Café du Bas du Bout

La rue Edouard vaillant est une rue très ancienne, citée en 1824 en tant que rue Poivrée, qui débute rue du Général Leclerc et descend jusqu’à la Marque à la rangée Droulers. C’est un siècle plus tard, en 1927, que la rue prend son nom actuel d’Edouard Vaillant, du nom d’un homme politique socialiste, mort en 1915, l’un des inspirateurs de la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. La rue ne mesure que 261 mètres de long et n’atteint pas la Marque mais s’arrête brusquement devant une rangée de petites maisons situées tout en bas : « au bas du bout ».

Vue aérienne de la rue Edouard Vaillant et du « bas du bout » en 1947 (Document IGN)

Au café du Bas du Bout , en bas de la rue au n°53, on organisait jadis des concours de Pinsons à la ducasse du dernier dimanche d’Août, exercice de chant comportant un prélude, un roulement et une finale, répété parfois jusque 600 fois en 1 heure, sachant que le nombre de chants détermine la victoire et non leur qualité.

Pour dresser un pinson, on le place en cage dans un verger où il s’en trouve déjà un en liberté, lequel devient son professeur. Le jour du concours chaque oiseau est apporté dans une cage minuscule et les cages sont posées sur des chaises éloignées de 2m60 les unes des autres.

Les Pinsonneux d’alors crevaient parfois les yeux des oiseaux au fer rouge, pratique sensée avoir un effet « bénéfique » sur leur chant. Curieuse ironie, c’est durant l’occupation de la première guerre mondiale qu’un commandant allemand prend un édit pour interdire cette pratique barbare. Cette législation se perpétue après guerre et les pinsonneux seront punis d’amende et de confiscation lorsqu’ils seront détenteurs d’un pinson aveugle.

Un pinsonneux la cage à la main (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)

La société de colombophilie les Francs-Amateurs existe quant à elle depuis 1879. C’est une passion qui exige du « coulonneux » le sens de l’observation, la patience, le savoir-faire, qualités détenues le plus souvent de père en fils, chaque génération d’éleveurs se transmettant les petits secrets de l’élevage et du dressage des pigeons. Soumise à une législation très stricte, la colombophilie est placée sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur. L’ouverture d’un colombier est soumise à autorisation préfectorale et chaque nouveau colombophile, doit s’affilier à une association de son choix qui lui remet une licence fédérale « sportif » pour prendre part aux compétitions ou « éleveur »pour élever des pigeons voyageurs.

A Hem, en 1886, on dénombre ainsi 37 propriétaires pour 504 pigeons , nombre qui tombe en 1900 à 2 pigeonniers déclarés pour 31 pigeons. Mais, après la première guerre, le nombre d’amateurs augmente à nouveau pour atteindre 76 en 1930 avec 1356 pigeons. La moitié des coulonneux hémois est inscrite aux Francs-Amateurs. Mais avec la seconde guerre mondiale les pigeonniers sont pillés. La colombophilie atteint son apogée après-guerre et plus précisément en 1952 avec 147 détenteurs totalisant 2233 pigeons.

Les Francs-Amateurs en 1968 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 1960, sous la présidence de Louis Gauquié, des trophées sont remis aux lauréats qui ont les honneurs de la presse locale. L’occasion d’annoncer pour la fin de l’année 1968 une exposition « standard-sport », un pigeon par catégorie et par amateur, avec remise des prix aux lauréats de 1968 chez Lempire rue Vaillant. C’est en effet René Lempire qui a repris, en 1968, le café jusqu’alors tenu par Gérard Mahieu, cité Droulers, au bas du bout.

Publicité de 1970 (Document Mémento Public édité par la ville d’Hem)

Des expositions sont dès lors régulièrement organisées dans le café tenu par René et Léonce Lempire, leur établissement devenant le siège des Frans-Amateurs. Les réunions générales s’y tiennent et René devient trésorier de l’association. Les préparations de saison et les concours s’y succèdent donnant lieu à des festivités au bas du bout, notamment lors des remises de prix.

Photo d’une exposition en 1971 (Document Nord-Eclair)
Photo des Francs-Amateurs dans les années 1970 (Document collection privée)

Il ne s’agit pas, loin s’en faut, des seules occasions de faire la fête pour ce petit bout de rue animée. Ainsi, dès les années 1960, une Miss Bas du Bout est élue et soutient l’équipe de football de la ville engagée dans un tournoi en 1966 et, la même année, comme chaque année y est organisée une kermesse au profit des anciens du quartier.

Miss Bas du Bout soutient l’équipe d’Hem et la kermesse au profit des anciens du quartier (Documents Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Centre Commercial Schweitzer (Suite)

C’est à cette époque que le débit de tabac de Fethi Kaouadji ouvre ses portes. Il restera ouvert pendant 20 ans et fermera ses portes en 2014. Sur une photo de 2015, le panneau du centre commercial fait état du tabac presse loto PMU Le Corail qui deviendra ensuite un point colis. Sur ce même panneau on peut constater qu’une épicerie Prosma existe également à côté de la supérette des 3 villes.

Panneau du centre en 2015 (Document Google Maps)
Emplacement de l’épicerie en 2022 (Document Google Maps)

En avril 1995, le centre, encore en travaux, accueille la signature d’une convention entre l’atelier de confection Indiga, représenté par Mustapha Saifi, l’organisme Vecteur Formation, représenté par Pierre Davroux et la ville d’Hem, représentée par Mme Massart, maire de la ville.

La ville met les locaux à disposition de l’entreprise, qui de son côté s’engage à mettre ses capacités professionnelles, techniques, commerciales et pédagogiques au service de l’insertion sociale et économique à Hem. Le public sera composé d’habitants hémois en difficulté et la mairie exercera un contrôle annuel sur les embauches. Quant à Vecteur Formation, sa mission consistera bien sûr à former les candidats en vue d’un retour pérenne à l’emploi.

