La rue de Maufait

Au dix neuvième siècle, le chemin de Lannoy traverse la partie sud de Roubaix sans suivre la ligne directe. Il serpente, en effet, entre les propriétés agricoles en faisant de nombreux coudes.

Le chemin de Lannoy après la révolution

 Cette situation dure jusqu’à la fin du siècle, au moment où on décide de redresser ce qui devient la rue de Lannoy entre la ferme de Courcelles et la Justice. Ce tracé laisse de côté la partie de l’ancien chemin situé entre la ferme de Courcelles et celle de Bury-Prinpont, placée sur le chemin d’Hempenpont aux Trois-Ponts, ou chemin n°9, qui porte à cet endroit le nom de rue du Pont Rouge. Cette partie délaissée, devenue la rue de Maufait, prend brusquement de l’importance au tournant du siècle, lorsque l’on songe à implanter un nouvel hôpital qui prendra le nom de la Fraternité. La rue de Maufait longe en effet le terrain choisi pour cette implantation.

Un rapport de M. Deneve au conseil municipal insiste sur le fait que rien n’a été fait pour ce chemin délaissé par la rectification de la rue de Lannoy, et qu’il n’est alors qu’un chemin de terre. Il faut, « pour des raisons de sécurité et d’hygiène » le mettre en état : il faut assécher le sol avant la construction de l’hôpital en installant un aqueduc, élargir, aligner et paver la rue et ses trottoirs. Cet alignement sera fatal aux derniers bâtiments de la ferme de Bury-Prinpont, condamnée de toute manière, car placée sur le terrain réservé à l’hôpital.

Le tracé de la rue, la ferme et ce qu’il en reste au moment du redressement.

 Il faut donc acquérir un certain nombre de terrains auprès des propriétaires pour procéder aux redressements des rues de Maufait, du Pont Rouge, de Charleroi, et du tracé de l’avenue de l’hôpital. On prévoit également, à la demande des riverains, de prolonger la rue jusqu’à la rue St Hubert, et vers la ferme de Maufait. Entre temps, la rue du Pont rouge est déclassée au delà de la rue de Maufait pour laisser la place à l’hôpital qu’il faut agrandir. Ses pavés, récupérés, seront réemployés au pavage du tronçon supplémentaire de la rue de Maufait. Rien ne se perd ! Les travaux se déroulent, et la réception définitive est faite en 1906.

Entre les deux guerres, on décide de prolonger la rue jusqu’à l’avenue Roger Salengro en passant en droite ligne derrière l’ancienne ferme de Maufait, désormais démolie.

La rue de Maufait en 1919

 Pourtant la rue ne sera viabilisée que dans les années 50, par la pose d’un aqueduc et la construction d’une chaussée définitive à travers des terrains achetés par le CIL qui va bientôt y construire les lotissements qu’on connaît aujourd’hui.

Les lotissements d’après-guerre – Photo Delbecq
 Tous les documents proviennent des archives municipales.

Appartements de la rue Greuze

 Construits de 1958 à 1960, les bâtiments des Hauts Champs ont donné leur nom aux rues qui les desservent, quand elles ont été viabilisées, plus de vingt ans après la réalisation des logements. L’immeuble n°7, dit pavillon Jean Baptiste Greuze est donc à l’origine de la rue du même nom. Thierry se souvient que les portraits des différents peintres étaient reproduits sur les pignons des bâtiments. Jean Baptiste Greuze, Edgar Degas, Jean Baptiste Chardin, Claude Monet, Maurice De Vlaminck furent ainsi présents dans le quartier, ainsi que le poète Charles Pranard. Le bâtiment Greuze qui nous occupe aujourd’hui, se situe entre la rue Michelet et la rue Chardin. Il est perpendiculaire à l’usine Motte Bossut, et aux deux bâtiments Chardin et Monet qui l’entourent.

 Deux anecdotes sur son environnement : la transformation de l’usine Motte Bossut en 1985 en magasin d’usines a posé très vite la question des parkings pour la clientèle. Il fut un temps question d’utiliser les espaces de part et d’autre du bâtiment Greuze, côté avenue Motte et côté bâtiment Monet, mais les résidents s’opposèrent à ce projet. L’espace entre la rue Michelet et la rue Claude Monet fut néanmoins approprié en places de stationnement. C’est sur cet emplacement que passera bientôt la ligne de bus à haut niveau de service, qui repose à terme la question du stationnement.

Plan des Hauts Champs 1962 Nord Éclair
Vue du bâtiment Greuze Extrait Google Maps

 Concernant le bâtiment Greuze, il a fait l’objet d’une réhabilitation : les entrées étaient autrefois des portes de bois avec un battant, elles sont aujourd’hui en PVC avec des serrures. De même, les boites aux lettres qui étaient à l’intérieur du hall d’entrée, sont aujourd’hui plus accessibles pour la distribution du courrier, car situées à côté des nouvelles portes. Le bâtiment a également reçu un revêtement de laine de verre sous les plaques de sa façade actuelle.

