Place de Verdun

La place de Verdun se situe dans la rue Gorghemetz au cœur du quartier de Beaumont à Hem. Sur cette place se trouvent l’église Saint-Paul depuis 1954 et un petit centre commercial depuis les années 1960. Elle a été inaugurée en novembre 1956, après une messe célébrée à l’église Saint Paul à l’occasion des cérémonies du 11 novembre par Jean Leplat, maire de la ville.

Inauguration de la place en novembre 1956 (Document Nord-Eclair)
L’église Saint-Paul à Hem en 2020 (Document Voix du Nord )

A la fin des années 1950 la cité jardin Beaumont (381 logements) a en effet vu le jour dans la plaine de Beaumont de l’autre côté de l’avenue Mozart. Il faut donc construire un minimum de commerces de proximité pour tous ces nouveaux habitants, bien éloignés du centre de la ville.

Photos aériennes du début des années 1960 puis de 1969 (Documents IGN)

Dès 1968, le Ravet Anceau fait état d’une épicerie Noréco qui reste en activité pendant une dizaine d’années, sous l’enseigne Corsaire. A cette époque, le petit centre commercial comporte également un tabac tenu par Mrs Pouille puis Baude, qui fait également librairie, papeterie, jouets et cadeaux, ainsi qu’un dépôt de teinturerie Rossel.

L’épicerie Corsaire, publicité de 1977 (Document Nord-Eclair)
Tabac Baude (Document Historihem)

Lorsque Mme Vandendorpe reprend le dépôt de teinturerie en 1971 et jusqu’à la fin des années 1980, elle diversifie ses activités et ajoute au nettoyage à sec : bonneterie, lingerie, marques Stemm et Playtex, prêt à porter, mercerie, layette, cordonnerie…

La bonneterie teinturerie Dominique, publicités des années 1970 et 1980 ( Documents bulletins d’information de Hem et Historihem)

Pour assurer un service complet le petit centre est également doté d’une pharmacie, tenu par Mme Ramette-Sabin, jusqu’à la fin des années 1970 . Cette pharmacie se révèle indispensable pour tous les habitants du quartier mais plus encore pour ceux qui n’ont pas de véhicule.

A la fin des années 1970 c’est l’enseigne Shopi qui s’installe dans le petit centre commercial de Beaumont à la place de l’ancien Corsaire. Cette enseigne alimentaire de proximité a été créée en 1973 par le groupe Promodès. L’accent est essentiellement mis sur les rayons frais dans les publicités de l’époque et l’enseigne reste en place à Beaumont pendant plus de 10 ans.

Publicités des années 1970 (avec la façade du magasin) et 1980 (Documents Nord-Eclair)

A cette époque le tabac existe toujours, géré par Mrs Mercier puis Deroo, ainsi que le magasin Dominique et la pharmacie alors tenue par Mme Lauridant-Sabin.

Puis viennent les années 1990 et l’ouverture, en 1991, un nouveau libre-service, à l’enseigne Goldy, ouvre ses portes, spécialisé dans l’alimentation : point chaud, magnifique rayon fruits et légumes, rôtisserie et boucherie, rayon crémerie sans oublier conserves, biscuiterie et liquides avec une très belle cave à bières.

Ouverture de Goldy en 1991 (Document Nord-Eclair)

Malheureusement, le centre commercial connait ensuite un gros passage à vide, notamment en ce qui concerne la supérette, abandonnée et vandalisée. Ensuite c’est sous l’enseigne 8 à 8 que la supérette de quartier rouvre ses portes en 2000, après plusieurs tristes années où l’endroit ressemblait à un cube muré au point qu’en 1997, la commune préemptait le bâtiment pour y aménager elle-même des cellules commerciales.

Suite à cela des travaux longs et coûteux avaient été entrepris pour obtenir un centre commercial tout neuf et fonctionnel, permettant ainsi la réouverture de 2 commerces : un salon de coiffure ouvert par JN Craissin, déjà installé au centre ville et une boulangerie installée par Mr Stievenard également présent au centre d’Hem.

Le guide pratique de la municipalité de 2000 fait également état d’une librairie et d’une civette tabac presse ainsi que de la pharmacie de Beaumont.

Le centre commercial (où une boulangerie existe toujours mais apparemment plus le salon de coiffure remplacé par un fleuriste : Fleurs de vanille) avec la supérette 8 à 8 en 2008 (Documents Google Maps)

La supérette quant à elle se lance sur une surface de 275 mètres carrés. Le groupe Carrefour-Promodes, par l’intermédiaire de sa filiale Prodim, a proposé cette franchise à Mr et Mme Delos, qui tenaient auparavant une supérette dans le quartier de la Bourgogne à Tourcoing.

Cette création de magasin les a tout de suite tenté avec beaucoup de produits frais, plus de 3000 références, un espace parfumerie, une cave à vins et un mobilier tout neuf. A cela s’ajoute les nombreux services offerts comme la livraison à domicile et les larges horaires d’ouverture.

Cela méritait bien une inauguration en grande pompe, en présence de la sous-préfète à la politique de la ville Anne-Gaelle Bauduin, de la conseillère municipale Claudine Dauphin, instigatrice du projet, et bien sûr de Francis Vercamer, maire de Hem.

L’inauguration de la supérette en 2000 (Documents Nord-Eclair) et une publicité (Document Historihem)

Mais en 2012, 8 à 8 ferme ses portes, fermeture heureusement suivie peu de temps après par l’ouverture d’un Proxi Super géré par Mr Rekibi qui propose à sa clientèle : épicerie classique, produits frais, fruits et légumes, un rayon bazar, un dépôt de pain, la presse et un service gratuit de livraison à domicile.

Le Proxi super annoncé par la ville en 2013 et le même magasin 3 ans puis 6 ans plus tard (Documents Magazine Tout Hem et Google Maps)

Actuellement il n’y a plus de supérette, à proprement parler, dans le centre commercial de Beaumont mais la boucherie Zino s’ est installée dans les locaux en avril 2021, gérée par Madhi Tellache, dont la famille a longtemps tenu une boucherie rue de Lannoy à Roubaix, à l’angle du boulevard de Reims. Le nouveau magasin propose également des produits d’épicerie, des fruits et légumes, des produits orientaux, de la charcuterie et des surgelés.

