La toiture du cinéma Lacroix

Le cinéma Lacroix se trouve au 66-68 dans la rue du même nom, à l’angle de la rue Montaigne. L’établissement existe depuis de très nombreuses années. A. Leleu était le gérant dans les années 1910, sous l’enseigne Royal Leleu, puis ce fut R. Feys avec l’enseigne Royal Lacroix.

Façade du cinéma rue Lacroix ( document archives municipales )

Dans les années 1970, le cinéma de la rue Lacroix est toujours présent. Pendant toutes ces années, de nombreuses transformations ont été nécessaires pour le rénover.

Mais, en Juin 1972, la toiture du cinéma s’effondre, deux heures avant la séance de 20h30 du samedi, au cours de laquelle on devait passer le film : « Le temps des vautours ». Fort heureusement, personne ne se trouvait à l’intérieur de la salle !

document Nord Eclair

Les riverains ont entendu un grondement de tonnerre, et, en sortant de chez eux, ont constaté un énorme nuage de poussière. Les pompiers arrivés sur place font tomber les briques, les restes de charpente et les tuiles qui menacent encore de chuter. La police boucle le quartier et ferme la rue Lacroix, le temps que la communauté urbaine déblaye les gravats.

La façade de la rue Montaigne ( document Nord Eclair )

La toiture était certes vétuste ; le directeur Georges Feys avait déjà entrepris certains travaux de réparation, mais les habitants du quartier estiment que le passage incessant des camions, dans la rue Lacroix est à l’origine des vibrations ressenties dans toutes le vieilles bâtisses du quartier, et en particulier les camions de démolition de l’église du Sacré-Coeur toute proche.

Quoi qu’il en soit, le cinéma est désormais fermé.

Le 4 Août 1972, l’architecte Pierre Charlet dépose un permis de construire, pour la rénovation de la partie de la toiture qui s’est effondrée.

Les travaux démarrent rapidement en Août. La toiture est réparée fin Septembre, et le cinéma peut ré-ouvrir au début du mois d’Octobre.

document collection privée

Malheureusement, comme de nombreux cinémas de quartier, le Royal Lacroix subit une baisse importante de fréquentation et ferme définitivement ses portes quelques années plus tard.

le bâtiment en 1987 ( document archives municipales )

Remerciements aux archives municipales.

Un cinéma disparu : le Casino.

C’est une histoire du siècle dernier. En effet, le Casino commença sa carrière dès le début du XXe siècle. Ancien entrepôt reconverti en salle de danse et divertissements variés, le Casino Palace connut la mode du skating ou patin à roulettes, puis le cinématographe que son directeur de l’époque, Édouard Montignies, propose à partir de 1912.

L’entrée du Casino d’autrefois, 50 Grand Rue doc BNRx

Après la première guerre, le Casino devient le cinéma des armées pour un temps, avant de redevenir un lieu de divertissements, un peu comme un Fresnoy de centre ville. La création du Colisée en 1927 le pousse à devenir une vraie salle de cinéma, après un détour par le cirque, souhaité par son directeur de l’époque M. Pico. Casino et Colisée se livrent alors à une concurrence acharnée.

L’intérieur du Casino doc BNRx

M. Scève est le directeur après la seconde guerre, puis M. Gheldof prend sa suite et organise tout un circuit de salles qui sera dirigé par M. Paul Maes. Le 4 mai 1978, c’est la dernière séance du Casino, divisé en sept petites salles il devient le Club 7. Racheté en 1985 par M. Crombet, il devient les Arcades et ferme définitivement ses portes le 14 octobre 1998.

L’entrée du Casino 12 Place de la Liberté doc coll particulière

Le Casino eut comme particularité d’avoir deux accès, l’un au 50 de la Grand Rue et l’autre, au 12 Place de la Liberté, d’abord identifié comme bar du Casino Palace mais qui deviendra une entrée à part entière, correspondant mieux du point de vue de la sécurité à l’accès et la sortie des spectateurs, ainsi qu’au déroulement des animations diverses organisées par le cinéma (les trois mousquetaires, en chair et en os par exemple.)

Sources : les cinémas de Roubaix par Alain Chopin et Philippe Waret, presse locale

 

 

De Ruyck

Pierre De Ruyck naît à Roubaix en 1879. Il est passionné de musique ; il fait ses études au conservatoire de la rue de Soubise et obtient un 2° prix de saxhorn, en 1890, puis un 1er prix avec médaille, l’année suivante. Vers 1900, il est nommé directeur de la fanfare l’Espérance de Roubaix et, en 1904, il devient directeur de la fanfare cycliste du Nord Touriste.

Document P. Balenghien
Document Gallica

En 1898, Pierre De Ruyck ouvre un commerce au 128 de la Grande Rue, avec deux activités : un estaminet et un magasin d’instruments de musique. Vu le succès rapide des ventes de pianos, de phonographes et de disques 78 tours, il abandonne le débit de boissons pour se consacrer exclusivement à la musique.

Pierre De Ruyck en costume, au centre ( Document P. Balenghien )
Document collection privée

Pierre De Ruyck met au point la « Méthode Epinette ». L’épinette est un instrument de musique à cordes pincées.

Document P. Balenghien

Mireille De Ruyck naît à Roubaix rue d’Isly, en 1911 ; elle est la fille d’Édouard De Ruyck, le frère de Pierre, et de Marthe Masquelin. Edouard est tué au début de la première guerre mondiale, en 1914, dans les Ardennes. Marthe, la mère de Mireille, se remarie et habite désormais à Tourcoing.

Mireille De Ruyck ( document B. Balenghien )

Mireille fait l’apprentissage des instruments de musique, et en particulier le piano. Elle est aidée par son oncle, Pierre De Ruyck. Elle est particulièrement douée malgré ses légers problèmes auditifs : elle obtient le 1er prix de solfège en 1927  et le 1er prix de piano du conservatoire de Lille en 1928.

