Tapisserie Page

En 1883, Edmond Page, maître tapissier, débute dans l’industrie de l’ameublement à la Justice à Roubaix. Il tisse également dans son usine des courtepointes et couches destinées à langer les bébés. A l’époque, dans la méthode française, on enveloppe l’enfant de trois langes superposés : lange de toile ou d’œil fin, lange de duvet, lange de flanelle. On assujettit le lange par des épingles de sûreté placées au-dessus des jambes, de façon que ces dernières restent libres.

Exemple de courtepointe du 19 ème siècle (Document Etsy)

En 1911, son ancienne usine, ayant été détruite par un incendie, il en bâtit une nouvelle 62 rue du Cimetière de Lannoy (actuellement rue des Trois Villes) à Hem. Cette fois il y installe du matériel plus perfectionné pour tisser : soieries, tapisserie coton, velours à dessins jacquard, velours imprimés et moquettes coton.

Exemple de tapisserie des Flandres du 17ème siècle (Document Selency)

Il reprend alors la tradition des anciens maîtres tapissiers célèbres pendant tout le Moyen-Age. Lors de l’invasion allemande pendant la 1ère guerre mondiale, l’ennemi détruit une partie de son matériel et dévalise spécialement ses riches collections de tapisseries des Flandres. Avec courage, il refait ses modèles consistant en garnitures de fauteuils et sofas, en bordures et en panneaux décoratifs.

L’usine Page (Document Historihem)

Dans l’immense bâtiment de briques rouges et blanches il y a jusqu’à 130 salariés et 80 métiers qui tournent. Les métiers à navette datent de 1927 et dans l’atelier se trouve même un vieux métier à tapisserie à la main avec une pédale et la mécanisation progressive de l’usine n’empêche nullement le tisserand de multiplier les interventions sur son ouvrage.

Les cartons Jacquard et les bobines de couleur (Document Historihem)

D’immenses étagères en bois montant jusqu’au toit abritent les cartons jacquard avec tous les motifs utilisés depuis le début de l’activité. Les bobines de couleur, enroulées sur du bois sont pendant longtemps surveillées par des enfants d’une douzaine d’années, jusqu’à ce que le travail des enfants soit interdit.

Le tisserand doit veiller à l’humidité des cartons jacquard, retendre ou renouer les fils qui se brisent. Les piquetières quant à elles vérifient les raccords et éliminent, le cas échéant, le point jaune qui s’est glissé dans un motif bleu au milieu d’une scène de chasse de 2 mètres sur 3…

Les métiers à navette (Document Historihem)

Les cartons jacquard, c’est l’ancêtre de l’informatique : un carton perforé de couleur blanche que l’on aperçoit au sommet des machines. Chaque trou contrôlant un fil de laine, le carton jacquard contient donc la programmation d’un dessin ou d’un motif. Les métiers à tisser à navette travaillent selon la technique dite de la double pièce qui permet de fabriquer du velours.

Avant la 2ème guerre mondiale, la région de Lannoy est non seulement la capitale française de l’industrie du tapis mais aussi le centre mondial du tapis. Les villes d’Hem, Lannoy et Lys-lez-Lannoy forment à l’époque « la vallée des tisseurs » et l’usine Page, située dans le quartier du Petit-Lannoy à Hem se trouve au cœur de ces 3 villes.

La rue qui l’abrite et qui sera par la suite nommée : rue des 3 Villes a en effet la particularité de n’être hémoise que d’un côté, le côté droit en venant de Lannoy, où se situe précisément l’usine et la maison de maître de la famille. De l’autre côté c’est la rue du Cimetière pour Lannoy puis la rue de Metz pour Lys-lez-Lannoy.

Vue aérienne de l’usine jouxtant la maison de maître en 1962 (Document IGN)

De père en fils les générations de la famille Page se succèdent à la tête de l’entreprise. Dans les années 1950, R Page et Cie est répertorié dans 4 rubriques : fabrication de tissus pour ameublement, tapis moquettes fabrication, tapis fabrication et , sous forme de SARL, tapisserie fabrication. La demeure familiale est alors au nom de R. Page-Crespel et se trouve au même endroit jusque dans les années 70.

En février 1955, un incendie se déclare dans la salle de piqurage et la vingtaine d’ouvrières qui a pris son service à 13h voit soudain des flammes s’échapper d’un tas de pièces finies ou à finir, entreposé dans cette salle qui sert aussi de magasin. L’alerte est donnée aussitôt et les pompiers de Roubaix arrivent sur les lieux.

Les soldats du feu attaquent le sinistre à l’aide de plusieurs lances alors qu’une épaisse et âcre fumée s’échappe des matières en combustion. Au bout d’une heure d’efforts tout danger d’extension de l’incendie est écarté et les pompiers entreprennent alors de déblayer les quelques vingt mille kilos de matières textiles.

Les bâtiments n’ont heureusement pas beaucoup souffert mais les dégâts devraient quant même atteindre plusieurs dizaines de millions les vingt tonnes de tapis et tissus d’ameublement étant hors d’usage. Aucun blessé grave n’est à déplorer, seuls deux ouvriers ayant été légèrement incommodés par les émanations.

Incendie aux établissements Page en 1955 (Document Nord-Eclair)
Publicités des années 1970-1980 (Documents Historihem et collection privée)
Vue aérienne de l’usine et de la demeure familiale en 1972 puis de l’usine et d’une nouvelle maison bâtie en retrait de la rue en 1995 (Documents IGN)

Puis, dans les années 90, la maison de maître disparaît des photos aériennes sur lesquelles on constate l’apparition d’une maison neuve, très en retrait de la rue. En revanche, l’usine est toujours là et, en 1993, Denis Page qui la dirige organise une opération portes ouvertes dont la presse se fait écho.

Des tapis feutrent le bureau du directeur, habillé d’un mobilier rustique et d’époque, tels que nos ancêtres les ont connus. Une impression de calme et de sérénité s’en dégage, un peu semblable à l’ambiance d’un musée selon le journaliste, impressionné par la bâtisse et le nombre et la qualité des tapis qu’elle abrite.

Le directeur de la 3ème génération : Denis Page (Document Historihem)

Dans l’atelier, une dizaine de métiers, en fonte et en bois, avec des sangles en cuir, tournent encore sous les hautes poutres métalliques. Le journaliste décrit les rouages bien huilés, la trame bien tendue, et, au fil des allers et retours de la navette, le motif qui se dessine sur le tapis de laine.

Ancien métier en fonctionnement (Document Historihem)

L’usine compte alors 17 salariés qui utilisent encore des métiers datant des années 1920. Outre les tapis de laines et velours produits, 2 des métiers sont encore utilisés pour la production de tapisserie dans la grande tradition de la tapisserie française type manufacture des Gobelins et Aubusson.