Studio Bâtiment Greuze Croquis Thierry Dony

 La description suivante des deux types de logement correspond à celle des autres bâtiments de la cité des Hauts Champs. Le logement type 2 (studio) se présente de la manière suivante : l’entrée (1) donne dans un petit couloir. Sur la gauche, la porte de la chambre (7), dans laquelle il y a un placard et des fenêtres individuelles. Dans l’entrée, la porte de droite donne accès à la salle de séjour (2), à partir de laquelle on peut aller dans la cuisine (3) équipée d’un évier et d’une gazinière,  dans la salle de bains (4) et dans les toilettes (5). Une petite pièce (6) séparée par une cloison amovible ou un rideau permet au choix, de faire un salon ou une pièce de rangement.  Cet appartement est bien pourvu en placards de rangement, ce qui évitait l’achat de meubles importants de type armoire ou penderie. Dans certains de ces placards toutefois, à chaque étage, se trouvaient les manettes de réglage de la tuyauterie du chauffage.

Logement de type 3 bâtiment Greuze Croquis Thierry Dony

 Le logement de type 3 (deux chambres) se présente comme suit : on entre par un couloir, dont les deux premières portes à gauche et à droite desservent la cuisine (5) et la première chambre (2), puis les toilettes (3) et la salle à manger (7). Une seconde chambre (6) est accessible par la salle à manger. On peut entrer dans la salle de bains (4) par les deux chambres. Une anecdote lors de la réhabilitation : la salle de bains était autrefois équipée d’une baignoire sabot. Après les travaux, la nouvelle baignoire dépassait sur la porte d’entrée de l’une des chambres. Il y a une porte entre la cuisine et la salle à manger, et des placards de rangement, il y avait de quoi ranger. Une baie vitrée (8) longe la cuisine et la salle à manger, avec une porte qui permet d’accéder au balcon. En 1970, nous dit notre témoin, on a posé des fenêtres pour isoler le balcon, ça nous faisait une pièce en plus.

Merci à Thierry Dony pour les croquis et les précisions

La Rue de Leers : une naissance difficile

Les Trois Ponts et le Carihem en 1845

 Une loi accordant aux communes une subvention pour faciliter l’achèvement des chemins vicinaux, est promulguée le10 Juillet 1868. Les municipalités songent aussitôt à profiter de ces subsides.

En janvier 1869 la commune de Leers se préoccupe de l’établissement d’un chemin vicinal reliant Leers à Roubaix qu’elle juge « d’une utilité incontestable, tant sous le rapport industriel qu’agricole ». Ce chemin, d’une largeur de 10 mètres, doit aboutir au pont Caudron, à la limite de Roubaix, et se raccorder au chemin n°15 qui conduit au hameau des Trois Ponts. On décide de l’exécution de ce chemin, à condition que les terrains concernés soient abandonnés gratuitement par leurs propriétaires, dont les biens devraient en contrepartie bénéficier d’une plus-value.

De son côté, la ville de Roubaix s’intéresse également à l’amélioration des communications entre les deux communes, « tant au point de vue des intérêts commerciaux, que de ceux de l’alimentation de nos marchés ». Une commission est chargée de cette importante question. Elle insiste sur le fait que le chemin reliant les deux communes est resté dans l’état où il se trouvait il y a deux siècles, à une époque où « Roubaix suffisait lui-même à tous ses besoins ». Elle ajoute : « ce chemin tortueux n’est plus à la hauteur de notre époque ». On projette donc de déclasser ce chemin étroit, passant par les fermes Lebrun et Fremaux, qui a ensuite donné naissance aux rues des Trois Ponts, de Tournai, de Cohem et de Carihem. On pense le remplacer par un chemin direct. Cette proposition est envoyée au conseil général, qui l’accepte. Le vieux chemin est déclassé, et le conseil général vote des crédits pour le nouveau. Mais on s’aperçoit qu’une confusion s’est produite, et que le nouveau chemin classé est celui proposé par la commune de Leers sur son propre territoire, et non celui envisagé par la municipalité roubaisienne sur le sien ! Le conseil municipal réitère donc sa demande de classement pour le nouveau chemin comme branche principale, renonce au déclassement du chemin actuel, et décide, lors des travaux d’établissement de la nouvelle branche, de paver également l’ancienne voie sur trois mètres de largeur et de la classer en deuxième catégorie. Le nouveau chemin partira de l’extrémité du nouveau boulevard Beaurepaire, et traversera en ligne droite les terres de la ferme de Bury-Courcelles et rejoindra Leers au niveau du bas voisinage.