Document P. Balenghien

Dans les années 1920, Pierre a l’opportunité d’ouvrir un deuxième point de vente au 44-46 de la rue Saint Georges ( aujourd’hui : rue du Général Sarrail )

Document b.n.r

Le magasin de la Grande Rue se spécialise en phonographes Pathé Gramophone, et en pick-up. Le magasin de la rue Saint Georges, géré par H. Groiselle, devient le point de vente de pianos.

Pierre doit malheureusement fermer le magasin de la rue Saint Georges au milieu des années 1930, car l’entreprise Leclercq-Dupire, de la rue de l’Hospice, a prévu de raser les 3 ou 4 points de vente nécessaires pour agrandir l’entreprise.

Document collection privée
Document B. Balenghien

En 1933, Pierre De Ruyck est présent au salon de la T.S.F à Roubaix pour exposer les plus grandes marques de radio de l’époque : Philips, Sonora, Pathé etc

Publicité 1933 ( Document Gallica )

Mireille se marie avec Georges Balenghien, en Mars 1936. Pierre De Ruyck, leur propose alors de leur céder le magasin de la Grande Rue. Ils reprennent le point de vente et gardent le nom de l’enseigne De Ruyck qui bénéficie d’une extraordinaire notoriété.

Document b.n.r

Mireille et Georges développent alors fortement l’entreprise dans tous les domaines. Mireille s’occupe de la vente de disques de musique classique en magasin. Georges s’occupe de l’administratif et de la clientèle professionnelle. Il prospecte une clientèle diverse :

– les écoles élémentaires, pour la vente de flûtes à bec de marque « Aulos »

– les églises pour les orgues électroniques à pédalier, pour remplacer les orgues détruits pendant la guerre

– les écoles de musique pour leur proposer des petits accordéons-école en location ( le coût servait d’apport en cas d’achat )

Document collection privée

Mireille et Georges font partie du Hot Club de Jazz de Roubaix. Ils ont l’occasion de rencontrer des musiciens célèbres, comme le clarinettiste Sydney Bechet, le trompettiste Louis Armstrong, le pianiste Claude Bolling, le chef d’orchestre Claude Luter ou le saxophoniste Coleman Hawkins. La photo ci-dessous a été prise, à l’intérieur du magasin de la Grande rue.

Mireille à droite, Coleman Hawkins au centre et Georges derrière lui à sa droite. (document P. Balenghien)

Au début des années 1950, le disque microsillon arrive sur le marché, et remplace le 78 tours. C’est une véritable innovation. Mireille et Georges développent alors fortement leurs ventes de disques en 45 et 33 tours et proposent un choix très important.

En Juillet 1962, Mireille et Georges créent la société « Flandres Disques » grossiste en disques vinyl, ce qui leur permet de développer leurs ventes chez les détaillants et leurs propres confrères de toute la métropole. Leur fils, Bernard, est chargé du développement de cette activité. Georges propose alors, à de nombreux chanteurs et musiciens, de venir au magasin de la Grande Rue pour signer leurs disques. Le public se presse alors pour recueillir un vinyl dédicacé de leur vedette favorite. C’est le cas de Georges Brassens, Gilbert Bécaud, Annie Cordy, Henri Salvador, Albert Raisner, et bien d’autres.

Documents collection privée

Lors d’un concert à Bruxelles, en 1962, Ray Charles est venu à Roubaix avec Jacques Souplet, le bras droit d’Eddy Barclay, pour jouer un morceau de piano avec Mireille, dans le magasin, sous le regard ébahi des passants. Autre anecdote amusante ; un jour, à la fin des années 1960, Dick Rivers entre dans le magasin pour demander à Georges s’il peut lui prêter une sono, pour son concert le soir même, dans une salle de spectacle roubaisienne !

En 1966, Mireille et Georges décident de transformer complètement le point de vente. Ils font appel au cabinet d’agencement de magasins P. Sori à Lille. Pendant les travaux, la vente continue dans un local situé juste en face, au N° 137.

Le nouveau magasin est magnifique. L’immense vitrine permet une exposition idéale des instruments de musique. Sur un tapis rouge, des accordéons, guitares, harmonicas, trompettes, saxophones attendent des doigts agiles pour s’éveiller aux mélodies.

Document Nord Eclair 1967

Tout le rayon disques est exposé sur le mur de gauche. Un choix immense est proposé. Chacun sait que Mireille est musicienne et pianiste ; ses conseils pour le choix d’œuvres de musique classique sont particulièrement appréciés de la clientèle mélomane.

Document Nord Eclair 1967

Au milieu du magasin, trois postes d’écoute mono et stéréo sont installés afin que chaque client puisse écouter au casque et choisir les disques de variété. Au fond, un salon est équipé pour la présentation de chaînes hi-fi de grandes marques pour l’audition de musique stéréophonique.

Georges décède, en 1969, à l’âge de 59 ans. Mireille continue seule l’activité, avec l’aide de 2 de ses enfants. Dans les années 1970, la concurrence des grandes surfaces se fait de plus en plus dure, dans le domaine des disques 45 et 33 tours. En 1976, la société Flandres disques dépose le bilan.

En 1981, Mireille, à 70 ans, prend sa retraite. Le magasin ferme définitivement ses portes. Quelques temps après, le point de vente est cédé et devient une pâtisserie orientale.

