Centenaire de l’église Saint François

En juin 1960, l’église Saint François va célébrer le centenaire de sa construction. Au milieu du dix neuvième siècle, Roubaix s’agrandit et la population augmente. Il n’y a que deux églises à cette époque Saint Martin et Notre Dame. De plus, il y a beaucoup d’ouvriers flamands. On décide alors de faire appel aux franciscains pour le service des prêtres flamands. C’est à eux qu’on doit le nom du quartier qui se construit alors : St Joseph, dont une rue garde le souvenir, qui mène au parvis de l’église. Ces prêtres franciscains étaient des Récollets, et ils vinrent tout d’abord s’installer dans une maison de la rue du Collège, puis rue Saint Antoine, près de l’ancien carmel.

De généreux paroissiens, parmi lesquels la famille Dujardin, offrent un grand terrain situé en plein champ à la basse masure. Le 21 novembre 1857, la première brique du couvent Saint Joseph est posée. Le 15 mai 1859, c’est au tour de la première pierre de la chapelle du couvent. Ce sanctuaire est l’œuvre de l’architecte Dewarlez, et il fait 50 mètres de long sur 21 de large. Le 23 juin 1860, la nouvelle chapelle est bénite.

La chapelle des Récollets doc Med Rx

 

Une première injonction de quitter les lieux est faite aux Récollets en 1880, les frères franciscains étant belges sont frappés d’un arrêté d’expulsion.  Les portes de l’église sont ré ouvertes en 1896. Puis la loi sur les congrégations religieuses de 1903 force les religieux à quitter les lieux. Après avoir servi de dépôt de pain, de logements, d’école d’apprentissage, l’église reprend ses activités cultuelles en 1919. La même année, intervient la création de la paroisse qui englobe les quartiers du cul de four et de la basse masure, et on donne à l’église des pères le nom de Saint François, fondateur de l’ordre franciscain.

Notre Dame d'Assistance et les petits pages Photo Nord Eclair
Notre Dame d’Assistance et les petits pages Photo Nord Éclair

Les cérémonies du centenaire donnent lieu à diverses manifestations : le 9 juin une conférence par le R.P. Pol de Léon Albaret à la maison paroissiale de la rue Richard Lenoir, le 14 juin au Colisée, gala en l’honneur de Saint François d’Assise par « Jeunesse et famille », le 19 juin à 10 h 30 en l’église Saint François, cérémonie d’actions de grâce, sous la présidence de Son Eminence le Cardinal Liénart. Il est accueilli à dix heures rue Philippe Lebon, au domicile de M. Jules Georges Duquesne, adjoint au maire. Une procession conduit ensuite le chef du diocèse jusqu’à l’église dont le fronton est orné des armoiries épiscopales et de l’inscription 1860-1960. En tête de la procession, le groupe des enfants de chœur, les communiants et communiantes de l’année, la communauté des Pères franciscains de Roubaix, une délégation des Pères de la province de Paris, de Belgique.

Les Pères Franciscains en tête de la procession Photo Nord Eclair
Les Pères Franciscains en tête de la procession Photo Nord Éclair

Le cardinal est accompagné de Mgr Prévost, vicaire général. Il est accueilli sous le porche de l’église par le curé Vincent Guegen et le gardien du couvent Alexis Castro. A l’entrée dans l’église, les grandes orgues tenues par M. Paul Carrière. La messe sera célébrée par le TRP Gustave Boulez, ministre provincial. La chorale paroissiale et la maitrise des Frères du couvent de Mons en Baroeul exécutent le Missa Festiva. Le RP Alexis Castro donne ensuite lecture en chaire d’une lettre du Père Général des Franciscains à la communauté de Roubaix, ainsi que d’un télégramme du Vatican. A son tour le cardinal prend la parole. Il dit notamment : nous devons faire de nos paroisses des communautés chrétiennes ouvertes aux autres et accueillantes.