Le tracé prévu pour le nouveau chemin

 Mais d’autres difficultés surgissent : la municipalité de Leers veut modifier le tracé initial sur son territoire, sur lequel se trouvent plusieurs constructions. La ville de Roubaix s’en tient au tracé prévu, pour lequel les riverains ont accepté de céder gratuitement la plus grosse partie du terrain nécessaire. La mésentente s’installe et les travaux ne sont toujours pas réalisés en 1876. A ce moment, Alfred Motte, propriétaire-riverain du boulevard Beaurepaire, offre son concours pour débloquer la situation, venant ainsi en aide à la caisse des chemins vicinaux. Il propose de participer au financement du pavage de la dernière partie du boulevard Beaurepaire, attendu depuis 1869, et de participer par moitié aux frais d’expropriation nécessaires pour le percement de la voie nouvelle. Par ailleurs, M. Simoens propose de démolir à ses frais un bâtiment situé à Leers sur le tracé de la future route. Le projet avance : on prévoit de construire en 1877 un aqueduc sur le ruisseau du pont Caudron en partageant les frais d’établissement entre les deux municipalités. On lance en 1879 une enquête d’utilité publique en vue du classement, qui aboutit l’année suivante.

Pourtant les expropriations traînent en longueur, si bien que M. Degraeve, adjudicataire des travaux de pavage le 24 mars 1880, dont le chantier est arrêté, demande une indemnité pour compenser les retards pris. Finalement, les travaux s’exécutent malgré toutes ces difficultés, et le nouveau chemin voit le jour.

La situation en 1886
 Les documents proviennent des archives municipales

 

On aligne rue de Cohem

A l’origine, il s’agit d’un chemin vicinal conduisant du hameau des trois ponts à Leers en passant par le hameau du petit vinage, d’une largeur de trois mètres en 1838, et qui fait de nombreux coudes pour éviter les propriétés. Il est bordé de deux fossés. Sur cet ancien chemin seront tracées plus tard les rues de Tournai, d’Ypres, de Cohem et de Carihem.

 Le chemin des trois ponts à Leers en 1845

 A la fin du 19eme siècle, la création de la gare de Roubaix-Wattrelos, dite gare du Pile restructure le quartier. On trace la rue Brame qui longe les installations ferroviaires et vient se raccorder à la rue de Cohem. Celle-ci perd son nom pour devenir la rue d’Ypres entre l’extrémité de la rue de Tournai et cette nouvelle intersection. La rue, dont l’axe est pavé, est bordée de fossés, passe au milieu des pâtures longe la ferme Watteau et quelques maisons éparses.

La rue de Cohem à la fin du 19 eme siècle.

 Au débouché de la rue Brame, rectiligne et relativement large, notre rue reste étroite et tortueuse. Très vite, la municipalité cherche à la redresser et à l’élargir pour favoriser la circulation, alors que les riverains souhaitent améliorer le drainage de ces terrains situés à l’endroit le plus bas de Roubaix et facilement inondés.

C’est ainsi que, dès 1891 un riverain, M. Briet demande l’autorisation de construire un aqueduc en front à rue sur l’emplacement du fossé, face à la ferme Watteau, pour déverser les eaux pluviales dans le riez des trois ponts, et qu’en 1905 les riverains demandent la construction d’un aqueduc. En 1910 on prévoit la construction du boulevard industriel dont l’égout ne pourra pas traverser la ligne de chemin de fer. La rue de Cohem devra donc disposer d’un aqueduc pour récupérer ces eaux et les déverser dans celui de la rue Brame. On lance une adjudication remportée par l’entrepreneur Henri Duhem qui effectue les travaux dont la réception a lieu en 1911.

En 1908, le directeur de la voirie insiste sur le fait que « les alignements de la rue Brame se raccordent à ceux de la rue de Cohem d’une manière défectueuse… ». On fait donc des rectifications à de nombreuses reprises dans le but d’aligner la rue sur l’avenue Brame. Tous les riverains sont successivement amenés à céder du terrain pour l’incorporer à la voirie : M. Briet en 1909, La brasserie « la communauté » en 1912, alors qu’on réclame l’éclairage pour la rue de Cohem, qualifiée de « véritable casse-cou » en conseil municipal. M. Berly participe à l’alignement en 1925, M. Watteau et la société Bossu-Cuvelier en 1941, et divers riverains dans les années 50. A force de rogner à droite et à gauche, la rue se redresse et s’élargit progressivement.

Les divers plans d’alignement

 Parallèlement, le caractère campagnard de l’endroit disparaît progressivement durant ces années. Attirées par la proximité de la gare et du canal, les entreprises s’installent le long de la rue qui prend ainsi un caractère plus industriel. On remarque très tôt une brasserie, puis, au début des années 20, s’installe la société Bossu-Cuvelier et Camille Dubrulle qui implante là un entrepôt de métaux, la menuiserie industrielle Baet frères en 1929, la teinturerie Delescluse en 1928.

