Une Bugatti, rue du Maroc

Septembre 1989, branle-bas de combat, dans la rue du Maroc à Roubaix face au N°56. Des policiers de Roubaix et des démineurs venus d’Arras ont été requis par une étude notariale. Cette maison est inoccupée depuis le mois de Mai de cette année. Le vieux monsieur qui y résidait est décédé à l’hôpital.

Le 56 rue du Maroc de nos jours ( Photo BT )

D’après les voisins, Pierre Dominé et son frère Jean, décédé il y a maintenant une dizaine d’années, étaient passionnés par les véhicules anciens et surtout par les armes. Soucieux d’éviter des cambriolages, ils avaient fait courir le bruit que leur maison était piégée.

document Nord Eclair

En fait, les motifs de crainte ne sont pas fondés et tout se passe bien, à part un certain émoi dans le quartier. Il n’empêche que c’est quand même un joli trésor que tout ce petit monde peut admirer : une Hotchkiss et surtout une Bugatti. Ces deux voitures très anciennes sont en parfait état, certes très poussiéreuses, mais sans un seul point de rouille, seul le bouchon du réservoir de la Bugatti est manquant.

document Nord Eclair

Les deux voitures sont emmenées par l’entreprise Lys dépannage pour être stockées provisoirement dans ses locaux roubaisiens.

document Nord Eclair

La Hotchkiss date de 1958 et la Bugatti de 1928. Cette dernière est un coupé de 8 cylindres en ligne de 17 chevaux avec conduite à droite. Les frères Dominé ne la sortaient qu’une fois l’an pour une escapade en Bretagne en été ce qui explique que le compteur n’indique que 28.780 kilomètres parcourus en 61 années. Le véhicule est assuré au kilomètre, et l’assureur Bernard Tack de la rue Claude Lorrain, confirme les chiffres sans problème.

document Nord Eclair

La Bugatti de 1928 est très rare ; il n’y en aurait que 3 ou 4 de ce type, en France. Elle sera vendue aux enchères à la salle des ventes de Roubaix. Maître Mercier , commissaire priseur, qui s’y connaît pourtant bien en la matière, n’a pas encore eu l’occasion de voir ça, dans sa carrière. Les enchères pourraient bien atteindre des sommets. Le club Bugatti France estime la valeur du véhicule à un prix pouvant atteindre 500.000 Frs, et peut-être même davantage . . .

document Nord Eclair

En ce mois de Novembre 1989, à l’hôtel des ventes de Roubaix, Mr Picaud, expert parisien, vante les qualités de ce « trésor roulant » : très bonne origine… excellente conservation… quelques travaux mécaniques suffisent à la remettre en route…A l’époque dans les années 1920 1930, seulement 1000 exemplaires sont sortis de la maison Bugatti, et j’ignore combien sont encore en marche aujourd’hui !

Le vente commence, la mise à prix est de 200.000 Frs, les enchères ne durent que quelques minutes. A 400.000 Frs ils ne sont plus que deux amateurs en lice. L’un des deux, un collectionneur passionné qui souhaite rester anonyme, remporte le véhicule pour la somme de 470.000 Frs.

document Nord Eclair

L’acheteur ne fait pas de commentaires sur ses projets pour son véhicule. Sera t il dans une salle d’exposition ? Dans un musée automobile ? Reverra t il la Bretagne ?

Il souhaite absolument garder l’anonymat, mais cela risque d’être un peu difficile de passer inaperçu au volant d’une rutilante Bugatti « jaune canari ».

document Nord Eclair

Remerciements aux archives municipales

Le petit train du Parc de Barbieux

En 1911, le Parc de Barbieux, à Roubaix, accueille l’Exposition Internationale, événement considérable qui couvre une surface énorme entre l’avenue Le Nôtre et la commune de Croix, comme le montre le plan de l’époque. Eu égard à la taille de l’événement, un « mini railway », un train miniature tracté par une locomotive à vapeur, est mis à la disposition des visiteurs pour faire un circuit dans l’exposition.

Plan de l’exposition de 1911 (Document BNR)
Circuit du mini railway, cerclé de crayon rouge sur le plan général (Document centenaire de l’exposition)

A l’avant du mini train on peut remarquer les initiales MR qui signifient Mini Railway. A part le conducteur, la locomotive peut emmener 24 passagers soit 12 par wagon, comprenant 6 rangées de bancs de 2 personnes. Le train miniature a un bâtiment qui lui sert de garage, au bout de l’avenue Le Nôtre qu’il rejoint grâce à une voie munie d’un aiguillage.

Le mini railway (Document collection privée)

En 1939, l’exposition du Progrès Social se déroule en partie sur Lille et en partie sur Roubaix, encore une fois dans le magnifique cadre du Parc de Barbieux. A nouveau des petits trains, électriques cette fois, permettent aux visiteurs de faire, sans fatigue, la promenade autour du parc pour découvrir les différents pavillons. Et sur la rivière est installé un port d’embarquement sur des canots avec ou sans moteur.

Plan de l’exposition du Progrès Social à Roubaix (Document collection privée)
Photos des mini trains électriques (Documents collection privée)
Photo du « port » (Document médiathèque de Roubaix)

En 1961, le Parc de Barbieux est décrit, certes comme un beau jardin très majestueux, mais auquel manquerait un centre attractif qui en fasse non plus un simple lieu de promenade mais un vrai espace de détente. La municipalité décide alors de donner vie au projet élaboré par une entreprise offrant toute garantie.

Il s’agit en effet de celle qui, en 1939, avait réalisé le « délicieux petit port », et qui serait à l’initiative d’un nouvel embarcadère pour canots et pédalos, qui permettraient de faire le tour du lac. Le port devrait être doté d’un bâtiment central, de pergolas, de terrasses avec des installations sanitaires et de nombreux jeux pour enfants.

Dessin imaginaire de de que pourrait être la réalisation projetée (Document Nord-Eclair)

Sont aussi évoqués : bowling, golf miniature, pétanque, tir à l’arc et snack-bar voire même un musée local où serait installée une maison roubaisienne typique de jadis. Le journaliste de Nord-Eclair se prend, de ce fait, à évoquer le plaisir qu’éprouveraient les Roubaisiens à retrouver dans les allées du parc le petit train qui y circulait durant l’exposition de 1939 (ou un autre modèle).

