Café de l’Etoile

A la fin des années 1930, Léon Riquier et son épouse reprennent un café : Le Palais de la bière, situé au 27 de la Grand Place à Roubaix, et ce jusqu’au début des années 1950.

Raymonde à 20 ans à la devanture du Palais de la bière au 27 Grand Place ( document D. Duponcelle )

Leur fille Raymonde Riquier, mariée à Emile Duponcelle, décide à son tour de gérer un café juste après guerre. En 1946, elle reprend le café de l’Etoile situé également Grand Place mais au N° 19, un peu plus loin.

Le café de l’Etoile ( document archives municipales )

Le café est petit, étroit en largeur, et ne peut donc pas accueillir beaucoup de clients à la fois, mais il est idéalement situé, sur la Grand Place de Roubaix.

Le café se nomme « l’Etoile » car le vitrail coloré au dessus de la façade reproduit des étoiles. Les deux vitres latérales se lèvent manuellement, ce qui permet en été de profiter du soleil à l’intérieur du commerce. A droite, se trouve la porte d’entrée pour accéder directement à l’étage.

Raymonde supprime le restaurant qui se trouvait au premier, pour y aménager son séjour et la cuisine, Au deuxième se situent les chambres, et au troisième, le grenier aménagé en salle de jeux, pour son fils Daniel qui y passe de nombreuses heures.

Raymonde exploite seule son café, car son mari travaille à l’extérieur. Elle a le sens du commerce et des affaires, est accueillante envers les clients : les affaires fonctionnent très correctement.

L’intérieur du café en 1948 ( document D. Duponcelle )

Sur la photo ci-dessus, Raymonde se trouve derrière le bar en chêne massif, à sa droite une amie, son fils Daniel 3 ans, et à sa gauche André Castelain son ami, très élégant en costume noir. Devant le bar, des clients, cadres dans des entreprises textiles roubaisiennes, viennent se désaltérer.

Raymonde et une amie en terrasse. Juste derrière la séparation, on distingue le café du Commerce au N° 20 de la Grand Place. ( document D. Duponcelle )

Dans les années 1950, Raymonde investit dans des pompes à bière, pour proposer à ses clients des bières à la pression de marque Koenigsbeer et Schutz.

document D. Duponcelle

Lors du cinquantenaire de course automobile au parc de Barbieux, en 1952 Raymonde arrive à négocier avec l’organisation de la course, un emplacement pour tenir la buvette située près de la Laiterie.

A la fin des années 1950 Raymonde bénéficie des fêtes locales sur la Grand Place, comme les carnavals, les feux d’artifice du 14 Juillet, les départs des étapes du Tour de France, et même les ventes publiques de laines à la chambre de commerce.

Malheureusement, en 1965, Raymonde est expropriée de son commerce, car toute une partie de la Grand Place est appelée à disparaitre en 1968 ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : Une partie de la Grand Place disparaît ).

Raymonde reprend alors un magasin de mercerie et bonneterie, situé Place Charcot à Croix dans le prolongement de la rue de la Duquenière, et ce pendant quelques années, avant de prendre sa retraite.

Remerciements à Daniel Duponcelle et aux archives municipales.

Château de la Marquise

En mai 1882 a lieu, sous l’égide de Maître Aimé Vahé, notaire à Roubaix, la vente par adjudication, en trois lots, d’une « magnifique campagne, belle futaie, bois, pièces d’eau », d’environ 15 hectares, dans la commune d’Hem, sur le Pavé de Roubaix à l’Hempempont (actuelle rue de la Tribonnerie), avec entrée sur la route départementale de Lille à Lannoy (actuelle rue Leclerc) et entrée avec conciergerie sur le sentier de Hem (actuelle rue de Beaumont).

Vente du domaine par adjudication en 1882 (Documents Historihem)

En 1896, le maire de Hem, Henri Désiré Joseph Leuridan, marie Mathilde Pollet, fille d’un riche cultivateur hémois à un aristocrate normand, Eugéne Marie Gaston d’Auray de Saint-Pois. Les époux s’établissent sur le domaine vendu à la famille Pollet 14 ans plus tôt, qui sera donc dès lors connu familièrement de la population sous le nom de Château de la Marquise, alors qu’aucun château n’y sera jamais construit.

Photo d’Henri Leuridan et mariage de Mathilde Pollet vu en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)

Le château de la famille de Saint-Pois est en réalité une demeure du XVIII ème siècle qui se situe sur la commune de Saint-Pois, dans la Manche, en Normandie. Le domaine y appartient à la famille du Marquis depuis le Moyen-Age. Le château y est reconstruit, après destruction, en forme de fer à cheval, l’aile nord abritant les cuisines et les autres ailes un décor raffiné. Le marquis ne vient à Hem que quelques fois par an pour y chasser le lapin et le faisan. Mais le parc est toujours impeccablement entretenu et fleuri, les étangs empoissonnés et les pâtures louées aux fermiers voisins.

Le château familial à Saint-Pois et le blason de la famille (Document Wikimanche et Man8rove)

Dans le domaine de Hem, la partie haute, plantée d’arbres et de pelouses, est agrémentée de trois pièces d’eau. Plus bas on trouve un petit bois de chênes magnifiques puis des prairies. Côté Est, est planté un verger et côté nord l’habitation du jardinier chef donne sur un grand potager et des serres chauffées. Un pigeonnier domine l’ensemble et 2 conciergeries assurent la surveillance de la propriété, l’une à l’entrée nord et l’autre à l’entrée sud.

Le bois et les bords du lac et le pont au dessus du plan d’eau (Documents collection privée)
La conciergerie côté nord et la glacière située dans le parc (Documents Historihem)

La demeure des châtelains, à Hem, est en fait un relais de chasse à un étage, sans style particulier, situé le long du pavé de Roubaix à Hempempont. Mathilde Pollet qui ne serait pas en très bons termes avec le propriétaire du château sis dans le quartier de la Lionderie souhaite quant à elle que sa propriété soit appelée « Château de la Lionderie », comme le démontre l’enveloppe qui lui est personnellement adressée, et la série de cartes postales qui lui sont consacrées porte d’ailleurs cette appellation.

Enveloppe adressée à la Marquise au Château de la Lionderie (Document collection privée)
Le Château de la Lionderie en hiver et en été (Documents collection privée)

La marquise est réputée pour avoir du caractère et la bande dessinée Au temps d’Hem illustre avec humour cet aspect de sa personnalité dans un dialogue imaginaire avec le tenancier du café Au bon coin, situé au coin de la rue de Saint-Amand (aujourd’hui rue du Docteur Coubronne) et de la rue Jules Ferry, sur son chemin pour aller à l’église Saint-Corneille.

