Café du Bas du Bout (suite)

Et la solidarité ne s’arrête pas là puisque Gérard Mahieu a également profité de la générosité des amateurs colombophiles, lors des concours, pour offrir des colis de Pâques aux anciens du quartier : friandises, sucre, café, chicorée et biscuits. Tout naturellement ses successeurs, le couple Lempire perpétue la tradition à son arrivée dans les lieux en 1968.

Le colis de Pâques pour les anciens en 1966 (Document Nord-Eclair)

Il faut dire que le café est aussi le siège de la société de caisse d’épargne « les Amis du Bas du Bout » dont René Lempire est à la fois vice-président et trésorier et qui compte une centaine de membres actifs. Elle offre chaque année un banquet à une trentaine d’anciens du quartier le dimanche précédant Noël, souvent présidé par le maire, le docteur Jean Leplat.

Une réunion des Amis du Bas du Bout en 1968 à leur siège et manifestation sportive en faveur du comité d’entraide (Documents Nord-Eclair)

Pour que ce comité d’entraide fonctionne sont organisées des ducasses à Pierrot et des manifestations sportives au profit des anciens. Puis c’est la fête et, sous les guirlandes tendues entre les maisons de la rue, des parties acharnées de « trou-madame » et de jeux de massacre se déroulent sous l’oeil placide et les roucoulades des pigeons de concours.

L’intérieur du café : René, Léonce et leurs clients au bar (Documents Historihem)
Festivités dans les années 1970 (Documents Nord-Eclair et Historihem)

Vue aérienne du Bas du Bout en 1971 (Document IGN)

A noter qu’avant même de reprendre le café de Gérard Mahieu, René Lempire avait été l’un des créateurs du comité dont il est trésorier. La fête a été créée ensuite afin de compenser les dépenses nécessitées par les colis et repas offerts aux anciens. Puis le café devient également le siège des supporters de l’USH (Union Sportive Hémoise), puis le siège de l’Olympic Hémois, club de football, ainsi que du Fémina Omni Sports Hémois et Léonce Lempire devient membre d’honneur du premier et vice-présidente du second.

René et Léonce Lempire mis à l’honneur pour leur treize ans au service des anciens en 1978 (Document Nord-Eclair)
Les publicités des années 1970 pour le café (Documents Historihem)

L’USH est née de la fusion du club de football du foyer Saint Corneille et du football club de Hem en 1964 et comporte des équipes de jeunes et une équipe séniors. Des survêtements sont offerts aux joueurs par leurs supporters du Bas de Bout en 1969 et en 1970 l’USH les remercie officiellement à l’occasion du tournoi des minimes. Puis en 1974, c’est le jubilé de deux joueurs qui est fêté : Gérard Cochez et Francis Lempire (le fils de René et Léonce).

Les survêtements offerts et les remerciements du club (Documents Nord-Eclair et Historihem)
Le jubilé de Gérard Cochez et Francis Lempire en 1974 (Document Nord-Eclair)

L’Olympic Hémois qui a son siège au bas du bout dispose d’équipe séniors mais aussi d’une équipe jeunes dans les années 1970. En outre une école de football y a été créée pour les poussins, pupilles et minimes, fréquentée par 50 enfants tous les mercredis. Dix ans après sa création l’OH créée son journal mensuel et René et Léonce assurent avec leur dynamisme habituel l’animation du siège de cette sympathique équipe.

Une partie de la commission et le président et l’en-tête du mensuel (Documents Historihem)

Quant au FOSH, qui a aussi son siège au bas du bout, il y tient ses assemblées générales et Léonce en assure la vice-présidence avec beaucoup de sérieux. Créé en 1970, il compte 60 adhérentes de 15 à 20 ans et évolue au niveau national, ce qui implique des déplacements dans toute la France. Florence Decoopman évoluera même en international dix ans après la création du club.

L’assemblée générale et le comité (Documents Historihem)
Tournois avec remise de lot au café Lempire (Documents Historihem)

Dans les années 1980, le café continue ses activités et sa publicité dans le bulletin municipal de 1982 en atteste. Outre son activité principale le café du Bas du Bout reste alors le siège de 3 associations : les Francs-Amateurs, l’Olympic Hémois et le FOSH. Puis en 1995, l’établissement est repris par Patrick Fromage avant de fermer définitivement ses portes en 2010.

Publicité de 1982 (Document bulletin municipal de Hem)

Depuis la maison qui abritait le café a été rehaussée d’un étage avant de devenir une maison d’habitation. La rue Vaillant mène toujours au bas du bout mais aucune enseigne n’en fait plus mention. Elle a perdu son commerce historique et emblématique et est devenue une rue paisible à usage d’habitation sans plus de trace de l’animation qui faisait sa renommée au vingtième siècle.

Le café en 2008 et la maison d’habitation rehaussée d’un étage en 2023 (Documents Google Maps)
Vue aérienne de la rue Vaillant et le Bas du Bout en 2023 (Document Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem

ENSAIT

En 1876, la municipalité roubaisienne décide de réunir sous le même toit, les cours académiques de dessin et les cours de perfectionnement du textile dispensés par la ville de Roubaix. Ces deux enseignements, disséminés jusqu’alors en divers locaux, sont donc regroupés en un seul endroit et sous la même direction.

Le 5 Aout 1881, une nouvelle loi paraît au Journal Officiel, et le 28 Novembre 1882, une Convention est signée entre l’Etat et la ville de Roubaix pour la construction d’une école.

En 1882, le terrain choisi pour la construction, est le square Notre Dame qui se situe rue Nain dans le prolongement de la rue du Chemin de fer. C’est un terrain d’une superficie d’environ 1,5 ha. Aujourd’hui c’est la place des Martyrs de la Résistance, auparavant appelée place Chevreul.
Ce square était autrefois un cimetière qui a été ensuite déplacé le  »long du pavé de Wattrelos » en 1850, actuellement Grande Rue ( c’est le cimetière de Roubaix que nous connaissons aujourd’hui ).

