La nouvelle ligne des tramways Mongy de Leers à Roncq, dite ligne D, est construite et équipée sur son parcours de 12,496 kms au mois d’octobre 1911. Les premiers essais ont lieu le 10 octobre 1911, un service spécial des tramways de la nouvelle ligne Mongy Leers-Roncq est fait le dimanche 15 octobre à l’occasion des courses de Tourcoing, de la Grand-Place au champ de courses. Le départ des voitures a lieu toutes les sept minutes et demie. Des essais se poursuivent le 16 octobre après midi sur la ligne.
L’inauguration de la nouvelle ligne des tramways Mongy de Leers à Roncq s’est déroulée le vendredi 29 décembre 1911, selon le Journal de Roubaix. Cette réception a été effectuée avec un certain cérémonial. Les membres de la commission de réception, ainsi que les notabilités officielles et personnalités administratives étaient invités à se rendre sur la Place de Leers où les attendaient deux trams Mongy chargés de les véhiculer sur tout le parcours. Les voitures avaient été ornées de faisceaux de drapeaux tricolores et elles étaient pilotées la première par le wattman Dubois et l’autre par le wattman Dessicy. Le conducteur Ryckling dirigeait le trajet.
On put ainsi voir arriver à Leers, qui en tram, qui en auto, MM. Allain secrétaire général de la Préfecture, Stoclet ingénieur départemental de la voirie, Grimprez ingénieur départemental des Ponts et Chaussées et de nombreux représentants de divers services préfectoraux. M. Guillon directeur de l’Électrique Lille Roubaix Tourcoing était accompagné de différents membres de la Compagnie. Le personnel politique était constitué de MM. Cordier adjoint au maire de Tourcoing, Thérin maire de Wattrelos accompagné de ses adjoints, Courier maire de Leers et ses adjoints.
Quand tous les invités ont pris place dans les deux trams, le signal du départ est donné. Il est dix heures et demie. On passe devant la mairie de Leers, joliment décorée pour la circonstance. Elle se trouve encore à deux pas de l’église sur le trottoir d’en face. On poursuit la route au milieu de deux rangées de curieux. On marque une pause à l’extrémité du territoire de Leers. Toutes les personnes invitées descendent en face de l’habitation de M. Courier, maire de Leers, où l’on sable un champagne de bienvenue. À 10 heures trois quarts, le convoi reprend son itinéraire et l’on arrive à la douane de Grimonpont, après avoir franchi le canal de l’Espierre, aux confins de Leers, sans encombres. Là, un bref arrêt et l’on se remet en marche vers Wattrelos. On lira la suite de ce voyage dans l’article Leers-Roncq par Wattrelos.
C’est grâce aux projets Mongy que Wattrelos obtint sa deuxième ligne de tramways qui traversa son territoire de part en part, venant de Leers et se dirigeant vers Tourcoing et Roncq. Il s’agit de la ligne 3, mise en service le 7 janvier 1912. Il y avait bien la ligne K Gare de Roubaix Crétinier, mais celle-ci s’arrêtait au passage à niveau de la rue de Cartigny. Il faudra bien l’installation de la Lainière de Roubaix pour qu’on pense à prolonger cette ligne, de la place du Crétinier à la place de Wattrelos. Ce sera réalisé par l’ELRT et son parcours fut inclus dans la ligne Leers Roncq.
Les essais de la ligne 3 se déroulent dès octobre 1911, et sa réception officielle a lieu le 29 décembre 1911. Le convoi d’inauguration arrive de Leers où il vient de franchir le pont du Grimonpont et la douane. À peine a-t-on pénétré sur le territoire de Wattrelos qu’un incident se produit. Un équipage venant dans le sens inverse dont le cheval a été effrayé par le roulement de la première voiture va se jeter dans un fossé qui borde la route. Le premier car continue son chemin, le second s’arrête en face du lieu de l’accident. La plupart des passagers descendent et vont porter secours à la victime de l’accident. Il s’agit de M. Vandecandelaere boucher charcutier à Wattrelos rue Pierre-Catteau. Cet homme allait distribuer avec une voiture des commandes à domicile. Son cheval ayant pris peur s’était jeté dans le fossé et le malheureux conducteur avait été projeté dans un champ. On le relève tout étourdi mais il n’est pas blessé. Le cheval est également indemne. Juste quelques dommages matériels sur l’avant de la voiture du boucher et ses marchandises.
On réintègre le tram en stationnement et on reprend la route vers Wattrelos. Les deux cars ont traversé l’agglomération wattrelosienne en suscitant la curiosité publique. Des signes amicaux sont envoyés par les piétons aux voyageurs. Arrivés par la rue de Leers, puis la rue de la Poste (rue Florimond Lecomte), les deux trams ont tourné à gauche vers la Grand Place.
La rue Gustave Delory n’existe pas encore, elle ne sera ouverte qu’en 1928. Le tram emprunte donc la Grand-Place puis tourne à droite dans la rue Pierre-Catteau et se dirige vers la route du Crétinier. Vu la pente de la rue Pierre-Catteau, le wattman devait faire preuve de prudence !
