lainière, c’est Jean Prouvost qui accueille M. K qui traverse successivement le secteur finition teinture, filature, la salle de tricotage. M. K est décrit par la presse comme pesant, trapu, solide, marchant à pas vifs en roulant ses épaules massives. Il parcourt le temple de la chaussette et à la sortie l’attend une haie d’honneur formée par les apprenties toutes vêtues d’un seyant tablier bleu.

Passage en trombe à la Mousserie doc NE

Après la Lainière, par la rue des Patriotes à Wattrelos et la rue Richard Wagner il gagne la Mousserie où il s’arrêtera devant une maison de son choix, selon Albert Prouvost. Un ménage d’âge moyen nous accueille, un peu surpris par l’impromptu de la visite. Au rez-de-chaussée, salon, salle à manger, cuisine, vestiaire et toilettes. À l’étage la chambre des parents avec meubles en bois verni et le couvre-pieds de satin, deux chambres pour les enfants, une salle de bains avec douche. Quel est votre métier ? Demande M. K. Je suis mécanicien, monsieur le Président2.

Ensuite il reprend le boulevard des Couteaux, le pont des Couteaux et le boulevard de Metz, rejoint les boulevards de Strasbourg, Gambetta, Leclerc, de Paris, Jean Jaurès vers Lille.

M. K et une ouvrière du Peignage doc NE

Ont accompagné le leader soviétique pendant la visite, Mme Joulia Nikititchna, Mme Rada Nikititchna, M.Serguei Nikititch, Mlle Elena Nikititchna et M. Adjoubei. Les quatre premiers sont la femme et les enfants de Nikita Khrouchtchev et M. Adjoubei est l’époux de sa fille Rada. Ensuite, les personnalités, ce sont MM. A.N. Kossyguine (Vice-Président du Conseil des Ministres de l’URSS), A.A. Gromyko (Ministre des Affaires Etrangères de l’URSS), G.A. Joukov (Président du Comité d’Etat pour les relations culturelles avec l’étranger), V.S. Emelianov (Chef de la Direction pour l’utilisation de l’Energie atomique près le Conseil des Ministres de l’URSS), O.I. Ivatchenko (Député du Soviet Suprême de l’URSS) et A.M. Markov (Membre du Collège du Ministère de la Santé de l’URSS)3. On imagine bien que ce ne fut pas qu’une visite touristique !

1Mémoires d’Albert Prouvost : Toujours plus loin éditions La Voix du Nord

2ibidem

3 Elizaveta Spiridonova. La visite de N. S. Khrouchtchev en France (23 mars-3 avril 1960).

 

Visite d’une journée à « La Lainière »

document collection privée

En 1956, la direction de l’entreprise de « La Lainière de Roubaix » souhaite faire visiter son impressionnante usine à sa clientèle. Elle affrète alors plusieurs trains à plusieurs reprises, pour faire venir ses clients dépositaires des marques Pingouin et Stemm, directement sur les quais de l’usine au sein même de l’entreprise.

La  »gare » du Crétinier ( document collection privée )

Il faut préciser que la gare SNCF du Crétinier à Roubaix-Wattrelos n’existe pas ! En effet, ce n’est pas une gare SNCF : c’est la gare privée du peignage Amédée Prouvost.

La ligne de chemin de fer Menin-Somain passe entre les bâtiments de l’usine de la Lainière. Un embranchement particulier permet la réception des matières premières et l’expédition des produits finis. La direction a donc profité de cet embranchement pour en faire « la halte du Crétinier ».

document Nord Eclair 1956

A chaque fois, cinq à six cent visiteurs descendent des trains. Ils arrivent de toute la France, via Paris, et sont accueillis par les cadres de l’usine. Vingt groupes de 25 personnes sont alors formés et la visite peut commencer. Chaque groupe démarre une longue expédition de plus de 3 heures, à travers le dédale des ateliers.

document collection privée

Le peignage Amédée Prouvost, en cette année 1956, est une usine plus que centenaire. 4500 employés dont 3000 femmes y travaillent. L’usine a une superficie de 15 hectares.

20 millions de moutons sont tondus chaque année pour les laines du Pingouin. Les toisons laineuses proviennent d’Australie et de Nouvelle Zélande. La laine brute subit de multiples opérations de triage, lavage et cardage.

Le triage de la laine ( document collection privée )

Poursuivis de salle en salle par l’odeur spécifique du mouton, les visiteurs arrivent dans l’immense centrale électrique grande comme une église, où on leur communique des chiffres records annuels : 48.000 tonnes de charbon, 300 millions de litres d’eau chaude, 37 millions de Kwh etc

La production est également impressionnante  car l’entreprise possède 90.000 broches de filature. Parmi les 3000 ouvrières beaucoup viennent quotidiennement du Pas de Calais. La production se fait 6 jours sur 7 en 3 équipes donc 24h / 24h.