Plan cadastral
Document Journal de Roubaix
la grille du square Notre Dame, démontée en 1885 et posée rue Mimerel au square Pierre Catteau ( document archives municipales )

L’architecte Fernand Dutert est choisi en 1884 pour l’étude. Fernand est célèbre pour ses créations en fer ( des verrières comme la galerie du Muséum d’histoire naturelle à Paris ).

Fernand Dutert étudie avec des industriels et des artisans roubaisiens, la façon de concevoir le bâtiment pour un mariage heureux de l’esthétique et du fonctionnel. Un immense hall, un musée, une bibliothèque modèle pour l’époque, des serres et une animalerie sont prévues. L’appui de l’architecte Dutert est décisif dans le choix de Roubaix pour la création d’une école textile dans le Nord. Les travaux peuvent commencer.

Document collection privée
Document collection privée

En 1889, s’ouvre l’ENAI : Ecole Nationale des Arts Industriels, que les roubaisiens vont appeler : « l’école des Beaux Arts ». Le premier directeur est Victor Champier, célèbre critique d’art, et fondateur de « la Revue des arts décoratifs ». Sa nomination marque à l’origine, une prédominance de l’art sur la technique, mais en 1921 l’école passe des Beaux Arts à l’enseignement technique.

En 1921, l’ENAI devient donc l’ENSAIT, Ecole Nationale des Arts et Industrie Textile. A partir de cette époque, tous les directeurs nommés auront une formation technique.

L’école comprend deux corps de bâtiment dédiés, l’un à l’enseignement des arts, l’autre à celui des techniques textiles, le tout entouré de vastes pelouses, de parterres de fleurs et d’arbres d’essence diverses.

Document collection privée

La façade principale sur laquelle s’ouvre les entrées des musées, de la bibliothèque et de la salle de conférence, est couronnée au centre, d’une sculpture : « l’Art Industriel », et aux extrémités, de deux frontons représentant, les Arts et les Sciences. L’ensemble constitue une œuvre architecturale du plus heureux effet. L’agencement des locaux répond aux minutieuses exigences des enseignements.

Motif central de la façade, porte de l’amphithéâtre et le grand escalier en bois ( Documents collection privée )
Document collection privée
Document collection privée

Pour répondre à la loi de 1882, l’organisation matérielle de l’école comprend : des ateliers de dessin, peinture et sculpture, des laboratoires de physique, chimie, d’électricité et de teinture, des ateliers de peignage, tissage, filature, teinture et impression, des salles de collections technologiques, de machines et d’appareils de démonstration, une magnifique bibliothèque de plus de 15.000 volumes, un musée d’art et un musée des tissus, une salle de conférence pouvant contenir 600 personnes.

La construction jumelée d’une bibliothèque municipale et d’un centre d’instruction est inhabituelle pour l’époque. Sa situation géographique au sein même de l’école est privilégiée car centrale et donc directement accessible au public. Elle est néanmoins éloignée des ateliers bruyants.

Pendant des décennies, l’ENSAIT va former des centaines d’ingénieurs.

ateliers de tissage, de peignage et de filature, métiers à tapis ( Documents collection privée )
Document collection privée
Document collection privée

L’ENSAIT présente, chaque année, dès les années 1940, les travaux des élèves, lors d’une exposition dans le hall d’honneur qui regroupe et met en valeur toutes les connaissances nécessaires aux élèves, pour arriver au stade définitif de leur travail. L’exposition fait honneur à l’école, à son directeur, ses professeurs, aussi dévoués que compétents, qui continuent ensemble la tâche entreprise par leurs prédécesseurs.

Document collection privée

Comme tous les musées nationaux, le musée de Roubaix ferme pendant la seconde guerre mondiale. A la libération, le Musée National de Roubaix ne rouvrira pas, car les collections sont considérées comme démodées. Il est alors déclassé par l’Etat et les collections sont abandonnées dans l’Ensait. Quant à la Bibliothèque de l’ENSAIT elle s’établit rue du château.

En 1955, Fernand Florquin, président de l’association des anciens élèves de l’ENSAIT, est nommé officier de la légion d’honneur. Il a succédé au maître J.J. Weerts en 1927 et a consacré, pendant plus d’un demi-siècle, tous ses loisirs au développement et au renom de cette fabuleuse institution, avec une compétence remarquable.

document Nord Eclair

à suivre . . .

Remerciements aux archives municipales

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Une Bugatti, rue du Maroc

Septembre 1989, branle-bas de combat, dans la rue du Maroc à Roubaix face au N°56. Des policiers de Roubaix et des démineurs venus d’Arras ont été requis par une étude notariale. Cette maison est inoccupée depuis le mois de Mai de cette année. Le vieux monsieur qui y résidait est décédé à l’hôpital.

Le 56 rue du Maroc de nos jours ( Photo BT )

D’après les voisins, Pierre Dominé et son frère Jean, décédé il y a maintenant une dizaine d’années, étaient passionnés par les véhicules anciens et surtout par les armes. Soucieux d’éviter des cambriolages, ils avaient fait courir le bruit que leur maison était piégée.

document Nord Eclair

En fait, les motifs de crainte ne sont pas fondés et tout se passe bien, à part un certain émoi dans le quartier. Il n’empêche que c’est quand même un joli trésor que tout ce petit monde peut admirer : une Hotchkiss et surtout une Bugatti. Ces deux voitures très anciennes sont en parfait état, certes très poussiéreuses, mais sans un seul point de rouille, seul le bouchon du réservoir de la Bugatti est manquant.

document Nord Eclair

Les deux voitures sont emmenées par l’entreprise Lys dépannage pour être stockées provisoirement dans ses locaux roubaisiens.

