Segard et Buisine

Au début des années 1900, Florimond Segard est artisan coiffeur, installé au 7 et 9 de la rue Saint Jean à Roubaix. Son épouse, Claire née Defives, y tient une épicerie buvette au même endroit.

la boutique Coiffeur-Buvette au 9 rue Saint Jean ( document F. Segard )

Ils ont un fils Florimond, né le 19 Juin 1907, qui porte donc le même prénom que son père et devient artisan-tapissier. Florimond et son épouse, Denise née Deleporte habitent chez les parents au 9 de la rue Saint Jean, puis rapidement au 15 de la même rue.

( document collection privée )

En 1937, Florimond Segard crée avec un ami, Eloi Buisine, la société « Segard et Buisine » qui propose tous travaux de peinture, décoration, vitrerie, papier-peint, linoléum, tentures, sommiers, matelas etc.

Eloi Buisine ( document F. Segard )
entête 7 9 rue St Jean ( document F. Segard )

Eloi Buisine est le neveu de Marie Buisine, responsable d’une pouponnière, qui sauva 8 enfants de l’incendie de la crèche, mais resta malheureusement dans les décombres. ( voir sur notre site un précédent article intitulé Marie Buisine ). L’entreprise Segard et Buisine déménage ensuite au 112 rue du Moulin.

Le 112 rue du Moulin ( document Ravet Anceau )

L’entreprise Segard et Buisine fonctionne correctement, mais l’activité s’arrête en 1940, car ils sont tous deux mobilisés. A la libération, Florimond et Eloi reprennent leur activité, et font l’acquisition, en 1947, d’un immeuble au 145 rue du Coq Français, lequel appartenait à F. Leroux-Lemaire, industriel. Ils y installent les bureaux et ateliers de leur entreprise générale d’ameublement.

Plan ( document archives municipales )

Florimond Segard et son épouse habitent au 112 rue du Moulin avec leurs 5 enfants : Michel né en 1937, Annie en 1938, Colette en 1940, Francis en 1945 et Edith en 1952. L’aîné, Michel Segard, a 21 ans en 1958 lorsqu’il reprend l’entreprise funéraire d’Emile Alençon au 101 rue  Pellart.

Publicité Michel Segard ( document collection privée )

En 1965, Florimond Segard est décoré de la médaille d’argent de la Mutualité du Nord, distinction honorifique qui vient en complément de celles, nombreuses, dont il est déjà titulaire.

Florimond Segard ( document Nord Eclair 1965 )

En 1968, Eloi Buisine a 68 ans et démissionne de son poste pour prendre sa retraite. Francis, le fils de Florimond Segard, à l’âge de 23 ans, est alors nommé gérant de l’entreprise Segard et Buisine.

Papier En tête ( document F. Segard )

L’entreprise Segard et Buisine a toujours eu beaucoup de respect envers son personnel. En 1971, une réception est organisée à la « Tonne d’Or », à Roubaix, pour fêter les 35 ans de l’entreprise et remettre la médaille du travail à dix de ses salariés. C’est en cette année 1971 que Florimond prend une retraite bien méritée, à l’âge de 64 ans.

Les médaillés du travail. Francis Segard se trouve en bas à gauche ( document Nord Eclair 1971 )

En 1981, l’entreprise Segard et Buisine développe son activité en lui ajoutant un service de Pompes Funèbres. Francis ouvre un point d’attache au 89 rue Emile Zola à Croix, en 1981. C’était auparavant le siège de l’entreprise de confiserie du Géant Gourmet créée en 1953, par les membres de la famille Beulque.

document collection privée

Francis reprend le 83 rue Carpeaux à Roubaix ( à l’angle du boulevard de Fourmies) en 1982. C’était auparavant le magasin de décoration « Ambiance » tenu et géré par son épouse Francine Segard. Il le transforme en point de vente des Pompes Funèbres Segard et Buisine. Il reprendra par la suite en 2002, le local voisin du photographe Vandeputte, au 125 boulevard de Fourmies, pour le transformer en funérarium.

83 rue Carpeaux ( document Nord Eclair )

En 1988, Francis est nommé président de l’association des commerçants du Nouveau Roubaix. Il entretient d’excellentes relations avec ses voisins et crée donc un climat dynamique avec les autres commerces du quartier.

Francis Segard en 1988 ( document Nord Eclair )

Francis s’associe en 1981, avec André Hue son beau-frère ( le mari de Colette Segard ), lequel dirige une entreprise de chauffage, créée en 1965, au 183 rue du Coq Français, pour créer un département Pompes Funèbres.

Publicité André Hue ( document Nord Eclair )
( document Nord Eclair )

Le local du 89 91 rue Emile Zola à Croix devient rapidement trop petit et, pour faire face à l’expansion, Francis Segard et André Hue décident d’acquérir un terrain vierge au 18 avenue de l’Europe à Croix pour y construire un centre neuf. Ce terrain appartenait auparavant au concessionnaire Citroën de Roubaix.

Le 18 avenue de l’Europe ( document Segard et Buisine 1987 )

La construction du bâtiment et du funérarium se passe dans les meilleures conditions possibles et les travaux se terminent en 1987. Trois ans après, en 1990, Francis décide d’agrandir l’entreprise en construisant une extension à l’arrière du bâtiment, dans la rue Vauban. L’entreprise s’étale désormais sur 3.264 m2.

Plan cadastral du 18 avenue de l’Europe à Croix

Dans les années 1990 la société Segard et Buisine connaît un fort développement. Francis et André continuent d’entretenir des relations très cordiales avec leurs confrères. En 2004, ils reprennent l’entreprise de pompes funèbres Odoux à Mouvaux. Vont suivre ensuite de nombreux rachats de centres funéraires.

Aujourd’hui le groupe Segard et Buisine, c’est 17 funérariums sur toute la métropole lilloise et 2 en Belgique.

( document P.F. Segard et Buisine )

Plus de 100 personnes ( salariés et vacataires ) travaillent dans le Groupe Segard et Buisine qui dispose désormais d’un flotte de 99 véhicules magnifiquement entretenus.

Une partie des véhicules ( photo BT )

Le funérarium de Croix a une excellente notoriété, si bien qu’il attire les gens du spectacle et du cinéma. Marion Cotillard est venue tourner quelques scènes pour le film « Frère et Soeur », le comédien Benoit Poelvoorde, l’humoriste Jarry y ont fait également des apparitions, ainsi qu’ Audrey Fleurot pour la série télévisée « HPI ».

