Les commerçants du Lido

Les commerçants du Lido ont tous adhéré à l’Union Commerciale du Centre, ce qui entraîne fin 1965 la formation d’un nouveau comité de commerçants de la rue de Lannoy restante avec l’unification des deux tronçons Belfort Guesde et Guesde Fraternité, soit 150 commerçants. Ainsi la rue de Lannoy a-t-elle survécu à l’amputation du début de son parcours.

Publicité Lido parue dans Nord Eclair
Publicité Lido parue dans Nord Éclair

Les anciens commerçants de la rue de Lannoy ont gardé tout leur savoir-faire pour l’organisation des campagnes commerciales. C’est ainsi qu’en décembre 1965, ils lancent l’opération « les dindes au champagne au Lido ». Le 1er mars 1966, à l’occasion du premier anniversaire, le géant Atlas visite le Lido, et donne le coup d’envoi des manifestations commerciales du 3 au 19 mars. Un grand concours anniversaire est lancé, « donnez votre avis sur le fonctionnement du Lido », basé sur le classement des six avantages importants du centre commercial : concentration des magasins et choix, cadre agréable, économie de temps pour les achats, magasins modernes et attractifs, pas de circulation automobile, parking attenant au centre. Nous n’avons pas trouvé le classement idéal, mais ces six critères décrivent le commerce moderne, qui anticipe bien entendu le futur Roubaix 2000.

 

Les n°4 et 12 (Roubaix ameublement)

En mars 1966, les commerçants s’expriment dans la presse. M. Gamin (au n°19 du Lido) trouve l’expérience excellente, affirme que la clientèle ancienne a suivi, et qu’une nouvelle est venue. La gare routière ELRT est toute proche, c’est un avantage, et le centre commercial présente une belle vue. Il manque toutefois une surface de stockage plus importante. M. Gazier (au n°8 du Lido) : pour les affaires, le bilan est positif, il n’y a rien de négatif dans cette opération, mais il pense déjà aux efforts pour le nouveau centre commercial. M. Duvet Dupreelle : (vice-président du Lido commerce d’ameublement) malgré un démarrage lent, nos commerces ont monté leur standing d’un cran en venant ici, mais finalement ça marche. Un point noir toutefois, l’accès difficile au Lido pour les piétons qui viennent de la rue Pierre Motte. M.Devaux (trésorier du Lido, droguerie) dit qu’il est difficile de comparer, le chiffre d’affaires est en hausse, mais les charges également. Les points forts sont la parfaite entente entre les commerçants, les magasins sont attractifs, à proximité de la bibliothèque, de la caisse d’épargne, de la mairie, de la poste. Le parking est en zone bleue, tout ça est parfait. Il faudrait cependant faciliter la traversée aux piétons de la rue Pierre Motte. M. Jankielewicz (président des commerçants du lido, vêtements) : il règne une bonne entente entre les commerçants, le bilan des affaires est positif, l’ancienne clientèle a suivi en partie, et une nouvelle est venue. Les souhaits des commerçants du Lido sont les suivants : prévoir un logement plus proche pour les commerçants, poursuivre l’éclairage tardif des vitrines, et rendre la traversée de la rue Pierre Motte plus facile.

 

N°30 (Papillon Bonte)

En 1967 Le Lido se présente comme le paradis du lèche-vitrine et du shopping, et en  novembre, les commerçants organisent « la farandole des automates » dans leurs vitrines, en quelque sorte, une promenade spectacle…Un grand tiercé gratuit des automates est organisé avec le patronage de Nord Éclair et de la Caisse d’épargne.

