Le ventre de Roubaix

 L’implantation d’un marché couvert est envisagée dès 1852 à Roubaix. L’abattoir[1] eut la priorité, qui sera construit en 1860. Le Minck, sorte de halle au poisson, où l’on vendait à la criée, est édifié en 1863, sur la place du Trichon.

C’est l’époque de la construction des grandes halles métalliques en France. A Paris, les Halles Centrales sont dessinées par Baltard et construites par Pierre Joly à partir de 1854.  Ses successeurs, César Jolly, Delafoy et Théophile Joly terminent les halles Baltard en 1866[2]. Ils construiront ensuite les Halles centrales de Lille, rue Solferino en 1878, ainsi que le Palais du Trocadéro. Entre-temps, la ville de Tourcoing a fait construire les siennes en 1877.

Le marché de la Grand-Place autrefois Collection Médiathèque de Roubaix

Les deux grands marchés de Roubaix se situent à l’époque sur la Grand Place et sur la Place de la Liberté, également appelée Place du marché aux charbons, du nom de son ancienne fonction, quand le canal arrivait jusque là. Une enquête du 29 mars 1879 menée par le préposé en chef, directeur de l’octroi roubaisien, rapporte que le marché de la Grand Place accueille une cinquantaine de marchands de légumes et de fleurs, une douzaine de marchands de fruits, une dizaine de volaillers, plus d’une trentaine pour le beurre, les œufs et le fromage. Quant au marché de la Place de la Liberté qui se tient le mardi, il s’y trouve ordinairement vingt trois bouchers, six charcutiers, trois tripiers, deux bouchers chevalins.

Pour l’emplacement des futures halles centrales, le choix se porte sur un terrain bordé par les rues Pierre Motte, Saint Martin et de la Sagesse. La proximité de la Grand Place, à moins de dix mètres, est un argument déterminant pour le choix définitif de l’emplacement. Il faut néanmoins prévoir quelques travaux : une quatrième rue devra compléter le rectangle formé par les rues Pierre Motte, Saint Martin qui deviendra la rue de la Halle, la rue de la Sagesse, ce sera la rue Jeanne d’Arc. Le coût total des travaux, démolitions, nivellement et construction, s’élève à 785.000 francs.

Les Halles centrales avant 1928 Collection Médiathèque de Roubaix

 Le 15 octobre 1879, le conseil municipal décide officiellement la création d’un marché couvert composé de deux pavillons carrés séparés par une rue couverte. Il est fait appel aux constructeurs qui doivent déposer leurs projets dans les deux mois. Le 7 février 1880, les différents projets sont tenus à la disposition des conseillers pour consultation pendant huit jours. Parmi les propositions, se trouve celle de la maison Jolly, Delafoy et Théophile Joly d’Argenteuil, qui respecte les contraintes de prix et envisage même d’effectuer les travaux de maçonnerie qui n’étaient pas inclus dans le projet de superstructure.       

On en sait plus sur la Halle : elle fera près de quatre-vingt mètres de long sur trente de large, sur une surface de près de 2.500 m². Sa façade longitudinale comprend treize travées de six mètres, et la travée du milieu permet un passage pour voitures qui s’élargit à l’intérieur, formant une rue couverte. Les espaces entre les travées sont de deux mètres, afin de faciliter la circulation de la clientèle. La façade transversale comporte cinq travées de six mètres.

Les boutiques se présentent sous la forme de 36 groupes à quatre emplacements, dont la surface est de 4 m² et qui occupent la surface principale de la halle. Il y a également une trentaine de groupes à deux emplacements situés le long des murs de la halle. L’aménagement intérieur comprend des bureaux et des cabinets d’aisance. Le marché couvert est ouvert au public le 22 janvier 1882, alors que tous les étaux ne sont pas encore occupés, mais la halle centrale est cependant noire de monde. La réception des travaux de voirie, dernière étape du grand chantier de la halle centrale intervient en août 1882. Dès lors, on peut accéder par la porte monumentale sous l’horloge à un premier ensemble de soixante douze petites boutiques occupées par des marchands de fruits et légumes. Les boutiques jumelles et latérales sont tenues par des bouchers. Au milieu de la halle centrale, on traverse l’allée couverte, après avoir dépassé la tribune de la criée, on atteint le domaine des bouchers, de la triperie et des volaillers, qui occupent la droite de l’emplacement, les crémiers et les épiciers se tenant sur la gauche. Telle était la disposition des marchands en 1882.

Images de la démolition des Halles centrales en août 1956 Photo Nord Éclair

 La halle centrale sera démolie en 1956, son emplacement restera quelque temps un parking puis on y construira en 1967 la cité de transit du lido, destinée à accueillir les commerçants de la rue de Lannoy. Aujourd’hui, l’endroit n’est plus un lieu d’activités commerciales, puisqu’il est occupé par la poste et la médiathèque de Roubaix.

 


[1] Aujourd’hui disparu, il se trouvait à l’emplacement du collège en face de la place Jean Baptiste Clément, ex place de l’abattoir.
[2] D’après l’article du site de la ville d’Argenteuil.