Remerciements à Bernard et Patrick Balenghien ainsi qu’aux archives municipales

L’orchestre Rudy Alban

Les parents de René Ost n’étaient pas musiciens. Pourtant, sa mère a voulu qu’il apprenne l’accordéon. C’est ainsi qu’il a commencé en 1949, à l’âge de huit ans, l’apprentissage de cet instrument avec un professeur. A 12 ans, il enchaîne avec la clarinette, puis à 15 ans, le saxophone. René pratique donc les trois instruments, et passe ses brevets. Il obtient une médaille d’or de clarinette et de saxophone en 63, après son service militaire qu’il passe en Algérie. Il se souvient que c’étaient des professeurs du conservatoire de Lille qui se déplaçaient pour faire passer une quarantaine de candidats.

René forme alors un orchestre de variétés dont il prend la direction. L’époque est favorable au développement de ces formations musicales et les engagements affluent très vite. « On faisait énormément de choses à l’époque : les réveillons, les bals, les soirées de mariage. On jouait souvent aux messes de mariage, et ensuite, on enchaînait, on faisait la soirée. On faisait de l’accompagnement de clowns, de danseuses, au music-hall. Il y avait énormément de travail… »

Selon les circonstances et les demandes, le nombre de musiciens varie de trois à huit. A plein effectif, il comprend un piano, une batterie deux saxophones alto, un saxophone ténor, un baryton, une trompette et souvent un trombone, alors qu’à trois, c’est normalement batterie, accordéon et saxophone. Dans la petite formation, chacun est capable de jouer de l’accordéon, ce qui permet de prendre l’instrument à son tour pour reposer les autres. En effet, certaines soirées sont très longues : « à un réveillon, on a joué à l’apéritif à Denain, à partir de 10 heures, puis on a commencé le réveillon à 11h et demi sur Douai, et on a joué jusqu’à huit heures du matin. Donc, à trois, si on ne tournait pas… » L’accordéon, c’est lourd, surtout ceux de l’époque. Ceux d’aujourd’hui ils sont plus légers !

René poursuit : « Tout ça ramenait quand même pas mal d’argent ; on était smicards à l’époque, et c’était intéressant, c’était un gros complément. Une année, j’avais fait le réveillon de Noël et celui de l’An, ainsi que le jour de l’an : Sur les trois, j’avais gagné autant que mon mois.

Au début, j’étais pris cinq jours par semaine. Le Vendredi et le samedi, on faisait la répétition de la petite formation, et le lundi de l’orchestre complet, et ça prenait beaucoup de temps. Au fur et à mesure, on jouait de plus en plus dans des soirées privées, mais auparavant on faisait des bals, à la salle Wattremez, dans les grandes salles à Wattrelos, au Familia, partout… On nous appelait même pour les soirées de Ste Cécile des harmonies, à Wattrelos, à Leers ! Au début, pour le réveillon de l’An, on était retenu un an à l’avance.

De temps en temps j’étais appelé dans d’autres orchestres : il manquait un premier alto, alors j’allais donner un coup de main. On jouait de tout. Beaucoup de variétés, mais aussi on faisait de l’opérette, du classique, du Jazz, un peu de tout… Il fallait s’adapter à tout, on avait appris à jouer énormément de choses.

J’ai failli partir comme professionnel aussi quand je suis rentré de l’armée. J’avais un de mes bons accordéonistes qui était parti en Angleterre dans un orchestre de cirque, et, comme il manquait un premier alto, il était venu me chercher en disant : viens, il y a du boulot pour toi là bas…, mais je venais de rencontrer ma future épouse, et j’ai refusé. C’était vraiment partir loin ; il a fait toute l’Europe après, en tant que professionnel… J’avais le niveau, j’ai intégré la grand harmonie de Roubaix, c’était quand même du haut de gamme ; et à Kain, la troisième harmonie Belge en niveau qualité… J’étais parfois parti pendant trois semaines tous les soirs. Avec la notoriété, on est appelé partout ! »

René joue avec différents orchestres pendant une douzaine d’années. Vers la fin, il se limite au saxophone, alto et ténor ; il lui a fallu faire un choix, faute de temps, car, parallèlement le travail devient de plus en plus prenant. Il devient directeur commercial et ses semaines de travail sont généralement de 50 heures, souvent 60, voire plus, jusqu’à 70, et il ne peut plus faire de musique. « D’ailleurs, on avait moins de travail, et il fallait aller très loin pour jouer : on devait faire parfois 200 kilomètres, ça n’était plus possible. »

Vers 35 ans il arrête ses activités musicales sauf pour une messe de mariage chez des amis ; il joue seul, avec l’orchestre c’est fini.

Une fois à la retraite, il est pressenti pour jouer dans la grande harmonie du conservatoire de Roubaix, et dans l’harmonie de Lys lez Lannoy : « J’ai repris l’instrument, j’avais le temps de travailler, mais il a fallu retravailler beaucoup quand-même ! »

Un dernier souvenir : « J’ai repris une seule fois mon accordéon pour les dix huit ans de ma petite fille : elle ne savait même pas que je jouais de l’accordéon. On a fait un anniversaire surprise : elle pensait aller au restaurant et, quand elle est entrée, j’ai commencé à jouer. Elle était vraiment surprise ! »

Merci à René pour avoir partagé ses souvenirs avec nous. Les photos proviennent de sa collection personnelle.

Qu’est devenu le cinéma Familia ?

En 1926, Gaston Isorez ouvre son cinéma « Le Familia », rue David d’Angers, dans le quartier du Nouveau Roubaix en pleine construction. C’est à la fois un cinéma, une salle des fêtes, une salle de bal du dimanche. Dans les années 1930, les H.B.M. Habitations à Bon Marché amènent une population dense dans ce nouveau quartier populaire. Joseph Rigamensi prend la direction de l’établissement.

document Nord Éclair

En 1944, le nouveau directeur, M. Dhollander, rénove cette salle des fêtes qui devient alors un véritable cinéma, respectueux des consignes strictes de sécurité. Les années 1950 -1960 sont propices au développement des cinémas de quartier, mais les années 1970 sont beaucoup plus difficiles, à cause de l’apparition de la télévision dans les foyers. Le cinéma Le Familia ferme ses portes au début des années 1980.