Les n° 31 (Lucien) n°32 (Violette) et n°18 (Nord Matin) Collection particulière

En mars 1967, les commerçants s’expriment à nouveau sur leurs affaires et la perspective du nouveau centre commercial de la rue de Lannoy. Mme Devaux (droguiste) se félicite du dynamisme et de la solidarité des commerçants du centre. L’arrivée de nouveaux locataires dans le bloc Anseele a renforcé la clientèle. La transition avec le futur centre commercial n’est pas automatique pour elle, car il faut voir les conditions financières et la situation du travail à Roubaix. Le chauffage moderne de M. Dujardin se porte bien. Le déplacement vers le centre urbain a entraîné une modification de la clientèle, on achète beaucoup moins à crédit ! Le commerçant rassure sa clientèle, les prix et l’accueil n’ont pas changé pour autant. Pour le futur centre commercial de la rue de Lannoy, n’a-t-on pas vu trop grand ? Les jeunes ne s’intéressent plus à la profession commerciale, il faut cependant de la jeunesse et du dynamisme pour un tel centre. Les établissements Blondeau (vêtements) constatent un fléchissement du pouvoir d’achat sur Roubaix, malgré un superbe équipement et le fait que les articles de qualité, bien que plus coûteux, prennent un part plus importante dans le chiffre d’affaires. Le futur centre commercial a l’avantage de regrouper tout ce que l’acheteur recherche, mais il faut voir les conditions et peut être faut-il une période transitoire pour préparer la clientèle à  changer de magasins. Jean Papillon (chaussures) signale que le Lido ne fait que progresser, la formule de l’allée à piéton est un succès. Cette expérience fait école, des représentants de la ville de Metz sont venus voir. Tous les corps de métier sont représentés, cela contribue au succès. On vient au centre en famille, ce qui n’était pas le cas avant. Il manque cependant les commerces traditionnels (boucheries, épiceries, boulangeries), dont le nouveau centre de la rue de Lannoy sera pourvu. Il faut encore faciliter l’accès aux piétons, car traverser la rue Pierre Motte n’est pas une sinécure. M. Oteman (magasin le Rouet) confirme le progrès par rapport à la rue de Lannoy, mais il se plaint des charges, de la situation locale du travail, et du fait que la vie dans le nord est plus chère qu’ailleurs. La formule Lido est payante, car il y a de nouveaux clients, mais le centre n’est pas encore assez connu. 

 

 

Soetens magasin leader de quartier

En 1946, au n°111 de la rue Jules Guesde, s’installe le premier magasin ouvert par André Soetens, âgé de 32 ans et de retour de captivité. C’est une petite boutique installée dans deux pièces à l’enseigne de « Tout pour le ménage ». On y vend des articles ménagers, de la vaisselle et de la faïence. Le commerce se développe bientôt et un deuxième magasin s’ouvre dans la rue de la Vigne, au n°10, tenu par Mme Soetens. (Il sera fermé en 1978)

Document Nord Matin – 1952

 A partir de 1966, le magasin de la rue Jules Guesde devient trop petit, mais il faudra attendre 1971 pour concrétiser le projet d’agrandissement par le rachat de l’ancienne forge attenante, celle de M. Brocvielle, le maréchal ferrant du quartier, décédé. Cette fois la surface de vente est multipliée par 5. Le décor, réalisé par l’architecte H. Hache, est complètement rénové et abrite plus de 6000 articles cadeaux « depuis les étains et faïences anciennes jusqu’aux plus récentes créations du Design » (dixit la Voix du Nord). Il est organisé en « coins shopping » et offre un important rayon listes de mariage. Son fils Patrick, qui vient de terminer des études commerciales, vient alors le seconder.

Document La voix du Nord – 1972

Une publicité de 1973 indique que le magasin est ouvert le dimanche matin. En 1978 le magasin rue de la Vigne est fermé, et l’activité se recentre sur les locaux de la rue Jules Guesde. C’est une boutique de quartier, qui continue à vendre des articles ménagers, mais qui a su, grâce à la publicité, attirer la clientèle de toute l’agglomération roubaisienne grâce à ses articles de qualité. En 1982 le magasin est spécialisé dans l’art de la table, on y propose toutes les marques de Limoges et de cristal français, l’orfèvrerie de couverts et un rayon cadeau.