Réminiscence du petit train électrique de 1939 (Document Nord-Eclair)

Ce n’est pourtant qu’en juillet 1984 qu’un nouveau petit train, qui roule sur pneus, revient parcourir les allées du parc les week-end, pour la période estivale et pour le plus grand plaisir des promeneurs, adultes et enfants confondus: « un train d’plaiji au beau jardin » vert comme le gazon, les bancs publics et les arbres !

Pour ce faire, la municipalité fait appel à la famille Lecocq, spécialisée dans les animations de fêtes et les animations commerciales. Elle s’occupe aussi du manège installé à proximité du Bol d’Air, de la buvette et de la location des barques ainsi que du golf miniature.

Retour d’un petit train dans les allées du parc (Document Nord-Eclair)
Cartes postales couleur et photo de presse couleur des années 1980 représentant le petit train vert du parc (Documents collection privée et Nord-Eclair)

Dix ans plus tard, le petit train enchante encore le Parc de Barbieux. Ainsi un groupe de pensionnaires de la Résidence Orchidée à Croix monte à son bord en 1994 pour parcourir les allées des 33 hectares que couvre le jardin public, promenade effectuée à l’initiative des Amis du Parc Barbieux, association présidée par Emile Duhamel.

La promenade des anciens en petit train en 1994 (Document Nord-Eclair)

Instantané de Mémoire : « La sortie dominicale au Parc de Barbieux, dans les années 1980-90 enchantait les enfants : plaine de jeux, minigolf, promenade en barque ou pédalo, manège et, pour clôturer la promenade, le petit train qui permettait de revisiter l’ensemble sans fatiguer davantage leurs petites jambes déjà bien mises à l’épreuve par les heures de jeux précédentes. Bien sûr les nids de poules des allées et les faibles amortisseurs du train provoquaient quelques secousses mais c’était l’occasion de fous rires supplémentaires, avant d’aller se régaler d’une bonne crêpe ou gaufre… »

Le petit train en 1994 (Document BNR)

Malheureusement ce petit train a disparu voilà bien longtemps. Alors, à quand le retour d’un autre petit train, électrique, écologie oblige, dans ce magnifique jardin qu’est toujours le Parc de Barbieux, surtout depuis sa rénovation, afin d’enchanter les promenades des petits et des grands ?

Remerciements aux archives municipales de Roubaix

Les Orgues de Roubaix

Martin Lehmann a 37 ans ; il est marié et père de 4 enfants. C’est un ancien chanteur d’opéra. Parisien d’origine, il est fou de musique mécanique. L’idée lui vient un jour d’ouvrir un salon de thé où l’ambiance serait confiée à un instrument polyphonique.

Martin Lehmann ( document Nord Eclair )

Arrivé en 1999 à Roubaix, il tombe immédiatement amoureux de la ville. Martin découvre, depuis la Grand Place, l’immeuble du N° 4 de la rue du maréchal Foch. Cet immense bâtiment a longtemps été occupé par la prestigieuse compagnie d’assurances Antwerpia qui a quitté les lieux en 1990, et qui a abrité à la rentrée de cette même année, l’école « Sup de Cré » : école supérieure de créatifs en communication.

document collection privée

Martin Lehmann a un coup de foudre pour cet immeuble, et reste persuadé que cela va donner à son projet initial une dimension qu’il n’imaginait même pas !

Martin fait en effet l’acquisition d’un orgue « Mortier » de 1912 : une pièce rarissime ! Un orgue immense de 8,20 m de haut et 5,20 m de large avec 744 tuyaux et 24 registres ce qui correspond à une harmonie de 70 musiciens

l’orgue Mortier ( document Nord Eclair )
l’orgue Mortier ( document Nord Eclair )

Il décide donc d’ouvrir un cabaret-musique-dancing, unique au monde, dans notre ville, au 4 de la rue du maréchal Foch. Martin Lehmann rencontre M. Boudailliez adjoint à la culture à la mairie pour lui présenter son projet. Ce dernier est séduit par son idée, d’autant que le Musée de l’Art et de l’Industrie « La Piscine » va ouvrir ses portes dans peu de temps. C’est un formidable tremplin pour la ville.

Martin va ainsi réaliser son rêve et se lancer dans un projet très ambitieux : « Les Orgues de Roubaix » en ce début d’année 2000.

la verrière ( document Nord Eclair )

L’orgue Mortier est installé sous l’élégante et lumineuse verrière du 4 rue du maréchal Foch, dans une vaste pièce aux dimensions parfaites. C’est la grande vedette de ce  »musée-cabaret-dancing ». Mais il y a d’autres stars, tels un orgue de barbarie de 32 notes et le fameux jazz-bandophone à 45 touches.

Pour Martin, ce n’est pas qu’un musée, c’est un véritable lieu de vie, de fête et de convivialité.

Martin, en maître des lieux se constitue une formidable collection de musique en faisant refaire à l’orgue Mortier, des symphonies, des opérettes mais également des musiques populaires.

la façade ( document Nord Eclair )

L’établissement « Les Orgues de Roubaix » ouvre le 23 Septembre 2000. Martin Lehmann organise le matin, des visites réservées aux scolaires ou aux groupes, puis le midi, sert des repas simples à prix modérés dans un cadre unique. Ensuite il enchaîne avec des thés-dansant dans l’après-midi et termine le soir par des dîners-spectacles de style Moulin Rouge avec French Cancan et chansons populaires. Le prix de l’entrée est de 250 Frs pour passer une soirée inoubliable.

Ambitieux, Martin contacte des Tours Opérators pour faire venir des touristes étrangers à Roubaix, ainsi que le Grand Hôtel Mercure de Roubaix et les hôtels de toute la métropole en vue de communiquer sur les Orgues de Roubaix.