Une partie du hall d’exposition ( Photo BT )

Aujourd’hui, l’entreprise est dirigée par les deux frères Benoit et Hervé Hue ( les fils d’André ). Francis Segard, toujours dynamique à près de 80 ans, passe dans l’entreprise plusieurs jours par semaine pour y aider ses neveux. De nos jours, le Groupe Segard et Buisine est l’une des plus grosses entreprises familiales en activité, au Nord de Paris.

document Segard et Buisine

Remerciements à Francis Segard et Hervé Hue ainsi qu’aux archives municipales

Au Moulin Bleu

Le 130 rue de l’Epeule à Roubaix est un commerce de vins et liqueurs tenu par L. Jonville dans les années 1910.

Le 130 rue de l’Epeule ( Plan cadastral )

Au début des années 1920, Henri Deschamps a 45 ans, il travaille dans une entreprise de textile roubaisienne. Avec son épouse Mathilde, il reprend le commerce et le transforme en estaminet. Henri devient administrateur de la brasserie des « Débitants Réunis » rue du Luxembourg, et c’est donc tout naturellement qu’il sélectionne les bières de la brasserie pour son commerce. Certains clients se souviennent encore des tubes transparents des pompes à bière sur le comptoir, ou l’on peut voir la bière fraîche remonter des fûts situés à la cave.

Henri et Mathilde Deschamps ( document A. Deschamps )

Les affaires fonctionnent très correctement en cette période d’entre deux guerres. Le café ouvre tôt le matin ( avant 5 heures ) pour accueillir les ouvriers qui partent travailler dans les usines du quartier, et en particulier les teintureries Emile Roussel au 144 de la rue de l’Epeule et au 48 de la rue Watt. Un café bien tassé leur est servi avec le genièvre séparément ou versé carrément dedans pour faire une « bistouille ».

Henri Deschamps sur le pas de la porte, avec des amis ( document Nord Eclair )

La journée est plutôt calme au niveau du commerce, mais dès la fin de l’après-midi, c’est l’effervescence dans le bistrot, avec la sortie des ouvriers des usines. Ils viennent se désaltérer après leur dure journée de travail et s’y retrouvent également pour taper le carton. Le café d’une surface d’environ 50 m2 est donc très petit et étroit. Derrière le café se trouve une petite salle de 20 m2 pour stocker les caisses de sodas, limonades, vins, etc. Dans le café, il y a de la place pour les 6 tables et les chaises, mais la plupart des clients dégustent leur bière, debout accoudés au comptoir en zinc.

Henri et Mathilde avec leur petit fils Gérard dans les bras de sa maman Lucienne en 1942 ( document A. Deschamps )

Henri décède en 1942. Mathilde continue seule l’activité du commerce. Les deux fils d’Henri et Mathilde : Roger et Marcel sont prisonniers en Allemagne. A son retour en 1944, Marcel retrouve son emploi chez les assurances Antverpia. Roger revient de captivité en 1945 et avec sa mère Mathilde reprend du service derrière le comptoir du café Au Moulin Bleu. Mathilde décède en 1948, Roger continue seul jusqu’à son mariage en 1949 avec Bernadette

Roger Deschamps, à gauche, derrière son comptoir discutant avec des clients en 1949( document A. Deschamps )
Roger Deschamps sur le pas de la porte, en chemise cravate et son épouse Bernadette, en robe, et leur fils Bernard avec des amis devant la façade en 1953 ( document Nord Eclair)

Roger et Bernadette Deschamps effectuent quelques changements dans le café, ils y installent un billard et un flipper pour essayer d’amener une clientèle plus jeune. Ils continuent l’approvisionnement en bière à la brasserie des Débitants Réunis et, en particulier, la célèbre bière de garde, très appréciée des connaisseurs.et servie dans un « Calice ».

Le calice de la bière des débitants réunis ( document collection privée )

Roger cède son café en 1955. Le café est repris par Jules Van Meenen à la fin des années 1950. Jules bénéficie toujours de l’affluence, tôt le matin des ouvriers des usines textiles du quartier. Lors de la sortie des clients du cinéma L’Etoile situé juste en face, c’est également un afflux de clients supplémentaires. L’établissement reçoit aussi les festivités du quartier, sur la photo ci-dessous, c’est la remise des prix du 2° circuit cycliste de l’Epeule-Alouette-Trichon en présence de Victor Vandermeiren, le « Maire de l’Epeule ».

( document Nord Eclair )

Le café ferme ses portes au début des années 1980. Sur la photo ci-dessous qui date de 2008, on reconnaît l’ancien café. A droite se trouve, au 128, la librairie-papeterie-presse de Robert Devos et à gauche au 132, le commerce du photographe Paul Charier.

Photo 2008 ( document Google Maps )

Remerciements à Alain Deschamps

65 boulevard de Fourmies

René-Pierre Dujardin-Giraudet fait l’acquisition d’un terrain vierge de 329 m2 situé du 63 au 69 boulevard de Fourmies en 1964.

En Mai de cette même année, il demande un permis de construire pour la création d’un immeuble composé de deux appartements à l’étage avec une entrée privée au 63 et d’un commerce au rez-de-chaussée au 65 et 67. Les travaux sont achevés en 1966 et René peux alors s’y installer et ouvrir son commerce.

la façade ( document archives municipales )

C’est un point de vente de meubles rustiques et modernes. René-Pierre Dujardin est membre actif de l’Union des Commerçants du boulevard de Fourmies, il en est le trésorier. Malheureusement le succès n’est pas vraiment au rendez vous, et quelques années plus tard, le magasin ferme ses portes définitivement.

publicité ( document collection privée )
document Nord Eclair

En 1973, « La Fourmi » s’installe dans ce local, avec un nom d’enseigne qui rappelle bien-sûr, le boulevard de Fourmies, mais également la petite fourmi qui fait des économies en faisant ses achats. C’est un commerce de jouets et d’articles de Noël à bas prix. L’année suivante, la direction décide de développer l’activité en proposant à sa clientèle, une gamme de vêtements divers : costumes, pantalons et vestes pour hommes et garçonnets.

Publicité 1974 ( document Nord Eclair )
Publicité 1974 ( document Nord Eclair )

Hélas, le volume de chiffre d’affaires n’est pas suffisant. L’activité du commerce « La Fourmi » s’arrête à la fin de l’année 1976. Le Crédit Agricole, situé rue du Vieil Abreuvoir, profite de l’occasion pour reprendre le fonds de commerce, afin d’y ouvrir une agence de quartier en 1978.