Mais les temps sont durs : la fin des années 70 voit la fermeture de nombreux magasins d’arts de la table. M. Soetens explique cela par le fait que la clientèle traditionnelle est progressivement remplacée à Roubaix par une population qui ne fréquente pas ce type de magasin. Pourtant, le magasin résiste : « Nous avons tenu grâce à notre choix, à la recherche constante de la qualité, à nos conseils de véritables spécialistes, enfin à nos prix » (Nord Eclair 1982). Le magasin s’agrandit de nouveau sous la direction cette fois de l’architecte Serge Degand.

Soetens en 1982 document Nord Eclair

Les documents  proviennent des archives municipales.

 

Une quincaillerie rue de Cohem

En mars 1921, Albert Bossu et Camille Dubrulle fondent pour une durée de 25 ans la société Bossu-Cuvelier et Camille Dubrulle, dont le siège social est situé 81-83 boulevard Gambetta. Le but de l’entreprise est la vente et l’achat de métaux. Pour stocker ces métaux, la société a besoin de place. Elle fait donc dans les jours qui suivent l’acquisition auprès de Mme Veuve Motte-Boutemy et ses deux enfants mineurs d’environ 5.000 m² de terres situées rue de Cohem. Jusqu’en 1911, ces terrains faisaient partie de la ferme Watteau, située un peu plus haut dans la rue et comportant deux maisons. La société acquiert également 2700 m² appartenant à M. et Mme Jones avec deux autres maisons frappées d’alignement en bordure de cette même rue. MM. Bossu et Dubrulle comptent utiliser ce terrain pour y installer un dépôt de métaux. Le Ravet-Anceau de 1925 indique qu’au numéro 12 ter habite le magasinier du dépôt, A. Marcq.

1914-96dpi

plan 1914

Au fil du temps, la municipalité veut redresser et élargir la rue et, en 1937, une part du terrain contenant les maisons doit être exproprié pour rectifier son tracé. En 1939, c’est M. Devernay qui est concierge sur le site. Vient la guerre, et en 1941 La société Bossu-Cuvelier, demande l’autorisation de construire un baraquement provisoire sur l’emplacement d’un bâtiment qui vient d’être démoli par un bombardement, « pour abriter le veilleur de nuit et entreposer des quincailleries ». Après la guerre, les installations s’étoffent et un plan de 1958 fait état d’un magasin couvert, d’autres bâtiments et d’un pont roulant, alors qu’une photo aérienne de 1953 nous montre un certain nombre de bâtiments, une importante zone de stockage pour les métaux.

Photo IGN 1953

Le concierge en 1965 est N. Massart et 1977 voit la transformation de la façade pour installer une quincaillerie industrielle. Le bardage actuel, vétuste est remplacé ; une vitrine est installée et des cours existantes sont transformées en parking. Le plan de masse des installations montre notamment un embranchement particulier du chemin de fer permettant le déchargement des tôles et profilés métalliques.

Plan 1977

Le magasin ouvre ses portes pour les professionnels, et la publicité contribue à faire connaître le nouveau site.

Document Nord Eclair 1978

Mais l’entreprise a rapidement l’opportunité de s’installer sur un site plus favorable : la fermeture de l’usine Stein libère un terrain situé en contrebas du pont du Sartel, et Bossu-Cuvelier migre vers cet emplacement. L’ancienne usine est démolie et les nouveaux bâtiments la remplacent. C’est ainsi qu’au début des années 90, la société Camaïeu rachète les terrains de plusieurs entreprises, dont Bossu-Cuvelier avenue Brame et rue de Cohem pour y installer ses propres locaux ainsi qu’ un immense parking pour ses employés. Les bâtiments existants sont démolis et les nouveaux s’élèvent bientôt, modifiant complètement l’aspect du quartier.

Documents IGN – en haut Bossu-Cuvelier en 1988, en bas Camaïeu en 2000

 

Les documentsnon IGN  proviennent des archives municipales.