Le Garage des sports

Le garage vu de l’avenue Motte Photo Delbecq – Archives municipales

La multiplication des automobiles a eu très tôt pour corollaire celle des garages et stations services. C’est ainsi qu’au carrefour de l’avenue Motte et de la rue de Lannoy, deux importantes voies de communication, vient s’implanter un garage automobile. Dès 1934, Julien Lejeune, habitant 103 rue Ma Campagne, informe les services municipaux de son intention de faire construire Avenue Alfred Motte à Roubaix un immeuble à usage de garage d’Automobiles. Le bâtiment prévu se développe sur 25 mètres le long de l’avenue.

Le plan de façade du garage Document Archives municipales

 Julien Lejeune diffère sans doute son projet, puisque qu’on ne trouve aucune mention de ce garage automobile, dans le Ravet-Anceau de 1938. Celui-ci voit finalement le jour, car on le distingue sur une photo aérienne prise par l’Institut Géographique national en 1950. Le Ravet-Anceau fait par ailleurs mention en 1953 d’un Garage des sports, au nom de J. Lejeune, situé au 326. Le bâtiment du garage est rectangulaire, le faîte du toit est parallèle à l’avenue Motte. Il est prolongé jusqu’au coin de la rue de Lannoy par un bâtiment coiffé d’une toiture perpendiculaire à la précédente. Ce bâtiment présente un pan coupé dégageant l’angle des deux rues.

En 1962 des travaux modifient l’aspect du garage : une extension de près de 10 mètres est ajoutée, qui forme un angle droit au bout du bâtiment initial. Elle est construite sur un terrain libre, à côté de la propriété. D’autre part, le bâtiment faisant l’angle des deux rues est remodelé : il possède désormais un toit constitué de deux parties en angle droit laissant la place à une terrasse.

Entre 1965 et 1968, ce garage devient une station-service Antar et prend le nom de Relais des sports. Le gérant est alors R. Delporte. Un plan daté de 1966 nous en montre la disposition : la terrasse surplombe le bureau de la station et les pompes de distribution de carburant. Devant ces pompes, une piste permet aux voitures de venir se ravitailler. Les cuves contenant le carburant sont enterrées sous l’ancien garage, et la nouvelle extension abrite le pont élévateur et l’équipement de graissage.

Ce relais des sports perdure jusqu’après 1983, alors qu’en 1987 il est remplacé par l’entreprise Roubelec, protection contre le vol. A ce moment, un étage coiffé d’un toit à quatre pans vient s’ajouter au dessus d’une partie du garage initial.

Enfin s’installent dans le bâtiment les pompes funèbres Douillez, sans modifier son architecture extérieure.

 

 

 

Quand Darty vint à Roubaix

C’est au début du mois de juillet 1976 que l’on apprend la fermeture prochaine du magasin Monoprix rue Pierre Motte à Roubaix. Cette décision a été prise au cours d’une réunion avec le comité d’entreprise. Cette surface commerciale de 1300 m² avec son parking emploie alors une cinquantaine de personnes. La raison de la fermeture, c’est la baisse du chiffre d’affaires, due à l’ouverture récente d’un supermarché Auchan dans le centre commercial Roubaix 2000. Mais le Monoprix de la rue de Béthune à Lille fermera également avant la fin de l’année. L’arrivée de la société Darty sur les deux sites Monoprix, à Lille et à Roubaix, est annoncée par voie de presse en août 1976.

 L’histoire de la société commence en 1957, lorsque trois frères, Nathan, Marcel et Bernard Darty, commerçants en textile, rachètent le bail d’un magasin d’électroménager voisin pour agrandir leur surface commerciale. Suite à la vente du stock de ce magasin, Bernard Darty et ses frères décident d’abandonner le textile pour se lancer dans la vente d’appareils électroménagers. Jusqu’en 1966, l’entreprise familiale se développe avec la création d’un entrepôt à Bagnolet et un autre magasin en région parisienne. En mai 1968, la première grande surface Darty voit le jour à Bondy. Le fameux « contrat de confiance » créé en 1973, qui inclut un service de garantie après vente, établit la renommée et le succès commercial de la chaîne de magasins. Dès 1976, Darty entre en bourse et développe son concept en région.

La dernière animation commerciale de Monoprix, sur son parking en avril 1976 Photo Nord Éclair

Darty en 1977, c’est 28 magasins en France. Après la région parisienne, et la région Rhône Alpes, c’est dans le Nord que la société n°1 de vente de téléviseurs, de radios, d’électroménager et de Hi Fi vient s’installer. En avril 1977, Darty ouvre simultanément trois magasins : à Lille, rue de Béthune dans le secteur piétonnier, à Englos dans le centre commercial et à Roubaix, 15 rue Pierre Motte, et ses horaires sont les suivants : du lundi au samedi de 9 h 30 à 20 heures 30 sans interruption. A l’époque, sur ce créneau, le magasin d’électroménager à Roubaix, c’est Scrépel Pollet, dans la Grand Rue.