document Nord Eclair

La Hotchkiss date de 1958 et la Bugatti de 1928. Cette dernière est un coupé de 8 cylindres en ligne de 17 chevaux avec conduite à droite. Les frères Dominé ne la sortaient qu’une fois l’an pour une escapade en Bretagne en été ce qui explique que le compteur n’indique que 28.780 kilomètres parcourus en 61 années. Le véhicule est assuré au kilomètre, et l’assureur Bernard Tack de la rue Claude Lorrain, confirme les chiffres sans problème.

document Nord Eclair

La Bugatti de 1928 est très rare ; il n’y en aurait que 3 ou 4 de ce type, en France. Elle sera vendue aux enchères à la salle des ventes de Roubaix. Maître Mercier , commissaire priseur, qui s’y connaît pourtant bien en la matière, n’a pas encore eu l’occasion de voir ça, dans sa carrière. Les enchères pourraient bien atteindre des sommets. Le club Bugatti France estime la valeur du véhicule à un prix pouvant atteindre 500.000 Frs, et peut-être même davantage . . .

document Nord Eclair

En ce mois de Novembre 1989, à l’hôtel des ventes de Roubaix, Mr Picaud, expert parisien, vante les qualités de ce « trésor roulant » : très bonne origine… excellente conservation… quelques travaux mécaniques suffisent à la remettre en route…A l’époque dans les années 1920 1930, seulement 1000 exemplaires sont sortis de la maison Bugatti, et j’ignore combien sont encore en marche aujourd’hui !

Le vente commence, la mise à prix est de 200.000 Frs, les enchères ne durent que quelques minutes. A 400.000 Frs ils ne sont plus que deux amateurs en lice. L’un des deux, un collectionneur passionné qui souhaite rester anonyme, remporte le véhicule pour la somme de 470.000 Frs.

document Nord Eclair

L’acheteur ne fait pas de commentaires sur ses projets pour son véhicule. Sera t il dans une salle d’exposition ? Dans un musée automobile ? Reverra t il la Bretagne ?

Il souhaite absolument garder l’anonymat, mais cela risque d’être un peu difficile de passer inaperçu au volant d’une rutilante Bugatti « jaune canari ».

document Nord Eclair

Remerciements aux archives municipales

Auberge du Tilleul

C’est Jean-Louis Briffaut qui ouvre un café à l’angle de la rue du Cimetière (actuelle rue du 06 juin 1944) et de la rue du Saint-Amand (actuelle rue du Docteur Coubronne) à Hem en 1863. L’établissement à l’enseigne « Au Tilleul »est repris en 1874 par Rosalie Jouveneau.

Le choix du nom serait dû d’après les anciens à un gros tilleul qui pousse non loin de l’estaminet et auquel les coursiers peuvent attacher la bride de leur monture. La spécialité de l’établissement semble être le genièvre servi dans un verre spécial à gros fond.

Situation du café à l’angle des 2 rue au début du 20ème siècle (Document Historihem)

L’entrée est située juste au coin de la rue du Cimetière et les livreurs ramènent les boissons à l’aide de charrettes tirées par 3 ânes car les nombreuses côtes à monter sont trop épuisantes pour 2 animaux. Sur la photo, la carriole des livreurs vient d’arriver et prennent la pose avec les tenanciers de l’établissement.

Le café en gros plan au début du 20ème siècle (Document Historihem)

A l’époque, le dimanche, seul jour de repos est consacré par les hommes au cabaret où ils jouent aux cartes, aux fléchettes et aux bourles mais aussi fument et boivent, essentiellement de la bière et du genièvre mais jamais de vin, beaucoup trop cher. Alors qu’au début du 19ème siècle Hem comptait 11 estaminets, ceux-ci se sont multipliés.

6% des cabaretiers seulement sont propriétaires de leur établissement. Les locataires changent souvent mais les enseignes restent. Il y en a alors au moins 60 à Hem, même s’il est difficile d’en fixer le nombre exact tant la situation est fluctuante d’un mois sur l’autre. Au Tilleul, on danse beaucoup et les bals de la ducasse y sont organisés, durant lesquels les garçons de Hem et ceux de Forest, ville voisine, se disputent l’honneur de faire danser les jeunes hémoises.

Ensuite, c’est au tour de Georges Thieffry de reprendre le café. Pendant la première guerre, plus précisément en juin 1915, il combat avec vaillance au front quand il est atteint à la jambe par une « balle explosible ». Réformé en 1918, perçoit une pension d’invalidité et continue à souffrir de sa blessure jusqu’à son décès.

Lors de ses obsèques il reçoit un vibrant hommage de la fraternelle des anciens combattants dont il était l’un des membres fondateurs. Il reçoit également l’hommage de la municipalité en temps que conseiller municipal élu en 1929 et membre de la commission administrative du bureau de bienfaisance.

Le café du temps de Georges Thieffry (Document Historihem)

Ensuite Achille Delemme reprend la gestion du café pendant les années 1920 et sa fille, Denise Dal-Dellemme, lui succède à la fin des années 20 et jusqu’à la fin des années 1930. Durant cette époque la grande salle est prêtée gratuitement aux diverses sociétés hémoises :

Les anciens combattants y font leurs réunions ;la société mutuelle La Sécurité y tient son assemblée générale 2 fois par an et la société horticole des jardins ouvriers 2 fois par mois ; les démocrates populaires y font leur réunion mensuelle et la musique municipale sa réunion hebdomadaire ; c’est aussi Achille qui met en place le Tir à la carabine.

Le café géré par Achille Delemme (Document Historihem)

La culture n’y est pas oubliée puisqu’y siège le Comedia Club qui, dans les années 20 y présente ses représentations théâtrales telle que « Muerta la Valca » en 1924. Quant à Achille il fait lui-même partie de l’harmonie municipale et pose fièrement avec les autres musiciens au 3ème rang de la Photo prise en 1922.