 

 

 

Inauguration du Lido

Parmi les premiers installés, Blondeau au n°1, Sonora au n°8 Photos Nord Éclair

Alors que les démolitions vont commencer rue de Lannoy, l’inauguration officielle du centre de transit du Lido, prévue pour fin janvier 1965, est reportée. Les commerçants prennent progressivement possession des nouveaux emplacements. La presse s’en fait l’écho : ainsi la maison Gazier-Merlevede, agence exclusive de la marque Sonora, qui se trouvait au 79 rue de Lannoy depuis 1932, s’installe au n°8 du nouveau centre commercial. De même, la maison Blondeau, installée depuis le début du siècle au n°19 de la rue de Lannoy, vient occuper le n°1 du centre commercial.  

Photos prises lors de l’inauguration Nord Éclair

L’inauguration aura finalement lieu le Samedi 27 février 1965, à 11 heures, en présence du maire de Roubaix Victor Provo. Pour l’occasion, une R4 Renault, le dernier modèle de la marque, sera mise en loterie gratuitement. Les commerçants du Lido, qui ont adhéré à l’Union Commerciale du Centre, participeront le soir même au bal avec concours et attractions qui se dérouleront au Colisée. Le Lido n’est plus un simple centre de transit, il est alors présenté comme le premier centre commercial moderne, et les roubaisiens découvrent le premier « shopping center » piétonnier de leur ville.

Les commerçants installés lors de l’inauguration février 1965 Nord Éclair

La rue du château et la rue Jeanne d’Arc existent encore et on a gardé une partie de la place des Halles pour un modeste emplacement de stationnement pour les voitures et pour les vélos, entre la poste et le centre commercial. Le Lido est un ensemble de 32 parcelles, réparties le long d’un secteur piétonnier composé d’une grande rue à double accès sur la rue Pierre Motte.  Le parking n’est que temporaire, car dès le second semestre 1965, on parle de l’extension de la poste sur ce qui reste de la Place des Halles.

Disposition du Lido doc NE

 

Une si longue installation

Alors qu’on attend l’arrivée d’Intermarché, le départ de C&A est annoncé. Propriétaire des terrains, le groupe n’a pas encore décidé de la suite : soit il y aura le maintien d’une enseigne avec diminution de la surface de vente, soit C&A quitte mais s’engage à trouver un successeur. On apprend qu’Intermarché a également repris le AS ECO de l’avenue Motte, et que des travaux de réfection sont engagés en vue de l’ouverture début mars.

Intermarché arrive, C&A s’en va Photo Nord Éclair

Le 27 février 1989, Jacques Catrice aborde un certain nombre de questions avec l’union des commerçants à la maison des associations place de la liberté. On est en campagne électorale pour les municipales, et il énumère les réalisations de l’équipe sortante : arrivée de l’IUT à l’ancienne poste, opération Motte-Bossut, réhabilitation de l’ilot de la Halle, énième redémarrage de Roubaix 2000, cette erreur monstrueuse. Il n’est pas question d’abandonner les commerçants abusés, et le projet en cours doit être le bon !

Les autres projets sont énoncés : réalisation d’une galerie marchande derrière le contour Saint Martin, un accord reste à trouver avec l’hôtel des ventes, qui est encore situé là. Une résidence Hotelia sera établie à l’entrée de la Grand Rue, et l’on procèdera à la reconquête progressive de l’avenue Lebas, et du boulevard Gambetta. Mais le grand problème roubaisien, c’est la circulation, car le flot des voitures évite le centre ville. Il s’agirait d’un problème de signalisation, car le panneau Roubaix centre n’existe pas ! Un autre souci, c’est que les commerçants n’habitent plus en ville et la désertification des immeubles du centre est à craindre. Il est prévu des mesures d’incitation à réaliser des logements pour étudiants, car cela peut être rentable pour les propriétaires, et amènera de la vie en ville.