Le magasin Darty de Roubaix à son ouverture Photo Nord Eclair

 La formule Darty : des prix bas toute l’année, une livraison gratuite des appareils et un dépannage rapide, 7 jours sur 7. Dans les années 2000, Darty représente plus de 200 magasins en France et au Luxembourg, plus de 10 000 salariés et plus de 400 camionnettes jaune et bleu qui sillonnent les routes. L’entreprise n’appartient plus à la famille, depuis 1993, la société Darty est entrée dans le groupe britannique King Fisher. Aujourd’hui, elle est présente sur différents créneaux : multimédia, téléphonie, image et son.

Darty en 2013 Photo PhW

 La presse vient d’annoncer la fermeture du Darty roubaisien au printemps 2013. Quelle sera la nouvelle enseigne du 15 rue Pierre Motte ?

Roubaix 2000 et les chantiers

La disparition programmée pour début 1983 de la centrale électrique de la rue Dunant aura pour effet de permettre de lancer un nouveau chantier de construction de cellules commerciales et de bureaux et de logements, sur la droite de l’entrée de Roubaix 2000. Le projet, c’est 4000 m² de bureaux et de commerces, et des logements. La centrale électrique ne laissant toujours pas la place début 1983, on oublie les logements, et on démarre le chantier sur la façade du boulevard Gambetta.

Dès septembre 1982, on a une idée de ce qui sera construit. Un magasin de vêtements pour clientèle populaire et moyenne (sic la presse de l’époque) viendra s’y installer. C’est l’enseigne C&A, fondée par les hollandais Clemens et August Brenninkmeijer (dont les initiales forment aujourd’hui le logo de la société).  En 1841, les deux frères ont créé la société commerciale C&A Brenninkmeijer, à Sneek dans la province de Frise, et c’est là que s’ouvre leur premier magasin C&A. Il s’agit d’offrir des vêtements prêt-à-porter de bonne qualité à des prix raisonnables et introduire des tailles standard ainsi qu’un service d’échange. Au début des années soixante, l’entreprise s’implante également en Belgique, en France et en Suisse. Le directeur des investissements de C&A explique que la marque est venue s’installer à Roubaix, parce qu’elle a été invitée à le faire. Ils avaient décliné l’offre dans le plan d’implantation intérieur de Roubaix 2000. Mais ce nouveau projet leur semble viable, et chose rare à l’époque, ils ont préféré le centre ville traditionnel de Roubaix, plutôt que le centre commercial de Villeneuve d’Ascq ! Après six mois de travaux, l’inauguration a lieu le 30 août 1983.

Le projet initial publié dans Nord Éclair
La maquette C&A publiée dans Nord Éclair

De l’autre côté de l’esplanade de Roubaix 2000, l’usine Motte Bossut s’apprête à changer d’affectation. Dès 1978, l’usine est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Elle a cessé toute activité en 1981. La ville de Roubaix rachète les locaux et souhaite y aménager un centre international de la communication (futur Euro téléport). En 1983, le Gouvernement de Pierre Mauroy décide de créer des centres pour conserver les documents relatifs à la mémoire du travail en France. On envisage la création de cinq centres d’archives répartis dans toute la France. Un seul verra le jour. Ce sera celui de Roubaix, par une décision de décembre 1984. Pour abriter le premier Centre des archives du monde du travail, la ville de Roubaix fait don à l’Etat du corps de bâtiment principal. Les travaux débutent en 1989, pour un coût de 150 millions de Francs. L’inauguration interviendra le 11 octobre 1993.

L’usine Motte-Bossut Collection Privée

Le parvis de Roubaix 2000 prend donc pendant six ans une allure de chantier perpétuel, mais qui semble de bon augure pour les clients et pour l’emploi. Le centre commercial reçoit également de l’aide. Le concours Dynamicom est lancé en février 1987 par la ville et la chambre de commerce pour finir de remplir les cellules commerciales vides, au nombre d’une dizaine. L’année suivante, en avril, lors d’une opération Commerces 90, le ministre Camille Cabana remet un chèque de 25 millions de francs à Madame Maqueron, la Présidente du groupement d’intérêt économique de Roubaix 2000, au nom du ministère du commerce. Alors que toutes les cellules ne sont pas encore occupées, on parle d’animations dans les magasins et surtout d’équiper le centre commercial d’un réseau informatique.

Le concours et le gros chèque Photos Nord Éclair

L’année 1988 se termine cependant sur une mauvaise nouvelle. L’enseigne AS ECO ferme boutique en catimini, quelques jours avant Noël. Une solution de rechange est à l’étude, mais il faudra attendre l’année suivante, et une réorganisation importante des locaux pour l’arrivée d’Intermarché.

Photo Nord Éclair

Instantané 1973

La rue Jules Guesde forme avec la rue Jean Goujon un axe commercial  important du quartier de la Potennerie. Au-delà du carrefour avec la rue Jouffroy, et du Coq Français, elle remplit la même fonction jusqu’au quartier du Pile. Restons-en pour l’instant à cette première partie de la rue.