Illustration humoristique du caractère de Mme la Marquise (Document Au temps d’Hem)

Mathilde Pollet n’a pas que des amis sur Hem et tente d’agrandir toujours plus son domaine ceint d’un mur sur une grande partie de sa surface. Ainsi en est-il de ses relations avec le fermier Louis Jonville qui refuse de lui vendre une parcelle qui lui manque et sur laquelle sera érigée la propriété de la famille Declercq (sur le sujet voir un précédent article sur notre site intitulé : Famille Declercq, 28 rue de la Tribonnerie).

Le Château côté rue et la ferme du domaine (Documents Historihem)
CPA de l’intérieur du château (Documents Historihem)

Pendant la première guerre mondiale l’ennemi occupe les différents châteaux de Hem et le domaine de la Marquise n’échappe pas à la règle, comme le démontrent ces cartes photos prises durant l’été et l’hiver 1917. La propriété ne subit à priori pas de dommages essentiels et la Marquise continue à l’habiter après guerre.

Le château pendant la première guerre (Documents collection privée)

Au début de la deuxième guerre mondiale les anglais ont leur point de ralliement au château de la Marquise dont le nom de code, pour permettre aux estafettes anglaises de se diriger, est « green shutters » : les volets verts. Les deux fermes voisines : Leplat et Jonville, sont les « twin farms » : les fermes jumelles. L’Etat-major se trouve sur le territoire d’Anappes au Château de Montalembert.

Puis, sous l’occupation allemande, le parc du Château et celui du château Olivier deviennent un dépôt de munitions : le plus important du Nord. Des bases anti-aériennes sont installées autour des deux châteaux et la commune d’Hem devient un point de traversée. Les véhicules allemands du Nord Pas-de-Calais et même de Belgique viennent s’y approvisionner en munitions, lesquelles sont empilées à hauteur de maison tous les 100 mètres. Ces 2 dépôts sont un point vital pour l’ennemi qui les fait garder par des civils français : 30 hommes le jour et 50 la nuit.

Tous les transports sont effectués de nuit par camion. De jour les munitions sont rangées et camouflées. Les travaux sont exécutés par des ouvriers civils de la région, amenés par camions militaires : de 20 à 30 hommes par domaine.

Le message de Radio Londres après le débarquement (Document Au temps d’Hem)

Au printemps 1944, il ne reste plus qu’un officier qui commande, un Feldwebel, et quatre soldats dans chacune des propriétés. Ils logent dans des maisons réquisitionnées sur le boulevard Clémenceau. Ils effectuent des tours de garde, les clôtures des châteaux sont renforcées de barbelés et les grilles obscurcies par des planches. La rue de la Tribonnerie est interdite au trafic.

Les munitions entreposées sont toutes désamorcées, c’est à dire détonateurs et fusées stockées séparément. Il s’agit de munitions classiques de tous calibres depuis la balle de fusil jusqu’à la torpille marine, en passant par toute la gamme des obus. Les munitions légères (balles) sont entreposées dans les caves du relais de chasse et des dépendances de la Marquise tandis que les plus gros calibres se trouvent au château Olivier.

D’ autres explosifs délicats se trouvent dans des hangars légers en bois montés sur les pelouses et camouflés. La plus grande masse est empilée au pied des grands arbres. Certains tas d’obus reposent dans des fosses profondes de 0,50 m environ, protégées de talus et camouflées de bâches. L’ensemble représente une masse explosive considérable.

Après le débarquement, Radio Londres diffuse un message : « Lorsque les oliviers fleuriront, la marquise dansera ». Lors de la libération de Paris en Aout 1944, les allemands s’apprêtent à quitter Hem. L’officier allemand commandant la place prévient le maire qu’il va faire sauter l’ensemble le 3 septembre et qu’il faut évacuer les habitants. Fin Aout des bombardiers américains survolent les 2 domaines et c’est la panique mais aucune bombe n’est larguée.

La police française sillonne les rues (Document Au temps d’Hem)

Le 2 septembre au petit matin les hémois sont prévenus, par la police française qui sillonne les rues avec des automobiles à haut parleur, que les dépôts vont sauter ensemble à 13h. Les allemands improvisent un amorçage de secours et le dispositif de mise à feu électrique est remplacé par un cordon enflammé, suite aux tentatives de sabotage de la résistance hémoise, lesquelles ont ainsi évité par la coupure du courant une déflagration générale destinée à détruire la ville.

A 16 heures les allemands quittent les châteaux et moins d’une heure plus tard de formidables explosions retentissent. C’est comme un tremblement de terre suivi d’un tintamarre épouvantable : vitres et tuiles volent en éclats dans une bonne partie de la ville. Une fumée noire monte en volutes épaisses jusqu’à plus de 200m de haut. Autour des dépôts des projectiles retombent : obus, terre, briques, tuiles, branches…

L’explosion provoquée par les allemands et l’arrivée des anglais à Hem (Document Au temps d’Hem)

Les explosions se succèdent durant toute la nuit car tous les stocks ne sautent pas en même temps et la mise à feu se fait de proche en proche. Le 3 septembre au matin, l’enfer se calme et aucun blessé ou disparu n’est à signaler parmi la population estimée à 10.000 habitants. Seul un soldat allemand est retrouvé mort au Château Olivier, peut-être un artificier. Les parcs sont bouleversés : arbres déchiquetés, sol retourné. A la Marquise seules crépitent encore les balles dans les caves.

Les curieux affluent alors sur les lieux malgré le danger puisque 2/3 des stocks de munitions sont à priori toujours intacts, à la recherche d’armes ou de nourriture. S’ils n’en trouvent pas le pillage d’outils, de cuivre, voire même de portes commence. Le lendemain, quelques petites explosions reprennent à la Marquise puis le surlendemain très brutalement une grosse déflagration retentit et cette fois c’est le drame et 5 morts sont relevés. C’est seulement ensuite que les châteaux sont à nouveau gardés jour et nuit par les FFI.

Après la fuite des allemands vers la Belgique, au retour des anglais, les services de déminage français et anglais se mettent au travail pour désamorcer des milliers d’obus éparpillés ça et là ainsi qu’une trentaine de mines découvertes au milieu des caisses de munitions. Le sol sera ensuite nivelé par des bulldozers et de nombreux engins enterrés remontent périodiquement. Le ramassage de cuivre se poursuit durant plus de 10 ans et régulièrement de petites explosions dues à des feux d’herbes et branches se reproduisent longtemps après la fin de la guerre.

Le relais de chasse après les explosions de septembre 1944 (Documents collection privée et Historihem)

Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion pour son livre co-écrit avec Jacquy Delaporte Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au temps d’Hem et enfin à Jean-Louis Denis pour sa contribution.

A suivre…

De la machine à laver au cinéma

Il y a des personnes dont le parcours de vie a pu marquer la mémoire d’une ville. C’est le cas de Paul Jacobs. Né en 1873 à Château l’abbaye, une petite commune du valenciennois, Paul Jacobs vient s’installer à Roubaix où il exerce la profession de menuisier. Il se marie le 6 février 1907 avec Alphonsine Poulin et il est alors à la tête d’une fabrique de machines à lessiver et tonneaux mécaniques qui se trouve basée au n°298 du boulevard Beaurepaire.