Les deux voitures franchissent à une allure modérée le passage à niveau du chemin de fer à deux pas de la gare de Wattrelos.
Le convoi poursuit sa route rue de Tourcoing (rue Henri Briffaut), et l’on va s’arrêter pour une seconde pause (la première eut lieu chez le maire de Leers) chez M. Thérin maire de Wattrelos rue du Sapin-Vert. Une nouvelle coupe de champagne pétillant et quelques biscuits sont partagés et on reprend une route un peu monotone, après avoir parcouru le quartier du Crétinier, voici un nouveau passage à niveau du chemin de fer, c’est celui de la ligne Somain-Menin. À cet endroit les voyageurs sont transbordés et l’on fera de même un peu plus loin au niveau du Tilleul à Tourcoing, à l’issue de la traversée du Sapin-Vert. Les trams poursuivent leur parcours via Tourcoing et après le hameau du Brun-Pain, arrivent enfin à Roncq, au lieu dit le Pied-de-Boeuf.
Pour éviter ces transbordements, une passerelle est construite en 1913 et entre en service au Sapin-Vert. Une autre est prévue au Tilleul que la guerre et surtout la réalisation d’un pont routier empêcheront qu’elle soit réalisée.
Sources Le Journal de Roubaix, Au fil des trams Association Amitram
Poursuivant notre voyage en venant de Lille, nous venons de traverser le pont du Lion d’Or et nous nous trouvons à Mons pour suivre la ligne départementale de tramways exploitée par la compagnie des tramways Électriques de Lille et de sa Banlieue (TELB) désignée par la compagnie par la lettre F.
La ligne va suivre la route départementale 14, la rue de Roubaix qui prend, dans les années 20 le nom de rue Daubresse Mauviez, puis est renommée rue du Général De Gaulle après la guerre. Cette rue va nous mener à Flers, où elle prendra le nom de rue Jean Jaurès.
Les premières constructions de la rue ont été rasées lors du percement de la voie rapide urbaine en 1975. Juste après la voie rapide se trouvait à droite le château blanc qui, selon Alain Cadet dans le site « Portraits Croisés », appartenait à la famille Kauffman. Il était situé au coin de l’avenue Emile Zola qui, modeste à l’époque, a pris depuis une ampleur considérable. A droite sur la photo cette avenue.
Le château a disparu du début des années 1960 sous l’impulsion de l’architecte-urbaniste Henri Chomette qui a remodelé le quartier.
En face, les grilles du château Vandorpe, un papetier Lillois, dénommé aujourd’hui le parc des Franciscaines. La maison au deuxième plan existe toujours.
Nous arrivons ensuite à hauteur de l’actuelle avenue de la Sablière. Sur le coin, au numéro 55, était la pharmacie Parsy suffisamment importante alors pour attirer les photographes. Aujourd’hui, elle a fait place à une société immobilière. La photo est prise en direction de Roubaix, d’où provient le tram que nous voyons venir en tractant une remorque. A gauche la rue de la Sablière, à droite la rue Mirabeau et l’estaminet Castille.
Nous constatons que, dans la traversée de Mons, la ligne est constamment à double voie.
Juste après le carrefour, nous remarquons une rangée de très belles maisons qui existent encore de nos jours aux numéros 71 à 75. La vue est prise en direction de Lille
Une quarantaine de mètres plus loin vers Roubaix, au coin de la rue Rollin qui mène à l’église, on passait devant le bâtiment des douanes, une construction pas très jolie dans cette rue autrement bordée de bien belles maisons. La douane a disparu, remplacée aujourd’hui par le monument aux morts et son square.
Avançant encore vers Roubaix, la ligne laisse à droite la poste, construite en 1932 en style arts Déco aux numéros 92-94. Elle sera touchée par les bombardements lors de la deuxième guerre. Aujourd’hui lui manque le premier étage sur la moitié de sa longueur. On voit qu’à l’époque de la photo, au deuxième plan à droite, la douane a déjà disparu.
Aussitôt passée la poste, la route fait une courbe assez prononcée vers la droite. Cette courbe est remplacée aujourd’hui par un rond-point.
Aussitôt après, nous nous trouvons dans le centre, avec la mairie, située à droite. Cette zone est restée très commerçante aujourd’hui, même si la mairie s’est déplacée.
Pourtant, lorsqu’on regarde sur le trottoir d’en face, on rencontre de belles demeures bourgeoises et résidentielles comme l’attestent les deux photos suivantes, prises dans des direction opposées, la première vers Roubaix, l’autre vers Lille.
Deux cent mètres plus loin, la photo suivante, prise en direction de Lille, nous montre une rame vapeur qui s’éloigne dans un environnement campagnard ; les constructions s’espacent. Il est difficile de déchiffrer le nom de ce qui semble être un débit de boissons sur la gauche.