Publicité 1978 ( document collection privée )
Publicité 1982 ( document collection privée )

Après des travaux importants de rénovation, la direction décide d’organiser une journée Portes Ouvertes le samedi 28 Octobre 2000, afin de présenter cette nouvelle agence refaite à neuf.

Publicité 2000 ( document collection privée )

L’agence du Crédit Agricole, ouverte en 1978, est toujours en activité de nos jours.

Photo BT

Remerciements aux archives municipales.

Rue de la Lèverie

A la fin du 19ème siècle à Hem, la rue actuelle portait le nom de « fosse » de la Lèverie, ce qui, à l’époque, correspondait à une excavation, généralement profonde, servant de poche de ruissellement ou plus probablement de dépôt d’ordures aux limites d’un terrain. C’est en 1962 qu’elle devient la rue de la Lèverie.

Longue de 318 mètres, elle relie la rue des Ecoles à la rue Jules Guesde et se situe dans le quartier du Petit Lannoy. Pendant longtemps, elle était croisée par la voie de chemin de fer dont on devinait encore, au siècle dernier, le tracé derrière les maisons de la rue des Ecoles jusqu’au passage à niveau de la rue des 3 Fermes.

Photo aérienne de 1933 où l’on distingue clairement la voie ferrée qui coupe la rue (Document IGN)

Au début du 20ème siècle, plus exactement en 1922, la commune d’Hem est entrée dans le Syndicat Intercommunal pour la fourniture d’eau potable qui est confiée à la société des Eaux du Nord, y rejoignant Lys-lez-Lannoy et Leers. Deux réservoirs en béton armé sont construits, l’un sur Hem à la Vallée et l’autre à Leers. Les canalisations sont ensuite implantées dans les rues, dont une rue de la Lèverie.

Par ailleurs, la rue abrite, au début du siècle un château d’eau, côté impair dans un ensemble industriel se situant au bout de la rue. On le distingue sur la photographie aérienne de 1933 ainsi que sur celle de 1947. Dans l’inventaire général du patrimoine culturel il est répertorié en 1991 au 21-23 rue de la Lèverie dans une usine désaffectée, non identifiée, auprès d’un atelier de fabrication et d’une aire de produits manufacturés.

Carte postale représentant le nouvel élévateur d’eau potable et photo aérienne de 1947 (Documents Hem Mémoire en Images et IGN)

La carte postale le désigne comme le nouvel élévateur des eaux potables de Lannoy mais il se situait bien en fait sur le territoire de Hem. Les deux communes sont encore séparées au début du vingtième siècle par la porte de Lille, laquelle se situe au bout de la rue Jules Guesde à Hem comme le montre une photo d’époque de l’octroi de Lannoy.

De même que la fondation César Parent a été implantée sur le territoire de Hem (voir sur le sujet un précédent article paru sur notre site et intitulé la Fondation César Parent) au coin des rues Jules Guesde et de la Lèverie, il n’est pas interdit de penser que le raisonnement a été le même pour le Château d’Eau.

Photo de la porte de Lille à l’époque depuis Hem et photo de 2023 sur laquelle le panneau d’entrée de la ville de Lannoy se situe pratiquement au même endroit (Documents Histoire de la ville de Lannoy et Google Maps)

S’il ne reste à priori aucune trace de l’usine située au n°21 ou document permettant de l’identifier, le bâtiment situé juste à côté, au n°23 a longtemps abrité le café du Boer. Détruit pendant la guerre, ce café a été rouvert ensuite et tenu dans les années 1950 par le couple Briest-Plovie, puis dans les années 1960 par les Dupriez-Lezy.

Ainsi, en 1966, la presse locale y décrit une grande animation pour ce siège de la société d’archers « Les coqs hardis », présidée par Albert Delespaul. Une partie de tir est tout d’abord organisée entre jeunes et anciens des tireurs de Croix et Hem, au cours de laquelle les anciens se distinguent. Puis se déroule le traditionnel banquet de la Saint-Sébastien. Une séance de tir y est organisée chaque dimanche ainsi que des séances d’entraînement deux soirs par semaine. Puis un tir au Cercle est organisé une fois par mois , dès que l’aménagement du pas de tir est terminé et celui-ci inauguré en présence du maire de la ville, Mr Leplat.

Le café bombardé pendant la guerre avec le château d’eau en arrière plan (Document Historihem)
Le café du Boer en 1966, siège de la société d’archers, pour la Saint-Sébastien (Document Nord-Eclair)

Le café figure encore au Ravet-Anceau de 1969 sous la gérance de J. Cassedanne et au milieu des années 1970 sous celle de B.Yves, avec une enseigne inchangée : Café du Boer. Le café reste répertorié à l’annuaire jusqu’en 1983. En revanche il ne figure plus au répertoire des commerçants de la ville de Hem édité en 1984.

Photo des façades des 21 (à gauche) et 23 (à droite) en 2023 (Document Google Maps)

Au début du 20ème siècle, au n° 29 voisin, se trouvaient les établissements de Pierre-Joseph Franchomme, négociant en charbons, décédé en 1946, puis de M.Franchomme et Cie qui, jusqu’à la fin des années 1960, fait sa publicité pour des livraisons rapides de charbons, ainsi que tous appareils de chauffage, cuves mazout et fuel par volucompteur.

Photos du négoce de charbons avant guerre (Documents Historihem)
Publicité des années 1960 et de 1969 (Document Historihem et Nord-Eclair)

Par la suite l’enseigne Hem Confort, appareils de chauffage, apparaît sur le papier à en-tête des Ets M. Franchomme et Cie. Puis, dans les années 1970, le négoce d’appareils ménagers prend le nom de Hem Confort dans sa publicité laquelle fait état de fuels pour foyers domestiques et industrie. Toutefois les charbons Franchomme figurent toujours dans l’annuaire téléphonique à la même adresse.

