L’ Antenne Sud

A l’issue de la seconde guerre mondiale Hem est un gros village aux portes de Roubaix et ne compte que 6.105 âmes. Mais 30 ans plus tard, elle totalise plus de 42.400 habitants. Prévue au Plan d’Occupation des Sols dès 1972, la voie expresse de Roubaix, dite « Antenne Sud », doit désenclaver plusieurs communes dont Hem. C’est alors l’Etat qui est maître d’ouvrage.

En 1973, la ville compte donc bien profiter des travaux de construction de l’autoroute en provenance de Villeneuve d’Ascq vers Roubaix pour aménager l’avenue de la Marne de bout en bout. Elle prévoit ainsi que la traversée de la bretelle de l’autoroute se fera par un carrefour muni de feux tricolores.

Les travaux de 1973 au débouché de l’autoroute ; on aperçoit au fond « la Banane » (Document Nord-Eclair)
Le plan de circulation au débouché de l’autoroute (Document Nord-Eclair)

En principe, les travaux de la future pénétrante de Roubaix doivent être terminés à la fin de l’année 1973 : on y roulera bientôt sur une moderne voie rapide à deux fois deux chaussées. Les carrefours seront spécialement aménagés et équipés de feux tricolores.

A Hem, le chantier s’étend presque sans discontinuité du boulevard Clémenceau à ce qui deviendra l’échangeur de Babylone, au large du Tir à Loques. Il coupe la rue d’Hem à Croix et de Croix à Hem à proximité de la brasserie Leclercq et par deux fois le vieux CD6 à proximité du restaurant La Vieille Forge à Villeneuve d’Ascq.

La nouvelle pénétrante de Roubaix (Document Nord-Eclair)

Pourtant en 1974, c’est encore l’impasse : un litige ne parvient pas à être résolu entre les promoteurs et un propriétaire hémois qui refuse la cession de deux parcelles permettant la jonction définitive, retardant ainsi l’ouverture de la voie expresse. En outre la municipalité souhaite quelques changements : repousser les feux tricolores prévus rue de Beaumont à l’avenue de la Marne, et placer d’autres feux rue de Roubaix pour les élèves de Saint-Paul.

L’impasse pour la pénétrante de Roubaix (Document Nord-Eclair)

Quoi qu’il en soit le carrefour Delory-Regnault-Fourrier-Vernet à Roubaix est aménagé pour permettre une pénétration sans souci dans le futur boulevard de Roubaix avec installation d’îlots directionnels et de feux tricolores. Ainsi tout est prêt en vue de la future ouverture du boulevard dès que le « hiatus Hempempont » sera réglé. Quant au débouché du boulevard de Roubaix vers Hem, il se fera dans un boulevard Clémenceau à sens unique à Hem.

Carrefour Delory-Regnault-Fourrier-Vernet et débouché du boulevard dans les 2 sens (Document Nord-Eclair)

En 1975, l’affaire fait les gros titres en première page de la presse locale : « l’autoroute de Roubaix ne mène toujours nulle part, un scandale qui a trop duré ». Le propriétaire du terrain, un chevilleur souhaitant conserver ses arpents de pâture, ne l’ayant toujours pas cédé, Roubaix ne peut être rattaché au réseau autoroutier et les voies jusqu’alors tracées ne mènent toujours nulle part.

Photo aérienne de 1975 (Document Nord-Eclair)

Concrètement la voie rapide est construite à Hem, entre le boulevard Clémenceau et la rue de Croix, deux kilomètres de chaussée bien goudronnée, des panneaux de signalisation indiquant la direction de Paris installés, des glissières de sécurité en place, un nouveau carrefour construit avec feux tricolores avenue Gustave Delory à Roubaix.

Pourtant la route ne sert à rien…Des barrières ont dû être installées pour en interdire l’accès afin d’éviter que motards et automobilistes ne l’utilisent comme un circuit de course ! Un hiatus de quelques centaines de mètres subsiste en effet à Hempempont empêchant la continuité entre les deux tronçons terminés de la route. Malgré une décision d’expropriation prise par les tribunaux la procédure est toujours bloquée.

Photo aérienne de 1976 du début de la voie avenue Gustave Delory à Roubaix et Boulevard Clémenceau à Hem puis à hauteur de la rue de Croix et jusqu’à Hempempont (Documents IGN)

En outre l’administration responsable des travaux a changé : l’Etablissement Public de la Ville Est (EPALE) a été déchargé des problèmes d’aménagements routiers, à présent repris en compte par la Direction Départementale de l’Equipement (DDE). Le transfert des dossiers d’un service à l’autre n’est donc pas fait pour arranger les choses !

Le Docteur Marcel Guislain, ancien sénateur de Roubaix, ayant écrit au président de la communauté urbaine pour s’émouvoir de cette situation apparemment sans issue, reçoit une réponse du directeur de la DDE précisant que l’état d’avancement actuel de la procédure permet raisonnablement de penser que le dénouement est proche…

Plan du blocage de la situation en 1975 (Document Nord-Eclair)

Le quartier du Civron est particulièrement impacté par le projet dans la mesure où plusieurs exploitations agricoles se trouveront littéralement coupées en deux par la nouvelle route obligeant les ingénieurs à prévoir la construction d’un pont pour que certains agriculteurs puissent accéder à leurs champs situés de l’autre côté de la nouvelle voie.

Ainsi est-ce le cas de deux des 3 fermes situées dans le S que forme la rue de Sailly avant d’arriver à la rue du Vieux Civron dont l’une, située à gauche de la rue très en retrait, la ferme Carette, devra cesser son exploitation en 1983, totalement expropriée pour le projet de l’Antenne Sud. Les deux autres, situées à droite et à gauche au bord de la rue, les fermes Bouche (ou ferme du Petit Sailly) et Bonvarlet (anciennement Dekeyser) continueront quant elles à exister en tant qu’exploitations.

Photo aérienne des trois fermes de la rue de Sailly dans les années 1950-1960 et dans les années 2000 et plan actuel (Documents IGN)

En 1978, on reparle de l’antenne Sud à Hem au cours d’une réunion des élus dans le quartier Hem Place et le maire Jean-Claude Provo tente de rassurer les habitants : il n’y aura pas de casse comme au Civron, l’échangeur se trouvera en face des dominos de l’avenue Delecroix puis l’antenne rejoindra le Civron en passant derrière la Briqueterie et des murs phoniques ont été promis par la Communauté Urbaine et le Département.

Réunion des élus dans le quartier Hem Place (Document Nord-Eclair)

En 1979, après défection de l’Etat, le Conseil Général reprend la maîtrise de l’ouvrage dont le financement sera pour 60% à charge du département et 40% à charge de la communauté urbaine. On parle à présent de voie rapide à caractéristiques autoroutières à vocation départementale et l’Equipement propose de lui conférer le caractère de voie expresse, à savoir avec accès réservé aux véhicules automobiles immatriculés.

En 1980, après une mise en sommeil du projet, celui-ci refait donc surface: la route doit assurer, à partir du Recueil à Villeneuve d’Ascq, une desserte directe de la zone industrielle de Roubaix- Est (Lys-Leers) et s’intégrer dans une grande boucle, sorte de super périphérique de l’agglomération roubaisienne, pour donner directement accès aux autoroutes belges, notamment celle de Tournai-Mouscron-Courtrai. Pourtant il ne s’agira plus d’une « deux fois deux voies » mais d’une double voie de 7 mètres de large avec une seule voie par sens de circulation sur pratiquement toute sa longueur.

Réunion houleuse en mairie de Hem (Document Nord-Eclair)

En février, une réunion du Conseil Municipal accueille les habitants concernés par le tracé de la voie, en présence des techniciens de la DDE. La réunion devient houleuse, les futurs riverains et agriculteurs contestant le bien fondé de cette nouvelle liaison et soulignant les nuisances qui en découleront.

Le représentant de la DDE rappelle qu’il a été procédé à une étude d’impact : recensement de l’état actuel du site, analyse des impacts positifs et négatifs de la réalisation et description des aménagements prévus pour atténuer les effets des nuisances à savoir la protection des nappes aquifères, traversées franches prévues pour les exploitations agricoles et étude acoustique pour ramener la nuisance sonore au dessus du seuil de gêne.

Un mois plus tard le Conseil municipal déclare le projet d’utilité publique et donne son accord pour le classement en voie expresse sous certaines réserves. Le Comité de Défense des riverains Antenne Sud se constitue, rassemblant les agriculteurs des communes touchées par le projet qui dégrade plus de 20 ha de terres cultivées. Tracts et pétitions s’ensuivent de même que des manifestations.

Manifestations contre le projet (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)
Manifestations contre le projet (Document Au temps d’Hem)

La DDE revoit son projet et il en sort 2 points très positifs : alors que le tout premier projet avec passage en remblai au Bon Poste supposait 67 expropriations dont 47 sur Hem, le projet définitif entraine 27 expropriations dont 6 sur Hem. L’antenne Sud est en bonne voie avec une réalisation effective prévue en 1983 et une estimation du trafic futur qui donne 13.000 véhicules par jour dans les 2 sens dès 1985 et environ 20.000 en l’an 2000.

A suivre…

Le Lafargue

Vue aérienne 1962 ( document IGN )

Au 15 rue Paul Lafargue à Roubaix, se trouve la propriété de M. Albert Wattinne et Françoise Rasson son épouse, depuis le début des années 1930. La maison est très grande et spacieuse, elle est construite sur un terrain de 11.783 m2. Au fond de la propriété, dans la partie Sud-Est, de nombreux arbres sont plantés : peupliers, érables, hêtres, noyers, formant ainsi un parc magnifique.

documents archives municipales

Albert et Françoise, en 1956, font appel à l’architecte O.Verdonck, dont le cabinet se trouve avenue Jean Lebas, car ils envisagent d’agrandir leur maison, et de transformer les combles en créant et en aménageant des appartements.

En 1973, un acte de cession est signé entre Albert Wattinne, Françoise Rasson et la société Ferret Savinel représenté par Jean Arnault, pour la vente du terrain, de la maison et des dépendances du 15 rue Paul Lafargue.

La SCI « Les jardins de France » est alors créée, cette même année.

document archives municipales

Le projet d’un ensemble résidentiel d’habitation voit le jour, en 1974. Le promoteur et constructeur Ferret Savinel fait appel au cabinet d’architectes Colin Deldique Mougin pour la construction de 53 appartements ainsi qu’un logement pour le gardien. L’immeuble est situé perpendiculairement à la rue Paul Lafargue pour une meilleure exposition Sud-Ouest, et pour avoir une magnifique vue sur le parc arboré.

Le bâtiment est composé de 3 blocs équipés chacun d’un ascenseur. Trois logements sont proposés par niveau. 42 places de parking en sous sol et 34 en aérien sont proposées à la clientèle.

l’appartement témoin en 1976 ( document Nord Eclair )
document Nord Eclair

L’aménagement d’un appartement témoin permet de débuter la vente en 1976 par l’agence Brigode de Villeneuve d’Ascq, responsable de la commercialisation du programme. Les éventuels acheteurs imaginent leur futur logement dans un immeuble aux proportions harmonieuses. Le Lafargue propose un environnement exceptionnel ( le parc de Barbieux est très proche ) éloigné de toutes nuisances sonores, car la rue Paul Lafargue est très calme. Les appartements confortables de 65 à 133 m2 sont proposés avec de larges baies vitrées panoramiques en double vitrage, donnant sur le parc magnifique et ses arbres majestueux.

publicité Nord Eclair
Document google Maps

Remerciements aux archives municipales

Château de la Marquise (suite)

Deux ans plus tard, en septembre 1946, le marquis d’Auray de Saint Pois décède à l’âge de 86 ans, dans son domaine de la Manche. Sa veuve, la marquise, née Mathide Marie Joseph Pollet, décède 11 ans plus tard, en 1957, à Paris à l’âge de 82 ans. Le couple a eu 2 filles Germaine Marie Mathilde en 1897 et Renée en 1899. Le château de Saint-Pois reste dans la famille jusqu’à la mort de la dernière en 1982. En revanche le domaine de Hem devient propriété municipale.

Photo aérienne de 1947 montrant l’ensemble du domaine après-guerre (Document IGN)

L’année du décès de la Marquise, à l’occasion de la fête nationale, un gymkhana automobile est organisé dans le Parc réunissant une vingtaine de concurrents venus de toute la région et chacun fait preuve de virtuosité pour contourner les multiples obstacles installés sur le parcours et ce devant une foule de curieux massés sur le périmètre du terrain.

Les curieux massés autour du terrain et un concurrent s’apprêtant à prendre le départ dans une fourgonnette 2CH (Document Nord-Eclair)

Mais les bâtisseurs, en l’occurrence « La Maison Roubaisienne » s’emparent bien vite d’une grande partie de ce magnifique terrain boisé à quelques kilomètres de Roubaix et bien desservi par 2 voies importantes : le boulevard Clémenceau et la rue de la Tribonnerie.

Ce terrain est divisé en 105 parcelles, dont la superficie varie entre 800 et 1300 mètres carrés. Le Corbusier, un temps pressenti comme architecte du projet ne parvient pas à s’entendre avec Albert Prouvost (Voir sur notre site un précédent article intitulé : Quand Le Corbusier vient à Hem).

Chaque acheteur d’un terrain fait ensuite bâtir selon ses goûts personnels mais en se pliant à l’impératif d’un plan d’ensemble issu de la nécessité de sauvegarder la beauté du parc. La discipline imposée dans la construction s’exprime en plusieurs impératifs : pavillons isolés, unité des angles de toitures, qualité de la brique et des tuiles , portillons standard…Les travaux de viabilité sont entrepris dès l’année 1958 et une nouvelle route traverse le terrain.

Les futurs propriétaires bénéficient de l’aide de l’Union mutuelle immobilière de crédit (UMIC), créée par Albert Prouvost (industriel roubaisien animateur du CIL) et le CIL(Comité Interprofesssionnel du Logement fondé en 1943 pour permettre l’accession à la propriété des ouvriers). Cet organisme est chargé de prêter de l’argent aux cadres qui souhaitent faire construire des logements individuels.

Titres du journal de 1958 avec photo du terrain avant le début du chantier et publicité pour l’achat de terrains à la Marquise (Document Nord-Eclair)

En 1959, les premiers pavillons apparaissent et la Voix du Nord titre : le lotissement résidentiel, édifié dans un parc magnifique, sera un des mieux réussis de notre agglomération. Sont en effet conservés de nombreux arbres d’essences différentes, un étang et des pelouses ce qui permet aux constructions d’être nichées dans un havre de verdure. La Tribonnerie va compter une trentaine de maisons dans un cadre enchanteur.

L’étang dans la Tribonnerie à l’époque des constructions et en 2017 (Documents collection privée)

La viabilité, alors achevée, se résume en quelques chiffres particulièrement significatifs : les terrassements pour égouts et encaissement des chaussées et trottoirs concernent un volume de 10.000 mètres cubes ; la longueur des égouts est de 2 kms et les chaussées nouvelles occupent la même distance ; la superficie de revêtement des routes est de 10.000 mètres carrés et la surface des trottoirs de 9.000 ; l’éclairage public est fluorescent…

Le titre de la presse locale en 1959 et la photo de 3 pavillons déjà construits (Documents la Voix du Nord)
Une photo du quartier dans les années 1970 (Document collection privée)
Photo aérienne de la Tribonnerie avec le plan d’eau de l’allée Matisse en 2023 (Document Google Maps)

Pourtant, malgré les propos rassurants de l’article sur le fait que la Tribonnerie ne présente alors plus aucun danger, lors de la construction du lotissement , on déplore sur un chantier, allée Matisse, la mort d’un maçon ayant frappé sur un obus anti-char avec un marteau et un clou. Ce serait la dernière victime des dépôts de munitions de Hem, si l’on excepte les blessures subies par 2 employés municipaux en 1986 alors qu’ils ramassaient des herbes dans l’ancienne propriété de la Marquise.

Des obus dans le parc de la Marquise en 1958 (Document Nord-Eclair)

Côté rue de Beaumont, le reste du parc est affecté dès la fin des années 1940, « au terrain hippique du parc municipal des sports » donnant sur la rue de Beaumont. Ainsi, en 1947, la SHR (Société hippique rurale) de la Vallée de La Marque organise un concours hippique sur le Terrain de la Lionderie pour chevaux de demi-trait puis pour chevaux de ville à l’issue duquel une médaille est remise.

Programme et médaille du concours de la Lionderie de 1947 et une carriole publicitaire dans les rues et des cavaliers à cheval (Documents Historihem)

Ces concours continuent après la création du quartier résidentiel de la Tribonnerie : ainsi celui organisé par la SHR de la Vallée de la Marque, en 1962, au profit du comité municipal d’aide aux anciens, sous le patronage du journal Nord-Eclair. Plus de 70 cavaliers et cavalières participent à ce Grand Prix de la Tribonnerie qui se clôture par une traditionnelle distribution des prix.

Le concours hippique de 1962 (Document Nord-Eclair)

En 1964, on note le déroulement du Rallye annuel de Saint-Hubert, organisé également par la SHR, au cours duquel le pain de Saint Hubert ainsi que les cavaliers et cavalières participant, tout comme les chevaux et les chiens, ont reçu la bénédiction de l’abbé Georges Leurent, curé d’Hem Saint Corneille, après la messe.

La bénédiction par le curé Leurent lors du rallye de 1964 (Document Historihem)

Le prix Nord-Eclair remporte également une vive réussite en 1967, avec la participation au concours du champion de France, dans le prix de la ville de Hem, ainsi que le joyeux rallye équestre de la SHR l’année suivante au cours duquel une randonnée de 30 kilomètres autour de Hem au départ du terrain de la Marquise avant un retour sur ce même domaine.

Le prix Nord-Eclair de 1967 et le Rallye équestre de 1968 (Documents Nord-Eclair)
Un concours hippique à La Marquise (Documents Historihem)

Dans les années 1970, le Club Hippique d’Hem, y organise encore des concours placés sous la présidence d’honneur du préfet de région et du maire de Hem. Y participent près de 600 chevaux dans les différents prix : Espoirs, Club Hippique d’Hem, Brasserie du Pélican et Nord-Eclair. Les personnalités sont accueillies devant le club-house et les différentes épreuves se répartissent sur toute la journée.

Les personnalités au concours de 1973 (Documents Nord-Eclair)

Dans les années 1980, les écuries sont toujours présentes sur l’ancien domaine de la Marquise. 20 ans plus tard il ne reste que peu de vestiges du château : hormis quelques pierres, vestiges du portail nord à l’angle de la Tribonnerie, se dresse encore l’ancien pigeonnier du Château de la Marquise au dessus du mur d’enceinte côté rue de Beaumont.

Les écuries dans les années 1970-1980 (Documents Historihem)
Les vestiges (2 pierres et 2 faîtières de pilier) et le pigeonnier rue de Beaumont dans les années 2000 (Document collection privée)

Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion pour son livre co-écrit avec Jacquy Delaporte Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au temps d’Hem et enfin à Jean-Louis Denis pour sa contribution.

Après le dépôt

vue de Leers en 1960 doc IGN

Sur cette photo aérienne de 1960, on peut distinguer l’ancien emplacement du dépôt de tramways, dont les portes s’ouvraient sur la rue de Lys, avec un bâtiment restant le long de la rue du Maréchal Leclerc.

Le chantier de la Maison Roubaisienne en 1962 doc NE

Au début de l’année 1962, la Maison Roubaisienne a déjà lancé un grand chantier de 26 maisons sur l’emplacement de l’ancien dépôt des tramways à ce moment disparu. Il n’en reste à vrai dire qu’un grand bâtiment longeant la rue Maréchal Foch, qui sera lofté de manière contemporaine.

Le lotissement et ses rues doc Google Maps

Le chantier de la maison roubaisienne s’étend donc de la rue du Maréchal Leclerc à la rue de la Lys et nécessitera l’ouverture de plusieurs rues, dont la décision sera prise le 30 mai 1964. Venant de la rue du Maréchal Leclerc, il y a d’abord la rue Colbert qui forme la voie principale du lotissement sur laquelle viennent se joindre la rue Émile Zola sur la droite, formant anneau, la rue Racine et une petite rue, la rue Voltaire. La rue Colbert et la rue Racine donnent dans la rue de la Lys. C’est un nouveau quartier qui s’est construit en quelques années.

Cinéma Noël

A l’origine, le 76 rue Jouffroy à Roubaix, est un estaminet doté d’une grande salle pour noces et banquets, une bourloire comme il en existe beaucoup dans la ville à la fin des années 1890. En 1907, le cabaretier Théodore Delbart est le premier à organiser des projections cinématographiques. Ce sont vraiment les premiers balbutiements du cinéma :

les sièges sont en bois et inconfortables, l’électricité est fournie par un moteur à gaz qui fait vibrer toute la salle. . . Son successeur Noël Deboever poursuit l’activité dans les années 1910 et donne son prénom « Noël » au cinéma.

Au début des années 1920, G. Leleu reprend l’établissement qui devient le « Modern Cinéma Noël ». Il gère déjà deux cinémas roubaisiens : celui de la rue de l’Alma et celui de la rue Lacroix. A son décés, dans les années 1930, sa veuve continue l’activité.

document collection privée

Après la seconde guerre mondiale, Julien Colleit devient directeur du cinéma. Une visite de la commission de sécurité l’autorise à poursuivre son exploitation à la condition qu’il fasse les travaux nécessaires et importants pour la mise en conformité. Julien Colleit, conscient que la sécurité passe avant tout, s’exécute et, de plus, profite de l’occasion pour agrandir son établissement. L’architecte Edouard Lardillier à Paris est chargé du dossier et dresse les plans.

Doc 3

documents archives municipales

En 1949, le cinéma est donc agrandi, élargi et refait à neuf. Toutes les normes de sécurité sont respectées conformément à la notification préfectorale. En 1950, après 3 mois de travaux, le cinéma ouvre à nouveau, et reprend le nom de cinéma Noël. C’est une salle familiale et conviviale.

Cinéma Noël ( document collection privée )

Le cinéma « Noël » est magnifique. C’est la plus intime des salles de spectacle de la ville, qui a comme préoccupation essentielle, d’offrir au juste prix, des spectacles suceptibles de satisfaire les plus difficiles et les plus exigeants.

973 fauteuils ( 790 sièges en orchestre et 183 au balcon ) sont disponibles pour les clients qui bénéficient de spectacles de haute qualité, d’une ambiance et d’un confort auquel la Direction a attaché beaucoup de soins.

La façade est très sobre et harmonieuse et attire de loin le regard. Les portes laquées blanc sont encadrées de colonnes en marbrite noire du plus gracieux effet décoratif.

la façade ( document collection privée )

Le hall d’entrée est coquet, spacieux et parfaitement aménagé. Une cabine vitrée de délivrance des billets se trouve au milieu du hall et permet un service accéléré et une attente réduite. A gauche, un large escalier méne au bar du sous-sol.

Le hall d’entrée ( document collection privée )

La salle de spectacle est magnifique, de couleur rouge et ocre. Une moquette épaisse et confortable, qui court tout le long des allées, étouffe le bruit des pas. Deux gigantesques appliques modernes posées sur les murs latéraux font rayonner une lumlière reposante. Les fauteuils très confortables sont garnis de velours rouge. Les rangées entre les sièges permettent aux spectateurs d’allonger les jambes. Des sorties de secours permettent d’évacuer rapidement la salle en cas d’urgence.

A l’étage, le balcon offre une vue d’ensemble, compléte et plongeante. Le confort des places de « la corbeille » est identique à celles de « l’orchestre ».

Vue de la scène ( document collection privée )
Vue de la corbeille ( document collection privée )

Au sous sol, le bar de forme elliptique propose des boissons fraîches, des crèmes glacées, des confiseries ainsi qu’une gamme variée de bonbons et chocolats. Des vitrines publicitaires entourent la salle.

En 1955, la direction investit à nouveau, pour que le cinéma Noël devienne un temple dédié au septième art. La salle est désormais équipée en Cinémascope. Un écran Walker de 70 m2 remplace le vieil écran panoramique. Cet écran est fait d’une seule pièce sans couture ni soudure. C’est un véritable tour de force technique. Quatre pistes sonores indispensables permettent de créer le son stéréophonique. Tous les derniers perfectionnements techniques sont installés : de quoi satisfaire complétement l’amateur de beaux spectacles.

document Nord Eclair

Peu de temps après, en 1958, Agnès Colleit Buht céde le cinéma à la société Gheldof et Ligeron du groupe du Casino de Roubaix. En 1960, le cinéma Noël devient « le Flandre ». En 1976, le cinéma se trouve sous la direction de Mme Raymonde Gheldof.

document Nord Eclair

Malheureusement, le 5 décembre 1979, le cinéma « le Flandre » ferme définitivement ses portes, comme de nombreux cinémas de quartier roubaisiens. Pendant toute la décennie des années 1980 et le début des années 1990, le cinéma va rester à l’abandon. Le site va devenir un dépotoire, un terrain de jeux pour les gosses du quartier. Le bâtiment va être squatté et les façades extérieures murées vont servir de panneaux d’affichage.

documents Nord Eclair

Le 25 Octobre 1996, la CUDL, Communauté Urbaine de Lille, demande le permis de démolir le cinéma pour raison de vétusté.

Le cinéma en 1996 à l’angle de la rue Jouffroy et de la rue Rocroi ( document archives municipales )
Le cinéma à l’angle de la rue Rocroi et de la rue de Maubeuge ( document archives municipales )

A la place de l’ancien cinéma Le Flandre, se construisent ensuite quelques logements sociaux : la résidence Maubeuge Rocroi. Il ne reste alors plus aucune trace de ce lieu de spectacle longtemps emblématique de Roubaix.

Photo BT

Remerciements à Philippe Waret et Alain Chopin ainsi qu’aux archives municipales

Les Cascades

Un énorme projet de construction de 372 logements voit le jour en 1971, à la limite du parc de Barbieux, entre les villes de Croix et Roubaix. La SCIC Société Centrale Immobilière de la Caisse des Dépôts, propriétaire du terrain, lance un appel d’offres pour la construction de 18 immeubles séparés pour un total de 372 logements. Cet immense terrain de 85.000 m2 était composé auparavant de quelques propriétés, bâties et non bâties, du 309 au 337 de la rue Verte, appartenant à des propriétaires privés dont quelques industriels roubaisiens.

Photo aérienne années 1960 ( document IGN )
Document Nord Eclair

L’endroit est très verdoyant et boisé. Les Roubaisiens le connaissent bien puisque l’avenue Le Notre sépare ce terrain du parc de Barbieux. La SCIC choisit les architectes Guy et Jacques Lapchin, pour la construction de l’ensemble. Trois tranches, de 124 logements chacune, sont programmées pour les travaux qui vont s’étaler entre 1972 et 1973. La SCIC avait déjà eu l’occasion de construire les célèbres tours des Aviateurs « Edouard Anseele ».

Document Nord Eclair

En Septembre 1972, la construction de l’ensemble dénommé « Les Cascades » démarre sur l’immense terrain. La première tranche comprend 6 tours carrées pour 124 logements : une tour de 10 étages, une de 6, et quatre de 4 étages. Tous les appartements disposent d’un balcon qui fait le tour complet du bâtiment. Trois parkings souterrains immenses sont construits et les places de stationnement extérieures limitées, pour respecter le cadre exceptionnel du parc de Barbieux.

Document Nord Eclair

Les 124 appartements se répartissent de la façon suivante : 13 studios F1, 13 appartements F2, 13 appartements F3, 37 appartements F4, 42 appartements F5 et 6 appartements F6. Les prix varient de 73.700 Frs pour un studio à 194.300 Frs pour le plus vaste appartement.

l’appartement témoin ( Document Nord Eclair )

Un logement témoin est ouvert pour le public désireux de visiter. C’est un 4 pièces entièrement aménagé et disposé au sol comme un plain pied. La « G.SCIC Promotion Immobilière », avenue Kennedy à Lille est chargée de la commercialisation qui démarre fin 1972, pour une livraison programmée en 1973.

Publicité 1972 ( Document Nord Eclair )

Manifestement, c’est une résidence de très grand standing : hall d’entrée en marbre de Carrare, ascenseur avec desserte directe des garages au sous-sol, adoucisseur d’eau, chauffage central au gaz, interphone individuel, et surtout les 6 immeubles sont cachés dans la verdure à la lisière du magnifique parc roubaisien. L’entrée de la résidence se fait par la rue Verte à Croix.

Publicité 1973 ( Document Nord Eclair )

Deux autres tranches identiques de 6 bâtiments pour 248 logements sont ensuite réalisées, quelques temps après.

Photo aérienne ( Document Google Maps )
Photos aériennes 1960 2020 ( Documents IGN )

Remerciements aux archives municipales

Nouvelle église Ste Bernadette

L’ancienne église Ste Bernadette, avenue Alfred Motte à Roubaix, construite en 1935, est démolie en 1990. Le projet est d’installer à la place, l’entreprise Camaïeu. ( Voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : « Démolition de Ste Bernadette » )

l’ancienne église ( document archives municipales )

Le 1° Juillet 1990, l’évêché s ‘explique dans les colonnes de Nord Eclair, sur les raisons de sa décision :

« Le manque de paroissiens, l’église trop grande, les normes de sécurité non conformes, etc ont toujours posé d’énormes problèmes à la paroisse. Aucune des solutions présentées n’est satisfaisante. Nous avons donc accepté la proposition de la municipalité d’abandonner l’église et les terrains environnants. Une implantation industrielle verra le jour d’ici quelques temps, qui permettra, à terme, la création de 300 emplois. Les chrétiens ont droit à leur lieu de culte et un projet verra le jour bientôt.

document archives municipales

La démolition d’une église est toujours un déchirement, car voir ainsi, l’édifice éventré est émouvant pour les anciens paroissiens mais également pour tous les roubaisiens qui s’interrogent alors ! Où va-t-on reconstruire cette nouvelle église promise par l’évêché ? Un seul terrain peut se libérer à proximité, c’est celui près de la salle des fêtes de l’école Jules Guesde, caché par un mur de briques rouges, au coin de l’avenue Alfred Motte et de la rue Jean Macé, d’une superficie de 1080 m2.

plan cadastral

L’accord est rapidement trouvé entre le diocèse, la mairie et l’entreprise Camaïeu au niveau du financement ( resté confidentiel ) de l’église. Le permis de construire est accordé, les travaux peuvent alors commencer.

document Nord Eclair

La cérémonie de la pose de la première pierre de l’église, se déroule le Dimanche 15 Septembre 1991 en présence du père Jean Deledicque, des abbés Gand et Declerck, de Claude Traullé secrétaire général de l’évêché, d’André Diligent, sénateur-maire de Roubaix et d’une foule immense.

pose de la première pierre ( documents archives municipales et Nord Eclair )
le début des travaux ( document archives municipales )

Les travaux commencent fin septembre 1991. L’église est de forme cylindrique, de couleur jaune, car les briques viennent de Belgique. Deux clochers sont présents et accolés sur l’avenue Motte ; un de 18 m avec la cloche ( électrique ) et un de 15 m avec la Croix.

document archives municipales

La surface construite est de 600 m2. Une placette sépare l’église, les deux salles de réunion et le presbytère. Le jardin du curé quant à lui, mesure 200 m2. L’église est un peu en retrait par rapport à l’avenue ce qui permet la création d’un parvis. La sacristie est accessible par l’église.

C’est le cabinet d’architectes croisiens de Mrs Bonte et Escudie qui remporte le concours pour ce projet de construction de l’édifice, grâce au respect des contraintes et à « l’arbre de vie » à 12 branches, lesquelles constituent la charpente.

L’arbre de vie ( document observatoire CAUE )

250 personnes disposent de places assises et peuvent assister aux messes ainsi que 100 personnes en mezzanine. Le carrelage est constitué de dalles bleues de Soignies et le système de chauffage se fait par le sol.

50 ouvriers de toutes professions travaillent sur le chantier qui avance rapidement ; les progrès se mesurent semaine après semaine. C’est une petite église contrairement à celles que l’on bâtissait aux siècles précédents, simplement parce qu’il y a une baisse de fréquentation des paroissiens. C’est une église résolument moderne : fini l’art tarabiscoté, les tableaux lourds de couleurs, le velours et les ors. Voici maintenant l’art moderne, clair, fonctionnel et sobre.

Intérieur de l’église ( document observatoire CAUE )

Les travaux se terminent en fin d’année 1992, un an après le début de la construction.

Deux journées « Portes Ouvertes » sont organisées pour faire visiter la nouvelle église aux habitants du quartier. L’Abbé Bernard Declercq est fier de sa paroisse. Il aime les petites églises modernes plus familières. Il est heureux de pouvoir recommencer à célébrer dans son quartier, les cérémonies de la vie, et accueillir sur son parvis, baptêmes, mariages et enterrements.

document observatoire CAUE

L’église vient de fêter dernièrement, ses 30 années d’existence, au cours desquelles différents curés se sont succédés : Bernard Declercq, René Lharminez, Dominique Pham, Jean-Marie Bonniez, Gérard Vandevyver et Amédée Adje.

Remerciements aux archives municipales et à l’observatoire CAUE

Une partie de l’avenue Jean Lebas disparaît

Suite à l’incendie du 81 avenue Jean Lebas à Roubaix en 1978, une petite partie de l’avenue a déjà été rasée en fin d’année 1984 ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé le 81 avenue Jean Lebas ). Dans le prolongement de l’avenue, de l’autre côté de la rue Pasteur, on attaque désormais les façades suivantes de l’avenue Jean Lebas, du 93 au N° 99.

Plan cadastral
Du 93 au 101 avenue Jean Lebas ( document archives municipales )

Au N° 93 est installée l’entreprise Droulers, depuis les années 1930. Louis Droulers et Cie » ( L.D.C ) est une entreprise de bonneterie qui fabrique en particulier des tricots à la marque « Eldécé » Le bâtiment est important puisqu’il s’étale sur une partie de la rue Pasteur.

Papier à en-tête Droulers 1955 ( document collection privée )

Dans les années 1980, le garage Laudadio s’installe à la place de l’ancienne bonneterie fermée depuis la fin des années 1970. Le garagiste, agent de la marque Toyota part ensuite s’installer dans un autre endroit. L’immeuble est alors en ruines et même dangereux car il menace la sécurité des passants.

Le 93 avenue Jean Lebas ( document archives municipales )

La société Jean Mas et Cie se situe au N° 95. C’est une entreprise de transports qui propose de la messagerie, des déménagements, des services réguliers par route ou par chemin de fer. Jean Mas est adhérent du groupement Walbaum. L’entreprise ferme à la fin des années 1970.

Papier à en-tête Jean Mas 1975 ( document collection privée )

Le 97-99 de l’avenue a longtemps été occupé par le commerce de lingerie de Mme Lescrauwaet, puis par les vêtements de travail de Mme Rmaan à l’enseigne du « Pigeon Voyageur ».

le 97 et 99 ( document archives municipales )
Publicité ( document Nord Eclair )

Des permis de démolir sont accordés en 1996 et 1997 pour tous les immeubles en piteux état du 93 au 99 de l’avenue. La CUDL se rend acquéreur des lieux et fait place nette. Et comme le précise le journaliste de Nord Eclair : « Ce n’était pas un luxe ! »

document Nord Eclair

Les façades monumentales du 101 au 107 sont, quant à elles, en bon état. Elles sont préservées et rénovées. L’ensemble est donc transformé en 4 magasins et 10 logements pour étudiants. Une résidence de 31 logements, sera ensuite construite, le long de la rue des Champs.

documents archives municipales

La place libérée par la destruction des façades lépreuses de l’avenue Jean Lebas permet de créer un parking provisoire pour les automobiles, en attendant la construction de deux immeubles qui encadrent à présent l’esplanade du musée de la Piscine André Diligent.

document archives municipales
document Google Maps
photo BT

Remerciements aux archives municipales.

Le 81 avenue Jean Lebas

Au 81 de la rue de la Gare à Roubaix, se trouve une immense bâtisse, en face de la place des Martyrs de la Résistance, à deux pas de la rue Pasteur. L’immeuble est occupé par la famille Weill-Blin et Neveux dans les années 1910, puis par les successeurs Weill-Blin dans les années 1930. C’est un commerce de draperies et tissus. L’entreprise possède également une deuxième maison à Elbeuf et un bureau à Paris.

document collection privée

L’immeuble est très vaste. La façade de l’avenue Jean Lebas est impressionnante. La superficie est importante, puisque l’entreprise donne également sur l’arrière au N° 20 de la rue de l’Espérance.

vue aérienne 1953 ( document IGN )

Dans les années 1960, le bâtiment est occupé par les établissements Duburcq installés auparavant au 16 rue Nationale dans les années 1950. Ils reprennent l’activité de négoce de tissus et draperies.

Publicité Ets Duburcq

En Novembre 1978, un incendie se déclare dans l’entreprise Duburcq. Les concierges M et Mme Verdefroy qui habitent de l’autre côté, rue de l’Espérance, alertent les secours. En quelques heures, l’immeuble flambe sur toute la hauteur ( sur 4 étages ). Et pourtant les pompiers arrivés rapidement sur place n’ont rien négligé pour venir à bout du sinistre. Mais le déploiement important des moyens ( quatre grandes lances, la grande échelle, et cinq petites lances ) n’ont pu empêcher le désastre de prendre de graves proportions. Au petit matin, il ne reste quasiment plus rien de l’entreprise.

L’incendie en 1978 ( document Nord Eclair )

En Mars 1984, l’immeuble est resté dans le même état que 6 ans auparavant ! Au grand désespoir des voisins, comme cette dame de 76 ans qui habite à côté au N° 79. « C’est inadmissible, l’immeuble est resté dans l’état, les marchandises et matériaux sont restés sur place. Mon mur mitoyen est rongé par l’humidité, ma cage d’escalier est pourrie, et il se dégage des odeurs insupportables. Mon appartement est devenu invivable ».

document Nord Eclair 1984

Il semble que cette personne ait été entendue, puisqu’en Novembre de cette même année, une demande de permis de démolir est déposée, pour plusieurs bâtiments : le N° 81 de l’avenue Jean Lebas, le N° 20 rue de l’Espérance mais également les N° 3 5 7 et 9 rue Pasteur, maisons murées depuis bien longtemps.

Plan cadastral – La partie encadrée en rouge sera rasée ( document archives municipales )
Le 81 avenue Jean Lebas en 1984 ( document archives municipales )
Le 20 rue de l’Espérance en 1984 ( document archives municipales )

Le N° 3 de la rue Pasteur était occupé par Mr Keirsgieter cafetier, le N° 5 était inoccupé, le N° 7 par Chéri-Roussel, pédicure et l’ANPE Agence Nationale pour l’Emploi, était au N° 9

Les 3 5 7 et 9 rue Pasteur en 1984 ( document archives municipales )
le 9 rue Pasteur en 1984 ( document archives municipales )

Le terrain alors vierge, est destiné à créer la fameuse esplanade en vue de l’ouverture du prochain musée de la Piscine. La création de cette place entre l’ancien musée et le nouveau permettra alors de valoriser les lieux et d’en faire un élément marquant de l’avenue Jean Lebas pour le début des années 2000.

Le terrain vierge de l’avenue Jean Lebas à l’angle de la rue Pasteur ( document archives municipales )

Remerciements aux archives municipales

Prouvost assurances

Pierre Prouvost s’installe agent d’assurances au début des années 1920, au 17 rue Jules Deregnaucourt. Pendant une trentaine d’années, Pierre prospecte des clients, développe son agence et embauche du personnel et les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante.

document collection privée

A la fin des années 1950, le manque de place se fait cruellement sentir. Il faut donc songer à trouver rapidement des locaux plus spacieux. Pour garder sa clientèle d’assurés, il est impératif que les nouveaux bureaux soient le plus près possible de son ancienne étude. L’occasion se présente, lorsqu’à la fin des années 1950, le commerce de tissus de C. Delescluse et J. Dendoncker, situé au 10 place des Martyrs de la Résistance, se libère.

le 10 place des martyrs ( document archives municipales )
Plan du rez de chaussée ( document J. et V. Lepers )

C’est un immeuble cossu composé de quatre niveaux. Le rez de chaussée, le 1° et une partie du 2° étage sont réservés aux bureaux. La concierge, Mme Dejaegher réside dans l’autre partie du 2° étage et au 3° sous les toits. Face au développement important de son cabinet d’assurances, Pierre, au début des années 1960, recrute son fils Bernard ( un des 7 enfants du couple ) pour l’aider à gérer son agence. Ils deviennent ensuite associés.

Publicité Pierre et Bernard ( document J. Lepers )

Sur la photo ci-dessous, se trouvent l’accueil, à l’entrée des bureaux du rez de chaussée, et au fond, les bureaux de Mrs Prouvost. A l’époque, les secrétaires, toujours vêtues d’une blouse blanche immaculée, utilisent encore des anciennes machines à écrire Japy ou Olivetti.

Photo accueil ( document J. Lepers )

Pour l’administratif, c’est encore, à l’époque, le domaine du papier : les classeurs sont empilés et les documents classés dans les meubles métalliques fixés au mur.

( document J. Lepers )

Pierre et Bernard Prouvost travaillent avec de très nombreuses compagnies d’assurances dont les principales sont : Nationale Suisse à Bâle, Europe à Paris, Railways et Verspieren à Roubaix, DAS au Mans . . . ce qui leur permet de proposer ainsi des contrats d’assurances dans toutes les branches d’activités.

( document J. Lepers )

En 1966, Marie Verschaeve, une des employées prend sa retraite. C’est l’occasion de prendre une photographie d’un partie de l’équipe composée essentiellement de personnel féminin.

Sur la photo, à gauche : Bernard Prouvost et son épouse Charlotte née Wibaux, au centre Marie Verschaeve, puis à droite Pierre Prouvost et son épouse Marie née Outters.

Le départ en retraite de Marie Verschaeve ( document J. Lepers )

Le premier homme recruté par la direction est Mr Buyle qui prend les fonctions de chef de service de la mécanographie. Le second est Jean Rousseau qui a fait des études de droit, et qui prend en charge le service des sinistres auto.

Jean Rousseau et son équipe ( document J. Lepers )

Pierre Prouvost prend sa retraite en 1976 et Bernard continue seul l’activité.

Publicité 1978 ( document collection privée )

En 1987, la CUDL, Communauté Urbaine de Lille, dépose un permis de démolir pour les 8 10 et 12 de la place des Martyrs et une partie de la rue Saint Etienne, car un projet est programmé à cet emplacement : c’est la création de l’ESAAT.

Le projet de démolition des N° 8 Gustave Requillart, N° 10 Bernard Prouvost et N° 12 inoccupé ( document archives municipales )

Bernard Prouvost exproprié de son immeuble du 10 de la place des Martyrs, s’installe alors, en 1988 dans des nouveaux locaux, au 678 avenue des Nations Unies, près du pont Saint Vincent, toujours à proximité de ses anciens bureaux et de sa clientèle.

document collection privée

Bernard décide de réhabiliter cet immeuble par de gros travaux de rénovation, et en particulier la réfection de la façade, ce qui ne manque pas d’attirer l’oeil du passant. « Je me réjouis de la volonté de la ville de promouvoir notre patrimoine, dit Bernard Prouvost dans la presse locale, il y a dans nos demeures grandes ou petites, une diversité, une qualité qui méritent d’être mises en valeur ».

Document Nord Eclair 1988
document Google Maps 2012

Bernard Prouvost prend sa retraite en 1993. Il cède son cabinet d’assurances à son fils Thomas qui le cède ensuite à Stéphane Heuls, agent général de la compagnie GAN. Bernard Prouvost décède en 2018.

Remerciements à Joëlle Lepers ainsi qu’aux archives municipales.