Le photographe Charier Photo Nord Eclair

Si nous suivons les numéros impairs, le photographe Charlier est au n°1, suivi de la mercerie de Mme Knoff n°3. La crémerie de Mme Delsalle au n°7, la boucherie Vandecasteele au n°9 et  les établissements Ledoux, également une crémerie, au n°11-13 forment la première partie de la rue. On traverse alors la rue de Bouvines pour passer devant la bonneterie Delmé au n°23, et devant le magasin d’électricité de M.Riysschaert au n°31. Au-delà de l’impasse St Louis, on trouve au n°33 la droguerie de Mme Vandesompèle, au n°61 l’enseigne Roubaix Camping jouets, de M. Deltête, et au n°63 le café Noyelle Meersman. Après la rue de Denain, le laboratoire d’analyses médicales Dhellemes occupe le n°65, la bimbeloterie Au Petit Bonheur de Mme Dubuisson est au n°67, alors qu’au n°67 bis Mme Chuine vend des articles de ménage, puis au n°69 il y a le boucher Goffette, suivi au n°71 de la droguerie Loens.

On passe la rue des Parvenus, et se succèdent alors au n°73 la pâtisserie Bouten, au n°75 le chemisier Jouniaux, au n°77 le libraire Chapelet, au n°81 la mercerie Aux Ciseaux d’Argent, et au n°83 la lingerie Yveline. Nous traversons la rue de Ma Campagne. Là se trouvent au n°85 l’horlogerie Pruvost, au n°97 le garagiste Desodt, au n°99 la bonneterie Hautekiet, au n°103 les jouets de Mme Moura Douglou.

Après la rue de Tunis, le n°109 est inoccupé, mais pas pour longtemps, car le magasin d’articles de ménage Soetens Duyck, déjà installé aux n°111 113 va encore s’agrandir. Au n°115, un boucher hippophagique après lequel il y a au n°117 le magasin d’articles de ménage Delattre, au n°119 les chaussures Spriet, au n°121 la Société Coopérative de l’Union Roubaix Wattrelos, grossiste en vins, au n°123 le libraire Ducourant, et pour finir au n°125 le boulanger Spriet Raepzaedt.

Les numéros pairs commencent par des établissements scolaires. C’est au n°6 qu’on trouve le magasin de poissons exotiques de Mme Minne, au n°12 le coiffeur pour dames Hache, au n°14 le commerce d’alimentation Ogier. Après la rue de la Potennerie, on passe devant le café A Versailles au n°16, le coiffeur Wanin au n°18, l’épicier Van Moer au n°20, le plombier zingueur Delahaye au n°24. Toujours sur le même trottoir, au n°26 Peersmann, confection pour enfants, au n°32 la boulangerie Hottebart, au n°34 le teinturier dégraisseur Anett dont la gérante est Mme Dieussaert, au n°38 l’enseigne Vins fins au détail, dont la gérante est Mme Hespel, au n°42 Bambi, le magasin de confection pour enfants de Mme Blot. Il y a encore au n°44 la bonneterie Vanhoorde Honoré, aux n°48-50 l’horticulteur Deleusière, au n°52 le commerce de beurre et œufs de M. Deleu, au n°54 Winants et Sevin, fabricants de sacs en jute, et Mme Thiry épicier, au n°56 bis le boucher Prinsie, et au n°60-62 les établissements Le Danois, électricité. On traverse la rue de Maubeuge et voici la caisse d’épargne, bureau de la Potennerie au n°62bis, l’électricité générale Nys aux n°66 68, et pour terminer ce tronçon, le boucher Depuydt au n° 72.

 

Il s’agit d’un relevé instantané de l’année 1973, car beaucoup de ces commerces se sont transformés ou ont disparu. Constatons qu’il y a encore une moyenne d’un commerce pour trois maisons d’habitation, et qu’il y en a encore de toutes les sortes : alimentation, confection, habillement, coiffure, articles de ménage…

 

 

Ah, l’Hippodrome Théâtre !

Le 5 novembre 1882, un nouveau théâtre, d’initiative privée, est inauguré, il s’agit de l’Hippodrome Théâtre. Il se trouvait non loin de l’emplacement occupé par l’actuelle tour du Théâtre, à côté de l’Usine Motte Bossut et des bureaux de cette société.

L’Hippodrome Théâtre Collection Médiathèque de Roubaix

Cette salle de spectacle contenait de 1500 à 1800 personnes, avec une scène d’une longueur de 25 mètres. En prolongement de la scène et séparé de cette dernière par un rideau métallique, se trouvait un grand foyer d’artistes utilisable dans les pièces à grand spectacle et au besoin comme salle de concert. Dans la partie des bâtiments affectés à l’Administration, il y avait des magasins de meubles, les bureaux de la Direction et la bibliothèque, les cabinets de coiffure, tailleurs, médecins, machinistes, foyer d’artistes, de choristes, de comparses et les loges d’artistes. Le magasin des décors comprenait un atelier de peinture, situé en dehors du théâtre et relié avec la scène par une galerie. Selon un témoin, la salle possédait sept sorties : trois en façade, deux sur les côtés, et deux à l’arrière qui donnaient dans l’ancienne rue des Longues Haies. La façade, construite quelques années après l’inauguration, était digne de celle de la Scala de Milan : colonnes en onyx du Maroc, statues représentant une danseuse et une jongleuse.