Après qu’André Diligent se soit réjoui qu’Intermarché joue le rôle de locomotive pour les commerçants de la galerie marchande, la presse publie des réactions au nouveau projet de Roubaix 2000. N’aurait-on pu consulter riverains et usagers plutôt que de confier cette affaire à des décideurs étrangers au quartier et à la ville ? La question du parking est abordée : le fait que la nouvelle entrée soit située sur la droite du centre, n’y aura-t-il pas confusion avec le parking d’appel réalisé sur la pelouse, dont on déplore la perte, il y en a si peu à Roubaix.

L’accès par la rue Henri Dunant déjà mise en double sens de circulation, va aggraver les choses : à proximité, il y a une maternelle, et les entrées des trois tours. Alors accéder par la rue de Lannoy, pourquoi pas ? Concernant le centre commercial, on évoque les « nouveaux condamnés pour le cercueil ».

Le rez-de-chaussée régresse moins que l’étage, grâce au bon accès piétonnier de la place de la Liberté. L’ouverture du côté du boulevard de Belfort devrait être identique. Mais le désastre, c’est l’étage, malgré les escalators de l’époque Auchan. L’ouverture d’un Restaumarché est la bienvenue, mais pourquoi engager des frais pour une terrasse qui ne servira que quelques jours par an ?

Travaux de carrelage à l’étage Photo Nord Éclair

 Les problèmes d’approvisionnement subsistent. A l’origine, il devait être assuré par des petits véhicules en sous sol, le long de quais desservis par ascenseur avec giratoire au départ du boulevard de Belfort. Mais rien n’a été fait en ce sens.  En Mai, les travaux prennent du retard, mais le centre fonctionne dans la poussière et le bruit. M. Mascart Président du GIE dit que ces travaux sont un mal nécessaire. Madame Libbrecht intendante du centre, annonce beaucoup de demandes de cellules commerciales. A la fin des travaux, on peut compter que 98% des cellules seront occupées. Les commerçants tiennent un langage optimiste : ils rappellent la situation exceptionnelle du centre commercial, et pensent qu’avec les transformations, on va assister un grand et définitif démarrage.  Malgré ce bel enthousiasme, l’ouverture sera plutôt pour septembre, et non mai juin comme annoncé. Quelques plaintes sont quand même remontées à Dominique Plouvier, nouvel adjoint au maire chargé du commerce et de l’artisanat. Le chantier du CIC et des archives du monde de travail ont barré la rue de Lannoy, et la fleuriste installée juste à l’angle de Roubaix 2000 craint pour son commerce. Cela ajouté à la suppression de l’arrêt de bus, c’est une véritable calamité, on ne nous a pas prévenus, pas de signalisation.

Inter marché, pas encore ouvert Photo Nord Éclair

En septembre, les travaux d’infrastructure sont pratiquement terminés, mais les surfaces Intermarché ne sont toujours pas ouvertes. Puis en décembre, on apprend qu’Intermarché ne sera pas installé avant mars 1990, soit près d’un an de retard ! Il est rappelé que le groupe Intermarché a absorbé 66 AS ECO ! Pour Roubaix 2000, il ne reste plus que quatre cellules commerciales à vendre. Et on parle des enseignes Mac Donald et Feu vert pour remplacer C&A. Malgré le retard, l’avenir se présente bien…

 

Shell aux Hauts Champs

Au milieu des années 70 s’installe avenue Motte, dans l’alignement de la rue Jean Macé, une station service à l’enseigne de Shell. Une photo aérienne de 1976 nous la montre près du bloc HBM numéro 1 et de l’église Sainte Bernadette, qui ne tarderont pas à disparaître l’un comme l’autre.

aerienne 1976Document IGN 1976

 Les installations sont simples : des quais desservant cinq blocs de pompes et protégés par un toit, un bureau placé perpendiculairement, un atelier comportant un pont élévateur, et, attenant à celui-ci, un équipement de lavage automatique à brosse rotative. Cette aire de lavage est desservie par un passage contournant le bureau, qui mène le client, par trois virages successifs à angle droit, jusqu’à la brosse. Le chauffeur devait alors descendre pendant le lavage : Il pouvait suivre l’opération depuis le modeste parking de l’établissement. Un mat, placé le long du trottoir de l’avenue, arborait le coquillage Shell et affichait le prix des carburants.