Papier à en-tête et publicité des années 1970 et de 1971 pour Hem Confort (Documents Historihem et Nord-Eclair)
Photo du magasin d’exposition vente installé au n°29 de la rue de la Lèverie (Document collection privée)

Les bâtiments abritent également dans les années 1970, L. Bourgois entrepôts de vieux métaux et la société Flandrinox, spécialisée dans l’importation massive d’éviers inox. Cette société y est toujours installée dans les années 1980 comme en témoigne une correspondance de l’année 1985 avec les Ets Bossu-Cuvelier à Roubaix. En 1975, les Ets Flandrinox figurent toujours dans le Ravet-Anceau dans la catégorie Vieux Métaux ; en revanche les Ets Franchomme ont alors disparu de la rubrique charbons. Dans les années 1980, la société ne figure plus à l’annuaire.

publicité de 1973 et enveloppe portant un cachet de la poste de 1985 (Documents Nord-Eclair et collection privée)

A partir de cette époque, en revanche, s’installe au n°3 de la rue JM Debarge, artisan en ébénisterie et menuiserie générale et spécialisé dans les installations et le matériel pour cafés. Lui succède, en 1998, Bruno Debusschere et son entreprise GD MECA de production et vente de produits industriels tournage fraisage, toujours active à ce jour.

Publicités des années 1980 et photo du bâtiment en 2023 (Documents Nord-Eclair)

Depuis la plupart de ces sociétés ont mis la clef sous la porte, ainsi que d’autres entreprises, de bâtiment par exemple, qui n’ont été qu’éphémères. Une seule nouvelle installation commerciale est à signaler depuis, au n°18, en la personne de Laurence Deguines, qui exploite depuis 2021 un négoce de vêtements pour enfants qu’elle créée elle-même sous la marque « 3 ptits chats création ».

Logo 3 ptits chats création (Document site internet)

En un peu moins d’un siècle le panorama du quartier a considérablement évolué comme le montrent les photos aériennes de 1976, 2004 et 2023. En 1976, les champs, qui figuraient sur la photo de 1947, ont disparu avec la construction du quartier des 3 Fermes mais le château d’eau est encore là et on devine encore le n°29 dans la pointe. En revanche en 2004, plus de château d’eau et la pointe est un terrain vague et enfin en 2023, un nouvel immeuble d’appartements y a été construit. Quant au côté pair, il a vu apparaître un grand nombre de maison ces dernières années. L’ancien quartier industriel, à la limite de Lannoy, est devenu résidentiel.

Photos aériennes de 1976, 2004 et 2023 (Documents IGN et Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem, à Bernard Thiébaut pour son ouvrage Hem Mémoire en Images et à Bernard Moreau pour son Histoire de la ville de Lannoy

Le 123 boulevard de Fourmies

Herménégilde Da Silva ( que l’on prénomme Achille ) habite au 85 boulevard de Fourmies à Roubaix, au début des années 1950. Il fait l’acquisition d’un terrain vierge au 123 de ce boulevard. Cette parcelle se situe à l’angle de la rue Carpeaux, précisément au N° 83. Il demande un permis, en Octobre 1956, pour la construction d’un immeuble : une maison d’habitation avec magasin. Il fait appel à l’architecte J Delplanque pour dessiner les plans.

Plan de l’habitation ( document archives municipales 1956 )
vue aérienne 1957 la maison en construction ( document IGN )

Le rez de chaussée est composé du magasin, de l’entrée, la salle de vie, la cuisine et la cour. Le garage est accolé avec une entrée rue Carpeaux. A l’étage, se trouvent les cinq chambres et la salle de bains. L’ensemble représente une superficie de 107 m2. Les travaux se terminent en 1958.

La façade ( document archives municipales 1956 )

Herménégilde Da Silva est artisan en plomberie et couverture. Son magasin propose des articles d’électro-ménager : cuisinières, réfrigérateurs, téléviseurs, appareils de chauffage, sous les grandes marques nationales : Philips, Arthur Martin, Scholtés etc

Il communique rapidement, par de la publicité dans la presse locale.

publicité ( document Nord Eclair 1962 )

A la fin des années 1960, il développe des marques complémentaires, comme Fobrux et les célèbres cuisinières Coussement fabriquées à Roubaix.

Publicités ( documents Nord Eclair )

Il propose également, au début des années 1970, une gamme d’articles cadeaux, et reste bien sûr, le spécialiste de l’installation de chauffage central au gaz et au fuel.

publicité document Nord Eclair 1971

Herménégilde Da Silva cesse son activité en 1978. Le fonds de commerce est alors repris par Mme Francine Segard-Beulque et devient un magasin de décoration à l’enseigne Ambiance. Francine Segard propose une gamme de papiers-peints, moquettes, peintures et accessoires.

publicité document Nord Eclair 1978
publicité document Nord Eclair 1980
publicité document Nord Eclair

En 1982, Francis Segard, le mari de Francine, installe son commerce de Pompes Funèbres dans le garage au 83 de la rue Carpeaux avec l’enseigne Segard et Buisine.

Francis et Francine entretiennent d’excellentes relations avec les autres commerçants du quartier. Francis Segard est élu président de l’Union des Commerçants du Nouveau Roubaix en 1987.

Francis Segard ( document Nord Eclair 1986 )

Les affaires des pompes funèbres Segard et Buisine fonctionnent très correctement dans ce quartier du Nouveau Roubaix. Le manque de place se fait cruellement sentir. Francis et Francine décident alors d’arrêter le commerce de décoration « Ambiance » et de consacrer cette place disponible à la création d’une surface de vente spécifique à l’entreprise Segard et Buisine, en Mars 1988. L’agrandissement se réalise sous la gérance d’André Hue, le beau frère de Francis.

publicité document Nord Eclair 1988

En 2001 , le photographe Robert Vandeputte, au 125 boulevard de Fourmies juste à côté, cesse son activité. Le couple Segard reprend le local du studio-photo pour le transformer en funérarium en 2002 après travaux.

Photo BT 2024

Les pompes funèbres Segard et Buisine sont toujours présentes de nos jours aux 123 et 125 boulevard de Fourmies. L’entreprise est désormais dirigée par Benoit et Hervé Hue, les deux fils d’André Hue.

Photo BT 2024

Remerciements à Francis Segard ainsi qu’aux archives municipales

Il y a 50 ans, la braderie du Crétinier

En 1974, la grande Braderie du Crétinier s’est déroulée le 10 juin. De 14 heures à 20 heures, furent concernées les rues Castermant, Henri-Briffaut, Claude-Weppe et Patriotes. C’est une braderie commerciale plutôt qu’un vide grenier, qui propose des prix compétitifs, un accueil souriant, un choix très vaste, un service après-vente soigné, selon la formule consacrée.