 Mai 1940 voit la destruction d’un baraquement des établissements Bossu-Cuvelier à la suite d’un bombardement, tandis que la teinturerie Delescluse s’agrandit à plusieurs reprises avant et après guerre. La rue prend l’aspect proche de celui qu’on lui connaît maintenant avec la suppression des ses pavés et leur remplacement par un revêtement de tarmacadam en 1961.

La rue en 1953

 La construction du pont du Carihem, puis la suppression des voies de service de la gare vont enfin influer sur l’environnement de notre rue. On trace la rue Léo Lagrange qui forme un nouveau carrefour avec elle, qui perd son nom au profit de l’avenue Brame jusqu’à ce point. Son débouché se fait maintenant sur un rond-point, on installe des terre-pleins centraux, la société Camaïeu s’installe partiellement sur l’emprise de Bossu-cuvelier et sur les anciens terrains SNCF…

Ainsi pourra-t-on dire de la rue de Cohem que, si, au cours de sa carrière, elle a plus que quintuplé sa largeur, elle aura , en contrepartie, perdu dans le même temps les deux tiers de sa longueur !

 Les documents proviennent des archives municipales.

Réhabilitation

La réhabilitation a commencé par le Carihem en septembre 1980. D’abord il faut remédier aux problèmes de chauffage par des travaux d’isolation thermique. Il faut ensuite améliorer le confort de ces logements : refaire les entrées, installer des baignoires, revoir les revêtements de sol, améliorer l’isolation acoustique des appartements, et remettre aux normes de sécurité les installations électriques. Des travaux de ce genre attendent les vieilles HBM, à plus forte raison qu’elles datent des années 1930, qu’elles sont dans un réel état de vétusté. Par comparaison avec le Carihem, les travaux sont d’une autre importance, car ils coûteront deux fois plus cher.

 Les HBM des années trente Collection Particulière

En avril 1981, une réunion des habitants du Nouveau Roubaix se déroule au centre social de la rue Carpeaux, et on fait le point sur l’étude menée par le CREPAH organisme chargé de l’étude de la réhabilitation. Le directeur des HLM, M. Xavier Grousset est présent, ainsi qu’une cinquantaine d’habitants et le conseiller municipal M. Tytgat. Cette réunion est l’occasion de l’expression des associations : CSCV, centre social, comité de quartier, groupement de défense des locataires. Un journal vidéo est présenté lors de cette réunion, qui a été réalisé par les animateurs du centre social et un opérateur de l’IREP. Des propositions concrètes sont faites : appartements témoins après travaux, création d’une commission avec habitants du quartier pour servir d’interlocuteur avec l’office HLM, création d’une permanence de l’office.

 HBM et HLM concernées par la réhabilitation Collection Médiathèque de Roubaix

En Mars 1983 on apprend qu’il y aura deux tranches de travaux. La première concernera 584 logements collectifs et 191 individuels, les HBM, la seconde les immeubles construits entre 1950 et 1955, les HLM.  Les premiers travaux devraient débuter fin 1983. L’opération doit s’étaler sur cinq ans. La presse signale qu’un grand nombre de logements sont vides en raison de leur dégradation.

La réhabilitation est plus importante qu’au Carihem. Au Nouveau Roubaix, il faut refaire l’isolation thermique, les installations sanitaires, la réfection des cours, la confection de loggias, l’évacuation des ordures, le chauffage, l’installation électrique, les toitures, les terrasses, les menuiseries, l’équipement intérieur, et prévoir l’aménagement de locaux collectifs résidentiels.  L’office HLM travaille à rassurer les habitants qui s’inquiètent de l’augmentation prévisible des loyers, en collaborant avec le comité de quartier. La permanence demandée plus tôt est créée : une chargée de mission,  Mme Pavy est basée au 54 rue Léonard de Vinci, et elle reçoit les familles et leurs doléances. L’information des habitants du quartier se poursuit avec des tracts, affiches, cassettes vidéo et réunions publiques. Le centre social Carpeaux a mis un animateur à disposition du comité de quartier, Didier Lebecque. Son rôle est de favoriser l’expression et la réflexion des habitants sur le projet de réhabilitation.

 Croquis paru dans Nord Éclair

En Octobre 1983, l’opération est détaillée par voie de presse : on procédera immeuble par immeuble, on gardera la taille des appartements. Les locataires habiteront ailleurs dans le quartier le temps des travaux. On commencera par l’immeuble n°7, à l’angle angle boulevard de Fourmies et Horace Vernet. Les travaux ne seront pas terminés en 1987.