Le Familia à la fin des années 1970 ( document Archives Municipales )

En 1983, les trois frères Castelain (François-Xavier, Jean-Bruno et Pierre-Damien), passionnés de musique, décident de créer un nouveau concept branché, un espace-rencontres à Roubaix : le café-restaurant-spectacle. Ils reprennent le cinéma Familia, rue David d’Angers, fermé depuis peu de temps. L’architecte Jean Marie Dillies, à Villeneuve d’Ascq, est chargé de faire réaliser les travaux qui démarrent en Avril 1983, et, en particulier, la rénovation de la façade.

La façade, avant et après ( documents Archives Municipales )
François-Xavier Castelain lors des travaux ( document Nord Éclair )

Dans un premier temps, le 1er Septembre 1983, le café ouvre tous les soirs. Un mois plus tard, le 1er Octobre, c’est l’inauguration officielle avec un premier spectacle à l’affiche, et à partir du lundi 3 Octobre, le restaurant ouvre tous les midis. La proximité d’entreprises importantes du boulevard de Fourmies permet d’envisager un développement conséquent de l’activité restauration. L’enseigne choisie est : Côté Jardin.

( document Nord Eclair )
Côté Jardin ( document Archives Municipales )

Le projet est ambitieux, les frères Castelain très motivés, l’accueil sympathique, mais le succès n’est pas au rendez-vous : Côté Jardin ferme ses portes définitivement quelques temps plus tard. Le bâtiment reste inoccupé un certain temps, puis, en 2005, Kamel Kamli reprend le bâtiment et dépose une demande de permis de construire pour le maintien d’une surface commerciale au rez de chaussée, et la construction de 4 logements à l’étage, en duplex, avec pose de Velux sur le toit.

( document Archives Municipales )

La façade atypique est conservée et repeinte ; les menuiseries sont en PVC bleu foncé. 4 places de parking couvertes sont prévues. Le résultat est magnifique ; la bonne réalisation des travaux de ravalement de façade incite d’ailleurs la municipalité à accorder une subvention conséquente.

( document Archives Municipales )
Photo BT 2020

Remerciements aux Archives Municipales, et à Alain Chopin et Philippe Waret pour leur livre : Les cinémas de Roubaix.

La famille Pratt

Lucien Delvarre est ouvrier typographe à l’imprimerie Collin, au 27 rue Nationale à Roubaix. Après sa journée de travail, il s’occupe des nombreuses associations dont il fait partie : MLO (Mouvement de Libération Ouvrière), Culture et Liberté, Citoyens du monde, Comité de quartier.

Lucien est également passionné par la musique. Il joue de plusieurs instruments : le violon, le piano, la basse, la guitare, le cor pour lequel il a obtenu le 1° prix au conservatoire. Il fait partie de la célèbre fanfare Delattre et chante dans diverses chorales. C’est à l’occasion de sa participation dans un groupe vocal qu’il rencontre sa future épouse Betty,

Lucien Delvarre ( Document C. Delvarre )

Au milieu des années 1950, ils habitent au 81 avenue Alfred Motte, dans un appartement HBM ( Habitation Bon Marché ) au 3° étage. Le logement est petit mais coquet. L’immeuble se situe à l’angle de la rue Ingres.

Photo BT

Lucien et Betty ont 3 enfants et commencent bien sûr à les motiver sur leur passion musicale. En 1966, l’aîné, Jean-Luc, 17 ans, est typographe comme son père ; il joue de la guitare et de la basse. Emmanuel, 14 ans, joue de la guitare et de la batterie. Christophe, 11 ans, étudie le piano et la contrebasse au conservatoire de la rue de Soubise, et joue de la guitare également. Très rapidement, les trois garçons, passionnés et motivés par leur père, sont doués pour la musique, et jouent de leur instrument avec plaisir, bien souvent acheté chez Waeterloos, rue de Lannoy.

Document Nord Eclair

Lucien et Betty décident donc de créer un ensemble vocal comprenant les 5 membres de la famille. Ils travaillent fréquemment, lors de répétitions dans leur appartement de l’avenue Alfred Motte, sur des musiques très diverses comme la variété, le folk, le negro-spiritual. Lucien devient l’homme orchestre du groupe. Il fait également les arrangements et compose parfois avec son ami Jean Prez, comme par exemple : Valse Printanière.

Valse Printanière ( Document C. Delvarre )
Documents Nord Éclair et collection privée

Lucien est sollicité pour participer à un premier concours de chant, à Croix. L’organisateur lui demande de trouver un nom de scène pour son groupe. Lucien décide, rapidement, d’appeler son ensemble vocal : «la famille Pratt » car il s’est souvenu d’un film  : La Mélodie du Bonheur avec la famille Von Trapp. Il inverse simplement les lettres du nom Trapp.

Document collection privée

La famille Pratt connaît un franc succès lors de cette première présentation. Les spectacles se succèdent alors très régulièrement, au gré des demandes, car Lucien ne fait aucune publicité pour communiquer. Le  »bouche à oreille » est le meilleur moyen pour faire reconnaître le talent de la famille Pratt. Lucien souhaite, avant tout, que le groupe reste amateur. Jouer un instrument de musique et chanter doit rester un plaisir.

Les déplacements sont toujours épiques ; à cinq dans l’ Ami 6 break, les guitares dans le coffre, et la basse sur le toit du véhicule ! Les concerts se déroulent non seulement à Roubaix, mais également dans toute la région, et même à Blankenberge en Belgique. Leur costume de scène est très simple ; chemise blanche, gilet et cravate fantaisie.