La rue Castermant aujourd’hui doc AmWos

Pour la rue Castermant, on trouve les meubles de tradition Plouvier qui proposent également un service d’installation de cuisines. Le marchand de cycles de la gamme Peugeot de M. JC Servais fait également la promotion des cyclo-sports Garelli. Le magasin TELEWATT annonce des prix chocs pour la braderie avec service après-vente assuré et grandes facilités de paiement. L’agent officiel Renault, Michel Vanhée est au service de la clientèle au 83 rue Castermant. Le spécialiste Conseil Truffaut « votre jardin » propose des cages, des oiseaux, des aquariums et des poissons. Les chaussures Roger insistent sur les critères de choix, prix et qualité. Les établissements Roger Lefebvre vendent des feux de toutes marques, des salons en solde et des lustres en exposition, avec bien entendu des conditions exceptionnelles pour la braderie. Le Nemrod, café tabac de M. Bouchez signale sa présence dans la rue. La boucherie-charcuterie Marcel Muillie fait de même, avec comme slogan qualité et fraîcheur.

Herboristerie Cousin pub NE

C’est aussi rue Castermant qu’on peut retrouver les plantes médicinales de l’herboriste du Crétinier Jean Cousin, qui propose des produits diététiques. La parfumerie Françoise vend également des produits de maroquinerie et des parapluies. Le magasin d’alimentation générale Vanadervelt est un spécialiste des dragées. Le magasin de prêt à porter enfant et layette Annick propose une remise exceptionnelle de 5 % pour la braderie. Pierre Tricoit, électricien, réalise toutes installations et dépannages. La boucherie chevaline Vermeersch propose un grand choix de rôtis, poulain et cheval. Le magasin Subts met à la disposition de la clientèle des spécialistes télévision électroménager cuisine chauffage. Le magasin d’optique et surdité Turlur offre un grand choix de lunettes solaires et de nouvelles jumelles. La droguerie de Simone Brunin spécialiste des peintures Novémail et Idaline, offre 10 % de remise sur tous ses articles. La boulangerie pâtisserie Huyghe Rosé participe à la braderie. Le spécialiste du frais en fruits et légumes « au jardin d’Espagne » propose des ventes promotionnelles. La librairie papeterie de Mme Vandecrux est bien fournie en cartes postales, stylos, montres, romans photos et revues illustrées en solde.

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Pour la rue des Patriotes, le fleuriste Trianon de M. Marquette-Flipo vend fleurs coupées, séchées et soie et des cadeaux. Les vidanges Duthoit interviennent pour le curage de toutes les fosses et le débouchage d’égout.

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Pour la rue Henri Briffaut, on brade chez Mary-Thérèse magasin de prêt à porter féminin, qui annonce « rien que des articles de marque ». Il y a également le spécialiste du chauffage central au gaz idéal standard Sogor Petit. Les trois magasins de meubles électro ménager et radio télévision des établissements Desmarchelier accueillent la clientèle aux 113-108-110. Les établissements Duponchel proposent choix, qualité, prix et bonnes facilités de paiement ainsi que le service après vente pour leurs produits de radio télévision, électroménager et meubles. Mme Laporte qui tient une mercerie lingerie chemiserie, propose une remise braderie de 10 %. La maison Debeurme Renard offre un choix de plantes et fleurs artificielles, ainsi que des articles funéraires.

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Pour la rue Claude Weppe, le salon de haute coiffure « Art et coiffure » est un spécialiste des assouplissements et coloration, manucure, maquillage et produits de beauté. Le magasin Helen, pulls hommes et femmes, propose des soldes de grandes marques à des prix braderie. Louis Lemaire est le dépositaire de grandes marques de chauffage central gaz, mazout, charbon et d’installations sanitaires.

Il y avait vraiment de quoi attirer le chaland pour cette braderie du quartier du Crétinier !

Le caviste du Nouveau Roubaix

Le 129 du boulevard de Fourmies a toujours été occupé, depuis des décennies, par un commerce de vins et liqueurs. Dans les années 1930, la boutique est gérée par L. Reumont, puis ensuite par Mme Routier.

Adrien Buisine est né en 1919 à Marcq en Baroeul. Il est chevillard à son compte, à l’abattoir de Lille et est spécialisé en viande chevaline. Les affaires fonctionnent correctement, mais sa passion reste l’oenologie, il adore déguster et comparer les grands vins, et en particulier ceux de la région bordelaise. Il souhaite changer de métier, et reprend le commerce de vins du boulevard de Fourmies, devenu libre d’occupation à la fin des années 1940.

Adrien Buisine ( document M. Buisine )

C’est une boutique d’environ 50 m2. Adrien est caviste, il propose à sa clientèle un grand choix de vins, liqueurs, spiritueux, apéritifs, alcools etc.   Il garde l’enseigne existante : Aux Caves des Boulevards. Adrien est marié à Olga. Ils ont un fils Guy. Ils habitent dans un premier temps à l’étage, mais le logement est trop petit, ils emménagent alors dans une maison à Flers Babylone.

Adrien, sa mère Julienne et son fils Guy devant la devanture ( document M. Buisine )

La photo ci-dessous date du début des années 1950. On y reconnaît Adrien assis sur un tonneau, à côté de son fils et sa femme Olga. Sur le terrain vierge voisin, sera construit peu de temps après, le magasin de Jean Duthoit au 127, le studio photo de Robert Vandeputte au 125, et le commerce d’électro ménager de H Da Silva au 123 au coin de la rue. Les maisons que l’on aperçoit au fond sont situées dans la rue Carpeaux.

Devant le magasin boulevard de Fourmies ( document M. Buisine )

De même sur la photo ci-dessous, se trouve donc à droite le commerce d’alimentation de M. Prouvost Dugimont au 131 et à gauche le terrain vague où sera construit le magasin de Jean Duthoit au 127. Les maisons dans le fond, se trouvent dans la rue Rubens.

Olga et Guy devant la façade ( document M. Buisine )

Adrien et Olga prennent un soin tout particulier à soigner la vitrine, changent régulièrement de thème de façon à faire venir le client. Ci-dessous vitrine avec de nombreuses bouteilles de Mandarine Napoléon

La vitrine Mandarine Napoléon ( document M. Buisine )

Adrien est vraiment un homme passionné par le vin. Il s’approvisionne régulièrement chez les producteurs et vignerons et en particulier chez les établissements Ouzoulias à Libourne. Il recherche toujours dans les domaines et châteaux, des vins exceptionnels à des prix compétitifs et se fournit également chez un grossiste local, les Ets Broutin rue de Toulouse à Roubaix, ainsi que par des représentants multicartes. Dans le fond du magasin où sont stockés les tonneaux de vins, il met en bouteille lui même les vins qu’il sélectionne pour les proposer au meilleur prix.