Le quartier du Fresnoy-Mackellerie

 Avant que ces deux noms ne fassent l’objet d’un regroupement administratif contemporain, le Fresnoy et la Mackellerie étaient des lieux dits particuliers. Le terme « Fresnoy » désignait un lieu où poussaient les frênes, arbres très courants dans nos régions et appréciés pour les travaux de charronnage. Roubaix avait donc ses terres du Fresnoy. Selon des sources érudites, la Macquellerie était un fief croisien du XIIème siècle. Le secteur est alors traversé par des voies très anciennes. Le chemin de la Mackellerie, souvenir du fief médiéval, menait de Croix à Mouscron par Tourcoing, et fut  longtemps le chemin d’intérêt commun n°112. A la fin du dix neuvième siècle, c’est encore un chemin étroit et tortueux pavé sur une largeur de trois mètres et bordé de deux fossés. C’est l’actuelle rue de la Mackellerie. Dans son prolongement, on trouvait l’ancien sentier du bas Fresnoy qui deviendra la rue Cuvier, et au-delà le boulevard d’Armentières. Mais une voie importante formait un carrefour avec ces deux chemins. Il s’agissait d’un chemin très ancien qui reliait jadis la route royale de Lille à Menin à la frontière belge de Wattrelos/Herseaux. Ce chemin comprenait dans son tracé roubaisien la rue de Mouveaux (orthographe de l’époque), la rue du Grand Chemin (d’où le nom), la rue St Georges (rue du Général Sarrail) et la Grand Rue. Pour le quartier qui nous occupe, il s’agit de l’actuelle rue de Mouvaux. Enfin, il y avait le sentier du Fresnoy qui à l’origine partait de l’extrémité de la rue Nain et se prolongeait jusqu’à Tourcoing. Dans la première partie du dix neuvième siècle, c’est une contrée champêtre, avec des moulins sur les hauteurs du Fresnoy et des fermes le long du sentier du même nom.

Ce pont peut être considéré comme une porte d’accès au quartier Collection Médiathèque de Roubaix

L’arrivée du chemin de fer en 1842 va contribuer à isoler ce bout de campagne, qui subira assez vite les assauts de l’industrie et de l’urbanisation. La rue du Fresnoy se voit amputée d’une partie de son parcours, et la passerelle qu’obtiendront tardivement (en 1908) les riverains ne compensera jamais le passage supprimé.

On voit ici l’accès à la rue du Fresnoy par l’escalier de droite qui aboutit rue de l’Ouest Collection Médiathèque de Roubaix

De fait le passage à niveau est bientôt remplacé par un pont dès 1856 à cause du remblai du chemin de fer. L’activité du négoce des charbons se développe notamment dans la rue de l’Ouest située derrière la gare. De grandes entreprises se sont implantées dans le périmètre du quartier, pour en citer quelques exemples : la teinturerie textile Dubar et fils au n°86 rue du Fresnoy, l’entreprise Louis Glorieux et fils, important tissage installé au chemin de la Mackellerie qui faisait battre 2765 métiers mécaniques en 1885. Eugène et Louis Cordonnier ont fait édifier leur usine au n°15 rue du Luxembourg.

La rue du Luxembourg Photo PhW

C’est à partir de cette époque que la construction se développe dans le quartier du Fresnoy-Mackellerie. L’ensemble des rues italiennes se construit en deux temps. Leur classement dans le domaine vicinal municipal s’effectue entre 1867 et 1885, et pour la plupart elles seront bâties dans les premières années du vingtième siècle. L’importance de la population amène la création de deux églises : la première, Saint Antoine, est édifiée en 1897, face à la rue de Remiremont. Elle est ouverte le 12 août 1900. La seconde, Saint Vincent de Paul est construite un peu plus tard rue du Danemark à l’emplacement de l’ancien tissage Glorieux.

L’église Saint Antoine Collection Particulière

Signe de l’évolution industrielle et commerciale du quartier, la construction d’une gare annexe en 1908, la gare de débord de l’Allumette, qui a remplacé les champs du bout de la rue du Luxembourg. La diversité des entreprises est également remarquable : fonderies, brasseries, négociants, transporteurs, sans parler de la vivacité du petit commerce dans les petites et grandes rues du quartier.

Tout ceci a contribué à créer un quartier de forte densité urbaine, dont le patrimoine immobilier a vieilli, en même temps que l’activité industrielle disparaissait progressivement. Comment le quartier du Fresnoy-Mackellerie a-t-il vécu l’évolution de son patrimoine humain et immobilier ? Voilà le sujet des futurs travaux de l’atelier mémoire, dont vous trouverez les chroniques régulières dans ce blog…

La rectification du carrefour

Pour faire face à l’afflux de trafic au carrefour, on se préoccupe dès 1886 de favoriser la circulation des tramways. Devant le conseil municipal, M. Roche défend le projet de dégager l’alignement de la rue Neuve (de nos jours, rue du Maréchal Foch), en démolissant les immeubles entre la rue de Lille et le boulevard de Paris,  pour faciliter le passage des tramways de Lille. En effet, la rue de Lille obliquait alors vers la gauche pour rejoindre la rue Neuve en suivant l’alignement de la rue des Loups. Pour aller à droite en direction du boulevard de Paris, il fallait contourner un groupe de maisons placées dans le prolongement de la rue du Moulin, dont l’axe ne correspondait pas à celui de la rue Neuve.