Plan de l’Hippodrome Collection Privée

L’Hippodrome Théâtre, qui avait coûté un million deux cent mille francs de l’époque, était admirablement situé sur un grand boulevard récemment créé et très passant, à deux pas de la Grand Place et de la Place de la Liberté. En effet, en 1882, on vient tout juste de reboucher l’ancienne partie du canal, ce qui procure à la ville une grande voie pénétrante, à la suite du magnifique boulevard de Paris, et du parc de Barbieux en cours de réalisation. L’Hippodrome n’aura d’égal qu’à Paris. Son architecture est remarquable, la disposition de la salle est ingénieuse moitié cirque, moitié théâtre. Ses représentations seront diversifiées, entre opérette et opéra, théâtre dramatique et comédies, vaudevilles et grands drames. Le cirque franco-belge viendra y séjourner au moment de la grande foire. Des meetings politiques, conférences, débats électoraux, s’y dérouleront aussi, devant une salle comble : Marc Sangnier, Jules Guesde, Jean Jaurès, parmi tant d’autres, viendront y prendre la parole. Les roubaisiens étaient un public de mélomanes, et ils  étaient férus de bel canto et d’art lyrique. L’Hippodrome théâtre devint donc une scène d’audience nationale, qui recevait des artistes comme Sarah Bernhardt, Cécile Sorel, Sacha Guitry. De grands musiciens vinrent y conduire des concerts, comme Camille Saint-Saens, Charles Gounod.

Programme Collection Privée

Après la seconde guerre, on tenta de le moderniser, un écran de cinéma y fut installé et l’Hippodrome théâtre devint le Capitole. On y organisa même des combats de catch ! Un dimanche de mai 1957, le rideau du Capitole théâtre tomba définitivement sur les dernières notes des Mousquetaires au Couvent. Dernière représentation, dernier spectacle. L’évolution des mœurs, le tourisme, la télévision, le cinéma ont été cités comme responsables de cette fermeture. Après une carrière longue de 80 ans, était-il impossible de poursuivre, en aménageant ?

Le Capitole Collection Privée

La société Le Capitole est dissoute le 16 avril 1964. Une compagnie d’investissements immobiliers reprend les bâtiments ainsi que le café voisin et cette surface de 2700 m² servira à la construction d’un vaste immeuble, et d’une station service au rez-de-chaussée. Ainsi disparut à jamais un des grands lieux culturels et historiques de Roubaix.

Renault et le carrefour

A côté du café des Arcades s’installe après la première guerre un garage automobile. Il est constitué d’un bâtiment sans étage perpendiculaire au boulevard Gambetta et dont le pignon comporte une grand-porte encadrée de deux fenêtres. La construction se prolonge par un mur longeant le boulevard jusqu’à la propriété suivante. Ce garage a pour propriétaires MM. Dourlens en1922 et Lemaire en 1926. Cette même année les maisons jumelles de mesdames veuve Armand Masson et veuve Motte-Cordonnier voisinent avec le café des arcades du côté de la rue Neuve.

Le garage côté boulevard Gambetta, et les deux maisons jumelles côté rue Neuve-documents médiathèque de Roubaix

 Pourtant, ces deux belles maisons disparaissent en 1930 pour laisser place à la société des automobiles Renault. Cette même société, une fois implantée rue du Maréchal Foch, va faire en sorte de s’agrandir. Elle achète le garage et le terrain qui le jouxte pour s’installer sur le boulevard Gambetta en 1935. Le café des Arcades est maintenant enclavé dans dans l’emprise du garage Renault. Cette situation perdure jusqu’après la guerre (en 1939, on trouve au 55 monsieur Lemoine et le siège social du radio club du Nord de la France).

Le café en 1946-photo Nord Éclair

Mais cette situation ne aurait durer. En effet, en 53, Renault a pris possession du numéro 55 et possède maintenant un ensemble cohérent.. Le café est démoli et le constructeur automobile reconstruit sur l’angle un bâtiment cohérent avec le reste du garage.

Le garage en 1962. Photo Nord Éclair
L’extrémité du garage après 1963-Document collection particulière

La Régie ne s’en tient pas là, et décide de moderniser en 1980 l’aspect et l’organisation intérieure du bâtiment. Elle dépose une demande de permis de construire assorti d’un plan pour ce qui sera l’ultime avatar de la concession.

Le même garage à partir de 1980-document archives municipales

Cet état restera inchangé jusque dans les années 2000 alors que Renault, ayant entre-temps acquis un terrain rue Jean Moulin sur l’ancienne emprise de l’usine Motte, et construit sur une partie de cet espace un garage dédié à l’entretien des véhicules, investit finalement l’ensemble du terrain pour s’y implanter en totalité, quittant alors le coin du boulevard Gambetta. L’ancien bâtiment est alors partiellement démoli et transformé pour une autre utilisation.

