Les banques de l’avenue Jean Lebas (Suite 1)

Plus loin vers la gare, au n°22-24 de l’avenue, se trouve le Crédit du Nord, qui traite toutes opérations de banque et de fonds publics. Cette banque a son siège social à Lille, une succursale à Roubaix et des comptoirs à Croix et Lannoy.

Publicités du Crédit du Nord au n°22 de l’avenue Jean Lebas en 1914 (Document Ravet-Anceau et collection privée)

L’immeuble, qui abritait auparavant l’entreprise de broderies artistiques de Mme Fievet Mille, est alors bien intégré dans l’architecture générale de la rue comme on peut le voir sur une photo de la presse locale. Il est en effet dans un style conforme à tous les magnifiques bâtiments qui la bordent.

Publicités de Mme Fievet Mille et façade du Crédit du Nord dans l’immeuble d’origine au n°24 (Document Nord-Eclair)
Croquis et plans du rez-de-chaussée avant et après 1959 (Documents archives municipales)

Pourtant, en 1959, le Crédit du Nord cède aux sirènes de la modernisation et construit, en lieu et place de l’ancien immeuble, et après avoir racheté et démoli les maisons voisines, un horrible bâtiment à la façade bétonnée qui défigure l’ensemble de la rue.

Une photo de 1989 montre ainsi clairement le contraste entre le Crédit du Nord et l’immeuble voisin d’origine. C’est à cette même adresse que la banque demeure jusqu’à la fin des années 2000. Puis le bâtiment reste inoccupé avant d’accueillir un club sportif à l’enseigne Basic Fit.

Publicités du crédit du Nord en 1947, 1968 et 1975 (Documents Ravet-Anceau)
La façade du n°24 en 1989, 2008 et 2023 (Documents archives municipales et Google Maps)

En retraversant l’avenue on arrive au n°33 immeuble de caractère où se situe dès les années 1910 la Banque Scalbert. C’ est un établissement du Nord de la France fondé par Auguste Scalbert qui fusionne en 1976 avec la banque Dupont fondée dans le nord par Louis Dupont. La Scalbert-Dupont compte alors 154 agences.

La banque Scalbert en 1910 (Document BNR)
Publicités de la banque (Documents collection privée et Nord-Eclair)

En 2006, la Scalbert-Dupont est absorbée par le groupe CIC (Nord-Ouest) qui, dès les années 1920, avait pris une participation dans chacune des 2 banques nordistes d’origine. Depuis 1910, la façade de l’immeuble n’a guère changé si ce n’est la disparition des 2 colonnes d’origine encadrant l’entrée et supportant la grille, toutes deux disparues.

Façade de la Scalbert-Dupont dans les années 1970 et de nos jours (Document archives municipales et Google Maps)
Publicité de la Scalbert-Dupont groupe CIC (Document collection privée)

En remontant encore l’avenue vers la gare, sur le trottoir d’en face, on trouve un autre exemple du même ordre avec la Société Générale installée au n°40. Cette agence, qui a également des bureaux à Tourcoing et Croix, fait aussi escompte et opérations de bourses, et possède un service de coffres-forts. Elle a investi un magnifique immeuble de caractère comme le montrent deux cartes postales du début du siècle.

Publicités d’époque de la Société Générale (Documents collection privée)
Cartes postales de la façade initiale (Documents collection privée)

Comme le Crédit du Nord cependant, l’agence a elle aussi recours à une modernisation de sa façade en 1961 après rachat du 38 bis. Si les étages ne sont pas touchés le rez-de-chaussée est quant à lui bétonné. Ses publicités se modernisent également au fil du temps. En 1981, un guichet automatique très novateur est installé dans le passage menant à la rue Nain afin que la clientèle puisse y effectuer ses retraits sans descendre de voiture.

 

Croquis ancienne et nouvelle façade (Document archives municipales)
Le nouvel immeuble dans les années 1980 (Document archives municipales)
Publicités de 1928, 1965 et 1975 (Documents Ravet-Anceau et collection privée)
Installation du guichet automatique en 1981 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 2010, l’agence roubaisienne de la société générale quitte l’avenue Jean Lebas pour gagner des locaux plus petits, lumineux et modernes, construits en lieu et place d’une institution roubaisienne à savoir le Palais du Vêtement, sur la Grand Place de Roubaix. Sa nouvelle adresse devient le 1-3 Grande Rue à Roubaix. Quant au n°40 avenue Jean Lebas, il abritera après quelques temps divers cabinets médicaux.

La Société Générale avenue Jean Lebas en 2013 et 1-3 Grande Rue actuellement (Documents Google Maps)

En remontant encore vers la gare, un autre édifice abrite une banque dès le début du siècle. Il s’agit du n° 57-59, immeuble de style, et du Comptoir National d’ Escompte de Paris dont le siège se situe dans la capitale et qui possède également une agence à Tourcoing. Cette banque propose toutes opérations de banque et de bourse.

La façade du Comptoir National d’Escompte de Paris (Document collection privée)
Publicités de 1928 et 1955 (Documents Ravet-Anceau)

En 1962, le Comptoir dépose une demande de permis en mairie pour transformation et aménagement d’un immeuble à usage de banque. Il s’agit alors d’une mise en conformité du bâtiment existant aux normes d’hygiène et de sécurité, notamment avec l’installation d’une sortie de secours sur la rue de l’Espérance. Le plan joint à la demande donne une idée de l’aménagement intérieur du rez-de-chaussée où le public est reçu.

Plan joint à la demande de permis de construire (Document archives municipales)

Dans les années 1970, l’enseigne change car la  Banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI) et le Comptoir national d’escompte de Paris (CNEP) ont fusionné en 1966 et c’est donc la Banque Nationale de Paris qui est installée dans les lieux, comme le montrent une publicité de 1975 et une photographie du bâtiment à l’époque.