Encore une centaine de mètres et la ligne longe des rangées de belles façades qui existent toujours et sont aujourd’hui magnifiquement restaurées. Le dernier bâtiment au premier plan à droite porte le numéro 162. A gauche l’entrée de la rue Pasteur. La photo est prise en direction de Roubaix.
Au bout de la ligne droite, la route départementale aborde deux courbes prononcées qui forment un « S » Là, un café barre la route et l’oblige à un virage sur la gauche. C’est le « Trocadéro », qui a donné son nom au quartier. Ce débit de boisson sera démoli dans les années 1960. Nous sommes tournés vers Roubaix.
Passée la première courbe, la branche intermédiaire du S représente à peine une centaine de mètres avant le virage à droite qui permettra de reprendre la bonne direction. Au premier plan à droite la façade du « Trocadéro ». Au fond et venant vers nous, un tram se dirige vers Lille, suivi d’une voiture à chevaux.
La photo suivante nous montre cette seconde courbe négociée par une rame à destination de Lille. Elle est légendée « Le Tape Autour ». Cette expression viendrait de la brasserie de Charles Delattre dite « brasserie du tape autour », dont les tonneliers frappaient pour enfoncer les cercles sur les tonneaux. Cette brasserie était située à peu de distance après la courbe et sur la gauche.
La photo suivante est prise en sens inverse. Nous sommes après le « S » dont nous apercevons la deuxième courbe au fond. Remarquez les belles maisons sur la droite, devant lesquelles une motrice à l’arrêt pose pour le photographe.
Retournons-nous vers Roubaix pour constater que la zone après la courbe se trouve à la limite de la campagne qui sépare Mons de Flers, vers où se dirige la rame…
Cette courbe a aujourd’hui disparu, de même que toutes les constructions qu’on voit sur la photo, remplacées par un vaste rond-point précédant une zone d’activités aux constructions récentes.
Il existait une ligne Gare de Roubaix, Gare du Pile mise en service par la Compagnie nouvelle des Tramways de Roubaix Tourcoing, le 27 juillet 1895, avec un service électrique à voie métrique. Son parcours transitait par l’avenue de la Gare, la Grand-Place, la rue Pierre Motte, le boulevard Gambetta (Mal Leclerc) rue de Lannoy, Boulevard de Belfort, Beaurepaire, rue Molière, Sévigné.
La Compagnie des TRT propose le 12 septembre 1899 un projet de réorganisation et de restructuration de son réseau avec notamment des prolongations. C’est ainsi qu’on prévoit une ligne Roubaix Leers par la gare du Pile d’une longueur de 7080 mètres qui prévoyait 60 départs quotidiens. Ce projet sera réalisé par l’Électrique Lille Roubaix Tourcoing. Cette ligne est livrée à l’exploitation le 3 avril 1909 sous l’indice 6 (ligne F) d’une longueur de 4905 mètres.
Elle est inaugurée le 1er avril 1909 par MM. Richard secrétaire général de la Préfecture, Stoclet ingénieur départemental, Grimpret ingénieur des Ponts et Chaussées, Dumas directeur de la Compagnie des TRT, Francq directeur des tramways Mongy. Tout a fort bien marché et l’inauguration terminée, ces messieurs ont regagné Lille par le chemin de fer.
Le parcours : place de Leers, rue de l’église (rue des Patriotes) la longue rue (rue Joseph Leroy) la route de Leers à Roubaix, le Buisson, le Carihem jusqu’au passage à niveau du boulevard Beaurepaire à Roubaix.
Un transbordement était nécessaire pour continuer sur Roubaix, avant la construction d’un pont dit passage supérieur, au dessus de la ligne de chemin de fer Somain Menin. On lira avec intérêt les trois articles de Jean Pierre Maerten sur le pont de Beaurepaire.
Une grande grève des tramways interrompt le trafic en 1936. La ligne a son terminus un temps place de Roubaix puis elle revient gare de Roubaix en 1936, et le terminus est reporté à Leers. On parle désormais du H barré.
En 1938 intervient la construction du Passage Supérieur Beaurepaire, la liaison est directe, Roubaix Leers sans transbordement !
Pendant la seconde guerre, les têtes de ligne et les terminus changent beaucoup. La suppression de la ligne des tramways intervient le 2 mai 1953. Les autobus prendront la suite mais c’est une autre histoire.
Wattrelos ne connut jamais les tramways tirés par des chevaux, ni les tramways à vapeur. En effet la ligne Mouvaux Place de Roubaix Wattrelos (Laboureur) qui s’arrêtait au dépôt situé à Roubaix fut ouverte le 19 mars 1877 par la TRT (Tramways de Roubaix Tourcoing). Elle sera reprise et prolongée par la nouvelle compagnie TRT au moment de la reconstruction de la voie métrique et de l’électrification de la ligne. De ligne 2, elle devient alors la ligne B. La construction des rues Carnot et Faidherbe en 1890-1892 a certainement favorisé l’extension du réseau, qui empruntera la longue ligne droite de la rue Carnot jusqu’à la grand place. Elle est mise en service le 29 octobre 1894.
