Lysia 130 rue de Lannoy

Emile Vanhonsebrouck et son épouse Germaine, née Pluquet, habitent à Lys lez Lannoy, au 146 rue du Vert Pré, à l’angle de la rue Franklin. Dans les années 1940, Emile travaille aux PTT, Germaine fabrique des canadiennes et des imperméables reversibles à la marque « Pile ou Face », dans son petit atelier de la rue du Vert Pré, pour sa clientèle fidèle.

document Ravet Anceau 1947

A la fin des années 1940, Emile souhaite ouvrir un commerce de vêtements pour son épouse Germaine, dans une rue très commerçante, dans une ville plus importante, tout en gardant son propre emploi à La Poste. L’occasion se présente lorsqu’on leur propose un commerce situé au 130 rue de Lannoy à Roubaix, à l’angle de la rue Sainte Thérèse. C’était un ancien estaminet tenu dans les années 1920-1930 par Mr Delmarle, et inoccupé depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

plan cadastral

Le local est très vaste. Le rez-de-chaussée de 105 m2 permet d’aménager un magasin de vêtements, et l’étage d’installer un atelier de confection, pour continuer à produire les canadiennes mais également à développer la production d’autres vêtements ( manteaux, robes, complets etc ).

document collection privée

Emile et Germaine commencent leur activité, après de gros travaux d’aménagement intérieur. En 1954, ils font transformer une partie de la façade en abaissant la vitrine et en posant une vitre convexe anti-reflet, côté rue de Lannoy, de façon à attirer le regard des passants. Ils gardent leur habitation de Lys lez Lannoy avec leurs deux enfants Yves et Yvette.

document Y. Vanhonsebrouck

Le couple commence à communiquer par de la publicité dans la presse locale dans les années 1950. Ils proposent de nombreuses possibilités de financement pour la clientèle : « Le vêtement de votre choix pour 3000 Frs et le reste à crédit en 6 mois ». Germaine reste fidèle à son principe : proposer des manteaux, pardessus, imperméables, vestons, parkas à des prix bas en proposant des moyens de paiement à l’amiable, c’est à dire des prêts personnels sans passer par une société de crédit.

document Nord Eclair 1955

En 1959, c’est la façade, côté Sainte Thérèse qui est modifiée. Les 5 petites fenêtres sont remplacées par 3 magnifiques baies vitrées. Huit personnes travaillent désormais dans le commerce : une vendeuse au rez-de-chaussée, et à l’étage, un coupeur et des ouvrières sur machines à coudre. Emile abandonne son emploi à La Poste pour se consacrer à plein temps au commerce de son épouse.

documents Nord Eclair 1964 et 66

Emile communique sur son magasin en annonçant le « Super Marché du Vêtement » car en effet, il propose un choix immense de complets à des « prix usine » défiant toute concurrence. C’est donc toujours avec surprise qu’il constate des actes de vandalisme, lorsque la vitrine est brisée pour le voler et s’habiller encore à moindre coût.

document Nord Eclair 1966

En 1982, Emile 68 ans, et Germaine 64 ans prennent une retraite bien méritée. Leur fille Yvette reprend le commerce cette même année. Son frère Yves quant à lui souhaite continuer dans une carrière professionnelle technique.

document collection privée

Yvette continue sur la même lancée que ses parents : proposer des vêtements de qualité à des prix bas en organisant des promotions régulières comme : la braderie de la rue de Lannoy en Septembre, la fête des mères et la fin d’année.

document Nord Eclair années 1990

En 2002, Yvette Vanhonsebrouck pense à prendre sa retraite à son tour. Elle communique pour annoncer la liquidation totale du magasin et cesse son activité en 2003, après 55 années d’existence.

document Nord Eclair 2002

Le magasin deviendra ensuite successivement un commerce de vêtements de type oriental, puis rapidement une agence de voyages « Cap découverte », puis une supérette, et depuis 2018, c’est une boulangerie qui est installée et toujours en activité de nos jours.

document Google maps 2008
Photo BT

Remerciements à Yvette Vanhonsebrouck, ainsi qu’aux archives municipales.

Banque Emile Meeschaert

Emile Meeschaert est né en 1910 à Roubaix. En 1935, il crée un établissement financier et s’installe au 10 rue du Curé à Roubaix. C’était autrefois le siège de l’entreprise d’ameublements L. Pollet.

La banque Messchaert est une banque privée qui propose à sa clientèle de nombreux services : valeurs en bourse, agent de change de monnaies étrangères, conseiller financier etc. Les affaires fonctionnent très correctement grâce à la grosse clientèle d’industriels textiles de Roubaix et Tourcoing.

document Ravet Anceau 1937

A la fin des années 1940, Emile ouvre une deuxième agence à Tourcoing, au 15 rue de Lille. En 1949, il entreprend la réfection de la façade de son immeuble de Roubaix, au 10 rue du Curé. Son architecte DPLG, sis au 31 rue du Grand Chemin, lui propose la pose de briquettes et simili pierre en recouvrement des murs existants. Les travaux sont confiés à l’entreprise Desbouvrie.

document archives municipales 1949

Au début des années 1950, Emile, qui habite 74 rue du Grand Chemin, reprend l’immeuble voisin de son premier établissement au 12 rue du Curé, et, en 1956, demande un permis de démolir pour les dépendances situées au bout de son nouveau terrain ( écurie et remise ). Le dossier est confié au cabinet de l’architecte Constant Verdonck situé au 17 avenue Jean Lebas.

document archives municipales 1956

Les années 1960 sont particulièrement florissantes. Il se spécialise encore davantage en : analyste financier, conseiller en placements, gestion de portefeuilles, etc. Il diversifie ses activités et propose également le vente de billets de la Loterie Nationale !

documents collection privée

Son service d’agent de change et de monnaies étrangères se développe fortement dans les années 1960, car c’est vraiment le début des vacances des français. Les affaires sont donc propices au développement du tourisme. En 1966, Emile crée alors, au N° 12 de la rue du Curé une agence de voyages : « Roubaix Voyages ».