Publicités de 1975 et 1979 et photographie d’époque (Documents Ravet-Anceau, Nord-Eclair et Archives Municipales)

Puis dans les années 1980, après le départ de la banque au n° 24 de la Grand’Place, l’immeuble est occupé par la compagnie d’assurances AGF. De nos jours c’est le groupe Gesco qui est installé dans les lieux et il est à noter que contrairement aux établissements bancaires précédemment cités, la façade de l’immeuble du 57-59 n’a pas connu de modification notable et a donc gardé son cachet d’origine.

Les assurances AGF : installation et photographie des années 1980 (Documents Nord-Eclair et archives municipales)
Photographie de Gesco en 2022 (Document Nord-Eclair et Google Maps)

A suivre…

Remerciements à la BNR et aux archives municipales de Roubaix.

Les banques de l’avenue Jean Lebas

La rue de la Gare est percée en 1882, en vue de relier directement la Grand’Place à une nouvelle gare de voyageurs, l’ancienne ne correspondant plus à l’importance qu’a pris la ville de Roubaix. L’année suivante, l’avenue de la Gare est viabilisée et reçoit un revêtement de pavés. Dès 1885, des constructions s’élèvent et la nouvelle avenue est rapidement bordée d’immeubles.

La nouvelle gare située à son extrémité est ouverte en 1888. En 1927, l’avenue reçoit un nouveau pavage à l’occasion du renouvellement des voies de tramway. Vingt ans plus tard, le conseil municipal décidera de lui donner le nom de Jean Lebas et une nouvelle vingtaine d’années plus tard un petit terre-plein central séparera les voies de circulation.

Percement de la rue en 1882 et vue générale de la rue au début du vingtième siècle (Documents BNR)

Installation fin dix-neuvième et début vingtième siècle

Dès la fin du 19ème siècle l’avenue de la gare devient rapidement l’adresse de prestigieux immeubles commerciaux, d’entreprises textiles et de maisons de banque. Parmi les premières banques à s’y installer on compte au n°6 le Comptoir de Change de Roubaix-Tourcoing, et M.Naessens et G. Martin, spécialisés en placements boursiers. M. Naessens y est encore répertorié en 1937 mais aucun établissement bancaire n’y figure plus après-guerre.

Publicités du comptoir des changes et de M. Naessens et G. Martin (Documents collection privée)

Se succéderont ensuite à cette prestigieuse adresse des commerces comme les marchands de chaussures Deflou dans les années 1950 et Papillon-Bonte dans les années 1960. Cette enseigne de renommée y restera durant une quarantaine d’années. A ce jour c’est un magasin de chaussures et maroquinerie à l’enseigne Cheryl qui a investi le rez-de-chaussée. Sur une carte postale représentant un jour de festival en 1910 on distingue clairement l’élégant immeuble qui a toujours le même cachet en 1997 et en 2023.

Gros plan d’une CPA de 1910, puis photos de 1997 et 2023 (Documents BNR et Google Maps)

A peu près en face, à la même époque, dans un immeuble beaucoup plus étroit au n° 9 se situe l’agence d’A.Moret et Cie, également spécialisée dans les placements boursiers. A la fin des années 1920, l’établissement est géré par R. Mangin et le reste jusqu’à la moitié des années 1970.

Publicité de 1955 des Ets Mangin (Document Nord-Eclair)

En 1973, la banque fait les gros titres de la presse locale, lorsqu’un convoyeur de fonds se fait braquer en pleine après-midi et se fait arracher sa serviette pleine de billets qu’il amenait dans une autre banque située à quelques mètres de là de l’autre côté de l’avenue.

Braquage d’un convoyeur de fonds en 1973 (Document Nord-Eclair)

Dans la 2ème partie des années 1970, l’établissement change d’enseigne et devient la société de Banque du Nord. A cette occasion la façade du bel immeuble, comme tant d’autres, est « défigurée » au rez-de-chaussée, au nom de la modernisation. La nouvelle agence se veut claire, moderne et avenante ce que démontre la photo de l’accueil.

Croquis de l’ancienne façade et de la nouvelle en 1974 (Document archives municipales)

Façade et accueil intérieur en 1975 (Document Nord-Eclair)

Puis, dans les années 1990, une agence de travail temporaire, la Solerim, prend possession des lieux avant de céder la place 10 ans plus tard au salon de coiffure de Roseliz Cromphout. La façade du salon de coiffure s’intègre à nouveau mieux dans l’architecture ancienne de l’immeuble et l’intérieur revendique élégance, classe et ambiance zen. Aujourd’hui un salon de coiffure occupe toujours les lieux.

La Solerim en 1990 (Document Nord-Eclair)
Le salon de coiffure des années 2000 et celui d’aujourd’hui (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

Quelques mètres plus loin s’installe au n°15-17 le Crédit Lyonnais dans un magnifique immeuble qu’il quitte 20 ans plus tard. En effet, dès 1937, le Comptoir Lainier Roubaisien s’installe au 15 et J.Florin, courtier en laine, au 17. Par la suite l’immeuble sera occupé par le drapier Hallynck puis par une agence de publicité Caribou avant de devenir un cabinet d’avocats puis un centre d’affaires.

La façade du Crédit Lyonnais au 15-17 et une publicité de 1928 (Document BNR et Ravet-Anceau)
La façade du Caribou, du cabinet d’avocats puis du Centre d’Affaires l’Arche (Documents Google Maps)

Quant à la banque, elle emménage alors dans l’immeuble voisin, au 19, où se trouvait auparavant la maison de vente de la chocolaterie confiserie L’Herbier-Bernaert. L’immeuble de caractère est beaucoup moins large en façade mais beaucoup plus profond. Dans les années 1950, le parking de la direction se trouve rue du Général Sarrail et 10 ans plus tard le Centre Administratif Régional du Crédit Lyonnais se trouve du 20 au 34 de cette rue, à l’arrière du bâtiment de l’avenue Jean Lebas.

Publicité de la chocolaterie au début du siècle et photo de la façade en 1963 (Document collection privée et Nord-Eclair)
Publicités du Crédit Lyonnais en 1937, 1955, 1968 et 1975 (Documents Ravet-Anceau)
Plan du bâtiment et photographie du CAR dans les années 1960 plus photo de l’intérieur au service informatique (Documents archives municipales et collection privée)

Dans les années 1990 la façade de l’immeuble avenue Jean Lebas n’a pas changé comme en témoigne la photo ci-dessous. 15 ans plus tard la marque siglée jusqu’alors CL devient LCL suite à un rapprochement entre Crédit Lyonnais et Crédit Agricole. C’est dès lors ce nouveau sigle qui orne la façade.