Le Cardinal Liénart à Saint François Photo Nord Eclair
Le Cardinal Liénart à Saint François Photo Nord Éclair

Après la messe, le cardinal donne à l’assistance sa bénédiction et regagne la sortie en procession. L’après midi fut récréatif, les Canterelles d’Anne Marie Debatte exécutent musiques et danses, puis les frères du noviciat de Mons interprètent avec finesse et esprit plusieurs chœurs.

 

 

 

La salle paroissiale

C’est en 1952, dans le bâtiment qui allait devenir par la suite la salle paroissiale, que Marthe Lecat accueille ses premiers élèves. La configuration des locaux ne se prêtant pas aux besoins de l’école, la nouvelle école de la Sainte Famille fut érigée rue de Constantine en 1956.

Devant la salle paroissiale Coll Particulière

L’association populaire Cartigny-Hutin (A.P.C.H.) put ainsi disposer des locaux et en faire son cercle paroissial. Les familles Avet, Arickx, Balcaen, Belleverghe, Bouckaert, Crohin, Hennion, Holvoët, Lecat, Leman, Lerat, Marissal, Messen, Poucet, Prusse, Stellamans, Vanneste, Waelès (Que de là-haut nous soit pardonné un éventuel oubli !) ont grandement contribué à la bonne marche de l’association, et l’ont perpétuée en passant le flambeau à leur descendance !

Beaucoup de projets ont vu le jour dans cette salle. Parmi eux, le club des jeunes, avec billard, table de ping pong, juke-box, baby-foot, mais aussi le club de belote et de pétanque, le goûter des anciens. La sainte Famille a aussi été le témoin de nombreuses rencontres suivies de nombreux mariages !

Les enfants de la Sainte Famille Coll Particulière

Les enfants du catéchisme assistaient pour la plupart au patronage. Les sorties en autocar, au château d’Estaimbourg ou à Dadizeele, étaient vécues comme une aventure exceptionnelle. Il faut  dire qu’en ce temps-là, nous ne parlions pas encore beaucoup de vacances. Plus tard, ces escapades menèrent à la mer ou à Bellewaerde.

Les veillées de Noël étaient appréciées de tous. La crèche vivante attirait beaucoup de familles, et l’église était trop petite pour accueillir tout le monde. A l’issue de la cérémonie, les jeunes distribuaient des marrons chauds, et le pot de l’amitié offert par l’association paroissiale, faisait l’unanimité. Une tombola au profit de la Conférence Saint Vincent de Paul clôturait cette sympathqie réunion. Les enfants étaient entourés de leurs catéchistes : Evelyne Belleverghe, Patricia Bourgois, Bernadette Deroubaix, Maria Mélikeiche, Nadine Plet, Rosine Vandendriessche.

Kermesse des jeunes Photo Nord Eclair

Chaque année, la kermesse était l’occasion de se rappeler les anciens, les durs, les vétérans qui furent les piliers de toutes es batailles, et qui malgré les contraintes, connaissaient le prix du bénévolat, de l’amitié, du dévouement. Ce que nous savions faire, c’est d’eux-mêmes que nous l’avions appris, avec le secret espoir de le transmettre à nos enfants. Jusqu’au tout début des années 70, les kermesses se déroulaient sur trois jours. Elles resteront à jamais gravées dans l’esprit des paroissiens. Chacun y avait un rôle à jouer. L’installation des stands (tout en bois) sous la responsabilité de Maurice Messen, prenait quelques week-ends. Les répétitions du spectacle ou de la comédie musicale duraient un mois, sous la baguette de Marthe Lecat, qui avait fort à faire, non seulement avec les enfants et les adolescents, mais aussi avec les adultes souvent très dissipés. Michèle Hennion, styliste à ses heures, passait ses vacances à réaliser des costumes tous aussi exceptionnels les uns que les autres, et dignes des grands couturiers. Les « petites mains » confectionnaient les accessoires et les décors. Des centaines de kilos de frites, d’assiettes anglaises, de sandwiches et de crêpes étaient servies dans la joie et la bonne humeur.