Tapisserie de tradition (Document Historihem)

Si les tapis Page ne sont pas les moins chers du marché ils sont uniques du fait de leurs caractéristiques et de leur aspect velouté : les dessins sont très anciens ( d’un demi-siècle à un siècle) et le fil de laine de Nouvelle-Zélande est de très grande qualité, très fin et brillant, la finesse du fil étant très importante tant pour la définition du dessin que pour la qualité du produit fini. Un procédé spécial est ensuite utilisé pour lui donner un aspect de patine ancienne.

Un métier en action (Document Historihem)

L’entreprise vend alors en France aux distributeurs et aux grands magasins parisiens mais exporte également 40% de sa production vers les Etats-Unis et les pays européens. De nouveaux produits sortent encore régulièrement, tel le tapis écologique, sans teinture, fait uniquement de fibres aux couleurs naturelles, produits très demandés par les américains. Pourtant en 1994, la société Page, créée en 1956, ferme ses portes et va être rasée.

Vue aérienne années 2000 (Document IGN)

Remerciements à l’Association Historihem

Mon Plaisir

Depuis les années 1930, J. Van Belle est installé en tant que poêlier au 151 boulevard de Fourmies à Roubaix, à l’angle de la rue Germain Pilon. Il fabrique des poêles à charbon et à bois, et assure également l’entretien des appareils de chauffage. Il reste présent à cet endroit jusqu’au début des années 1960.

document collection privée

En 1966, la société de blanchisserie de lavoirs et de nettoyage à sec, à l’ enseigne « Mon Plaisir », basée à Wattrelos, au 39 rue de la Teinturerie, reprend le fonds de commerce, et ouvre un dépôt de blanchisserie. Les clients déposent leur linge sale, et le récupèrent 24h ou 48h plus tard, dans un parfait état de propreté.

Publicité 1966 document Nord Eclair
document archives municipales
document archives municipales

Le dépôt de 73 m2, géré par Mme Lefebvre, fonctionne de façon très correcte, si bien que la société, en 1971, dépose un permis de construire pour un aménagement : le dépôt Mon Plaisir devient un Pressing. Des machines sont alors installées dans le local, le linge est nettoyé sur place et donc traité dans un délai plus court pour la clientèle. C’est également plus économique pour l’entreprise car le transport journalier aller et retour sur Wattrelos n’existe plus.

document archives municipales
document archives municipales
Publicité 1970 ( document Nord Eclair )

Mohamed Benziani qui habite 91 rue Lafontaine souhaite reprendre l’immeuble en 1988, en vue de transformer le commerce de Pressing en magasin de fruits et légumes. Mohamed Benziani annule finalement son projet en 1990, car le financement bancaire a été refusé.

projet de M. Benziani ( document archives municipales )

Le local reste alors inoccupé quelques temps et, en 1996, s’installe un institut de beauté à enseigne « Atlantys », spécialisé en soins du corps et du visage.

Photo BT

En 2008, le commerce est repris sous l’enseigne « L’Institut 151 » par Maria Raquel Saidi. Le centre de soins esthétiques, repris en 2017 par Tamara Saidi, est toujours en place de nos jours.

Photo BT
Document Institut 151

Remerciements aux archives municipales.

Boucherie Dumeige ( suite )

En 1995, Max et Monique décident d’une nouvelle transformation du magasin . Ils font appel à l’architecte Perrissin et Sailly à Douai pour monter le projet à savoir, la construction d’une chambre froide afin de faciliter et d’améliorer la qualité du travail, ainsi que l’installation d’un bureau.

La construction se réalise en continu du bâtiment existant, sur la rue Carpeaux. Les travaux se terminent en Avril 1996.

Le projet ( document archives municipales 1995 )
La réalisation ( document archives municipales 1995 )

La même année, l’activité traiteur se développe, des plats chauds à 20 Frs sont proposés à la clientèle. Le succès du rayon traiteur est au rendez vous.

document Nord Eclair 1995

Au printemps 1996, à l’époque de la célèbre course Paris Roubaix, un jeu concours pour la clientèle, est organisé pour gagner des vélos et de nombreux T-Shirts, par un simple tirage au sort.

document Nord Eclair 1996

Dix personnes travaillent désormais dans l’entreprise, dix professionnels animés d’une même passion pour leur métier, qu’ils soient bouchers, charcutiers, traiteurs ou vendeurs. Leur objectif est le même : apporter à leurs clients une qualité irréprochable de produits frais, de qualité et préparés sur place. Max et son épouse préparent aujourd’hui l’avenir de leur fils Mathieu qui prendra la succession d’ici quelques temps.

Max Dumeige à gauche, Monique à droite et Mathieu à ses côtés ( document Nord Eclair 1996 )

En 1996, Max veille scrupuleusement depuis des années à la qualité de la viande et choisit lui-même chaque bête chez les éleveurs et chevilleurs. Il travaille en étroite collaboration avec Yann Adam, pour la relance des races Boulonnaise et Trait du Nord élaborée avec le centre des ressources génétiques de l’espace naturel régional.

Yann Adam ( document M. Dumeige )
Poulain ( document M. Dumeige )
Max Dumeige ( document M. Dumeige )

En 1997, Max fait rénover ses cuisines, lance une gamme de poulets rôtis et commercialise des viandes labels en Boeuf, Poulain et Porc.

Pour fêter l’an 2000, Max communique par de la publicité sur des labels qualité : Délicochon, Coopérative A1, Poulain du Nord, Belle bleue label rouge. L’occasion de rappeler que cela fait 32 ans que la qualité de ses produits est toujours au top.

document Nord Eclair 2000

Comme chaque fin d’année, en 2001, Max communique par de la publicité dans la presse locale pour ses produits de fêtes : foie gras, boudin blanc etc et bien sûr, pour les meilleures viandes labellisées qu’il a sélectionnées lui même et les volailles des fermiers landais.

document Nord Eclair 2001

Max Dumeige prend sa retraite en 2002 et son fils Mathieu reprend l’affaire. La boucherie continue de façon satisfaisante durant les premières années. Les difficultés apparaissent ensuite, au début des années 2010, suite à des différents sérieux avec d’anciens employés, quelques erreurs de gestion, des charges trop lourdes, la concurrence des boucheries hallal, des remises aux normes onéreuses mais indispensables . . . En 2016 l’entreprise est déclarée en cessation de paiement et en avril 2017, le tribunal de commerce prononce la liquidation judiciaire de l’entreprise.