Façade du crédit Lyonnais dans les années 1990 et en 2022 (Document archives municipales et Google Maps)
Photographies de l’intérieur (Documents site web)

A suivre…

Remerciements à la BNR et aux archives municipales de Roubaix.

Les potages Dulfrance

Pierre Caulliez crée en 1939, les laboratoires Dulfrance, au 230 rue d’Alger, dans une partie de l’entreprise des rubans Gallant. Pierre produit des farines alimentaires ( aliments pour bébés ) sous la marque Dulcia.

Publicité des laboratoires Dulfrance ( document collection privée )

Les débuts sont difficiles, en 1939, mais dès la fin du deuxième conflit mondial, les affaires démarrent enfin. A la fin des années 1940, Pierre Caulliez développe l’activité de farines alimentaires et commence à s’intéresser aux produits déshydratés, et en particulier les potages et sauces.

Buvard ( document collection privée )

En 1955, les locaux de la rue d’Alger sont désormais trop petits mais l’entreprise Dulfrance a la possibilité de reprendre un très grand local au 56 de la rue des Sept Ponts. C’était auparavant, l’atelier de fabrication des meubles De Beyne ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé De Beyne ).

le 56 rue des Sept Ponts ( document collection privée )

L’entreprise de Pierre Caulliez emploie 10 personnes pour fabriquer et commercialiser ses produits déshydratés. La concurrence sur le marché est féroce, car de grands groupes alimentaires sont implantés avec de très grandes marques : Royco, Knorr et Maggi.

document archives municipales

Pierre commence sérieusement à penser à l’exportation pour ses produits. Antoine Caulliez vient aider son père, au sein de l’entreprise Dulfrance. Dans les années 1970, Antoine attaque avec succès l’exportation vers l’Afrique, l’Amérique du sud, le moyen-Orient. Ensuite au début des années 1980, il songe sérieusement à s’implanter aux Etats-Unis, aidé et conseillé par la COFACE ( Compagnie Française d’Assurances du Commerce Extérieur ). Puis, Stéphane ( le fils d’Antoine ) entre dans l’entreprise pour aider son père.

document archives municipales
Antoine et Stéphane Caulliez ( document Nord Eclair )
documents Nord Eclair et collection privée

Antoine et Stéphane mettent au point une gamme de 9 potages et 6 sauces déshydratées, sous sachets traduits en anglais et en bilingue pour le Canada. Ils recrutent un agent pour la commercialisation de leur gamme de produits. Le succès est immédiat : deux ans après le démarrage, Dulfrance dispose désormais de 7 importateurs sur les USA et le Canada et dix containers ont été expédiés soit plus d’un million de sachets vendus.

En 1987, Antoine et Stéphane commencent à s’attaquer à de nouveaux marchés, tels que l’Australie et la Nouvelle Zélande à l’exportation et, pour la France, les collectivités, hôpitaux, restaurants d’entreprises, cafétérias, tous très concernés par les produits déshydratés. Dulfrance produit alors des conditionnements adaptés, des paquets cartonnés qui permettent de fabriquer 12 litres de potage.

document collection privée

Le succès de cette petite entreprise roubaisienne est d’autant plus surprenant qu’elle ne compte que 10 personnes ! Antoine et Stéphane s’expliquent : En effet, c’est que les ingrédients déshydratés ne sont pas fabriqués sur place. Nous les recevons séparément, nous les mélangeons selon nos propres recettes, et nous les conditionnons sur des machines automatiques, ce qui explique qu’il nous faut très peu de personnel. Outre le mélange, les emballages sont conçus à Roubaix, ainsi que toute la stratégie commerciale. Notre atout c’est justement notre petite taille, qui nous permet une grande souplesse et une rapidité d’adaptation.

documents Nord Eclair 2003

En Août 2003, un incendie se déclare dans l’entreprise Dulfrance. Les pompiers arrivent sur place avec quelques difficultés de circulation, puisque c’est le jour de la braderie du quartier ! Une bouteille de gaz est certainement à l’origine du sinistre. Les secours maîtrisent rapidement l’incendie. Le bâtiment de stockage de marchandises est fortement endommagé.

L’entreprise Bati-Techni-Concept reconstruit, en 2004, un nouvel entrepôt de stockage, qui a l’avantage d’avoir des liaisons directes avec les différentes parties de l’entreprise, améliorant ainsi, les conditions de travail du personnel.

document archives municipales 2004

En 2015, Dulfrance se rapproche de Nutridry, un groupe alimentaire de 5 entreprises spécialisées dans les produits déshydratés. La fabrication des potages Dulfrance se fait désormais dans les locaux Nutridry à Lezennes, rue Paul Langevin.

document collection privée

Dulfrance ferme ses portes le 24 Juillet 2015. Depuis 2016, le bâtiment du 56 de la rue des Sept Ponts est occupé par La Croix Rouge Française.

documents collection privée et Nord Eclair 2016

Remerciements aux archives municipales

L’incendie de « La Lainière » en 1960

Samedi 16 Janvier 1960 à 13h40, un incendie se déclenche dans un vaste bâtiment de 3 étages ( appelé La Cave Lepoutre ) de 8000 m2 à La Lainière de Roubaix. Dans ce vaste local sont stockés 400 tonnes de fils de laine avant pelotonnage.