Goûter des anciens Photo Nord Eclair

C’est vers 1985, à la fin d’une kermesse, que les membres de l’association dépités de rester un long moment sans se voir, décidèrent d’organiser, en plus et quatre fois dans l’année, des soirées familiales à thème. Ces rencontres furent très appréciées jusqu’au dernier buffet campagnard d’octobre 2012, qui signera la fin de l’association, dissoute le 31 décembre 2012. Les habitués du cercle, accueillis par Jocelyne Peere durant de nombreuses années, regretteront encore longtemps leur partie de cartes du dimanche matin.

Merci à Micheline Masure-Cagnet pour ce témoignage

 

 

 

La naissance de la sainte Famille

C’est le 11 janvier 1949, que le Cardinal Achille Liénart, Evêque de Lille, confie à l’abbé Alfred Potdevin la charge de fonder une paroisse dans le quartier du Hutin à Roubaix. Sous le vocable de la Sainte Famille, va naître cette nouvelle communauté chrétienne, entre le canal, le cimetière de Roubaix et Wattrelos. Investi de cette « incroyable mission », à vélo et avec entrain, l’Abbé Potdevin parcourt le quartier, qui est riche de plus de 3.000 habitants, afin de faire connaissance avec ses ouailles, et d’annoncer la bonne nouvelle : la construction d’une église dont la réalisation dépendra de leur bonne volonté. Sa parole est entendue, puisque de nombreux futurs paroissiens répondent favorablement à son appel.

L’abbé Alfred Potdevin Photo Collection Particulière

Quatre ans après la fin de la seconde guerre mondiale, le quartier bénéficiait du renouveau et du plein essor de nombreuses entreprises : la Lainière, rue d’Oran, le peignage Amédée Prouvost, rue de Cartigny, Dubar-Delespaul, Pennel et Flipo, Gallant  rue d’Alger, Olivier rue de Constantine, Lestienne, rue du Caire, Clarel rue Delespaul, pour ne citer que les plus importantes. On parlait de la future construction d’immeubles : en 1954, les appartements de la rue d’Oran, puis la cité des dominos, les appartements de la rue du Caire. Un peu plus tard, les premières tours, dont la tour du Hutin.

A cette époque la marche était pour la plupart le seul moyen de locomotion ! Pour assister à la messe dominicale, il fallait se rendre à l’église du Sacré Cœur boulevard de Strasbourg (aujourd’hui disparue) ou à Saint Vincent de Paul (aujourd’hui reconstruite). Comme il fallait agir dans l’urgence, la première messe fut célébrée le 1er février 1949, dans une maison de la rue Mazagran. Mais tout ceci ne pouvait être que provisoire, et nécessitait qu’on voie rapidement plus grand. L’Eglise se mit donc en marche, et c’est le 3 avril 1949, soit moins de trois mois après la naissance du projet que sera posée la première pierre. Sur le terrain allant accueillir le nouvel édifice, une foule de fidèles assiste à la messe concélébrée, parmi les officiants par le Cardinal Achille Liénart, Evêque de Lille, de Monseigneur Henri Dupont, Evêque auxiliaire, de Monsieur l’Abbé Alfred Potdevin, et de Monsieur l’Abbé Jacques Testelin.

L’événement dans la presse en mai 1949 Nord Éclair

Rendez-vous fut pris, trois mois plus tard, pour l’inauguration ! C’est un « sacré défi » que vont relever les membres de cette nouvelle communauté. Tout le monde s’investit tant financièrement que physiquement. C’est à celui qui achète le plus de briques, le plus de ciment, qui fournit le plus d’outils, qui se découvre de talents de manœuvre, de métreur, de maçon, de menuisier, de vitrier, de plombier et de couvreur. Les épouses et les mères assurent l’intendance. C’est une histoire de famille ! Une trentaine de gamins cassent, sans se lasser, des pierres nécessaires pour réaliser le sol de l’église et sur lesquelles sera coulé le béton. Les scouts charrient des brouettes de cailloux, de sable et de ciment sous la houlette des « chefs de chantier ». Tout se fait dans la joie et la bonne humeur, avec la même motivation pour tous. Mi-juin, le gros œuvre est déjà terminé, mais c’est le 23 juin 1949 que fut baptisée la Cloche Madeleine-Françoise, conçue et fondue, également dans le quartier. Le cérémonial se déroule selon les rites et tous les paroissiens bénéficient de la traditionnelle distribution de dragées.