78-1-96dpiPhoto Lucien Delvarre 1978

 On trouve le nom du gérant dans le Ravet-Anceau de 1987, qui mentionne « station Shell Gaillard ».  L’année 1990 voit des travaux importants s’effectuer sur la station. Quelle est la nature exacte de ces travaux ? En tout cas, on ne lésine pas sur le matériel employé !

LucienDelvarre-1990-96dpi Photos Lucien Delvarre

 Mais la station, victime comme beaucoup de la concurrence des grandes surfaces, doit finalement fermer ses portes et Speedy s’installe à sa place. Cette société, après avoir supprimé les pompes, a remplacé l’ancien bureau par un bâtiment plus grand qui lui permet d’assurer ses interventions sur les voitures qu’on lui confie.

Speedy-96dpiDocument coll. particulière

La construction du Lido

Le 10 juillet 1964, alors que les vêtements Marchand annoncent leur transfert place de la liberté, le chantier du centre de transit est commencé. Le 25 Août 1964, la presse titre : le chantier du centre de transit est en panne, à cause des congés payés !  Puis elle rectifie le tir, tout le monde ne chôme pas, notamment les entreprises Ferret Savinel et Léon Planquart, qui travaillent activement. Néanmoins le chantier a pris du retard, et l’inauguration ne se fera pas en 1964.

Les travaux d’août 1964 Nord Éclair

C’est en décembre 1964 qu’intervient la réception provisoire des travaux entrepris par la société d’aménagement de la région de Roubaix. Elle est effectuée par le maire Victor Provo, l’adjoint Georges Pluquet et Fernand Delcour, le directeur des services techniques de la ville. Il est fait mention du LYDO dans l’article de presse comme nom du futur centre de transit. Dès le 4 décembre 1964, les établissements Blondeau annoncent leur transfert par voie de publicité. Fin décembre, on assiste aux premières installations. L’inauguration officielle est prévue pour fin janvier 1965, mais elle aura lieu avec un mois de retard.

Les premières installations de décembre 1964 Nord Éclair

 

Mémoire d’un estaminet

La première construction érigée sur la nouvelle place est un estaminet. Les plans d’époque le montrent, seul avec la ferme Cruque, qui, beaucoup plus ancienne, se trouvait à l’angle du chemin d’Hem, et de celui de la Potennerie au Tilleul. Il est construit au coin du boulevard Lacordaire et de la rue de Beaumont, face à la ferme.

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Document archives municipales

 On trouve trace en juin 1895 d’une demande le permis de construire émanant de monsieur Loridant-Lefebvre, brasseur, 58 rue du Tilleul, pour une maison à usage d’estaminet à l’angle de la rue de Beaumont et de la place du Travail. Il joint à sa demande les plans de la future façade.

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Document archives municipales

Effectivement, le Ravet-Anceau de 1895 fait mention de l’Estaminet « au Pigeon Bleu » à cet endroit et, en 1896, on trouve le nom de L.Foelix comme tenancier de l’estaminet. Jusqu’à la première guerre vont se succéder E. Cattelain, puis L. Six à la tête de cet établissement. Dans le courant des années 20, la rue de Beaumont est scindée en deux, la partie située après la place du travail prenant alors le nom d’Édouard Vaillant.

L’estaminet au temps de l’éclairage au gaz. Photo coll. particulière

En 1928, on trouve au n°2 de la nouvelle rue, ainsi qu’au n° 48 du boulevard de Lyon la raison sociale A. Deltour, cycles. Le débit de boissons devient donc un magasin. Il perd ce statut un peu plus tard, puisque que l’immeuble est habité en 1939 par un employé, monsieur E. Demeurisse. Il n’est donc plus fait mention d’un commerce.