En Décembre 2017, Christophe Descheemaker, 46 ans, boucher chevalin, installé au Crétinier à Wattrelos depuis plus de 20 ans, reprend l’affaire et rebaptise le commerce : « la boucherie du boulevard » avec deux anciens salariés. Il reprend la même activité sauf la viande de cheval, pour ne pas concurrencer la boucherie hippophagique du 94 rue Carpeaux. Malheureusement le succès n’est pas au rendez vous, et en Février 2020, Christophe Descheemaker ferme les portes de son commerce.

document Nord Eclair

La boucherie est alors cédée à Rémy Scatizzi et Louis Camelot qui créent « Les Halles modernes », un quatrième point de vente après ceux de Croix, La Madeleine et Lille. La boutique propose bien sûr de la viande et de la charcuterie, mais également des produits traiteur, de la crémerie, de la bière, du vin, des produits locaux et quelques légumes.

document Nord Eclair

Le magasin Les Halles modernes ne reste ouvert que quelques mois seulement. Le commerce est repris en Août 2023, par la boucherie « Molati » de Faïza Ghaïri qui était installée rue Charles Fourier à l’emplacement d’un caviste. L’emplacement du 114 boulevard de Fourmies lui convient parfaitement, car plus spacieux et surtout plus visible.

document Nord Eclair

Les 2 commerces tenus par Max Dumeige, tant rue Jules Guesde que boulevard de Fourmies étaient historiquement des boucheries depuis très longtemps. Si la boutique de la rue Jules Guesde est de nos jours devenu un cabinet infirmier, celle du boulevard de Fourmies accueille toujours une boucherie.

Remerciements à Max et Monique Dumeige ainsi qu’aux archives municipales

Boucherie Dumeige

Max Dumeige est né, en 1944, à Domart en Ponthieu dans la Somme. Son père était maquignon marchand de chevaux, dans cette même ville. Max, après ses études de boucher charcutier, et quelques premières expériences en tant qu’apprenti, décide de s’installer à son compte, car il est courageux, ambitieux et volontaire.
L’occasion se présente quand la boucherie chevaline de Mr Duponchel-Burda, au 115 de la rue Jules Guesde à Roubaix se libère.
Max et son épouse Monique née Simon, signent l’acte de vente et s’installent, en 1968. L’enseigne choisie est : La « Chevaline ». Ils sont les plus jeunes bouchers de Roubaix.

La vitrine de la boucherie Duponchel Burda avant la cession ( document M. Dumeige )
document Nord Eclair 1968

La rue Jules Guesde est une rue très commerçante dans un quartier populaire. Le commerce se situe juste à côté du magasin de M. Soetens au 109-113 qui propose des articles de vaisselle et de ménage. La superficie du terrain sur lequel se situe la boucherie s’étale sur 177 m2. La boutique est très longue en profondeur mais étroite en façade. Sur la droite, une porte de garage permet les livraisons de viande. Max et Monique habitent sur place.

Plan cadastral

L’année suivante, en 1969, Max investit déjà, en aménageant l’intérieur du point de vente. Il fait installer une magnifique vitrine réfrigérée pour la présentation des produits et engage un premier salarié. Il crée un rayon porc pour aménager l’année suivante un laboratoire charcuterie pour la fabrication de « charcuterie-maison » avec un deuxième employé.

La qualité des viandes de cheval de Max Dumeige est irréprochable et la publicité se fait seule, de bouche à oreille, dans tout le quartier. Très rapidement, les affaires se développent et sont très satisfaisantes. En 1972, Max fait transformer complétement le magasin intérieur et la façade par l’entreprise Frimak Gand. Le résultat est remarquable.

documents archives municipales 1972
La façade ( document M. Dumeige )
Plan de l’intérieur du magasin ( document archives municipales )

Max entretient des relations cordiales et amicales avec tous les commerçants du quartier et devient membre de l’Union des commerçants de la rue Jules Guesde en 1972.

document Nord Eclair 1972

En 1974, Max et Monique créent un rayon volailles et gibier. Le personnel compte désormais 6 personnes, Max à l’atelier, Monique à la vente et à l’administratif et 4 salariés.

Max et Monique derrière leur vitrine réfrigérée ( document M. Dumeige )

La boucherie reçoit le prix d’honneur du concours Bergues 72, pour un concours de viande de cheval, en 1972.

document Nord Eclair 1972
Max Dumeige dans son laboratoire ( document M. Dumeige )

Les affaires continuent de se développer. En 1980, de gros travaux sont entrepris ; une partie de l’arrière boutique disparaît pour y agrandir le point de vente. Cet agrandissement leur permet de créer un rayon veau et agneau et d’embaucher deux personnes supplémentaires.

Démolition de l’arrière boutique ( document M. Dumeige )

Au milieu des années 1980, les affaires fonctionnent toujours très correctement mais la rue Jules Guesde commence à se dégrader. De nombreux commerçants ferment et ne sont pas toujours remplacés. Max décide alors d’acquérir un second commerce dans une artère passante de la ville. En 1987, il reprend la boucherie chevaline du 114 boulevard de Fourmies, ouverte depuis Juillet 1968, à L. Nollet-Marescaux. Auparavant, c’était la boucherie Bellepaume, des années 1930 jusqu’en 1967.

la boucherie Bellepaume en 1957 ( document IGN )
publicité Nollet- Marescaux ( document Nord Eclair )

Avec les deux points de vente, les époux Dumeige communiquent dans la presse locale, en 1988, par une publicité commune

Publicité commune des deux magasins 1988 ( document Nord Eclair )

Deux ans après le rachat du commerce du boulevard de Fourmies, Max décide de transformer complétement le magasin. Un permis de construire est demandé pour la création d’un atelier de découpe et d’un magasin de vente. Il fait appel au bureau d’études François Beckary à Lille pour la refonte du commerce.

Plan de l’ancien magasin ( document archives municipales )
Projet du nouveau magasin ( document archives municipales )
Projet de façade ( document archives municipales )
Etat des travaux ( document archives municipales )

Après quelques jours de fermeture, le magasin peut alors ré ouvrir.

Réouverture ( document Nord Eclair 1987 )
( document archives municipales )

La boucherie de la rue Jules Guesde connait une baisse des ventes. Max et Monique décident donc, en 1990, de fermer ce point de vente qui deviendra une maison particulière et ensuite un cabinet d’infirmiers.

Le 114 de la rue jules Guesde dans les années 2000 et de nos jours ( document Google Maps )

Max et Monique ont trois enfants ; Christine, Anne et Mathieu. Ce dernier, après ses études et un diplôme de BTS de gestion, commence son apprentissage pour apprendre le métier. Il obtient son Brevet Professionnel en 1994.

Au milieu des années 1990 se répand partout en Europe, la crise de la vache folle ( maladie de Creutzfeldt-Jakob ) Le grand public est informé par les médias, ce qui engendre une crise sans précédent. C’est une catastrophe pour toutes les boucheries qui voient leurs ventes de bœuf se réduire mois après mois. Les boucheries roubaisiennes ne sont pas épargnées, sauf celle de Max Dumeige qui propose de la viande de cheval à la place du bœuf, mais surtout grâce à la réputation de qualité de ses produits, et à la confiance de sa clientèle.

document Plantu

à suivre . . .