La boucherie Zino (Documents photo IT et Voix du Nord)

La boulangerie actuelle : l’Hirondelle 2 a, quant à elle, été ouverte en 2021 par Youssef Hernoun qui avait déjà ouvert l’Hirondelle 1 à Roubaix. A Hem, il s’est associé à Florian Peere pour rénover la boutique, vide depuis quelques temps, et la municipalité a remis le laboratoire aux normes. La boulangerie propose bien sûr pain et viennoiseries mais aussi sandwichs, paninis et pizzas pour les formules du midi.

L’Hirondelle 2 avant et après (Document FB Duman design et publicité) la boutique et les 2 gérants (Documents Voix du Nord)

Durant l’année 2020, la pharmacie de Beaumont a été reprise par Thomas Remy. C’est sans doute l’une des cellules du centre commercial qui a le moins changé depuis la construction même si des améliorations, essentiellement intérieures, ont été apportées par les différents gérants de l’officine au fil du temps.

La pharmacie de Beaumont (Documents site internet, Calipharma et photo IT)

Pour redynamiser le site de la place de Verdun, en 2020, la municipalité n’a pas hésité à investir. Ainsi une réfection complète de l’éclairage urbain a été faite, du mobilier urbain neuf a été installé. Une nouvelle aire d’amusement éco-responsable a été aménagée juste à côté du parvis de l’église Saint-Paul.

La nouvelle aire de jeux (Documents photo IT et Voix du Nord)

Mais surtout en 2021, la mairie lance un marché hebdomadaire pour répondre à une demande des habitants et renforcer le commerce de proximité du quartier. Ce marché réunit une dizaine de commerçants ambulants: rôtisserie, primeurs, bar à jus, fleuriste, fromager, boucherie, habillement…

Le marché de Beaumont (Documents Voix du Nord)

60 années après la création d’un centre commercial, indispensable dans ce nouveau quartier sorti de terre autour de l’église Saint-Paul, et malgré certains décennies plus difficiles que d’autres pour l’activité commerciale dans le quartier, le petit centre est aujourd’hui toujours actif et bénéficie du coup de pouce apporté par le marché hebdomadaire de Beaumont.

Remerciements à la ville de Hem et à l’association Historihem.

Une entreprise leersoise

L’histoire commence par un mariage. Le 24 mars 1945, Achille Vantieghem fils de M. et Mme Vantieghem Beckaert épouse Marcelle Moreels, fille de M. et Mme Moreels Vosdey. La cérémonie a lieu en l’église Saint Vaast de Leers. À ce moment, Achille travaille en mairie puis il fait son service militaire. Pendant ce temps, Marcelle travaille encore chez Mme Delebois rue des lignes, déjà à faire des fleurs. Les fleurs, on en faisait aussi au 15 rue Victor Hugo, avec Joséphine, la maman, qui vendait aussi des articles funéraires.

15 rue Victor Hugo Leers photo familiale

Vient le jour de la libération d’Achille, et avec Marcelle ils prennent la décision de s’installer au 3 rue Thiers à Leers. Il fera le quincailler et elle continuera de faire des fleurs, ce qu’elle n’a cessé de faire depuis qu’elle a quitté Madame Delebois et qu’elle s’est installée artisane.

La biscuiterie Roussiaux 3 rue Thiers archives familiales

Le 3 rue Thiers fut autrefois une biscuiterie tenue par un oncle d’Achille, M. Roussiaux. Il y avait là un atelier et un four. On y entassa bientôt toutes sortes d’ustensiles : casseroles, seaux, ferblanteries domestiques diverses. Achille livrait les fleurs de Marcelle dans un grand carton à vélo. Henri Moreels, le beau père retraité, venait en demi-journée donner la main au découpage des matières pour les fleurs. Il y avait du papier, du rodoïde, du celluloïd. Les fleurs étaient faites à la main, avec des moules, on les montait pétale par pétale avec une tige.

Achille devant le 3 rue Thiers archives familiales

L’affaire prit de l’extension, on abandonna la quincaillerie, le vélo ne suffit plus aux livraisons, Achille acheta à vil prix une vieille jeep qu’il fallait pousser pour la mettre en route. Il fut décidé d’agrandir la clientèle et ils prirent des apprenties : deux filles de Leers et deux filles de Néchin et quelques ouvrières de l’atelier Delebois qui ne tournait pas bien.

En tête de facture archives familiales

Le manque de place et le démon du déménagement poussèrent Achille et Marcelle à chercher un endroit plus vaste. L’histoire se poursuit à Roubaix en 1950.

Ecole Sévigné au square Pierre Catteau

Dans les années 1960, la population roubaisienne s’accroit fortement suite au développement du taux de natalité des années d’après guerre. Des écoles supplémentaires sont nécessaires pour faire face à ce besoin.
L’institut Sévigné de la rue des Champs à l’angle de la rue du Grand Chemin, fait partie des établissements scolaires qui doivent se développer. Mais le manque de place pour construire une école primaire oblige la municipalité à édifier une école à un autre endroit.

Par délibération du Conseil Municipal, la construction de trois classes de l’école Sévigné est décidée et approuvée sur un terrain de 1303 m2 sur une partie du square Pierre Catteau .

document archives municipales 1966

Trois autres classes complémentaires sont ensuite construites ainsi que des installations annexes à savoir les sanitaires, la chaufferie, la cour de récréation et le préau. L’urgence de la situation et peut-être également le financement, obligent la création de ces classes en préfabriqué.

Six classes sont désormais construites dans ce parc magnifique du Palais de Justice avec une entrée rue Rémy Cogghe, et une autre rue Mimerel.

document archives municipales 1969
Plan cadastral 1974 ( document archives municipales )

Sur le document ci-dessous, on distingue :

6 salles de classe ( ref 1, 3, 5, 12, 14 et 16 )

Sanitaires ( ref 7 )

Chaufferie ( ref 17 )

Préau( ref 11 )

Rangements ( ref 8, 9 et 10 )

Plan de l’école ( document archives municipales )

En 1982, un article paru dans le quotidien Nord Eclair informe les roubaisiens d’un problème de fondation des 6 classes. En effet les classes s’affaissent dans le sol. Est-ce du au fait qu’elles ont été posées en préfabriqué ? Est-ce du au fait que les fondations n’ont pas été réalisées correctement, ou est-ce que l’étang du square a causé des infiltrations dans les bâtiments ?

document Nord Eclair 1982

Quelques années plus tard, en 1994, la demande de permis de démolir des 395 m2 construits pour les 6 classes, est accordé par la municipalité. On peut imaginer que le montant des travaux de réparation devait être très lourd ; l’école est donc rasée. Elle n’a vécu que très peu de temps !

document archives municipales 1994

Remerciements aux archives municipales.