Paul Jacobs à Roubaix, puis à Wattrelos pubs JdeRx

Il vient ensuite s’installer à Wattrelos et poursuit la fabrication de ses machines à laver. Il sera l’inventeur de la lessiveuse La Merveilleuse. À la naissance de son fils Paul le 9 septembre 1910 il est encore menuisier et domicilié 236 rue Carnot, de même à la naissance de son deuxième fils Georges le 13 août 1912, et à la naissance de sa fille Lucienne en 1913.

Après la première guerre mondiale, il est démobilisé en 1919. Le 22 décembre, le Journal de Roubaix annonce par une simple ligne la réouverture du Cinéma du Laboureur, matinée dimanche à 2 heures et soirée à six heures. Programme nouveau. Cette salle a donc été créée par Paul Jacobs avant la guerre, au n°236 de la rue Carnot. Le programme du cinéma du Laboureur de l’époque alterne des films patriotiques, des images d’actualité et des programmes plus divertissants. Cinéma du Laboureur, Wattrelos. Mercredi et jeudi matinée à 2 heures, soirée mercredi à 6 h. Programme français : Le héros de 1918, Ne touchez pas au drapeau. Et d’autres vues nouvelles.

Le cinéma du Laboureur en 1924 pub JdeRx

Le succès rencontré l’amène à augmenter le nombre de ses séances. Matinée dimanche, lundi, jeudi à 2 heures, soirée dimanche à 6 h. Programme français : Kit ou l’homme qui est resté chez lui, grand drame d’espionnage Mourir pour la Patrie et d’autres vues très intéressantes. Le 12 janvier : grandes séances de cinéma : Guerre de 1870-1871 ; Jacques l’honneur ; l’Entrée de MM. Clemenceau et Poincaré à Strasbourg et d’autres films nouveaux. Matinée à 2 h les dimanche, lundi, jeudi. En soirée le dimanche à 6 h. Programme français. Toutes les soirées de la semaine magnifique programme anglais.

Le cinéma bal en 1926 pub JdeRx

En 1926, il ne s’agit plus simplement de cinéma. La publicité dans le journal indique : Cinéma-Bal. Il y a donc toujours des séances de cinéma mais également un grand bal animé par deux orchestres. Car Paul Jacobs aimait le cinéma, le chant et le théâtre. Il a d’ailleurs longtemps fait partie du faisait partie du Choral Nadaud dont il fut un premier baryton1. C’est l’époque où l’on développe de véritables lieux de loisirs, les plus célèbres étant le Fresnoy de le Colisée de M. Deconninck et le Casino de M. Gheldorf. Paul Jacobs fit ainsi de son établissement un endroit très couru à Wattrelos, il fut le premier avant que d’autres suivent son exemple le Pax rue St Joseph, la salle de la Concorde rue de Lisieux.

Le ciné bal Jacobs en 1927 pub JdeRx

Le Ciné Bal Jacobs fit donc les beaux jours du Laboureur par l’organisation de fêtes et d’un grand bal permanent avec des séances de cinéma toujours variées. Il suivit la tendance au moment de l’arrivée du cinéma parlant en s’équipant pour l’occasion.

Le cinéma parlant en 1931 pub JdeRx

Dans les années trente, on parle du Dancing Jacobs avec bal le dimanche et séances de cinéma dans une salle bien chauffée. Le Bal Jacobs à Wattrelos vantait sa piste, son ciné et son orchestre !

Le nouveau nom du cinéma en 1940 pub JdeRx

En 1940, signe des temps, le ciné bal Jacobs devient le Dancing Ciné Métro, avec les mêmes ingrédients de spectacle. La guerre interrompra les séances et sonnera le glas du cinéma. Un supermarché prendra la suite. Paul Jacobs nous a quittés en mars 1955.

On lira la suite de l’histoire avec l’article intitulé le Supermarché du Laboureur

1D’après Nord Éclair

Ecole Sainte Bernadette

Après la seconde guerre mondiale, le baby boom nécessite la création de logements. Un nouveau quartier est alors créé : « Le Nouveau Roubaix »; Il est également essentiel de construire des écoles pour l’éducation de ces enfants nés après guerre.

La maison des sœurs du Sauveur ( document école Ste Bernadette )
Les sœurs du Sauveur ( document école Ste Bernadette )

La congrégation des sœurs du Sauveur, installée le 28 Août 1951, dans la maison du 275 avenue Gustave Delory, fait appel à l’architecte Delplanque pour construire une école privée accolée à la maison.

façade de l’école 1951 ( document école Ste Bernadette )

L’inauguration de l’école Sainte Bernadette a lieu le 5 Octobre 1951, en présence du cardinal Liénart. Sur la photo ci-dessous, on reconnaît, de gauche à droite, Mr Lestienne président des écoles libres de Roubaix, le cardinal Liénart et son vicaire, Mr l’abbé Olivier, curé de la paroisse Sainte Bernadette avenue Alfred Motte, et Maître Moulin président du Comité Familial de l’école, debout pour son discours.

inauguration le 5 Octobre 1951 ( document école Ste Bernadette )

En 1951, l’école comprend une garderie et un jardin d’enfants. Une religieuse et une laïque s’occupent des 75 enfants. Les effectifs de l’école augmentent considérablement et, dès 1952, on compte désormais 175 élèves. L’école devient trop petite, on construit alors une annexe de 4 classes sur un terrain vierge, juste en face au 282 de l’avenue Gustave Delory.

inauguration de l’annexe en 1954 ( document Nord Eclair )

Deux ans plus tard, en 1956, l’école compte 478 élèves dont 244 au jardin d’enfants ( école maternelle au 275 de l’avenue ) et 234 en élémentaire au 282. L’école passe sous contrat simple en 1961, puis sous contrat d’association en 1970. Les enseignantes sont ainsi rémunérées par l’Etat. Les sœurs enseignantes disparaissent peu à peu. En 1958, deux classes supplémentaires sont créées, portant à 7 le nombre de classes élémentaires.

document archives municipales de 1958

Le développement de l’école ralentit dans les années 1970. Le nombre d’élèves passe de 650 à 500 en 1973 et diminue dangereusement encore durant la décennie suivante. La décision de fermer l’école parait inévitable. Sainte Bernadette est donc désaffectée pendant deux années scolaires complètes.

le renouveau ( document école Ste Bernadette )

Fort heureusement, dans le cadre d’une réorganisation de l’enseignement privé dans le secteur, et à la demande pressante des familles du quartier, l’école Sainte Bernadette rouvre à la rentrée de Septembre 1983. En effet, l’école Saint Paul qui se trouve dans la rue de Roubaix à Hem ( la rue parallèle juste derrière ) devient le collège Saint Paul. L’école Sainte Bernadette accueille ainsi les anciens écoliers de l’école Saint Paul.

ancienne façade ( document archives municipales )
projet nouvelle façade ( document archives municipales )

En 2003, la façade de l’école élémentaire est refaite et les bâtiments sont rénovés. Les anciens bâtiments existants sur l’avenue Delory sont démolis et remplacés par une nouvelle construction, qui regroupe à la fois, un espace d’accueil, des bureaux d’administration, une salle de professeurs, des classes plus grandes et des toilettes pour les élèves directement accessibles de la cour.

la nouvelle façade de l’école élémentaire en 2003 ( document école Ste Bernadette )

La cantine commune à l’école Sainte Bernadette et au collège Saint Paul, est quant à elle rénovée en 2004 suite à de gros problèmes de sécurité, d’hygiène et d’exiguïté. L’école et le collège étant mitoyens, un restaurant scolaire indépendant est réalisé, situé entre les deux établissements afin de faciliter son exploitation commune.