Remerciements à Max et Monique Dumeige ainsi qu’aux archives municipales

A.F.P.A

Aprés la deuxième guerre mondiale, la France se reconstruit pour se relever. De nombreux jeunes adultes, restés sans emploi pendant ces quatre longues années, doivent apprendre un métier. On doit permettre à ces jeunes de s’intégrer ou de se reclasser dans l’économie, et il est nécessaire de fournir aux entreprises une main d’oeuvre importante et qualifiée pour reconstruire le pays.

L’apprentissage classique organisé sous le contrôle de l’enseignement technique ne suffit plus. Le Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale prennent alors l’initiative, de créer des centres de formation professionnelle et surtout en priorité, pour le bâtiment et la reconstruction.

En Janvier 1946, le C.F.P.A Centre de Formation Professionnelle Accélérée est créé à Roubaix, sur l’ancien site de l’usine de construction mécanique, les Ets Vandamme et Dubois, au 20 et 26 rue du Luxembourg, sur un terrain de 7921 m2.

Publicité Vandamme et Dubois ( collection privée )
Plan cadastral

Les entreprises roubaisiennes sont forcément très intéressées par la recherche d’ouvriers qualifiés. De nombreux pionniers parmi les entrepreneurs en travaux publics ( dont Octave Delezenne ) transmettent leur foi aux autres bonnes volontés. L’école de Roubaix se construit, forme d’abord ses moniteurs, puis les élèves, beaucoup d’élèves . . . A la fin de l’année 1946, on compte 8 centres en France, dont celui de Roubaix.

plan du C F P A ( document archives municipales )

En 1956, le C.F.P.A fête son 10° anniversaire. Mr Minjoz, secrétaire d’état au travail se déplace à Roubaix pour cet événement, reçu par Victor Provo et toute l’équipe de la direction du centre. 10.000 jeunes sont déjà passés au Centre de Formation depuis 10 ans, dont 2000 compagnons et 1200 ouvriers en métallurgie, menuiserie, peinture, chauffage central, etc. Il faut donc déjà penser à s’agrandir. Des travaux d’agrandissement pourraient alors débuter en 1957 pour se terminer par une ouverture l’année suivante. En réalité les travaux démarreront 3 ans plus tard.

document Nord Eclair 1956

En Avril 1959, c’est Mr Croisier inspecteur divisionnaire qui se déplace, pour remettre les diplômes aux stagiaires. L’école à l’immense avantage de payer ses élèves ; en effet, ils bénéficient d’un salaire horaire de 152 Frs, travaillent 44 heures par semaine, dont 4 heures supplémentaires, et bénéficient des avantages de la Caisse de Sécurité Sociale et des allocations familiales, comme tous les salariés d’entreprise. Leur stage dure 6 mois. Ils sont payés pour se former et acquérir les notions de base d’un métier qui fera la prospérité de leur avenir. Le C.F.P.A ( Centre de Formation Pour Adultes ) de Roubaix possède un internat complet.

document Nord Eclair 1959

En 1960, le directeur administratif de ANIFRMO, l’Association Nationale Interprofessionnelle pour la Formation Rationnelle de la Main d’Oeuvre ( le Ministère ) décide de l’agrandissement du Centre de Roubaix pour faire face à son expansion. Un bâtiment neuf voit le jour. La façade d’une centaine de mètres de long et de douze mètres de haut, sur la rue du Luxembourg, est composée de béton et de briques rouges avec de nombreuses baies vitrées. Le bâtiment abrite plusieurs ateliers polyvalents sur le rez-de-chaussée et deux étages.

document archives municipales 1960
document Nord Eclair 1960

Pour faire face au succès grandissant de l’école, la direction décide en 1961 de construire un nouveau centre d’hébergement. Ce nouvel Internat de 50 chambres pour 200 internes est doté des installations les plus modernes. Il permet aux adultes en formation, dont le domicile est éloigné, de pouvoir rester sur place, en semaine, pendant leur période d’apprentissage. Au rez-de-chaussée, se trouve le réfectoire, la cantine, la bibliothèque et la salle de jeux. Un bloc central de deux étages est construit au centre du domaine ; il comprend des ateliers et des magasins centraux qui fournissent les matières nécessaires à tous les ateliers installés autour de ce quadrilatère. Une aire de travail est mise à disposition à l’extérieur pour tous travaux de gros œuvre et de maçonnerie.

document Nord Eclair 1961
document archives municipales 1961

Le Centre de Formation est en continuelle extension. Les besoins en main d’oeuvre qualifiée augmentent sans cesse, une nouvelle demande de permis de construire est déposée par Eric Maillard, architecte, en 1962, pour la création d’un deuxième groupe de 3 ateliers. Le centre est désormais capable de former annuellement plus de 500 ouvriers, depuis l’apprenti maçon jusqu’au conducteur de travaux. Depuis sa création en 1946, le centre a formé plus de 4000 personnes. De plus des cours du soir sont ajoutés au programme des formations, pour des tourneurs, fraiseurs, soudeurs, ajusteurs etc.

documents collection privée
document Nord Eclair 1963
document Nord Eclair 1963

L’extension des ateliers et le nouvel internat sont officiellement inaugurés en Mars 1964 en présence de Mrs Victor Provo maire, Triplet directeur du Centre, Bailet inspecteur du travail, Simon du ministère du travail et bien d’autres personnalités.

document Nord Eclair 1964
document Nord Eclair 1964

En 1988, J-P Menet, directeur de l’ AFPA, reçoit la visite de Michel Delebarre, vice président du Conseil Régional, et André Diligent, sénateur-maire, qui se félicitent des bons résultats de l’agence, En effet, la nouvelle pédagogie mise en oeuvre se traduit par un taux de réussite et d’insertion professionnelle exceptionnelle, surtout depuis l’arrivée de la bureautique qui va devenir indispensable d’ici peu, dans les entreprises. Le Centre de Formation va se spécialiser dans le secteur tertiaire.

plan de l’AFPA 1987 ( document archives municipales )
document Nord Eclair 1988
document Nord Eclair 1988
document Nord Eclair 1988
photos de l’AFPA ( documents archives municipales )
photos de l’AFPA ( documents archives municipales )

Au printemps 1992, Michel Delebarre revient à l’AFPA rue du Luxembourg pour remettre des distinctions aux directeurs régionaux Mrs Thomas, Menet et Dufour. C’est l’occasion également de visiter les locaux agrandis et rénovés de l’AFPA en compagnie de Bernard Carton.