Instantané de mémoire : « Je veux que cet endroit soit un lieu de mémoire dédié en partie à Roubaix à la formidable aventure collective de cette ville et à sa renaissance. Le bonheur de se réaliser dépasse l’angoisse de se rater. »

Menu du réveillon du 31.12.2000 ( document collection privée )

Pour dynamiser davantage son entreprise, Martin Lehmann prépare la soirée du réveillon du 31.12.2000.

L’équipe devant l’orgue Mortier ( document archives municipales )

En début d’année 2001, l’ ARIC Association des Retraités Indépendants et Cadres y organise un repas spectacle de plus de 200 personnes. Tous les retraités sont ravis d’avoir passé un super moment convivial.

soirée ARIC ( document Nord Eclair )

Malheureusement, Martin Lehmann n’a pas gagné son pari. C’est un échec et les Orgues de Roubaix ferment leurs portes en 2001. Il y croyait pourtant, enthousiaste et passionné. Il a investi beaucoup d’argent pour la rénovation de son orgue, pour les travaux de ré-aménagement du lieu, pour ses fabuleux spectacles de French Cancan . . .

Il y a bien eu, certes, des soirées mémorables, mais la mayonnaise n’a jamais vraiment pris. Martin s’est retrouvé bien seul face aux premières difficultés de sa formule, et il en a gros sur le cœur : « c’est un énorme gâchis ». L’orgue est désormais démonté et remballé.

document Nord Eclair

En Janvier 2003, Thierry May commissaire priseur, s’installe dans cet immeuble de la rue du maréchal Foch, pour y créer la société de vente aux enchères de Roubaix.

L’immeuble en 2022 ( Photo BT )

Remerciements aux archives municipales

Éducation permanente et tradition

Le 28 février 1983, on procède à la pose de la première pierre du centre d’éducation permanente wattrelosien et on inaugure la salle de jeux traditionnels. C’est Noël Josephe Président du Conseil Régional qui vient pour l’occasion. Alain Faugaret Maire de Wattrelos, marque le coup : Wattrelos s’engage dans le modernisme mais reste fidèle à ses traditions.

La pose de la première pierre Doc NE

L’office municipal d’éducation permanente a été créé en 1981, avec comme but d’améliorer les connaissances et la qualification de la population. De septembre à décembre 82, vingt deux stages de formation ont été effectués dans les domaines les plus divers, concernant plus de cinq cents personnes. De nouveaux locaux plus importants sont jugés nécessaires, d’où la décision de construire. Cout de l’opération, deux milliards de francs, 540 millions de francs au Conseil Régional, le reste financé par la Caisse d’épargne sous forme de prêt.

Les pistes de bourles doc VDN

La salle des jeux traditionnels, inaugurée le même jour, est un équipement à deux étages, très clair, très chaud. C’est une bien jolie réalisation avec ses poutres de bois. Pour Marcel Buyck, président de la Fédération wattrelosienne de bourle, ce jour est historique. Cette bourloire permettra de maintenir le jeu de bourle pour un demi siècle et au-delà. Il rend hommage à l’action de M. Rucquoy adjoint aux sports.

Noël Josephe reçoit la grande plaquette d’honneur de la ville et rend hommage au dynamisme de Wattrelos, ville phare dans sa recherche en matière d’éducation et de formation permanente.

Vue de la bourloire doc Office du Tourisme

L’engouement pour le jeu de bourles ne s’est pas démenti. Une fois par mois, l’Office de tourisme de Wattrelos donne rendez-vous à la Maison des jeux de tradition, en plein parc du Lion, juste en face de la ferme. L’objectif : initier à un jeu typique de la métropole très connu aux XIXe et XXe siècles, la bourle. Tous les vendredis, samedis, dimanches (sauf en mars et avril) et lundis à partir de 15 h 30, on peut avoir accès aux pistes de la bourloire du parc du Lion (gratuit, une consommation au bar) sur réservation. Contact : Maison des jeux de tradition au 03 20 83 72 76.

Remerciements à Christian Ladoe pour les archives

Hem en Fête (Suite)

En 1979, des innovations viennent redonner un coup de jeune à la manifestation : concours de pétanque et petit train touristique dans le quartier de Beaumont, puis le lendemain dans les quartiers de la Lionderie et de la vallée, bal musette le soir rue de Beaumont derrière la mairie, matchs intervilles de volley ou hand ball au parc des sports, apéritif concert, démonstration de karaté et matchs de catch, et surtout envol du ballon : le Lion des Flandres avec à bord Mme Provo, épouse du maire, et Mr Muchery le pilote (président de l’association aérostatique de France), puis concert de trompes de chasse avant le bal, les allumoirs et enfin le feu d’artifice.

L’envol du ballon, les petits ballon pour tester le vent, Mr Provo saluant son épouse depuis le sol et Mme Provo et Mr Muchery à bord de la nacelle (Documents Nord-Eclair)

L’année suivante, en 1980, Hem en fête est l’occasion de présenter aux habitants le foyer logement qui ouvrira bientôt sous le nom de Résidence de la Marque. Une course de garçons de café est organisée par les cafés du Centre Ville, suivi d’un concert apéritif animé par la batterie-fanfare scolaire de Tourcoing, puis du concours de pétanque et du cortège mené par Gustave et le bal.

L’affiche annonçant les festivités (Document archives municipales de Roubaix)
Avant la course des garçons de café (Document Nord-Eclair)

Le lendemain débute avec le cyclotourisme, le match de foot entre l’équipe du personnel communal et celle des élus, puis se poursuit avec des activités pour les jeunes : courses en sac, tir à la corde, des démonstrations de parachutistes et d’équilibristes sur fil et échelles et enfin un spectacle comique avant les traditionnels bal, allumoirs et feu d’artifice.

Les diverses activités proposées aux jeunes et la démonstration des parachutistes (Documents Nord-Eclair)

Pour ses noces de bois, en 1981, l’événement renoue avec les classiques pour le programme du samedi : foire à la brocante, course des garçons de café, concert apéritif, concours de pétanque, cortège, concert et bal. Pour le dimanche sont ajoutés le concours de patins à roulettes et un spectacle sur podium avec illusionnisme, fakirisme et télépathie et enfin une soirée cabaret avant le traditionnel feu d’artifice.