Alertés par les systèmes performants de sécurité de l’usine, les ouvriers sur place préviennent les pompiers de Roubaix et de Tourcoing qui arrivent sur place rapidement et découvrent des flammes, certes, mais surtout une épaisse fumée qui se dégage des matières entreposées et qui gênent l’approche du foyer.

document Nord Eclair sur 8 colonnes, dimanche 17 Janvier 1960

Pour essayer de dissiper cette épaisse fumée, les pompiers brisent les vitres de l’immeuble et déversent des tonnes d’eau, mais, cette eau, au contact du feu et du sol brûlant, forme à son tour une vapeur, ce qui rend impossible toute visibilité ainsi que de pénétrer à l’intérieur de l’entrepôt.

document archives municipales

Vers 19h les pompiers appellent leurs collègues de Lille en renfort. Le feu est toujours intense et les bandes de béton qui soutiennent les fenêtres des étages commencent à fondre. Les sauveteurs commencent à être inquiets. A 20h15, la nef centrale s’écroule et trois explosions retentissent, provoquées certainement par des bonbonnes de produits chimiques utilisés en teinturerie. Un pan de mur s’écroule à son tour dans un fracas épouvantable.

document archives municipales

Les personnalités arrivent dont le préfet Mr Hirsch, et Mr Midol, l’un des directeurs de La Lainière, qui précise : la « Cave Lepoutre » n’est pas une cave mais un entrepôt de stockage de 100m de long sur 80m de large sur 3 niveaux, et qui comprend un atelier de pelotonnage, une teinturerie sur écheveaux mais également une imprimerie et un laboratoire photo.

document archives municipales

Vers 20h30 la cave Lepoutre s’embrase complètement. Il s’agit alors pour les pompiers d’épargner impérativement le reste des bâtiments de l’usine pour éviter un désastre complet.

Jean Prouvost et l’un de ses directeurs sur les lieux du sinistre ( document Nord Eclair )

Jean Prouvost en déplacement à Paris arrive dans la nuit de samedi à Dimanche. Les pompiers luttent toute la nuit à la lueur des projecteurs, et au petit matin, arrivent enfin à maîtriser le sinistre. Il va falloir plusieurs jours avant de pouvoir pénétrer dans le bâtiment.

300 personnes travaillent dans la cave Lepoutre, mais compte tenu du « roulement des équipes » ce sont 700 personnes qui sont touchées par cette tragédie. Mr Nicod, directeur du personnel, s’engage à recaser provisoirement l’ensemble des salariés concernés dans d’autres ateliers et services de l’usine.

Le lendemain, dans la presse locale, la direction demande expressément au personnel concerné de ne pas venir au travail, et déclare que les dispositions sont prises pour que toutes les personnes soient reclassées dans d’autres services de l’entreprise. Il n’y aura donc pas de chômage technique.

document Nord Eclair

Le lundi matin, le bilan est lourd : une dizaine de pompiers intoxiqués sont hospitalisés, l’entrepôt est détruit, 400 tonnes de laine sont parties en fumée, 150 machines sont détruites, et 700 personnes travaillant sur cette partie de l’usine sont concernées.

document Nord Eclair
document Nord Eclair

Le feu est enfin complètement maîtrisé le lundi en début d’après midi. Les dégâts sont colossaux ; il ne reste plus de la cave Lepoutre que des décombres.

document collection privée

Certes, ce bâtiment ne représente qu’une partie modeste de l’ensemble de la Lainière ( le rectangle rouge sur la photo ci-dessus ), mais la totalité de l’activité de l’usine sera forcement perturbée par la disparition de certains rouages importants, tel le pelotonnage, par exemple.

document Nord Eclair
document Nord Eclair

Il est donc essentiel de reconstruire rapidement cette partie de l’entreprise. Le mercredi matin, on commence déjà à déblayer les tonnes de gravats, les architectes sont déjà à pied d’oeuvre pour commencer à établir leurs plans de reconstruction.

document Nord Eclair

En 1961, un an après, une ossature se dresse sur le terrain où la cave Lepoutre a brûlé. En attendant la reconstruction complète, et grâce à la solidarité patronale, la Lainière assure son rythme de production. Les 5.000 ouvriers et employés de l’entreprise peuvent désormais assurer leurs fonctions à la Lainière.

Remerciements aux archives municipales.

Jean-Baptiste Pennel (Suite)

Au delà de son activité professionnelle, Jean Pennel a une passion : le jardin. Au début des années 1920, il a son jardin ouvrier, parmi d’autres, au bout de l’usine au 143 rue de Constantine à Roubaix. Puis d’autres se succèdent, parfois pour la saison, jusqu’à celui qu’il aménage derrière sa maison du boulevard Clémenceau à Hem et qu’il fait visiter.

Il décrit son jardin dans 3 albums réalisés en 1975, à l’adresse des jeunes auxquels il souhaite donner le goût des fleurs et des jardins. C’est lui qui crée l’Association des Cités Fleuries, avec laquelle il organise des concours de balcons et jardins ainsi que des concours de dessins dans les écoles primaires de l’agglomération.

Dans les années 1970 il multiplie les opérations portes ouvertes dans son magnifique jardin pour le faire découvrir au plus grand nombre, en présence parfois de membres de sociétés d’horticulture des environs, pour guider et renseigner au mieux les visiteurs.

Opération portes ouvertes en 1977 (Document Nord-Eclair)

Une dénivellation située à l’entrée du parc permet l’établissement d’un jardin de rocailles et une seconde partie est constituée par des murets fleuris et un plan d’eau situé derrière l’habitation. Dans cette partie poussent les plantes de rocailles, plantes grimpantes et plantes grasses, le fond du parc étant constitué par le verger, installé sur un gazon à l’état de prairie et la partie jardin d’agrément, jardin vert au superbe gazon. Enfin la roseraie occupe la partie centrale du parc.

Opération portes ouvertes en 1978 (Document Nord-Eclair)

Jean Pennel commente ainsi son jardin en 1979, soit au bout de 40 ans de soins : « L’utilisation de la pente du champ qui en fut le point de départ et l’installation d’un court de tennis ont conduit à des mouvements du sol qui en brisent l’uniformité et donnent un relief encore accentué par quelques rocailles où se complaisent des plantes alpines. »

Les serres dont l’une est un peu un jardin d’hiver permettent le développement ou la conservation de plantes méridionales ou tropicales. La prairie-verger est, à la bonne saison, constellée de crocus et de narcisses. Dans le petit bois fleurissent coucous, primevères, pervenches, anémones des bois, violettes et muguet.

