La chemiserie René VIOLETTE

René VIOLETTE est coupeur de vêtements chez un industriel fabricant de chemises : »les gendres de Désiré Delbarre » au 64 rue d’Alsace, maison fondée en 1898. Il rencontre sur son lieu de travail Odette Bouquet, la fille d’André et Yvonne Bouquet-Delbarre.

document collection privée famille VIOLETTE

Après leur mariage, René et Odette VIOLETTE souhaitent créer leur commerce de détail. En Octobre 1945, ils signent un bail pour un local commercial, situé au 70 rue de Lannoy, une des artères les plus commerçantes de la ville. Puis, en Février 1946, ils ouvrent leur commerce de chemiserie et accessoires, en lien étroit avec la production des beaux parents.

le magasin de la rue de Lannoy ( document archives municipales )

La situation économique, après la 2° guerre mondiale, est difficile. Odette gère seule le magasin et René continue son activité chez  »Les gendres de Désiré Delbarre » pour subvenir aux besoins du ménage. Les affaires se développent et, en 1949, René décide de suivre des cours de coupe de vêtements par correspondance ( enseignement théorique et pratique de coupe pour chemises, caleçons, pyjamas )

René Violette ( document collection privée famille VIOLETTE )

Suite à cette formation, René fabrique, dans l’arrière boutique, des vêtements sur mesure (en particulier des chemises). Odette s’occupe du magasin.

les patrons pour la coupe des chemises, accrochés au mur de l’atelier, dans l’arrière boutique rue de Lannoy ( document collection privée famille VIOLETTE )

René s’approvisionne en coton chez des fournisseurs roubaisiens, et en particulier les tissus Hallynck avenue Jean Lebas et les Éts Jean Deffrenne rue Dampierre. Après avoir pris les mensurations de la personne, René découpe le tissu choisi par le client, suivant la forme des patrons qu’il possède et qu’il adapte, puis dépose les morceaux de tissus et triplures au domicile de la couturière, Mme Rachel Spielers à Leers, qui les assemble à l’aide de sa machine à coudre,

La vitrine du 70 rue de Lannoy ( documents BNR et collection privée famille VIOLETTE )

Dans les années 1950, le commerce se développe de façon très satisfaisante, grâce à la qualité de fabrication des chemises, et également à la vente de produits complémentaires ( sous-vêtements, pyjamas, cravates, maillots de bain, boutons de manchettes etc ) de marques prestigieuses : Eminence, Valisère, Hom, Pierre Cardin, Ted Lapidus, Jockey, Rasurel…

René et Odette sont les premiers dépositaires de la marque Lacoste à Roubaix.

Odette VIOLETTE ( document collection privée famille VIOLETTE )
document collection privée

Les époux ne comptent pas leurs heures de travail. René travaille très tard à l’atelier, mais trouve le temps de pratiquer son sport : il fait partie de l’équipe compétition de water-polo du S.C.R : le Swimming Club de Roubaix, à la piscine de la rue des champs. Sa dévotion au sport l’a conduit à être médaillé par le ministre des sports de l’époque, Maurice Herzog.

René, lors de la braderie de la rue de Lannoy en 1953 ( document collection privée famille Violette )

En 1954, ils achètent la maison du 70 rue de Lannoy qu’ils occupaient en tant que locataires. René devient membre de la chambre syndicale des chemisiers de France, en 1957. Chaque année, il distribue à ses clients, un calendrier rappelant la fête des pères du mois de Juin.

( document collection privée famille VIOLETTE )

Au début des années 1960, les commerçants de la rue de Lannoy apprennent qu’ils vont être expropriés, pour permettre la construction du centre commercial Roubaix 2000. Les commerçants commencent à quitter les lieux. Le commerce de lingerie voisin, de A. Carette, au 72, étant libre, René expose ses chemises dans la vitrine, pour quelques mois.