Rue Louis Loucheur (suite)

Après l’intersection avec la rue du Maréchal Joffre, se trouve, au n°99, la deuxième boucherie de la rue, ouverte dans les années 1950. (Sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site). Un peu plus loin, sur le trottoir d’en face, le n°106 abrite la lingerie de J. Delemmes pendant la décennie 50 et le n°108 l’entreprise de chiffons de Roland Wagnies dans les années 1960 et l’institut d’esthétique de Brigitte Carpentier à la fin des années 1970. Ces 3 bâtiments ont ensuite retrouvé un usage d’habitation.

Publicité des années 1970 pour la boucherie et photo de la maison de nos jours, publicité de l’institut esthétique en 1978 et photo de la maison en 2023 (Documents Historihem, Nord-Eclair et Google Maps).

Le 111 rue Louis Loucheur est une adresse très connue, du milieu des années 1950 à celui des années 1980. Y est en effet installée la graineterie Clarisse, aussi appelée graineterie des Trois Baudets : poteries, semences, engrais simples et composés, outils de jardinage, oisellerie, poissons, cages et volières, puis son successeur Jardiflor à la fin des années 1980. Le bâtiment a ensuite retrouvé une vocation d’habitation.

Publicités des années 60, 70 et 80 et photos de cette portion de rue en 1973 et en 2023, photo du bâtiment en 2008 (Documents Historihem, Nord-Eclair, photos Patrick Debuine et Google Maps)

Nous parvenons à la dernière portion de la rue avant d’arriver à Roubaix, après avoir traversé les rues Briet et d’Halluin. Le premier commerce qui s’y trouve, sur le coin avec la rue Briet, au n°118, est un café ouvert par M.Van Maercke au milieu des années 1950 et qui, à l’époque, est également une entreprise de couverture plomberie. Puis Mme F. Crepieux reprend le « café de la Gaieté » à la fin des années 1950 et pendant une décennie. Lui succèdent Charles Lagaise, puis, dans les années 1980, le café PMU « Chez Gilbert et Michel », de Michel Rotsaert et Gilbert Lacroix, . Enfin, dans les années 2000, c’est le café « Le Phenix » qui sera le dernier en activité avant que les lieux redeviennent un domicile.

Publicités Van Maercke et Lagaise, événement fêté au café de la Gaieté en 1968, publicité de 1980 et photo de 2015 et 2023 (Documents Historihem, Nord-Eclair et Google Maps)

Le n°124 abrite, dans les années 1960, une supérette « Super Hem », à l’enseigne Cé-di-Choc puis Super Egé. Durant la décennie suivante, c’est un » lavomatic » qui lui succède, suivi du lavoir pressing des 3 Villes. Ensuite le bâtiment est fermé par une grille et paraît abandonné.

Publicités de la supérette en 1967, puis du Lavomatic et du lavoir pressing des 3 Villes et photo de l’ancien commerce de nos jours (Documents Historihem, Nord-Eclair et Google Maps)

La maison voisine au n°126-128, abrite quant à elle, dès les années 1960 la bonneterie de Mme Brogniart puis la maison Delvordre : bonneterie, lingerie, layette, chemiserie, maroquinerie. Puis c’est Pierre Detollenaere qui reprend la bonneterie « Marlène et Pierre », spécialiste du cadeau de naissance, la maison Riani-Bauwens et enfin Mme Vanhorpe avec «  Hem Boutique » à la fin des années 1970 qui occupent les lieux, avant de laisser la place à une maison particulière.

Publicités de la maison Delvordre en 1968 puis de Marlène et Pierre et Hem Boutique dans les années 1970, photo de la maison de nos jours (Documents Historihem, Nord-Eclair et Google Maps)

L’épicerie de Mme Bourlet occupe le n° 132, dans les années 1950, reprise ensuite par Mr Brogniart. Durant la décennie suivante c’est Lucien Duquesne qui y installe son commerce de TSF (Transmission Sans Fil) et TV (Télévision), repris dans les années 1970 par le couple Vandenhaute-Duquesne qui vend de l’électro-ménager. Par la suite la maison retrouve sa vocation de domicile.

Publicités des années 1960-1970 du commerce de TSF et photo du n°132 de nos jours (Documents Historihem, Nord-Eclair et Google Maps)

Jules et Marie-Madeleine Ladam exploitent leur ferme qui abrite 2 chevaux, un poulain et 8 vaches, à compter de 1948 et jusqu’en 1984, au n°136. La ferme est très ancienne : l’habitation date du 18ème siècle et des fissures sont apparues durant la guerre en raison de l’explosion du château de la Lionderie. Quant aux écuries, elles ont été refaites à la fin du 19ème siècle.

La ferme encore en activité dans les années 1970 (Documents Historihem)

Après l’arrêt de l’exploitation de la ferme, Jean-Marc Ladam y installe son activité artisanale d’électricité générale. Aujourd’hui l’aspect extérieur du bâtiment n’a pas beaucoup changé.

Publicités de l’entreprise d’électricité dans les années 1980 et photo de la ferme aujourd’hui (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

Reste à évoquer le n° 150, occupé durant une vingtaine d’années, à compter des années 1960, par un artisan carreleur, Michel Van Opbroek et le n°156 qui abrite l’épicerie d’Edmond Vionne, à peu près à la même époque, reprise ensuite par Céleste Vionne. On finit, un peu plus loin par le dépannage ménager service au n°170 durant quelques années des décennies 1970-80 et enfin l’alimentation générale de Mme F. Mahieu qui fait aussi poissonnerie dans les années 1960. Tous ces bâtiments sont aujourd’hui à usage d’habitation.

Publicité de 1971 pour l’épicerie et la maison d’habitation en 2008 (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

Ce n’est pas un hasard si, sur cette dernière portion de la rue, à compter du n°118, ne sont évoqués que les numéros pairs. En effet sur le trottoir d’en face nous sommes déjà sur la ville de Roubaix, dans la rue du Bas Voisinage (qui est aussi l’ancien nom de notre rue Louis Loucheur hémoise). La rue Loucheur qui hébergeait à l’époque les nombreux commerces et activités répertoriés ci-dessus est redevenue de nos jours une artère essentiellement résidentielle.