Affiche annonçant l’événement (Document archives municipales de Roubaix)
Course des garçons de café et spectacle de magie (Documents Nord-Eclair)

1982 est l’année de la déconcentration au moins pour la journée du dimanche qui fait la part belle aux différents quartiers. Ceux du centre, de Beaumont et la Lionderie sont réveillés au son du clairon par les fanfares en cortège. Puis c’est l’animation à Beaumont, dans les Hauts-Champs, le Longchamp, la Vallée et les Trois-Baudets avec la participation de nombreux groupes belges et hollandais, lanceurs de drapeaux et groupes folkloriques.

Gustave le Teinturier quant à lui a la visite de « nains jumeaux » qui sont son exacte reproduction miniature. De plus les résidents du foyers logement ont confectionné à la main des centaines de petits « Gustave » qui sont lancés dans la foule qui pourra les garder en souvenir de cette journée mémorable de festivités.

Groupes folkloriques belges et lanceurs de drapeaux (Document Nord-Eclair)
Gustave et ses « mini-moi » (Document Nord-Eclair)

Dans les années suivantes, la recette qui a fait l’esprit de village de cette fête durant les premières années est reprise par le nouvel organisateur : l’association culturelle « Bien Vivre à Hem », en ajoutant par exemple en 1985 la soirée antillaise « Hem sous les cocotiers », ou en 87 une fête de la musique sur podium avec des groupes folkloriques bretons ou encore en 1990 un spectacle de théâtre de rue et un sculpteur à la tronçonneuse réalisant ses œuvres en direct suivi d’un spectacle de vaches landaises dans des arènes démontables entourées de gradins.

Le spectacle de vaches landaises clou de la fête en 1990 (Document Nord-Eclair)

C’est en 1994 que les fiançailles de Gustave le Teinturier avec Augustine la Tisserande sont célébrées à l’hôtel de ville de Hem, en présence de Mme Massart, maire de la ville. Le couple est entouré des élèves de l’école Saint Charles-Sainte Marie qui, dans le cadre d’un grand projet d’année : les traditions des Flandres, ont non seulement remis Gustave en état mais lui ont aussi fabriqué sa fiancée en travaillant à la fois menuiserie, peinture et sculpture.

Les fiançailles de Gustave et Augustine en 1994 (Documents Nord-Eclair)

Puis durant les années 2000, Hem en fête et en musique garde sa traditionnelle braderie tout en lui adjoignant en 2000, un village médiéval avec figurants en costume d’époque et démonstration de tir à l’arc, en 2001 les moules frites servies par les guides de France, les gladiateurs en 2010, le cirque en 2013, et l’édition nature en 2015.

Moules frites servies par les guides de France en 2001 (Document Nord-Eclair) , doc 13.5 les gladiateurs en 2010, doc 13.8 le cirque en 2013 et doc 13.9 l’édition nature de 2015 (Documents Magazine Tout’Hem)

Enfin, plus près de nous, dans les années 2010-2020, l’événement devient réellement thématique. Ainsi l’année 2017 renoue avec la période du Moyen-Age, 2018 avec les terres nomades, 2019 avec le Far-West et, après l’annulation des festivités de 2020 pour cause de crise sanitaire, 2021 avec les pirates et enfin 2022 avec le cinéma. Voilà donc maintenant 45 ans que la ville de Hem renoue chaque année avec la tradition festive de la ville et depuis 1994 Gustave le Teinturier y est accompagné de sa fiancée : Augustine la Tisserande.

Le Moyen-Age en 2017, doc 14.5 les Terres Nomades en 2018, doc 14.6 le Far-West en 2019, doc 14.7 les pirates en 2021 et doc 14.8 le cinéma en 2022 (Documents site internet Ville de Hem et la Voix du Nord)
Gustave et sa fiancée Augustine la Tisserande (Document Au Temps d’Hem et Ville de Hem)

Remerciements à la Ville de Hem, à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’Hier et d’Aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Tell et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem.

Hem en Fête

En 1977, sous la mandature de Jean-Claude Provo, la commission culture décide de mettre sur pied une grande fête populaire début septembre. Les habitants sont appelés à faire connaître leurs suggestions et sont enthousiasmés. Avec les conseillers municipaux, les membres du syndicat d’initiative et les associations, ils planchent sur un programme complet et varié de festivités, une kermesse à l’échelle de la ville qui aura pour nom : « Hem en fête ».

L’affiche annonçant l’événement (Document archives municipales de Roubaix)

Le premier samedi de septembre une braderie a ainsi lieu, rue du Général Leclerc, rassemblant des marchands de légumes, de vêtements et d’objets divers. Les brocanteurs et forains sont également de la partie. Les habitants aussi vident leur grenier pour vendre des objets hétéroclites, transformant la rue en un véritable « souk ». Une exposition de voitures et une foire à la brocante ont également lieu sur le terrain de sports.

Braderie (Document Nord-Eclair)

Le dimanche des rencontres de football sont programmées au parc des sports et des élus municipaux y sont opposés à l’équipe de Saint-Corneille. Des cyclotouristes proposent un parcours « sport dans la ville » et l’Orphéon Jazz Band anime un apéritif concert. Par ailleurs une démonstration de stock-car avec modèles réduits radiocommandés est organisée.

Equipe des élus et seniors de Saint-Corneille (Document Nord-Eclair)

Le midi, sandwichs, frites et merguez sont proposés, dans des stands installés sur le terrain de sport de la rue de Beaumont, pour se restaurer, et un spectacle patoisant est offert par Julie et son équipe : « Y est toudis temps » tandis que des parachutistes des « Quasars du Nord-Para Club » descendent du ciel pour se poser sur le terrain de football.

Julie Ch’est Mi et doc 4.5 Les Quasars du Nord-Para Club (Documents Nord-Eclair)

Puis intervient le concours de pétanque, une exhibition de boxe, une grande parade venant de Beaumont formée des grosses têtes, des majorettes d’Hem, de la fanfare « la Gauloise », des mousquetaires du roi du club hippique Le Comte, des jeunes des Trois-Fermes, des équipes de basket, du groupe folklorique costumé du centre social des Hauts-Champs et des caravanes publicitaires des commerçants locaux.