Document C. Delvarre

Au début des années 1970, les adolescents deviennent adultes. L’aîné, Jean Luc, se marie et part habiter en Savoie. La famille Pratt continue à 4. Puis les deux autres garçons se tournent également vers d’autres horizons ; Emmanuel part en Bourgogne, Christophe reste sur la métropole lilloise.

La petite famille continue néanmoins à faire de la musique dans les réunions familiales ou en animant les messes dominicales à l’église Sainte Bernadette de Roubaix. Lucien se consacre également à d’autres passions dont la photographie. Dans les années 1980, il prend des milliers de clichés de sa ville de Roubaix, qu’il aime tant. En 1999, à 79 ans, il présente une projection de ses diapositives, dans le local du comité de son quartier au Nouveau Roubaix, au 58 rue Jean Macé.

Document Voix du Nord 1999

Plus tard, il offrira beaucoup de ces diapositives à la ville. Ces photos sont d’ailleurs toujours visibles, sur le site Internet de la B.N.R. Bibliothèque Numérique de Roubaix. Lucien décède en 2016. On garde de lui, une excellente image : un homme heureux, passionné, bénévole, simple, modeste, généreux.

Lucien Delvarre ( Document C. Delvarre )

Remerciements à Christophe Delvarre

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Un orchestre des années 60

Les années 60 ont connu un phénomène particulier dont on n’a pas eu l’exemple dans les périodes antérieures, l’apparition d’une quantité impressionnante – on en compte plusieurs dizaines à Roubaix et environs – de petits orchestres de jeunes amateurs, nés de la vague musicale venue des États-Unis et répandue en France par les radios, en particulier Europe I, toute jeune station alors, qu’on écoute sur la nouvelle merveille, le transistor.

Ces groupes sont tous plus ou moins constitués de la même façon, trois guitares électriques, récemment commercialisées, et une batterie – et souvent un chanteur. Ils se forment par une volonté propre, au gré des connaissances et des circonstances, avec un désir commun de reproduire la musique qui envahit les ondes à destination des jeunes, qu’on appelle à l’époque les teenagers.

Nous allons évoquer cette période à travers les souvenirs d’un membre – appelons-le Robert – d’un de ces orchestres.

Guitares Eko et Norma – documents FetishGuitar.com

Le père de Robert avait joué du violon dans sa jeunesse. Il poussa donc tout naturellement son fils vers la musique et c’est ainsi que Robert apprit à jouer du violon, vers 11 ans, à l’école de musique de Mouvaux. A ce moment apparaissent sur les ondes tout une série de chanteurs et d’orchestres instrumentaux émules d’un nouveau rythme et de sonorités nouvelles permises par l’utilisation de ces nouveaux instruments.

C’est un choc pour toute une génération, et, en particulier, pour Robert, qui rêve à 15-16 ans de jouer cette musique. La guitare devient le sujet favoris des conversations à l’école et petit à petit, il abandonne l’archer de son violon pour en gratter les cordes comme il le ferait avec une guitare. Voyant cela, son père se décide à aller lui acheter l’instrument rêvé dans un petit magasin à Tourcoing où Robert avait repéré un petite guitare rouge, pas trop chère, une guitare sèche comme on dit à l’époque pour les instruments dont le son n’est pas amplifié électroniquement. C’est une Egmond, qu’on peut équiper de micros.

La première guitare de Robert – photo Jpm

Il faut maintenant apprendre à en jouer. Le père de Robert connaît dans son entreprise quelqu’un qui joue de la guitare. Il lui propose d’accompagner son fils dans cet apprentissage. C’est ainsi que Robert s’initie aux accords et aux arpèges et jouant des chansons de Brassens.

Cette base acquise, et désireux de jouer des morceaux plus modernes, il se tourne vers la Maison des Jeunes et de la Culture de Tourcoing où il rencontre d’autres jeunes partageant la même passion, encadrés par un adulte qui les guide dans leur approfondissement et les aide à faire progresser leur technique.

Robert commence ainsi à jouer de la guitare rythmique, mais aussi les solos : en effet, en dehors des morceaux purement instrumentaux, chaque chanson à l’époque comporte un « pont » entre deux refrains où le guitariste du groupe joue en solo une variante de la mélodie.

Guitares Meazzi – documents FetishGuitar.com

Plus tard, la MJC oriente Robert vers un orchestre qui démarre à Roubaix, près du boulevard Descat. Il intègre ce groupe avec lequel il répète tous les jeudis, alors jour de congé scolaire. Ne pouvant pas stocker sur place leur matériel, ils répètent sans batterie, impossible à transporter chaque semaine. Ils la remplacent par une seule caisse à qui revient la tache de marquer le rythme. Robert, lui, doit transporter sur sa mobylette l’ampli qu’il a acheté d’occasion…

Le groupe comprend trois musiciens et ne comporte pas de basse. Robert y dispose d’une guitare électrique, prêtée. En effet, l’initiateur du groupe dispose, après la dissolution d’un précédent orchestre, du matériel complet qui est entreposé dans l’arrière-salle du café paternel. Malheureusement, les répétitions ne peuvent pas se dérouler sur place à cause du bruit que génère ce type d’ensemble, et il faut répéter dans un endroit plus isolé, ce qui explique ces allées et venues de matériel.

Mais Robert ne reste pas très longtemps dans le groupe. En effet, il entend parler à la MJC d’un autre orchestre, dont le soliste vient de partir à l’armée, et qui cherche à le remplacer. Il se présente au Nouveau Roubaix, où répète le groupe, et celui-ci l’accueille dans ses rangs. Le voici soliste. Privé de chanteur, parti sous les drapeaux, le groupe se spécialise dans l’instrumental, dont la tête de file est représentée à l’époque par les Shadows, un groupe anglais. Robert rachète à l’ancien soliste, qui vient de s’acheter une Fender (le nec plus ultra à l’époque), sa guitare, une Kent. Elle possède quatre micros et, merveille, un vibrato qui lui permet de reproduire les effets sonores des groupes connus.