Adrien et Olga ( document M. Buisine )
Adrien et son ami le boulanger Omer Fassin du boulevard de Fourmies.( document M. Buisine )

Adrien est intronisé dans la confrérie de la Jurade de Saint Emilion qui entretient la mémoire des vins et assure leur succès à travers le monde. Adrien fait partie désormais des 140 jurats qui perpétuent les valeurs de partage, de découverte, de transmission et de tradition.

la confrérie La Jurade de Saint Emilion ( document collection privée )
Adrien intronisé, vêtu de sa toge( document M. Buisine )
son précieux diplôme ( document M. Buisine )

Adrien entretient d’excellentes relations avec les commerçants du boulevard de Fourmies. Il est président de l’Union des Commerçants du Nouveau Roubaix, président du Comité des fêtes du quartier, et il devient membre titulaire de la Chambre de Commerce de la Métropole.

Adrien est administrateur de la CIRCI, caisse de retraite pour les travailleurs indépendants. Sa deuxième passion c’est son action de militant au sein des organismes chargés de défendre les intérêts de sa profession. Comme son maître à penser Jean Dearx, il milite de manière à ce que la profession ne soit pas asphyxiée : « Se spécialiser, s’unir ou périr ! ». En 1969, il devient membre de l’UCAM Union des Commerçants et Artisans de la Métropole. Pendant toute sa carrière, il va lutter pour la défense des Commerçants et Artisans et en particulier sur la loi de 1968 sur l’assurance maladie obligatoire des travailleurs non salariés.

Adrien fait alors partie du CID, Comité d’Information et de Défense, qui devient quelques temps après, le CIDUNATI, Confédération Intersyndicale de Défense et d’Union Nationale des Travailleurs Indépendants. Il négocie et discute au plus haut niveau et en particulier avec Maurice Schuman, ministre des affaires sociales en 1969 et Robert Boulin, ministre de la Santé en 1970.

document Nord Eclair
( document M. Buisine )
Adrien et Olga avec des amis dans les années 1970 ( document M. Buisine )

Olga, qui aide son mari dans le magasin, surtout pendant ses autres occupations, décède en 1977. Adrien ferme son magasin à la fin de l’année 1984 et prend sa retraite.

De nos jours, au 129 boulevard de Fourmies, se trouve le café de la Presse du Boulevard.

Photo BT

Remerciements à Michèle et Florence Buisine ainsi qu’aux archives municipales.

Jany Fleurs

Jean et Maurice Delannoy dirigent la société Delannoy Rouzé, grossiste-négociant en fourrage, paille, grains, farines, légumes secs et pommes de terre, est implantée au 15 et 17 rue Perrot à Roubaix ( entre le boulevard de Strasbourg et le quai de Brest ) sur un terrain de 1200 m2 et livre tous les fermiers de la région.

collection privée

Une fille, Jeanne, née en 1935, est l’aînée de cette famille de 8 enfants. Jeanne Delannoy se marie en 1953, avec Maurice Tanchou, ouvrier boulanger. Elle souhaite créer son commerce ; on lui conseille fortement de trouver un local bien placé dans une rue commerçante et son choix se porte sur le boulevard de Fourmies, car le quartier du Nouveau Roubaix s’est déjà bien transformé et continuera à se développer dans les années à venir. Elle fait l’acquisition d’un minuscule estaminet, en piteux état, au 145 du boulevard, tenu par A. Duquesnoy. Jeanne vend alors à la clientèle les produits proposés par ses parents et en particulier la graineterie. Jeanne a le sens du commerce, travaille dur et ne compte pas ses heures ; les affaires démarrent correctement. Elle propose également des semences potagères, car nous sommes encore en période d’après guerre, et les roubaisiens cultivent eux-mêmes quelques légumes dans leur jardin. Puis Jeanne commence également à vendre quelques fleurs et plantes de décoration. Les affaires de la petite échoppe se développent, et en 1958, Jeanne et Maurice reprennent le terrain voisin vierge, au 143, pour y construire enfin, un magasin digne de ce nom. Ils demandent à l’entreprise de M. Delfosse, située au 39 rue de Crouy à Roubaix, d’effectuer les travaux : la construction du magasin, de la cuisine et de la réserve.

document archives municipales
Photo IGN 1958

Jeanne peut alors développer les ventes de fleurs et de plantes vertes au détriment de la graineterie. L’enseigne choisie est « Jany Fleurs » et Maurice abandonne son métier de boulanger en 1963, pour aider son épouse à la tenue du magasin. En cette même année 1963, Jeanne et Maurice décident de créer un étage au-dessus du magasin. Ils font encore appel à M. Delfosse pour effectuer les travaux , car ils apprécient ses compétences.

document archives municipales
publicité Nord Eclair 1967

En 1967, ils font encore transformer la façade de leur magasin par le décorateur Max Ecoeur à Lomme.

document archives municipales

Au fil des années, la clientèle a vu grandir ce commerce sympathique qui arrive en 1967 à l’âge adulte. C’est l’occasion de faire paraître un article dans Nord Eclair. Jany Fleurs c’est 17 m de façade, 17 m de lumière, de fleurs, de plantes. Pas un seul passant ne sait résister à l’enchantement de ces vitrines imposantes. Jeanne et Maurice ont réussi à constituer un véritable paradis du bon goût, de l’élégance et du sens artistique.

publicité Nord Eclair 1967

Jeanne s’approvisionne pratiquement chaque jour de la semaine en fleurs, au Marché d’Intérêt National (MIN), afin de proposer des fleurs ultra-fraîches à sa clientèle. Jany Fleurs est bien sûr dépositaire Interflora qui permet de livrer en quelques heures, partout en France de superbes bouquets. La fraicheur des fleurs vendues, les bouquets, les compositions florales, les plantes vertes, les magnifiques coupes en opaline ont permis à Jany Fleurs de recevoir des prix : le 2° prix à l’Exposition Florale de Roubaix, la coupe de la ville de Wasquehal. Le slogan publicitaire de l’époque : Il y a des fleurs partout mais vous les trouverez présentées avec art et originalité chez Jany Fleurs.