Les travaux de pose des rails de la nouvelle voie de tramways de Roubaix à la Grand place de Wattrelos touchent à leur fin au début de mois d’octobre 1894. On procède aussi à Wattrelos à la pose des dynamos, mais on ne peut prévoir à quelle date pourra fonctionner la traction électrique.
La cheminée du dépôt du Laboureur est terminée, elle mesure trente cinq mètres de hauteur. La pose des poteaux pour l’installation des fils destinés au fonctionnement des tramways électriques a donné lieu mardi à quatre heures de l’après midi à un accident assez important. Le fil télégraphique de Wattrelos s’est rompu sous le poids d’un des poteaux. Mme Canonne receveuse des postes à Wattrelos a immédiatement informé de ce fait le bureau central de Roubaix qui a pris les mesures nécessaires.
Inconvénient important, la traversée de la voie de chemin de fer établie en 1897 à hauteur de l’usine Leclercq-Dupire et qui faisait l’objet d’un passage à niveau. Cette traversée nécessitait un peu d’organisation ce qui n’empêcha pas quelques incidents. La ligne B est déjà fort fréquentée et c’est un convoi de deux voitures qui la dessert.
Dans les nouveaux projets présentés le 12 septembre 1899, on pense la prolonger la ligne B vers Herseaux. En Février 1901, la question de l’extension du réseau des tramways est abordée au cours de la réunion du Conseil municipal. Wattrelos est concernée par l’enquête complémentaire de la compagnie des tramways. Le Conseil Municipal en profite pour demander des renseignements et pour exprimer ses desiderata avant de donner son approbation. De son côté, le Préfet invite la commune à approuver le projet, signifiant de toutes façons qu’il sera passé outre à son refus de délibérer. Deux heures de discussion seront nécessaires pour traiter la question. On reprend l’historique de l’affaire, on discute les itinéraires, l’emplacement, la voie dans chaque quartier. Il y a lieu d’exposer énergiquement les revendications wattrelosiennes. Faut-il prolonger la ligne jusqu’à la frontière ? Une pétition de 150 habitants s’y oppose mais la majorité des conseillers est favorable.
La ligne du Petit Audenarde fait l’objet d’un débat assez vif. Une pétition a été déposée contre et signée par une centaine d’habitants avec les arguments suivants : ce prolongement est inutile, les ouvriers belges peuvent utiliser le train, on annonce une baisse des tarifs. Cette ligne serait créée au détriment du travail national et du commerce de Wattrelos. Les patentes de la Grand’Place, de la route de St Liévin jusqu’à la frontière sont déjà lourdement grevées sans qu’on leur enlève cette petite compensation du passage des ouvriers belges. Avec cette ligne, les ouvriers belges ne descendront pas du tramway d’Herseaux jusqu’à Roubaix. C‘est un jeu de dupes, Wattrelos offre les rues, Herseaux et Roubaix en tirent les bénéfices. La création de cette ligne entraînera la construction de nombreuses maisons ouvrières à la frontière belge au détriment de Wattrelos où on ne construit presque plus. La rue du Bureau, la place St Liévin sont des passages extrêmement dangereux, les malheurs sont inévitables. Il vaudrait mieux avoir une ligne qui relie le Crétinier, le Sapin-Vert et Tourcoing. Cette pétition est vivement combattue en conseil municipal. On estime que les ouvriers belges, avec ou sans tramways travailleront en France. Les embaucher ou leur fermer la porte des usines est l’affaire des patrons, les tramways ne sont pas les seuls coupables. Il faut envisager l’intérêt des quartiers éloignés du centre, la commodité des relations entre hameaux avec le centre et avec Roubaix. La ligne mise aux voix est adoptée par 14 voix pour, 10 contre et une abstention. Mais la Compagnie des Tramways exaucera-t-elle le vœu municipal ?
Leers et les trams : Leers a connu les tramways sur son territoire dans la première partie du vingtième siècle. Sa position frontalière et sa proximité des centres industriels ont favorisé l’implantation de ce moyen de transport qui fut envisagé par un grand ingénieur du moment, M. Alfred Mongy.
La ligne B et le dépôt
Le 26 février 1904, est publié un décret déclarant d’utilité publique l’établissement d’un réseau de tramways dans le département du Nord, y figurent les lignes suivantes :
1) de Lille à Tourcoing et de Lille à Roubaix,
2) de Lille (place des Buisses) à Leers,
3) de Hem à Roubaix (place de la liberté)
4) de Leers au Blanc four à Roncq et
5) de Leers à Roubaix (place de la liberté)
Leers est donc concerné pour trois des lignes prévues. Il faut attendre la création de la Société Électrique Lille Roubaix Tourcoing en 1905 pour que les choses évoluent. L’ELRT entreprend la construction des lignes secondaires, en premier lieu Lille-Leers (ligne B) la plus importante du groupe. Voici la ligne B telle qu’elle est décrite dans l’arrêté : porte à ouvrir place des Buisses, la rue des Guinguettes, la rue de Bouvines, la rue de Lannoy, le chemin de grande communication n°6, la route départementale n°19 et le chemin d’intérêt commun 142 jusqu’à la place de Leers.