Mrs Thomas et Menet décorés en compagnie de Mrs Delebarre, ministre, et Carton dans la bibliothèque de l’AFPA ( document bnr )
document archives municipales 1992

Dans les années 2000-2010, l’A.F.P.A organise chaque année au mois de Novembre, une opération Portes Ouvertes. C’est une journée importante parce qu’elle s’inscrit dans une dynamique nationale. Laurent Billot le directeur du centre de formation souhaite en effet communiquer et s’associer davantage avec les partenaires importants comme la Chambre des Métiers et le CREFO Centre de Formation dans la région des Hauts de France

Laurent Billot directeur ( document AFPA )

De nos jours, en moyenne, 600 personnes fréquentent simultanément l’AFPA de Roubaix, principalement pour accomplir des formations de plusieurs mois, des parcours diplômants qui mènent à des postes de vendeur conseil, manager d’univers marchand, concepteur et développeur informatique, web designer, gestionnaire de paie, comptable assistant . . . . avec des résultats assez exceptionnels, en effet :

77 % de réussite au titre professionnel

54 % d’accès à un emploi dans les 6 mois

89 % de stagiaires satisfaits

documents AFPA
documents AFPA

Remerciements aux archives municipales

Segard et Buisine

Au début des années 1900, Florimond Segard est artisan coiffeur, installé au 7 et 9 de la rue Saint Jean à Roubaix. Son épouse, Claire née Defives, y tient une épicerie buvette au même endroit.

la boutique Coiffeur-Buvette au 9 rue Saint Jean ( document F. Segard )

Ils ont un fils Florimond, né le 19 Juin 1907, qui porte donc le même prénom que son père et devient artisan-tapissier. Florimond et son épouse, Denise née Deleporte habitent chez les parents au 9 de la rue Saint Jean, puis rapidement au 15 de la même rue.

( document collection privée )

En 1937, Florimond Segard crée avec un ami, Eloi Buisine, la société « Segard et Buisine » qui propose tous travaux de peinture, décoration, vitrerie, papier-peint, linoléum, tentures, sommiers, matelas etc.

Eloi Buisine ( document F. Segard )
entête 7 9 rue St Jean ( document F. Segard )

Eloi Buisine est le neveu de Marie Buisine, responsable d’une pouponnière, qui sauva 8 enfants de l’incendie de la crèche, mais resta malheureusement dans les décombres. ( voir sur notre site un précédent article intitulé Marie Buisine ). L’entreprise Segard et Buisine déménage ensuite au 112 rue du Moulin.

Le 112 rue du Moulin ( document Ravet Anceau )

L’entreprise Segard et Buisine fonctionne correctement, mais l’activité s’arrête en 1940, car ils sont tous deux mobilisés. A la libération, Florimond et Eloi reprennent leur activité, et font l’acquisition, en 1947, d’un immeuble au 145 rue du Coq Français, lequel appartenait à F. Leroux-Lemaire, industriel. Ils y installent les bureaux et ateliers de leur entreprise générale d’ameublement.

Plan ( document archives municipales )

Florimond Segard et son épouse habitent au 112 rue du Moulin avec leurs 5 enfants : Michel né en 1937, Annie en 1938, Colette en 1940, Francis en 1945 et Edith en 1952. L’aîné, Michel Segard, a 21 ans en 1958 lorsqu’il reprend l’entreprise funéraire d’Emile Alençon au 101 rue  Pellart.

Publicité Michel Segard ( document collection privée )

En 1965, Florimond Segard est décoré de la médaille d’argent de la Mutualité du Nord, distinction honorifique qui vient en complément de celles, nombreuses, dont il est déjà titulaire.

Florimond Segard ( document Nord Eclair 1965 )

En 1968, Eloi Buisine a 68 ans et démissionne de son poste pour prendre sa retraite. Francis, le fils de Florimond Segard, à l’âge de 23 ans, est alors nommé gérant de l’entreprise Segard et Buisine.

Papier En tête ( document F. Segard )

L’entreprise Segard et Buisine a toujours eu beaucoup de respect envers son personnel. En 1971, une réception est organisée à la « Tonne d’Or », à Roubaix, pour fêter les 35 ans de l’entreprise et remettre la médaille du travail à dix de ses salariés. C’est en cette année 1971 que Florimond prend une retraite bien méritée, à l’âge de 64 ans.

Les médaillés du travail. Francis Segard se trouve en bas à gauche ( document Nord Eclair 1971 )

En 1981, l’entreprise Segard et Buisine développe son activité en lui ajoutant un service de Pompes Funèbres. Francis ouvre un point d’attache au 89 rue Emile Zola à Croix, en 1981. C’était auparavant le siège de l’entreprise de confiserie du Géant Gourmet créée en 1953, par les membres de la famille Beulque.

document collection privée

Francis reprend le 83 rue Carpeaux à Roubaix ( à l’angle du boulevard de Fourmies) en 1982. C’était auparavant le magasin de décoration « Ambiance » tenu et géré par son épouse Francine Segard. Il le transforme en point de vente des Pompes Funèbres Segard et Buisine. Il reprendra par la suite en 2002, le local voisin du photographe Vandeputte, au 125 boulevard de Fourmies, pour le transformer en funérarium.

83 rue Carpeaux ( document Nord Eclair )

En 1988, Francis est nommé président de l’association des commerçants du Nouveau Roubaix. Il entretient d’excellentes relations avec ses voisins et crée donc un climat dynamique avec les autres commerces du quartier.

Francis Segard en 1988 ( document Nord Eclair )

Francis s’associe en 1981, avec André Hue son beau-frère ( le mari de Colette Segard ), lequel dirige une entreprise de chauffage, créée en 1965, au 183 rue du Coq Français, pour créer un département Pompes Funèbres.

Publicité André Hue ( document Nord Eclair )
( document Nord Eclair )

Le local du 89 91 rue Emile Zola à Croix devient rapidement trop petit et, pour faire face à l’expansion, Francis Segard et André Hue décident d’acquérir un terrain vierge au 18 avenue de l’Europe à Croix pour y construire un centre neuf. Ce terrain appartenait auparavant au concessionnaire Citroën de Roubaix.

Le 18 avenue de l’Europe ( document Segard et Buisine 1987 )

La construction du bâtiment et du funérarium se passe dans les meilleures conditions possibles et les travaux se terminent en 1987. Trois ans après, en 1990, Francis décide d’agrandir l’entreprise en construisant une extension à l’arrière du bâtiment, dans la rue Vauban. L’entreprise s’étale désormais sur 3.264 m2.

Plan cadastral du 18 avenue de l’Europe à Croix

Dans les années 1990 la société Segard et Buisine connaît un fort développement. Francis et André continuent d’entretenir des relations très cordiales avec leurs confrères. En 2004, ils reprennent l’entreprise de pompes funèbres Odoux à Mouvaux. Vont suivre ensuite de nombreux rachats de centres funéraires.

Aujourd’hui le groupe Segard et Buisine, c’est 17 funérariums sur toute la métropole lilloise et 2 en Belgique.