Le projet du réfectoire ( document archives municipales )
Le réfectoire ( documents archives municipales et école Ste Bernadette )

Les deux écoles ( maternelle et élémentaire ) fusionnent en 2010. Le nouvel établissement comporte désormais 14 classes, du CP au CM2. Mme Claie en prend la direction. D’ importants travaux vont alors se succéder les années suivantes. Une salle informatique est créée en 2006, une salle polyvalente ainsi qu’une classe supplémentaire en 2008 et une salle de sports en 2010.

la salle informatique ( document école Ste Bernadette )
la salle polyvalente ( documents archives municipales et école Ste Bernadette )
l’ancienne salle de sports ( document archives municipales )
la nouvelle salle de sports ( document archives municipales )

Aujourd’hui les deux écoles Sainte Bernadette ( maternelle et élémentaire ) sont dirigées par Isabelle Peral.

photos BT

Remerciements à M. Hennion, à l’école Sainte Bernadette ainsi qu’aux archives municipales.

Maternité Paul Gellé (suite 2)

Trois ans plus tard, en avril, c’est une mairie annexe qui est inaugurée dans les locaux de la maternité Paul Gellé, afin que les nouveaux parents n’aient plus à se déplacer à l’Hôtel de Ville pour y faire enregistrer leurs enfants. L’employé de mairie y recueille alors son premier acte de naissance officiel sur les 2.300 naissances par an que compte cette maternité.

La déclaration est ainsi vraiment facilitée, l’officier d’état civil pouvant se déplacer lui-même dans les chambres. Deuxième avantage : la mère peut ainsi avoir la même possibilité que le père de déclarer la naissance de son enfant. Cette initiative constitue à priori une première dans l’hexagone et Mr Diligent espère que celle de Roubaix en entrainera d’autres.

Inauguration d’une mairie annexe à l’entrée de la maternité et 1ère déclaration dans une chambre (Documents Nord-Eclair)

Au fil des ans, la maternité Paul Gellé s’est adaptée en permanence aux évolutions de la médecine comme de la société. En offrant un cadre aux consultations prénatales elle a incité les jeunes mamans à s’y rendre de manière systématique alors qu’auparavant seul un tiers d’entre elles s’y rendaient facilitant ainsi le dépistage des maladies durant la grossesse.

Avec l’obtention du droit à l’avortement en 1974, elle a créé un service d’orthogénie (IVG) et un centre de planification familiale. Elle a aussi été à la pointe de la prise en charge des prématurés. Son service de néonatologie et la construction du pavillon mère-enfant sont pour beaucoup dans l’obtention en 2009 du label décerné par l’OMS et l’UNICEF : « Hôpital ami des bébés », et dans son renouvellement en 2013.

La maternité dans les années 2010 (Document Ville de Roubaix)
Vue aérienne de la maternité et du pavillon mère-enfant dans les années 2000 (Document IGN)

Pourtant malgré cette volonté de se tenir constamment à la pointe de la technologie, et ses divers travaux de réfection, la maternité vieillit mal et souffre de son éloignement d’avec l’Hôpital Victor Provo. Pour lui dire adieu une photo-souvenir aérienne est programmée, photo de famille destinée à rassembler le maximum d’anciens bébés Paul Gellé.

La photo-souvenir en 2017 (Document France Bleu et France Info)

Au soir du 17 mai 2017, le bâtiment est donc complétement désactivé : tout y est éteint, des systèmes de ventilation au chauffage et les persiennes sont baissées pour éviter toute intrusion. Les bâtiments, propriété du Centre Hospitalier, n’ont pas encore d’avenir clairement fixé et l’on veut éviter qu’ils deviennent une nouvelle friche roubaisienne.

En effet, après avoir vu naître 120.000 enfants, la maternité Paul Gellé ferme donc ses portes en 2017 pour laisser place à celle de Beaumont. Celle-ci ouvre en parallèle et seules 3 sages-femmes restent une nuit supplémentaire à Paul Gellé pour préparer 17 mamans à être transférées dans la nouvelle maternité le lendemain. A leur départ l’entrée de leur maternité se couvre peu à peu de parpaings pour éviter les intrusions.

L’entrée de la maternité protégée par des parpaings pour éviter les intrusions (Document Voix du Nord)

Pourtant cela n’empêche rien et, très vite, les locaux désaffectés sont squattés et dégradés et ce malgré la présence régulière d’une entreprise de gardiennage. En 2022, les pompiers de Roubaix doivent intervenir sur le site pour agir sur un début d’incendie déclaré dans une pièce du dernier étage qui servait autrefois de chambre, feu rapidement éteint au moyen d’une lance à eau.

Malgré le mur et les barbelés un début d’incendie oblige les pompiers à intervenir en 2022 (Documents Voix du Nord)

En 2023, la très réputée maternité Paul Gellé de Roubaix n’est plus qu’un bâtiment fantôme au milieu d’un terrain envahi de détritus. Ouvert à tous vents, dépouillé de ses portes et fenêtres, le site a été pillé et vandalisé. Par terre reste un répertoire téléphonique où figure le numéro de l’ancien obstétricien de santé de garde et dans certaines chambres on devine encore l’ovale des grands lavabos où l’on donnait leur premier bain aux bébés juste nés auprès desquels subsistent encore, plastifiées, les consignes données aux nouveaux parents.

Extraits de vidéos et photos de la friche en 2023 (Documents Voix du Nord)

Instantané de mémoire : « J’ai donné naissance à mes 2 enfants à la maternité Paul Gellé. Ma fille y est née en 1985, avant la première rénovation et mon fils en 1991, après la rénovation et juste avant la création de la mairie annexe. Du personnel médical je garde le souvenir d’un grand professionnalisme mais aussi d’un souci constant du bien-être des parents comme des bébés. Je ne m’en souviens pas comme d’une « usine à bébés » mais comme d’un établissement à taille humaine où chaque maman se sentait importante et écoutée. J’ai bien conscience que cette maternité avait sans doute fait son temps mais ça fait mal au cœur de voir l’endroit où tant de personnes ont vu le jour dans l’état où il se trouve maintenant ».