La représentation de Muerta la Valca en 1924 (Document Histotihem)
L’harmonie municipale en 1922 (Document Historihem)

Mais l’établissement sert également de siège et de salle d’entraînement au club de lutte hémois dans les années 1930. Le Docteur Trinquet en est le président, Alphonse Pessé l’animateur et Stanis Drymala l’entraîneur. Le club marche fort et compte dans ses rangs plusieurs champions du Nord.

Entrainement du club en 1933 (Documents Historihem)
Le club de lutte hémois en 1934 ; sur la 2ème photo, debout au 1er rang en partant de la gauche Stanis Drymala.(Documents Historihem)

Pendant la 2ème guerre mondiale, la grande salle, auparavant dévolue aux bals, sert à entreposer les matériels réquisitionnés par les troupes allemandes d’occupation. A la fin de la guerre en 1945 c’est le ravitaillement qui est distribué par l’établissement. Le comité du ravitaillement fondé par la municipalité répartit les denrées entre les commerçants et distribue des cartes de ravitaillement aux familles pour chaque denrée.

A suivre…

Remerciements à la ville de Hem et à l’association Historihem

La Roseraie

Ets Leclerq-Dupire à Wattrelos (Document ateliers-mémoire)

Louis Leclercq-Huet descend d’une famille d’industriels. Son père Louis Leclercq-Mulliez a en effet développé en 1865 les établissements Leclercq-Dupire à Roubaix-Wattrelos que son grand-père avait fondé. Louis épouse Jeanne Huet en 1885 et demeure dans un 1er temps à Roubaix , 74 boulevard de Paris avant de faire construire son château à Hem, au 111 rue de Croix, « La Roseraie »..

La Roseraie CPA et Photo (Document collection privée)
Photo de famille en 1923 dans le parc du Château (Document Historihem)

Louis, qui travaille avec son père élève une famille de 12 enfants dont 2 fils meurent: l’un à la guerre, l’autre accidentellement à l’armée. Quant à lui, pendant la 1ère guerre mondiale, en tant qu’industriel, il fait partie des otages emmenés en Allemagne au camp de Holzminden.

Les otages du Nord du camp de Holzminden (Document Historihem)

Membre de la chambre de commerce de Roubaix il conserve ses fonctions le plus longtemps possible aux Ets Leclercq-Dupire, jusqu’à ce que sa santé ne le lui permette plus et décède, en 1928, dans sa 66ème année, dans sa résidence de Hem. Son épouse le suit un an plus tard à l’âge de 63 ans.

Mortuaires des époux Leclercq-Huet (Documents Historihem)

Comme le montre une vue aérienne de 1932, La Roseraie, ce n’est pas qu’une grande demeure majestueuse. C’est également un énorme terrain qui comprend, outre la bâtisse principale : plusieurs dépendances puis une ferme, des jardins, des prés, un cours d’eau…

Photo aérienne de 1932 (Document IGN)
La famille sur le pont enjambant le cours d’eau (Documents collection privée)

Entre les années 1930 et 40, les jardins se structurent et le domaine est savamment entretenu comme en témoignent les séries de cartes postales qui lui sont consacrées. Un magnifique parc boisé et des jardins luxuriants font l’admiration des visiteurs. La demeure familiale est alors la propriété de Louis Leclercq-Motte et son épouse, fille d’Eugène Motte, qui ont 10 enfants. C’est Louis qui dirige les Ets Leclercq-Dupire à Roubaix et Wattrelos et fonde également, avec ses frères, les usines Leclercq-Dupire d’Ypres, Cysoing, Saint-Python….

La Roseraie série noire (Documents collection privée)

En 1936, le salut solennel et la cérémonie de clôture de la fête d’été en l’honneur de Notre Dame de Lourde, sous la présidence du cardinal Lienart, évêque de Lille, se déroulent à la Roseraie après une procession dans les rues de la ville et une grand messe solennelle chantée à l’église Saint-Corneille avec le concours de la chorale paroissiale.

La presse se fait écho du rassemblement de l’ensemble de la procession dans la propriété, et de la chorale d’hommes entonnant le Magnificat repris en choeur par la foule des fidèles. La cérémonie s’achève par la bénédiction du Saint-Sacrement sur la foule agenouillée.

Le programme de la fête d’été (Document Historihem)
Photos de la cérémonie à la Roseraie (Document Historihem)

Pendant la 2ème guerre mondiale, comme la plupart des châteaux et maisons de maître à l’époque, la propriété est occupée par les allemands comme le démontrent les 4 photos ci-dessous. Pourtant la demeure reste fort heureusement intacte si l’on se réfère à cette vue aérienne de 1947.

La Roseraie occupée (Documents collection privée)
Vue aérienne de 1947 (Document IGN)

En 1957, Louis Leclercq-Motte et son épouse célèbrent leurs noces d’or avec faste. La journée commence par une messe d’action de grâces à l’église Saint-Corneille, en présence de toutes les notabilités de la région. Puis une cordiale réception est offerte au domicile des jubilaires aux nombreux parents et amis où un grand repas familial rassemble ensuite une centaine de membres de la famille.

La famille pose sur l’escalier extérieur à l’arrière du château (Document Nord-Eclair)

La Roseraie reste ensuite la propriété des familles Leclercq-Motte et Motte-Watinne que l’on y retrouve domiciliées dans les Ravet-Anceau de 1958 à 72. Dans les années 60, un carton d’invitation est envoyé par Mme Jean Leclercq sous la forme suivante : « Gentilhomme et Gente Dame, soyez priés à danser, ce samedi trente et un mai en notre Cense de la Roseraie, où bal campagnard est donné pour fester de Sylvie et Christian les dix-huit et vingt-cinquième printemps » « Tenue de gente Dame ou Gentilhomme campagnard du siècle passé ».