La filature ( document La Lainière )

Les clients continuent ensuite leur visite par la teinturerie en écheveaux, puis la salle des « pelotonneuses » qui produisent une pelote à la seconde et enfin la salle des « remailleuses » qui fabriquent les chaussettes Stemm.

Les dépositaires Pingouin et Stemm sont enchantés de leur venue. Ils sont surpris par ces couloirs interminables ( parfois de 400m de long ) mais également par la propreté des locaux y compris ceux de la teinturerie. Ils ont pu, lors de cette visite, comprendre parfaitement la transformation très complexe du ruban de laine en fil, et du fil en pelote.

document collection privée
document collection privée

La visite se termine, un apéritif est servi au Pavillon du stade Amédée Prouvost où débuta l’époque héroïque du C.O.R.T. ( Club Olympique de Roubaix-Tourcoing ). Un repas est ensuite servi au restaurant de l’usine dans un cadre plaisant et aéré. Jacques Prouvost, administrateur délégué, Philippe Bourguignon, directeur général et Jacques Thomassin, directeur de la publicité assistent bien évidemment au repas.

document collection privée

Les concessionnaires des laines du Pingouin peuvent à la fin de leur visite, expédier une carte postale datée du 18 Juin 1956.

document collection privée

L’objectif de ces visites très bien organisées est bien-sûr de créer un véritable esprit de famille entre le producteur et son client.

Au cours des années suivantes, ce sont 2 illustres visiteurs qui vont honorer l’entreprise de leur présence : en 1957, Elizabeth II d’Angleterre et en 1960, Nikita Kroutchtchev.

L’inauguration de 1960

L’inauguration des nouveaux bâtiments du Groupe Jean Zay, alias le groupe scolaire du Sapin-Vert ont lieu le 22 mai 1960, après la réalisation de la troisième tranche de travaux. Elle se déroule sous la présidence de M. le ministre de l’ Éducation Nationale, du Préfet du Nord, du Président du Conseil Général et sous le patronage de la municipalité de Wattrelos.

Vue générale de l’école du Sapin-Vert doc collection particulière

À 10 h 45, rassemblement au terrain d’éducation physique rue Léo-Lagrange des personnalités, des sociétés participantes et des enfants des écoles. À 11 heures, c’est l’inauguration et la visite de la salle de gymnastique. Départ en cortège par la rue Claude Monet, avenue Vincent Van Gogh, rues de l’Union, du Mont-à-Leux, Victor Hugo et du Sapin-Vert. Après l’inauguration, discours.

Vue générale de la cour doc collection particulière

Vers 12 heures, visite des nouvelles écoles de garçons et maternelle. Puis un concert est donné par la Musique Municipale dans la cour de l’école des garçons.

L’après midi, de 15 heures à 17 heures, sur le podium dans la cour de la nouvelle école de garçons, les enfants des écoles maternelle rue Delecourt, maternelle rue de l’Union, l’école des filles rue Delecourt et l’école des garçons rue du Sapin-Vert exécutent des danses, ballets, chants, poèmes, saynètes, et mouvements d’ensemble.

Vue de l’école doc collection particulière

De 17 heures à 19 heures, est donné un gala de variétés avec le concours d’artistes régionaux. Pendant l’après midi, visite de l’exposition de travaux d’élèves des écoles de garçons et de filles et des enfants des maternelles. Dans la nouvelle salle de gymnastique, est organisé un tournoi de basket et une démonstration de gymnastique avec le concours des équipes de l’Etoile d’Oignies, l’Excelsior de Roubaix, l’Amicale du Plouys de Wattrelos, l’US Tourquennoise.

Les cuisines de l’école doc collection particulière

La population fut cordialement invitée à venir découvrir les nouveaux locaux et à encourager et applaudir les réalisations des enfants, et de leurs maitres et maitresses. Prochains projets annoncés par le maire Jean Delvainquière : la nouvelle école de filles du centre en bordure de la rue Jean Jaurès, une maternelle en annexe de l’école de garçons du Crétinier, un nouveau groupe scolaire dans le cadre de la plaine de Beaulieu, et une nouvelle annexe du lycée de Roubaix. Un programme chargé !

Wattrelos les années terribles

les années terribles

CHRONIQUES WATTRELOSIENNES

Les Chroniques Wattrelosiennes se présentent sous la forme de petits articles traitant d’une période donnée de l’histoire et de la mémoire de la grande cité frontalière du Nord. Ces textes sont construits à partir du recoupement opéré par l’auteur dans ses recueils de témoignages, ses lectures de la presse de l’époque et ses recherches dans les archives. Pour le plus grand plaisir des lectrices et des lecteurs, voici reconstituée et racontée l’histoire de Wattrelos et des Wattrelosiens, à travers ses anecdotes et ses évènements.