La Cloche Madeleine-Françoise Photo PhW

Ce pari fou qui paraissait irréalisable pour certains, a été tenu, car le 3 juillet 1949, soit trois mois, jour pour jour, après la pose de la première pierre, l’église a été inaugurée, pleine de ces hommes et femmes qui ont cru et ont pris part à sa création. Seul le fronton, et quelques fenêtres, restaient à poser.

Le Cardinal Liénart se rendant à l’inauguration de la sainte Famille Photo Collection Particulière

Ce fut la fête dans le quartier. Les enfants, tout de blanc vêtus, les scouts, la fanfare, le clergé, les laïcs, ont parcouru les rues du quartier avant de se rendre à la Sainte Famille pour participer à la première messe. A l’issue de la cérémonie, le Cardinal Achille Liénart a remercié les bâtisseurs d’amour et de paix, en rappelant que c’est au milieu des actes de votre vie que s’accomplit l’œuvre de votre salut. Cette citation sera reprise par Monseigneur Adrien Gand, lors de la messe célébrée en plein air, pour le vingtième anniversaire de la paroisse en 1969, qui fut suivie d’un repas où tous les fidèles furent conviés.

La Chapelle de la Saint Famille CP Collection Particulière

 

Merci à Micheline Masure-Cagnet pour ce magnifique témoignage, et ce n’est qu’un début !

Vie et mort de Saint Antoine

L'église Saint Antoine de Padoue CP Méd Rx
L’église Saint Antoine de Padoue CP Méd Rx

Les habitants du Fresnoy dépendaient de la paroisse Notre Dame avant que ne soit édifiée l’église Saint Antoine de Padoue, sur l’initiative du Chanoine Evrard, doyen de Notre Dame. Elle est construite en 1897 sur les terrains de la ferme Ducatteau Six. L’autorisation de célébrer le culte se fait attendre et c’est seulement le 12 août 1900 qu’elle sera consacrée et ouverte au public. A cette occasion, une superbe cérémonie sera conduite par le Chanoine Evrard devant une foule énorme de fidèles, et l’abbé Dehaeze, qui sera son premier curé, monte en chaire et prononce un sermon de circonstance. Il rend ensuite hommage aux dames de l’œuvre de Sainte Élisabeth, à la société chorale Saint Antoine, à la fanfare La Liberté qui contribue à la fête par l’exécution d’un morceau d’un grand effet. Sous le ministère de l’abbé Marais, il y aura la création d’une maison pastorale rue de Remiremont, d’une école de filles en 1909 et de garçons en 1913, d’un cercle d’études, de deux patronages. Les orgues seront installées en 1926.

Collection particulière
Collection particulière

Avril 1990, c’en est fini de l’église Saint Antoine. L’abbé Gand, qui dirigeait l’archiprêtré de Roubaix, disait que ce local n’était plus adapté à la vie de la paroisse. Trop grand, trop abîmé, trop vandalisé. L’évêché a décidé de démolir. La ville a donc accordé le permis de démolir. Aurait-on pu utiliser le bâtiment qui n’était pas en si mauvais état ? On aurait pu y installer un très beau marché couvert, mais non. Que fera-t-on des terrains ?