publicité Nord Eclair

Jeanne assure les livraisons à domicile avec sa 2 CV, pour tous les bouquets d’anniversaire, les compositions florales, les sapins à l’époque de Noël, les plantes pour les mariages, les coussins pour les deuils. Au début des années 1970, ils reprennent le bâtiment à l’angle de la rue David d’Angers qui était occupé par P. Depoorter et réalisent alors des travaux d’agrandissement du magasin.

document Google Maps
document Google Maps

Maurice décède en 1989 et Jeanne continue l’activité aidée par son fils Jean- Paul. Elle prend sa retraite en 2005 à l’âge de 70 ans et c’est lui qui reprend le commerce. La situation se dégrade dans les années 2000 en raison de la concurrence des commerces de fleurs coupées et des problèmes récurrents de stationnement sur le boulevard de Fourmies qui entrainent la fermeture définitive du magasin Jany Fleurs le 15 Septembre 2009. Au début des années 2010, le fond de commerce est repris et divisé en 2 par la Banque Populaire et le Crédit du Nord qui occupent désormais les locaux.

Photo BT

Le 1er Décembre 2017, Mélanie Tanchou, la petite fille de Jeanne, ouvre un commerce de fleurs, à deux pas, au 219 du boulevard de Fourmies. Le magasin s’appelle « Miss Jany Fleurs Création » ; c’est bien sûr, un clin d’oeil au commerce de sa grand mère fermé depuis 2009.

Mon enfance dans la boutique de ma grand-mère, ce sont les plus beaux jours de ma vie, dit-elle. Mélanie y travaillait avec sa grand-mère Jeanne, et son père Jean-Paul, décédé depuis, en 2011.

Plan cadastral
document Nord Eclair 2017

Dans sa petite boutique, Mélanie propose uniquement des compostions « faites maison ». Je fais tout moi-même, dit-elle, et je ne vais jamais proposer les mêmes créations, pour que ce soit toujours différent d’un jour sur l’autre.

Photo BT

Les deux particularités de son point de vente, c’est d’abord un rayon cadeaux de naissance en forme de bouquets, puis la création d’ateliers pour enfants et pour adultes, pour leur apprendre à faire des compositions florales, et que chacun puisse repartir avec sa création.

document Jany Fleurs

Six mois après l’ouverture, Mélanie apprend que le Crédit du Nord du boulevard de Fourmies va fermer ! Elle saute sur l’occasion et commence la négociation pour revenir au magasin d’origine, à côté de la Banque Populaire. Mélanie ferme son magasin du 219 et s’implante enfin au 143 du boulevard de Fourmies en Août 2018.

Photo BT

Près de dix ans après la fermeture du 143 145 en 2009, le magasin Jany Fleurs est donc de retour. Mélanie y prépare toujours des bouquets de fleurs d’une fraîcheur irréprochable, avec le plus grand soin et la plus grande originalité.

documents Jany Fleurs

De plus, elle s’investit personnellement dans le quartier puisqu’elle devient présidente de l’Union des commerçants du boulevard de Fourmies.

documents Jany Fleurs

Remerciements à Jeanne et Mélanie Tanchou, ainsi qu’aux archives municipales.

Jean Duthoit

A la fin des années 1950, il ne reste pratiquement plus de terrains vierges constructibles sur le boulevard de Fourmies. Seules trois parcelles sont encore disponibles : les numéros 123, 125 et 127, à deux pas de la rue Carpeaux.

Le 127 boulevard de Fourmies. La construction des 123 et 125 vient de se terminer ( document IGN 1957 )

L’entreprise de sanitaire et chauffage H. Da Silva fait l’acquisition du 123, et le photographe R. Vandeputte s’installe au 125. Jean Duthoit est électricien et habite à Flers lez Lille. Il fait l’acquisition du terrain de 218 m2 au 127 du boulevard de Fourmies et demande un permis pour construire, en 1965, un immeuble à usage commercial et d’habitation sur deux étages. En effet, il souhaite s’implanter dans ce quartier du Nouveau Roubaix pour créer un magasin d’électro ménager. Il envisage également d’acquérir un terrain donnant sur la rue Rubens juste derrière, pour aménager son atelier.

Plan cadastral

Le magasin d’exposition se situe au rez-de-chaussée dans une débauche de lumière et de motifs décoratifs. On y trouve toute la gamme d’électro-ménager de la marque Philips : machines à laver, réfrigérateurs, téléviseurs, cuisinières et bien d’autres appareils ménagers.

projet de façade ( document archives municipales )

L’entreprise Duthoit est d’ailleurs bien connue dans la région et ce depuis des années. Spécialiste en électricité générale, elle bénéficie d’une excellente notoriété. L’ouverture a lieu en 1966.

Publicité d’ouverture ( document Nord Eclair )

Mr et Mme Duthoit pensent déjà à l’avenir, puisqu’ils envisagent de créer au premier étage, un magasin d’exposition de lustrerie, ainsi qu’un service d’installation de cuisines équipées. L’arrivée des premiers téléviseurs couleur en 1967 profite parfaitement à Jean Duthoit qui communique de plus en plus par de la publicité dans la presse locale.

document Nord Eclair

Jean Duthoit propose bien sûr, des crédits pour faciliter les achats de ses clients, un SAV (Service Après Vente) irréprochable avec un dépannage rapide, des travaux d’électricité et des poses d’antenne TV. Jean a le sens inné du commerce, il communique énormément pour continuer d’entretenir sa relation avec sa clientèle. Lors de la braderie du boulevard de Fourmies, il organise des concours pour offrir des cadeaux à ses fidèles clients.

document Nord Eclair

Jean propose des promotions sur toute une gamme de cuisinières, lors du changement de gaz arrivé sur la ville en 1969. En 1973 il termine l’installation de son atelier aux 6 et 8 rue Rubens, derrière son magasin. Il crée alors son « Dépannage Service » et recrute des techniciens professionnels et qualifiés pour assurer les dépannages rapides. Il profite de son agrandissement pour proposer des prix promotionnels sur toute la gamme de la marque Brandt.