1912 – 1919  WATTRELOS LES ANNÉES TERRIBLES

La deuxième décennie du vingtième siècle fut l’une des plus terribles pour Wattrelos. À l’instar de Roubaix qui renouait avec un maire socialiste avec Jean Lebas, Wattrelos allait connaitre une première Administration municipale socialiste avec l’arrivée d’Henri Briffaut à sa tête. C’est une nouvelle manière de mener les projets à terme, même ceux entrepris par l’équipe municipale précédente, marquée par une gestion plus rigoureuse, plus respectueuse de la population et du cadre politique républicain de l’époque. Henri Briffaut entre dans un nouvel Hôtel de ville construit à la hâte, dont les équipements restent à terminer. Le projet de l’abattoir est bien avancé mais il reste à réaliser son alimentation en eau et la création de rues avoisinantes. Le groupe scolaire du Laboureur est en vue mais il faut conclure l’achat des terrains et lancer les adjudications. Et ce ne sont que les dossiers les plus apparents. Enfin, le projet de faire de Wattrelos un chef lieu de canton est en bonne voie !

La première guerre mondiale qui éclate en août 1914 met provisoirement fin à toutes ces initiatives. Un provisoire qui va durer quatre années et qui va meurtrir la population wattrelosienne. Pillages, réquisitions, emprisonnements, déportations, évacuations vont être au programme de l’occupation de la commune par les troupes allemandes. Les secours à la population sont alors les préoccupations premières de l’équipe municipale. Comment organiser le ravitaillement ? Comment nourrir la population, la chauffer, la soigner ? Voilà le quotidien de la gestion communale pendant la guerre. Comment répondre ou ne pas répondre aux injonctions de l’ennemi, qui réclame des bras pour travailler, des contributions pour financer son œuvre de guerre ? Les wattrelosiens auront beaucoup souffert pendant cette période. Leur maire et quelques conseillers municipaux sont emprisonnés et déportés. Les allemands ont procédé à des rafles pour trouver de la main d’œuvre. Ils ont occupé la ville, ses usines, ses maisons, ses écoles. Il s’agit de reconstituer pas à pas et d’assembler un gigantesque puzzle afin de rendre compte des souffrances et des résistances de la population, sans oublier ceux qui se sont battus pour la liberté et pour la France.

Voici donc présentée l’évolution de Wattrelos, par petites touches, dans l’atmosphère de l’époque. Ce petit livre ne prétend pas être exhaustif, ni relater des vérités historiques. Il guidera le lecteur dans les évènements de ces années de guerre et lui donnera l’envie d’en savoir plus sur la vie et l’avenir d’une commune réputée pauvre en ressources mais si riche d’histoires.

Le groupe scolaire du Sapin-Vert (2)

Le premier ensemble de 26 classes s’avéra bientôt insuffisant au regard du développement du quartier de la Mousserie édifié en six ans. Une troisième tranche de travaux est lancée en 1958, alors qu’une deuxième tranche a précédemment permis de porter la capacité de chaque école, garçons et filles, à 10 classes.

Vue du groupe scolaire du Sapin-Vert CP Collection particulière

De nouveaux locaux sont donc édifiés parmi lesquels une école de garçons à 20 classes avec salle d’enseignement manuel, un réfectoire et une cuisine, une école maternelle à six classes avec salles de jeux et de repos, deux habitations pour le personnel enseignant.

L’ensemble se situe sur un terrain de 10.600 m² en bordure des rues du Sapin-Vert et Alfred Delecourt, acquis entre temps. L’école maternelle s’ouvre d’autre part sur une voie nouvelle réservée aux piétons évitant ainsi le carrefour dangereux du Sapin-Vert.

Entrée du groupe scolaire CP Collection particulière

Les deux écoles sont abritées dans un bâtiment unique à deux étages d’aspect imposant, l’étage supérieur étant réservé aux classes primaires. L’architecte est M. Doisy qui réalisa les deux premières tranches. Les classes sont claires, bien aérées et bien orientées et dotées d’un mobilier adapté.

Motif décoratif du groupe scolaire Google Maps

Le motif ornemental de l’école de garçons de même que ceux du premier groupe sont l’œuvre de M. Morlaix sculpteur à Paris. La cuisine et le réfectoire rationnellement équipés permettent la distribution de repas nombreux et à cadence rapide.

Le groupe a été doté d’une salle de gymnastique équipée pour la pratique du basket ball, du volley ball, du hand ball, et comportant tous les appareils classiques de la gymnastique.

Les travaux sont terminés à la rentrée de Pâques 1960, pour un coût de 200 millions que le Conseil général a subventionné à 90 %.