La carte d’invitation à la fête (Document collection privée)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Les Orgues de Roubaix

Martin Lehmann a 37 ans ; il est marié et père de 4 enfants. C’est un ancien chanteur d’opéra. Parisien d’origine, il est fou de musique mécanique. L’idée lui vient un jour d’ouvrir un salon de thé où l’ambiance serait confiée à un instrument polyphonique.

Martin Lehmann ( document Nord Eclair )

Arrivé en 1999 à Roubaix, il tombe immédiatement amoureux de la ville. Martin découvre, depuis la Grand Place, l’immeuble du N° 4 de la rue du maréchal Foch. Cet immense bâtiment a longtemps été occupé par la prestigieuse compagnie d’assurances Antwerpia qui a quitté les lieux en 1990, et qui a abrité à la rentrée de cette même année, l’école « Sup de Cré » : école supérieure de créatifs en communication.

document collection privée

Martin Lehmann a un coup de foudre pour cet immeuble, et reste persuadé que cela va donner à son projet initial une dimension qu’il n’imaginait même pas !

Martin fait en effet l’acquisition d’un orgue « Mortier » de 1912 : une pièce rarissime ! Un orgue immense de 8,20 m de haut et 5,20 m de large avec 744 tuyaux et 24 registres ce qui correspond à une harmonie de 70 musiciens

l’orgue Mortier ( document Nord Eclair )
l’orgue Mortier ( document Nord Eclair )

Il décide donc d’ouvrir un cabaret-musique-dancing, unique au monde, dans notre ville, au 4 de la rue du maréchal Foch. Martin Lehmann rencontre M. Boudailliez adjoint à la culture à la mairie pour lui présenter son projet. Ce dernier est séduit par son idée, d’autant que le Musée de l’Art et de l’Industrie « La Piscine » va ouvrir ses portes dans peu de temps. C’est un formidable tremplin pour la ville.

Martin va ainsi réaliser son rêve et se lancer dans un projet très ambitieux : « Les Orgues de Roubaix » en ce début d’année 2000.

la verrière ( document Nord Eclair )

L’orgue Mortier est installé sous l’élégante et lumineuse verrière du 4 rue du maréchal Foch, dans une vaste pièce aux dimensions parfaites. C’est la grande vedette de ce  »musée-cabaret-dancing ». Mais il y a d’autres stars, tels un orgue de barbarie de 32 notes et le fameux jazz-bandophone à 45 touches.

Pour Martin, ce n’est pas qu’un musée, c’est un véritable lieu de vie, de fête et de convivialité.

Martin, en maître des lieux se constitue une formidable collection de musique en faisant refaire à l’orgue Mortier, des symphonies, des opérettes mais également des musiques populaires.

la façade ( document Nord Eclair )

L’établissement « Les Orgues de Roubaix » ouvre le 23 Septembre 2000. Martin Lehmann organise le matin, des visites réservées aux scolaires ou aux groupes, puis le midi, sert des repas simples à prix modérés dans un cadre unique. Ensuite il enchaîne avec des thés-dansant dans l’après-midi et termine le soir par des dîners-spectacles de style Moulin Rouge avec French Cancan et chansons populaires. Le prix de l’entrée est de 250 Frs pour passer une soirée inoubliable.

Ambitieux, Martin contacte des Tours Opérators pour faire venir des touristes étrangers à Roubaix, ainsi que le Grand Hôtel Mercure de Roubaix et les hôtels de toute la métropole en vue de communiquer sur les Orgues de Roubaix.

Instantané de mémoire : « Je veux que cet endroit soit un lieu de mémoire dédié en partie à Roubaix à la formidable aventure collective de cette ville et à sa renaissance. Le bonheur de se réaliser dépasse l’angoisse de se rater. »

Menu du réveillon du 31.12.2000 ( document collection privée )

Pour dynamiser davantage son entreprise, Martin Lehmann prépare la soirée du réveillon du 31.12.2000.

L’équipe devant l’orgue Mortier ( document archives municipales )

En début d’année 2001, l’ ARIC Association des Retraités Indépendants et Cadres y organise un repas spectacle de plus de 200 personnes. Tous les retraités sont ravis d’avoir passé un super moment convivial.

soirée ARIC ( document Nord Eclair )

Malheureusement, Martin Lehmann n’a pas gagné son pari. C’est un échec et les Orgues de Roubaix ferment leurs portes en 2001. Il y croyait pourtant, enthousiaste et passionné. Il a investi beaucoup d’argent pour la rénovation de son orgue, pour les travaux de ré-aménagement du lieu, pour ses fabuleux spectacles de French Cancan . . .

Il y a bien eu, certes, des soirées mémorables, mais la mayonnaise n’a jamais vraiment pris. Martin s’est retrouvé bien seul face aux premières difficultés de sa formule, et il en a gros sur le cœur : « c’est un énorme gâchis ». L’orgue est désormais démonté et remballé.

document Nord Eclair

En Janvier 2003, Thierry May commissaire priseur, s’installe dans cet immeuble de la rue du maréchal Foch, pour y créer la société de vente aux enchères de Roubaix.

L’immeuble en 2022 ( Photo BT )

Remerciements aux archives municipales

Jean de Leers

Les organisateurs de la fête de l’entente leersoise font appel à l’occasion de la soirée du mois d’août 1960 à un orchestre de choix ! Jean Prez, dit Jean de Leers, se produira pour la première fois dans la salle des fêtes de la commune. Tous les leersois connaissent bien ce sympathique musicien issu d’une famille leersoise bien connue.

Jean Prez doc BNRx

Jean Prez est en effet fils et petit fils de maçons leersois. Son grand-père Henri Prez habitait hameau de la longue rue et il eut pas moins de treize enfants ! Son père Jean Louis Prez fut terrassier, maçon et cafetier, il habitait le hameau de la petite frontière et il eut trois enfants, (Jules, Jean, Thérèse), Jean étant né en 1922 à Leers-Nord.