Photos d’une chambre individuelle à la maternité Paul Gellé en 1985 et 1991 (Document privé)
Vue aérienne de la maternité en 2013 (Document Google Maps)

Ce qui reste des deux anciens bâtiments devrait être démoli afin que puisse débuter, sur ce site de 6000 mètres carrés, la construction d’ une opération immobilière mixte à savoir : 40 logements locatifs conventionnels du T2 au T4 et autant d’appartements dédiés à des personnes âgées ou handicapées.

L’ancienne maternité deviendra une résidence transgénérationnelle (Document Voix du Nord)

Quand aux bébés roubaisiens nés depuis mai 2017, leur arrivée dans ce monde se fait donc dans la très moderne maternité de Beaumont, rue de Beaumont, avec ses 60 chambres et ses onze salles de travail, toute proche, comme il se doit au titre de la santé publique, des plateaux techniques du Centre Hospitalier Victor Provo. Sachant que ce centre était lui-même déjà programmé lors de l’ouverture de la Maternité Paul Gellé en 1973, le destin de celle-ci semblait donc scellé dès son inauguration.

La moderne maternité de Beaumont (Document Voix du Nord)

Remerciements aux archives municipales de Roubaix

Carrefour Market Hem

A la fin des années 1990 l’entreprise de Teinturerie Meillassoux et Mulaton, sise rue du Général Leclerc à Hem depuis 1952, ferme ses portes. Elle est radiée du registre du commerce et des sociétés en février 1997 soit après presque un siècle et demi d’existence. Une photographie aérienne de 1995 montre un terrain boisé au futur emplacement du supermarché, le long de la voie d’accès à l’usine.

Photo aérienne de 1995 (Document IGN)

Sur une partie de l’ancien terrain qu’elle occupait se construit en 1995 un supermarché à l’enseigne PG (Prix de Gros). L’enseigne existe depuis les années 1960 et a été revendue par la famille de son créateur Jean Muselet en 1994 au groupe Delhaize-Le-Lion et prépare alors 20 implantations sur la métropole lilloise.

Enseigne du supermarché PG (Document Enseignes Disparues)

Le supermarché de Hem fait partie de ce programme. Installé sur une surface de 1200 mètres carrés, le magasin posséde un parking de 90 places et emploie 35 salariés, dont 25 hémois, sous la direction de Mr Colpaert, ancien commerçant de la rue Gambetta à Lille. On y trouve un rayon pain et point chaud, un rayon poissonnerie, un stand crémerie, des surgelés en plus des traditionnels rayons produits secs, bazar et liquides mais surtout un rayon boucherie.

Le magasin en fin de chantier, le secteur produits frais, le directeur Mr Colpaert et la mise en rayons (Documents Nord-Eclair)

Dès 1998, l’enseigne PG disparaît au profit de l’enseigne Stoc, fondée par la famille Badin-Defforey, puis devenue une filiale des Comptoirs Modernes, suite à un accord de cession avec ceux-ci. Sur la photo aérienne de 1998 on voit clairement, à la place de l’ancien terrain boisé, le supermarché et son parking.

Photo aérienne de 1998 (Document IGN)
Nouvelle enseigne Stoc (Document enseignes disparues)

Pourtant dès la fin de l’année 1998, le groupe Carrefour prend le contrôle des Comptoirs Modernes puis en 1999 fusionne avec Promodès et la totalité du parc des supermarchés passe alors sous l’enseigne Champion. En novembre 2000, est lancée l’opération publi-promotionnelle « 1000 Champions en fête » point d’orgue du passage à l’enseigne Champion des 490 magasins Stoc.

Photo aérienne de 2000 (Document IGN)
Changement d’enseigne (Document Nord-Eclair)
Nouvelle enseigne Champion (Document site internet)

Concrètement pour les clients, ce nouveau changement d’enseigne ne change pas grand chose. L’équipe et l’organisation du magasin restent les mêmes. La carte de fidélité Iris reste en service. Pourtant quelques améliorations sont à noter puisque les produits Champion vont progressivement faire leur entrée dans le magasin.

Publicité de 2000 (Document Nord-Eclair)

L’effectif salarié reste le même à savoir 32 personnes. Le directeur Jérôme Lesay explique que le magasin joue la carte du partenariat local en répondant dans la mesure du possible aux sollicitations des associations et des écoles et en étant partenaire de la course Oxyg’Hem.

Photo du magasin Champion en juin 2008 (Document Google Maps)

C’est fin 2007 que l’enseigne Carrefour Market voit le jour et dès 2008 elle est la 2ème enseigne de supermarchés en France. La gamme de produits Champion disparaît progressivement entre septembre 2008 et août 2009 et l’enseigne a quasiment disparu en fin 2009. A Hem dès la fin de l’année 2008 l’enseigne Carrefour Market a remplacé Champion et le magasin est par la suite agrandi et rénové.

Photo du magasin Carrefour Market en Novembre 2008 puis 2017 (Documents Google Maps)
Le panneau avec enseigne à l’entrée du parking en 2008 puis 2015 (Documents Google Maps)

En 2014, l’installation d’un Carrefour Drive est tentée dans la zone Marcel Lecoeur au 35 rue Colbert à Hem où se trouve déjà installé le Leclerc Drive. Le système est le même pour les 2 enseignes en ce qui concerne la récupération des commandes mais Carrefour, à l’inverse de Leclerc, bénéficie d’une surface intérieure plus grande où les produits peuvent être stockés.

Mais la concurrence est rude et Carrefour Drive rue Colbert ferme 2 ans plus tard. Carrefour Drive Market prend le relais, en 2019, avenue du Général Leclerc à Hem. A cette occasion des photos de l’inauguration sont diffusées par la municipalité.

Carrefour Market Drive en 2019 (Document Ville de Hem) et photo du magasin en 2019 (Document Google Maps)

Le supermarché hémois du Centre Ville créé en 1995 a donc été adopté par les habitants et, malgré les nombreux changements d’enseigne, il a su conserver sa clientèle près de 30 ans plus tard. Il a également su suivre l’air du temps en se dotant d’un drive.

L’intérieur du supermarché en 2020 (Document site internet)
L’extérieur du supermarché et une vue aérienne en 2022 (Document Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem

Crépy Pneus

Pierre Crépy est né en 1915. En 1937, il crée son entreprise au 102 rue du Port à Lille  : Crépy pneus, importateur exclusif des pneus Continental pour la France et la Belgique

Pneus Continental Lille ( document collection privée )

Deux ans après, la seconde guerre mondiale se déclare et l’activité s’arrête brutalement. A son retour de captivité, Pierre redémarre son affaire à Lille, puis s’installe rapidement à Roubaix, à la fin des années 1940, en créant un atelier de vulcanisation Crépy-Dujardin au 39 rue de l’Ouest ( ancien local des Ets Dujardin frères, négociants en charbons ). Pierre Crépy a son domicile personnel à deux pas, au 33 rue de l’Ouest.