Puis des plates-bandes de vivaces, un golf miniature sur gazon, parcouru par un ruisselet parsemé de petits rochers et encadré de massifs fleuris sur fond de verdure, arbres et arbustes complètent l’ensemble. Le parc permet de se détendre au chant des oiseaux et les vergers et fruitiers ajoutent à la diversité du site.

Multi récompensé Jean-Baptiste est médaillé de la Résistance du réseau WO (War Office), titulaire de la grande médaille d’or de la Fondation Kuhlmann, Officier de la Légion d’Honneur, Chevalier de l’Ordre du Mérite et Commandeur des Palmes Académiques. Veuf, il décède le 14 mars 1980, dans sa quatre vingt quatrième année et ses funérailles sont célébrées à l’église Ste Bernadette à Roubaix.

Commandeur des Palmes Académiques en 1974 (Document Nord-Eclair)

Le journal Nord-Eclair rend hommage au cofondateur des Ets Pennel et Flipo, au système social d’avant garde associant personnel et direction dans l’exploitation et l’intéressement aux bénéfices, entreprise cédée quelques années auparavant au groupe Prouvost-Masurel.

Il rappelle que Jean-Baptiste Pennel a contribué au lancement de 12 centres d’apprentissage et a également été le président fondateur du Centre de perfectionnement des cadres ainsi que du Centre d’orientation professionnelle de Roubaix.

Enfin il conclue sur les nombreuses responsabilités que Mr Pennel a exercées au sein d’organisations professionnelles notamment en tant que président fondateur de l’Union Régionale des Industries et Négoces de la Chimie du Nord et du Pas-de-Calais et en tant que président du Syndicat National des Industries du caoutchouc et du plastique…

Photo parue suite à son décès (Document Nord-Eclair)

Il laisse 3 enfants, une fille et 2 garçons. 20 ans plus tard en octobre 2001, son nom est donné au mail reliant l’avenue Jean Lebas au Musée d’Art et d’Industrie de Roubaix. A cette occasion l’entreprise située au 384, rue d’Alger ouvre ses portes aux visiteurs désireux de découvrir le savoir-faire de Pennel Industries, comme a déjà pu le faire le maire de Roubaix René Vandierendonck.

Photo du maire de Roubaix découvrant les produits de la gamme de Pennel Industries en 2001 (Document Nord-Eclair)

L’entreprise compte alors encore 400 salariés et tous ainsi que leurs familles, les clients, les fournisseurs et des institutionnels et élus locaux profitent de cette journée portes ouvertes pour découvrir l’envers du décor et l’intérieur des bâtiments de cette entreprise fondée depuis un siècle par Jean-Baptiste Pennel et Joseph Flipo.

Photo des visiteurs dans la cour de l’entreprise en 2001 et une machine de production des toiles cirées (Document Nord-Eclair)

Des plaques représentant les 2 hommes sont posées à l’entrée de l’entreprise. C’est Jean Pennel, l’un des fils de Jean-Baptiste qui inaugure la plaque commémorative dédiée à son père sous le regard de Bernard Minvielle, directeur général de la société en ce début de nouveau millénaire.

Photo de Jean Pennel inaugurant la plaque commémorative représentant son père en 2001 (Document Nord-Eclair)

En 2005 pourtant, l’entreprise roubaisienne ferme ses portes pour s’implanter à Mouscron (Belgique) où elle produit et distribue dans le monde entier sous la marque Orca, des tissus composites souples qui apportent des solutions techniques aux acteurs des industries nautique, ferroviaire, aéronautique et de la défense.

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui.

Du roller-skate chez Cabour

En 1981, la municipalité décide qu’une partie de la Grand rue ( entre la Grand Place et la place de la Liberté ) va devenir piétonnier.

document Nord Eclair

Ce grand changement satisfait bon nombre de commerçants. Par contre, supprimer la circulation des voitures peut entraîner des conséquences inévitables et graves pour le garage Citroën situé au 29 Grand rue. Ce concessionnaire exclusif, la SA Cabour et J. Vancauwenberghe, doit alors transférer son atelier et son service commercial, dans son deuxième garage rue Racine.

le garage Citroën fermé en 1984 ( document archives municipales )

Après travaux, la Grand rue devient piétonnière en Août 1982 et le garage Citroën reste toujours fermé. En Janvier 1985, un projet d’ouverture d’une piste de roller-skate voit le jour, dans cet ancien garage. Quatre associés : Alain Carré, Jean-Pierre Seri Gnabbe, Robert Delgado et Dominique Bord louent le garage à la société Cabour, et dans un premier temps l’ensemble du rez de chaussée de 2400 m2.

Les quatre associés ( document Nord Eclair )

Un centre de roller-skate consiste à offrir à une clientèle très jeune, un total de 500 m de pistes de patins à roulettes. On peut y trouver 4 pistes différentes : un circuit d’initiation pour les plus petits, un autre pour les 7 à 12 ans, un troisième pour les grands de 12 à 77 ans et enfin un dernier pour les sportifs.

La réalisation d’une piste de roller à l’américaine, est unique dans la région. Il faut aller à Paris ou à Ostende pour trouver presque aussi bien. L’arrivée de ce centre, destiné à attirer beaucoup de monde dans le centre ville, est alors une très bonne chose !

l’ouverture ( document Nord Eclair )

Le centre de roller-skate ouvre le 6 Février 1985. Le matin, le centre accueille les écoles, et les professeurs de sport sont très favorables à cette activité qui apporte un complément pour l’éducation sportive. L ‘après midi, le centre est ouvert au grand public qui est accueilli par un animateur et un disc-jockey : l’ambiance est chaude, musicale et fondée sur des spots lumineux et colorés. Ceux qui ne font pas de patin, peuvent y trouver 15 jeux vidéo, un bar sans alcool et une piste de danse.

Les 4 responsables de ce centre de roller-skate sont ambitieux et envisagent déjà d’agrandir avec la création d’une salle de hockey sur patin, à l’étage, d’un café de jeunes côté Grand rue, et pourquoi pas des boutiques si l’ouverture sur l’avenue des Nations Unies est possible, par la suite. L’entrée est fixée à 15 Frs plus 10 Frs pour la location des patins, si l’on n’en possède pas soi-même.