La façade du 12 rue du curé ( document archives municipales )
Publicité années 1970 ( document collection privée )

L’inauguration de « Roubaix Voyages » se déroule en Décembre 1966, en présence de Victor Provo et de très nombreuses personnalités ainsi que des représentants de la SNCF, des compagnies aériennes et maritimes.

Inauguration ( document Nord Eclair )
Publicité années 1970 ( document collection privée )
La façade du 10 rue du Curé ( document archives municipales )

Plus de 100 personnes travaillent désormais dans l’entreprise Meeschaert. Le fils d’Emile Meeschaert, Luc, né en 1941, aide son père, à la fin des années 60 à la gestion de l’entreprise. Il crée en 1974, la Société d’Etudes et de Gestion Financière Meeschaert à Paris.

La façade du 10 et 12 rue du Curé ( document archives municipales )
Publicité ( document collection privée )

Cédric Meeschaert, le fils de Luc, naît en 1974. Devenu adulte, Il vient compléter l’équipe dirigeante. Emile Meeschaert décède en 1992, à l’âge de 82 ans. Il avait de nombreuses activités extra professionnelles et notamment dans les domaines, social, culturel et religieux.

Décès d’Emile Meeschaert ( document Nord Eclair 1992 )

A la fin des années 1990, les architectes du futur « Espace Grand Rue » viennent présenter à la direction de la banque Meeschaert, les plans de l’implantation du Géant Casino, et annoncent qu’il va falloir rogner sur l’arrière des locaux, sans gêner outre mesure l’activité de l’entreprise. Par la suite, les architectes revoient leur copie et pour le coup, ce sont les deux immeubles qui sont concernés. L’entreprise est expropriée.

Jean-Luc Saint Maxent, directeur adjoint de la financière Meeschaert se met à la recherche d’un local dans la ville, mais rien ne lui convient, et de plus, coupé de ses racines historiques, il n’a plus vraiment de raisons objectives de rester à Roubaix. La banque déménage alors à Lille au printemps 1999, rue du Molinel, avec ses 42 employés.

document Nord Eclair 1999

Aujourd’hui, Cédric Meeschaert le petit fils d’Emile, est président du Directoire et président du Comité Exécutif du groupe Meeschaert. Entreprise indépendante, Meeschaert est un acteur de référence de la gestion privée et du « family office » en France, depuis près d’un siècle. L’agence de Lille se trouve aujourd’hui au 18 avenue de Flandre à Marcq en Baroeul.

Photo BT 2025

Remerciements aux archives municipales

La maternité de la rue du Grand chemin

Au 115 rue du Grand chemin à Roubaix, se trouve une immense bâtisse, occupée dans les années 1920 par le service exportation de l’entreprise G. Masurel Leclercq et fils. Dans les années 1930, Emile Lecomte Lenard reprend l’immeuble et le transforme en pension de famille pendant de nombreuses années.

Plan cadastral
Façade ( document archives municipales )

Dans les années 1940, Mireille Poiret est sage femme, elle travaille à la maternité Boucicaut, boulevard de Cambrai. Elle est ambitieuse et songe à créer sa propre maternité privée. L’occasion se présente, au début des années 1960, lorsque l’immeuble du 115 rue du Grand Chemin se libère. Elle reprend le bâtiment, y fait faire quelques travaux afin de le transformer en maternité.

document archives municipales

En 1964, elle prévoit d’augmenter le nombre de lits de sa maternité en passant de 12 à 20 lits, par transfert de 8 lits de la maternité de Mme Albert Carrouée, sise au 548 rue de Lannoy à Roubaix.

document collection privée

Dans les années 1970, Mireille Poiret décide d’agrandir sa maternité en aménageant 6 chambres supplémentaires au dernier étage et en créant un bloc opératoire. Les travaux sont réalisés par l’entreprise Delfosse-Guiot rue de Crouy à Roubaix.

documents archives municipales

Malheureusement, la maternité de Mireille Poiret ferme au début des années 1980. Le Ravet Anceau de 1982 annonce que l’ancienne maternité est occupée par le « Club Redoute 3° âge ». Puis plus rien ! L’immeuble du 115 rue du Grand Chemin reste inoccupé, sans aucun travaux d’entretien, et ce, pendant plusieurs années. L’immeuble se dégrade fortement : fuites des toitures, humidité, effondrement des plafonds, etc.

document archives municipales

En 1995, le propriétaire des lieux, la SRIEM, demande un permis de construire pour la création de 16 logements sur l’immeuble en question, à savoir la maternité en front à rue, en gardant surtout la façade extérieure, ainsi que la construction de 2 logements neufs à la place du second bâtiment donnant sur la rue du lieutenant Castelain.

document archives municipales

Mais, toujours pas de travaux à l’horizon, en fin d’année 1998, le bâtiment se dégrade de plus en plus, la porte cochère est délabrée, barrée par des planches, aux étages les vitres sont brisées, des morceaux de la façade tombent sur le trottoir etc