Les derniers jours de Saint Antoine Photo Nord Eclair
Les derniers jours de Saint Antoine Photo Nord Éclair

En fait, il y eut trois destructions : l’église, le presbytère et l’école. On démolissait beaucoup à Roubaix à cette époque : les magasins généraux, l’église Saint Rédempteur, la maison des docteurs, une grande partie de la rue de la fosse aux chênes, et bientôt l’église Sainte Bernadette. Le 7 septembre, c’est la fin de l’édifice, et commence le temps de la récupération : les cloches partiront pour la nouvelle église Saint Rédempteur au Pile. Le 15 septembre 1990, c’était la sixième édition de la journée des monuments historiques, qui allait devenir européenne, et que nous connaissons aujourd’hui sous l’appellation journées du patrimoine.

 

 

Le projet Dom Bosco

Un précédent article laissait entendre que la maison St Jean Bosco avait été envisagée dès le mois de janvier 1945. De nouvelles découvertes nous amènent à préciser ce point.

Déjà à l’origine de la construction de l’église Ste Bernadette en 1935, l’abbé Carissimo devenu doyen de la paroisse Ste Elisabeth, souhaitait la création d’un nouveau centre d’œuvres charitables dans le quartier des Longues Haies. Son vœu est exaucé au début du mois de décembre 1942, époque à laquelle quelques religieuses se sont installées dans un assez vaste immeuble au n°102 de la rue Bernard. D’après le Ravet Anceau, c’était autrefois l’atelier du charpentier menuisier Vanacker Florin.

Saint Jean Bosco et les sœurs de l’ouvrier Photos Coll Privée

Cette œuvre est mise sous la protection de Saint Jean Bosco, fondateur des patronages dominicaux et de l’ordre des Salésiens, dont la mission consistait à recueillir les enfants pauvres ou abandonnés, à les éduquer et à leur donner une instruction professionnelle susceptible de faire d’eux des bons ouvriers. Saint Jean Bosco n’est pas un inconnu pour les roubaisiens, car il vint prêcher à Roubaix le 11 mai 1883 dans l’église Saint Martin. Il n’était alors que Dom Bosco, et il sera canonisé le 1er avril 1934.  Ce sont les « sœurs de l’ouvrier » dont la maison mère est à Croix, qui vont mettre leur dévouement à la disposition des familles du quartier, en visitant les malades, et en dispensant leur sacerdoce auprès des infirmes, des vieillards et des petits enfants. Elles s’occuperont de soupes populaires, d’ouvroirs et de vestiaires pour les déshérités. A partir de fin janvier 1943, leur chapelle permettra à tous ceux qui le souhaitent, et qui trouvent l’église paroissiale trop éloignée, de remplir leurs devoirs religieux.

L’autel de la chapelle de la maison Saint Jean Bosco Photo Brunin

La chapelle fonctionnait donc dans le cadre de la maison d’œuvres de St Jean Bosco, mais elle s’avéra très vite trop petite. On projeta un moment de construire une chapelle plus importante, sur un vaste terrain où se situait la cour Binet, au n°170, rue des Longues Haies. Un architecte, M. Forest, en dressa les plans, et la maquette fut présentée à la presse. Le projet ne fut jamais réalisé, mais le centre d’œuvres sociales de la rue Bernard continua d’exister et sa chapelle de fonctionner, jusqu’à la disparition intégrale du quartier en 1960.

Le 102 rue Bernard en 1942 et le projet de chapelle Photos Journal de Roubaix

L’aumônerie des Trois Ponts

La question de l’implantation d’une église dans le quartier des Trois Ponts est posée dès la réalisation des logements situés autour de la rue de Maufait, avant la construction de la cité des Trois Ponts, au début des années soixante. On pense édifier un tel édifice, et l’emplacement est d’ailleurs prévu sur un plan de la future cité daté de 1963. Elle se trouve alors à l’angle de la future avenue de Verdun et de la future rue Léo Lagrange, ce qui sera l’emplacement actuel de l’aumônerie…

Le projet de la cité des Trois Ponts en 1963

Une aumônerie n’est ni une église, ni une chapelle. L’abbé Jacques Delfosse en donne la définition suivante : l’aumônerie reçoit tous les élèves qui souhaitent une réflexion sur la foi, sur l’évangile, sur la vie d’un chrétien à l’heure actuelle[1]. Les établissements scolaires voisins concernés sont le lycée Van Der Meersch, le collège Jean Jacques Rousseau et le collège Gambetta de Lys Lez Lannoy. Cette aumônerie est composée d’une grande salle où sont célébrées des messes et où se tiennent les grandes réunions, de quatre petites salles de réunion, d’un oratoire, et de l’appartement de l’aumônier.