Le 72 rue de Lannoy ( document archives municipales )

Le 24 Avril 1964, René et Odette VIOLETTE reçoivent leur lettre d’expropriation. En Juin de la même année, ils créent leur SARL :  »René Violette et Cie » et ouvrent leur magasin au Lido en 1965.

À suivre . . .

Remerciements à Jean-Pierre, Nicole et Marc VIOLETTE, ainsi qu’aux Archives Municipales

De la ferme au supermarché

La ferme de la mairie doc ARHW

Fin août 1971, la ferme de la Mairie est démolie, après quatre siècles d’existence, Elle se trouvait à l’angle de la rue de l’abattoir et de la rue Jean Jaurès, c’est à dire sur la grand route qui mène à la frontière belge. C’était l’une des plus anciennes censes de Wattrelos dont les terres s’étendaient jusqu’au Saint Liévin, et à la Broche de fer. Elle appartenait à la famille Liagre-Cruque, laquelle est partie s’installer du côté d’Hesdin dans le Pas de Calais.

Publicité parue dans NE

Sur les lieux ainsi aplanis, on prévoit l’implantation d’un supermarché GRO d’une superficie de vente de 1350 m2 avec un parking de 120 voitures. La démolition est rapide, la construction ne le sera pas moins. Le 20 août est donné le premier coup de pioche des démolisseurs, le 20 septembre, arrivent les premiers éléments de la charpente métallique et le 2 décembre, c’est l’inauguration du magasin d’une surface de 1200 m2 offrant fraîcheur et qualité, lumière et place. On circule à l’aise parmi les comptoirs.

Une vue intérieure Photo NE

Georges Delhaize directeur général prononce une allocution : il retrace le chemin parcouru depuis onze années. Supérettes, supermarchés, constitution du groupe en six sociétés, le troisième de France, emploi de 6.000 personnes, chiffre d’affaires annuel d’un milliard deux cents millions de Francs. Le supermarché GRO de Wattrelos est le 115eme de France, il est également le 23eme des Docks du Nord. Etienne Delhaize directeur commercial présente le nouveau magasin : il s’agit d’accueillir notre clientèle de demain dans un cadre agréable. Le beau n’est pas automatiquement synonyme de cher. Les efforts financiers portent sur l’équipement froid. Rappel du slogan : nous vous remboursons si vous n’êtes pas satisfaits à 100 %.

GRO devenu Match aujourd’hui vue Google

Quelques mots sur la famille Delhaize : Jacques Delhaize, négociant en vin à Charleroi (Belgique), a eu trois de ses fils qui ont imaginé et appliqué en Belgique le principe du « succursalisme », forme de commerce intégré dans laquelle la fonction d’achat en gros et de logistique est assurée par une centrale d’achat et la fonction de vente au détail l’est par différentes succursales géographiquement dispersées. Chacun de ces trois fils a monté son affaire. Deux d’entre eux, Adolphe et Jules se sont regroupés pour fonder et développer une autre entreprise de distribution qui prend le nom de « Delhaize » et qui deviendra plus tard « Delhaize Le Lion ». De son côté, le troisième fils, Louis Delhaize, continue seul pour fonder finalement en 1875 le groupe « Louis Delhaize Group ». En 1960, ce groupe ouvre son premier supermarché dans le Nord de la France, nous en avons parlé, il s’agit du supermarché Docks du Nord du boulevard des Couteaux.

Sources : presse locale, Wikipedia

L’Auberge de Beaumont

Dans les années 1920, au 143 rue de Beaumont, se trouve l’épicerie de L. Nisse. Ce commerce est repris, dans les années 1930, par E. d’Havé. Le magasin est situé dans un quartier calme, à proximité de la rue Payen, et à deux pas de la ferme de M. Cruque, agriculteur, sur la place du Travail.

La rue de Beaumont en 1926 : à droite, un des bâtiments de la ferme Cruque ( document BNR )

Ce commerce devient ensuite un estaminet, géré successivement par Mme Ledocte dans les années 1940 et L. Grave dans les années 1950.