La Kent de Robert – photo Jpm

C’est l’époque où le Carioca, cinéma de Lys lez Lannoy, situé près de la Justice, offre à sa jeune clientèle une salle de dancing et prend le risque de proposer à certains jeunes orchestres qui se constituent la possibilité de jouer une ou deux chansons pour se faire connaître du public local. L’orchestre saisit l’occasion aux cheveux, et se produit sur scène pour faire ses preuves.

Documents provenant du Blog de Juluis59

Ils obtiennent ensuite quelques engagements, notamment à la braderie de la rue de l’Hommelet, où ils sont financés par la municipalité, mais aussi dans des salles familiales où ils jouent deux ou trois morceaux entre les prestations d’un orchestre au style plus « traditionnel ». Les cachets se montent à peu de chose, d’autant que les concerts ne sont ni nombreux, ni réguliers : inutile d’espérer acheter du matériel avec ces ressources ! Les activités de l’orchestre se résument donc le plus souvent aux répétitions.

Nouveau venu dans l’orchestre, Il faut à Robert apprendre tous les morceaux joués par le groupe. Au début, il joue la basse, laissant à un autre le soin d’assurer le solo des titres qu’il ne connaît pas encore bien. A l’époque, on ne trouve pas ou très peu de partitions (qu’on achète rue de Lannoy) pour les groupes instrumentaux. Il faut se débrouiller et acheter les 45 tours des morceaux qu’on veut jouer puis les passer et repasser mesure par mesure sur un électrophone pour les jouer à l’oreille et les apprendre par cœur. Chacun travaille ainsi sa partie chez soi, et on met le tout en commun lors des répétitions. Le répertoire de l’orchestre se monte à une quinzaine de morceaux.

Un Teppaz de l’époque – Photo site hubert.frappier.free.fr

Mais, au bout des 18 mois fatidiques, le guitariste solo en titre revient, ses obligations militaires accomplies, et Robert quitte le groupe. Il a alors 18-19 ans. Les sorties avec les copains au Colisée, puis la rencontre de sa future épouse mettent un terme à ses envies de se produire sur scène. Là s’arrête donc son expérience de musicien et son témoignage. Merci à lui.

Les Shadows – Photo Rolling Stones Stories – Overblog

Les rénovations de 1969

La célébration du cinq centième anniversaire de la charte, ou plutôt de la promesse de charte, a donné lieu à maints préparatifs, parmi lesquels la rénovation de salles de spectacles : la salle Destombes du Conservatoire, la salle Watremez et le théâtre Pierre de Roubaix.

Salle Destombes rénovée Photo NM

L’importante école de musique de Roubaix (17 cours, 15 professeurs en 1880) était installée au 17 rue des lignes quand elle fut rattachée à l’Administration des Beaux-Arts par l’arrêté du Ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts du 6 mai 1884, puis érigée en succursale du Conservatoire National de Musique de Paris, suivant le décret du 2 Août 1902. Au commencement de l’année scolaire 1903-1904, il fut procédé à son transfert dans les locaux plus vastes de la rue de Soubise, libérés par l’institut Turgot parti rue du Collège. Pierre Destombes (1842-1915) faisait partie de la commission de surveillance de l’école de musique et c’est grâce à lui qu’au cours de l’année 1906, une salle d’audition avec un grand orgue, a pu être construite et inaugurée, qui porte désormais le nom de son généreux donateur.

En 1969, on s’occupe donc de rénover cette salle. Un concert Beethoven y est donné le dimanche précédent qui a permis de découvrir son nouveau visage. Les mélomanes n’ont pas été déçus. Une douce atmosphère d’intimité y règne agrémentée de confortables fauteuils, la scène a été remodelée. Cette salle est présentée à l’administration municipale le 20 avril. Plus récemment des travaux de transformation du vieux conservatoire entre 2011 et 2013 l’ont rendu nomade pour un temps.

La salle Watremez en travaux Photo NM

En 1907, à l’ouverture du nouvel hôpital de la Fraternité, les malades quittent l’Hôtel Dieu de la rue Blanchemaille, lequel accueille les pensionnaires de l’Hospice (situé rue de l’Hospice) qui est alors démoli. On va construire à son emplacement une salle des fêtes. La partie de cet immeuble, front à la rue de l’Hospice, est démolie en août 1908, en vue de la construction d’une salle d’expositions. Il s’agit d’une salle d’expositions et de fêtes de 1 500 m² organisée autour d’une halle centrale et de deux galeries latérales perchées à 5 mètres de hauteur.

En 1934, il est procédé à la modification de l’acoustique de la salle des fêtes par un traitement orthophonique, ainsi que diverses transformations d’agencement. En décembre de la même année décède Henri Watremez, adjoint au maire plus spécialement chargé des bâtiments. Pour honorer sa mémoire, l’Administration municipale décide le 13 juillet 1935 que la salle des fêtes de la rue de l’Hospice sera dorénavant dénommée Salle municipale Henri Watremez1.

Fermée depuis l’automne 1968, la salle Watremez n’a plus l’allure d’un grand hall froid et austère. Elle s’est transformée en un vaste auditorium de couleur bleu nuit. Deux larges portes en chêne donnent accès au vestibule peint en vert pâle, et deux autres portes identiques donnent accès à la salle. On a gardé un escalier sur la droite pour permettre l’accès à la galerie de l’étage. Le plateau est éclairé par de grosses ampoules électriques et par un plafonnier comportant de nombreux spots. À gauche de la salle, un long comptoir de bois clair et de marbre borde le dégagement vers les installations sanitaires. Sur la droite, on retrouve le foyer avec son énorme bar éclairé par un plafonnier monumental. Un petit salon orné d’une fontaine lumineuse un sol en dalles, un éclairage indirect, et une sonorisation nouvelle en font un endroit agréable et un cadre de choix pour les manifestations à venir. Plus récemment, la salle a été réaménagée en 1998 par l’agence Zig Zag.

Le théâtre Pierre de Roubaix rénové en 1969 Photo NM

La Bourse du travail du boulevard de Belfort est inaugurée le lundi 2 avril 1934. C’est l’architecte Albert Baert qui en fut l’architecte, lui qui réalisa la piscine de la rue des Champs.

En 1969, le théâtre compte 735 places, sa scène a été élargie : il y a désormais 136 m2 de plateau, extensibles à 180 m². Cet aménagement présage de grands spectacles comme par exemple la Tosca prévu au programme des festivités. Une machinerie scénique compléte a été installée qui permettra la mise en œuvre de huit décors simultanément. Une fosse d’orchestre a été installée qui pourra contenir 35 musiciens, 50 « en se serrant un peu ». La sécurité a été améliorée avec des sorties de secours conformes. Quatre loges individuelles et une loge collective ont été construites pour les artistes. Des fauteuils moelleux en skaï (sic) disposés en quinconce pour suivre le spectacle de manière optimale ont remplacé les méchants sièges en bois. Selon la presse, le théâtre de la Bourse est mort, vive le théâtre Pierre de Roubaix !

En 2008, des travaux engendrent des modifications : l’entrée du théâtre Pierre de Roubaix sera désormais dans la rue perpendiculaire qui se porte le même nom, avec une façade équipée d’une structure rectangulaire en verre et à moitié en apesanteur. Mais la façade de l’ancienne bourse du boulevard de Belfort reste identique et au même endroit.

Amélioration du confort, de l’acoustique et de la lumière, les salles publiques de spectacle ont donc fait peau neuve en 1969 pour accueillir de grands événements : le 13 avril le théâtre Pierre de Roubaix présente la damnation de Faust de Berlioz, le 20 avril la salle Pierre Destombes propose un Concert par l’Orchestre du Conservatoire de Roubaix (avec soliste) et la salle Watremez accueille la nuit du Jazz le 1er mai.

1Extrait du Rapport du Maire 1935

Les Sunlights

Eugenio Cogoni et Letizia Solla habitent Quartu, en Italie, plus précisément en Sardaigne. Ils arrivent en France à Saint Étienne, puis plus tard à Roubaix, ville ouvrière où l’on trouve facilement un emploi dans le textile. En 1954, ils habitent au 135 rue Jacquard. Puis, au début des années 60, ils déménagent au 61 rue Pellart, dans une maison beaucoup plus vaste et plus confortable pour toute la famille car Eugenio et Letizia ont 5 enfants. Les trois garçons les plus âgés travaillent en entreprise : Serge est ajusteur, Aldo est tisserand et Bruno est ajusteur également.

Les 3 garçons sont musiciens et aiment le chant. Ils créent un orchestre « I Cogoni » et interprètent, au cinéma « Le Royal » pendant l’entracte, des chansons italiennes. Serge, Aldo et Bruno deviennent rapidement des artistes de variété. Avec beaucoup de travail, la notoriété prend de l’ampleur. L’été, trois fois par jour, et pendant trois mois, ils font des galas sur la côte belge à La Panne et Blankenberge. L’hiver, ils chantent à Mouscron, au Relais de la Poste, devenu le Twenty, et au Carioca.

Bruno et Serge au Carioca ( Document S. Cogoni )

Pour enregistrer un 45 tours instrumental, leur maison de disques leur demande de changer de nom. Le groupe devient « Les Sunlights », pour rappeler peut-être le soleil de Sardaigne qui leur manque tant. Serge est à la guitare d’accompagnement, Bruno à la guitare solo et Aldo à la batterie, Jean Paul Vanhoute vient aider le groupe occasionnellement à la guitare basse. Les Sunlights ont un succès grandissant ; les concerts et les galas se succèdent. Ils croisent la route de chanteurs célèbres.

( Document J. N. Coghe )


Les Sunlights sont tellement appréciés qu’ils sont choisis pour accompagner le grand chanteur de rock and roll, Gene Vincent, pour une série de concerts en France, en Belgique et en Suisse en 1963.
En 1966, ils entendent chez un disquaire la chanson « Le Déserteur » écrite par Boris Vian. C’est le coup de foudre. Ils décident d’en sortir un 45 tours et le succès est immédiat.

( Document coll. priv. )

Forts de cette réussite, ils enregistrent de vieilles chansons comme « les roses blanches » de Berthe Sylva, ou « Le Galérien » « Ne joue pas au soldat ». Des magazines comme Paris Match relatent alors l’ascension des Sunlights. Il sont invités à de nombreuses émissions de télévision. Le triomphe est toujours présent. Ils chantent uniquement en direct et sont toujours très bien accueillis lors de leurs prestations.

Serge se marie avec Chantal, qu’il a rencontrée au dancing du Fresnoy il y a quelques années déjà. Aldo, lui, se marie avec Anne Marie.

Les Sunlights en 1970 ( Document S. Cogoni )

Au début des années 1970, leur imprésario les ayant délaissés, ils connaissent quelques mois de galère. Serge quitte Roubaix pour partir dans le sud de la France avec sa petite famille et occupe ses journées par des petits boulots. Aldo continue une carrière solo et Bruno monte un orchestre. Si la célébrité est difficile à acquérir, l’oubli du public peut être très rapide et durer plusieurs années. Cependant, dans les années 90, quelques émissions de télévision comme « Succès fous » permettent aux Sunlights de renouer avec le succès. Ils créent alors des compilations de leurs plus grands tubes, en CD, 20 ans après.