Le 39 rue de l’Ouest en 1946 ( documents archives municipales )

L’entreprise Crépy-Dujardin vend des pneus neufs et d’occasion, répare et regomme les pneumatiques, fournit également du matériel pour les transports hippomobiles, et propose la vente de roues et d’accessoires.

Pierre aménage ensuite, en 1959, un entrepôt de stockage pour ses pneus Continental et son bureau au 15 rue du Fresnoy. Un de ses fils, Pierre-Léon né en 1939, vient aider son père à la gestion de l’entreprise en 1962.

Le 15 rue du Fresnoy ( document archives municipales )

En 1964, Pierre reprend l’entrepôt de Mr Wolf, au 29 rue de l’Ouest, pour y installer son atelier. Il y construit également son bureau et 2 appartements à l’étage. L’architecte choisi est Christian Verdonck, av Jean Lebas à Roubaix.

Pierre vend des pneumatiques neufs et d’occasion de toutes marques, répare les crevaisons, rechape les pneus usagés, propose l’équilibrage électronique et le cloutage des pneus hiver. Il développe son commerce en proposant des services annexes et complémentaires : amortisseurs, freinage etc

Publicité 1967 ( document Nord Eclair )

Pierre-Léon rachète en 1971, un bâtiment situé au 20 rue de Naples, à Michelin. C’est un dépôt dédié aux poids lourds, il y aménage son atelier et son entrepôt de stockage

documents archives municipales

En 1971, Pierre fonde, avec une cinquantaine de ses collègues vendeurs de pneumatiques, le GIE Publi Pneu lequel donne naissance en 1972 à l’enseigne « Point S ». Il en devient adhérent et actionnaire du groupement.

Publicités années 1970 ( documents Nord Eclair )

En 1975, fort de son expérience, Crépy pneus est chargé du montage des pneus de tous les véhicules de la ville de Roubaix. L’entreprise est très dynamique au niveau communication et surtout dans la publicité. En 1975, elle fait venir le célèbre ballon Good Year à Roubaix.

Le ballon dirigeable Good Year ( document Ets Crépy )

Alain Crépy, frère de Pierre-Léon ouvre quant à lui un centre à Armentières au 5 rue du Marechal Foch en 1976.

Publicité commune des deux frères Crépy ( document Nord Eclair )

Photo de l’établissement rue de l’Ouest et publicités des années 1980 ( documents collection privée )

Pierre décède en 1995 à l’âge de 81 ans. Le 6 Janvier 2002, un incendie se déclare dans la menuiserie voisine rue de Naples, un mur et une toiture s’effondrent sur un pompier, Mickael Dufermont, qui décède sur le coup ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : L’incendie de la rue de Naples )

Les dégâts suite à l’incendie ( document Nord Eclair et Ets Crépy )

Avec le décès du sapeur pompier, deux ans d’enquête sont nécessaires avant de pouvoir reconstruire le dépôt avec de nouvelles normes de sécurité obligatoires. L’entreprise Crépy Pneus subit alors deux années difficiles ! S’ajoutent également la concurrence des centres autos en zone commerciale, des concessionnaires autos qui mettent en place des services rapides, et surtout celle des garages clandestins.

Murielle et Bastien ( document Nord Eclair )

Pierre Léon prend sa retraite en 2002 à 63 ans. Murielle, son épouse, lui succède à la tête de Crépy Pneus, aidée par leur fils, Bastien. Ils continuent à se battre pour l’entreprise, mais malheureusement, en Novembre 2014, c’est le dépôt de bilan. Un plan de continuation et de redressement est établi et l’entreprise poursuit son activité. En 2016, Bastien décide du changement d’enseigne : Euromaster remplace PointS.

Euromaster ( document collection privée )

Le 20 Février 2017, la mise en liquidation judiciaire de l’entreprise est prononcée. L’ensemble du personnel est licencié. Dans le hangar, des centaines de pneus attendent le retour des beaux jours. Ce sont des gommes « été », que leurs propriétaires ont confiées à Crépy Pneus jusqu’à ce que l’hiver cesse de rendre les routes glissantes sans pneumatiques adaptés. Sur chacun, une étiquette avec un nom de propriétaire, un modèle de voiture… « Les clients récupéreront leurs pneus. J’y mets un point d’honneur. Ils nous ont fait confiance pendant des années… »

documents Nord Eclair

En Juin 2017, Julien Lepinois lance ProPneus sous l’enseigne Euromaster en lieu et place de Crépy Pneus. Julien est le gendre de Pierre-Léon et Murielle, salarié pendant 14 ans, de cette véritable institution roubaisienne. Il connait donc le métier et a toute l’expérience pour réussir le challenge.

Il loue les locaux à la famille Crépy, trouve le financement, signe le contrat de franchise avec Euromaster en tant que nouveau propriétaire et ouvre très rapidement pour garder la clientèle.

documents Nord Eclair

Julien travaille avec un ancien collègue, Yannick. Il investit dans du nouveau matériel, continue le service d’entretien courant des véhicules, du freinage, des vidanges et bien sûr reste spécialiste des pneumatiques pour la clientèle des PME et des particuliers.

Crépy Pneus a été créé en 1937, véritable institution roubaisienne qui a connu quelques soucis, il y a une dizaine d’années, mais qui a bien su redémarrer grâce à son savoir faire, son expérience, et sa forte notoriété. En 2024, 6 personnes travaillent dans l’entreprise.

Remerciements à Julien Lepinois ainsi qu’aux archives municipales.

P’tit Caillé

A compter des années 1930, le 128 boulevard de Fourmies à Roubaix a toujours été occupé par un commerce dédié aux métiers de bouche.

Sur le document ci-dessous, le 128 se trouve au centre des 3 commerces qui ont la même façade. ( Au loin sur la gauche, est implantée l’ancienne usine Dazin-Motte, aujourd’hui remplacée par la résidence Bernard Palissy ).

document collection privée
document collection privée

Léon Baelde y est boucher du milieu des années 1930 jusqu’au débit des années 1960. En 1966, Gérard Bacrot lui succède. Il décide de transformer complètement la façade du magasin et d’agrandir sa surface de vente, en déplacant le frigo de stockage.

Transformation de la façade ( documents archives municipales )
Transformation de l’intérieur ( documents archives municipales )

Gérard est un excellent commerçant très dynamique. Son épouse est d’ailleurs secrétaire de l’Union des Commerçants du boulevard de Fourmies. Gérard gère également une salle de réception rue Henri Regnault, et l’Hostellerie « La Huchette » à Mouvaux.

document Nord Eclair
document Nord Eclair

Dans les années 1970, la boucherie charcuterie est tenue par Jean Decock avant d’être reprise par J.C Lorio, un traiteur et commerçant en volailles et gibiers.

document Nord Eclair
document Nord Eclair

Claude Coffigniez crée dans ce commerce, sa fromagerie en Avril 1987. Il y vend un très grand choix de fromages de toutes régions, propose la confection de plateaux personnalisés de fromages pour repas de familles, un rayon épicerie fine, des paniers garnis et de nombreuses idées cadeaux.

la façade ( document archives municipales )
document Nord Eclair

Claude Coffigniez et son épouse, Marie-Claude, font partie de l’association : « Amis fromagers des Hauts de France » qui a pour objectif de faire découvrir en particulier, tous les fromages au lait cru. Marie-Claude a l’immense honneur d’être revêtue de la parure confrérique en gage de ses bons services.