Dans les années 1960, le café se nomme : « Au Moniteur » Peut-être y avait il un rapport avec l’endroit tout proche place du Travail, où se déroulaient les épreuves pour passer le permis de conduire.

Modification de la façade en 1964 ( document Archives Municipales )

En 1964, le tenancier Kurt Gronow, qui demeure 121 rue Pierre de Roubaix, demande au bureau d’études Clément Dassonneville, à Menin, une modification complète de la façade de son établissement. Les travaux s’élèvent à 14.220 Frs. Dans les années 1970 1980 l’établissement change plusieurs fois de propriétaire. Les enseignes se succèdent également : La Serre et Le Rustique.

L’auberge dans les années 1980 ( document Archives Municipales et Nord Éclair )

A la fin des années 1980, Jean Pierre Pirlet reprend l’établissement qui devient « l’Auberge de Beaumont ». Deux ans plus tard, en 1990, aidé par son chef de cuisine Alain Dequidt, il ajoute à ses deux menus existants de 75 Frs et 125 Frs, des plateaux de fruits de mer.

document collection privée

On peut déguster désormais, le plateau du mareyeur de 24 huîtres fines de claire d’Oléron pour 120 Frs, et le plateau de fruits de mer composé d’huîtres, langoustines, crevettes, bouquets, amandes et un tourteau, pour le prix de 150 Frs. Un arrivage quotidien des fruits de mer et crustacés assure une fraîcheur des produits inégalable. Jean Pierre Pirlet propose également la livraison de plateaux à domicile et la vente à emporter. Il fait aussi profiter sa clientèle de son expérience en matière de champagnes et de vins blancs.

document collection privée

En 1996, Frédéric Mégnien et son épouse Kira reprennent l’auberge de Beaumont. Ils arrêtent la vente de fruits de mer et se dirigent vers une cuisine plus traditionnelle, avec un accueil sympathique et convivial. Frédéric devient  »Maître Restaurateur » ( titre honorifique délivré par l’Etat )

document collection privée

L’engagement de Frédéric : une cuisine réalisée sur place à partir de produits bruts, majoritairement frais, intégrant les circuits courts. Il cuisine des produits de saison, comme les asperges en Avril, le gibier et les champignons à l’automne…

Frédéric et Kira Mégnien ( document Nord Eclair )

Dans les années 2000, un incendie ravage le premier étage ; l’établissement reste alors fermé plusieurs mois pour travaux. En 2007, les époux Mégnien quittent l’auberge pour ouvrir un établissement à Lille puis à Villeneuve d’Ascq.

documents : L’Expresso

En 2008, l’auberge de Beaumont est reprise et devient : L’Expresso. Le nouveau gérant, Jean François Choquet propose désormais une cuisine italienne et française : restauration traditionnelle, vente de pizzas sur place ou à emporter.

Remerciements aux Archives Municipales.

Le Centre commercial du Tilleul

C’est en Septembre 1962 que le lotissement du Tilleul situé à la limite de Wattrelos et de Tourcoing se voit doté par le CIL d’un centre commercial que viennent inaugurer le maire Jean Delvainquiere, les commerçants et les dirigeants du CIL. Ce centre commercial est l’œuvre de l’architecte français Guillaume Gillet.

Guillaume Gillet (1912-1987) NE

Grand prix de Rome, il est connu pour ses réalisations liturgiques (Abbaye Notre Dame de Tournay, église Notre-Dame de Royan) et urbanistiques (grand ensemble des Blangis à Bagneux, quartier Edouard Anseele à Roubaix). Il a également réalisé en 1958 le pavillon de la France, à l’Exposition Universelle de Bruxelles (aujourd’hui détruit), ce qui lui a valu l’obtention de la Légion d’Honneur.

Le centre commercial CP Coll Particulière

A sa création, le centre commercial du Tilleul est composé des magasins suivants : alimentation générale Una service, alimentation générale Dani service, vins et produits alimentaires Nicolas, journaux papeterie librairie, horloger bijoutier Ph Verpoort, photo cinéma travaux d’amateurs Descamps portraitiste, Radio télévision ménager électricité générale Philips Desurmont frères Caisse d’épargne de Roubaix, Esthéticienne visagiste, massage sauna oxygénation Institut beauté Relax, Couleurs papiers peints verres à vitres droguerie Devlaeminck frères, Boulangerie Pâtisserie R Flament, Teinturerie blanchisserie cordonnerie Rossel. Ces magasins se présentent plutôt comme des cellules représentant des commerces existant par ailleurs, comme c’est le cas de la droguerie DeVlaeminck située place du Sapin vert.

Le centre commercial au pied de la tour CP Coll particulière

Guillaume Gillet réalise donc ce centre commercial dix ans avant celui de Roubaix 2000 dans le quartier Edouard Anseele. Est-ce une esquisse avant l’heure ? Ce centre commercial qui se complétera d’une station service, de restaurants est aujourd’hui toujours vivant malgré une façade un peu triste. Les bâtiments, qui appartiennent à Vilogia, mériteraient un peu de couleur. Il y a toujours un tabac-presse, une boulangerie, une boucherie, un coiffeur, une pharmacie, une auto-école, un médecin.

Le centre commercial aujourd’hui vue Google Maps

Certes le nouveau Lidl installé plus bas aux Couteaux, représente une concurrence importante mais le passage a augmenté devant le petit centre commercial, qui fait la frontière entre Wattrelos et Tourcoing. Une meilleure visibilité pourrait redonner un élan au petit commerce, pour que le renouveau du quartier profite à tous.

Ibis à Roubaix

Le 31 janvier 1988, la première pierre d’un nouvel hôtel est posée, comme signe tangible de la volonté de transformation de Roubaix voulue par l’équipe Diligent : transformer une ville repoussoir en un pôle d’attraction. Et en premier lieu, loger les visiteurs ! André Diligent rassure le monde hôtelier existant à Roubaix : avec un trois étoiles de 92 chambres, un deux étoiles de 13 chambres, quatre une étoile de 20 chambres, nous ne disposions que de 200 chambres pour tout Roubaix. D’un seul coup, nous augmentons notre capacité hôtelière de 50 % et ce n’est pas fini. Mais je suis convaincu qu’il y a de la place pour tout le monde.

Le Sénateur Maire André Diligent posant la première pierre Photo NE

Le partenaire, c’est la chaîne Ibis, dont le premier hôtel ibis a ouvert à Bordeaux en 1974, construit par la société hôtelière Novotel-SIEH, qui a absorbé les hôtels Mercure en 1975 et deviendra le futur groupe Accor en 1983. L’objectif de cet hôtel est de créer une chambre 30% moins chère que celle de Novotel. En 1977, 14 hôtels Ibis ont ouvert en France. En 1980, Ibis ouvre son 50ème établissement. La même année, la société Aéroports de Paris autorise pour une durée de 50 ans les hôtels Ibis à exercer une activité hôtelière (556 chambres) sur les domaines publics des aéroports. Le groupe hôtelier Accor prend naissance en 1983 et ouvre son premier hôtel Ibis aux États-Unis en 1983. En 1984, Accor et la banque La Hénin réunissent les 123 hôtels ibis et Urbis au sein de la structure Sphère SA, qui devient le premier opérateur d’hôtels 2 étoiles en France. Roubaix sera le 215e Ibis.

Avant l’Ibis, un café restaurant CP Méd Rx

Estaminet déjà présent en 1898, bénéficiant de la clientèle des Halles Centrales, dénommée Brasserie de Belfort en 1908, toujours café dineurs en 1929, puis café de la poste en 1972, l’emplacement a toujours eu une vocation d’accueil du public en s’adaptant à son environnement. Nous sommes à présent face à l’IUT, à deux pas de l’ancienne filature Motte-Bossut qui est sur le point d’accueillir les Archives nationales du monde du travail (ANMT). Elles y seront installées en 1993. Le nouvel Hôtel est un deux étoiles, propose 64 chambres, un restaurant bar de 70 places. La presse cite d’ailleurs un programme en six points : dans les deux ou trois ans, Roubaix va se doter d’un formule un de la chaîne Accor, d’un Campanile deux étoiles, d’un trois étoiles de standing Accor Srai inséré dans un projet de centre d’affaires, un deux étoiles de la chaîne Ibis, celui-là vient de commencer et un Hotelia équipement hôtelier original pour personnes âgés qui s’installera à la place de l’ancienne CAF.