Remerciements à l’association Historihem

Tapisserie Page

En 1883, Edmond Page, maître tapissier, débute dans l’industrie de l’ameublement à la Justice à Roubaix. Il tisse également dans son usine des courtepointes et couches destinées à langer les bébés. A l’époque, dans la méthode française, on enveloppe l’enfant de trois langes superposés : lange de toile ou d’œil fin, lange de duvet, lange de flanelle. On assujettit le lange par des épingles de sûreté placées au-dessus des jambes, de façon que ces dernières restent libres.

Exemple de courtepointe du 19 ème siècle (Document Etsy)

En 1911, son ancienne usine, ayant été détruite par un incendie, il en bâtit une nouvelle 62 rue du Cimetière de Lannoy (actuellement rue des Trois Villes) à Hem. Cette fois il y installe du matériel plus perfectionné pour tisser : soieries, tapisserie coton, velours à dessins jacquard, velours imprimés et moquettes coton.

Exemple de tapisserie des Flandres du 17ème siècle (Document Selency)

Il reprend alors la tradition des anciens maîtres tapissiers célèbres pendant tout le Moyen-Age. Lors de l’invasion allemande pendant la 1ère guerre mondiale, l’ennemi détruit une partie de son matériel et dévalise spécialement ses riches collections de tapisseries des Flandres. Avec courage, il refait ses modèles consistant en garnitures de fauteuils et sofas, en bordures et en panneaux décoratifs.

L’usine Page (Document Historihem)

Dans l’immense bâtiment de briques rouges et blanches il y a jusqu’à 130 salariés et 80 métiers qui tournent. Les métiers à navette datent de 1927 et dans l’atelier se trouve même un vieux métier à tapisserie à la main avec une pédale et la mécanisation progressive de l’usine n’empêche nullement le tisserand de multiplier les interventions sur son ouvrage.

Les cartons Jacquard et les bobines de couleur (Document Historihem)

D’immenses étagères en bois montant jusqu’au toit abritent les cartons jacquard avec tous les motifs utilisés depuis le début de l’activité. Les bobines de couleur, enroulées sur du bois sont pendant longtemps surveillées par des enfants d’une douzaine d’années, jusqu’à ce que le travail des enfants soit interdit.

Le tisserand doit veiller à l’humidité des cartons jacquard, retendre ou renouer les fils qui se brisent. Les piquetières quant à elles vérifient les raccords et éliminent, le cas échéant, le point jaune qui s’est glissé dans un motif bleu au milieu d’une scène de chasse de 2 mètres sur 3…

Les métiers à navette (Document Historihem)

Les cartons jacquard, c’est l’ancêtre de l’informatique : un carton perforé de couleur blanche que l’on aperçoit au sommet des machines. Chaque trou contrôlant un fil de laine, le carton jacquard contient donc la programmation d’un dessin ou d’un motif. Les métiers à tisser à navette travaillent selon la technique dite de la double pièce qui permet de fabriquer du velours.

Avant la 2ème guerre mondiale, la région de Lannoy est non seulement la capitale française de l’industrie du tapis mais aussi le centre mondial du tapis. Les villes d’Hem, Lannoy et Lys-lez-Lannoy forment à l’époque « la vallée des tisseurs » et l’usine Page, située dans le quartier du Petit-Lannoy à Hem se trouve au cœur de ces 3 villes.

La rue qui l’abrite et qui sera par la suite nommée : rue des 3 Villes a en effet la particularité de n’être hémoise que d’un côté, le côté droit en venant de Lannoy, où se situe précisément l’usine et la maison de maître de la famille. De l’autre côté c’est la rue du Cimetière pour Lannoy puis la rue de Metz pour Lys-lez-Lannoy.

Vue aérienne de l’usine jouxtant la maison de maître en 1962 (Document IGN)

De père en fils les générations de la famille Page se succèdent à la tête de l’entreprise. Dans les années 1950, R Page et Cie est répertorié dans 4 rubriques : fabrication de tissus pour ameublement, tapis moquettes fabrication, tapis fabrication et , sous forme de SARL, tapisserie fabrication. La demeure familiale est alors au nom de R. Page-Crespel et se trouve au même endroit jusque dans les années 70.

En février 1955, un incendie se déclare dans la salle de piqurage et la vingtaine d’ouvrières qui a pris son service à 13h voit soudain des flammes s’échapper d’un tas de pièces finies ou à finir, entreposé dans cette salle qui sert aussi de magasin. L’alerte est donnée aussitôt et les pompiers de Roubaix arrivent sur les lieux.

Les soldats du feu attaquent le sinistre à l’aide de plusieurs lances alors qu’une épaisse et âcre fumée s’échappe des matières en combustion. Au bout d’une heure d’efforts tout danger d’extension de l’incendie est écarté et les pompiers entreprennent alors de déblayer les quelques vingt mille kilos de matières textiles.

Les bâtiments n’ont heureusement pas beaucoup souffert mais les dégâts devraient quant même atteindre plusieurs dizaines de millions les vingt tonnes de tapis et tissus d’ameublement étant hors d’usage. Aucun blessé grave n’est à déplorer, seuls deux ouvriers ayant été légèrement incommodés par les émanations.

Incendie aux établissements Page en 1955 (Document Nord-Eclair)
Publicités des années 1970-1980 (Documents Historihem et collection privée)
Vue aérienne de l’usine et de la demeure familiale en 1972 puis de l’usine et d’une nouvelle maison bâtie en retrait de la rue en 1995 (Documents IGN)

Puis, dans les années 90, la maison de maître disparaît des photos aériennes sur lesquelles on constate l’apparition d’une maison neuve, très en retrait de la rue. En revanche, l’usine est toujours là et, en 1993, Denis Page qui la dirige organise une opération portes ouvertes dont la presse se fait écho.

Des tapis feutrent le bureau du directeur, habillé d’un mobilier rustique et d’époque, tels que nos ancêtres les ont connus. Une impression de calme et de sérénité s’en dégage, un peu semblable à l’ambiance d’un musée selon le journaliste, impressionné par la bâtisse et le nombre et la qualité des tapis qu’elle abrite.