Jean Prez 1960 doc NE

Jean de Leers est un artiste dont la virtuosité est reconnue depuis longtemps, il sera même professeur d’accordéon, compositeur et éditeur de musique. Il vient à Leers avec son accordéon, son bandonéon, sa flûte, son piano, son vibraphone, sa voix et il est accompagné par une formation qui comprend Ferdinand Craye à l’accordéon et au bandonéon, Paul Marescaux à la trompette, au violon et au chant, Georges Bart, trompette, piano, accordéon, congas, Germain Froment, à la clarinette et au saxophone, Théo Juillet à la contrebasse, André Merckx à la batterie.

Jean Prez et son orchestre doc NE

Ils vont animer un bal qui amènera de la joie pour tous, anciens et jeunes danseurs, et amateurs de musique d’orchestre. Le bal de l’entente leersoise a lieu le 14 août et le bénéfice de la soirée permettra aux dirigeants du club d’assurer à toutes les équipes une très belle saison. Des tables sont en location au café Loy 2 rue de Néchin, chez Desmet face à la salle des fêtes. Le retour vers Roubaix, Toufflers, Lys, Lannoy, Wattrelos est assuré par autocar. Le prix d’entrée est à 2,50 francs.

L’après-midi, à 15 heures et à 17 heures 30 et le lendemain après-midi du lundi se déroulera un tournoi de football au stade Léo-Lagrange avec la participation du Capreau de Wasquehal, du FC Annappes, de l’ASPTT de Lille.

Le Groupe « Chocolat’s »

Roubaix connaîtra différents groupes de chanteurs italiens dont « les Sunligths », les « Carré d’as »et les « Chocolat’s ». A noter : Alain Delorme et son groupe Crazy horse est également natif de Roubaix où il résidera rue de Lille. Il fera l’objet d’un prochain article.

Le groupe appelé au départ Variance, puis Chocolat’s boys, est composé de trois roubaisiens Salvatore Acquaviva rue Daubenton, Christian Zeroual et Lucciano Cilli tous deux du quartier de l’Hommelet. Ces deux derniers ne continueront pas longtemps le groupe préférant retourner dans leur vie professionnelle et familiale. Le groupe est repéré par le producteur Jean Vanloo de l’agence artistique Unidans à Mouscron (qui mettra en piste Patrick Hernandez. «  born te be a live ») qui leur proposera l’enregistrement du titre «  bimbo » sous le nom de chocolat’s boys.

Fin 1975, Gino, le frère de Salvatore Acquaviva le remplace, car ce dernier rejoint le service militaire. Le groupe s’appelera les « Chocolat’s » et sera composé de 5 musiciens et de cinq danseuses. Les danseuses seront intégrées suite à une volonté de l’animateur Guy Lux qui n’accepte leur passage télévisé qu’à ce prix. (émission Ring Parade)

Brasilia Carnaval par les Chocolate boys Coll particulière

Le groupe deviendra populaire grâce aux chansons «  El bimbo » puis «  Brasilia carnaval » »Rythmo Tropical. Marcel De Keleulaire de la maison Elver éditera les tubes des Chocolat’s, il est également le producteur et l’éditeur d’un tube très connu (la danse des canards). Ils réalisent une tournée en Italie. Puis ils se produisent à Bruxelles, c’est alors que Jean Vanloo (le producteur) imagine un nouveau concept pour le groupe. Il décide que seuls les deux frères Gino et Salvatore et les 5 danseuses recomposent le groupe. S’en suivront des cours de danse avec Amédéo, chorégraphe de renommée mondiale et acteur principal de la comédie musicale West Side Story.

Au festival de San Remo Coll Particulière

Le groupe tournera à l’international (festival de St Remo, invités d’honneur en compagnie de Barry White, tour d’Europe, Italie, Espagne, Hollande). Ils enchaîneront les émissions de télévisions avec leurs tubes « Rythmo Tropical » et «  Brasilia carnaval ». En 1978, le groupe connaît un grand succès. Ils s’orienteront même sur une musique disco « the kings of clubs », tube qui deviendra l’hymne du Giro d’Italia, (en français, le tour d’Italie).

Après une période en stand by, ils reviennent en 1986 avec un chanteur et musicien italien supplémentaire, Bruno Del Vento. En 2010, les frères décident de se séparer mais les concerts se poursuivent suite à une nouvelle organisation et réorchestration de leurs tubes. Gino créera son groupe sous le nom de Gino et Nono (Bruno) des Chocolat’s. En 2019, ils sont les invités de l’émission de Michel Pruvot «  envoyez la musique »

Hem en Fête (Suite)

En 1979, des innovations viennent redonner un coup de jeune à la manifestation : concours de pétanque et petit train touristique dans le quartier de Beaumont, puis le lendemain dans les quartiers de la Lionderie et de la vallée, bal musette le soir rue de Beaumont derrière la mairie, matchs intervilles de volley ou hand ball au parc des sports, apéritif concert, démonstration de karaté et matchs de catch, et surtout envol du ballon : le Lion des Flandres avec à bord Mme Provo, épouse du maire, et Mr Muchery le pilote (président de l’association aérostatique de France), puis concert de trompes de chasse avant le bal, les allumoirs et enfin le feu d’artifice.

L’envol du ballon, les petits ballon pour tester le vent, Mr Provo saluant son épouse depuis le sol et Mme Provo et Mr Muchery à bord de la nacelle (Documents Nord-Eclair)

L’année suivante, en 1980, Hem en fête est l’occasion de présenter aux habitants le foyer logement qui ouvrira bientôt sous le nom de Résidence de la Marque. Une course de garçons de café est organisée par les cafés du Centre Ville, suivi d’un concert apéritif animé par la batterie-fanfare scolaire de Tourcoing, puis du concours de pétanque et du cortège mené par Gustave et le bal.