Marie Claude Coffigniez derrière le comptoir ou est posé le panonceau d’argent : Amis fromagers des Hauts de France, décerné en 1993 ( document Nord Eclair )

Claude Coffigniez prend sa retraite en Juin 2010 et cède la fromagerie à Virginie Duhautois et Emmanuel Votte. qui souhaitent changer de voie professionnelle. L’acte de cession signé, ils peuvent alors démarrer d’importants travaux d’aménagement : La porte d’entrée du magasin se trouve maintenant à gauche. Le traditionnel comptoir de vente est supprimé. A droite, est installée une superbe vitrine réfrigérée où sont présentés les fromages. A gauche, une large et haute étagère reçoit des produits d’épicerie fine. Cette disposition originale permet un emplacement libre au centre du magasin pour un accueil plus chaleureux et convivial de la clientèle. Les travaux se terminent et le magasin baptisé « Le P’tit caillé » ouvre ses portes en Novembre 2010.

Virginie et Emmanuel ( document Nord Eclair )

Virginie et Emmanuel continuent de proposer les plateaux personnalisés de fromages, vendent également des produits de crémerie : yaourts, lait, œufs, et développent des produits de charcuterie indispensables pour le fromage à raclette. Le midi, la présence de nombreuses entreprises locales, leur permet de vendre des sandwichs divers aux salariés.

document P’tit Caillé

Les affaires fonctionnent correctement. En 2010, Virginie et Emmanuel gèrent la seule fromagerie roubaisienne ! Les clients viennent parfois de très loin, pour pouvoir acheter des fromages exceptionnels ; des classiques bien sûr (environ 120 différents), mais également des découvertes parmi les nouveautés.

Virginie s’occupe des achats. À force de fréquenter les salons spécialisés, elle a noué des liens avec certains fournisseurs. Elle aime travailler les produits locaux. Ses chèvres proviennent de Framecourt, les yaourts, le beurre, la crème ou le fromage blanc de la Ferme des Anneaux, à Avelin etc . . .

Edouard Philippe devant la façade de la crémerie du P’tit caillé ( document Nord Eclair )

Le 29 Aout 2019, Virginie et Emmanuel reçoivent la visite du premier ministre ! Edouard Philippe vient-il faire ses courses, boulevard de Fourmies ? Non ! Accompagné de la ministre d’État à la Transition écologique, Élisabeth Borne et de sa secrétaire d’État, Brune Poirson, il vient rencontrer dans notre ville, plusieurs acteurs engagés dans la lutte contre le gaspillage.

Edouard Philippe premier ministre, Guillaume Delbarre maire de Roubaix et Virginie ( document Nord Eclair )

Édouard Philippe veut montrer que l’écologie est une priorité pour le gouvernement et salue «  l’énergie, l’enthousiasme et l’inventivité » des roubaisiens, en ce qui concerne le zéro-déchet, comme les sacs plastiques du P’tit caillé, entièrement recyclables.

Virginie Votte ( document Nord Eclair )

Virginie est toujours fidèle au poste dans son magasin, pour recevoir et servir les clients. Emmanuel, quant à lui, dans son laboratoire à l’arrière, prépare les sandwichs le midi à la demande. De plus grâce à son esprit créatif, il transforme certains fromages, comme le brie farci au poivre, à la moutarde, aux raisins trempés et noix grillées. En charcuterie il se spécialise en pancetta maison, et produit même un dessert : le far maison breton.

Depuis près d’un siècle, le commerce du 128 boulevard de Fourmies a toujours été occupé par un commerce alimentaire. Aujourd’hui, la fromagerie P’tit Caillé est emblématique de cette grande avenue commerçante.

Remerciements à Virginie et Emmanuel Votte, ainsi qu’aux archives municipales.

Café d’ Hem Bifur

Au début du vingtième siècle, à l’entrée de la rue Jules Guesde, en venant du centre de Hem, côté pair il n’y a que des champs. En témoignent ces deux cartes postales du début du siècle sur lesquelles figure l’ Ecole Pasteur, côté impair.

CPA Ecole Pasteur années 1900 (Documents collection privée)

Puis une vue panoramique du carrefour de la rue Jules Guesde et de la rue du Docteur Coubronne, en 1933 ainsi qu’en 1962, montre un petit groupe de bâtiments côté pair, entouré de champs.

Photos aériennes de 1933 et 1962 (Documents IGN)

A l’issue de la 2ème guerre mondiale, à la libération fin 1944, une photo montre au carrefour un chariot de la Croix-Rouge attendant de connaître son point d’affectation tandis que des secouristes recensent les moyens en chevaux et voitures pour évacuer les sinistrés suite aux explosions des dépôts de munitions sur la propriété de « La Marquise ».

Photo de la Croix-Rouge en 1944 avec le bâtiment du n°2 rue Jules Guesde en arrière plan (Document Hem Images d’hier)

C’est Jules Duquesne qui s’ installe au numéro 2 rue Jules Guesde en tant que tonnelier et tenancier d’un café. Celui-ci a pour enseigne : « A Hem-Bifur » et la tonnellerie s’appelle Tonnellerie de la Bifurcation.

CPA représentant l’estaminet/tonnellerie (Documents collection privée)
En-tête d’une enveloppe de la tonnellerie datant de 1954 (Document Mémoire en Images de Hem)

Le nom ne doit rien au hasard ; il est également celui de la station située face au café et matérialisée par un abri, appellation due à la bifurcation entre les lignes de tramway de Lille à Leers et de Roubaix à Hem. Le virage effectué par le tramway à cet endroit correspond à la fin de la rue de Lille (aujourd’hui rue du Général Leclerc) et au début de la rue de la rue de Lannoy (aujourd’hui rue Jules Guesde).

Extrait de BD relative au nom du carrefour (Document Au Temps d’Hem) et photo du bus arrivant à la station dans les années 60 (Document Nord-Eclair)

Au café Hem-Bifur, le samedi soir chacun y va de sa chansonnette. Le coulonneux chante « ses écaillis » et le coqueleux « les coqs » et une chanson sur les quartiers de Hem est reprise en choeur sur l’air de la Cantinière.

Paroles de la chanson (Document Hem 1000 ans d’histoire)

La famille Duquesne, Jules d’abord puis Mme Duquesne puis enfin Maurice, exploite le café jusqu’au début des années 1970, tandis que la tonnellerie s’arrête avec Jules. L’activité presse s’ajoute à celle du café par la suite. Les champs à cette époque entourent toujours le petit groupe de bâtiments.