( document P.F. Segard et Buisine )

Plus de 100 personnes ( salariés et vacataires ) travaillent dans le Groupe Segard et Buisine qui dispose désormais d’un flotte de 99 véhicules magnifiquement entretenus.

Une partie des véhicules ( photo BT )

Le funérarium de Croix a une excellente notoriété, si bien qu’il attire les gens du spectacle et du cinéma. Marion Cotillard est venue tourner quelques scènes pour le film « Frère et Soeur », le comédien Benoit Poelvoorde, l’humoriste Jarry y ont fait également des apparitions, ainsi qu’ Audrey Fleurot pour la série télévisée « HPI ».

Une partie du hall d’exposition ( Photo BT )

Aujourd’hui, l’entreprise est dirigée par les deux frères Benoit et Hervé Hue ( les fils d’André ). Francis Segard, toujours dynamique à près de 80 ans, passe dans l’entreprise plusieurs jours par semaine pour y aider ses neveux. De nos jours, le Groupe Segard et Buisine est l’une des plus grosses entreprises familiales en activité, au Nord de Paris.

document Segard et Buisine

Remerciements à Francis Segard et Hervé Hue ainsi qu’aux archives municipales

65 boulevard de Fourmies

René-Pierre Dujardin-Giraudet fait l’acquisition d’un terrain vierge de 329 m2 situé du 63 au 69 boulevard de Fourmies en 1964.

En Mai de cette même année, il demande un permis de construire pour la création d’un immeuble composé de deux appartements à l’étage avec une entrée privée au 63 et d’un commerce au rez-de-chaussée au 65 et 67. Les travaux sont achevés en 1966 et René peux alors s’y installer et ouvrir son commerce.

la façade ( document archives municipales )

C’est un point de vente de meubles rustiques et modernes. René-Pierre Dujardin est membre actif de l’Union des Commerçants du boulevard de Fourmies, il en est le trésorier. Malheureusement le succès n’est pas vraiment au rendez vous, et quelques années plus tard, le magasin ferme ses portes définitivement.

publicité ( document collection privée )
document Nord Eclair

En 1973, « La Fourmi » s’installe dans ce local, avec un nom d’enseigne qui rappelle bien-sûr, le boulevard de Fourmies, mais également la petite fourmi qui fait des économies en faisant ses achats. C’est un commerce de jouets et d’articles de Noël à bas prix. L’année suivante, la direction décide de développer l’activité en proposant à sa clientèle, une gamme de vêtements divers : costumes, pantalons et vestes pour hommes et garçonnets.

Publicité 1974 ( document Nord Eclair )
Publicité 1974 ( document Nord Eclair )

Hélas, le volume de chiffre d’affaires n’est pas suffisant. L’activité du commerce « La Fourmi » s’arrête à la fin de l’année 1976. Le Crédit Agricole, situé rue du Vieil Abreuvoir, profite de l’occasion pour reprendre le fonds de commerce, afin d’y ouvrir une agence de quartier en 1978.

Publicité 1978 ( document collection privée )
Publicité 1982 ( document collection privée )

Après des travaux importants de rénovation, la direction décide d’organiser une journée Portes Ouvertes le samedi 28 Octobre 2000, afin de présenter cette nouvelle agence refaite à neuf.

Publicité 2000 ( document collection privée )

L’agence du Crédit Agricole, ouverte en 1978, est toujours en activité de nos jours.

Photo BT

Remerciements aux archives municipales.

Rue de la Lèverie

A la fin du 19ème siècle à Hem, la rue actuelle portait le nom de « fosse » de la Lèverie, ce qui, à l’époque, correspondait à une excavation, généralement profonde, servant de poche de ruissellement ou plus probablement de dépôt d’ordures aux limites d’un terrain. C’est en 1962 qu’elle devient la rue de la Lèverie.

Longue de 318 mètres, elle relie la rue des Ecoles à la rue Jules Guesde et se situe dans le quartier du Petit Lannoy. Pendant longtemps, elle était croisée par la voie de chemin de fer dont on devinait encore, au siècle dernier, le tracé derrière les maisons de la rue des Ecoles jusqu’au passage à niveau de la rue des 3 Fermes.

Photo aérienne de 1933 où l’on distingue clairement la voie ferrée qui coupe la rue (Document IGN)

Au début du 20ème siècle, plus exactement en 1922, la commune d’Hem est entrée dans le Syndicat Intercommunal pour la fourniture d’eau potable qui est confiée à la société des Eaux du Nord, y rejoignant Lys-lez-Lannoy et Leers. Deux réservoirs en béton armé sont construits, l’un sur Hem à la Vallée et l’autre à Leers. Les canalisations sont ensuite implantées dans les rues, dont une rue de la Lèverie.

Par ailleurs, la rue abrite, au début du siècle un château d’eau, côté impair dans un ensemble industriel se situant au bout de la rue. On le distingue sur la photographie aérienne de 1933 ainsi que sur celle de 1947. Dans l’inventaire général du patrimoine culturel il est répertorié en 1991 au 21-23 rue de la Lèverie dans une usine désaffectée, non identifiée, auprès d’un atelier de fabrication et d’une aire de produits manufacturés.

Carte postale représentant le nouvel élévateur d’eau potable et photo aérienne de 1947 (Documents Hem Mémoire en Images et IGN)

La carte postale le désigne comme le nouvel élévateur des eaux potables de Lannoy mais il se situait bien en fait sur le territoire de Hem. Les deux communes sont encore séparées au début du vingtième siècle par la porte de Lille, laquelle se situe au bout de la rue Jules Guesde à Hem comme le montre une photo d’époque de l’octroi de Lannoy.

De même que la fondation César Parent a été implantée sur le territoire de Hem (voir sur le sujet un précédent article paru sur notre site et intitulé la Fondation César Parent) au coin des rues Jules Guesde et de la Lèverie, il n’est pas interdit de penser que le raisonnement a été le même pour le Château d’Eau.

Photo de la porte de Lille à l’époque depuis Hem et photo de 2023 sur laquelle le panneau d’entrée de la ville de Lannoy se situe pratiquement au même endroit (Documents Histoire de la ville de Lannoy et Google Maps)

S’il ne reste à priori aucune trace de l’usine située au n°21 ou document permettant de l’identifier, le bâtiment situé juste à côté, au n°23 a longtemps abrité le café du Boer. Détruit pendant la guerre, ce café a été rouvert ensuite et tenu dans les années 1950 par le couple Briest-Plovie, puis dans les années 1960 par les Dupriez-Lezy.