Les travaux commencent en août 1906 et sont achevés fin 1907. La presse suit le chantier. Ainsi le 18 août 1906, on apprend qu’un ingénieur accompagné d’un piqueur est arrivé à Flers Bourg avec une importante équipe d’ouvriers afin d’entreprendre le travail dans la traversée de la route de Lannoy. Le 21 septembre 1906, les tramways Mongy sont à Hem, les ouvriers commencent les travaux de construction dans le quartier de l’Hempenpont. Ils sont poussés avec une très grande activité. Il a été également posé sur la route d’Hem à Lannoy des rails et des traverses.
Le 30 avril 1908, les voitures ont commencé à circuler la nuit et la journée du 30 courant sur la ligne Lille Leers. Les membres de la commission de réception de la ligne se sont installés dans les gaies et pimpantes voitures de la nouvelle ligne. Le secrétaire général et les ingénieurs du contrôle se sont montrés satisfaits des installations très perfectionnées de la ligne, voitures, voie et ligne de trolley. L’inauguration aura lieu le 2 mai 1908, les voitures réservées aux invités partiront de la place des Buisses à 9 heures et demie du matin. M. Vincent, Préfet du Nord accompagné des notabilités de la région arrive à Leers, au dépôt, à 10 heures 50, après avoir traversé des communes pavoisées dont certaines avaient édifié des arcs de triomphe à la gloire du progrès. La musique municipale de Leers joue la Marseillaise, puis c’est le moment des vins d’honneur. Un lunch est servi. M. Descubes président du Conseil d’Administration de l’Électrique Lille Roubaix Tourcoing prend la parole, puis le Préfet et le député maire d’Hem Henri Delecroix, au nom des populations desservies. La visite du dépôt se prolonge jusque midi, heure à laquelle tout le monde remonte en voiture pour regagner Lille. Ce dépôt entre donc en activité en même temps que la ligne. Il abrite alors une soixantaine de voitures.
Pendant la première guerre, l’invasion allemande interrompt d’abord l’exploitation du réseau, mais dès le 16 octobre 1914, la reprise est ordonnée par le Préfet du Nord. Les employés subissent les représailles des soldats allemands qu’ils doivent transporter gratuitement, alors que l’utilisation des tramways est interdite aux personnes civiles non munies d’une autorisation délivrée par l’autorité allemande. Au moment de leur retraite, les allemands auront détruit ou saboté nombre d’équipement et même enlevé des motrices et des voitures !
La remise en route du réseau et le remplacement progressif des machines seront le lot des années vingt. Au coût important de ces mesures s’ajoute la concurrence du réseau routier, voitures individuelles et autobus tenant le haut du pavé. Dès 1931, le nombre de voyageurs transportés commence à décroitre. Il faut réaménager le réseau. En mars 1935 la ligne B ne va plus jusqu’à Leers, le terminus est ramené à Lys-lez-Lannoy. Un service horaire (ligne T) est mis en place partant de Wattrelos (rue de Leers) par Lannoy, empruntant les tronçons des lignes 3 (Leers-Roncq) et de l’ex 2 (Lille-Leers) par le pont de Grimonpont, la Place de Leers, rue du Fresnoy, rue de Leers à Lys-lez-Lannoy. Mais ce service s’interrompt en février 1936. De fait, le dépôt de Leers n’est plus utilisé, il sera même détruit lors de la retraite des soldats Anglais en juin 1940. Son souvenir persiste avec le bâtiment à l’angle de la rue Colbert et du Maréchal Leclerc lofté depuis quelques années, et surtout avec la cité du dépôt, juste derrière, qui occupe l’emplacement de l’ancien dépôt.
La ligne quitte Lille intra-muros par la porte de Roubaix. La photo nous montre une motrice quittant la ville, vue depuis l’extérieur du mur d’enceinte. On voit que les deux accès de gauche sont réservés à la circulation entrante et sortante, l’issue de droite est pour les piétons.
Elle emprunte alors la rue du Faubourg de Roubaix et parvient presque immédiatement au carrefour Labis, du nom du débit de boissons qui s’y trouvait. Il est en bois, comme toutes les constructions du quartier : il fallait que l’autorité militaire puisse raser la zone pour dégager la vue en cas d’attaque. La ligne prend alors à gauche en double voie vers Mons. Les photos suivantes nous montrent l’une une rame électrique à destination de Roubaix et l’autre, plus ancienne, une rame vapeur en sens inverse.
La ligne va maintenant suivre la départementale numéro 14 jusqu’à Roubaix. Elle côtoie le cimetière de l’Est, puis croise la rue de la Louvière et son prolongement, la rue St Gabriel à hauteur de l’église st Maurice des Champs dont on voit le clocher à gauche de la photo prise en direction de Lille. A gauche au premier plan le restaurant du Chevalier Français, aujourd’hui une agence du Crédit Mutuel au 162. L’estaminet sur la droite est devenu la pharmacie St Maurice au 173. On voit que la voie est double à hauteur du carrefour. La ligne V traverse le carrefour de gauche à droite, et une bretelle permet de passer d’une ligne à l’autre.