Les Grosses Têtes, doc 5.2 les jeunes des Trois-Fermes et doc 5.5 Les majorettes de Hem (Documents Nord-Eclair) et doc 5.8 la fanfare la Gauloise (Document Historihem)

La grande parade ainsi constituée suit cet itinéraire : Beaumont, avenue de la Marne, boulevard Clémenceau, rue Jean Jaurès, rue Carnot, avenue Lyautey, centre social des Trois-Baudets, rue Louis Loucheur, rue Briet, avenue Calmette, centre social Laennec, avenue Foch, rue des Ecoles, rue Jean Jaurès, Parc des Sports. Ainsi une grande part des territoires de Hem participe de fait à l’événement. Un bus gratuit est également mis à disposition pour amener au Centre Ville ceux qui en sont le plus éloignés.

Le soir les jeunes du groupe d’animation culturelle de Hem organisent un spectacle pour enfants avec des clowns, avant de participer à une fête des allumoirs dont le départ est fixé dans les Hauts-Champs, avenue Laennec, à 20 heures. Enfin un feu d’artifice est tiré vers 21h30, donnant le coup d’envoi d’un bal populaire, animé par le célèbre groupe « Sympathie », qui dure jusqu’au petit matin.

Le week-end est un grand succès : 3000 tickets vendus rien que pour le parachutisme, 20.000 canettes de bière et de soda vidées, 2.500 kilos de frites, 8.000 sandwichs et 120 kg de viande en brochettes consommés. Le bilan est tellement satisfaisant, une vielle tradition populaire de fête ayant été relancée, que la municipalité décide d’adopter le principe d’Hem en fête pour chaque 1er week-end de septembre.

Gustave le teinturier (Document Au temps d’ Hem)

Dès l’année suivante le géant d’Hem, « Gustave le Teinturier », né pour la fête nationale de 1911, est ressuscité. A l’époque il avait été conçu par les ouvriers de l’usine de teinturerie Gabert rue de Lille (actuelle rue du Général Leclerc à Hem), soucieux d’avoir un représentant du savoir-faire hémois.

La naissance de Gustave en 1911 et son 1er défilé dans la ville (Document Au temps d’Hem)

Celui-ci aurait donc une origine corporative et représenterait la richesse du village due à son industrialisation au début du XXème siècle. Il avait été remis au goût du jour en 1955, sur décision du syndicat d’initiative pour la fête nationale du 14 juillet, avant de retomber dans l’oubli.

C’était alors un vannier de la ville qui l’avait conçu tandis qu’un deuxième artisan hémois se chargeait de la confection de ses sabots et qu’une firme textile locale offrait les 15 mètres de tissu nécessaires à la confection de son sarrau et de son pantalon, faite bénévolement par un couple de la ville. Sa casquette était aussi grande qu’une roue de vélo.

Le Gustave de 1956 (Document Hem d’Hier et d’Aujourd’hui)

En 1978, le nouveau Gustave, avec ses 4 mètres de haut et ses 25 kilos, est baptisé en grande pompe sur le parking de la mairie le samedi 2 septembre 1978 à 17h. C’est la compagnie de marionnettes Jacques Vincent de Roubaix qui le réalise et il doit son visage à Marguerite Doublet, sculpteur, sociétaire des artistes français, médaille de bronze.

Il est revêtu d’un sarrau bleu, d’un foulard rouge et bleu et tient à la main un écheveau de laine. Il est coiffé d’une jolie casquette à la mode roubaisienne et le groupe hémois « folk Renaissance » l’escorte dans son périple dans les rues de la ville. Jean-Claude Provo lui souhaite longue vie et succès tandis que la fanfare entonne le « P’tit Quinquin ».

Gustave le Teinturier, son visage en gros plan (Document site internet Ville de Hem) sa renaissance (Document Nord-Eclair)

Sa renaissance coïncide avec la deuxième édition d’ Hem en fête qui comprend une braderie étendue de la rue du Général Leclerc à la Place de la République, mais aussi des festivités non stop durant le 1er week-end de septembre : combats de catch de haut niveau, démonstrations d’aéromodélisme, fête des allumoirs dans la ville et feu d’artifice pour conclure l’événement.

A suivre…

Remerciements à la Ville de Hem, à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’Hier et d’Aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Tell et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem.

Coquant-Pêche

Hippolyte Coquant et son épouse Pauline décident de créer leur commerce. Ils reprennent en 1926, l’estaminet de A. Liviau, situé au 83 de la rue Pierre de Roubaix, à l’angle de la rue Leverrier, sur une parcelle de 86m2.
Hippolyte est passionné de pêche : il est même très doué, car tous les dimanches, il part pour se consacrer à son loisir favori et revient à chaque fois, très fier à la maison avec de nombreux poissons.

Pour compléter leur faible revenu du café, Hippolyte et Pauline décident d’adjoindre un rayon pêche à leur commerce au début des années 1930. L’expérience d’Hippolyte sur le matériel, sur les techniques de pêche, ainsi que son sens commercial assurent un succès immédiat. Hippolyte est d’ailleurs président de la plus florissante société de pêche de l’agglomération : l’Ablette, dont le siège se trouve au 161 rue Lacroix

L’Ablette ( document Nord Eclair )

Il crée ensuite l’association : « La Fine Ligne Roubaisienne » et organise des concours de pêche au canal de Roubaix ( pas encore pollué à l’époque ! )

Hippolyte décède en 1944. Pauline,très dynamique et volontaire, continue seule l’activité du café et du commerce. Antoine Coquant, le fils, vient donner un coup de main en 1946 à 16 ans. Il prend la relève quelques temps après.

Antoine a appris très jeune les techniques de pêche de son père, et continue donc l’activité en la développant fortement. La notoriété du café Coquant-pêche est telle que des clients viennent de toute la région du Nord Pas-de-Calais pour suivre les précieux conseils d’Antoine et acquérir du matériel de pêche performant

Publicité 1967 ( document Nord Eclair )

Antoine Coquant fait partie des jeunesses socialistes de Roubaix à la fin des années 1940. C’est là qu’il rencontre Alice, fille de Alphonse Verbeurgt, conseiller municipal SFIO à Roubaix. Ils se marient en 1950, ils habitent à l’étage au dessus du commerce, ils ont deux enfants : Anne et Pierre.