Cachet.   Le N° de téléphone est en attente ( document collection privée )
document Nord Eclair

Après un démarrage encourageant l’affaire stagne dès le mois d’Août 1985. Les deux associés restants, Jean-PierreSeri Gnabbe et Alain Carré sont fortement désabusés, car, si au départ 90 à 95 % des clients louaient des patins, ils ne sont plus que 50 % aujourd’hui : les jeunes arrivent avec leurs propres patins sous le bras.

Jean-Pierre et Alain incriminent tour à tour, la presse et la municipalité. La présence de la police municipale devrait rassurer la clientèle mais sa présence constante en arrive à faire craindre une certaine insécurité. La SARL paraît bien mal en point. Les deux patrons estiment qu’on leur met des bâtons dans les roues et qu’on les empêche de travailler. Ils menacent de quitter Roubaix si l’on ne porte pas plus d’intérêt à leur maintien dans la ville.

document Nord Eclair

Au mois de Novembre 1986, un arrêté municipal annonce la fermeture prochaine du roller-skate de la Grande rue. En effet, une décision de la commission de sécurité de la ville constate qu’il n’y a pas d’issue de secours ! La situation financière de la petite entreprise reste très précaire. Le billet d’entrée est d’un prix modeste et un restaurant est en cours d’installation. Il leur est dès lors difficile de trouver des financements car les banques restent frileuses et souhaitent des premiers résultats positifs.

document Nord Eclair

La municipalité reste ferme et intransigeante sur la sécurité. Nous ne faisons qu’appliquer la loi, affirment Mrs Lamaire et Vandierendonck. Certes, cette fermeture tombe au plus mauvais moment, car les jeunes arrivent à Roubaix, et on tente par tous les moyens de structurer et d’animer le centre ville. Le jour même où la police fait appliquer l’arrêté municipal de fermeture, le tribunal de commerce de Roubaix prononce la liquidation du roller-skate. C’en est fini !

Quelques années plus tard, l’intérieur du garage Citroën est complètement rasé, car le projet de la construction de l’Espace Grand Rue arrive à grands pas. De nos jours la façade du garage Cabour existe toujours, l’intérieur étant occupé par une partie de l’immense magasin du Furet du Nord et des bureaux installés sur les deux étages.

la façade de nos jours ( photo BT )

Remerciements aux archives municipales

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Jean-Baptiste Pennel

Jean-Baptiste Pennel est né à Roubaix en 1896 et, après des études de chimie, il est professeur à l’IPR (Institut Professionnel Roubaisien, 22 rue de la Paix) en 1916 puis à l’ ITR (Institut Technique Roubaisien, 37 rue du Collège) jusqu’en 1930. Entre temps, en 1920, il épouse Joséphine Mignauw, et reste roubaisien jusqu’en 1939, date à laquelle le couple s’installe au 190, boulevard Clémenceau à Hem.

Vue aérienne de la propriété du couple en 1947 (Document IGN)
Le 190 Bd Clémenceau en 2008 (Document Google Maps)

Parallèlement à son expérience pédagogique, il fonde, dans les années 1920, avec Joseph Flipo (lui aussi domicilié à Hem, rue Jean Jaurès) l’entreprise qui devient la SA Pennel et Flipo en 1924, 384 rue d’Alger à Roubaix, spécialisée dans la fabrication de feuilles caoutchoutées et la confection d’articles d’hygiène. (Voir sur notre site un article précédemment édité et intitulé : Pennel et Flipo).

Usine Pennel et Flipo Roubaix (Document BNR et Ateliers mémoire de Roubaix)

On le trouve facilement l’outil à la main à l’occasion de ses passages en atelier, où il n’hésite pas à former lui-même les ouvriers sur le fonctionnement d’une machine ou une opération de fabrication. L’entreprise est ainsi à l’origine de l’invention du bulgomme, dont la marque est déposée en 1936.

Au départ, c’est un revêtement de sol en caoutchouc de 5 mm d’épaisseur, dont le nom exact est « Bulgomme silence ». On en pose dans les cliniques et hôpitaux pour protéger du bruit, des talons aiguilles et des brûlures de cigarettes.

En 1936, l’entreprise roubaisienne échappe à l’agitation grâce aux bons salaires et aux nombreux candidats à l’embauche. En 1942, pour éviter aux jeunes de l’entreprise le STO (Service de Travail Obligatoire) en Allemagne, Jean Pennel crée un camp de travail à Bougival et un camp forestier et de culture maraîchère à Ascq. Durant les dernières années d’occupation de la ville, et de pénurie alimentaire, un comité, présidé et animé par Mr et Mme Jean-Baptiste Pennel, distribue des soupes populaires à Hem .

Comité de libération, extrait de compte-rendu signé par Jean Pennel (Document Historihem)

Il lance la formule « à chacun sa chance » pour les jeunes défavorisés et fonde, en 1943, des Centres d’orientation professionnelle, des centres d’apprentissage, des centres de formation des cadres sur Roubaix Tourcoing et décide de faire participer tous les partenaires sociaux à la gestion des centres, initiative appuyée par le maire de Roubaix : Victor Provo.

Lors de la libération de Hem, en Octobre 1944, une délégation municipale du comité de libération, nommée par arrêté préfectoral, se réunit en mairie et parmi ses membres figure Jean-Baptiste Pennel, industriel. La réunion se clôture sur une vibrante marseillaise entonnée à l’unisson par l’assemblée suite à l’allocution du maire, Jules Delesalle.

Photo de Jules Delesalle maire de 1935 à 1945 (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)
Extrait de la délégation municipale d’ Octobre 1944 (Document Historihem)

En 1945, il met en place dans l’entreprise roubaisienne un comité de nature consultative préfigurant le futur comité d’entreprise. En 1951, il institue le contrat de participation aux bénéfices qui réserve au personnel 20% des résultats et un an plus tard il met en place la prime d’intéressement. Enfin en 1959, il signe le 1er accord d’entreprise.