( Document coll. priv. )

Bruno décède, en 2007, à l’âge de 64 ans. Aldo prend sa retraite, Serge continue seul à chanter.

( Photo BT )

La maison où a habité la famille Cogoni, au 61 rue Pellart, existe toujours. Aujourd’hui, c’est le 244 avenue des Nations Unies ( face à l’école St Louis ). Une plaque a été posée sur la façade de la maison, par la Mairie, il y a quelques années, en souvenir des Sunlights.

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Remerciements à Jean-Noël Coghe, journaliste, et à Serge Cogoni pour son livre « Merci la vie ».

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Un grand musicien roubaisien

( Photo BT )

Georges Delerue est né à Roubaix le 25 Mars 1925. Ses parents habitent au 27 rue de Valmy. Sa mère Marie Lhoest est femme au foyer, son père est chef d’atelier de l’entreprise JB Lhoest qui appartient au père de Marie. Il fabrique des limes au 152 rue Decrême

( Document coll. priv. )

La mère de Georges a un joli filet de voix ; elle connaît la musique, sait lire les notes et joue au piano du Bizet et du Gounod. Quand elle arrive à faire des économies c’est pour emmener toute la famille à l’Hippodrome-Théâtre, sur le boulevard Gambetta, assister à des représentations d’opéra comique.

Georges Delerue et sa mère Marie ( Doc V Perrot )

En 1928, les parents déménagent au 23 rue Louis Dupire, près de la place Faidherbe. Marie s’aperçoit un jour, par hasard, que Georges arrive à chanter avec elle, avec une aisance déconcertante, un air qu’elle fredonne. Il a 5 ans. C’est une première révélation !

Georges commence alors à se familiariser avec la musique, les notes et le piano. Il est plutôt bon élève à l’école, de tempérament solitaire et mélancolique. Il passe son certificat d’études en 1938, et ses parents, très fiers, le récompensent en l’inscrivant au conservatoire de la rue de Soubise. Georges est fou de joie mais il continue ses études de métallurgie à l’institut Turgot, rue du Collège.

Georges Delerue à 15 ans ( Document V. Perrot )

C’est à cette époque-là que les parents emménagent au 152 rue Decrême, dans l’usine familiale de fabrication de limes ; Georges y travaille en tant qu’ouvrier pour aider financièrement la famille.

Le poste de travail de Georges ( Document V. Perrot )

En 1941, Georges souffre énormément du dos et doit subir une opération délicate, à Lille, qui l’immobilise plusieurs mois. C’est à cette époque, que Georges se rend compte qu’il est habité par la musique, et devient obsédé par l’idée de composer. Ses professeurs, dont Albert Desenclos, au conservatoire, sont conscients du formidable potentiel d’oreille et d’intelligence musicale de Georges et, en conséquence, le font travailler sur des œuvres de Debussy, Fauré, Schumann, Brahms. . .

Georges travaille jour et nuit et les récompenses arrivent en Juillet 1945 puisqu’il obtient au conservatoire :

Le 1° prix de piano

Le 1° prix d’harmonie

Le 1° prix de musique de chambre

Le 2° prix de clarinette

Encouragé par ses professeurs, Georges tente sa chance en montant à la capitale et s’inscrit au Conservatoire National de Musique de Paris. Il quitte Roubaix en Septembre 1945. Des années 1945 à 1950 il termine ses études musicales à Paris, il compose ses premières œuvres et s’initie à la fonction de chef d’orchestre.

( Document V. Perrot )

Dans les années 1960, il rencontre les réalisateurs de cinéma de la nouvelle vague, et écrit pour les plus grands d’entre eux : Truffaut, Godard, de Broca, Verneuil, Oury…Coppola et d’autres grands réalisateurs américains commencent à s’intéresser à son travail. Il va désormais composer à la fois pour Paris et Los Angeles. Georges connaît alors une ascension fulgurante.

( Document INA )

Georges Delerue n’oublie pas Roubaix. De passage dans les années 1980, il s’arrête quelques instants devant la maison de la rue Louis Dupire, où il a passé une partie de son enfance, et bien sûr, au conservatoire municipal, rue de Soubise.

Georges est récompensé par trois Césars de la meilleure musique de film à Paris : en 1979 pour « Préparez vos mouchoirs », en 1980 pour « l’Amour en fuite », en 1981 pour « Le dernier métro » et 1 Oscar à Hollywood en 1980 pour « I love you, je t’aime ».

( Document coll. priv. )

Georges décède en 1992 à Los Angeles. Il laisse une œuvre considérable, gigantesque, monumentale. Il a composé 348 musiques de film, des musiques pour la télévision, quelques opéras, des musiques pour des documentaires, des concertos, des musiques de chambre. Il faudrait 80 jours d’écoute, pour apprécier toutes les œuvres mises bout à bout.

( Document NE et photo

La ville de Roubaix n’oublie pas Georges Delerue. Le 21 Juin 1994, le jour de la fête de la musique, M le Maire, René Vandierendonck dévoile une plaque gravée en hommage à Georges Delerue, dans la cour du conservatoire, en présence de son épouse Colette et de ses deux filles.

( Photo BT )

En 2018, une fresque est réalisée sur le pignon d’une maison voisine de la nouvelle entrée de l’école de musique, rue de Lille. Georges Delerue : un des plus grands compositeurs du 20° siècle. Un des plus prestigieux enfants de notre ville, issu d’un milieu modeste, et qui termine sa carrière à Hollywood.

Remerciements à Vincent Perrot pour son livre « Georges Delerue, de Roubaix à Hollywood », ainsi qu’à Isabelle Leupe et Laurence Thiery du Conservatoire de Roubaix.

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