La ligne de tramway V, mise en service en 1906, relie la place Catinat dans le quartier Vauban au Buisson dans le faubourg St Maurice, à la limite de Marcq.
Poursuivant son chemin dans la rue du Faubourg de Roubaix, le F va passer devant l’enseigne du Vrai Roubaisien, au 233. Cet immeuble existe encore aujourd’hui, après bien des emplois. La vue est prise en direction de Lille, et nous sommes toujours en double voie.
Nous remarquons que des rails quittent la voie principale vers la droite. C’est dû au fait qu’ « au vrai Roubaisien » fait le coin juste avant le dépôt du Lion d’Or, qui se trouve à gauche de la rue en venant de Lille. Ce dépôt a d’abord abrité les remises et les écuries des tramways à chevaux, avant d’être équipé des installations de recharge en vapeur des locomotives système Francq. Il sera ensuite reconverti pour le garage et l’entretien des motrices électriques. Démoli en 1976, il est aujourd’hui remplacé par des immeubles modernes. La dénomination du dépôt et du pont viendrait du nom d’un ancien cabaret.
Selon Claude Gay (Au fil des trams), la manœuvre n’est pas rapide : il faut dételer la rame devant le dépôt pour entrer la machine et remplir son réservoir de vapeur. Pendant ce temps, les passagers attendent qu’une autre machine prenne en charge les remorques pour continuer le parcours.
La photo suivante est prise un peu plus loin, toujours en direction de Lille. Le 241, sur le coin, est aujourd’hui le dernier bâtiment qui reste avant le pont. Celui-ci s’est élargi lors de la construction de la voie rapide et les maisons qu’on voit au premier plan à droite ont désormais disparu.
Le pont du Lion d’Or est établi 100 mètres plus loin, au dessus des voies du chemin de fer menant à Roubaix et Tourcoing. Un escalier permettait d’accéder aux voies. La ligne de tramway emprunte le pont. L’aspect de cette zone a considérablement changé après le tracé de la voie rapide qui longe aujourd’hui les voies.
Aussitôt le pont franchi, la voie se dédouble devant l’institut gynécologique, déjà aperçu à droite sur la photo précédente, et le cabaret « A l’Arrêt des cars ». Les deux photos suivantes sont prises au même endroit, la première vers Mons, l’autre où l’on voit une rame F négocier l’aiguille pour se diriger vers Lille.
Là se trouvait le bureau de l’octroi. On se trouve maintenant à la limite du territoire de Lille. Nous allons passer sur celui de Mons.
Les abonnés du réseau de Roubaix Wattrelos de tramways se sont réunis salle de la maison commune pour discuter de leurs intérêts. Voilà qui peut surprendre si on considère une association moderne pour défendre les droits des usagers. Il y a un peu de ça, même si on n’en est pas encore là. C’est la perspective de l’ouverture de nouvelles lignes à ouvrir sur Wattrelos qui a poussé cette assemblée à se constituer. Elle ne veut pas porter atteinte aux prérogatives du Conseil Municipal, mais pense qu’il est utile qu’un comité composé de personnes plus directement intéressées à la question se mette en contact avec l’administration municipale, pour demander que leurs intérêts ne soient pas lésés. Étant bien entendu que ces intérêts, à eux personnels, sont directement liés aux intérêts généraux de la ville.
Les revendications suivent : la population ouvrière devant se rendre tous les jours à Roubaix il importe qu’elle connaisse exactement les tarifs de transport qui lui seront imposés par la nouvelle convention. Elle décide qu’une commission sera nommée qui sera chargée de prendre connaissance du cahier des charges. On formera ce bureau lors de la prochaine assemblée générale fixée au samedi 8 septembre. L’article n’indique pas le nombre de participants. La question du tarif est mise en avant mais on peut imaginer que celle des trajets futurs, des horaires et de la fréquence des passages soient abordées.
Une nouvelle réunion a lieu qui regroupe les abonnés du réseau des tramways de Roubaix habitant Wattrelos. Elle se déroule à l’estaminet Debeurme. Après avoir discuté leurs intérêts, les abonnés constituent un bureau dans le but de se prémunir vis à vis de la nouvelle convention à venir. Il s’agit bien d’une association d’usagers ! Voici la composition du bureau : président Louis Beuscart, vice président Omer Laloy, secrétaire Paul Debeurme, commissaires Louis Lepoutre, Alfred Baudonck, Emile Jonville, Vincent Leclercq, Edouard Bettremieux, Charles Leman et Alphonse Delcambre.