Le directeur de la 3ème génération : Denis Page (Document Historihem)

Dans l’atelier, une dizaine de métiers, en fonte et en bois, avec des sangles en cuir, tournent encore sous les hautes poutres métalliques. Le journaliste décrit les rouages bien huilés, la trame bien tendue, et, au fil des allers et retours de la navette, le motif qui se dessine sur le tapis de laine.

Ancien métier en fonctionnement (Document Historihem)

L’usine compte alors 17 salariés qui utilisent encore des métiers datant des années 1920. Outre les tapis de laines et velours produits, 2 des métiers sont encore utilisés pour la production de tapisserie dans la grande tradition de la tapisserie française type manufacture des Gobelins et Aubusson.

Tapisserie de tradition (Document Historihem)

Si les tapis Page ne sont pas les moins chers du marché ils sont uniques du fait de leurs caractéristiques et de leur aspect velouté : les dessins sont très anciens ( d’un demi-siècle à un siècle) et le fil de laine de Nouvelle-Zélande est de très grande qualité, très fin et brillant, la finesse du fil étant très importante tant pour la définition du dessin que pour la qualité du produit fini. Un procédé spécial est ensuite utilisé pour lui donner un aspect de patine ancienne.

Un métier en action (Document Historihem)

L’entreprise vend alors en France aux distributeurs et aux grands magasins parisiens mais exporte également 40% de sa production vers les Etats-Unis et les pays européens. De nouveaux produits sortent encore régulièrement, tel le tapis écologique, sans teinture, fait uniquement de fibres aux couleurs naturelles, produits très demandés par les américains. Pourtant en 1994, la société Page, créée en 1956, ferme ses portes et va être rasée.

Vue aérienne années 2000 (Document IGN)

Remerciements à l’Association Historihem

Mon Plaisir

Depuis les années 1930, J. Van Belle est installé en tant que poêlier au 151 boulevard de Fourmies à Roubaix, à l’angle de la rue Germain Pilon. Il fabrique des poêles à charbon et à bois, et assure également l’entretien des appareils de chauffage. Il reste présent à cet endroit jusqu’au début des années 1960.

document collection privée

En 1966, la société de blanchisserie de lavoirs et de nettoyage à sec, à l’ enseigne « Mon Plaisir », basée à Wattrelos, au 39 rue de la Teinturerie, reprend le fonds de commerce, et ouvre un dépôt de blanchisserie. Les clients déposent leur linge sale, et le récupèrent 24h ou 48h plus tard, dans un parfait état de propreté.

Publicité 1966 document Nord Eclair
document archives municipales
document archives municipales

Le dépôt de 73 m2, géré par Mme Lefebvre, fonctionne de façon très correcte, si bien que la société, en 1971, dépose un permis de construire pour un aménagement : le dépôt Mon Plaisir devient un Pressing. Des machines sont alors installées dans le local, le linge est nettoyé sur place et donc traité dans un délai plus court pour la clientèle. C’est également plus économique pour l’entreprise car le transport journalier aller et retour sur Wattrelos n’existe plus.

document archives municipales
document archives municipales
Publicité 1970 ( document Nord Eclair )

Mohamed Benziani qui habite 91 rue Lafontaine souhaite reprendre l’immeuble en 1988, en vue de transformer le commerce de Pressing en magasin de fruits et légumes. Mohamed Benziani annule finalement son projet en 1990, car le financement bancaire a été refusé.

projet de M. Benziani ( document archives municipales )

Le local reste alors inoccupé quelques temps et, en 1996, s’installe un institut de beauté à enseigne « Atlantys », spécialisé en soins du corps et du visage.

Photo BT

En 2008, le commerce est repris sous l’enseigne « L’Institut 151 » par Maria Raquel Saidi. Le centre de soins esthétiques, repris en 2017 par Tamara Saidi, est toujours en place de nos jours.

Photo BT
Document Institut 151

Remerciements aux archives municipales.

Boucherie Dumeige ( suite )

En 1995, Max et Monique décident d’une nouvelle transformation du magasin . Ils font appel à l’architecte Perrissin et Sailly à Douai pour monter le projet à savoir, la construction d’une chambre froide afin de faciliter et d’améliorer la qualité du travail, ainsi que l’installation d’un bureau.

La construction se réalise en continu du bâtiment existant, sur la rue Carpeaux. Les travaux se terminent en Avril 1996.

Le projet ( document archives municipales 1995 )
La réalisation ( document archives municipales 1995 )

La même année, l’activité traiteur se développe, des plats chauds à 20 Frs sont proposés à la clientèle. Le succès du rayon traiteur est au rendez vous.

document Nord Eclair 1995

Au printemps 1996, à l’époque de la célèbre course Paris Roubaix, un jeu concours pour la clientèle, est organisé pour gagner des vélos et de nombreux T-Shirts, par un simple tirage au sort.

document Nord Eclair 1996

Dix personnes travaillent désormais dans l’entreprise, dix professionnels animés d’une même passion pour leur métier, qu’ils soient bouchers, charcutiers, traiteurs ou vendeurs. Leur objectif est le même : apporter à leurs clients une qualité irréprochable de produits frais, de qualité et préparés sur place. Max et son épouse préparent aujourd’hui l’avenir de leur fils Mathieu qui prendra la succession d’ici quelques temps.

Max Dumeige à gauche, Monique à droite et Mathieu à ses côtés ( document Nord Eclair 1996 )

En 1996, Max veille scrupuleusement depuis des années à la qualité de la viande et choisit lui-même chaque bête chez les éleveurs et chevilleurs. Il travaille en étroite collaboration avec Yann Adam, pour la relance des races Boulonnaise et Trait du Nord élaborée avec le centre des ressources génétiques de l’espace naturel régional.

Yann Adam ( document M. Dumeige )
Poulain ( document M. Dumeige )
Max Dumeige ( document M. Dumeige )

En 1997, Max fait rénover ses cuisines, lance une gamme de poulets rôtis et commercialise des viandes labels en Boeuf, Poulain et Porc.