Après la guerre pourtant, en 1955, l’immeuble reprend sa vocation première, sous l’égide de Mme veuve R. Gabet-Catoire, cafetière. En 1965, elle adjoint, à la même adresse, un commerce d’appareils ménagers sous la marque Electrolux, tout en continuant à tenir son café. Celui-ci prend en 1970 la dénomination de café « Au rendez-vous des autos écoles ». N’oublions pas que le centre d’examen du permis de conduire était situé place du Travail !

Les enseignes continuent de changer : on trouve la dénomination « Au Bonus » en 1986 et « Le J’abs » dans les années 2000.

Photo collection particulière

Enfin, le café devient transitoirement une pâtisserie, qui ferme à son tour. Gageons pourtant que l’histoire de notre estaminet plus que centenaire n’est pas encore terminée !

 

Une pharmacie des années 60

Nous rapportons le récit de Mme Clerc et Mme Doogbaud qui ont tenu la pharmacie pendant plus de 20 ans .

Mme Clerc a assisté Mr Lhuillier au début des années 60 , puis elle a arrêté de travailler et c’est Mme Doogbaud qui l’a remplacée en 1965 : il y a eu continuité. Mr Lhuillier est décédé en 1967 et Mme Doogbaud a assuré l’intérim. Puis la pharmacie a été mise en vente. MmeClerc et Mme Doogbaud ont formé une SARL pour reprendre la pharmacie en Juin 1968. Ensuite la pharmacie a pris le nom de « Pharmacie de l’Avenir » car la place Spriet s’appelait auparavant place de l’Avenir. .

Le quartier du Nouveau Roubaix s’est peuplé dans les années 20 et 30 , et la population n’a pas varié depuis , ce qui fait que la pharmacie est toujours restée au même endroit : en effet il y a un «  numerus clausus », pour les pharmacies, par tranches d’habitants dans les villes. Parfois , il y a des déplacements de pharmacies, lorsqu’elles sont concentrées en un endroit, et qu’il se construit des quartiers nouveaux. Par exemple, M. Delcroix , qui tenait une pharmacie rue de l’Epeule, où il y en avait déjà trois ou quatre, s’est déplacé pour satisfaire le besoin de création d’une pharmacie dans le premier centre commercial des Hauts Champs (Auchan), Avenue Motte.

1968-96dpiLa pharmacie en 1968

 Lors de la reprise en 1968 , des premiers travaux ont été faits ; il y avait des locataires dans les étages. Mme Lerouge était la propriétaire.

Cette photo montre comment était la pharmacie au moment de la cession. M. Lhuillier avait dû refaire la façade quelques temps avant car elle était moderne, déjà, pour l’époque… Il y avait une petite vitrine, une porte, suivie de deux petites fenêtres .

A côté , donnant sur le Boulevard de Fourmies , se trouvait la maison de M. Lhuillier. Des médecins sont venus s’ y installer plus tard.

Cette maison avait une cour qui correspondait avec l’arrière de la pharmacie. M. Lhuillier entrait dans la pharmacie par la réserve à l’arrière en passant à côté du bureau .

 Plan 1968-96dpiDans la réserve , les rayonnages étaient faits avec des caisses empilées , caisses dans lesquelles on livrait les boites de lait pour bébés pendant la guerre. Dans la pharmacie , trop exiguë, il fallait faire rapidement des travaux pour mieux recevoir la clientèle .

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La pharmacie avec le pèse-personnes et la même vue du couloir menant à la réserve

Les rayons ont l’air surchargés Il faut dire que le métier a évolué : Mme Clerc précise qu’au début de ses études de pharmacie, dans les années 50, il n’y avait pratiquement pas de spécialités ; c’étaient des préparations pour la majorité des prescriptions. Parmi les premières spécialités qui ont eu beaucoup de succès, il y a eu un tranquillisant, ce qui a révolutionné la médecine.La Parapharmacie s’étant développée, elle a fini par prendre beaucoup de place : il a fallu ré-agencer les locaux .