Photo aérienne des années 1970 (Document collection privée)

C’est la famille Mylle qui rachète alors les murs et reprend le commerce, où est proposée de la petite restauration et qui devient le siège des supporters de l’USH, l‘Union Sportive Hémoise, née en 1964 de la fusion du Club de Football du foyer Saint Corneille et du Football-Club de Hem. Elle le développe également en ajoutant dans un bâtiment annexe jouxtant le café, au n° 2 bis, une boucherie chevaline, laquelle se situait auparavant au 240 rue Jules Guesde.

Publicité café Hem-Bifur (Document Historihem)

Jean-Marc et Didier Mylle, 2 jeunes bouchers pensent en effet qu’il manque une boucherie à Hem Bifur. L’inauguration de la boucherie chevaline a lieu en 1977. Le magasin est traité à la manière rustique et campagnarde mais bénéficie en revanche du matériel de présentation et de conservation le plus élaboré.

L’atelier de préparation et la chambre froide sont agencés avec le souci permanent de préserver une viande de haute qualité dans les meilleures conditions d’hygiène et de fraîcheur. A l’occasion de l’ouverture un cadeau est prévu pour chaque acheteur et le journal Nord-Eclair met en lumière le nouveau commerce hémois.

Inauguration de la nouvelle boucherie chevaline (Document Nord-Eclair)

Publicité boucherie années 1979 et 1983 (Documents Nord-Eclair)

Dans les années 1980, une crémerie volaillerie s’installe, en la personne de Mme Mylle-Duquesne, au 68 rue du Docteur Coubronne, dans le bâtiment voisin de l’autre côté du café d’Hem Bifur, tandis que la boucherie Didier Mylle demeure au 2 bis rue Jules Guesde. Le café quant à lui est alors exploité par Roger Baert Piriou pendant quelques années.

Enfin le café est repris par le couple Depaemelaere au milieu des années 80, et devient alors également le siège hémois des supporters du Vélo-Club de Roubaix, lequel possède également un club à Roubaix au café Delchambre, rue de l’Hommelet, et un club à Leers, au café de l’Entente .

Publicité café Depaemelaere (Document Historihem)

Au n°2 bis, dans le même temps la boucherie chevaline cède la place à un salon de coiffure. Il s’agit du salon exploité par Jean-Noël Craissin, lequel était auparavant installé au n° 5 Place de la République dans le bâtiment jouxtant le commerce de fruits et primeurs Desprets.

Publicités du salon de coiffure (Documents collection privée)
Photos du salon dans les années 80 et près de 40 ans plus tard au moment de sa fermeture (Documents Historihem et Google Maps)

En 2003, lors de festivités dans la cadre du jumelage de la ville de Hem avec celle de Wiehl en Allemagne, on retrouve au carrefour d’Hem Bifur le café en arrière plan d’une photo des personnes costumées participant au défilé.

Défilé dans le cadre du jumelage Hem-Wiehl (Document Facebook Ville de Hem)

Mais en 2008,  Jean-Marc Mylle décide de tourner une page. Avec son frère, il reste propriétaire des murs que ses parents avaient racheté à la famille Duquesne, il y a 35 ans mais cède le fonds de commerce à la Banque Populaire. Comme il avait fait faire par un ami, Fabrice Dedryver, des fresques représentant le Hem d’autrefois que les clients pouvaient contempler en sirotant leurs verres, il décide d’en faire don à l’association Historihem.

Les fresques ornant l’intérieur du café au moment de sa fermeture (Documents Historihem)
Remise des fresques par JM Mylle à P Drouffe (Document Historihem)

Près de 100 ans après son ouverture le café Hem-Bifur a donc cédé la place à une agence bancaire après quelques travaux et le salon de coiffure a ensuite été remplacé par un commerce de pizzas à emporter. Le carrefour d’Hem-Bifur qui avait déjà perdu ses pavés et ses rails de tramway a donc radicalement changé d’image et une photo aérienne récente permet de constater à quel point le gros village des années 1970 a laissé définitivement la place à la ville.

Bâtiment en travaux en 2008 et agence bancaire en 2021 (Documents Google Maps)

Pizzaria Jo Happy Day en 2021 (Document Google Maps)

Photo aérienne du carrefour actuel (Document Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem, et à Jacquy Delaporte pour ses ouvrages Hem Images d’hier et Hem 1000 ans d’histoire, ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem.

Le collège abandonné

Quand on emprunte la rue du Gauquier à Wattrelos et qu’on atteint le relais du vieux puits, on franchit la frontière et on se retrouve dans la rue de Moscou d’Estaimpuis. Une centaine de mètres plus loin, on aperçoit sur la droite un imposant bâtiment abandonné. Il s’agit du collège Jean-Baptiste de la salle d’Estaimpuis.

Vue du collège doc Google Maps

Cet établissement d’enseignement confessionnel fait partie de la nombreuse liste d’instituts s’étant installés le long de la frontière, côté belge, au moment de la loi du 7 juillet 1904 qui était relative à la suppression de l’enseignement congréganiste, dite « loi Combes », loi de la République française qui interdit l’enseignement en France à tous les congréganistes et les congrégations religieuses, même autorisées, et organise la liquidation de leurs biens.

Le pensionnat du temps de sa splendeur Coll Part

Des groupes de pères de famille (l’expression est celle du Journal de Roubaix) désireux de conserver à leurs enfants leurs maîtres et enseignements religieux s’étaient associés un peu partout pour créer et confier ces établissements aux Frères des écoles chrétiennes en Belgique. Ainsi trouve-t-on à Leers-Nord le pensionnat des sœurs de la Sagesse, ou le Pensionnat de la Sainte Union à Estaimpuis.

Vue aérienne du Collège Coll Part

Le collège Jean-Baptiste de la salle fut d’abord provisoirement installé à Kain les Tournai en 1904, avant d’être transféré en octobre 1908 sur son emplacement actuel, près de la gare d’Herseaux. La remise des prix de l’année 1907/1908 eut d’ailleurs lieu dans la toute nouvelle chapelle du collège, avant que la rentrée d’octobre n’accueille les nouveaux collégiens.

Le collège aujourd’hui doc Google Maps

Ouvert en 1908, le collège fermera définitivement ses portes en 1984. Le somptueux bâtiment subit alors une lente dégradation, jusqu’à tomber en ruines. Un premier projet de réhabilitation en logements privés de luxe a été présenté en 2004, puis un autre en 2010. Il s’agissait de transformer l’établissement en 65 appartements, lofts et duplex, 3 200 m2 de bureaux et une piscine privée. Ce second projet a été mis en œuvre, mais n’a pas pu aller à son terme en raison d’incendies à répétition et de la fiabilité du promoteur. Depuis, le bâtiment est de nouveau à l’abandon.