Pour fêter l’an 2000, Max communique par de la publicité sur des labels qualité : Délicochon, Coopérative A1, Poulain du Nord, Belle bleue label rouge. L’occasion de rappeler que cela fait 32 ans que la qualité de ses produits est toujours au top.

document Nord Eclair 2000

Comme chaque fin d’année, en 2001, Max communique par de la publicité dans la presse locale pour ses produits de fêtes : foie gras, boudin blanc etc et bien sûr, pour les meilleures viandes labellisées qu’il a sélectionnées lui même et les volailles des fermiers landais.

document Nord Eclair 2001

Max Dumeige prend sa retraite en 2002 et son fils Mathieu reprend l’affaire. La boucherie continue de façon satisfaisante durant les premières années. Les difficultés apparaissent ensuite, au début des années 2010, suite à des différents sérieux avec d’anciens employés, quelques erreurs de gestion, des charges trop lourdes, la concurrence des boucheries hallal, des remises aux normes onéreuses mais indispensables . . . En 2016 l’entreprise est déclarée en cessation de paiement et en avril 2017, le tribunal de commerce prononce la liquidation judiciaire de l’entreprise.

En Décembre 2017, Christophe Descheemaker, 46 ans, boucher chevalin, installé au Crétinier à Wattrelos depuis plus de 20 ans, reprend l’affaire et rebaptise le commerce : « la boucherie du boulevard » avec deux anciens salariés. Il reprend la même activité sauf la viande de cheval, pour ne pas concurrencer la boucherie hippophagique du 94 rue Carpeaux. Malheureusement le succès n’est pas au rendez vous, et en Février 2020, Christophe Descheemaker ferme les portes de son commerce.

document Nord Eclair

La boucherie est alors cédée à Rémy Scatizzi et Louis Camelot qui créent « Les Halles modernes », un quatrième point de vente après ceux de Croix, La Madeleine et Lille. La boutique propose bien sûr de la viande et de la charcuterie, mais également des produits traiteur, de la crémerie, de la bière, du vin, des produits locaux et quelques légumes.

document Nord Eclair

Le magasin Les Halles modernes ne reste ouvert que quelques mois seulement. Le commerce est repris en Août 2023, par la boucherie « Molati » de Faïza Ghaïri qui était installée rue Charles Fourier à l’emplacement d’un caviste. L’emplacement du 114 boulevard de Fourmies lui convient parfaitement, car plus spacieux et surtout plus visible.

document Nord Eclair

Les 2 commerces tenus par Max Dumeige, tant rue Jules Guesde que boulevard de Fourmies étaient historiquement des boucheries depuis très longtemps. Si la boutique de la rue Jules Guesde est de nos jours devenu un cabinet infirmier, celle du boulevard de Fourmies accueille toujours une boucherie.

Remerciements à Max et Monique Dumeige ainsi qu’aux archives municipales

Rue Louis Loucheur

Dans le quartier des Trois baudets, cette rue, longue de 869 m, joint la rue Jean Jaurès à la rue d’Halluin, avant de se poursuivre jusqu’à Roubaix, rue Pierre Brossolette. Sans nom sur le plan cadastral de 1824, elle devient le chemin du Bas Voisinage sur celui de 1890, puis la rue du même nom au début du vingtième siècle, avant d’apparaître sous son nom actuel sur un plan de la fin des années 1960.

La rue du Bas Voisinage (CPA colorisée) dans les années 1900, vue de la rue Jean Jaurès, et la même vue en 2023 (Documents collection privée et Google Maps)

Dans la première partie de la rue, qui descend de la rue Jean Jaurès vers la rue Alexandre Ribot, on trouve, dès après guerre, des commerces très divers. Ainsi l’épicerie Tribalat puis Desmet Bonnaviat, alimentation générale, épicerie moderne, au n°39, au coin de la rue Ribot, qui sera ensuite reprise par les Thooris-Vergne au début des années 1960 avant de devenir, au milieu de la décennie, l’alimentation Dillies-Dupriez de Dominique Dillies sous l’enseigne « Dominique » jusqu’à la fin des années 1980.

Publicités Desmet-Bonnaviat (années 50) puis Dillies-Dupriez (années 1970) (Documents Historihem et Nord-Eclair)
Photo du n°39 en 2008 et en 2022 (Documents Google Maps)

A la fin des années 1950 et jusqu’au début des années 1980, un horticulteur, A.Deligny est installé au n°19. « Célibataire, il vit avec sa sœur, institutrice. Il sortait son couteau pour couper des fleurs et en voyant une limace la piquait et la gobait. Il allait tout les jours au cimetière à vélo fleurir des tombes » d’après le témoignage d’un riverain.

Au milieu des années 1960, un marchand de charbon, Louis Vanbenneden, dit « le berger »occupe le n°2. Témoignage d’un voisin : « Ses deux fils, Achille et Louis, ont été les 2 derniers marchands de charbon avec des chevaux. L’écurie était en haut de la rue sur le coin de la rue Jean Jaurès, face à l’épicerie COOP. Mon père leur demandait, une fois par an, du fumier de cheval pour le jardin, avant l’hiver. Alors ils le livraient avec leur ancien tombereau sur le trottoir. Quand je rentrais de l’école Jules Ferry par la rue Alexandre Ribot, arrivé à l’angle de ma rue je voyais le tas énorme. Alors je savais que je ne pourrais pas jouer car il fallait tout rentrer avec des seaux jusqu’au fond du jardin avec mon frère. Quand le bus, qui passait par la rue à l’époque, glissait dans le fossé côté horticulteur, alors on allait chercher les chevaux du marchand de charbon pour l’en sortir. »

10 ans plus tard, le numéro 2 devient le siège d’un artisan en peinture vitrerie R.Voisart. A la même époque et jusqu’à la fin des années 1970, un artisan carreleur, Chantrie et fils, occupe le n°35.

Photo devant l’horticulteur dans les années 1970 et la même vue en 2022 (Document Patrick Debuine et Google Maps)

A l’époque, à hauteur du N°20, une palissade grise juste avant l’impasse Briffaut, délimite le terrain du patronage de Saint-Joseph, situé rue des Ecoles (Parallèle à la rue Loucheur), lequel accueille les activités sportives des enfants de la paroisse notamment le 1er terrain de volley. Témoignage d’un riverain, enfant à l’époque : « La soeur Agnés avec ses cornettes nous coursait avec son tisonnier quand on embêtait les filles ».

Le terrain du patronage délimité par une palissade en ciment juste avant l’impasse (Document Patrick Debuine)

Dans les années 1970, le terrain a été racheté et une maison y est construite pour abriter une entreprise de bâtiment ECH, entreprise de construction hémoise, également Z Dépannage, spécialisée dans le dépannage rapide de tous les domaines du bâtiment, laquelle fait sa publicité sur le pignon de la maison voisine. Dix ans plus tard, Mr Vanwynsbergue y est installé en qualité d’agence immobilière sous le sigle CIH. Puis la maison retrouve son usage d’habitation.