 

Mais avant de parler de l’aumônerie des Trois Ponts, il faut évoquer celle qui fut inaugurée en avril 1957 par son Eminence le cardinal Liénart, évêque de Lille, qui se trouvait 380 rue de Lannoy. Ce « foyer catho » selon l’expression de la presse[2], a été réalisé avec le concours de générosités roubaisiennes. Une messe est célébrée par l’abbé Delva, aumônier des Turgotins[3], en présence de l’évêque de Lille, de l’abbé Carlier, curé de la paroisse Notre Dame de Lourdes. L’abbé Antoine-Marie Leclercq, futur aumônier des lycéens, dirige les chants de la cérémonie.

Monseigneur Gand inaugurant l’aumônerie des Trois Ponts

Vingt ans plus tard, le dimanche 20 novembre, c’est Monseigneur Adrien Gand vient à son tour inaugurer la nouvelle aumônerie des Trois Ponts, sise aux n°201 203 de l’avenue de Verdun. L’abbé Jacques Delfosse présente son aumônerie comme un lieu de libération par rapport à soi, par rapport aux idéologies qui nous agressent, par rapport au monde qui nous entoure. Qu’y fait-on ? La catéchèse, les retraites, des messes le mercredi et le samedi en fin d’après midi, un journal, des permanences, la préparation des camps de vacances…


[1] Nord Eclair 17 novembre 1977
[2] Voix du Nord avril 1957
[3] Elèves de l’Institut Turgot

 


 

Ste Bernadette, projet et réalité

En mai 1935, le cabinet d’architectes Dupire envoie à la mairie une demande de permis de construire une église avenue Motte, pour le compte de l’association diocésaine de Lille . Cette demande est accompagnée des plans du futur édifice. Les travaux de construction sont réalisés durant l’année 1937. Pourtant, l’église terminée ne ressemble pas du tout à celle qui était prévue. Le projet initial semble plus ambitieux et utilise tout le terrain disponible : il prévoit un presbytère et un dispensaire reliés à l’église par des galeries couvertes. Autour, des espaces verts, appelés jardins des mères et jardins des enfants.

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Mais c’est surtout la façade qui affiche le plus de différences avec le projet initial. Deux clochetons bas à la place d’un clocher unique, des décrochements de niveau entre les bas-côtés et le vaisseau centra, qui accentuent la largeur et l’aspect massif de l’édifice, alors que les plans montraient une silhouette plus traditionnelle, formant un triangle surmonté d’un clocher élancé, et quatre clochetons donnant une impression d‘élévation à l’ensemble. Le portail est plus large avec trois vantaux au lieu de deux, l’ornementation est moins importante. Le rapport différent entre hauteur et largeur produit un aspect plus ramassé. Les ornements évoquant un château fort (créneaux et mâchicoulis) ajoutent encore à cet effet de masse.

Par contre, on retrouve les marches du parvis ornées de deux bacs recevant des végétaux :

La vue latérale montre bien la différence d’aspect entre le plan d’origine et la construction réelle. Le toit du transept prévu est beaucoup plus bas que celui de la nef, la pente de ces toits donne une impression de hauteur qui n’existe plus dans l’édifice final. Par ailleurs, les chapelles latérales prévues à l’entrée de l’église donnaient un relief qui a disparu dans la réalisation effective qui apparaît comme un bloc massif.