Cet îlot appartient alors aux hospices de Roubaix, et les immeubles sont loués à un certain nombre de commerçants. On trouve au coin de la rue de Lille (n°1) et de la rue du Moulin (n° 2 et 4) un vieil estaminet à l’enseigne de l’ancienne barque d’or, au nom de M.Desbarbieux. Au n°6 de la rue du moulin, un sellier, M. Dupureur-Barot, au n°8 un négociant en vins, M.Coulon-Cuvelier, et au n°10, un autre estaminet au nom de M.Depauw. Rue de Lille, avant la rue des Loups, il y a une pâtisserie au n°3, au nom de R.Vanhaelst. On voit sur le plan qui suit les cinq commerces concernés et en rouge, le tracé du nouvel alignement.

Le projet en 1911 – document archives municipales

Le projet est pourtant reporté pour des raisons financières, le bail de ces commerçants ne se terminant qu’en 1924, ce qui représente des indemnités conséquentes à verser. En 1910, on reprend l’idée, et les immeubles situés entre la rue de Lille et le boulevard de Paris et appartenant aux hospices de Roubaix sont frappés d’alignement pour dégager les entrées de la rue du Moulin et de la rue de Lille, qui serait ainsi redressée. Les immeubles concernés sont un cabaret au coin du boulevard de Paris loué à M Desurmont, brasseur, et tenu par M. Dubus, un tapissier au n°6, Mme Veuve Rohart, un bourrelier au n°4, M. Dupureur, et l’estaminet de la barque d’or au n°2, au nom cette fois d’Henri Duvillers.. Au n°3 de la rue de Lille se trouve toujours la pâtisserie Vanhelst, et un terrain est loué à la compagnie des tramways de Lille à l’angle du boulevard de Paris.

Par ailleurs, il est également prévu d’exproprier trois immeubles situés au bord du boulevard de Paris, où exercent le boulanger Moreau, le photographe Shettle, et le marchand de vins Grimonprez. Il s’agit en fait de démolir tous les immeubles situés entre la rue de Lille et le boulevard de Paris jusqu’au débouché de la rue des Loups, pour créer une vaste place publique… La commission concernée juge que pour des raisons financières, il vaut mieux s’en tenir à la première partie du projet.

L’estaminet Dubus au numéro 10 – document coll. particulière

La ville reprend les baux et fait évacuer les occupants pour pouvoir démolir, mais Dupureur regimbe : il n’envisage pas d’abandonner aussi précipitamment une maison de commerce aussi bien placée dans l’intersection des plus belles et des plus vitales artères de la ville… La guerre survient, qui repousse les travaux de démolition. Ceux-ci sont finalement réalisés, et l’Écho du Nord nous montre en 1930 une palissade couverte d’affiches et de panneaux publicitaires cachant un terrain vague, et qualifié de véritable lèpre dans le quartier. On voit que les immeubles à l’entrée du boulevard de Paris sont toujours debout.

Le site en 1930 – photo Echo du Nord

En 1932 voit le jour un projet de construction d’un immeuble moderne, et le journal l’Égalité précise que le syndicat d’initiative les amis de Roubaix intervient pour que l’immeuble soit conçu dans le style flamand, bien dans la note locale. On décide aussi de démolir les n° 2 à 10 du boulevard Paris, appartenant à la « foncière des Flandres », avant de construire l’immeuble de rapport. Ces bâtiments, dont on voit le premier sur la photo précédente et qu’on retrouve sur la suivante, abritent au n°2, à l’angle, le pâtissier Vanhelst,  exproprié en 1912 du n°3 rue de Lille, et qui a repris la boulangerie de M. Moreau, le photographe Shettle au n°4, un expert comptable au n°6, suivi des entrepôts du Nord, négociant en vins.

Les immeubles à démolir – document collection particulière

Les travaux vont bon train et l’immeuble prend forme l’année suivante. L’Égalité déclare : par son architecture il se rapproche de l’Hôtel des Postes, tout voisin, et, comme cette construction, il ne manque pas d’élégance.

L’immeuble en construction – photo l’Egalité 1933
Le même, terminé – document médiathèque de Roubaix

Mais l’histoire de ce carrefour ne s’arrête pas là, et nous ne manquerons pas de la détailler davantage…

Les expropriés du carrefour

Les expropriations ont donc lieu en deux temps : d’abord en 1912 pour la rangée de la rue Jean Moulin et l’extrémité de la rue de Lille, en 1932 pour la partie bordant le boulevard de Paris. Essayons de voir ce que deviennent ces commerçants.