Les travaux à la fin des années 2000-Document collection particulière
 

 

 

Les têtes et la toiture

Avril 1986, la Ville de Roubaix, par la voix de Jacques Catrice, adjoint au maire chargé du commerce, est résolument optimiste sur l’avenir de Roubaix 2000. Après le départ d’Auchan, il fallait trouver une locomotive pour le centre, et c’est chose faite avec AS ECO. Mais il faut que les commerçants se redynamisent et reprennent confiance. Il faut également que les cellules vides soient rapidement occupées. Jacques Catrice rappelle que la municipalité aide et appuie les projets des commerçants dans la mesure de ses possibilités, mais ne s’immisce pas dans leur manière de gérer les affaires. Il est convié aux réunions de l’union du commerce de Roubaix, avec voix consultative, mais pas au-delà.

Roubaix 2000 en 1986 avant sa couverture Photo Nord Éclair

Certes, il y a des raisons d’espérer. Plusieurs commerces vont bientôt s’installer dans le centre commercial, suite à des conditions de location ou d’achat intéressantes. Un poste permanent de police municipale va être installé dans Roubaix 2000 pour sécuriser les lieux et passages. Un projet d’aménagement a été validé par la grande surface et la majorité des commerçants. Dans les six mois qui suivront l’achèvement de la couverture, le centre commercial sera entièrement rempli. Le démarrage des travaux est imminent, et c’est la fin annoncée de la maison des courants d’airs.

Cependant ce n’est pas tout à fait la belle unanimité. M. Michel Jacquart, président du GIE depuis juin 1985, vient de démissionner le 28 mars dernier de son poste de président, décision entérinée par 6 membres sur 8 présents ce jour là. Michel Jacquart, par ailleurs directeur de Naja tourisme, donne ses raisons : en septembre 1985, un accord est intervenu entre les commerçants, la municipalité et la grande surface pour créer un poste de directeur du centre commercial rémunéré par le conseil syndical et chargé de mener toute action en faveur du développement de Roubaix 2000. Il lui semblait important que ce directeur vienne de l’extérieur de la structure. Mais la majorité s’est prononcée pour Madame Macqueron (Maison de la Presse) comme directrice du centre, faute de candidats présentant un profil plus intéressant. M. Jacquart estimait que sur les trois candidats extérieurs au centre qui s’étaient présentés suite à une petite annonce dans la presse, l’un d’eux présentait un profil intéressant. Madame Macqueron a quand même été élue à l’unanimité des membres présents du conseil syndical, fin janvier 1986, pour une mission de trois mois. D’où la démission du président.

Un nouveau président est alors élu pour faire l’intérim. Il s’agit d’André dubois, tenancier du café le Belfort, élu à l’unanimité des membres présents, le 4 avril. Mme Macqueron et lui veulent éviter toute polémique. En mai, un nouveau président sera élu.  Madame Macqueron fait alors le bilan de son activité de directrice depuis janvier. Elle s’est occupée du suivi du dossier de la couverture, de la commercialisation des cellules vides, et des recherches d’économies à faire sur la copropriété. Pour ce dernier point, des compteurs de calories seront installés chez chaque commerçant, et chacun ne paiera que sa consommation, mais toute sa consommation. Elle présente l’argumentaire pour l’arrivée de nouveaux commerçants. Le centre commercial, c’est 46 commerces, dont une grande surface. Une dizaine de cellules déjà aménagées appartenant à des particuliers ou des commerçants sont  immédiatement utilisables, de même que les cellules inoccupées gérées par la mairie. On peut donc accueillir vingt à trente commerces des types les plus divers. Les conditions de vente et de location sont attractives, deux à trois fois moins chers qu’ailleurs. La situation géographique de Roubaix 2000 est très intéressante, en plein centre ville, avec un quartier en plein renouvellement : la caserne des pompiers démolie a laissé place à de nouveaux locaux pour la caisse d’allocations familiales, l’ancien hôtel des postes a été reconverti en université, et l’usine Motte Bossut devenue un centre international de la communication, est en passe d’accueillir les archives du monde du travail. Tout cela augure de l’arrivée d’une nouvelle clientèle constituée d’étudiants, de chercheurs et de fonctionnaires. L’ancien resto self de Roubaix 2000 va d’ailleurs être transformé en restaurant universitaire avec des services midi et soir. Un peu de statistiques pour terminer : 20.000 véhicules passent en moyenne chaque jour devant le centre. Et en moins d’une heure le samedi 27 octobre 1984, 3.500 personnes ont traversé le boulevard Gambetta devant Roubaix 2000 et 2.500 du côté du boulevard de Belfort. Le centre commercial serait-il devenu l’endroit où l’on passe ? Mais tout ce passage garantit-il que les gens s’arrêtent, consomment ou achètent ? L’arrivée de la police municipale et le gardiennage mis en place par les commerçants ont résolu le problème des petits délinquants. Ces arguments ont l’air de satisfaire les membres du GIE, car Madame Macqueron voit sa mission reconduite pour 3 mois.