Publicités de Z Dépannage et ECH, en-tête de l’entreprise et photo de la maison en 2008 (Documents Nord-Eclair, collection privée et Google Maps)

Témoignage d’un riverain : « Dans l’impasse Briffaut il n’y avait pas d’eau, alors il fallait aller en chercher rue Jean Jaurès, en haut de la rue Loucheur, à la borne. Il y avait Georgette qui était déhanchée et marchait en se balançant qui allait chercher de l’eau avec ses deux seaux toute la matinée le jour de lessive, alors le trottoir en terre était trempé car elle en renversait beaucoup ».

Avec le n°39 ci-dessus, nous voici déjà au carrefour de la rue Alexandre Ribot (sur ce sujet voir un article précédemment édité sur notre site). Le contraste y est saisissant entre la vue d’une carte postale ancienne prise à cet endroit et la même vue en 2023. Finis les champs qui bordaient encore le côté impair de la rue du Bas Voisinage au début du 20 ème siècle. La rue Loucheur est à présent un alignement de maisons des deux côtés .

CPA du début du 20ème siècle et la même vue du croisement en 2023 (Documents Historihem et Google Maps)

Dans les années 1950, au n°42 s’installe la boucherie de J. Vandenberghe (sur ce sujet voir un article précédemment édité sur notre site). Un peu plus loin, au n°48, c’est une parfumerie qui ouvre ses portes, à la même époque, et reste sur place jusqu’à la fin des années 1960, celle de Mme. Meulebrouck. 10 ans plus tard et pour une décennie, c’est la pharmacie Vasseur-Dupriez qui y emménage et cédera la place par la suite à la pharmacie Lheureux. Aujourd’hui, c’est une habitation à cette adresse.

Publicités de la pharmacie en 1976 et dans les années 2000 et photo de celle-ci en 2008 (Documents Nord-Eclair, collection privée et Google Maps)

La maison voisine, au°50, accueille durant une quinzaine d’années, au milieu des années 1950, une fabrication de confection gérée par Mme Deblaere. C’est une quincaillerie qui se trouve au n°52, dans les années 1960, tenue par Cl. Froquet. Ces deux commerces, situés au coin de la rue du Maréchal Foch reprennent ensuite leur usage d’habitation.

Le n°50 en 2008 et 2023 (Documents Google Maps)

A la fin des années 1950, le n°56 abrite l’épicerie J.Mazurelle, puis l’alimentation générale J. Deschamps au milieu des années 1960. A la fin des années 1970, un salon de coiffure dames Deschamps-Janssens, qui fait également parfumerie, y côtoie l’épicerie Alain Deschamps, spécialisée dans la commercialisation des vins Nicolas. De nos jours le bâtiment est à usage d’habitation mais l’on y retrouve toujours le pignon en briques qui supportait la publicité des vins Nicolas.

Publicités des 2 commerces et photo en 2008 et 2023 (Documents Historihem et Nord-Eclair)

Le n°58 est la villa Mona Lisa de l’entrepreneur roubaisien Léon Degallaix-Vion, qui a fondé son entreprise de construction au 23, bd du Catteau à Roubaix et au 34 rue Ingres. Il est également le fondateur, en 1929, de la Société de briqueterie de l’entreprise dont il reste président pendant 37 ans. Il est enfin fondateur et vice-président de la caisse de congés payés du bâtiment ainsi que de la caisse de chômage et intempéries.

Le 23 bd du Catteau et le 34 rue Ingres à Roubaix (Documenst Google Maps)

Bien connu également dans la région du Touquet où il a oeuvré à la construction de nombreuses digues, hôtels et villas, il y possède une résidence secondaire et y fonde « La Touquettoise Immobilière » dont il est le président. En raison des nombreux services rendus à la corporation, il est promu officier de la Légion d’Honneur. Il décède, en 1966, à l’âge de 92 ans. Ses funérailles sont célébrées à l’église Saint-Joseph à Hem, en présence d’une foule imposante, constituée de nombreuses personnalités dont le maire de Hem, Jean Leplat. L’inhumation a lieu ensuite dans le caveau de famille, au cimetière de Roubaix.

Le décès de Léon Degallaix et la villa Mona Lisa à Hem (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

De 1979 au milieu des années 1980, la maison voisine, au n° 60, accueille l’auto-école de Marie-Louise Manche et, à la même époque, on retrouve au n°70 le piqurage à façon de H. Creton. Quant au n°78, il héberge, dès le début des années 1970 et durant une décennie, le salon de coiffure pour dames d’ Héléne Deblaere. Tous ces bâtiments ont retrouvé ensuite leur usage d’habitation.

Publicité de 1980 pour l’auto-école Manche et photo de la maison de nos jours, publicité de 1971 pour le salon Deblaere et photo de la maison en 2023 (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

La Grand Place des années soixante dix

La Grand-Place est devenue Place Jean-Delvainquière, en hommage au maire de Wattrelos récemment décédé. Cette fois, l’église est au n°2 sans qu’on sache vraiment où est passé le n°1, et la Mairie est au n°3. Dès le n°4, un commerce la supérette Glorieux ouverte il y a quelques années par les frères Glorieux, c’est de l’alimentation générale. Le n°5 c’est le café aux Amis. Le n°6 est devenu un cabinet d’assurances, et on retrouve les chemisiers Bienvenu frères, une véritable institution sur la place. À partir de là les commerces se succèdent : au n°8 les confections Wycart, au n°10 la poissonnerie Salliem. La teinturerie Eco Sec Duhamel tient les n°11-12. Aux 13-14, le café de la Paix, ex café de l’Innovation. Un électricien Tiberghien fils est au 15. Le marchand de chaussures Reyns est toujours au n°16, de même qu’au n° 18 on trouve encore les bouchers Hien et fils. Au n°19 sont désormais installés les établissements Erbé Radio SARL de M. Bossut, et au n°20 le mercier Liagre. Au n°21 les graines Truffaut de M. Delannoy forment l’angle de la rue de la Gendarmerie.