Alice aide son mari à gérer le commerce, et en particulier à servir les consommations aux clients du café. Antoine, comme son père, participe à des concours de pêche sur les nombreux étangs et canaux de la région mais aussi dans toute la France, avec des voyages prestigieux à gagner dans des pays où la pêche est reine  : le Canada, l’Irlande etc

Il continue d’organiser également des concours juniors sur l’étang du parc de Barbieux, dans le cadre de la Fine Ligne Roubaisienne.

Concours de pêche à l’étang du parc de Barbieux ( document collection privée )

Antoine est passionné de pêche mais est également féru de politique. Il devient conseiller municipal sous le mandat du maire Pierre Prouvost à la fin des années 1970.

Antoine Coquant conseiller municipal ( document archives municipales )

Le commerce d’Antoine et d’Alice continue à se développer. Ils sont toujours à l’affût d’évolutions techniques du matériel ( pêche en eau douce ou en mer ). Le manque de place se fait cruellement sentir. L’occasion se présente quand la maison voisine de 80m2, au 81 de la rue Pierre de Roubaix se libère au début des années 1970. Ils en font l’acquisition et la transforment en commerce en 1974. Le 81 sera le commerce d’articles de pêche, la place ainsi libérée au 83 dans le café, leur permet d’adjoindre une gamme d’aquariophilie et de poissons exotiques

Publicité 1972 ( document Nord Eclair )

La concurrence des grandes surfaces est alors inexistante. Un grand choix de produits, une compétence et un excellent conseil sont la clé de la réussite ; cela permet à Antoine et Alice de prospérer dans les années 1980. Le développement du commerce des articles de pêche est tel, qu’Antoine et Alice décident de fermer le café et de se consacrer uniquement à leur commerce : « Coquant-Pêche ».

Antoine dans son magasin en 1982 ( document Nord Eclair )

Pierre Coquant, le fils d’Antoine, décide d’ouvrir également son commerce d’articles de pêche, au milieu des années 1970. Il reprend alors le commerce « Roubaix Pêche » de E Bailly au 70 rue du Collège, à l’angle de la rue Pellart. Désormais, deux magasins Coquant-Pêche sont à disposition de la clientèle.

document Ravet Anceau 1983

Antoine décide de prendre une retraite bien méritée à 64 ans, en 1994. Il ferme donc définitivement le magasin. L’immeuble sera vendu quelques temps après, à la ville de Roubaix qui va le transformer complètement en logements sociaux pour la location, avec une entrée principale rue Leverrier. L’architecture initiale est respectée, la réalisation effectuée est magnifique.

Façade en 2008 et en 2022 après travaux ( documents Google maps )

L’association : la « fine ligne roubaisienne – Team Coquant-Pêche » qu’a créée Antoine Coquant, existait encore, il y a peu de temps à Roubaix ; le siège se trouvait au 52 avenue des Nations Unies.

( document collection privée )

En Juin 1991, Pierre Coquant transfère son magasin du 70 rue du Collège, à deux pas, au 190 avenue des Nations Unies, dans un local quatre fois plus spacieux, ce qui lui permet de devenir vraiment le grand spécialiste de la pêche ( mer, rivière, étang )

Le nouveau magasin de Pierre Coquant ( document Nord Eclair )

Remerciements à Alice Coquant-Verbreugt et à Anne Termeulen-Coquant, ainsi qu’aux archives municipales

Centre équestre Le Comte

Dans les années 1970, Claude Le Comte est un entrepreneur très actif sur la ville de Roubaix où il gère déjà une entreprise de bâtiment au 25 rue du Grand Chemin, quand il a l’idée de créer un Centre Equestre pour répondre à la passion pour l’équitation de ses 2 enfants.

Les frère et sœur font en effet de l’équitation à haut niveau, ce qui implique le recours à une grosse infrastructure qui n’existe pas sur place à l’époque. France Le Comte excelle dans le dressage et devient championne de France junior puis se classe 3ème au championnat de France Pro avec son cheval Sir du Taillan. Quant à Pascal sa spécialité c’est le concours de saut d’obstacle.

Claude décide donc d’acquérir à Hem un terrain de 5 hectares appartenant à des agriculteurs, rue de Croix, juste à côté de ce qui va devenir la voie rapide. C’est sur une partie du terrain acheté qu’est construit le bâtiment principal du futur centre équestre. Les 2 hectares non constructibles sont dédiés aux pâtures pour les chevaux.

Photo panoramique du terrain vierge en 1971 puis du centre équestre construit sur la parcelle en avril 1976 (Documents IGN)

Dans un premier temps Claude Le Comte propose à sa clientèle : des promenades à poney pour les enfants et une initiation à l’équitation ou des baptêmes à cheval ainsi que des promenades en calèches pour tous. Il met également un bar à disposition des visiteurs et, tous les dimanches, organise un mini-spectacle : l’entraînement des mousquetaires.

Publicités de l’année 1975 (Documents Nord-Eclair) Autocollant publicitaire du Centre Equestre (Document collection privée)

La fin des années 1970 et le début des années 1980 voient le centre équestre organiser des concours hippiques. Puis, dès que Pascal et France obtiennent leurs diplômes de moniteurs, des cours d’équitation sont dispensés. Par ailleurs sont proposés à la clientèle non seulement un bar mais aussi un restaurant avec dîners dansants le samedi soir. Sont également mises à disposition des salles pour réunions, banquets et séminaires. La photo aérienne de 1981 montre déjà un agrandissement notable du site.

Publicités des années 1978-80 pour le centre équestre (Documents Nord-Eclair)
Publicités des années 1978-80 pour le restaurant Lecomte et la location de salles (Documents Nord-Eclair)
Photo aérienne de 1981avec le manège en premier plan et la carrière extérieure non encore couverte (Document IGN)

A la fin des années 1980, le Petit Parc ouvre ses portes et ajoute aux loisirs équestres des attractions pour les petits basés sur la marque Playmobil par ailleurs vendue dans l’enceinte du parc. Claude Le Comte a en effet une passion pour ces jouets et souhaite créer pour les tout-petits un mini-parc sur ce thème comme Disneyland l’a fait pour les personnages Disney.