 Projet de toiture publié par Nord Éclair

Qu’en est-il des travaux ? En avril 1986, Michel Ripoli, architecte à Wasquehal, présente le projet de couverture du centre commercial. Il rappelle que cela fait un an et demi qu’on travaille sur ce  projet, et que les avis divergeaient entre ceux du bas et ceux du haut, entre les commerçants et la mairie…Il évoque les projets : aménager un hôtel sur la moitié de l’étage, un promoteur était intéressé, mais pas de suite. Une réhabilitation totale était souhaitée, mais le budget ne le permettait pas. On voulait aussi refaire toute la décoration intérieure, là aussi, ce n’était pas possible, on verrait plus tard. Il fallait donc parer au plus pressé, et s’occuper de la couverture. Cette toiture va recouvrir 3000 m² de surface, ce qui est actuellement à découvert, plus les passages latéraux, et les auvents existants seront supprimés. Il s’agira d’une couverture en polycarbonate, matériau transparent ou translucide. Le translucide est plus résistant à la chaleur, mais il faut attendre l’avis de la commission de sécurité. Transparent, c’est évidemment plus agréable. MM Ripoli et Sauvage (lui est architecte à Marcq en Baroeul) ont travaillé avec le bureau d’études SETRAC à Lille qui a participé à la construction de Roubaix 2000 en 1968. Ils sont donc bien au fait de l’existant. La toiture sera soutenue par des charpentes métalliques, qui reposeront sur les piliers de béton actuels. Mais le toit ne se posera pas par ses extrémités latérales, il y aura un petit jour. Pour le support des plaques de polycarbonate, on utilisera une sorte de treillis métallique et les arches seront en aluminium. Il est précisé que ce type de couverture est souvent utilisé dans les bâtiments scolaires, les halls publics, les équipements sportifs. Quand les travaux seront finis, on remettra bien sûr la sonorisation, les lumières d’ambiance et la vidéo.

Projet de toiture publié par Nord Éclair

 La demande de permis de construire a été déposée en avril 1986. Il faut compter deux mois pour la réponse municipale, puis deux mois pour la réponse de la Direction Départementale de l’équipement à Lille, à cause de la proximité du site Motte Bossut classé bâtiments de France. Les travaux débuteraient donc en septembre pour se terminer en décembre.

Auchan soigne son look

Au début des années 30 s’installe l’usine de tissage Frasez sur l’avenue Motte. Les vues aériennes montrent un bâtiment rectangulaire avec une extension sur le côté opposé à l’avenue, et un auvent protégeant une entrée latérale. Cette usine deviendra après la guerre une filature de laine, avant de fermer définitivement à la fin des années 50. Elle va bientôt être reconvertie en surface de vente.

L’usine en 1957 avant sa transformation en magasin. Photo IGN

C’est ainsi que le supermarché qui prendra le nom d’Auchan ouvre en 1961 pratiquement sans modifier l’aspect extérieur du tissage. On ajoute simplement un bâtiment bas de part et d’autre de l’entrée latérale. Pour le reste, la direction se contente d’un coup de peinture pour tout ornement, sans doute à ce moment dans l’incertitude de la réussite du projet et dans le souci de diminuer les frais généraux. A l’origine, un premier intitulé annonçait l’ouverture du Supermarché qui n’avait pas encore de nom.

L’aspect du magasin en 1961 Photos Nord Matin

Puis le supermarché prendra le nom de Auchan, du nom du quartier où il se trouve. Les affaires se développent et le supermarché Auchan s’essaie à la vente d’autres produits. On peut ainsi apercevoir sur la photo suivante la station service qui s’est implantée au bord du parking. On notera également que le nom Auchan a été ajouté à la peinture sur le mur.

L’aspect du magasin en 1964. Photo Nord Éclair

Au cours de l’année 64, à présent confiant dans l’avenir du supermarché, le propriétaire entreprend des travaux supplémentaires autour du bâtiment. On érige une construction d’un étage qui prolonge la façade du magasin le long de la rue Braille. L’ancien bâtiment bas est englobé dans le nouveau, de même que l’auvent qui protégeait l’entrée. Par ailleurs, une extension est ajoutée de l’autre côté de l’ancienne usine. On voit sur la première photo aérienne le contour du bâtiment bas et on remarque que le parking ne dépasse pas l’extrémité du magasin, le reste du terrain étant en friche. La seconde photo montre l’ampleur des travaux entrepris. C’est une véritable métamorphose du supermarché !

Vue aérienne du magasin en 1962. Photo IGN
Le magasin en 64. photo IGN

 Le nouveau bâtiment côté rue Braille est destiné à abriter une galerie commerciale. Il est muni d’un auvent, et accueille 6 boutiques. Cette ajout est destiné à compléter l’offre du supermarché et à rendre le site plus attractif pour la clientèle. On constate également que la parking est allongé jusqu’à la limite du terrain disponible, et qu’une extension à ce parking est implantée derrière le magasin. Le nombre de places disponibles est accru dans une grande proportion. Par ailleurs, l’aspect de l’ensemble est considérablement modernisé et l’enseigne est nettement plus visible qu’auparavant. Le bâtiment de l’ancienne usine n’est désormais plus visible de l’extérieur.