L’affiche annonçant les festivités (Document archives municipales de Roubaix)
Avant la course des garçons de café (Document Nord-Eclair)

Le lendemain débute avec le cyclotourisme, le match de foot entre l’équipe du personnel communal et celle des élus, puis se poursuit avec des activités pour les jeunes : courses en sac, tir à la corde, des démonstrations de parachutistes et d’équilibristes sur fil et échelles et enfin un spectacle comique avant les traditionnels bal, allumoirs et feu d’artifice.

Les diverses activités proposées aux jeunes et la démonstration des parachutistes (Documents Nord-Eclair)

Pour ses noces de bois, en 1981, l’événement renoue avec les classiques pour le programme du samedi : foire à la brocante, course des garçons de café, concert apéritif, concours de pétanque, cortège, concert et bal. Pour le dimanche sont ajoutés le concours de patins à roulettes et un spectacle sur podium avec illusionnisme, fakirisme et télépathie et enfin une soirée cabaret avant le traditionnel feu d’artifice.

Affiche annonçant l’événement (Document archives municipales de Roubaix)
Course des garçons de café et spectacle de magie (Documents Nord-Eclair)

1982 est l’année de la déconcentration au moins pour la journée du dimanche qui fait la part belle aux différents quartiers. Ceux du centre, de Beaumont et la Lionderie sont réveillés au son du clairon par les fanfares en cortège. Puis c’est l’animation à Beaumont, dans les Hauts-Champs, le Longchamp, la Vallée et les Trois-Baudets avec la participation de nombreux groupes belges et hollandais, lanceurs de drapeaux et groupes folkloriques.

Gustave le Teinturier quant à lui a la visite de « nains jumeaux » qui sont son exacte reproduction miniature. De plus les résidents du foyers logement ont confectionné à la main des centaines de petits « Gustave » qui sont lancés dans la foule qui pourra les garder en souvenir de cette journée mémorable de festivités.

Groupes folkloriques belges et lanceurs de drapeaux (Document Nord-Eclair)
Gustave et ses « mini-moi » (Document Nord-Eclair)

Dans les années suivantes, la recette qui a fait l’esprit de village de cette fête durant les premières années est reprise par le nouvel organisateur : l’association culturelle « Bien Vivre à Hem », en ajoutant par exemple en 1985 la soirée antillaise « Hem sous les cocotiers », ou en 87 une fête de la musique sur podium avec des groupes folkloriques bretons ou encore en 1990 un spectacle de théâtre de rue et un sculpteur à la tronçonneuse réalisant ses œuvres en direct suivi d’un spectacle de vaches landaises dans des arènes démontables entourées de gradins.

Le spectacle de vaches landaises clou de la fête en 1990 (Document Nord-Eclair)

C’est en 1994 que les fiançailles de Gustave le Teinturier avec Augustine la Tisserande sont célébrées à l’hôtel de ville de Hem, en présence de Mme Massart, maire de la ville. Le couple est entouré des élèves de l’école Saint Charles-Sainte Marie qui, dans le cadre d’un grand projet d’année : les traditions des Flandres, ont non seulement remis Gustave en état mais lui ont aussi fabriqué sa fiancée en travaillant à la fois menuiserie, peinture et sculpture.

Les fiançailles de Gustave et Augustine en 1994 (Documents Nord-Eclair)

Puis durant les années 2000, Hem en fête et en musique garde sa traditionnelle braderie tout en lui adjoignant en 2000, un village médiéval avec figurants en costume d’époque et démonstration de tir à l’arc, en 2001 les moules frites servies par les guides de France, les gladiateurs en 2010, le cirque en 2013, et l’édition nature en 2015.

Moules frites servies par les guides de France en 2001 (Document Nord-Eclair) , doc 13.5 les gladiateurs en 2010, doc 13.8 le cirque en 2013 et doc 13.9 l’édition nature de 2015 (Documents Magazine Tout’Hem)

Enfin, plus près de nous, dans les années 2010-2020, l’événement devient réellement thématique. Ainsi l’année 2017 renoue avec la période du Moyen-Age, 2018 avec les terres nomades, 2019 avec le Far-West et, après l’annulation des festivités de 2020 pour cause de crise sanitaire, 2021 avec les pirates et enfin 2022 avec le cinéma. Voilà donc maintenant 45 ans que la ville de Hem renoue chaque année avec la tradition festive de la ville et depuis 1994 Gustave le Teinturier y est accompagné de sa fiancée : Augustine la Tisserande.

Le Moyen-Age en 2017, doc 14.5 les Terres Nomades en 2018, doc 14.6 le Far-West en 2019, doc 14.7 les pirates en 2021 et doc 14.8 le cinéma en 2022 (Documents site internet Ville de Hem et la Voix du Nord)
Gustave et sa fiancée Augustine la Tisserande (Document Au Temps d’Hem et Ville de Hem)

Remerciements à la Ville de Hem, à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’Hier et d’Aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Tell et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem.

Hem en Fête

En 1977, sous la mandature de Jean-Claude Provo, la commission culture décide de mettre sur pied une grande fête populaire début septembre. Les habitants sont appelés à faire connaître leurs suggestions et sont enthousiasmés. Avec les conseillers municipaux, les membres du syndicat d’initiative et les associations, ils planchent sur un programme complet et varié de festivités, une kermesse à l’échelle de la ville qui aura pour nom : « Hem en fête ».

L’affiche annonçant l’événement (Document archives municipales de Roubaix)

Le premier samedi de septembre une braderie a ainsi lieu, rue du Général Leclerc, rassemblant des marchands de légumes, de vêtements et d’objets divers. Les brocanteurs et forains sont également de la partie. Les habitants aussi vident leur grenier pour vendre des objets hétéroclites, transformant la rue en un véritable « souk ». Une exposition de voitures et une foire à la brocante ont également lieu sur le terrain de sports.