Pour ce faire il a recours au talent du personnel de son entreprise roubaisienne d’électricité, qui se charge également de l’entretien électrique du mini-parc et de ses mises aux normes. Des personnages Playmobil géants ornent ainsi le parcours du site et notamment celui des bateaux sur lesquels les familles peuvent embarquer pour découvrir au fil de l’eau une exposition permanente de figurines Playmobil de taille normale.

Publicités pour le petit parc de l’année 1990 et nouveau logo (Documents Nord-Eclair et Citizen Kid)
L’entrée du petit parc vers la fin des années 1990, avec ses personnages Playmobil géants et la balade au fil de l’eau (Documents Petit Parc)

Instantané de mémoire : « Dans les années 1990, Le Petit Parc c’était la sortie du mercredi et des vacances scolaires. Les enfants s’éclataient dans le parc, adoraient découvrir les personnages Playmobil existant grâce à la balade en petits bateaux blancs et bleus qui défilaient doucement au fil de l’eau. Ils adoraient monter en voiture dans les tacots pour faire un petit circuit puis se régaler d’une bonne glace avant de repartir par la boutique le plus souvent avec une petite boîte Playmobil offerte par maman et le catalogue pour faire leur future commande au père Noël. S’y déroulaient aussi des anniversaires de copains et copines de classe où les parents organisateurs n’avaient pas grand-chose à prévoir pour amuser tout ce petit monde… »

Instantané de mémoire : « Des classes visitent souvent le parc et proposent aux élèves de maternelle une initiation au poney qui suscite bien des vocations. Celle qu’a suivie mon fils en 1998 a été le prélude à une année de cours pour apprendre à monter et cette expérience n’a pris fin que suite à une chute qui lui a fait trop peur pour continuer. Il n’en demeure pas moins que c’était un plaisir chaque semaine de retrouver l’ambiance du Centre Equestre et d’y prendre soin des animaux, les brosser, les seller avant de les monter… »

La classe poney de 1998 (Documents collection privée)

En 2000, un premier stage de dressage sponsorisé a lieu au centre équestre à l’initiative de l’entreprise Purina, fabricant d’alimentation pour chevaux et fournisseur du club. Le stage d’une journée proposé attire une dizaine de cavaliers d’âges et de niveaux divers et Nord-Eclair s’en fait l’écho.

Le stage de dressage en 2000 (Document Nord-Eclair)

C’est également l’occasion de célébrer, comme tous les ans depuis 1989, la fête du cheval. Le centre ouvre alors ses portes au public et les spectateurs sont nombreux autour du manège pour profiter des 4 carrousels exécutés par les élèves et leurs moniteurs ; cette année ceux-ci ont pour thèmes le Mexique, les mousquetaires du roi et les cavaliers hongrois.

La fête du cheval en 2000 où France Lecomte défile (Document Nord-Eclair)

Les baptêmes poneys et chevaux sont l’autre clou de la journée puisque l’année précédente près de 200 certificats ont été remis aux enfants en une journée, et ces baptêmes sont souvent de nature à leur donner le goût de l’équitation. En ce début de vingt et unième siècle, le Centre Equestre compte plus de 300 cavaliers. Il est ouvert 7 jours sur 7 et on peut y monter à poney à partir de 2 ans puis à cheval. Pascal Le Comte y est devenu instructeur cette même année.

L’année suivante, un dimanche matin de septembre, un joli défilé de 37 chevaux sillonne la place de la République, la rue du Docteur Coubronne et la rue du Général Leclerc : leurs cavaliers sont en tenue de concours. L’après-midi, les festivités continuent avec jeux équestres, démonstrations de voltige, carrousels, et baptêmes de cheval comme les autres années. Nombre de petits spectacles sont mis en scène par les membres du club, sur le thème du cirque pour les enfants de 6-8 ans et celui des «cariocas brésiliens» pour les cavaliers de niveau 4 et 5.

Photos de la journée du cheval en 2001 (Documents Nord-Eclair)

                                                                                                    A suivre…

Remerciements à la ville de Hem et à Amandine Le Comte

La toiture du cinéma Lacroix

Le cinéma Lacroix se trouve au 66-68 dans la rue du même nom, à l’angle de la rue Montaigne. L’établissement existe depuis de très nombreuses années. A. Leleu était le gérant dans les années 1910, sous l’enseigne Royal Leleu, puis ce fut R. Feys avec l’enseigne Royal Lacroix.

Façade du cinéma rue Lacroix ( document archives municipales )

Dans les années 1970, le cinéma de la rue Lacroix est toujours présent. Pendant toutes ces années, de nombreuses transformations ont été nécessaires pour le rénover.

Mais, en Juin 1972, la toiture du cinéma s’effondre, deux heures avant la séance de 20h30 du samedi, au cours de laquelle on devait passer le film : « Le temps des vautours ». Fort heureusement, personne ne se trouvait à l’intérieur de la salle !

document Nord Eclair

Les riverains ont entendu un grondement de tonnerre, et, en sortant de chez eux, ont constaté un énorme nuage de poussière. Les pompiers arrivés sur place font tomber les briques, les restes de charpente et les tuiles qui menacent encore de chuter. La police boucle le quartier et ferme la rue Lacroix, le temps que la communauté urbaine déblaye les gravats.

La façade de la rue Montaigne ( document Nord Eclair )

La toiture était certes vétuste ; le directeur Georges Feys avait déjà entrepris certains travaux de réparation, mais les habitants du quartier estiment que le passage incessant des camions, dans la rue Lacroix est à l’origine des vibrations ressenties dans toutes le vieilles bâtisses du quartier, et en particulier les camions de démolition de l’église du Sacré-Coeur toute proche.

Quoi qu’il en soit, le cinéma est désormais fermé.

Le 4 Août 1972, l’architecte Pierre Charlet dépose un permis de construire, pour la rénovation de la partie de la toiture qui s’est effondrée.