En ce qui concerne les expropriations de 1912, le pâtissier Van Haelst quitte le 3 rue de Lille et fait quelques mètres pour s’installer au 2 boulevard de Paris, où nous allons le retrouver en 1932. Le commerce de tapis, tenu par Mme veuve Rohart-Mahieu s’installe rue St Georges  (aujourd’hui la rue du général Sarrail) où elle ré ouvre son commerce au numéro 22. Elle change son activité en 1923 pour vendre de la la bonneterie. Le sellier Dupureur reste sur place jusqu’en 1914, puis cesse apparemment son activité et on perd sa trace à Roubaix après la guerre.

Au moment de l’expropriation de 1912, l’estaminet de la barque d’or, qui avait donné son nom au carrefour ferme. Son tenancier, Henri Duvillers, traverse alors la rue de Lille pour s’implanter sur le trottoir d’en face au 4, où il reprend l’hôtel de Paris. Il y restera jusque vers 1925, année où monsieur Gyselinck reprendra l’hôtel.

L’enseigne de la barque d’or ne disparaît pourtant pas, puisqu’on la retrouve immédiatement au 64 bis de la rue Neuve où il orne désormais la façade du cabaret de M. Desmarez. Un cliché datant de la première guerre nous le montre à son nouvel emplacement.

La barque d’or et le café des arcades pendant la première guerre – document Médiathèque de Roubaix

Noter la flèche indiquant la « Kommandantur » sur le mur du café à gauche de la porte du café des Arcades. On voit que l’enseigne « la barque d’or » a remplacé le nom du propriétaire C. Desmarez, qui s’y trouvait depuis 1904. Il tient son commerce jusqu’à la fin des années 20, et cède son fonds en 1930, le nouveau propriétaire étant désormais Auguste Meegens-Desmarez – probablement son gendre. Celui-ci demande en 1933 l’autorisation de faire des travaux sur sa façade, bien que le bâtiment soit partiellement frappé d’alignement, considérant le fait qu’il abrite le siège du syndicat des cabaretiers.

Le café de la barque d’or et ses propriétaires dans les années 30 – documents Médiathèque de Roubaix

En 1939, on trouve toujours M. Meegens derrière son comptoir. En 1953, la barque d’or est passée dans les mains de monsieur Housay. Aujourd’hui, l’établissement, devenu café-restaurant, se trouve toujours au même emplacement.

L’estaminet aujourd’hui – Photo collection particulière
 

 Pour ce qui est des expropriations de 1932, on retrouve au 2, à l’angle, R.Van Haelst , le pâtissier exproprié en 1912 du 3 rue de Lille et qui a repris la boulangerie de M. Moreau.  Apparemment très attaché à notre carrefour, celui-ci s’est relogé sur place puisqu’il rouvre sa pâtisserie au numéro 14 du boulevard de Paris ! Il cessera ses activités en 1935, et la pâtisserie deviendra un magasin d’antiquités.
A. Shettle, dont la boutique de photographe se trouvait au 47 de la rue de Chanzy, s’installe dès 1893 au 4 du boulevard de Paris, à l ’emplacement de l’estaminet Hermain. Il fait (re)faire sa vitrine en 1904, alors que la propriété appartient à M. Derville-Wibaux. On le retrouve à la même adresse  en 1932. Après la la démolition et la construction du nouvel immeuble de rapport, il reprend son activité quasiment au même endroit et ré ouvre  son commerce au 1 de la rue de Lille en 1935. Encore un commerçant qui reste attaché à ce carrefour !

Documents collection particulière

En 1956 la raison sociale devient Shettle et ses fils, puis en 1988, Shettle photo vidéo. C’est aujourd’hui une agence immobilière qui est installée dans ce local.

Renault et le carrefour

A côté du café des Arcades s’installe après la première guerre un garage automobile. Il est constitué d’un bâtiment sans étage perpendiculaire au boulevard Gambetta et dont le pignon comporte une grand-porte encadrée de deux fenêtres. La construction se prolonge par un mur longeant le boulevard jusqu’à la propriété suivante. Ce garage a pour propriétaires MM. Dourlens en1922 et Lemaire en 1926. Cette même année les maisons jumelles de mesdames veuve Armand Masson et veuve Motte-Cordonnier voisinent avec le café des arcades du côté de la rue Neuve.

Le garage côté boulevard Gambetta, et les deux maisons jumelles côté rue Neuve-documents médiathèque de Roubaix

Pourtant, ces deux belles maisons disparaissent en 1930 pour laisser place à la société des automobiles Renault. Cette même société, une fois implantée rue du Maréchal Foch, va faire en sorte de s’agrandir. Elle achète le garage et le terrain qui le jouxte pour s’installer sur le boulevard Gambetta en 1935. Le café des Arcades est maintenant enclavé dans dans l’emprise du garage Renault. Cette situation perdure jusqu’après la guerre (en 1939, on trouve au 55 monsieur Lemoine et le siège social du radio club du Nord de la France).