Entretemps, en 1955, il est nommé président du syndicat national des industries du caoutchouc, lequel regroupe l’ensemble des 450 maisons françaises travaillant le caoutchouc et les produits voisins. Le personnel de la maison Pennel et Flipo, cadres et ouvriers, lui présentent leurs félicitations, considérant comme un honneur pour la région que l’un de ses chefs d’industrie ait été choisi.

Nomination comme président du syndicat national des industries du caoutchouc en 1955 (Document Nord-Eclair)

La même année, au mois de mai, le challenge du patron le plus sportif de France, créé pour encourager le sport à l’usine, est attribué à Mrs Pennel et Flipo. La journée commence par une visite de l’entreprise au cours de laquelle sont suivis les différents stades de la transformation du caoutchouc. Ensuite, en guise de première manifestation de la grande activité sportive au sein de l’usine, les membres de la section de judo font une démonstration de leur talent.

Puis un apéritif d’honneur servi dans la grande salle du bar de l’usine est suivi d’un grand banquet réunissant de nombreuses personnalités autour de Mrs Pennel et Flipo. Au cours des discours sont évoqués la proportion importante des pratiquants du sport aux établissements Pennel et Flipo et Victor Provo relève le caractère social de l’entreprise très justement mis à l’honneur.

Enfin, le représentant du ministre de l’Education Nationale remet la médaille d’or de l’éducation physique à Mrs Pennel et Flipo. Puis tout le monde se dirige vers le stade Amédée Prouvost où de déroule une grande fête sportive et Mr Philippe Potin, neveu du donateur du challenge, remet le trophée aux deux chefs d’entreprise. 

Remise du trophée par Mr Philippe Potin à Jean Pennel (Document Nord-Eclair)

Lors de l’exposition universelle à Bruxelles en 1958, tout le stand français est recouvert de Bulgomme et résiste parfaitement aux chaussures des nombreux visiteurs. En 1974, Jean-Baptiste fête le cinquantenaire de l’entreprise Pennel et Flipo qui compte plus de 1000 salariés et invite le député-maire de Roubaix, Victor Provo, à couper le ruban.

Photo du cinquantenaire de l’usine (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)

A suivre…

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui.

La fin de Michelin

La Manufacture française des pneumatiques Michelin avait implanté une unité de fabrication d’outillage mécanique à Leers dans la zone industrielle de Roubaix Est. En Juin 1994, les choses se gâtent. L’entreprise Michelin subit le contrecoup de la crise du marché automobile et des transports. Les 219 employés de l’unité de Leers sont menacés par un plan de restructuration national. Depuis plus de six mois, la direction a eu recours à du chômage partiel et à la mutation d’une soixantaine de salariés sur d’autres sites comme Epinal, La Roche sur Yon, Monceau les Mines.

L’entrée de l’usine en 1994 photo NE

On parle à présent d’un plan de pré-retraite et de la mutation sur des sites proches comme à la Pilaterie ou à Seclin. À terme 90 salariés devraient rejoindre d’autres sites plus éloignés mais certains n’envisagent pas le déménagement pour un site qui peut très bien fermer dans quelques temps. Une procédure de reclassement va être mise en place pour 120 salariés, auxquels on va proposer de nouvelles mutations. Mais il se peut que les gens refusent, ce qui est compréhensible, aussi on va créer une antenne emploi avec des aides à la reconversion. La direction qui a toujours assuré que ce n’était pas le professionnalisme qui était en cause mais bien la conjoncture, fait son possible pour reclasser le personnel.

Michelin se préoccupe également de son site : 60.000 m² de terrain, 20.000 de locaux, dont 2000 de bureaux, sous l’œil attentif du syndicat intercommunal de l’agglomération de Roubaix (SIAR). S’il y a reprise, le SIAR soutiendra le candidat qui reprendra le bâtiment ainsi qu’une partie du personnel. La fin des activités est prévue pour octobre 1994, d’ici là, l’usine tournera à 55 % de ses capacités.

pins AS Michelin-Leers

L’amicale des retraités de l’usine Michelin-Roubaix était une association dont le but était de maintenir les contacts humains entre les adhérents, organiser des loisirs et faciliter la créativité, l’entraide et l’information. Créée en 1984, elle sera dissoute en 1998.

Pompes Funèbres Vandenberghe

Paul Vandenberghe naît en 1931 à Roubaix. Il trouve un emploi dans l’entreprise de Pompes Funébres de H. Desmet, 120 rue du Moulin, puis celle de Mr Vandevelde, rue Ma Campagne, et commence à apprendre le métier. Son père, est menuisier, il fabrique et vend ses meubles au 118 rue de Denain, depuis 1948.

Paul accompagne régulièrement son père « coulonneux » au café de la Betterave, rue de Lannoy à l’angle de la rue Jules Guesde, car c’est le siège de l’association colombophile. C’est là qu’il rencontre Jacqueline, la fille de Marcel Pomart, passionné également par les pigeons voyageurs.

Paul et Jacqueline se marient en 1954. Ils souhaitent créer leur petite entreprise et profitent de l’expérience professionnelle acquise par Paul, pour ouvrir leur propre commerce de Pompes Funèbres. Ils trouvent un local au 102 rue Jules Guesde qui était auparavant le commerce de modes de Mme Firmin.

Plan cadastral

C’est une toute petite échoppe de 78 m2, mais bien située, dans une rue passante et commerçante d’un quartier populaire. Paul et Jacqueline s’y installent en 1955 et font l’acquisition d’un local au 5 rue Guillaume Lefebvre pour créer un atelier de menuiserie. Ils embauchent Jean-Claude Crépin pour la fabrication de cercueils.

En 1967, ils décident d’améliorer l’accueil de la clientèle en transformant leur façade du 102 rue Jules Guesde. Les affaires commencent à fonctionner correctement et, en 1970, ils reprennent la maison voisine au 104 de la rue, pour agrandir leur commerce.

le 102 104 rue Jules Guesde ( document archives municipales )

Au début des années 1970, ils communiquent par de la publicité dans la presse locale. Paul propose un service complet aux familles des défunts, s’occupe de l’accueil des familles, des démarches administratives, propose les cercueils, conseille des décors, prépare les obsèques, organise les convois, vend des fleurs artificielles, des plaques de marbre et des monuments funéraires..