La Mairie prend alors un arrêt de péril, alors que l’OPAC (Office Puplic d’Aménagement et de Construction) nouveau propriétaire de l’immeuble demande l’installation de grilles devant l’immeuble pour la sécurité des passants.

document Nord Eclair 1999

Le 5 Janvier 1999, M Bauduin directeur de l’Office, est appelé pour dresser un diagnostic complet. Il faut absolument reconstruire mais préserver la façade, qui doit être étayée dans les plus brefs délais.

document Nord Eclair 1999

Le mois suivant, en Février 1999, le quotidien Nord Eclair annonce qu’il ne restera bientôt plus rien de la maternité Poiret. En effet, les diagnostics de plusieurs experts, sont sans appel : l’immeuble est dangereux, les 13 mètres de façade peuvent s’écrouler à tout moment, le risque est trop important pour les immeubles voisins. Il faut se rendre à l’évidence :la démolition totale est inéluctable !  On peut alors déplorer que cette bâtisse ( magnifique à l’époque ) chargée de vie disparaisse, faute d’avoir été entretenue, voire seulement protégée des pillages qui l’ont fragilisée. En 2009, débute la construction d’un bâtiment neuf d’une dizaine de logements.

Photo BT 2025

Remerciements aux archives municipales

Un plongeur habillé à Barbieux !

En cet après-midi ensoleillé de Juin 1964, rien ne semble pouvoir troubler la douce quiétude des allées fraîches et ombragées du parc de Barbieux à Roubaix.

Soudain, un homme tout habillé se jette à l’eau ! Les promeneurs ébahis pensent tout de suite à une tentative de suicide et s’apprêtent alors à sauver le désespéré.

document Nord Eclair 1964

Mais les spectateurs sont étonnés de voir l’homme rejoindre la rive, et de voir un photographe prendre de nombreux clichés. Mais qu’est ce donc ? Que se passe t il ?  Le journaliste et le photographe informent alors les personnes présentes afin de les rassurer. Non, non, cet homme n’est pas fou, il a fait cet incroyable plongeon dans le lac de Barbieux, tout simplement pour démontrer les qualités exceptionnelles d’un costume vraiment miracle : le Zefal Tergal de Devianne.

document Nord Eclair 1964
document Nord Eclair 1964

Et le lendemain, un article publicitaire paraît dans la presse locale, pour cet événement, et pour mettre en avant les avantages exceptionnels de ce costume en Tergal, très léger et idéal pour la saison printemps-été. Encore un bon coup de publicité, de la part de la maison Devianne.

document collection privé

Remerciements aux archives municipales.

Lino Roubaix

Au début des années 1930, Jean Tanghe et son épouse, née Adelphine Ferrant, s’installent commerçants au 90 rue de Lannoy à Roubaix. Leur commerce baptisé : « Lino Roubaix » propose à la clientèle des linoléums, et revêtements de sols plastique. C’est une petite boutique située à deux pas du boulevard de Belfort.

Publicité 1959 ( document collection privée )

Ils développent leur activité, au début des années 1950, en ajoutant une gamme complète de papiers peints, de couvre parquets et couvre-pieds. Jean Tanghe devient alors le spécialiste roubaisien en matière de lino, papiers peints et peintures. Les affaires fonctionnent très correctement.

Jean Tanghe a un sens inné du commerce, il communique énormément dans la publicité par des encarts dans la presse locale ou en offrant des petits objets cadeaux comme des petites balles pour les enfants.

document bnr

Au tout début des année 1960, les commerçants de la rue de Lannoy, situés entre la place de la Liberté et le boulevard de Belfort, s’inquiètent car cette partie de rue va disparaître. Le projet Roubaix 2000 arrive à grand pas, la démolition de cette partie de la rue est programmée pour 1965.

Une centaine de commerces doit donc déménager. Chaque commerçant va devoir trouver un nouveau local dans le centre ville, ce qui risque de créer une forte demande, et d’être un peu compliqué. Jean Tanghe en profite pour prendre sa retraite. Son fils Jean-Claude, né en 1932, et son épouse Francine née Debruyne reprennent alors l’affaire, et décident d’anticiper leur départ. Le magasin du 90 de la rue de Lannoy devient alors, de 1962 à 1965, la vitrine d’un commerçant voisin : « Au Petit Joseph », situé au n°94, et ce jusqu’à sa démolition.

le 90 rue de Lannoy en 1962 ( document archives municipales )

Le couple trouve un superbe local, à l’angle de la rue Pierre Motte et du boulevard Leclerc, en 1962, en plein centre-ville. C’était auparavant un café restaurant bien connu des roubaisiens : « La Rotonde » qui vient de fermer ses portes.

La Rotonde ( document collection privée )

Les travaux d’aménagement pour le nouveau magasin durent près d’un an, et Lino Roubaix ouvre en Avril 1963. L’emplacement du point de vente est idéal à l’angle de deux artères importantes de la ville. Un seul point de vente mais deux adresses pour communiquer : 16 rue Pierre Motte et 47 boulevard Leclerc. De plus, pour les clients motorisés, des parkings sont à leur disposition sur le boulevard Leclerc et sur l’ancien emplacement des Halles pour un stationnement aisé.

Publicité 1963 ( document Nord Eclair )

Le magasin est magnifique, la situation d’angle ayant permis l’installation de nombreuses vitrines, ainsi qu’un système rationnel de présentation et de vente des produits, à l’intérieur du magasin très vaste, installé sur 229 m2 au sol qui permet au couple Tanghe d’exposer un choix immense de linos ( Sarlino en particulier ), revêtements plastiques, papiers peints ( à tous les prix ) peintures de grande qualité ( Valentine ).

document Nord Eclair

Pour son inauguration, Victor Provo n’ayant pu se déplacer, est remplacé par Georges Pluquet, adjoint, qui exprime sa surprise devant une telle réalisation d’un magasin moderne et attrayant dont les installations ne manqueront pas d’attirer de nombreux Roubaisiens.

Un an plus tard, en 1964, Jean Claude et Francine décident de doubler leur surface de vente, en aménageant le premier étage. De nombreux tapis et carpettes y sont exposés dans un cadre ravissant et de haut goût. Un choix impressionnant est proposé, allant de la moquette en fibre végétale jusqu’aux somptueux tapis en passant par les carpettes en fibres synthétiques.

En 1973, Jean Claude modifie la présentation des papiers peints dans son point de vente. Chaque rouleau de marque française ou étrangère, est proposé à la clientèle, sur un pan de mur, de façon harmonieuse, ce qui permet de mieux visualiser et d’imaginer le résultat dans une pièce complète. Un personnel compétent conseille les clients et un service décoration à domicile est tout à fait possible.

Publicité 1973 ( document Nord Eclair )

Au milieu des années 1970, les affaires deviennent de plus en plus difficiles, car les grandes surfaces spécialisées en bricolage décoration s’implantent en périphérie de ville. Le point de vente essaie de s’en sortir en ajoutant des gammes complémentaires de produits, comme des objets cadeaux gadgets.

document Nord Eclair

Mais malheureusement, le magasin Lino Roubaix ferme définitivement ses portes quelques temps après. En Avril 1977, l’enseigne TMF qui possède déjà 4 magasins sur la région, à Lille, Tourcoing, La Madeleine et Calais, reprend le fonds de commerce pour s’installer à Roubaix en tant que spécialiste de produits électro-ménager ( machines à laver, réfrigérateurs, cuisinières etc )

Publicité 1977 ( document Nord Eclair )

L’enseigne TMF ne reste que très peu de temps, et ferme ses portes également. La Banque Populaire reprend le bâtiment, y fait effectuer de gros travaux d’aménagement intérieur, en 1978. La nouvelle agence bancaire ouvre en Mai 1979, et est toujours présente de nos jours.

Publicité 1979 ( document Nord Eclair )

Remerciements aux archives municipales.

Les Studiantes

Dans les années 1930, trois immeubles imposants se trouvent au début de la rue de Lille, côté pair. Le numéro 26 appartient à Auguste Wattinne-Lestienne, le 26 bis à A Wattinne-Toulemonde et le 28 quant à lui, est occupé par le cours Lacordaire.

le 26 de la rue de Lille en 1899 ( document archives municipales )
Vue aérienne des 3 immeubles en 1947 ( document IGN )

En Février 1944, l’architecte Albert Bouvy s’inquiète de l’état insalubre de ces immeubles et en particulier des champignons du bois qui ont attaqué les murs, les planchers et les menuiseries. L’occupation allemande de l’époque n’a pas arrangé les choses ! Les trois immeubles sont donc rasés au début des années 1950. Les terrains restent en friche durant quelques années. En 1967, l’Union générale de distributions de Produits Pétroliers, demande un permis de construire pour une station essence à l’enseigne Elf et un logement. Les travaux démarrent en Octobre 1967.

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Vue aérienne 1976 ( document IGN )

Le « Garage des Amis » ouvre ainsi au 26 28 rue de Lille. Il propose bien sûr, la vente de carburants, mais également de nombreux services complémentaires pour l’entretien des véhicules : vidange, graissage, réparation de crevaison, plaquettes de freins etc. Le gérant, qui habite sur place, devient peu de temps après agent Renault pour véhicules neufs et d’occasion.

document collection privée
document Nord Eclair
document Nord Eclair

En Mars 1988, un changement d’enseigne intervient et la station Elf devient ALTY.

document collection privée

Malheureusement ce changement d’enseigne n’est pas très positif et la station-service ferme ses portes peu de temps après.

( document archives municipales )
( document archives municipales )

En Mars 1992, un permis de démolir est demandé pour la station service par l’entreprise Marignan Immobilier à Lille, qui dépose en même temps un projet de construction de 96 logements pour étudiants : « Les Studiantes de Roubaix ».

Projet ( document Nord Eclair )

Marignan Immobilier, filière du Crédit Foncier, est un groupe privé qui construit et finance cette résidence de 96 logements d’environ 20m2, sur 5 niveaux. Les risques encourus sont minimes, car la demande de logements est très forte, et le restera encore quelques années, vu la proximité des grandes écoles, des lycées, du Mongy, du futur Métro et du resto U de la rue de Crouy.

Pose de la première pierre, rue de Lille ( document Nord Eclair )

La résidence « Les Studiantes » est construite sur 1500 m2, à l’emplacement des 26, 26 bis et 28 de la rue de Lille, et donc située entre le cabinet Kimmel-Briet au 24 et le Crédit Municipal au 30. Les travaux commencent en Septembre 1992 et se terminent à la rentrée 1993.

Les Studiantes de Roubaix ( Photo BT )

Remerciements aux archives municipales

Entreprise Vantieghem

Suite d’un précédent article édité et intitulé : « Une entreprise Leersoise »

Achille Vantieghem et son épouse Marcelle, née Moreels, créent leur entreprise de fabrication de fleurs artificielles, à Leers, à la fin des années 1940. Les affaires fonctionnent parfaitement bien et leur petite maison de Leers s’avère rapidement trop petite.
En 1950, Achille et Marcelle décident donc de transférer leur entreprise à Roubaix. Ils s’installent dans un bâtiment au 31 boulevard de Paris. Sur la photo ci-dessous, Marcelle se trouve sur le pas de la porte ; la rue perpendiculaire est la rue Chanzy, et le bâtiment de l’autre côté de la rue, est le magasin de meubles Mac Mahon de Louis Delescluse.

Le 31 boulevard de Paris ( document R-M Renard )

L’entreprise continue de fabriquer ses fleurs artificielles de façon artisanale. Elle découpe les matières : du tissu, du rhodoïd, du celluloïd. Les fleurs sont faites à la main avec des moules et les pétales sont fixés sur une tige.

document R-M Renard

Les affaires continuent de se développer, et le local, si grand soit-il, ne convient plus, ni pour l’atelier, ni pour le stockage. Achille et Marcelle déménagent leur entreprise et leur domicile au 172 174 et 176 rue Jouffroy, en 1961. C’était auparavant la manufacture de bonneterie G. de Brauwere. La surface importante du lieu, de 300 m2, leur permet de tenir quelques années, face au développement de l’entreprise.

Marcelle supervise la production avec l’aide de sa sœur Gisèle, Achille quant à lui, développe le service commercial. Il prospecte la clientèle et en particulier les entreprises de pompes funèbres. Ils proposent un choix considérable de fleurs, plantes, gerbes et couronnes d’une qualité irréprochable. Des représentants sillonnent les routes de nombreuses régions pour proposer les produits chez les fleuristes, les entreprises de Pompes Funèbres, et autres commerces.

Composition florale Vantieghem ( document R-M Renard )

Dans les années 1970, les époux Vantieghem ont une cinquantaine d’années. Ils n’ont pas eu d’enfants, mais ils pensent à l’avenir, car ils souhaitent plus que tout, que l’entreprise reste familiale. Ils proposent alors, en 1975, à leur neveu Marc Hubrecht et leur nièce Rose-May Renard de les rejoindre dans la société.

En 1981, vu le développement des affaires, les locaux de la rue Jouffroy deviennent trop exigus. l’entreprise trouve alors un bâtiment beaucoup plus spacieux au 118 rue Decrème, autrefois occupé par l’entreprise Carissimo qui fabriquait des tissus d’ameublement.

document R-M Renard
document archives municipales

La production a évolué : à Leers, c’était plutôt des fleurs montées à la main avec du tissu, puis boulevard de Paris c’était l’époque du celluloid avec des moules, une découpeuse et des gaufroirs. Rue Jouffroy c’était le plastique de la région d’Oyonnax, et les premières fleurs en tissus importées de Chine. Rue Decrême, beaucoup moins de plastique et plus de fleurs et de plantes en tissu (polyester notamment). L’usine de Roubaix se spécialise donc en montage de compositions florales.

atelier ( document R-M Renard )
carte de visite ( document R-M Renard )

Malheureusement, dans la nuit du 14 au 15 Août 1991, un incendie ravage les locaux du 118 de la rue Decréme. Les pompiers, arrivés rapidement sur place, découvrent un véritable brasier. L’atelier et la salle de stockage ont été très endommagés. Seule la salle d’exposition des produits et échantillons a été épargnée par le feu. C’est un gros coup dur pour l’entreprise familiale, car les fleurs artificielles étaient prêtes pour être expédiées dans les points de vente, pour la Toussaint toute proche.

document Nord Eclair 1991

Tous les membres du personnel sont bien décidés à repartir. D’importants travaux de rénovation sont alors entrepris pour redémarrer l’activité. Achille et Marcelle prennent leur retraite, Rose-May Renard et Marc Hubrecht, leur nièce et neveu, deviennent alors co-gérants de l’entreprise. Malheureusement, un deuxième incendie intervient en Mai 1992. L’atelier de confection est anéanti, le stock est parti en fumée. C’est de nouveau la désolation. Selon les pompiers, cela ne fait aucun doute : l’incendie est d’origine criminelle. La production va cependant continuer dans une autre partie des bâtiments. Tout le personnel va s’atteler à nettoyer, réparer, reconstruire et redémarrer .

document Nord Eclair 1992

La direction s’efforce de maintenir le cap. Elle prend la décision de négocier directement les achats, lors des déplacements chez les gros fournisseurs en Chine, et développe le marché commercial, lors de différents salons comme à Villepinte en région parisienne.

document R-M Renard

En 2005, un important promoteur immobilier propose aux dirigeants de l’entreprise Vantieghem de racheter les locaux du 118 de la rue Decrême, car il a un projet ambitieux pour la création de 35 lofts : « Factory 118 ».

document Nord Eclair 2005

L’affaire est conclue en Mars 2005 par l’intermédiaire du cabinet Immo Saint Martin de la Grand’Place. L’entreprise Vantieghem déménage à nouveau et part au 128 rue de la Vallée à Hem, dans un local en location de taille plus modeste et plus fonctionnel, pour aménager l’atelier et le stockage sur un seul niveau.

Cependant, dans le secteur du funéraire, les ventes de fleurs s’effondrent, car les familles des défunts choisissent de plus en plus la crémation plutôt que l’enterrement. Les fleurs disparaissent des cérémonies. Puis les départs en retraite sont envisagés. L’entreprise ferme définitivement ses portes en 2009.

Remerciements à Rose-May Renard ainsi qu’aux archives municipales

Tissage et impression sur étoffes Henri Duprez

La société Duprez, fondée en 1919, s’établit à Hem, des n°46 à 52, avenue de la Gare, actuelle avenue Henri Delecroix, en 1928, au lieu-dit les Bas Prés, au milieu des champs. L’usine est consacrée au tissage, la teinture, l’apprêt et l’impression sur tissu de coton, spécialisée dans la toile à matelas.

Photo aérienne de l’usine en 1933 (Document IGN)

Né le 15 février 1904 à Wattrelos, fils d’Alcide Duprez, industriel, et de Léonie Vanhoutte, Henri Duprez a épousé en 1927 Agnès Leman, avec laquelle il aura cinq enfants. Il est ingénieur de l’école du génie civil, après des études au pensionnat « La Visitation d’Audenarde », à Saint-Louis et Notre Dame des Victoires à Roubaix, où il rencontre Jean Catrice avec lequel il noue une amitié durable.

Une des premières cartes de visite de l’entreprise (Document collection privée)

Bien vite cette société à responsabilité limitée, teinturerie, tissage et apprêts, spécialisée en toile à matelas, qui fonctionne avec des représentants dans les environs de Roubaix, se développe dans le domaine des coutils et literie en tout genre, velours et tissus d’ameublement et se voit adjoindre des « maisons » à Paris, rue du Faubourg Saint-Antoine, à Lyon, 156 rue Vendôme, à Marseille, 33 rue Sainte et à Bordeaux, 41, cours Victor Hugo. L’usine hémoise reproduit également des œuvres d’art sur textile.

Une des cartes de visite suivantes (Document collection privée)
Reproduction d’oeuvre d’art (Document Proantic)

En 1934, celle-ci est répertoriée dans l’annuaire de la production de Roubaix, comme tissage, teinture et apprêt de coutils et tissus d’ameublement. Deux ans plus tard, Henri Duprez fonde également la société africaine de tissage et teinture à Casablanca, puis, 11 ans plus tard la Cotonnière africaine à Alger, une usine de filature, tissage et teinture. Patron aux idées sociales avancées il crée les premiers congés et instaure l’intéressement des ouvriers aux bénéfices de l’entreprise.

Extrait de l’annuaire de la production de Roubaix en 1934 (Document collection privée)

Lors de la seconde guerre mondiale, il est mobilisé fin août 1939 mais libéré dès le mois d’Octobre pour raisons familiales. Mais en juin 1940, réfugié avec son épouse et ses 5 enfants à Fort-Mahon, et malgré la présence des allemands, il installe un poste radio sur accus, la ville étant privée d’électricité, pour écouter la diffusion publique des appels du Général De Gaulle, et pense rejoindre l’Angleterre. Mais tout compte fait, il estime avoir beaucoup à faire en restant en France et commence son travail de résistant, grâce à l’obtention d’un laisser-passer de la part des autorités allemandes lui permettant de rentrer à Hem.

Il s’occupe des prisonniers français stationnés en France et en Belgique. Il essaie, en vain, de retrouver dans les camps de prisonniers en Belgique et en Hollande, son ami Raoul Broutin, neveu de Jean Lebas. Mais il ne revient pas bredouille car il ramène une valise de lettres remises par des prisonniers n’ayant aucun moyen de correspondance.

Puis il part voir d’autres prisonniers en France et facilite l’évasion de plusieurs d’entre eux. Chaque fois il ramène des paquets de lettres et fait même insérer une annonce dans l’Echo du Nord en 1940 pour informer le public que partout dans la région bordelaise il se charge de lettres et commissions, avant de partir pour Bordeaux chargé de 3 valises.

En-tête du journal l’Echo du Nord (Document BNF)

A Toulouse, la même année, il tient une réunion publique devant les réfugiés du Nord, au cours de laquelle il tient des propos anti allemands qui lui valent d’être ramené à la gare par un chef de sûreté qui le menace d’arrestation. Il retrouve l’usine de Hem sinistrée et emploie toute sa main d’oeuvre disponible à sa reconstruction, en espérant n’avoir jamais à travailler pour les allemands.

Un an plus tard, il réunit les délégués du personnel pour leur exposer le choix qui s’offre à l’entreprise : « travailler en partie pour l’ennemi ou fermer l’usine jusqu’à la fin de la guerre ». A l’unanimité la reprise du travail est décidée, mais ne sont acceptées que des matières premières de provenance allemande et toutes les astuces sont bonnes pour retarder les livraisons des articles tissés. Les seules livraisons sont effectués aux dépôts allemands de Croix où elles sont bloquées jusqu’à la libération.

Photos de la Sainte-Catherine dans l’entreprise en 1942 (Documents collection privée)

Henri Duprez est le premier maillon de la chaîne constituée à Hem par les mouvements de résistance. En mettant en place son service postal clandestin il devient le messager anonyme qui rend service à la population hémoise. Parallèlement il constitue un groupe de résistance avec Jean Chevalier, imprimeur, du nom de « La Vraie France » dont il est responsable et qui assure différentes missions :

-la rédaction et la diffusion de journaux clandestins : « les Petites Ailes », journal créé par Jacques-Yves Mulliez, et la « Vraie France », journal du réseau.

En tête du journal clandestin dactylographié : les petites ailes (Documents Wikipedia )

-l’hébergement des anglais bloqués dans les environs ; ainsi, plusieurs centaines de britanniques ont trouvé refuge dans des familles modestes de Hem et des environs.

-la conduite de ces anglais en France Libre ; quelques 200 soldats sont ainsi passés du Nord vers le Sud.

-la réunion de documents pour les services secrets : renseignements militaires, mouvements de trains, effectifs, plans…, transmis à l’Etat-Major allié par radio, à l’aide d’un poste clandestin

-fourniture de fausses cartes d’identité : environ 5000 cartes sont ainsi délivrées aux soldats anglais, aux prisonniers, aux réfractaires, aux juifs…

-constitution du premier corps francs : unité spéciale d’infiltration et de reconnaissance en profondeur, qui devient ensuite la 17ème compagnie du MLN (Mouvement de Libération du Nord) en 1944 lequel fournit les cadres de l’état major FFI de la place de Roubaix et de ses cantons.

Fin 1942, Henri Duprez, avec le pasteur Pasche et Gustave Leignel de Marcq-en-Baroeul, est à l’origine du Secrétariat d’assistance judiciaire devant les tribunaux allemands. Le but de ce comité est de procurer des avocats français parlant allemand pour assurer la défense des détenus de la prison de Loos dirigée par le capitaine allemand Otto Simbler.

C’est la preuve éclatante que les français n’abandonnent pas à leur triste sort les résistants capturés et emprisonnés. Leur réconfort matériel et moral et celui de leur famille est une priorité et des fonds sont ainsi mis à disposition des familles privées de ressources. Au sein même de la prison est installée une cuisine qui assure des repas chauds aux frais de l’organisation.

Certificat d’emploi d’une employée en 1944 (Document collection privée)

Toutes ces actions n’empêchent pas Henri Duprez d’être dénoncé par un « ami » auprès du Commissaire de la République à la fin de la guerre : lui sont reprochés ses nombreux voyages, dont la cause est pourtant connue, sa collaboration avec l’ennemi, alors qu’il s’est publiquement opposé au travail pour celui-ci, d’avoir fait du marché noir dans son usine de Gironde, alors qu’il y recueillait les réfractaires du STO (Service du Travail Obligatoire), d’avoir hébergé un homme recherché par la résistance ou de n’avoir pas dénoncé la cache d’un milicien…

Fort heureusement les faits parlent pour lui et le Commissaire de la République le missionne pour assurer les réquisitions et protections de locaux, notamment ceux du Journal de Roubaix. Par ailleurs, capitaine FFI, il est nommé président du comité local de libération de la ville de Hem. A cette époque il est domicilié avec sa famille au n°5 place de la Liberté à Roubaix à côté de la Banque de France, où il réside encore dans les années 1950.

Le n°5 Place de la Liberté de nos jours (Document Google Maps)
Le brassard Commissariat de la République d’Henri Duprez (Document Musée de la résistance en ligne)

Dans le Ravet-Anceau de 1945, l’entreprise apparaît au nom de Duprez et Cie, toiles à matelas, avenue de la Gare. Tout en dirigeant son entreprise, de mars 1945 à octobre 1946, Henri Duprez dirige également les activités du Service Régional des recherches des crimes de guerre ennemis commis dans le Nord sauf en ce qui concerne le massacre d’Ascq, sur lequel il publie néanmoins plusieurs rapports.

A suivre…

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui

La broche de Fer ( suite )

Leur devise reste toujours : « La Broche de Fer, Bonne chère et pas cher ». A la fin des années 1950, l’activité en semaine reste satisfaisante, mais le dimanche c’est l’effervescence : Il faut refuser du monde ! Léon et Raymonde décident alors de supprimer la bourloire et d’y aménager, en 1957 une salle de restaurant : La Grande Salle qui devient alors un outil bien nécessaire pour satisfaire la demande. L’affaire devient prospère et Daniel, leur fils vient aider aux fourneaux. Cette salle accueille de nombreux banquets et repas de mariages.

document familles Lepers et Spriet
document familles Lepers et Spriet

Daniel Spriet se marie avec Annette, née Imbrecht, en 1963, et le couple reprend la succession l’année suivante, en 1964. Daniel et Annette décident de refaire la façade, typique avec des lacis de bois.

document familles Lepers et Spriet

Les années heureuses et laborieuses voient défiler les travaux d’embellissement intérieur de 1965 à 1970. Le magasin et l’estaminet deviennent salle de restaurant, les petites salles sont complétement restaurées et la surface de la cuisine est quintuplée.

document familles Lepers et Spriet

Instantané de mémoire : « La Broche de Fer, ce sont des souvenirs d’enfance pour la petite hémoise que j’étais. Les repas de famille, notamment à la fête des mères, y étaient l’occasion de retrouvailles joyeuses autour d’un repas toujours délicieux et très attendu par chacun. L’atmosphère y était toujours chaleureuse et l’on y entrait le midi pour en ressortir en toute fin d’après-midi. »

Fort heureusement le restaurant est fermé deux jours consécutifs dans la semaine, le mardi et mercredi, ce qui permet avec les vacances de Février et Juillet, à tout le personnel de recharger les batteries. Pour suivre l’évolution du restaurant, le personnel a considérablement augmenté surtout le week-end, pendant les années 1970 1980.

document familles Lepers et Spriet

En 1986, Annette déserte peu à peu, le service en salle, non pas par gaieté de cœur, mais pour se soigner. Elle reste néanmoins fidèle et s’occupe de la comptabilité, des menus, de l’administratif. Daniel Spriet n’échappe pas non plus à la maladie et se fait remplacer en cuisine. Tous les membres du personnel «  mettent le paquet » pour garder et entretenir le slogan « Bonne chère et pas cher à la Broche de Fer ».

document familles Lepers et Spriet

Avant de décéder le 4 Novembre 1992 à l’âge de 56 ans, Daniel décide d’écrire et d’éditer un petit livret sur l’histoire de « La Broche de Fer », qu’il met en vente au prix de 200 FB au profit de la recherche contre le cancer.

document familles Lepers et Spriet

A la fin des années 1990, Annette continue seule l’activité, avec beaucoup de difficultés, malgré quelques publicités dans la presse locale française pour essayer de redynamiser le restaurant.

Publicité Nord Eclair 1997

En Décembre 1997, Annette arrête son activité et cède le restaurant à Alain Dhondt, un cousin germain, qui a travaillé de nombreuses années et a appris le métier sous la houlette de Daniel Spriet. Françoise Aubert son épouse, a fait toutes ses classes dans la société Moresto ( restaurant La Cloche ) et connaît donc parfaitement le métier.

Annette au centre, entouré d’Alain Dhondt et de Françoise Aubert – document Nord Eclair 

Malheureusement, dans les années 2000, la fréquentation du restaurant ne cesse de baisser au fil des années. Le restaurant « La Broche de Fer » ferme définitivement ses portes quelques années plus tard en Juin 2016. C’est une fermeture qui a beaucoup marqué les habitants d’Herseaux, mais également de Mouscron et des villes de Wattrelos et Roubaix. La Broche de fer c’est 150 ans d’histoire et de souvenirs pour de nombreuses familles. Le restaurant a vu défiler plus d’un million de clients ! Une riche et belle histoire se termine.

De nos jours, l’immeuble de « La Broche de Fer » est en partie occupé par un centre de paris sportifs belge : « Ladbrokes ».

La broche de fer en 2024 ( Photo BT )

Remerciements aux membres de la famille Spriet, pour l’édition de leur petit livret : « La Broche de Fer, une vie, une passion ».

La broche de Fer

En 1866, Jules Lepers décide de créer son commerce dans le quartier de la broche de fer, situé entre Wattrelos et Herseaux en Belgique.

Jules Lepers ( document familles Lepers et Spriet )

Ce commerce se trouve donc juste à la frontière où passe le chemin de fer qui fait un arrêt pour l’inspection douanière. De nombreux ouvriers belges passent la frontière pour venir travailler en France, car l’embauche est importante dans les entreprises textiles de Wattrelos et Roubaix.

document collection privée
document familles Lepers et Spriet

Le commerce de Jules est donc une halte intéressante pour les frontaliers, pour le ravitaillement en denrées diverses, et en particulier le café et le tabac. Le café vert est torréfié sur place et empaqueté, les feuilles de tabac sont séchées, coupées et mélangées.

document familles Lepers et Spriet

Le magasin assure un service rapide pour servir les clients. Il en est de même pour l’estaminet le jouxtant qui accueille les amateurs de bistouille.

Le commerce est immense, et comprend une cour ombragée, bordée d’un côte par la bourloire, et de l’autre côté par une succession de 6 pièces nécessaires au stockage des produits du commerce.

document familles Lepers et Spriet

Le dimanche, l’établissement connait une toute autre activité. En effet, ce sont les Français qui passent la frontière pour venir se divertir. ils y viennent en tramway et descendent à l’arrêt au lieu-dit « Contour Saint Liévin ». Les Wattrelosiens, Roubaisiens et même Tourquennois apprécient les fameuses bières belges ( le Stout, la Kriek, le Gueuze Lambic ), les tartines de jambon avec de succulentes frites, et passent leur dimanche agréablement aux sons du piano, de l’accordéon et des chansons populaires. Ils profitent également de cette ambiance, en faisant une partie de cartes, de bourle ou de tir à l’arc.

document familles Lepers et Spriet

Oscar Lepers, un des fils de Jules reprend le flambeau pour continuer l’activité. Oscar et son épouse ont trois enfants : Maurice, Gabrielle et Raymonde.

Oscar Lepers parmi son personnel ( document familles Lepers et Spriet )

En 1914, la guerre éclate. Oscar y participe, l’établissement est réquisitionné par les allemands. Une période de misère s’installe alors, mais les années passent, et le plaisir de revivre, de travailler et de s’amuser revient.

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document collection privée
document familles Lepers et Spriet

Raymonde Lepers, la fille d’Oscar, se marie avec Léon Spriet, boucher à Wattrelos. La situation du commerce reste difficile en cette période d’entre deux guerres. Deux enfants naissent de leur union : Michel en 1934 et Daniel en 1936. Puis la seconde guerre mondiale éclate, la maison est à nouveau fermée pour quelques années.

Raymonde Lepers et Léon Spriet ( document familles Lepers et Spriet )

Léon rentre de la guerre sans blessure fort heureusement. Il faut se réorganiser car les caisses sont vides. L’après guerre c’est le problème du ravitaillement pour les Français et les ballots de tabac qu’il faut passer à travers la surveillance des douaniers. Le magasin assure l’essentiel de l’activité de la maison, car le restaurant n’attire plus la clientèle dans l’immédiat. Il faut attendre le début des années 1950 pour retrouver quelques modestes activités culinaires.

document familles Lepers et Spriet

En 1952, Léon et Raymonde aménagent une vraie salle de restaurant et ajoutent quelques spécialités à la carte : cuisses de grenouilles, escargots, anguilles etc.  La clientèle revient peu à peu.

Léon est en cuisine, Raymonde en salle avec Germaine une amie et le fidèle Georges vient aider le dimanche. Les clients apprécient de plus en plus l’accueil, la qualité des plats et les prix abordables et sont fiers de faire découvrir à leurs amis, l’existence du restaurant « La Broche de Fer ».

document collection privée

à suivre . . .

Remerciements aux membres de la famille Spriet, pour l’édition de leur petit livret : « La Broche de Fer, une vie, une passion ».