L’installation d’Indiga au centre Schweitzer en 1995 (Document Nord-Eclair)

Un an plus tard, la SARL à l’enseigne M’Tex, gérée par Mustapha Saifi est immatriculée au RCS et restera en activité pendant 10 ans dans le centre commercial. Titulaire d’un CAP de mécanicien tourneur, rien ne le prédisposait pourtant à ouvrir une entreprise textile de 800 mètres carrés à Hem. Il sera en outre lauréat en 2002 du prix création de la fondation Nord Entreprendre.

Photo de Mustapha Saifi (Document Talent des Cités)

En 2000, des travaux d’extension du centre commercial sont réalisés par la ville et à cette occasion M’Tex ouvre un bureau de stylistes et de modélistes et prévoit 6 embauches, le but étant de créer à terme sa propre marque. Sont également prévues les embauches d’une secrétaire et d’un commercial et il faut donc des locaux plus grands pour accueillir tout le monde.

L’extension des locaux de l’atelier de confection en 2000 (Documents Nord-Eclair)

Toutefois en 2007 la société est fermée et radiée du registre du commerce et des sociétés. Mustapha Saifi avait également créé en 2000 un commerce de gros de textile, la SARL Arteny, qui fermera ses portes en 2009. La même année verra également la fermeture de sa deuxième société de commerce de gros : C2M international.

En 2007, le registre du commerce et des sociétés enregistrera également la radiation du deuxième atelier de confection du centre commercial : « De toutes Façons » qui avait vu le jour en 2000 et était géré par Bruno Vantichelen.

Pendant toute cette période, en 1999, la supérette des 3 villes, fermée depuis plusieurs mois, est reprise par Boualem Kechout. Il devient propriétaire du fonds de commerce de l’établissement dont les murs appartiennent à la ville et embauche 4 personnes dont une à temps plein. Il achète une chambre froide et une rôtissoire et souhaite créer un point chaud et une boulangerie mais manque de place pour s’étendre. En 2023, la supérette est toujours en activité.

Boualem Kechout dans sa supérette début 2000 (Document Nord-Eclair)
Photo de la supérette en 2022 (Document Google Maps)

En 2001, c’est la boucherie Kamel Longchamp qui ouvre ses portes. Elle est reprise en 2009 par Agrovia Hem, du Kamel Groupe, dont le gérant est Ramzy Kamoun d’après le site Société.com. Aujourd’hui la boucherie qui porte encore l’enseigne commerciale Kamel est toujours en activité.

Photo de la boucherie Kamel en 2022 (Document Google Maps)

La boulangerie du centre commercial a, quant à elle, connu plusieurs gérants depuis le groupe Holder, à savoir : le Comptoir du Pain de 1997 à 2007, puis Djamila Meftah et Nadget Mameche de 2007 à 2009 et enfin City, gérée par Fouad Baitar, boulanger installé à Roubaix dans un premier temps et qui gère 4 établissements.

Photo de la boulangerie en 2022 (Document Google Maps)

En 2009, la ville de Hem souhaite à nouveau procéder à la sécurisation, à l’aménagement du parvis et à la rénovation des façades du centre commercial, composé de 3 ensembles, pour un montant total de 300.000 euros.

Un restaurant ouvre alors ses portes pendant une petite année géré par Brahim Ben Bahlouli. Ce n’est qu’en 2014 que Nassim Baitar ouvrira son commerce de restauration rapide. En 2019, Kada Bouziane Belhadj le remplace pour 2 ans et en 2021, c’est l’I-Gill BBQ de Samir Bechia qui prend leur place.

Photos du snack en 2022 (Document Instagram I-Grill)

En 2010, c’est la pharmacie Schweitzer qui voit le jour, gérée par Driss Rajraji, officine toujours en activité aujourd’hui. Puis en 2015, un commerce de détail d’équipements automobile s’installe sur le centre à l’enseigne Best Pieces Auto. C’est Said et Hamid Kechout qui ouvrent cet établissement toujours en activité à ce jour.

Photo de la pharmacie en 2022 (Document Google Maps)
Photo de Best Pièces Auto en 2022 (Document Google Maps)

De nos jours le cabinet médical fonctionne toujours avec 2 médecins : Claudine Andriaminhamina et Anny Vermersch. Des infirmières complètent l’offre de santé en la personne de Sylvie Cottreel.

Photo du cabinet médical en 2022 (Document Google Maps)

Plus de 50 ans après sa création le centre commercial Schweitzer, après plusieurs rénovations, est donc toujours en activité même si les cellules qui le composent se sont recentrés sur les besoins essentiels type alimentaire et santé. Il est essentiel en effet que les habitants du quartier conservent leurs commerces de proximité.

Photos générales du centre en 2008 et 2022 (Documents Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem

Chez Charly ( suite )

A partir des années 1990, Le restaurant n’ouvre que le midi en semaine. La salle de restaurant est petite, il n’y a que 10 tables, à cette époque la réservation est donc fortement conseillée.

Charly et Arlette choisissent de n’ouvrir que le midi afin de préserver leur vie de famille et garder du temps pour leur 2 enfants. Après avoir habité 10 ans au dessus du restaurant en 1982, ils décident d’habiter en dehors du restaurant et achète un appartement sur Roubaix.

La façade en 2008 ( document Google Maps )

Le métro arrive à Roubaix, à la fin des années 1990 et l’avenue Jean Lebas est fermée à la circulation durant plusieurs années. C’est une véritable catastrophe pour tous les commerçants roubaisiens qui enregistrent des baisses importantes de chiffre d’affaires allant jusqu’à 50 %. Le restaurant Chez Charly n’est pas épargné. Comme beaucoup de commerçants roubaisiens, ils font le dos rond pendant quelques années mais ils peuvent compter sur une clientèle fidèle.

L’Ordre des disciples d’Auguste Escoffier 1995 ( document C. Bacquaert )

En 1995, Charly Bacquaert est intronisé dans l’Ordre International des disciples d’Auguste Escoffier des Hauts de France. Auguste Escoffier a été surnommé le roi des cuisiniers et le cuisinier des rois. Charly devient secrétaire de l’association et ce, pendant plusieurs années.

les boiseries rénovées ( documents C. Bacquaert )

En 1998, Charly et Arlette décident de rénover les magnifiques boiseries de l’intérieur du restaurant. Ils apportent également des touches originales sur la décoration. Dans les années 2000, Charly Bacquaert devient professeur de techniques culinaires en BTS diététique à l’école Kienz de Marcq en Baroeul.

Charly part en Caroline du Nord en Octobre 2010, pour transmettre les techniques culinaires et savoirs aux élèves cuisiniers américains du Carteret Community College de Morehead City, en collaboration avec l’association des disciples d’Auguste Escoffier des Hauts de France. Les Chefs Nordistes participent à des challenges culinaires avec des élèves de l’Université américaine, qui viendront ensuite en France en tant que stagiaires.

En Mars 2011, Charly annonce dans la presse locale sa prochaine retraite, après 39 ans de bons et loyaux services. En additionnant les années d’apprentissage, Charly a 45 ans de métier en activité. Sa devise aujourd’hui : « On a vécu du restaurant, mais on n’a jamais vécu pour lui ». Cette philosophie a conduit Charly et Arlette à faire des choix : pas d’ouverture le soir, ni le week-end pour consacrer du temps à la famille.

« Je suis plus fier de mes 40 ans de mariage et de mes deux enfants que mes 39 ans de cuisine ! Pendant toutes ces années, nous avons partagé avec nos clients, ce sens de l’hospitalité que l’on trouve chez les gens du Nord ».

document Nord Eclair

Les deux enfants de Charly et Arlette ne souhaitent pas reprendre le flambeau pour continuer l’activité et prennent une orientation professionnelle différente. Le fond de commerce est alors cédé, un peu plus tard, en 2013. C’est de nos jours, un restaurant de type traditionnel : Il Bacaro.

Le restaurant Il Bacaro de nos jours ( Photo BT )

Charly a pris sa retraite, certes, mais il garde toujours un pied dans le métier. Il est occasionnellement juge lors de concours gastronomiques et continue à s’investir auprès d’associations regroupant des cuisiniers comme les Disciples d’Auguste Escoffier, l’Académie Nationale de Cuisine, les Chefs du Nord, en participant à de nombreuses démonstrations culinaires.

photos 2019 ( documents C. Bacquaert )

Remerciements à Charly et Arlette Bacquaert ainsi qu’aux archives municipales.

Le 81 avenue Jean Lebas

Au 81 de la rue de la Gare à Roubaix, se trouve une immense bâtisse, en face de la place des Martyrs de la Résistance, à deux pas de la rue Pasteur. L’immeuble est occupé par la famille Weill-Blin et Neveux dans les années 1910, puis par les successeurs Weill-Blin dans les années 1930. C’est un commerce de draperies et tissus. L’entreprise possède également une deuxième maison à Elbeuf et un bureau à Paris.

document collection privée

L’immeuble est très vaste. La façade de l’avenue Jean Lebas est impressionnante. La superficie est importante, puisque l’entreprise donne également sur l’arrière au N° 20 de la rue de l’Espérance.

vue aérienne 1953 ( document IGN )

Dans les années 1960, le bâtiment est occupé par les établissements Duburcq installés auparavant au 16 rue Nationale dans les années 1950. Ils reprennent l’activité de négoce de tissus et draperies.

Publicité Ets Duburcq

En Novembre 1978, un incendie se déclare dans l’entreprise Duburcq. Les concierges M et Mme Verdefroy qui habitent de l’autre côté, rue de l’Espérance, alertent les secours. En quelques heures, l’immeuble flambe sur toute la hauteur ( sur 4 étages ). Et pourtant les pompiers arrivés rapidement sur place n’ont rien négligé pour venir à bout du sinistre. Mais le déploiement important des moyens ( quatre grandes lances, la grande échelle, et cinq petites lances ) n’ont pu empêcher le désastre de prendre de graves proportions. Au petit matin, il ne reste quasiment plus rien de l’entreprise.

L’incendie en 1978 ( document Nord Eclair )

En Mars 1984, l’immeuble est resté dans le même état que 6 ans auparavant ! Au grand désespoir des voisins, comme cette dame de 76 ans qui habite à côté au N° 79. « C’est inadmissible, l’immeuble est resté dans l’état, les marchandises et matériaux sont restés sur place. Mon mur mitoyen est rongé par l’humidité, ma cage d’escalier est pourrie, et il se dégage des odeurs insupportables. Mon appartement est devenu invivable ».

document Nord Eclair 1984

Il semble que cette personne ait été entendue, puisqu’en Novembre de cette même année, une demande de permis de démolir est déposée, pour plusieurs bâtiments : le N° 81 de l’avenue Jean Lebas, le N° 20 rue de l’Espérance mais également les N° 3 5 7 et 9 rue Pasteur, maisons murées depuis bien longtemps.

Plan cadastral – La partie encadrée en rouge sera rasée ( document archives municipales )
Le 81 avenue Jean Lebas en 1984 ( document archives municipales )
Le 20 rue de l’Espérance en 1984 ( document archives municipales )

Le N° 3 de la rue Pasteur était occupé par Mr Keirsgieter cafetier, le N° 5 était inoccupé, le N° 7 par Chéri-Roussel, pédicure et l’ANPE Agence Nationale pour l’Emploi, était au N° 9

Les 3 5 7 et 9 rue Pasteur en 1984 ( document archives municipales )
le 9 rue Pasteur en 1984 ( document archives municipales )

Le terrain alors vierge, est destiné à créer la fameuse esplanade en vue de l’ouverture du prochain musée de la Piscine. La création de cette place entre l’ancien musée et le nouveau permettra alors de valoriser les lieux et d’en faire un élément marquant de l’avenue Jean Lebas pour le début des années 2000.

Le terrain vierge de l’avenue Jean Lebas à l’angle de la rue Pasteur ( document archives municipales )

Remerciements aux archives municipales

Centre Commercial Schweitzer

Dans les années 1960, la société HLM « le Toit Familial », sous l’égide du CIL de Roubaix-Tourcoing, construit sur les territoires d’Hem et Lys-lez-Lannoy le groupe Longchamp, deux tours de logement dans le prolongement du grand ensemble des Hauts-Champs, le tout constituant une « ville » qui devrait regrouper 15.000 habitants.

Le CIL a donc chargé la SEFITEC (Société d’études financières techniques et commerciales) de l’étude et de la réalisation de l’équipement commercial de ce groupe, chargé de subvenir aux besoins courants de cette importante population, le seul commerce à proximité se situant avenue Motte à savoir Auchan.

Le centre en chantier en 1967 et un croquis le représentant achevé (Documents Nord-Eclair)

Une première tranche de 10 commerces est donc réalisée comprenant : un supermarché de 600 mètres carrés de surface de vente, un cours des halles (fruits et légumes), une boulangerie-pâtisserie, une succursale de la Caisse d’Epargne de Roubaix, une pharmacie, une teinturerie-blanchisserie, un magasin de bonneterie-lingerie-laine, des magasins d’optique et de chaussures, une librairie-papeterie et journaux tabac, le tout sur une surface de 2000 mètres carrés.

En 1968, six des 10 commerces prévus sont ouverts à la clientèle. Michel Delhaize, PDG des Docks du Nord les ECO, inaugure ici un nouveau supermarché alimentaire GRO. Il souligne qu’à la discrétion qu’on apprécie dans les libres services les vendeuses y associent la serviabilité et mettent leurs compétences au service de la clientèle.

L’inauguration du supermarché Gro (Document Nord-Eclair)

Dès cette première année d’ouverture la supérette, comme tous les magasins Gro et Docks du Nord, participe au jeu de Radio-Luxembourg : « Avez-vous du vin Famor ? » phrase magique permettant à la clientèle, si elle l’adresse au gérant en présence d’un des envoyés de Radio-Luxembourg, de gagner de nombreux lots.

Le jeu : Avez-vous du vin Famor ? En 1968 dans les magasins Gro et Docks du Nord (Document Nord-Eclair)

Le centre Schweitzer va s’agrandir (Document Nord-Eclair)

Dès l’origine une deuxième tranche de commerces est prévue dont la construction doit commencer dès l’année 1969. Celle-ci comprendra une dizaine de commerces spécialisés sur une surface de 800 mètres carrés : café-brasserie, salon de coiffure hommes et dames, studio photo, fleuriste, crémerie-volailles, poissonnerie… sans exclure d’autres activités commerciales ou libérales.

CPA et photo du centre commercial dans les années 1970 (Documents collection privée et Google)

Dès le début des années 1970, comme prévu dans le projet, la santé est une préoccupation qui amène l’installation d’un médecin en la personne de JC Chellé puis d’une infirmière à savoir Mme Delnatte.

Et en 1971, côté mode, le commerce de chaussures est le magasin bien connu des roubaisiens puisqu’il est déjà installé à Roubaix, rue de l’Epeule et rue de Mouvaux, à savoir les chaussures Monick, distributeur notamment de la marque Arbell. La bonneterie quant à elle porte les noms de Derasse et Delaby et le magasin distributeur de laines à tricoter est dépositaire de la marque Pingouin-Stemm et y demeure jusqu’en 1983. A la fin des années 1970, un magasin de prêt à porter pour femmes s’installe également à l’enseigne Quadrille, magasin toujours présent dans le centre commercial dans les années 1980.

Pub chaussures Monick de 1974 reprenant les 3 magasins (Document Nord-Eclair) autre pub (Document Historihem) et extrait d’une carte postale des années 1970-80 situant le commerce dans le centre à l’extrêmité à droite (Document collection privée)
Pubs Quadrille des années 1970-1980 (Documents Nord-Eclair)

Durant cette même vingtaine d’années c’est d’abord l’enseigne les Docks du Nord, les éco épiciers, puis l’enseigne Sogedis (gérante également du magasin de primeurs La Récolte) à laquelle va succéder Fraismarché GRO, qui gèrent le supermarché lequel comprend bien sûr les traditionnels rayons boucherie, poissonnerie, fruits et légumes. Le supermarché fait sa publicité pour attirer la clientèle de proximité en lui offrant des cadeaux et organise également des expositions de voitures sur son parking, en partenariat avec des concessionnaires roubaisiens.

Pubs supermarché Gro des années 70-80 (Documents Nord-Eclair)

La boulangerie-pâtisserie est quant à elle gérée par l’enseigne Holder, le groupe Holder, créé dans les années 1960 par Francis Holder, et prendra ensuite le nom commercial Le Moulin Bleu. Quant à la librairie, tabac, presse, elle est d’abord gérée par Mme Dufay à laquelle succédera Mme Dupen dans les années 1980. Enfin la pharmacie Ramage-Vilette à laquelle succédera la pharmacie Mascart dans les années 1980 complète l’offre de services essentiels proposés aux riverains.

Logo du groupe Holder (Document site internet)
Publicité du café tabac Dufay (Documents Historihem)

S’ajoutent aux commerces déjà cités un opticien, Mr Leclercq, une teinturerie exploitée sous l’enseigne bien connue Rossel, dont les commerces n’apparaissent plus dans les annuaires des années 1980 et une agence de la Caisse d’Epargne de Roubaix. En revanche les années 1980 voient apparaître d’autres magasins tels que la parfumerie Longchamp de Mme Stassen qui gère également le dépôt de teinturerie Rossel.

Photos de la supérette des 3 villes fin 1980 début 1990 (Documents Historihem)
Pub optique Leclercq des années 1970 et 2 autres pubs (Documents Nord-Eclair et Historihem)
Publicité de la parfumerie Longchamp en 1983 (Document Nord-Eclair)

En 1994, force est de constater que le centre commercial ne fonctionne plus : l’ancien supermarché, vandalisé, est muré et beaucoup de cellules commerciales sont vides. Quant au bâtiment lui-même, il tombe en ruine. Il est donc décidé par la municipalité de procéder à sa rénovation.

Le nouveau centre devrait comprendre : une supérette, un restaurant, un atelier de confection et quelques commerces. Voirie et éclairages seront intégralement refaits afin que le quartier retrouve un centre de vie. C’est Francis Vercamer, alors conseiller municipal à l’économie, qui est en charge du projet.

Présentation de son projet par Francis Vercamer et plan du futur nouveau centre (Document Nord-Eclair)

Fin 1994, les travaux arrivent à leur terme et le nouveau centre devrait rouvrir en 1995. Cette fois il y aura une supérette alimentaire de 180 mètres carrés, un atelier d’insertion textile, un restaurant, également d’insertion avec l’association FERME, l’association Hem Services Habitants, une boulangerie crémerie, une boucherie, une pharmacie, un cabinet médical, un salon de coiffure et un tabac. La placette sera aménagée de manière paysagère et de nouveaux garages seront construits autour du centre pour les habitants des tours 90 et 200. Les parkings côté avenue serviront au marché les jeudis après-midi.

Remerciements à l’association Historihem

A suivre…

Chez Charly

Charly Bacquaert est né en 1949 à Wattrelos. Il est fils et petit-fils de boulanger et il rêve de devenir cuisinier pour toucher à tous les métiers de bouche. Après son apprentissage chez Alcide à Lille, il débute sa carrière comme commis à l’hôtel de la Poste à Avallon qui possèdait à l’époque trois macarons au guide Michelin, puis devient chef de partie au restaurant « Le Chouan » à Bruxelles puis au Buffet de la Gare de Valenciennes, 2 restaurants étoilés.

A 23 ans, Charly, fort de ses formations reçues auprès des différents chefs étoilés, se sent alors prêt pour créer son restaurant, avec son épouse Arlette, née Scipion.

le 127 rue de la Gare, au début du siècle ( document collection privée )

Leur choix se porte sur Roubaix. En 1972, ils reprennent le café «Jules» au 127 avenue Jean Lebas, à deux pas de la gare et des grandes maisons de vente par correspondance. Ce commerce a toujours été un estaminet et ce, depuis la création de l’avenue Jean Lebas. C’est un petit établissement, d’une surface au sol de 116 m2.

Plan cadastral

Au début des années 1950, le responsable de l’établissement crée une ambiance « Club » regroupant la clientèle aisée du patronat du textile roubaisien. Il devient alors un lieu de rendez-vous apprécié du tout Roubaix.La cave voûtée au sous-sol était composée de caveaux au nom de grands crus de champagne, la décoration intérieure dans le style « Art Nouveau » comme chez Maxim’s à Paris est exceptionnelle, faite de boiseries en acajou et de cuivre. Cette salle cosy à tout de suite attirée Charly et Arlette qui décide de transformer cet établissement en restaurant et démarre leur affaire en Décembre 1972.

la façade du 127 avenue Jean Lebas en 1972 ( document archives municipales )

L’enseigne choisie est « Chez Charly ». Leur idée de départ est de créer un endroit ou les clients aiment aller : un restaurant convivial et chaleureux, un lieu où l’on se sent comme chez soi, où l’on peut discuter affaires, mais également en dégustant une cuisine de qualité.

Charly Bacquaert au service au plat en salle en 1973 ( document C. Bacquaert )

La première année, Charly et Arlette proposent une cuisine régionale, des Waterzoï, des Potjevlesh. Le cadre du restaurant attirant une clientèle plutôt haut de gamme, ils changent alors de stratégie et décident de proposer une cuisine plus gastronomique mais faisant la part belle aux produits régionaux. Charly réinvente alors des recettes régionales. C’est le début d’une très grande aventure !

La devise de Charly et Arlette est « Manger bien, tout en restant léger ». Ils proposent donc une cuisine de contraste au niveau du goût et surtout au niveau des couleurs. Il est en effet impératif que l’oeil participe au plaisir du bien manger.

Intérieur du restaurant ( documents C. Bacquaert )

Le nom des plats originaux est très poétique : le ragoût d’artichaut et d’écrevisses, la charlotte d’anguilles de la Somme à la mousse de crevettes grises, le petit pâté chaud de saumon à la crème d’estragon, ou bien encore, le filet de bśuf à la moelle et au vin de Fleurie. La carte des vins est également exceptionnelle, car Charly a reçu une formation de son père, ancien représentant multi-cartes en vins fins.

Le succès est au rendez vous, leur restaurant « Chez Charly » devient un lieu incontournable de la restauration sur la ville, et même sur la région. Cinq ans après l’ouverture, il est cité au célèbre Guide Michelin.

guide Michelin

En 1982, Charly obtient le prix d’excellence de l’A.N.C Académie Nationale de Cuisine, ce qui lui permet de passer dans la presse locale et à la télévision régionale.

Charly en cuisine en 1984 ( document C. Bacquaert et publicité Nord Eclair )

Pendant la décennie 1980, Charly participe à de nombreux concours gastronomiques, et obtient ainsi de nombreuses récompenses. En 1983, il participe au championnat de France du dessert, le trophée Gaston Brule en 1984, finaliste national du prix culinaire Le Taittinger en 1988, finaliste du Meilleur Ouvrier de France 1990, en 1991 il obtient le trophée de l’académie des Glaces en créant la glace au caramel, et obtient une Toque au célèbre guide « Gault et Millau ».

Une Toque au Gault Millau

à suivre . . .

Remerciements à Charly et Arlette Bacquaert ainsi qu’aux archives municipales.

Prouvost assurances

Pierre Prouvost s’installe agent d’assurances au début des années 1920, au 17 rue Jules Deregnaucourt. Pendant une trentaine d’années, Pierre prospecte des clients, développe son agence et embauche du personnel et les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante.

document collection privée

A la fin des années 1950, le manque de place se fait cruellement sentir. Il faut donc songer à trouver rapidement des locaux plus spacieux. Pour garder sa clientèle d’assurés, il est impératif que les nouveaux bureaux soient le plus près possible de son ancienne étude. L’occasion se présente, lorsqu’à la fin des années 1950, le commerce de tissus de C. Delescluse et J. Dendoncker, situé au 10 place des Martyrs de la Résistance, se libère.

le 10 place des martyrs ( document archives municipales )
Plan du rez de chaussée ( document J. et V. Lepers )

C’est un immeuble cossu composé de quatre niveaux. Le rez de chaussée, le 1° et une partie du 2° étage sont réservés aux bureaux. La concierge, Mme Dejaegher réside dans l’autre partie du 2° étage et au 3° sous les toits. Face au développement important de son cabinet d’assurances, Pierre, au début des années 1960, recrute son fils Bernard ( un des 7 enfants du couple ) pour l’aider à gérer son agence. Ils deviennent ensuite associés.

Publicité Pierre et Bernard ( document J. Lepers )

Sur la photo ci-dessous, se trouvent l’accueil, à l’entrée des bureaux du rez de chaussée, et au fond, les bureaux de Mrs Prouvost. A l’époque, les secrétaires, toujours vêtues d’une blouse blanche immaculée, utilisent encore des anciennes machines à écrire Japy ou Olivetti.

Photo accueil ( document J. Lepers )

Pour l’administratif, c’est encore, à l’époque, le domaine du papier : les classeurs sont empilés et les documents classés dans les meubles métalliques fixés au mur.

( document J. Lepers )

Pierre et Bernard Prouvost travaillent avec de très nombreuses compagnies d’assurances dont les principales sont : Nationale Suisse à Bâle, Europe à Paris, Railways et Verspieren à Roubaix, DAS au Mans . . . ce qui leur permet de proposer ainsi des contrats d’assurances dans toutes les branches d’activités.

( document J. Lepers )

En 1966, Marie Verschaeve, une des employées prend sa retraite. C’est l’occasion de prendre une photographie d’un partie de l’équipe composée essentiellement de personnel féminin.

Sur la photo, à gauche : Bernard Prouvost et son épouse Charlotte née Wibaux, au centre Marie Verschaeve, puis à droite Pierre Prouvost et son épouse Marie née Outters.

Le départ en retraite de Marie Verschaeve ( document J. Lepers )

Le premier homme recruté par la direction est Mr Buyle qui prend les fonctions de chef de service de la mécanographie. Le second est Jean Rousseau qui a fait des études de droit, et qui prend en charge le service des sinistres auto.

Jean Rousseau et son équipe ( document J. Lepers )

Pierre Prouvost prend sa retraite en 1976 et Bernard continue seul l’activité.

Publicité 1978 ( document collection privée )

En 1987, la CUDL, Communauté Urbaine de Lille, dépose un permis de démolir pour les 8 10 et 12 de la place des Martyrs et une partie de la rue Saint Etienne, car un projet est programmé à cet emplacement : c’est la création de l’ESAAT.

Le projet de démolition des N° 8 Gustave Requillart, N° 10 Bernard Prouvost et N° 12 inoccupé ( document archives municipales )

Bernard Prouvost exproprié de son immeuble du 10 de la place des Martyrs, s’installe alors, en 1988 dans des nouveaux locaux, au 678 avenue des Nations Unies, près du pont Saint Vincent, toujours à proximité de ses anciens bureaux et de sa clientèle.

document collection privée

Bernard décide de réhabiliter cet immeuble par de gros travaux de rénovation, et en particulier la réfection de la façade, ce qui ne manque pas d’attirer l’oeil du passant. « Je me réjouis de la volonté de la ville de promouvoir notre patrimoine, dit Bernard Prouvost dans la presse locale, il y a dans nos demeures grandes ou petites, une diversité, une qualité qui méritent d’être mises en valeur ».

Document Nord Eclair 1988
document Google Maps 2012

Bernard Prouvost prend sa retraite en 1993. Il cède son cabinet d’assurances à son fils Thomas qui le cède ensuite à Stéphane Heuls, agent général de la compagnie GAN. Bernard Prouvost décède en 2018.

Remerciements à Joëlle Lepers ainsi qu’aux archives municipales.

Nicole Coquempot

En juin 1962, Nicole Coquempot, née Delgery, s’immatricule au registre du commerce et des sociétés pour exploiter une boutique de mercerie, bonneterie, lingerie, confection , au 43 rue des Ecoles à Hem dans une petite maison en front à rue, à priori à usage d’habitation jusqu’alors puisqu’aucun autre commerce n’y est répertorié auparavant dans le Ravet-Anceau.

Publicité (Document Historihem)

A l’époque la boutique est surtout axée sur les articles de layette même si la publicité fait également état de lingerie, bonneterie et chemiserie. Dans le courant des années 60, Nicole Coquempot se recentre sur la clientèle féminine à qui elle propose robes, bonneterie, jupes et chemisiers. Elle fait de la publicité dans Nord-Eclair à chaque occasion festive, telle que les fêtes de Pâques.

Publicité (Document Nord-Eclair)

Instantané de Mémoire : « Lorsque mes parents emménagent en juillet 1968 dans le lotissement construit face à l’église Saint-Joseph, je découvre avec plaisir la rue des Ecoles. Il y a Lobry bien sûr et juste en face la boutique de Nicole Coquempot où ma mère va acheter ses bas, combinaisons et chemises de nuit entre autres. J’ai 10 ans et je suis fascinée par cette boutique qui propose des centaines d’articles bien rangés dans une surface très exigüe. Quant à Nicole j’en garde le souvenir d’une femme très chic et raffinée, parfumée et pomponnée et tellement agréable et souriante ! Elle fait naître chez moi la vocation de tenir un jour une boutique comme la sienne… »

Dans les années 1970, la boutique est de plus en plus connue. Le quartier est animé et des cortèges sillonnent la rue les jours de fête. Nicole Coquempot apporte toujours un grand soin à l’agencement de sa vitrine régulièrement renouvelée, toujours très colorée et attrayante.

Cortège devant la boutique dont le pare-soleil est déployé (Document site Tu sais que t’es un vrai hémois si tu connais…)
La vitrine colorée et attrayante de la boutique (Document Historihem)

Nicole Coquempot distribue des marques prestigieuses telles que Petit-Bateau, Le Bourget, et surtout Vitos dont elles devient l’ambassadrice Hémoise, recevant même une distinction professionnelle de la part de Francis Vignes, président des maîtres lingers de France, ordre fondé par cette marque, et au sein duquel elle est admise en qualité de Maître Linger.

Distinction professionnelle (Document Historihem)

En 1925, en effet, la marque Vitos a été déposée par la famille Vitoux et Vitos est vite devenue l’une des premières marques de vêtements prêt-à-porter en France. Se sont enchaînées les créations coup sur coup des départements lingerie en tricot (bas sans couture) puis pull-over.

A la fin des années 1950, la société, introduite en bourse, a lancé du coupé cousu, puis une collection haute-Couture et à la moitié des années 1970 : des chemisiers, jupes et pantalons. C’est une marque de luxe particulièrement prestigieuse et renommée dont Nicole Coquempot fait état sur chacune de ses publicités.

Publicités de 1971 et 1975 (Document Nord-Eclair)

En 1975, en tant que Vitos-Club, elle fait participer ses clientes à un jeu concours national : « Douces rencontres de Vitos », et 37 clientes ravies se voient remettre une montre de couleur coordonnée aux ensembles Vitos dans les teintes modes de l’automne 1975.

Remise de cadeaux en 1975 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 80, toujours répertoriée en tant que Vitos Club elle ajoute la prestigieuse marque de sous-vêtements roubaisienne Boléro à la lingerie qu’elle propose à sa clientèle. Elle met toujours en avant sa qualité de maître linger pour attirer l’attention sur la qualité des produits proposés dans sa boutique.

Publicités des années 1980 (Documents Nord-Eclair et Office Municipal d’Information de Hem)

En 1995, elle se confie à Nord-Eclair, dans la rubrique : Et vous qu’en pensez-vous, sur sa vie à Hem. « Je n’ai jamais regretté d’avoir pris la boutique. C’est familial, je connais mes clientes. Pour la plupart je les ai vues grandir. C’est un métier de contact où l’on ne s’ennuie pas. »

Photo de Nicole Coquempot (Document Nord-Eclair)

Nicole Coquempot ferme son commerce après une quarantaine d’années d’activité en 1998. Depuis la maison qui l’abritait a repris un usage d’habitation et plus rien ne laisse deviner aujourd’hui la boutique florissante qu’elle y a géré pendant toutes ces années.

Maison d’habitation en 2020 (Document Google Maps)

Pour autant cette femme active ne se résout pas à ne rien faire et dès 2001 elle prend le relais de son mari Daniel au conseil municipal. Ensuite, de 2008 à 2014, elle exerce la fonction d’adjointe au maire en charge des relations avec la population. A ce titre entrent dans sa fonction le suivi des services de l’état civil ainsi que le soin de représenter la ville dans les cérémonies protocolaires.

Francis Vercamer et le conseil municipal lui rendent donc un vibrant hommage au moment de son décès en 2016 pour avoir toujours cherché à se rendre utile à la collectivité, non seulement au sein de la municipalité mais aussi en tant que bénévole d‘ Oxyg’Hem, l’événement sportif de la ville de Hem depuis 1997, chaque Jeudi de l’Ascension.

Photos de Nicole Coquempot (Document la Voix du Nord)

Remerciements à la ville de Hem et à l’association Historihem

Garage de la Grand Place

Michel Maerens, né en 1928, assureur à Hazebrouck et son épouse Jeanine, décident de créer leur petite entreprise. Un ami qui vient d’ouvrir un garage sur Lille avec location de places de parking, leur propose de faire la même chose. L’idée leur paraît intéressante. Le père de Michel, Alidor Maerens, l’aide à monter un dossier financier. Il ne lui reste plus qu’à trouver l’emplacement idéal. L’occasion se présente au début de l’année 1954, lorsque le bâtiment d’une entreprise située au 25 de la Grand Place à Roubaix, est à vendre. C’était auparavant le siège de l’entreprise Desfontaines, un grossiste en épicerie implanté depuis le début des années 1900.

L’immeuble de 4 niveaux ( de 125 m2 chacun ) se situe donc en plein centre ville. Au rez de chaussée, se trouve le magasin, à l’arrière une immense cour n’est pas utilisée à part un local réservé à la torréfaction de cafés en grains. Les 2° 3° et 4° étages sont réservés à l’habitation. La surface totale du terrain est de 1282 m2.

La façade Desfontaines au début des années 1950 ( document J. Maerens )
Plan cadastral

L’acte de vente est signé rapidement. Michel Maerens et son père déposent un permis pour la démolition du local dans la cour et pour la construction, sur la totalité de celle-ci, d’un garage couvert pour automobiles avec un étage et une rampe d’accès ainsi qu’un permis pour la transformation des deux baies vitrées en façade.

Les entreprises choisies sont : Degallaix, 23 rue du Cateau, pour le gros-oeuvre, et Browaeys, 14 rue Boucicaut, pour la charpente métallique. Les travaux vont bon train, durant toute l’année 1954.

Travaux dans une partie de la cour ( document J. Maerens )
Les ouvriers de l’entreprise Degallaix au travail ( document J. Maerens )

Michel Maerens et son épouse ont également prévu d’implanter au rez de chaussée un pont pour l’entretien de graissage-vidange des automobiles, ainsi qu’une piste de lavage et bien sûr, trois pompes en façade, dont une double, pour la vente de carburants : essence, super et gas-oil, avec une citerne enterrée de 25.000 litres. La marque choisie est ANTAR.

le pont et la piste de lavage ( document J. Maerens )
la façade extérieure ( document J. Maerens )

Le 1° Février 1955, c’est enfin l’ouverture du garage, par un froid glacial qui détruit une partie du carrelage fraîchement posé ! Le succès est au rendez vous très rapidement. A cette époque la Grand Place comporte de très nombreuses places de parking ( gratuites ) mais les 150 places proposées à la clientèle en location longue durée font le bonheur des nombreux commerçants du centre ville qui souhaitent garer leur automobile dans un garage qui leur garantit la sécurité.

Publicité ouverture Février 1955 ( document J. Maerens )

Michel et Jeanine Maerens communiquent par la publicité, pour inciter les particuliers à déposer leur véhicule pour l’entretien ( lavage, graissage et vidange ) pendant leurs achats chez les commerçants du centre ville.

Publicité ( document Nord Eclair )
Michel à gauche, Jeanine à droite et une amie au centre ( document J. Maerens )

Le succès est tel que le couple Maerens décide, dès 1960, d’agrandir en construisant un deuxième niveau pour augmenter le nombre de places de parking disponibles. Plus de 200 emplacements sont maintenant proposés à la clientèle. Les fidèles entreprises roubaisiennes Degallaix et Browaeys sont appelées pour exécuter les travaux pour la surélévation par un plancher supplémentaire.

le 3° niveau sous la charpente 1960 ( documents J. Maerens )

Michel Maerens continue à investir dans son entreprise. Il change les pompes à essence, pour la troisième fois, pour des appareils plus modernes et décide également des travaux pour la réfection de la toiture en 1976.

les nouvelles pompes à essence ( document J. Maerens )

( documents archives municipales )

Michel décède malheureusement en 1978, à l’âge de 50 ans. Jeanine continue seule l’activité, aidé occasionnellement par son fils Philippe. Huit années plus tard, en 1986, Jeanine arrête la distribution de carburants, supprime les pompes à essence et cesse toute activité d’entretien des véhicules. Elle ne se consacre alors plus qu’à la location des places de parking , et loue le rez de chaussée à l’assureur Dussaussoy

La façade à la fin des années 1980 ( document archives municipales )

En 1998, Jeanine, à 66 ans, décide de prendre une retraite bien méritée. Son fils Philippe ne souhaite pas continuer l’activité car il s’est dirigé vers une autre orientation professionnelle. L’immeuble est alors cédé à un groupe de 4 associés qui vont continuer l’activité de location de places de parking et transformer les 4 niveaux en bureaux et commerces en location,

La façade en 1999 ( document archives municipales )

vue aérienne et façade actuelles ( document Google Maps et photo BT )

Remerciements à Jeanine Maerens ainsi qu’aux archives municipales

Les potages Dulfrance

Pierre Caulliez crée en 1939, les laboratoires Dulfrance, au 230 rue d’Alger, dans une partie de l’entreprise des rubans Gallant. Pierre produit des farines alimentaires ( aliments pour bébés ) sous la marque Dulcia.

Publicité des laboratoires Dulfrance ( document collection privée )

Les débuts sont difficiles, en 1939, mais dès la fin du deuxième conflit mondial, les affaires démarrent enfin. A la fin des années 1940, Pierre Caulliez développe l’activité de farines alimentaires et commence à s’intéresser aux produits déshydratés, et en particulier les potages et sauces.

Buvard ( document collection privée )

En 1955, les locaux de la rue d’Alger sont désormais trop petits mais l’entreprise Dulfrance a la possibilité de reprendre un très grand local au 56 de la rue des Sept Ponts. C’était auparavant, l’atelier de fabrication des meubles De Beyne ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé De Beyne ).

le 56 rue des Sept Ponts ( document collection privée )

L’entreprise de Pierre Caulliez emploie 10 personnes pour fabriquer et commercialiser ses produits déshydratés. La concurrence sur le marché est féroce, car de grands groupes alimentaires sont implantés avec de très grandes marques : Royco, Knorr et Maggi.

document archives municipales

Pierre commence sérieusement à penser à l’exportation pour ses produits. Antoine Caulliez vient aider son père, au sein de l’entreprise Dulfrance. Dans les années 1970, Antoine attaque avec succès l’exportation vers l’Afrique, l’Amérique du sud, le moyen-Orient. Ensuite au début des années 1980, il songe sérieusement à s’implanter aux Etats-Unis, aidé et conseillé par la COFACE ( Compagnie Française d’Assurances du Commerce Extérieur ). Puis, Stéphane ( le fils d’Antoine ) entre dans l’entreprise pour aider son père.

document archives municipales
Antoine et Stéphane Caulliez ( document Nord Eclair )
documents Nord Eclair et collection privée

Antoine et Stéphane mettent au point une gamme de 9 potages et 6 sauces déshydratées, sous sachets traduits en anglais et en bilingue pour le Canada. Ils recrutent un agent pour la commercialisation de leur gamme de produits. Le succès est immédiat : deux ans après le démarrage, Dulfrance dispose désormais de 7 importateurs sur les USA et le Canada et dix containers ont été expédiés soit plus d’un million de sachets vendus.

En 1987, Antoine et Stéphane commencent à s’attaquer à de nouveaux marchés, tels que l’Australie et la Nouvelle Zélande à l’exportation et, pour la France, les collectivités, hôpitaux, restaurants d’entreprises, cafétérias, tous très concernés par les produits déshydratés. Dulfrance produit alors des conditionnements adaptés, des paquets cartonnés qui permettent de fabriquer 12 litres de potage.

document collection privée

Le succès de cette petite entreprise roubaisienne est d’autant plus surprenant qu’elle ne compte que 10 personnes ! Antoine et Stéphane s’expliquent : En effet, c’est que les ingrédients déshydratés ne sont pas fabriqués sur place. Nous les recevons séparément, nous les mélangeons selon nos propres recettes, et nous les conditionnons sur des machines automatiques, ce qui explique qu’il nous faut très peu de personnel. Outre le mélange, les emballages sont conçus à Roubaix, ainsi que toute la stratégie commerciale. Notre atout c’est justement notre petite taille, qui nous permet une grande souplesse et une rapidité d’adaptation.

documents Nord Eclair 2003

En Août 2003, un incendie se déclare dans l’entreprise Dulfrance. Les pompiers arrivent sur place avec quelques difficultés de circulation, puisque c’est le jour de la braderie du quartier ! Une bouteille de gaz est certainement à l’origine du sinistre. Les secours maîtrisent rapidement l’incendie. Le bâtiment de stockage de marchandises est fortement endommagé.

L’entreprise Bati-Techni-Concept reconstruit, en 2004, un nouvel entrepôt de stockage, qui a l’avantage d’avoir des liaisons directes avec les différentes parties de l’entreprise, améliorant ainsi, les conditions de travail du personnel.

document archives municipales 2004

En 2015, Dulfrance se rapproche de Nutridry, un groupe alimentaire de 5 entreprises spécialisées dans les produits déshydratés. La fabrication des potages Dulfrance se fait désormais dans les locaux Nutridry à Lezennes, rue Paul Langevin.

document collection privée

Dulfrance ferme ses portes le 24 Juillet 2015. Depuis 2016, le bâtiment du 56 de la rue des Sept Ponts est occupé par La Croix Rouge Française.

documents collection privée et Nord Eclair 2016

Remerciements aux archives municipales