Publicité 1972 ( document Nord Eclair )

Au début des années 1970, Paul et Jacqueline reprennent un local de 491 m2 au 187 boulevard de Reims à l’angle de la rue Armand Meeschaert, pour y installer leur nouvel atelier de menuiserie et la fabrication de cercueils. C’était auparavant le garage de carrosserie de Gaston et Georges Derbaudringhien, devenu ensuite un centre de location de véhicules à enseigne « Lillcars ».

Plan cadastral

Les affaires du commerce de Pompes Funèbres fonctionnent de façon très satisfaisante, grâce à l’expérience et au savoir faire du couple Vandenberghe.

Jacqueline et Paul Vandenberghe ( document J. Vandenberghe )

Pour satisfaire la demande de leur clientèle, ils souhaitent ouvrir un funérarium, mais le manque de place se fait cruellement sentir dans leurs locaux de la rue Jules Guesde. En 1979, ils déposent donc une demande de permis de construire pour la création d’un funérarium boulevard de Reims, en réduisant l’atelier de menuiserie. Ils confient le dossier à leur architecte Emile De Plasse sis 230 rue Pierre de Roubaix et les travaux à l’installateur « Decora » de Lionel Gauduin.

 

plan des travaux et photo ( documents archives municipales )

Les travaux s’achèvent début Septembre 1980, et le 27 Septembre, c’est l’inauguration officielle. Les installations se composent de quatre salons d’accueil indépendants qui permettent aux familles de se recueillir dans l’intimité. Une salle d’attente est réservée aux personnes qui ne souhaitent pas entrer dans les salons. Tout est aménagé en mobilier de style avec une décoration particulièrement soignée et raffinée. Un parking couvert, rue Armand Meerschaert juste à l’arrière, est à la disposition de la clientèle.

Publicité inauguration ( document Nord Eclair )

Paul Vandenberghe décède malheureusement en 1981, 6 mois après l’ouverture du funérarium. Jacqueline continue seule l’activité. Ensuite, le décès de son fidèle menuisier qui fabriquait les cercueils, amène Jacqueline à prendre la décision d’arrêter l’atelier de menuiserie. Elle se fournit alors, chez des confrères-fournisseurs. Jacqueline a l’occasion de reprendre, en 1984, la maison voisine de l’entreprise initiale : le 106 de la rue Jules Guesde, ce qui lui permet de loger plus facilement sa famille de 4 enfants. L’entreprise possède toujours les deux adresses, les bureaux au 104 rue Jules Guesde et le funérarium au 195 boulevard de Reims.

( document Nord Eclair )

En 1995, à la demande de sa clientèle, Jacqueline Vandenberghe, aidée par son fils Dominique, décide de regrouper les deux points de vente. Les bureaux et l’habitation de la rue Jules Guesde sont vendus. Jacqueline demande un permis de construire pour la transformation de son local en surface commerciale sur la totalité de son terrain boulevard de Reims. La modification de façade et le ravalement des N° 187 à 193 sont réalisées par l’entreprise Mario Bertoli de Wasquehal.

Jacqueline et son fils Dominique ( document J. Vandenberghe )

Dans ces nouveaux locaux, outre les bureaux, se trouve désormais un magasin d’exposition de monuments et d’articles funéraires ( fleurs artificielles, couronnes, plaques en granit, etc ). Le funérarium, quant à lui, reste à la même place. Sobrement aménagé, chaque salon assure ainsi aux familles, la possibilité de rendre un dernier hommage, dans une parfaite dignité, au proche disparu.

l’entreprise en 1996 ( documents archives municipales )

En 1996, Jacqueline à 64 ans, décide de prendre une retraite bien méritée. Elle cède son affaire à une entreprise de Pompes Funèbres Générales, le groupe Dignité Funéraire. Ce label de qualité étant conforme au service funéraire de grande qualité qu’a toujours respecté le couple Vandenberghe, Jacqueline donne son accord pour que le commerce du boulevard de Reims garde l’enseigne Vandenberghe.

( photos BT et document A. Wein )

Remerciements à Jacqueline et Jacques Vandenberghe, ainsi qu’à Adrien Wein et aux archives municipales.

Michelin fonctionne

Implantation Michelin Leers doc Bib Revue 447 déc1972

Depuis mai 1971, l’usine de Michelin forme son futur personnel à Roubaix, dans des bâtiments situés à l’angle du boulevard de Mulhouse et de la rue de Nancy. Les travaux de construction de la nouvelle unité de Michelin dans la zone industrielle de Roubaix Est ont été menés à bien et l’emménagement s’opère progressivement pendant les mois d’octobre et novembre 1972.

Vue de l’usine Michelin Bib Revue 447

L’unité de mécanique de Roubaix a pour activité principale l’entretien et la remise en état des machines de fabrication, la réalisation ou la remise en état des moules de cuisson, le montage du matériel neuf. Cette usine ne fabrique donc pas de pneumatiques.

Vue de l’usine Michelin Bib Revue 447

Dans la deuxième quinzaine de novembre 1972, les cent quarante personnes qui composent l’effectif de l’usine Michelin de Roubaix auront intégré les nouveaux équipements de la zone industrielle de Roubaix Est à Leers. L’implantation représente 18.000 m² au milieu d’un terrain de six hectares environ. On prévoit que l’effectif de cette usine devrait passer à 400 personnes en 1974.

Vue aérienne de l’usine photo NE

L’implantation de Michelin dans la zone industrielle de Roubaix Est sera bientôt suivie par d’autres : les établissements Lefèvre de Lys Lez Lannoy (fabrique de meubles et objets d’arts en bois, ferronnerie et matières plastiques), avec 40 emplois. Les Cartonneries Modernes de Wasquehal, filiales du groupe Lafargue emballages viendront bientôt y produire 30.000 tonnes de carton ondulé par an. Des discussions sont bien engagées avec l’entreprise de mécanique Duvivier-Six de Roubaix et avec les Trois Suisses.