Ainsi, en 1966, la presse locale y décrit une grande animation pour ce siège de la société d’archers « Les coqs hardis », présidée par Albert Delespaul. Une partie de tir est tout d’abord organisée entre jeunes et anciens des tireurs de Croix et Hem, au cours de laquelle les anciens se distinguent. Puis se déroule le traditionnel banquet de la Saint-Sébastien. Une séance de tir y est organisée chaque dimanche ainsi que des séances d’entraînement deux soirs par semaine. Puis un tir au Cercle est organisé une fois par mois , dès que l’aménagement du pas de tir est terminé et celui-ci inauguré en présence du maire de la ville, Mr Leplat.

Le café bombardé pendant la guerre avec le château d’eau en arrière plan (Document Historihem)
Le café du Boer en 1966, siège de la société d’archers, pour la Saint-Sébastien (Document Nord-Eclair)

Le café figure encore au Ravet-Anceau de 1969 sous la gérance de J. Cassedanne et au milieu des années 1970 sous celle de B.Yves, avec une enseigne inchangée : Café du Boer. Le café reste répertorié à l’annuaire jusqu’en 1983. En revanche il ne figure plus au répertoire des commerçants de la ville de Hem édité en 1984.

Photo des façades des 21 (à gauche) et 23 (à droite) en 2023 (Document Google Maps)

Au début du 20ème siècle, au n° 29 voisin, se trouvaient les établissements de Pierre-Joseph Franchomme, négociant en charbons, décédé en 1946, puis de M.Franchomme et Cie qui, jusqu’à la fin des années 1960, fait sa publicité pour des livraisons rapides de charbons, ainsi que tous appareils de chauffage, cuves mazout et fuel par volucompteur.

Photos du négoce de charbons avant guerre (Documents Historihem)
Publicité des années 1960 et de 1969 (Document Historihem et Nord-Eclair)

Par la suite l’enseigne Hem Confort, appareils de chauffage, apparaît sur le papier à en-tête des Ets M. Franchomme et Cie. Puis, dans les années 1970, le négoce d’appareils ménagers prend le nom de Hem Confort dans sa publicité laquelle fait état de fuels pour foyers domestiques et industrie. Toutefois les charbons Franchomme figurent toujours dans l’annuaire téléphonique à la même adresse.

Papier à en-tête et publicité des années 1970 et de 1971 pour Hem Confort (Documents Historihem et Nord-Eclair)
Photo du magasin d’exposition vente installé au n°29 de la rue de la Lèverie (Document collection privée)

Les bâtiments abritent également dans les années 1970, L. Bourgois entrepôts de vieux métaux et la société Flandrinox, spécialisée dans l’importation massive d’éviers inox. Cette société y est toujours installée dans les années 1980 comme en témoigne une correspondance de l’année 1985 avec les Ets Bossu-Cuvelier à Roubaix. En 1975, les Ets Flandrinox figurent toujours dans le Ravet-Anceau dans la catégorie Vieux Métaux ; en revanche les Ets Franchomme ont alors disparu de la rubrique charbons. Dans les années 1980, la société ne figure plus à l’annuaire.

publicité de 1973 et enveloppe portant un cachet de la poste de 1985 (Documents Nord-Eclair et collection privée)

A partir de cette époque, en revanche, s’installe au n°3 de la rue JM Debarge, artisan en ébénisterie et menuiserie générale et spécialisé dans les installations et le matériel pour cafés. Lui succède, en 1998, Bruno Debusschere et son entreprise GD MECA de production et vente de produits industriels tournage fraisage, toujours active à ce jour.

Publicités des années 1980 et photo du bâtiment en 2023 (Documents Nord-Eclair)

Depuis la plupart de ces sociétés ont mis la clef sous la porte, ainsi que d’autres entreprises, de bâtiment par exemple, qui n’ont été qu’éphémères. Une seule nouvelle installation commerciale est à signaler depuis, au n°18, en la personne de Laurence Deguines, qui exploite depuis 2021 un négoce de vêtements pour enfants qu’elle créée elle-même sous la marque « 3 ptits chats création ».

Logo 3 ptits chats création (Document site internet)

En un peu moins d’un siècle le panorama du quartier a considérablement évolué comme le montrent les photos aériennes de 1976, 2004 et 2023. En 1976, les champs, qui figuraient sur la photo de 1947, ont disparu avec la construction du quartier des 3 Fermes mais le château d’eau est encore là et on devine encore le n°29 dans la pointe. En revanche en 2004, plus de château d’eau et la pointe est un terrain vague et enfin en 2023, un nouvel immeuble d’appartements y a été construit. Quant au côté pair, il a vu apparaître un grand nombre de maison ces dernières années. L’ancien quartier industriel, à la limite de Lannoy, est devenu résidentiel.

Photos aériennes de 1976, 2004 et 2023 (Documents IGN et Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem, à Bernard Thiébaut pour son ouvrage Hem Mémoire en Images et à Bernard Moreau pour son Histoire de la ville de Lannoy

Le 123 boulevard de Fourmies

Herménégilde Da Silva ( que l’on prénomme Achille ) habite au 85 boulevard de Fourmies à Roubaix, au début des années 1950. Il fait l’acquisition d’un terrain vierge au 123 de ce boulevard. Cette parcelle se situe à l’angle de la rue Carpeaux, précisément au N° 83. Il demande un permis, en Octobre 1956, pour la construction d’un immeuble : une maison d’habitation avec magasin. Il fait appel à l’architecte J Delplanque pour dessiner les plans.

Plan de l’habitation ( document archives municipales 1956 )
vue aérienne 1957 la maison en construction ( document IGN )

Le rez de chaussée est composé du magasin, de l’entrée, la salle de vie, la cuisine et la cour. Le garage est accolé avec une entrée rue Carpeaux. A l’étage, se trouvent les cinq chambres et la salle de bains. L’ensemble représente une superficie de 107 m2. Les travaux se terminent en 1958.

La façade ( document archives municipales 1956 )

Herménégilde Da Silva est artisan en plomberie et couverture. Son magasin propose des articles d’électro-ménager : cuisinières, réfrigérateurs, téléviseurs, appareils de chauffage, sous les grandes marques nationales : Philips, Arthur Martin, Scholtés etc

Il communique rapidement, par de la publicité dans la presse locale.

publicité ( document Nord Eclair 1962 )

A la fin des années 1960, il développe des marques complémentaires, comme Fobrux et les célèbres cuisinières Coussement fabriquées à Roubaix.

Publicités ( documents Nord Eclair )

Il propose également, au début des années 1970, une gamme d’articles cadeaux, et reste bien sûr, le spécialiste de l’installation de chauffage central au gaz et au fuel.

publicité document Nord Eclair 1971

Herménégilde Da Silva cesse son activité en 1978. Le fonds de commerce est alors repris par Mme Francine Segard-Beulque et devient un magasin de décoration à l’enseigne Ambiance. Francine Segard propose une gamme de papiers-peints, moquettes, peintures et accessoires.

publicité document Nord Eclair 1978
publicité document Nord Eclair 1980
publicité document Nord Eclair

En 1982, Francis Segard, le mari de Francine, installe son commerce de Pompes Funèbres dans le garage au 83 de la rue Carpeaux avec l’enseigne Segard et Buisine.

Francis et Francine entretiennent d’excellentes relations avec les autres commerçants du quartier. Francis Segard est élu président de l’Union des Commerçants du Nouveau Roubaix en 1987.

Francis Segard ( document Nord Eclair 1986 )

Les affaires des pompes funèbres Segard et Buisine fonctionnent très correctement dans ce quartier du Nouveau Roubaix. Le manque de place se fait cruellement sentir. Francis et Francine décident alors d’arrêter le commerce de décoration « Ambiance » et de consacrer cette place disponible à la création d’une surface de vente spécifique à l’entreprise Segard et Buisine, en Mars 1988. L’agrandissement se réalise sous la gérance d’André Hue, le beau frère de Francis.

publicité document Nord Eclair 1988

En 2001 , le photographe Robert Vandeputte, au 125 boulevard de Fourmies juste à côté, cesse son activité. Le couple Segard reprend le local du studio-photo pour le transformer en funérarium en 2002 après travaux.

Photo BT 2024

Les pompes funèbres Segard et Buisine sont toujours présentes de nos jours aux 123 et 125 boulevard de Fourmies. L’entreprise est désormais dirigée par Benoit et Hervé Hue, les deux fils d’André Hue.

Photo BT 2024

Remerciements à Francis Segard ainsi qu’aux archives municipales

209 avenue Roger Salengro

L’architecte René Dupire dont le cabinet se trouve boulevard de Cambrai, demande, en Juin 1934, un permis de construire pour une propriété à usage d’habitation pour Mr Raux, chef d’entreprise, située sur le boulevard industriel à Roubaix.

façade de la propriété ( document archives municipales 1934 )
Publicité Edouard Raux ( document archives municipales )

Après le décès du ministre Roger Salengro en 1936, le boulevard industriel est renommé : avenue Roger Salengro. L’entreprise de matériaux de construction d’Edouard Raux se situe alors au 171 de cette avenue. Elle est construite sur un terrain de 5000 m2. Dans les années 1950, au 171 avenue Roger Salengro, Edouard Raux crée la SAVCA ( Société Anonyme pour la vente de tous Combustibles et Appareils ) et continue de diriger son entreprise de matériaux de construction. Au début des années 1960, suite à la forte implantation de nouveaux logements, la municipalité décide d’une nouvelle numérotation des habitations. Le 171 de l’avenue Roger Salengro devient alors le 227. L’entreprise d’Edouard Raux continue de se développer, il fait installer, en 1963, une citerne enterrée de 35.000 litres de liquide inflammable (mazout) sur son terrain. Les travaux sont réalisés par l’entreprise Delezenne pour le terrassement et les Ets Despierre pour la cuve.

Plan cadastral de 1963 ( document archives municipales )

D’après le Ravet Anceau de 1968, suite à une deuxième nouvelle numérotation des habitations, on trouve au 227 avenue Roger Salengro deux entreprises : la SAVCA, vente combustibles liquides et gazeux et la Société Nouvelle de Carrosserie Automobile.

Publicité ( document archives municipales )
Publicité Nord Eclair

En Mai 1974, le garage Ponthieux ( concessionnaire Ford installé depuis 1930 à Tourcoing au 77 rue de Roubaix ) ouvre une nouvelle agence à Roubaix sur ce terrain de 5600 m2 dont 1000 m2 d’atelier. A noter un nouveau changement de numérotation : le 227 est devenu le 209. Pour son inauguration, le garage propose la vérification gratuite de tout véhicule : « Contrôle Clinique » pendant quelques jours, l’occasion de présenter à la clientèle, les nouveaux locaux dont l’atelier couvert, clair, propre et spacieux. A la fin de cette même année, le garage propose toute la gamme des véhicules 1975 au tarif de 1974.

Publicités ( documents Nord Eclair 1974 )

En Juillet 1987, le garage de l’Europe ( concession Volvo ), installé auparavant rue des Champs s’installe dans les locaux.

Publicité ( document Nord Eclair 1987 )

En juin 1988, Patrick Jartel reprend le garage et crée la « Société Nouvelle du Garage de l’Europe ». La nouvelle entreprise est placée sous la responsabilité de Philippe Platel pour le service commercial et de Pierre Platel pour l’atelier et le Service Après Vente. En novembre 1988, après quelques travaux le garage peut rouvrir et surtout développer la gamme des véhicules Volvo mais aussi créer une agence de véhicules Toyota.

( documents Nord Eclair 1988 )

Le garage de la « SN Garage de l’Europe » toujours sous la direction de Patrick Jartel, se spécialise en véhicules d’occasion toutes marques, en 1990..

( document Nord Eclair 1990 )

En 1992, Patrick Jartel directeur de la SN Garage de l’Europe depuis 1988, reprend l’ancien garage Seat du boulevard Gambetta et, en 1994, il ouvre un centre de voitures d’occasion haut de gamme dans les anciens bâtiments de la SARDA au 61 63 rue du maréchal Foch.

Patrick Jartel ( document Nord Eclair 1994 )

Le garage du 209 de l’avenue Roger Salengro devient en 2000, agent de la marque Skoda du groupe Volkswagen. Les clients sont accueillis par Christian Mallart.

( document Nord Eclair 2000 )

En Décembre 2001, c’est au tour du concessionnaire MBBM d’arriver sur place au 209. Cette concession VW et Audi, créée par Mr Mandron puis gérée par Mr Rogier, se trouvait auparavant au 230 de l’avenue Motte .

( document Nord Eclair 2001 )

Enfin, l’année suivante, en 2002, le concessionnaire Valauto de Roncq reprend l’établissement, toujours sous la marque Volkswagen.

document Google Maps 2008

Dirigé par Nahim Taleb depuis 2004, le garage se développe fortement et le manque de place se fait cruellement sentir. Pour remédier à ce problème récurrent, la direction envisage de reprendre, en 2015, une partie de la propriété voisine ( terrain de l’ancienne habitation d’Edouard Raux ) pour agrandir la concession automobile.

document archives municipales 2015

Malheureusement le projet n’aboutit pas et doit être définitivement abandonné. Pour remédier au problème de place, de circulation et de stationnement des véhicules, le garage négocie alors une ouverture sur l’avenue de Verdun.

document archives municipales

Depuis les années 1960, le garage du 209 de l’avenue Roger Salengro a connu bien des marques et des propriétaires différents. Fort heureusement la situation s’est stabilisée depuis plus de 20 années que Valauto occupe les lieux pour la plus grande satisfaction des clients.

Document Valauto Roubaix

Remerciements aux archives municipales.