Le café en 1946-photo Nord Éclair

Mais cette situation ne aurait durer. En effet, en 53, Renault a pris possession du numéro 55 et possède maintenant un ensemble cohérent.. Le café est démoli et le constructeur automobile reconstruit sur l’angle un bâtiment cohérent avec le reste du garage.

Le garage en 1962. Photo Nord Éclair
L’extrémité du garage après 1963-Document collection particulière

La régie ne s’en tient pas là, et décide de moderniser en 1980 l’aspect et l’organisation intérieure du bâtiment. Elle dépose une demande de permis de construire assorti d’un plan pour ce qui sera l’ultime avatar de la concession.

Le même garage à partir de 1980-document archives municipales

Cet état restera inchangé jusque dans les années 2000 alors que Renault, ayant entre-temps acquis un terrain rue Jean Moulin sur l’ancienne emprise de l’usine Motte, et construit sur une partie de cet espace un garage dédié à l’entretien des véhicules, investit finalement l’ensemble du terrain pour s’y implanter en totalité, quittant alors le coin du boulevard Gambetta. L’ancien bâtiment est alors partiellement démoli et transformé pour une autre utilisation.

Les travaux à la fin des années 2000-Document collection particulière

 

Le film du carrefour

A l’origine, la circulation est clairsemée. Les seuls aménagements sont, dans les années 1910, ceux effectués pour faciliter le passage des tramways : on redresse l’extrémité de la rue de Lille en supprimant le bloc d’immeubles de la barque d’Or de manière à avoir un débouché direct vers le boulevard Gambetta. La circulation automobile est peu dense ; seuls les piétons semblent indisciplinés.

La circulation dans les années 20

Ensuite, la circulation automobile augmente progressivement. Dans les années 30, la rue du Maréchal Foch et la rue de Lille sont en double sens, ce qui accroît les difficultés. Pourtant, on voit que la voie de tramway forme une bretelle permettant stationnements et manœuvres au beau milieu du carrefour, ce qui en dit long sur la densité de la circulation à cette époque. Une photo aérienne de 1932 ne montre encore aucun d’aménagement pour faciliter l’écoulement du trafic.

La rue du Maréchal Foch en double sens

Néanmoins, en 1935, le Journal de Roubaix indique que le trafic, particulièrement dense au carrefour, est perturbé par un chantier. (on supprime l’ancien égout au bout de la rue de Lille pour en faire un nouveau qui suit le nouveau tracé et se jette dans celui du boulevard Gambetta).
En venant du boulevard Gambetta, il faut contourner le monument aux morts pour se diriger vers le boulevard de Paris. On construit un terre-plein juste en face du monument pour séparer ce trafic de celui venant de la rue du moulin vers la rue de Lille et la rue du maréchal Foch. On dote ce terre-plein d’une signalisation lumineuse dans les années 50.

Le terre-plein et le monument aux morts

Mais la circulation automobile s’accroît considérablement, et, en 1962 Nord Eclair nous précise que le carrefour est un point névralgique de la circulation roubaisienne. La rue du Maréchal Foch passe en sens unique.  En 1961 on tente d’améliorer la situation en plaçant un agent dans une guérite, de même qu’au coin du boulevard Gambetta et de la place de la Liberté. On prévoit un éclairage permettant de bien voir l’agent.


L’agent de la circulation à l’oeuvre – photos Nord Eclair et Nord Matin

Ce fonctionnaire sera ensuite remplacé par des feux rouges. Il devient nécessaire d’aménager le carrefour. Pour cela, on décide de déplacer le monument aux morts, qui empêche la relation directe entre les boulevards Gambetta et de Paris en obligeant à un contournement rendu plus contraignant encore par le terre-plein. On parle également de la création d’îlots directionnels. Les travaux d’aménagement débutent en 1964. Le monument aux morts est reculé, et on  le crée un terre-plein plus étroit, permettant un raccordement entre les deux boulevards par une large  courbe. Deux îlots triangulaires sont installés, le premier au débouché de la rue de Lille, l’autre à celui du boulevard Gambetta, permettant de mieux diriger les flux. On aménage le terre-plein avec des murets et une pelouse.

Photos La Voix du Nord 1964 et aérienne IGN 1976

Notre carrefour voit ensuite d’autres transformations, essentiellement dus au déplacement des rails de tramway. Celui-ci cesse de desservir la grand-place, son terminus étant reporté à Eurotéléport.  Les rails disparaîssent dans la rue du Maréchal Foch, et  qui les voies empruntent dans les années 90 un trajet proche de l’axe de la chaussée.  Le terre-plein triangulaire devant le garage Renault est étiré pour bien séparer les véhicules se dirigeant vers le boulevard du Général De Gaulle de ceux empruntant la rue de Lille.

Le carrefour de nos jours – Photo Géoportail-IGN