Grand Place 1972 Collection familiale

On saute la rue Carnot et voici le magasin de meubles Delignies « au gai logis » qui occupe les n°22 à 25. Mme Renard tient son café au n°26, et l’horticulteur Vanhée est installé au n°27. Au-delà du débouché de la rue du docteur Victor Leplat, le n°29 est désormais le marchand de lingerie Dubois-Barthouil.

Grand Place 1972 contre champ Collection familiale

Les commerces occupent désormais l’espace, en remplaçant d’anciens estaminets. L’arrivée de commerces d’électricité et de radio montrent à quel point ces nouvelles technologies se sont démocratisées, elles sont désormais accessibles au grand public. Une institution a disparu : le café de l’Harmonie a été remplacé par le marchand de meubles Delignies, qui récupère numéro après numéro les maisons de la rangée, afin d’agrandir son espace d’exposition vente.

Boucherie Dumeige

Max Dumeige est né, en 1944, à Domart en Ponthieu dans la Somme. Son père était maquignon marchand de chevaux, dans cette même ville. Max, après ses études de boucher charcutier, et quelques premières expériences en tant qu’apprenti, décide de s’installer à son compte, car il est courageux, ambitieux et volontaire.
L’occasion se présente quand la boucherie chevaline de Mr Duponchel-Burda, au 115 de la rue Jules Guesde à Roubaix se libère.
Max et son épouse Monique née Simon, signent l’acte de vente et s’installent, en 1968. L’enseigne choisie est : La « Chevaline ». Ils sont les plus jeunes bouchers de Roubaix.

La vitrine de la boucherie Duponchel Burda avant la cession ( document M. Dumeige )
document Nord Eclair 1968

La rue Jules Guesde est une rue très commerçante dans un quartier populaire. Le commerce se situe juste à côté du magasin de M. Soetens au 109-113 qui propose des articles de vaisselle et de ménage. La superficie du terrain sur lequel se situe la boucherie s’étale sur 177 m2. La boutique est très longue en profondeur mais étroite en façade. Sur la droite, une porte de garage permet les livraisons de viande. Max et Monique habitent sur place.

Plan cadastral

L’année suivante, en 1969, Max investit déjà, en aménageant l’intérieur du point de vente. Il fait installer une magnifique vitrine réfrigérée pour la présentation des produits et engage un premier salarié. Il crée un rayon porc pour aménager l’année suivante un laboratoire charcuterie pour la fabrication de « charcuterie-maison » avec un deuxième employé.

La qualité des viandes de cheval de Max Dumeige est irréprochable et la publicité se fait seule, de bouche à oreille, dans tout le quartier. Très rapidement, les affaires se développent et sont très satisfaisantes. En 1972, Max fait transformer complétement le magasin intérieur et la façade par l’entreprise Frimak Gand. Le résultat est remarquable.

documents archives municipales 1972
La façade ( document M. Dumeige )
Plan de l’intérieur du magasin ( document archives municipales )

Max entretient des relations cordiales et amicales avec tous les commerçants du quartier et devient membre de l’Union des commerçants de la rue Jules Guesde en 1972.

document Nord Eclair 1972

En 1974, Max et Monique créent un rayon volailles et gibier. Le personnel compte désormais 6 personnes, Max à l’atelier, Monique à la vente et à l’administratif et 4 salariés.

Max et Monique derrière leur vitrine réfrigérée ( document M. Dumeige )

La boucherie reçoit le prix d’honneur du concours Bergues 72, pour un concours de viande de cheval, en 1972.

document Nord Eclair 1972
Max Dumeige dans son laboratoire ( document M. Dumeige )

Les affaires continuent de se développer. En 1980, de gros travaux sont entrepris ; une partie de l’arrière boutique disparaît pour y agrandir le point de vente. Cet agrandissement leur permet de créer un rayon veau et agneau et d’embaucher deux personnes supplémentaires.

Démolition de l’arrière boutique ( document M. Dumeige )

Au milieu des années 1980, les affaires fonctionnent toujours très correctement mais la rue Jules Guesde commence à se dégrader. De nombreux commerçants ferment et ne sont pas toujours remplacés. Max décide alors d’acquérir un second commerce dans une artère passante de la ville. En 1987, il reprend la boucherie chevaline du 114 boulevard de Fourmies, ouverte depuis Juillet 1968, à L. Nollet-Marescaux. Auparavant, c’était la boucherie Bellepaume, des années 1930 jusqu’en 1967.

la boucherie Bellepaume en 1957 ( document IGN )
publicité Nollet- Marescaux ( document Nord Eclair )

Avec les deux points de vente, les époux Dumeige communiquent dans la presse locale, en 1988, par une publicité commune

Publicité commune des deux magasins 1988 ( document Nord Eclair )

Deux ans après le rachat du commerce du boulevard de Fourmies, Max décide de transformer complétement le magasin. Un permis de construire est demandé pour la création d’un atelier de découpe et d’un magasin de vente. Il fait appel au bureau d’études François Beckary à Lille pour la refonte du commerce.

Plan de l’ancien magasin ( document archives municipales )
Projet du nouveau magasin ( document archives municipales )
Projet de façade ( document archives municipales )
Etat des travaux ( document archives municipales )

Après quelques jours de fermeture, le magasin peut alors ré ouvrir.

Réouverture ( document Nord Eclair 1987 )
( document archives municipales )

La boucherie de la rue Jules Guesde connait une baisse des ventes. Max et Monique décident donc, en 1990, de fermer ce point de vente qui deviendra une maison particulière et ensuite un cabinet d’infirmiers.

Le 114 de la rue jules Guesde dans les années 2000 et de nos jours ( document Google Maps )

Max et Monique ont trois enfants ; Christine, Anne et Mathieu. Ce dernier, après ses études et un diplôme de BTS de gestion, commence son apprentissage pour apprendre le métier. Il obtient son Brevet Professionnel en 1994.

Au milieu des années 1990 se répand partout en Europe, la crise de la vache folle ( maladie de Creutzfeldt-Jakob ) Le grand public est informé par les médias, ce qui engendre une crise sans précédent. C’est une catastrophe pour toutes les boucheries qui voient leurs ventes de bœuf se réduire mois après mois. Les boucheries roubaisiennes ne sont pas épargnées, sauf celle de Max Dumeige qui propose de la viande de cheval à la place du bœuf, mais surtout grâce à la réputation de qualité de ses produits, et à la confiance de sa clientèle.

document Plantu

à suivre . . .

Remerciements à Max et Monique Dumeige ainsi qu’aux archives municipales