L’aspect du magasin en 66. photo IGN

 Peu de modifications dans les années suivantes, marquées par l’ouverture de plusieurs super et hypermarchés de la marque, si ce n’est un élargissement important de la paroi recevant l’enseigne, celle-ci prenant ainsi un caractère plus imposant.

Photo Nord Éclair de 1980

Une ultime transformation pour moderniser le supermarché a lieu en 1980. La direction du magasin dépose une demande de permis de construire visant à modifier l’apparence des façades, sur lesquelles seront plaqués des bardages métalliques. La demande de permis présente l’état de l’époque, et l’aspect prévu après travaux.

Document archives municipales

Ces travaux sont menés tambour battant et une photo de 1981 nous montre l’état définitif de notre magasin.

Une vue de 1981. Photo Nord Éclair

Finalement, ces aménagements seront le chant du cygne de notre supermarché. La société fermera ce site en 1985 pour se consacrer au développement d’hypermarchés qu’elle ne cessera de multiplier en France et à l’étranger.

 

 

Auchan quitte Roubaix 2000

Coup de tonnerre en 1985, Auchan va fermer son implantation dans le centre commercial Roubaix 2000 ! La transformation du magasin pour accueillir une autre enseigne du groupe (Miniper, surface plus petite de centre ville) est envisagée. Les discussions se passent mal : Miniper veut réduire ses charges en rendant de la surface et en supprimant le chauffage dans son magasin, tous ces frais revenant à la charge de la copropriété. Le transfert avec Miniper ne se fera pas. La direction d’Auchan 2000  annonce par un bref communiqué de presse la fermeture pure et simple pour le 1er mai ! Il est conseillé à la clientèle de reporter ses achats sur les autres magasins Auchan de la région. Une pleine page de publicité dans Nord Éclair rappelle tous les avantages de « l’hypersympa » Auchan Leers tout proche.

La colère et la déception se retrouvent dans la réaction de Mme Macqueron présidente du GIE de Roubaix 2000. Elle estime que toutes ces péripéties –annonce de la fermeture et du remplacement d’Auchan- ont entraîné le départ de 20% de commerçants depuis un an. En mairie, on s’active pour trouver une solution de remplacement au départ d’Auchan.

Auchan s’en va, As Eco arrive Photo Nord Éclair

La fermeture intervient le 1er mai sans qu’une solution de rechange soit trouvée dans l’immédiat. De fait, il faudra attendre juillet pour que l’enseigne AS Eco, une chaîne de magasins de la région parisienne, devienne le successeur officiel d’Auchan pour Roubaix 2000. Par voie de presse, la direction d’Auchan informe les roubaisiens de la reprise des supermarchés Auchan Motte et 2000. Le reclassement du personnel s’est opéré de la manière suivante : sur les 183 personnes qui travaillaient dans les deux magasins, 163 ont été reclassées dans la société Auchan, et 20 personnes dans la société AS ECO. Le magasin de l’avenue Motte doit rouvrir le 17 juillet, et celui de Roubaix 2000 courant septembre.

La société Auchan explique ensuite son choix d’orientation : céder ses magasins de proximité afin de mieux concentrer son activité sur l’exploitation de ses hypermarchés de Roncq, Leers, Englos et V2 de façon à mieux donner satisfaction à sa clientèle de la métropole.

L’enseigne AS Eco Photo Nord Éclair

Le désengagement roubaisien aura été total, car Auchan abandonne aussi son berceau de l’avenue Motte, également repris par As Eco. En 1985, Roubaix a donc perdu Auchan.

On se souvient encore de l’onde de choc, notamment dans le quartier du Nouveau Roubaix : Quand Auchan Motte est passé à la trappe, on n’a pas compris. La fermeture a été une surprise générale, tout le monde était habitué à Auchan. Ça a été une catastrophe dans le quartier, la fermeture, où allait-on aller ? à Leers ? Oui, mais pour ceux qui n’avaient pas de voiture ? Le remplacement ne s’est pas fait facilement. As Eco n’a pas pris. Il a fallu l’arrivée d’Inter marché pour que ça reprenne. Et encore, ça n’est plus comme avant….

La réouverture du supermarché de Roubaix 2000 avec la société AS ECO aura lieu comme prévu en septembre 1985. A sa tête, un ancien du magasin Lemaire qui précéda Auchan, M. Jean-Claude Leclerc. Il est optimiste : aujourd’hui la ville de Roubaix est en train de redémarrer. Il n’y a aucune raison pour que la clientèle roubaisienne ne vienne pas à nous.

On apprend au même moment que le différend judiciaire qui opposait les commerçants de Roubaix 2000 avec leurs assurances, touche à sa fin ; Les travaux dont le coût évalué à 2,5 millions de francs sera réévalué, vont être effectués.  A l’époque où tout se transforme à Roubaix, Motte Bossut en site d’archives, et en centre international de la communication, et on l’on envisage l’arrivée du métro, ce redémarrage de la locomotive du centre commercial apparaît comme une dernière chance pour remettre le train Roubaix 2000 sur de bons rails.