Les travaux démarrent rapidement en Août. La toiture est réparée fin Septembre, et le cinéma peut ré-ouvrir au début du mois d’Octobre.

document collection privée

Malheureusement, comme de nombreux cinémas de quartier, le Royal Lacroix subit une baisse importante de fréquentation et ferme définitivement ses portes quelques années plus tard.

le bâtiment en 1987 ( document archives municipales )

Remerciements aux archives municipales.

Récréation

Jules Rouvillain est né à Roubaix en 1922. Après la seconde guerre mondiale, il part à Arras retrouver sa fiancée, Yvonne. Jules a un sens inné du commerce. Il commence sa carrière en vendant des sacs Delmar sur les marchés. Il trouve ensuite un emploi de représentant chez Berne distibuteur de jouets et de bimbeloterie.

( document collection privée )

En 1946, il se marie avec Yvonne à Arras. Il devient commercial chez GéGé, important fabricant de jouets : poupées, dînettes, jouets mécaniques, jeux scientifiques etc. Il visite les commerçants de la région.

( document collection privée )
Jules Rouvillain ( document F. Daulmerie-Rouvillain )

Ses affaires fonctionnent très bien. Jules est heureux, mais… son souhait le plus cher, est de pouvoir créer son propre magasin de jouets, car il est persuadé qu’il va réussir, au vu de son expérience acquise, depuis des années, dans son domaine.

L’occasion se présente, au début des années 1960, lors d’une visite à son client : le magasin Récréation au 15 Grande rue à Roubaix. Le commerçant, Henri Ducoulombier vient juste de reprendre ce magasin en 1959, qui a longtemps été tenu par L. Everaere.

Henri possède également le commerce de meubles Ducoulombier au 7 rue de Lannoy. Il vient d’ailleurs de recevoir un courrier de la mairie qui l’informe de sa prochaine expropriation car le centre commercial Roubaix 2000 va se construire.

Désabusé et déçu, Henri Ducoulombier décide d’arrêter sa carrière, et de revendre son magasin de jouets : Récréation.

le magasin au 15 grande rue ( document archives municipales )

Jules Rouvillain saute sur l’occasion. L’affaire est conclue. En 1964, Jules, son épouse Yvonne et leurs 3 filles s’installent à Roubaix.

Fort de son expérience, Jules Rouvillain communique par la presse locale, sur le changement de propriétaire, et devient rapidement le plus grand magasin de la ville, en Jeux, Jouets et Modélisme.

Publicité 1964 ( document collection privée )

Jules et sa famille habitent sur place, dans la maison séparée du magasin par une ancienne cour intérieure. Derrière le logement se trouve le jardin, et, au bout de cet espace vert, un local assez important pour le stockage des jouets. Le 1° étage du commerce sert à l’exposition de jouets de grande taille ( baby-foot, table de ping-pong etc ) Au 2° étage, se trouve la réserve.

Jules Rouvillain référence et propose toutes les grandes marques de jouet dans son magasin.

Toutes les grandes marques sont référencées dans son magasin

Jules continue son adhésion au groupement de commerçants : Élégance et Distinction. Il soigne en particulier le look de son magasin, en décorant et aménageant de superbes vitrines alléchantes, pour les passants qui déambulent dans la Grande rue. Bon nombre de roubaisiens se souviennent encore, à ce jour, de ce fantastique magasin, de ces magnifiques vitrines de poupées et de peluches.

( document archives municipales )

Tous les ans, Jules et son épouse, se déplacent à Paris au salon du jouet pour y faire leurs achats de fin d’année. Très régulièrement vers la fin Janvier, ils partent à Nuremberg en Allemagne, au salon international du jouet. C’est la plus importante foire du jouet au monde. Ils sélectionnent leurs fournisseurs, choisissent les jouets et en particulier les célèbres boites à musique Steinbach.

Une boite à musique Steinbach ( document F. Daulmerie-Rouvillain )

Il développe fortement le modélisme, et devient au début des années 1970, le plus grand spécialiste de la région en modèle réduit : trains, circuits électriques et maquettes. Il crée son propre catalogue : « Le Modéliste ».

Pour exposer ses nombreuses références, il crée une extension à son magasin, en transformant le sous-sol de son habitation, en salle spéciale de modélisme. L’accès à cette arrière boutique se fait par une légère descente dans l’ancienne cour intérieure.

( documents collection privée )

Yvonne, son épouse l’aide à la gestion et la tenue du commerce. 5 vendeurs sont présents toute l’année dont 2 pour les maquettes, et en Novembre Décembre, 10 vendeurs supplémentaires viennent renforcer l’équipe en place. C’est une vraie fourmilière, car bien sûr, la fin d’année ( St Nicolas, Ste Catherine et Noël ) est une période très importante et incontournable pour le magasin.

( documents collection privée )

Au début des années 1970, Jules Rouvillain adhère au groupement Jouéclub. C’est une coopérative qui permet l’achat de jouets en grande quantité, et donc au meilleur prix. Cette adhésion lui permet de bénéficier d’une publicité nationale, et en particulier la création et diffusion d’un superbe catalogue de jouets, distribué en fin d’année.

( documents archives municipales et collection privée )

Dans les années 1980, les jeux électroniques font leur apparition sur le marché. Jules Rouvillain souhaite bien évidemment proposer à la jeune clientèle les marques Atari, Nintendo et bien d’autres.

( document collection privée )

En 1988, Jules a 66 ans. Il décide de prendre une retraite bien méritée. Il cède son commerce au groupement belge Christiaensen. L’enseigne Récréation disparaît. Le nouveau directeur Hugues Robiche modifie le magasin et change complètement de stratégie commerciale. Le magasin se heurte également à la concurrence des grandes surfaces spécialisées en jouets, et malheureusement, les affaires ne sont plus aussi florissantes.

( documents archives municipales et collection privée )

Le magasin disparaît totalement en 1997, rasé car l’emplacement du 15 grande rue devient la deuxième entrée du centre commercial  »Espace Grand Rue ».

Remerciements à Françoise Daulmerie-Rouvillain, à Thierry Bausier ainsi qu’aux archives municipales