 Nous verrons ,dans un prochain sujet , les modifications et transformations effectuées par la suite …

Cinq nouvelles locomotives !

Début 1989, l’arrivée d’Intermarché est annoncée pour venir à la rescousse du centre commercial Roubaix 2000. On prévoit un investissement de 37 millions, dont plus de 28 millions pour Intermarché. La stratégie commerciale évolue : plus de locomotive unique de type Lemaire, Auchan ou AS ECO, mais cinq moyennes surfaces, cinq Mousquetaires de la même firme. Il y aura Intermarché (alimentaire) Bricomarché (Bricolage) Vestimarché (Vêtements) Restaumarché (restaurant avec terrasse sur le toit de Roubaix 2000) et Logimarché (confort ménager). On peut se demander quelle fut la réaction des commerçants indépendants du centre commercial, dont l’activité se trouvait ainsi concurrencée…

Sans doute pensaient-ils bénéficier de la restructuration de la galerie marchande, du réaménagement de l’accès aux parkings souterrains. La présence sur place du restaurant universitaire n’est pas remise en cause. Modification importante, la suppression de l’accès aux parkings du côté de la place de la Liberté, du fait de l’implantation de la future bouche de métro Motte-Bossut. Enfin pour couronner le tout, Roubaix 2000 changerait de nom ?

C’est le coup de la dernière chance, comme le laissent entendre les propos critiques tenus par Jacques Catrice, adjoint au commerce : Roubaix 2000, ce bouchon posé dans le bas de la rue de Lannoy, une erreur de conception dont nous avons hérité sans l’avoir demandé !

A cette occasion, la ville de Roubaix n’a pas hésité à céder pour le franc symbolique les 2300 m² de surface commerciale dont elle avait encore la propriété. Elle fait autant pour les indépendants que pour Intermarché. La gestion des cellules coûte cher, et ce n’est pas la vocation de la ville de gérer un centre commercial. Il est donc procédé à la cession de 1800 m² à Intermarché et 460 m² aux commerçants indépendants.

instantaneL’annonce de l’arrivée d’Inter marché Photo Nord Éclair

L’ouverture de la nouvelle configuration est prévue le 20 mai 1989. On en sait plus sur la localisation des moyennes surfaces : Vêtimarché à la place du Colisée 2, Restaumarché restera installé au 1er étage, du coté boulevard Leclerc, Logimarché prend la place de la Macif relocalisée et Intermarché reprend AS ECO et on y entrera désormais par l’avant et non plus le côté. Beaucoup de cellules sont réaménagées, refondues et le débat autour du nom Roubaix 2000 continue. La propriété du centre commercial a donc évolué : Intermarché et ses cinq enseignes en possèdent 56%, les  indépendants 38,5%, et la ville 5,5%, du fait de la surface du restaurant universitaire. Les investissements pour les travaux d’aménagement se répartissent de la manière suivante : l’accès aux parkings est à la charge de la ville. Les frais d’aménagement intérieurs incombant à la co propriété sont financés par un emprunt de 8,7 millions remboursables en 8 ans à un taux inférieur à 10%. En plus de sa participation, Intermarché garantit le prêt par une caution solidaire d’un million, et la mairie est caution à hauteur de la surface possédée (5,5%).

travauxLes travaux commencent Photo Nord Eclair

La suppression des accès au parking en front de boulevard, due à la construction prochaine de la station de métro, entraîne la réalisation d’un parking d’appel de 80 places devant la nouvelle entrée sur le côté, rue Henri Dunant. Ce parking est prévu sur la pelouse qui longe la rue Watteeuw. Un second accès latéral doit être réalisé le long de la rue de Lannoy par la rue de la tuilerie. Intermarché ne reprend pas la gestion des parkings souterrains, à la différence d’AS ECO. On recherche un repreneur, et on parle bientôt de la Sogeparc.