Après un échange de vues, une adresse est rédigée pour l’administration municipale. Voici son contenu : Les villes de Roubaix et Tourcoing ayant accepté l’extension du réseau pour la traction électrique des tramways et par suite certains changements aux prix des abonnements, d’après ces nouvelles conventions, le prix de l’abonnement pour les communes suburbaines est porté de 7 fr à 10 frs pour l’extérieur et de 10 frs à 13 frs pour l’intérieur, soit une augmentation de 3 frs par mois si les autorités supérieures acceptent ces nouvelles conditions. En conséquence les soussignés habitant Wattrelos abonnés ne faisant le trajet de Wattrelos à Roubaix que pour se rendre à leur travail demandent l’extension jusqu’à la place de Wattrelos de l’abonnement du réseau urbain de Roubaix. Il nous serait impossible de supporter une augmentation de 30 % sur le prix actuel. Nous espérons nous sommes certains même que la compagnie après avoir pris connaissance de notre réclamation tout à fait justifiée nous donnera pleine et entière satisfaction. Toutes les communications pouvant intéresser les abonnés ou généralement tout le public peuvent être adressées à l’estaminet Debeurme, où la commission se réunira en temps voulu pour les examiner et les faire valoir.
Quelques temps après, le comité pour la défense des intérêts des abonnés aux tramways appelle à une autre réunion à l’estaminet de l’ancienne maison commune, rue Pierre Catteau. On fait appel aux adhésions. Les membres du bureau sont convoqués un peu avant, il y aura des communications très importantes.
Extrait de Wattrelos fin de siècle Atemem éditions
En 1903, lors de l’électrification des tramways lillois, la ligne F reliant Lille à Roubaix voit son terminus supprimé de la grand place devant ce que nous appelons aujourd’hui la vieille bourse. La ligne passe alors de l’autre côté de la colonne de la Déesse, qui se trouve alors placée dans l’alignement de la rue des sept Agaches. Les voies placées le long de la bourse disparaissent définitivement. A ce moment, le terminus est reporté place de Tourcoing : les rames F ne font plus qu’un simple arrêt à la grand place et poursuivent leur route sans nécessiter de retournement. On remarque sur la photo qui suit un kiosque nouvellement construit près de la Déesse.
Après l’arrêt, les voies prennent à gauche pour se diriger vers la rue Nationale. On remarque le rail central qui alimente les motrices en électricité, alors que les trolleys ne sont pas utilisés. La caténaire était proscrite dans le centre pour des raisons d’esthétique.
La photo suivante prise depuis la grand place nous montre, vue de l’arrière, une rame F qui s’engage dans la rue Nationale, bien vide à cette époque. Au fond, l’église du Sacré Cœur dont le clocher n’est pas encore terminé.
La rue Nationale est tracée en 1862, au moment du rattachement des communes d’Esquerme, de Wazemmes, de Fives et de Moulins à Lille. Elle est rigoureusement droite et suffisamment large pour s’accommoder de deux voies tout le long de son axe.
Une première photo, prise au croisement de la rue de Pas nous montre à gauche une voiture de la ligne H en route vers la grand place et à droite une rame F qui se dirige vers la place de Tourcoing. A droite, l’immeuble du crédit Lyonnais, qui existe toujours aujourd’hui bien que méconnaissable, a été utilisé par l’occupant lors de la première guerre. On y distribuait des journaux allemands.
La photo qui suit est prise dans l’autre sens au niveau de la rue des deux épées et de l’actuel Printemps à l’époque de la construction de la nouvelle bourse dont on remarque le beffroi en cours d’édification.
Pour la photo suivante, le photographe se trouve un peu plus loin au croisement de la rue de l’hôpital Militaire à une période antérieure à la construction la nouvelle bourse, qui n’apparaît pas encore à l’horizon de la grand place. Le bâtiment à droite, bien reconnaissable grâce à son étage en retrait, est encore visible aujourd’hui, bien que modernisé. Le F se hâte vers la grand place, au milieu d’une circulation très clairsemée.
La ligne passe ensuite devant ce qu’on appelle aujourd’hui le square du p’tit Quinquin. C’est là qu’était alors installé, derrière le monument de Desrousseaux, mais aussi « l’Ideal Skating », remplacé à une autre époque le « Palais d’Eté ».
On rencontre un peu plus loin le boulevard de la Liberté, avec, à droite le café du Coq Lillois, qui a changé aujourd’hui de nom. Le F laisse à sa droite les voies qui s’engagent dans le boulevard pour rejoindre le boulevard Vauban, et continue, lui, sa route en droite ligne. Le rail central alimente encore les motrices
La photo suivante, prise au même endroit mais dans l’autre sens, nous montre la fin de ce rail central. En effet, à partir d’une certaine époque, ce rail d’alimentation qu’on voit au premier plan s’interrompt brusquement à cet endroit. A partir de là le tram va être alimenté par le fil de contact aérien soutenu par des pylônes situés sur les trottoirs. On remarque à droite le magasin de la manufacture d’armes et cycles de Saint Etienne, qui prendra plus tard le nom de « Manufrance ».
Un peu plus loin, les voies contournent le centre de la place de Strasbourg, connue également sous le nom de « place ronde », où un kiosque accueille les usagers du tram près du monument à Achille Testelin, héros de 1870. La statue disparaîtra durant la guerre 14 du fait des allemands et les rails traverseront la place en ligne droite jusqu’à leur propre disparition.
La ligne passe ensuite devant l’église du Sacré Cœur dont le clocher ne sera achevé qu’en 1928, 25 ans après la consécration de l’édifice situé au coin de la rue Solférino. Dans cette dernière rue, les voies de tramway sont alimentées par ligne aérienne également, mais par des poteaux centraux , alors que ceux des trottoirs de la rue Nationale vont disparaître, remplacés plus tard par des suspensions directes sur les façades des immeubles. Les photos, prises avant et après l’achèvement de la flèche, montrent la rue Nationale avec ses poteaux sur les trottoirs, et la rue Solférino avec ses poteaux centraux.
Un peu plus loin, les usagers du F rencontrent la rue Colbert. La photo montre, au premier plan, les voies de la rue Nationale, et, à angle droit, la voie unique de la rue Colbert vers Wazemmes. Cette rue est trop étroite pour autoriser une voie double. Plus tard, la rue sera mise en sens unique et la voie déplacée vers l’axe de la chaussée.
Nous arrivons finalement à la place de Tourcoing, aujourd’hui place du Maréchal Leclerc, très loin, là où se rejoignent le boulevard Vauban et la rue Nationale. Le terminus est situé sur la voie latérale, face au boulevard Vauban, sous les frondaisons. On y voit sur la photo suivante une rame en attente.
Les photos non légendées proviennent de collections particulières.
C’est par un début d’après midi de Mars 1896, vers une heure et demie, que des crépitements se firent entendre en même temps qu’une vive lueur apparut autour de la sonnerie du téléphone installée chez les époux Desoubrie et destinée à recevoir les appels en l’absence du personnel municipal. Au même instant, une fumée acre et intense s’échappait des bureaux du secrétariat de la Mairie, qui se trouvait à l’époque dans l’actuelle rue Florimond Lecomte. Toute l’installation téléphonique municipale obtenue à la suite d’une décision du Conseil du 18 Août 1892 fondait littéralement suite à un échauffement subit.
Ce n’est que tard dans la soirée qu’on sut la cause de cet étrange incident. Un fil de traverse soutenant le tramway s’était détaché et avait touché le fil téléphonique, ce qui provoqua instantanément la combustion des deux sonneries et de l’installation entière qui fut détériorée au point qu’elle fut déclarée irréparable par Monsieur Schmidt, chef du service téléphonique venu en Mairie le lendemain.
Monsieur Henri Pollet Maire de Wattrelos rencontre aussitôt la Compagnie des Tramways et celle-ci s’engage à remplacer toute l’installation, ainsi que tous les frais occasionnés par l’incident. Ce contact entre fils eut d’autres répercussions : certains abonnés furent « électrisés » par leur téléphone, ou privés de communication pendant quelques temps. Les employées du bureau central avaient également ressenti les effets de l’incident, en éprouvant une certaine commotion au toucher des plaques. Autrement dit, un certain nombre de personnes manquèrent d’être électrocutées par ce malencontreux contact et par ce qu’on appellera désormais les courants vagabonds. Ce problème amènera la Compagnie des Tramways de Roubaix et Tourcoing (T.R.T.) devant le Conseil de Préfecture à l’occasion d’une action intentée par les P.T.T en 1912, et elle fut condamnée à payer à l’État les dégradations occasionnées par l’électrolyse provenant des courants vagabonds.
Le tramway électrique était tout récent à Wattrelos et ses délateurs étaient nombreux. La ligne fut prolongée du Laboureur où se trouvait le dépôt jusqu’à la Grand Place de Wattrelos grâce à l’ouverture de la rue Carnot en 1894. L’année 1895 vit l’établissement de la voie, qui croisera celle du chemin de fer à hauteur des établissements Leclercq Dupire, et l’apparition des sinistres gibets qui soutiennent les fils électriques, du mot d’un correspondant mécontent écrivant au Journal de Roubaix. Ce dernier écrivait encore le 14 Décembre 1895: si encore le trolley et les traverses étaient convenablement soutenus! Mais depuis de longues semaines toute cette ferraille pend lamentablement à demi-accrochée, un des poteaux ayant été brisé à sa base et le fil n’ayant pas été fixé à son remplaçant.
La Mairie elle même était déjà intervenue pour faire cesser cet état de choses qui se situait sur la Grand Place de Wattrelos avec tous les désagréments et les dangers que présentait cette récente installation électrique. Quelques incidents complètent la liste des méfaits du tramway, qui sont plutôt dus à la nouveauté de son apparition : un cheval effrayé est blessé par le tramway le 7 février, la voiture du tripier bloque la voie et occasionne du retard le 2 Mars, sans compter les chutes des personnes qui descendent en marche, intrépides acrobates ou simplement en état d’ébriété.
Le tramway, comme le téléphone, survécurent à ces incidents. Mais qui pouvait prévoir à cette époque, que la rencontre de ces deux instruments du progrès provoquerait des étincelles ?
extrait de Wattrelos fin de siècle Atemem éditions