Publicité agrandissement ( document Nord Eclair )

Jean Duthoit ouvre, en Novembre 1976, un deuxième magasin, au 136 rue de Lannoy, sur la place de l’église Sainte Elisabeth. C’était l’ancienne quincaillerie Henneuse qui existait depuis les années 1910. Jean décide de refaire complétement sa façade avant son ouverture

Façade du 136 rue de Lannoy ( documents archives municipales )
document archives municipales

Pour cet événement, il investit encore dans la publicité et fait venir le célèbre Raoul de Godewarsvelde. La gamme de produits proposés est identique, mais il se spécialise avec un département cuisines équipées plus important.

document Nord Eclair
le département cuisines ( document Nord Eclair )

Dans les années 1980, Jean est présent sur de nombreux salons des arts ménagers et des foires commerciales dans différentes communes de la métropole.

document Nord Eclair

La concurrence de la grande distribution et des magasins spécialisés en électro ménager, devient de plus en plus vive. Jean Duthoit cesse son activité au début des années 1990. La BNP souhaitant développer son activité dans le quartier est séduite par cette surface de vente de plus de 200 m2 et s’y installe à la fin des années 1990.

document Nord Eclair
Photo BT

Sara Kladi s’installe à son tour, en 2021, sur l’emplacement du 127 boulevard de Fourmies, pour y créer un centre de bronzage à l’enseigne « My Sun »

My Sun ( Photo BT )

Remerciements aux archives municipales.

Poissonnerie du boulevard de Fourmies

Dans les années 1930, le 161 du boulevard de Fourmies est occupé par un estaminet, appartenant à la brasserie Brabant-Desprets qui se situe à Hem, au 454 rue Jules Guesde. C’est un café « tenu » par la brasserie et géré par M Plaisant dans les années 1930 et Mr Caty dans les années 1940.

Plan cadastral

Pierre Victor est né en 1921 ; il est caviste à la brasserie Brabant-Desprets et entretient d’excellentes relations avec sa direction. Pierre a toujours souhaité créer son commerce, et lorsque le café du 161 boulevard de Fourmies se libère à la fin des années 1940, il négocie un accord avec son patron pour reprendre les murs et le pas de porte. Pierre crée alors son commerce de poissonnerie, car le métier lui plait et de nombreux membres de sa famille travaillent dans ce domaine. Il fait effectuer les modifications et l’aménagement et la poissonnerie ouvre alors en 1949.

Publicité Nord Eclair 1965

Le terrain a une superficie de 124 m2. la surface de vente est assez réduite puisque derrière, se trouvent la salle de séjour et la cuisine ; la chambre froide est au fond de la cour et les chambres sont à l’étage. Pierre se marie avec Gisèle, née Delplanque et le couple a une fille Annie, née en 1946.

La photo ci-dessous, date du début des années 1950. Giséle, la femme de Pierre se trouve sur le pas de la porte d’entrée de la poissonnerie. A l’extérieur on distinge un tableau noir affichant les poissons frais du jour, et quelques bourriches d’huitres sur un étal. La porte de gauche est celle d’Oscar Tiberghien entreprise de déménagements, et à droite, la maison particulière de Roland Jaune qui transformera ensuite son habitation en commerce pour un brocanteur : « Le Grenier d’Auvergne ».

Le magasin au début des années 1950 ( document archives municipales )

Les affaires démarrent très correctement. Pierre souhaite développer encore son activité. Avec son frère Maurice, poissonnier au Brun Pain à Tourcoing, il crée un entrepôt «Belle Moule» à Marcq en Baroeul, pour importer des moules de Hollande et les distribuer dans toutes les poissonneries de la métropole. Peu de temps après, il devient mareyeur à Boulogne sur mer. Sa petite entreprise, « Océan Marée » est l’intermédiaire entre les pêcheurs boulonnais et les détaillants poissonniers de la région. Gisèle tient le magasin et Pierre l’aide surtout le vendredi, parce qu’il gère ses activités de négoce, le reste de la semaine.

Publicité Nord Eclair 1966
document collection privée

En 1960, Pierre et Gisèle décident d’une transformation complète du magasin. Ils font installer une nouvelle chambre froide placée entre le magasin et l’habitation. L’intérieur du point de vente se modifie également : le comptoir en bois est remplacé par un comptoir réfrigéré, sur lequel est posé la nouvelle balance Berkel. Ils développent également leur gamme de produits : poissons, huitres et saurisserie.

document archives municipales

Au début des années 1970, à chaque période de fin d’année, Pierre et son épouse louent une immense barque, qu’ils déposent sur le trottoir pour vendre leurs produits de fête ( huitres, homards, langoustes etc ). Annie, leur fille, aide ses parents, entre autre, durant la période festive.

document collection privée

En fin d’année 1974, un camion de livraison se gare pendant trois jours de suite, devant la poissonnerie pour proposer 10 tonnes d’huitres fraîches en direct de l’île d’Oléron, de Bretagne et du bassin d’Arcachon à des prix très attractifs et séduisants.

Publicité Nord Eclair 1974

Annie se marie avec Michel Destoop. Ils habitent dans la rue voisine, au 3 rue Germain Pilon. Michel crée son entreprise de transports, avec l’aide de son beau-père. Il se spécialise dans le transport des produits de la mer depuis Boulogne sur mer, avec sa société : « Transports Le Bélier ».

Michel et son camion de transports « Le Bélier », rue Germain Pilon

Pierre Victor prend sa retraite en 1977 ; c’est l’occasion de fêter cet événement avec de nombreux commerçants regroupés au sein de l’association des commerçants du boulevard de Fourmies, à la salle de réception « La Huchette », rue Henri Regnault. Pierre décide alors de se consacrer à une activité de loisirs. Il reprend l’étang des Couartes à Saint Josse dans le Pas de Calais.

Pierre et Gisèle, lors de leur départ en retraite, entourés des membres de la famille, et des commerçants du boulevard de Fourmies ( document A. Destoop )
Pierre et Gisèle ( document A. Destoop 1980 )

La poissonnerie du boulevard de Fourmies est ensuite cédée à Raymond et Huguette Broutin. En Juin 1985, ils décident de transformer la façade du bâtiment avec la porte d’entrée à droite, et à l’étage en perçant une fausse fenêtre et en remplaçant les deux autres fenêtres.

documents archives municipales

La poissonnerie Broutin continue d’exister encore durant de nombreuses années et ferme définitivement ses portes en 2009. Depuis, le commerce reste toujours inoccupé à ce jour.

La profession de détaillant-poissonnier a complétement disparu de nos jours. D ‘après le Ravet Anceau de 1968, à l’époque 47 poissonneries étaient implantées à Roubaix. Il n’en reste plus une seule, aujourd’hui. La poissonnerie du boulevard était la dernière.

Photos BT

Remerciements à Annie Destoop ainsi qu’aux archives municipales.