A l’intérieur, l’impression est la même : l’architecte semble finalement avoir renforcé l’impression de masse et de sobriété par rapport au projet d’origine. Les piliers définitifs sont plus larges et plus espacés, les ouvertures plus simples :

Par ailleurs, en 1937, les mêmes architectes envoient les plans d’une clôture qui doit longer la rue Marlot prolongée, mais qui n’a jamais été réalisée telle quelle.

Que penser de ces changements de dernière minute ? Sur les plans, l’église semblait prévue en pierres ; elle a finalement été construite en béton recouvert de briques. Les bâtiments annexes n’ont pas été réalisés, ni la clôture. Les différents jardins et espaces plantés non plus. Ceci est peut-être dû au manque de moyens financiers : on trouve de nombreux appels de l’abbé Carissimo au donateurs pour financer l’église. Le journal de Roubaix du 18 février 1935, par exemple, cite l’abbé : je ne puis m’empêcher de penser qu’il suffirait de trouver trois cent personnes donnant un billet de mille francs pour me permettre de commencer tout de suite la nouvelle et belle église dont les plans sont prêts… Peut-être quelqu’un a-t-il des informations à ce sujet, et pourra-t-il répondre à nos interrogations. A vos commentaires !

Le chantier de l’église en construction. On remarque au premier plan la voie de desserte sur le terre-plein de l’avenue Motte, et l’aiguillage d’accès à la gare de débord. On voit aussi sur la droite de la photo que le carrefour avec la rue Jean Macé est pavé, mais que le reste de l’avenue est encore simplement empierré.

Photos Collection particulière. Documents archives municipales

Une nouvelle église

Maquette Eglise Photo La Voix Du Nord Salle des fêtes Photo Lucien Delvarre

Dès la démolition de l’église, et en attendant la construction de sa remplaçante, les offices religieux se déroulent dans la salle des fêtes du groupe scolaire Jules Guesde.

A quelques dizaines de mètres de l’emplacement de l’église démolie, au coin de la rue Jean Macé et de l’avenue Motte, se trouve alors un terrain municipal libre. Il a servi un moment à la construction de deux classes provisoires pour l’école voisine, à un autre moment de terrain de basket. C’est sur ce terrain que l’on prévoit de construire la nouvelle église, à côté de la salle des fêtes, et juste en face d’où se dressait l’ancienne.

terrain96dpiPhoto Lucien Delvarre

Au fond, remarquons un clocher de l’ancienne église : la photo est prise à une époque où celle-ci n’est pas encore détruite. Selon la Voix du Nord, la nouvelle église, œuvre des architectes Escudié et Bonte sera « plus petite et plus conviviale » et s’articulera autour d’un « arbre de vie central ».

La pose de la première pierre a lieu en septembre 1991. Symbole de tradition, la première pierre qui doit être posée est celle, récupérée, de la première église. Au parchemin qu’elle contenait depuis 1935 est joint un nouveau parchemin. C’est Mgr Deledicque, évêque auxiliaire de Lille, qui pose cette première pierre un dimanche matin, après des allocutions officielles prononcées dans la salle des fêtes, en présence d’André Diligent, sénateur-maire de Roubaix et de plusieurs élus.

pierre196dpiPhotos La Voix du Nord-Lucien Delvarre

La Voix du Nord cite Mgr Deledicque : « La nouvelle église Sainte Bernadette, plus petite, mais dont la maquette laisse présager que ce sera une belle réalisation de ce XXe siècle, correspondra mieux aux besoins actuels de la communauté paroissiale, qui, reconnaissons-le, est plus restreinte qu’autrefois. »

Les travaux commencent par l’érection du presbytère. Curieusement, la partie du mur qui formait le coin du terrain subsiste très tard et n’est démoli qu’à la fin. La construction se poursuit durant toute une année.

construction1Photos Lucien Delvarre

En décembre 92, deux ans après la démolition de l’ancien édifice, une journée portes ouvertes est organisée à la nouvelle église pratiquement terminée, « un édifice sobre et résolument moderne » pour la Voix du Nord. Il comprend également des salles de réunion, un bureau d’accueil paroissial et le presbytère. L’intérieur présente des briques apparentes. Son architecture est sobre et s’organise autour d’un pilier central symbolisant « l’arbre de vie ».

Photo Lucien Delvarre

Notre Dame de Toute Bonté

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La statue de l’église St Jean Baptiste et celle de la place du Travail

Dans la nuit du 11 Juin 1940, un bombardement sur le quartier du Raverdi détruit 20 maisons rue Philibert-Delorme. Par bonheur, on n’a à déplorer aucune victime. La Voix du Nord ajoute « Quelques semaines plus tard, au cours du mois d’août, un incendie menaça d’anéantir un pâté de maisons. Devant ce danger, le curé du moment invoqua Notre-Dame de Toute-Bonté. On raconte que peu à peu le vent faiblit et tourna. Maisons et habitants furent épargnés. »

Les habitants, voyant là l’intervention divine de Notre-Dame de Toute-Bonté, décident, reconnaissants, de lui élever un monument. Après la guerre, le projet se réalise. M. Forest, architecte, est choisi. La statue est sculptée par Achille Vilquin sur le modèle de celle de l’église St Jean Baptiste, elle-même inspirée d’une Vierge à l’enfant en bois polychrome du 15ème siècle placée dans la chapelle Notre- Dame de Toute Bonté à Châteauponsac, en Haute Vienne.

La statue est placée sur une stèle dans un enclos situé à l’angle de la rue Henri Regnault et du boulevard de Fourmies. Une plaque au pied de la statue commémore l’événement.

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Un Pélerinage se déroule chaque année le jour du 15 Aout. Une Procession, partant de l’église St Jean Baptiste, se rend place du travail. Nord Matin précise en 1972 que c’est, à l’époque, « l’une des dernières processions de la région ».

Document Bernard Thiebaut

Démolition de Ste Bernadette 

Le 29 Juin 1990, le conseil municipal prend acte du fait que l’église et l’annexe du collège située derrière elle vont être démolis pour faire la place à l’entreprise Camaïeu qui désire construire des locaux neufs pour assurer son développement. Les paroissiens sont consultés dès la mise en place du projet.

Le terrain est acheté par l’entreprise, installée 162 bd de Fourmies depuis juin 89. Celle-ci, comprenant par ailleurs le désarroi que peuvent éprouver les paroissiens, insiste par la voix de son Président Directeur Général, Jean-Pierre Torck, sur le fait que l’opération est conduite dans un esprit positif de reconstruction : une nouvelle église sera construite en face, de l’autre côté de l’avenue Motte, et le nouveau site va permettre la création de 300 emplois réservés de préférence à des roubaisiens, que Monsieur Torck qualifie de « bosseurs et courageux ».

Les travaux de démolition commencent par l’annexe du lycée St Martin : Les cours ont eu lieu jusqu’en Juin ; ils sont désormais provisoirement assurés dans l’ancien commissariat avenue des Nations Unies, et doivent dès que possible se dérouler dans des nouveaux bâtiments à construire derrière le lycée rue de Lille.

 

Les fondations du futur entrepôt sont déjà entamées avant que ne commence la démolition de l’église. Un panneau indique et rappelle qu’une nouvelle église va être construite de l’autre côté de l’avenue. Sa taille sera plus adaptée au nombre de fidèles que l’ancienne église, devenue trop grande.

On utilise un boulet de béton suspendu à une grue pour démolir l’église, en commençant par le chevet et le transept nord, pour avancer progressivement par la nef jusqu’au portail. A ce moment, une des chaussées de l’avenue Motte est barrée pour raison de sécurité, ce qui a dû handicaper la station Shell placée juste à côté et diminuer son chiffre d’affaires !

Photos Lucien Delvarre

 

Informations Nord Eclair et la Voix du Nord, octobre 1990. Photos Lucien Delvarre