Braderie (Document Nord-Eclair)

Le dimanche des rencontres de football sont programmées au parc des sports et des élus municipaux y sont opposés à l’équipe de Saint-Corneille. Des cyclotouristes proposent un parcours « sport dans la ville » et l’Orphéon Jazz Band anime un apéritif concert. Par ailleurs une démonstration de stock-car avec modèles réduits radiocommandés est organisée.

Equipe des élus et seniors de Saint-Corneille (Document Nord-Eclair)

Le midi, sandwichs, frites et merguez sont proposés, dans des stands installés sur le terrain de sport de la rue de Beaumont, pour se restaurer, et un spectacle patoisant est offert par Julie et son équipe : « Y est toudis temps » tandis que des parachutistes des « Quasars du Nord-Para Club » descendent du ciel pour se poser sur le terrain de football.

Julie Ch’est Mi et doc 4.5 Les Quasars du Nord-Para Club (Documents Nord-Eclair)

Puis intervient le concours de pétanque, une exhibition de boxe, une grande parade venant de Beaumont formée des grosses têtes, des majorettes d’Hem, de la fanfare « la Gauloise », des mousquetaires du roi du club hippique Le Comte, des jeunes des Trois-Fermes, des équipes de basket, du groupe folklorique costumé du centre social des Hauts-Champs et des caravanes publicitaires des commerçants locaux.

Les Grosses Têtes, doc 5.2 les jeunes des Trois-Fermes et doc 5.5 Les majorettes de Hem (Documents Nord-Eclair) et doc 5.8 la fanfare la Gauloise (Document Historihem)

La grande parade ainsi constituée suit cet itinéraire : Beaumont, avenue de la Marne, boulevard Clémenceau, rue Jean Jaurès, rue Carnot, avenue Lyautey, centre social des Trois-Baudets, rue Louis Loucheur, rue Briet, avenue Calmette, centre social Laennec, avenue Foch, rue des Ecoles, rue Jean Jaurès, Parc des Sports. Ainsi une grande part des territoires de Hem participe de fait à l’événement. Un bus gratuit est également mis à disposition pour amener au Centre Ville ceux qui en sont le plus éloignés.

Le soir les jeunes du groupe d’animation culturelle de Hem organisent un spectacle pour enfants avec des clowns, avant de participer à une fête des allumoirs dont le départ est fixé dans les Hauts-Champs, avenue Laennec, à 20 heures. Enfin un feu d’artifice est tiré vers 21h30, donnant le coup d’envoi d’un bal populaire, animé par le célèbre groupe « Sympathie », qui dure jusqu’au petit matin.

Le week-end est un grand succès : 3000 tickets vendus rien que pour le parachutisme, 20.000 canettes de bière et de soda vidées, 2.500 kilos de frites, 8.000 sandwichs et 120 kg de viande en brochettes consommés. Le bilan est tellement satisfaisant, une vielle tradition populaire de fête ayant été relancée, que la municipalité décide d’adopter le principe d’Hem en fête pour chaque 1er week-end de septembre.

Gustave le teinturier (Document Au temps d’ Hem)

Dès l’année suivante le géant d’Hem, « Gustave le Teinturier », né pour la fête nationale de 1911, est ressuscité. A l’époque il avait été conçu par les ouvriers de l’usine de teinturerie Gabert rue de Lille (actuelle rue du Général Leclerc à Hem), soucieux d’avoir un représentant du savoir-faire hémois.

La naissance de Gustave en 1911 et son 1er défilé dans la ville (Document Au temps d’Hem)

Celui-ci aurait donc une origine corporative et représenterait la richesse du village due à son industrialisation au début du XXème siècle. Il avait été remis au goût du jour en 1955, sur décision du syndicat d’initiative pour la fête nationale du 14 juillet, avant de retomber dans l’oubli.

C’était alors un vannier de la ville qui l’avait conçu tandis qu’un deuxième artisan hémois se chargeait de la confection de ses sabots et qu’une firme textile locale offrait les 15 mètres de tissu nécessaires à la confection de son sarrau et de son pantalon, faite bénévolement par un couple de la ville. Sa casquette était aussi grande qu’une roue de vélo.

Le Gustave de 1956 (Document Hem d’Hier et d’Aujourd’hui)

En 1978, le nouveau Gustave, avec ses 4 mètres de haut et ses 25 kilos, est baptisé en grande pompe sur le parking de la mairie le samedi 2 septembre 1978 à 17h. C’est la compagnie de marionnettes Jacques Vincent de Roubaix qui le réalise et il doit son visage à Marguerite Doublet, sculpteur, sociétaire des artistes français, médaille de bronze.

Il est revêtu d’un sarrau bleu, d’un foulard rouge et bleu et tient à la main un écheveau de laine. Il est coiffé d’une jolie casquette à la mode roubaisienne et le groupe hémois « folk Renaissance » l’escorte dans son périple dans les rues de la ville. Jean-Claude Provo lui souhaite longue vie et succès tandis que la fanfare entonne le « P’tit Quinquin ».

Gustave le Teinturier, son visage en gros plan (Document site internet Ville de Hem) sa renaissance (Document Nord-Eclair)

Sa renaissance coïncide avec la deuxième édition d’ Hem en fête qui comprend une braderie étendue de la rue du Général Leclerc à la Place de la République, mais aussi des festivités non stop durant le 1er week-end de septembre : combats de catch de haut niveau, démonstrations d’aéromodélisme, fête des allumoirs dans la ville et feu d’artifice pour conclure l’événement.

A suivre…

Remerciements à la Ville de Hem, à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’Hier et d’Aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Tell et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem.