Les travellators d’Auchan

Le centre commercial Roubaix 2000 se prépare à accueillir Auchan, ce qui n’empêche pas l’ouverture d’un nouveau magasin de vêtements. Inaugurée en février, la Calèche est située au rez-de-chaussée, arbore de larges vitrines et propose en entrée libre un choix exceptionnel et des cabines d’essayages dans un décor à l’américaine.

Auchan dans Rx 2000 CP méd Rx

C’est également fin février qu’Auchan fait son ouverture dans le centre commercial. A l’occasion du quinzième anniversaire de son ouverture, le supermarché Auchan de l’avenue Motte a été relooké : parking refait, magasin repeint, implantation des produits revue, allées élargies, nouvelle signalétique, produits frais en libre service ou en vente traditionnelle. La nouvelle implantation d’Auchan dans Roubaix 2000 va bénéficier de l’expérience de l’entreprise et des mêmes améliorations. Car il s’agit dans un premier temps d’effacer l’échec des prédécesseurs. Pour les transformations de l’ex surface Lemaire, Auchan a mis les grands moyens. L’accès au parking souterrain est désormais facilité par les tapis roulants permettant aux caddies de descendre du magasin jusqu’à la voiture. Une heure de parking est offerte sur présentation du ticket de caisse. Auchan garantit un large choix de produits alimentaires, et propose également des rayons de charcuterie fine, de poissonnerie, de fromage à la coupe, de fruits et légumes, en libre service ou en vente traditionnelle. Le choix dans les produits et le choix dans les méthodes de vente ! Auchan va plus loin en répondant aussi aux demandes qui avaient été formulées pour l’arrivée de nouveaux magasins dans le centre commercial : les article de droguerie, de bricolage, les appareils du petit électro-ménager, la vaisselle et les articles de ménage sont également proposés à la clientèle. Les termes employés dans la communication publicitaires sont forts : ils s’agit de réconcilier la clientèle avec la surface de vente, et beaucoup ne la reconnaîtront pas ! Auchan ajoute à cela des prix d’inauguration défiant toute concurrence pour le lancement des deux nouvelles surfaces en Mars, Auchan Motte et Auchan Roubaix 2000.

C’est une enseigne en plein développement qu’accueille le centre commercial. Auchan en 1976, c’est déjà un réseau de dix huit hypermarchés en France et quatre projets pour 1977, c’est un chiffre d’affaires de trois milliards de francs !

 

Mais cette réussite n’est pas sans quelques conséquences. En juillet 1976, suite la mise en œuvre d’un système de transports gratuits des clients vers les supermarchés, Auchan se voit infliger une amende avec sursis pour concurrence déloyale. Il sera mis fin à l’expérience, et il est intéressant de noter que le tribunal a considéré le préjudice subi par certains commerçants était plus moral que matériel ! Auchan n’aurait donc concurrencé que… l’ELRT !

Conséquence plus directe et roubaisienne : en juillet également, la fermeture annoncée du Monoprix de la rue Pierre Motte pour la fin de l’année 1976 ! On parle quelques semaines plus tard déjà de l’arrivée de Darty…

Le centre commercial de Roubaix 2000 n’en poursuit pas moins ses activités d’animation.

Parmi les artistes prévus du 24 novembre au 4 décembre : les duettistes bretons Yves et Gilles avec le groupe régional Paroles, les kamikazes, démonstration de karaté, cascades japonaises, combats de samouraï, par deux jeunes professeurs de karaté de Tourcoing, MM Roger Boudrez et Michel Petit. En décembre, Remy Bricka homme orchestre, Harry Band danses de tout pays et pendant dix jours le mime Hervez Luc. Roubaix 2000 a-t-il pris son rythme de croisière ?

1975, année de transition ?

En Janvier 1975, Victor Provo dit que Roubaix  a besoin d’un traitement spécial… Il semble que cette remarque soit valable pour le centre commercial Roubaix 2000 que le maire évoque également dans l’interview : nous sommes toujours prêts à aider Roubaix 2000, mais n’oublions pas que ce centre commercial continue de dépendre de la SEGECE et du groupement de commerçants. Nous ne sommes même pas actionnaires. Il arrivera un moment où nous prendrons à notre charge les cellules qui restent libres. La ville sera alors partie prenante de Roubaix 2000. Elle pourra avoir des initiatives. En bref, la situation n’est pas encore normalisée, le centre n’est pas plein, il y a encore du travail. Roger Fruit, Président des commerçants de Roubaix 2000 présente le programme des prochaines manifestations prévues pour le printemps : le samedi 15 mars, défilé du groupe de musiciens réputé die Alte Bayerische Popol, revêtu du costume traditionnel bavarois, à travers le centre commercial de 16 h 30 à 18 h 30. Puis ce sera l’inauguration officielle du grill La Fourchette dirigé par M. Bernard Sorge, suivie d’une visite du centre.

bavarois

Pour les fêtes de Pâques, Roubaix 2000 se transforme en une vaste bonbonnière, et son entrée est ornée de deux œufs géants réalisés par les élèves de la Chambre de Commerce, et il est procédé à la distribution de 1800 carillons en chocolat. En avril, une exposition sur le thème des chars à voile (d’Hardelot et de Bray Dunes) comporte des stands avec spécialistes, et un film réalisé par la station de la télévision de Lille est présenté à cette occasion…L’inauguration du grill se fait en présence de Victor Provo et de son adjoint Pierre Prouvost. Le maire prend la défense de Roubaix 2000 : l’ironie avec laquelle on évoque parfois le centre commercial n’est pas justifiée. Le centre commercial prend peu à peu corps et s’installe dans la ville.

paques1975

Le Dimanche 27 avril, il y a un hold up à la cafétéria Le Viking. Trois malfaiteurs masqués et armés s’emparent du tiroir caisse et d’une partie de la recette. Deux employés sont menacés par des armes à feu, les clients sont obligés de se coucher au sol, on pense à une animation à l’américaine. Mais non, c’est bien la réalité. Les auteurs de ce hold up seront arrêtés en juillet, et on apprend à cette occasion qu’un jeune homme qui avait tenté de s’interposer, a été blessé d’un violent coup de crosse à la tête.

derniers1975

Dès juillet, on prépare une nouvelle image de marque pour le centre commercial. Les cellules vides sont rachetées progressivement par la ville à la SEGECE. La société Lemaire a jeté l’éponge, et on parle de l’arrivée d’Auchan. Cela va-t-il amener d’autres commerçants ? Beaucoup de souhaits sont formulés : magasins de jouets, d’imperméables, photographie, optique, vaisselle, ameublement, mercerie bijouterie, fourrure, articles pour jeunes mamans, confection dames, instruments de musique, fleurs, graineterie, laines, électro ménager, bricolages, cycles. On attend des boutiques spécialisées dans la vente de denrées alimentaires : poissonnerie, fromages, œufs, produits frais, marché provençal, boucherie, plats préparés. Une pizzeria serait la bienvenue, de même qu’un cabinet médical avec des services médicaux et para médicaux (masseur, dentiste). Auchan va-t-il sauver Roubaix 2000 ?

Animations et courants d’air

Le 1er février 1973, le supermarché Lemaire fête son premier anniversaire : promotions, tombola, cadeaux, gadgets, dégustations gratuites, ouverture prolongée le vendredi. Une publicité du mois de mai nous apprend que Lemaire a eu des problèmes parce qu’il a grandi trop vite. Il se dit prêt (maintenant) et propose des baisses sur plus de 500 articles. Que faut-il comprendre ? Le supermarché aurait eu du mal à fournir la clientèle ? Ou à lui proposer des prix réduits ? Curieux sens de la communication commerciale.

En novembre, M. Clérambaux, député et premier adjoint à Roubaix, répond à des questions portant entre autres sur le centre commercial. On dit que Roubaix 2000 est un nid à courants d’air ! Il répond que le centre n’est pas couvert, ce qui correspond à la technique de construction d’une époque. On va donc prochainement fermer les jardins du rez-de-chaussée dans un premier temps, pour supprimer les appels d’air. Si cela n’est pas suffisant, on fermera aussi les entrées du centre. Les cellules commerciales vides ? C’est l’affaire de la SEGECE…La sécurité du parking ? En décembre une société spécialisée assurera la surveillance du parking souterrain. Puis c’est au tour de l’adjoint Pierre Catrice de répondre aux questions sur le stationnement et particulièrement sur le fait qu’il y ait eu des vols dans le parking. Il confirme l’arrivée d’une société de surveillance et il évoque la mise en place d’un système de télévision interne, comme il en existe déjà un dans le parking Carnot à Lille.

Mars 1974, sous l’impulsion de leur président Roger Fruit, les commerçants préparent le printemps de Roubaix 2000, ils revêtent leurs murs de couleurs vives et pimpantes, des panneaux publicitaires sont posés, avec la raison sociale de chaque maison. Le problème des courants d’air a trouvé sa solution, par le biais de glaces posées tout autour des jardins intérieurs, les portes latérales et coupe-vents sont également prévus et on envisage de couvrir entièrement le centre.

courantdair copieLes mesures anti courants d’air Photo Nord Éclair

La commercialisation a fait un grand pas : une maison de la presse s’est ouverte en novembre, ainsi qu’une maison de meubles. Les travaux de la grande brasserie vont commencer, du côté de la Place de la Liberté. Un mini cinéma, une crêperie et un magasin de décoration sont en cours d’installation. Au rez-de-chaussée, deux nouveaux magasins, dont l’enseigne Pronuptia. Le centre est illuminé jour et nuit, et des gardiens veillent 24 h sur 24.

Le programme pour le printemps comprend un défilé de mode dans le cadre de la gourmetéria le Viking, le 5 avril, et une exposition des derniers modèles automobiles du 6 au 8 avril, sur le parvis du centre.

En Mai, c’est l’ouverture du Colisée 3, mini cinéma de 100 places, salle d’art et essai. On y accède par la même porte que le Colisée 2. Pour l’ouverture, on projette la fête à Jules un film de Benoit Lamy, avec Claude Jade et Jacques Perrin. Le réalisateur belge est présent, et participe au débat. Le Colisée 3 ouvrira cinq séances par jour, soit une de plus que le Colisée 2.

maisonpresse copieLa maison de la Presse ouverte en novembre 1973 Photo Nord Éclair

En septembre 1974, il reste encore 23 cellules commerciales vides, dont beaucoup au rez-de-chaussée. On cherche des commerces alimentaires pour avoir une clientèle quotidienne. Pour franchir cette barrière infranchissable qu’est le boulevard Gambetta, on imagine un passage souterrain ou une passerelle. Le parking n’est pas vraiment utilisé, malgré la modicité annoncée du prix et le remboursement du ticket par les commerçants. Pour que Roubaix 2000 ne soit plus le centre des courants d’air, les patios de verdure sont désormais fermés, et on va équiper les entrées du rez-de-chaussée avec des portes. Mais pour l’étage ? On couvrira l’année prochaine, mais il faudra un effort d’investissement. On pense lutter contre l’effet blockhaus et la tristesse du béton, par la pose de caissons lumineux d’annonces, de céramiques…

Et il faut animer Roubaix 2000 ! Le parvis désert doit devenir un forum : on propose tout et n’importe quoi, marché aux fleurs, marché aux bêtes, foires aux antiquaires, expositions de produits artisanaux étrangers, animations folkloriques et culturelles. Pour le second anniversaire, Saint Nicolas viendra en hélicoptère, et proposera des baptêmes de l’air. Il y aura une exposition de planeurs de compétition par l’aéro-club de Bondues, avec montage devant le public, un concours de mangeurs de spaghettis à la gourmetéria patronné par une marque connue de pâtes alimentaires, des voitures de marchands de quatre saisons, proposant  fleurs et fruits de décoration. Pour la fête de Noël, une crèche grandeur nature, un sapin sur le parvis, des bottes aux cadeaux dans tout le centre…

Roubaix 2000 en décembre Photo Nord Éclair

Roubaix 2000 a pourtant une bonne réputation à l’extérieur, on vient de Villeneuve d’Ascq, de Marcq-en-Barœul, de Wattrelos ! Un effort est réclamé au promoteur qui ne vend pas que du béton, il vend aussi la promesse d’un bon chiffre d’affaires ! Les élus sont également comptables de la réussite. Le 30 novembre s’achève le contrat avec la SEGECE, la ville avait engagé une garantie financière, il reste 5000m² disponibles soit un tiers de la surface du centre ! Le coût de Roubaix 2000 pour la ville sera de 650 millions d’AF ! Pour compliquer un peu, Villeneuve d’Ascq va lancer son projet commercial du type Parly 2 ! Il est clair que si avant trois ans Roubaix 2000 n’est pas devenu un grand centre commercial, tout le monde ira à Villeneuve d’Ascq, grâce à la voie rapide !

à suivre

Le Garage des sports

 

 

Photo Delbecq – Archives municipales

La multiplication des automobiles a eu très tôt pour corollaire celle des garages et stations services. C’est ainsi que le carrefour de l’avenue Motte et de la rue de Lannoy, deux voies de communication importantes, voit rapidement apparaître un garage automobile.

Dès 1934, Julien Lejeune, habitant 103 rue Ma Campagne, informe les services municipaux de son intention de faire construire Avenue Alfred Motte à Roubaix un immeuble à usage de garage d’Automobiles. Le bâtiment prévu se développe sur 25 mètres le long de l’avenue.

Document Archives municipales

Julien Lejeune diffère sans doute son projet, puisque qu’on ne trouve aucune mention de ce garage automobile, dans le Ravet-Anceau de 1938. Celui-ci voit finalement le jour, car on le distingue sur une photo aérienne prise par l’Institut Géographique national en 1950. Le Ravet-Anceau fait par ailleurs mention en 1953 d’un Garage des sports, au nom de J. Lejeune, situé au 326. Le bâtiment du garage est rectangulaire, le faîte du toit est parallèle à l’avenue Motte. Il est prolongé jusqu’au coin de la rue de Lannoy par un bâtiment coiffé d’une toiture perpendiculaire à la précédente. Ce bâtiment présente un pan coupé dégageant l’angle des deux rues.

Le garage avant 1962 – Photo l’usine

En 1962 des travaux modifient l’aspect du garage : Une extension de près de 10 mètres est ajoutée, qui forme un angle droit au bout du bâtiment initial. Elle est construite sur un terrain libre, à côté de la propriété. D’autre part, le bâtiment faisant l’angle des deux rues est remodelé : il possède désormais un toit constitué de deux parties en angle droit laissant la place à une terrasse.

Entre 1965 et 1968, ce garage devient une station-service Antar et prend le nom de Relais des sports. Le gérant est alors R. Delporte. Un plan daté de 1966 nous en montre la disposition : la terrasse surplombe le bureau de la station et les pompes de distribution de carburant. Devant ces pompes, une piste permet aux voitures de venir se ravitailler. Les cuves contenant le carburant sont enterrées sous l’ancien garage, et la nouvelle extension abrite le pont élévateur et l’équipement de graissage.

Document archives municipales

Ce relais des sports perdure jusqu’après 1983, alors qu’en 1987 il est remplacé par l’entreprise Roubelec, protection contre le vol. A ce moment, un étage coiffé d’un toit à quatre pans vient s’ajouter au dessus d’une partie du garage initial.

Enfin s’installent dans le bâtiment les pompes funèbres Douillez, sans modifier son architecture extérieure.

Rue Jules Guesde, commerces

La rue Jules Guesde était à l’origine un chemin très ancien reliant le hameau du Pile à celui du Raverdi. Il traversait au niveau de la rue de Lannoy le hameau du Tilleul, où se trouvait un très vieux tilleul. L’arbre disparaît et le chemin devient la rue du Tilleul. Puis en 1922, ce sera la rue Jules Guesde, en hommage au député de Roubaix récemment décédé.

L’atelier mémoire, lors d’une de ses réunions mensuelles, a évoqué les commerces présents dans cette rue, et a croisé les souvenirs de ses membres avec des renseignements puisés aux archives municipales.

charrier1964 copiele n°1 rue Jules Guesde en 1964 Photo Nord Éclair

Intéressons nous d’abord au côté impair, en partant de la rue d’Hem, jusqu’à la rue de Denain. Le n°1 a peu évolué : après avoir été un estaminet entre 1906 et 1939, il devient après la guerre une boutique de photographe, d’abord avec Emile Charier, puis avec monsieur Leroy, avant que l’immeuble ne soit récemment racheté par la mairie. Un membre témoigne : « Quand monsieur Leroy a cessé son activité, le bâtiment est resté vide un moment, et la ville a préempté cet immeuble, en pensant y reloger peut-être le comité de quartier Moulin-Potennerie… »

Le n°3 est d’abord une épicerie, et devient en 1923 la mercerie Knoff pendant plus de 60 ans et sur trois générations ! Le n°5 a été avant guerre successivement un magasin de confection, puis une poissonnerie. Le n°7 était avant guerre une épicerie, puis une crèmerie jusque dans les années soixante dix. Le n° 9 a été une boucherie à partir de 1900 jusqu’aux années quatre-vingts. Le marchand de cycles installé après la guerre au n°11 a rapidement laissé place à une crèmerie. Après le carrefour de la rue de Bouvines, le n° 13, estaminet du début du siècle jusqu’à la guerre, est devenu un marchand de cycles, et enfin une crèmerie. Le n°15 a longtemps été l’épicerie, puis est devenu l’estaminet Vandemeulebrouck avant la deuxième guerre, il redevient ensuite une épicerie jusqu’à la fin des années soixante.

Magasin de tissus et de confections en 1906, le n° 17, se reconvertit en magasin de fleurs artificielles juste avant la deuxième guerre. Le n° 19 est un commerce d’alimentation depuis le début du vingtième siècle. On trouve avant la première guerre au n° 23 une épicerie, puis entre les deux guerres un coiffeur, un magasin d’électricité, et après la seconde guerre, une bonneterie.

Pas d’autre commerce avant le carrefour de l’impasse St Louis. Au n° 31, on trouve avant guerre une épicerie, puis l’horlogerie Goossens, devenue aujourd’hui une viennoiserie. Après l’impasse, le n° 33 a abrité durant la première moitié du siècle un estaminet, puis une droguerie jusque dans les années soixante dix.

Archives municipales de Roubaix

Au n°43 et suivants, l’usine de teintures et d’apprêts Derreumaux est démolie dans les années soixante dix, pour laisser place à un supermarché Miniper. Aujourd’hui c’est l’enseigne Lidl, qui a entrepris une reconstruction. Un membre de l’atelier précise : Lidl a tout un programme de reconstruction de ses magasins sous forme HQE, (haute qualité environnement) une structure en bois, de larges baies vitrées pour la lumière, et une très grosse réserve d’eau de pluie, en cas d’incendie…

Le n°61, après avoir été brièvement une crèmerie, une confiserie et une horlogerie, devient le magasin de camping et de jouets Deltête. Ce magasin avait également une vitrine sur la rue de Denain.

à suivre

Inaugurations

Alors qu’on annonce son inauguration officielle pour fin septembre, le centre commercial Roubaix 2000 s’agrandit encore avec l’installation progressive de nouveaux magasins. Cependant les commerçants installés, une quinzaine, ouverts depuis le printemps, se plaignent des cellules vides. Un centre commercial est un ensemble, il faut que le client y trouve tout ce dont il a besoin. Les promoteurs sont à Paris, ce qui retarde les opérations, mais également tout le monde n’a pas ouvert en même temps. Quoiqu’il en coûte, les cellules ne doivent pas rester vides ! Déjà la fermeture du centre du Lido est annoncée pour le 31 août !

Le GIE annonce l’arrivée d’un directeur chargé de coordonner les actions commerciales. Il s’agira de M. Blum, élève de la dernière promotion de l’école CEPRECO. Toutes les cellules commerciales ne seront pas occupées pour l’inauguration, mais la vingtaine de trous noirs restants sera masquée par des panneaux décoratifs. Des jardinets situés au milieu des allées viendront agrémenter le décor. Le GIE s’est également préoccupé des désirs de la clientèle par le moyen d’un sondage qui a recueilli une centaine de réponses, lesquelles expriment les souhaits suivants : trouver à Roubaix 2000 le plus grand nombre de magasins spécialisés, pouvoir faire ses achats entre midi et deux heures.

inaug2003totInauguration du magasin à l’enseigne 2003 Photos Nord Éclair

Le 16 septembre, c’est l’ouverture du magasin collectif 2003, à l’enseigne résolument optimiste, dans lequel il est possible de s’habiller de la tête aux pieds dans une agréable ambiance musicale et dans un décor qui allie modernisme et raffinement. Quatre grands magasins se sont associés pour ce projet : Jacqu’bis, vêtements pour dames et jeunes filles, Herbaut Denneulin la maison bien connue de vêtements de la rue de l’alouette, Papillon Bonte pour les chaussures ; l’animation musicale et la vente de disques et cassettes sont assurés par la maison Scrépel Pollet.

pompiers2000Les pompiers de Roubaix 2000 Photo Nord Éclair

Le 28 septembre sont inaugurés le parking souterrain et les deux niveaux du centre commercial. On fait le point : sur 70 surfaces commerciales, 33 sont occupées et 28 en activité. L’animation est lancée : une voiture de pompiers d’un modèle ancien sillonne les rues du centre de Roubaix, avec à son bord une dizaine de jeunes filles souriantes, de rouge et de blanc vêtues, chargées d’annoncer l’événement.

inaugRx2000totLes officiels et le centre commercial Roubaix 2000 Photos Nord Éclair

Les officiels procèdent à la visite du parking souterrain, et M. Maeght, directeur de la voirie à la communauté urbaine, leur donne quelques indications : le parking peut accueillir 1246 voitures, on parle abonnements et fréquentation, sans oublier la sécurité.

Puis on fait le tour des magasins du centre, pour finir à la gourmeteria pour la réception au champagne. Lors de cette réception, il y aura six allocutions : Pierre Maisonneuve, PDG de la SEGECE, Jean Papillon président du GIE, Charles Verspieren pour la chambre de commerce et d’industrie de Lille Roubaix Tourcoing, Arthur Notebart président de la communauté urbaine, Victor Provo président du conseil général et maire de Roubaix, et Pierre Rouaze secrétaire général de la préfecture représentant le Préfet. M. Maisonneuve retrace l’historique de Roubaix 2000, rend hommage à la municipalité, fait l’état des lieux et met en valeur ce bel exemple de restructuration urbaine et commerciale.Jean Papillon énumère les atouts de Roubaix 2000, le parking, les allées marchandes couvertes, la solidarité des commerçants groupés en un Groupement d’Intérêt Economique. Il souhaite la prospérité pour Roubaix 2000 et pour Roubaix dans son ensemble. Charles Verspieren déclare que Roubaix 2000 est un point positif dans l’évolution de la vie commerciale roubaisienne, autrefois morcelée, aujourd’hui rassemblée. Il souhaite également qu’une solution soit trouvée pour le cheminement piétonnier entre la place de la liberté et le centre commercial.

Arthur Notebart rend hommage à l’acte de courage de la municipalité roubaisienne, et insiste sur la volonté de la communauté urbaine de poursuivre de tels efforts. Puis il mentionne le projet de rénovation de l’Alma Gare en évoquant l’effort à réaliser sur les liaisons nécessaires, routières et autres, afin que Roubaix soit partie intégrante dans la vie de la métropole, car cette ville mérite beaucoup. Victor Provo parle du souci de son administration de donner à Roubaix une image de marque convenable, rend hommage à ses interlocuteurs, et souhaite que toutes les cellules du centre soient occupées pour le milieu de l’année prochaine.

Le secrétaire général de la préfecture souligne l’importance de l’événement pour Roubaix et qualifie le centre commercial de Roubaix 2000 d’exemple qui doit faire école.

à suivre

Commerces de la rue Jean Goujon

ruejeangoujonLa rue Jean Goujon en 1956 Photo Nord Éclair

La rue Jean Goujon fut établie dans le prolongement de la rue du Tilleul, future rue Jules Guesde, afin de permettre l’accès au parvis de l’église Saint Jean Baptiste terminée en 1890. Ses premières maisons et commerces apparaissent du côté pair, elle est viabilisée en 1904, ce qui la transforme en une rue très passante et commerçante.

Commençons la visite par le n°2. L’estaminet de 1900 voisinait déjà avec un boucher au n°2 bis avant de devenir la boucherie charcuterie Derruder dans les années vingt. C’est un marchand de volailles qui lui a succédé au milieu des années soixante. Le n°4 fut d’abord une épicerie, avant de connaître divers occupants : un cordonnier, un marchand de meubles, un marchand de chaussures. Le n°6 est occupé dès les années vingt par un marchand de chaussures, il l’était encore dans les années soixante dix avec la maison Dubois.

La quincaillerie Teffri Photo Lucien Delvarre

La quincaillerie Teffri a laissé un souvenir durable dans la mémoire des gens du quartier, elle a démarré au début du vingtième siècle, et elle se trouvait au n°16 jusque dans les années quatre-vingts. Un teinturier occupe le n°18, dès les années vingt, et ce jusqu’au dépôt Duhamel des années soixante. En 1984, il y aura là une épicerie. Le n°20 abrite un ébéniste en 1922, puis ce sera la société de chauffage central Clairbois et Boiveau, les équipements ménagers Clairbois. Un cabinet immobilier puis un cabinet d’assurances ont pris la suite dans les années soixante dix.

La rue Jean Goujon, les commerces côté pair Coll Thiébaut

Le café au n°22 est un des plus anciens commerces de la rue. D’abord cité comme tabac en 1900, il est indiqué café en 1922 et le restera jusqu’à nos jours avec des tenanciers différents. Le n°24 était entre les deux guerres, la librairie Hertogh Vanheule. Après guerre, un électricien, puis un fleuriste lui succéderont. La coopérative roubaisienne de consommation se trouvait au n°26 en 1931. Après guerre, une poissonnerie y restera une vingtaine d’années, et c’est aujourd’hui un Lavomatic. Le n°28 a toujours été un commerce de fruits, légumes et primeurs, tenu après la seconde guerre par M. Debersée. Les n°30-32 sont le domaine de la boulangerie pâtisserie. Dans les années trente, s’y trouvait la biscuiterie roubaisienne. Enfin le 32bis était un estaminet salon de coiffure, avant de devenir un café à part entière, qui a aujourd’hui laissé la place à une agence immobilière.

Au n°1, les Coopérateurs de Flandre et d’Artois Coll Thiébaut

Le côté impair comporte moins de commerces, du fait de la présence du square Corot, qui coupe sa perspective au milieu de la rue. Autrefois, le n°1 fut un estaminet, avant de devenir une maison de mercerie, puis de bonneterie et de lingerie jusque dans les années cinquante. Les Coopérateurs de Flandre et d’Artois y sont installés en 1955 pour une vingtaine d’années.

Au n°3 se trouvait une boucherie, jusque dans les années quatre-vingts. Le n°3 bis a longtemps été occupé par le commerce d’un grainetier, Modart en 1953, et Deborgher par la suite. Le photographe Deladerière se trouvait au n°5 en 1900, il y restera une vingtaine d’années avant d’être remplacé par un comptable. Un teinturier est au n°7 pendant les années trente, la boucherie hippophagique Nys au n°9 dans les années cinquante, et plus récemment au n°11 une pharmacie dans les années soixante dix. Tous ces commerces sont aujourd’hui disparus. La boucherie chevaline qui fait l’angle de la rue d’Hem a sans doute pris la suite du n°9.

La rue Jean Goujon a donc été le digne prolongement commercial de la rue Jules Guesde pendant tout le vingtième siècle.

Premiers magasins et GIE

Le 19 janvier 1972, les supermarchés Lemaire ouvrent un 30ème point de vente de 3000 m² de surface. Cette société dont le siège se trouve à Hazebrouck vient à Roubaix avec une offre commerciale attractive : la qualité et le service du spécialiste alliés à la commodité et aux prix des grandes surfaces. Les premiers jours commerciaux de Roubaix 2000 seront donc animés par les activités promotionnelles du supermarché Lemaire, qui connaît un départ en flèche.

 

A la fin du mois de janvier intervient la création d’un G.I.E (groupement d’intérêt économique), qui regroupe tous les commerçants du centre, et dont la compétence est l’animation commerciale de Roubaix 2000. Un directeur salarié sera embauché dont le rôle est de trouver des idées d’animation commerciale, d’organiser des manifestations de promotion, de favoriser des expositions,… Les questions de copropriété, la répartition des assurances des bâtiments, les charges communes (gardien, escalators) sont confiées à un syndic du centre commercial. Les commerçants du GIE de Roubaix 2000 se déclarent indépendants mais souhaitent avoir des rapports de bon voisinage avec leurs collègues du centre et de la rue de Lannoy. Ils actent le nom de Roubaix 2000. Les ouvertures de magasins commenceront dès Pâques 1972, mais l’inauguration aura lieu à la Pentecôte. Quelques problèmes subsistent, parmi lesquels l’accès des piétons au centre commercial, venant de la place de la liberté ou de la rue Pierre Motte, vu le passage continu entre les boulevards Leclerc et Gambetta. On parle d’aménager le terre plein, de démolir une maison qui fait l’angle de la rue de Lannoy…Une enseigne lumineuse Roubaix 2000 sera bientôt posée, et on rassure les commerçants, leur patentes ne seront pas plus élevées qu’au Lido.

Roubaix 2000 Segard et Criston pub NE

 

En mars, le chemisier habilleur Criston et les tissus Segard annoncent leur ouverture dans le centre commercial.  Les premières mesures du GIE : confier le nettoyage à la municipalité, installer une sonorisation permanente et mettre en place la surveillance générale du centre avec une équipe de gardiennage. En avril,  une cafétéria de 300 places, un magasin tout pour l’enfant, un magasin d’habillement masculin, un magasin d’habillement professionnel et de loisirs, une boutique de tissus et le chausseur Cendry vont ouvrir.

 

En avril également, quatre grands constructeurs automobiles viennent exposer leurs derniers modèles sur le parvis de Roubaix 2000, alors qu’on attend l’ouverture de deux magasins Blondeau « up » et « mini up ». Les majorettes de Lambersart viennent compléter le tableau.

 

En Mai c’est l’ouverture de la Gourmeteria au dessus du supermarché Lemaire.

 

Le comité du GIE est nommé, le président en est Jean Papillon, le secrétaire Christian Gourniaux et MM Lepez, Bocage, Desrousseaux et Basuyaux en sont membres, M. Jacquard étant le contrôleur de gestion. Le recrutement d’un directeur est à l’ordre du jour. Mais les installations prennent du retard, et l’inauguration de la Pentecôte est remise à plus tard. Ce sera pour septembre…

D’après Nord Éclair

Péripéties avant l’ouverture

maquetteLa maquette du centre commercial Photo Nord Éclair

On connaît la configuration du futur centre commercial au moins par l’exposition de sa maquette, en juin 1969 dans un magasin de l’allée centrale du Lido, le centre provisoire de transit entre les commerces de la rue de Lannoy et Roubaix 2000. Elle provient des bureaux d’études de la S.E.G.E.C.E à Paris. En novembre 1969, le hall d’information ainsi équipé reçoit les candidatures et les demandes de renseignements, mais il est également possible de s’adresser aux bureaux parisiens de la S.E.G.E.C.E.

rx2000ducielLe centre commercial en chantier Photo Nord Éclair

Mars 1971, M. Maisonneuve, directeur de la S.E.G.E.C.E vient commenter devant la presse la maquette du centre commercial, et un de ses collègues annonce que des études sont en cours pour permettre aux commerçants indépendants d’avoir accès à une formule de prêt leasing sur 14 ou 16 ans. Quelques péripéties ont retardé son ouverture : le grand magasin qui devait jouer le rôle de locomotive s’est désengagé, un projet d’un collectif de commerçants indépendants aurait contribué à arrêter le chantier, et surtout on s’est aperçu que le terrain du centre commercial ne pouvait être vendu aux commerçants puisqu’il appartenait à l’Etat ! En effet, il est construit sur l’emplacement de la rue de Lannoy qui est une route nationale, et on a oublié de la déclasser, sept ans après sa fermeture à la circulation !

Le crédit lyonnais s’installe dès l’été 1971. Suivent l’ouverture du parking en septembre 1971 et du cinéma en octobre 1971. En décembre, la moitié des commerces sont vendus, la plupart roubaisiens, mais peu réintègrent la rue de Lannoy qu’ils ont quitté quelques années plus tôt, parmi lesquels les Ets Blondeau.

Trente cinq parcelles ont été attribuées : huit magasins de confection, quatre de chaussures, deux marchands de tissus, un pressing, une maroquinerie, une droguerie, une boutique loisirs hommes, un magasin d’électroménager, deux banques, un opticien, un assureur. Il faut y ajouter un drugstore, le cinéma, une crêperie restaurant, un café brasserie. Il reste une trentaine de cellules : une boulangerie, une charcuterie, un traiteur sont souhaités et on cherche un libraire…

demlondeauPublicité Blondeau dans Nord Éclair

Le magasin Blondeau annonce son transfert du Lido vers le nouveau centre encore nommé Lannoy 2000 en décembre 1971, et c’est l’occasion des ventes exceptionnelles. On discute encore du nom du centre commercial, et ça se joue entre centre commercial de la rue de Lannoy et Roubaix 2000. La fédération des groupements commerciaux de M. Coquant opte pour la 1ere, qui lui semble sans doute moins agressive commercialement parlant. Alors que l’ouverture se profile pour le printemps 1972, on apprend qu’un supermarché Lemaire ouvrira ses portes le 12 janvier.

Le cinéma de Roubaix 2000

colisee2bisPrésentation de la nouvelle salle aux officiels Photo Nord Éclair

En septembre 1971, alors qu’on se prépare à l’ouverture du centre commercial, la presse annonce l’ouverture de deux cinémas, l’un dans le centre lui-même, le colisée 2 et l’autre, à deux pas, dans la grand Rue, le Club.

Le colisée 2 est situé au premier étage  du centre commercial, juste à côté de l’escalator. C’est une salle de 220 places qui sera présentée à la municipalité et aux personnalités le 5 octobre à 18 h 30. La première manifestation officielle du centre commercial Roubaix 2000, après l’inauguration du parking, c’est donc la présentation du nouveau cinéma aux officiels, avec drapeaux tricolores, visite guidée et démonstration. Le maire Victor Provo et M. Thibeau adjoint sont présents parmi les personnalités. MM Deconninck et Desrousseaux, gérant et directeur du Colisée guident leurs hôtes dans la nouvelle salle. M.Deconinck signale que le public revient au cinéma à Roubaix. M. Fabre, l’architecte, explique le but recherché : l’époque est aux petites salles, avec simplicité et confort, pour attirer la clientèle dans le centre commercial. Victor Provo remercie M. Deconinck pour son audace créative, et il coupe le ruban qui barrait le système de commande de la projection. Pendant vingt minutes, les premiers spectateurs ont pu admirer la qualité de l’image et du son grâce à quelques documentaires.

colisee2Le système de projection automatique Photo Nord Eclair

L’inauguration proprement dite se fera le 12 octobre avec la projection du premier film et une réception. Pour l’occasion, on joue la première à Roubaix du film de Claude Lelouch « Smic Smac Smoc ». Le décor est minimaliste, pas de scène, un mur de briques et de moquette, pas de jeux de rideaux compliqués devant l’écran. Les fauteuils sont spacieux et confortables, le sol recouvert de moquette… L’espacement des sièges, la climatisation, la bonne déclivité facilitant une vision toujours dégagée contribuent à faire de cette salle un agréable lieu de loisirs. La projection est automatique : mise en route du film, ouverture et fermeture de la lumière dans la salle, réglage de l’écran à la bonne dimension, diffusion de la musique d’ambiance. L’appareil de projection est équipé d’un système à plat qui permet la projection de plus de quatre heures sans discontinuité. Un petit ordinateur à cartes perforées donne l’ordre des modifications en cours de programme.L’exploitation de cette salle demande un personnel réduit : un opérateur (qui pourra s’absenter) une caissière et une ouvreuse. Un circuit de télévision permet de suivre le déroulement du programme depuis la caisse. Deux maisons roubaisiennes ont contribué à l’équipement du Colisée 2 : les travaux de marbrerie ont été effectués par les Ets Duquesne 210 grand rue, et les Ets Scrépel Pollet ont réalisé le contrôle de projection par télévision en circuit fermé. De fait ce cinéma se présente comme la première salle automatisée du Nord. Le prix de l’époque : 6 francs jusque 17 heures, et  8 francs après, le cinéma étant permanent.

salle colisee2La salle du Colisée 2 Photo Nord Eclair

Dès le lendemain, le Colisée 2 est ouvert à l’exploitation. C’est une salle qui fonctionne de 14 h à 23 heures, c’est-à-dire qu’il y a quatre projections par jour sans interruption. Des séances pourront être présentées le matin et à l’heure de midi. Assez paradoxalement, la presse annonce que les films présentés là ne seront pas ceux qui attirent la grande foule. Il est également envisagé la projection une fois par semaine d’un film d’art et d’essai. Le Colisée 2 est le premier cinéma de poche permanent de Roubaix, il sera suivi le 15 novembre par le Club, salle annexe du Casino, dont l’entrée se situera Grand Rue.