L’Ibis en attente de l’Eurotéléport et des ANMT Photo Guy Sadet

Inauguré en septembre 1988, l’hôtel Ibis connaît un démarrage assez calme, du selon le directeur de l’époque à la concurrence de Lille, de son animation et de ses restaurants. À l’occasion, l’Ibis joue le rôle de déversoir quand Lille affiche complet. Roubaix est par ailleurs en pleine transition. L’Ibis accueille plutôt un public de cadres, comme ceux du Lloyd continental. L’ouverture prochaine de l’Eurotéléport porte de grands espoirs. On sert 80 à 100 repas par jour et c’est souvent le midi. Le manque d’animation (il n’y a plus qu’un seul cinéma à Roubaix) et trop peu de restaurants pour intéresser les clients à rester le soir.

Sources : presse locale, Ravet Anceau, Wikipédia

Les tissus Hallynck

Dans les années 1920, le jeune Emile Hallynck entre dans la vie active. Il trouve un poste d’employé chez un négociant en tissus et draperies : J. Houzet au 18 et 20 rue de la Fosse aux Chênes. En plus de son activité, et pour compléter ses revenus, il vend des pièces de tissus dans différents commerces : forains, tailleurs, etc. Il parcourt à bicyclette les rues de la région pour laisser des coupons d’étoffe en dépôt chez ses clients.

Emile Hallynck ( document J. Hallynck )

Émile se marie avec Marthe, née Leclerc. Ils habitent au 196 rue de l’Hommelet. Émile a un sens inné du commerce et les affaires deviennent très rapidement florissantes. Il crée, avec son épouse, au début des années 1930, l’entreprise  »Émile Hallynck-Leclerc ». Ce commerce de détail de tissus se trouve à son domicile. En 1938, ils déménagent au 198 bis de la même rue, pour un local plus spacieux. Émile et Marthe ont 5 enfants : Pierre, Jean, Marguerite, Marc et Michel. A l’adolescence, ceux-ci aident leurs parents à tenir le commerce.

A la petite Jeannette ( document collection privée )

Après la seconde guerre mondiale, les affaires reprennent. Marthe et Émile souhaitent ouvrir un commerce dans le centre ville et trouvent, dans la rue du Vieil Abreuvoir, deux endroits complémentaires : au N° 8, un magasin de détail ( tissus, lainages et soieries ) pour Marthe et sa fille Marguerite. L’enseigne « A la Petite Jeannette » est gardée car très connue des roubaisiens. Au N° 28, un local qu’ Émile Hallynck transforme en commerce de draperies, gros et détail. Il crée ainsi, en 1949, la société  »Hallynck et fils » avec ses enfants Pierre, Jean, et Marc. En 1951, son gendre Gilles Nuytten (le mari de Marguerite) rejoint l’équipe dirigeante. Michel, le cadet, s’oriente vers une brillante carrière  musicale avec son épouse Jacqueline.

Dans les années 1950, la société Hallynck et fils couvre le marché des DOM-TOM par l’envoi massif d’échantillons. Le succès est immédiat, l’offre répondant à un besoin important, et les prix étant très attractifs. La société garde ce marché jusqu’à l’indépendance de ces territoires.

Façade du 16 avenue Jean Lebas ( document Archives Municipales )

En 1962, Marthe Hallynck transfère son commerce de détail au 16 avenue Jean Lebas. Elle entretient de bonnes relations avec ses confrères du centre-ville : Pauchant et Segard. Ils publient régulièrement des publicités communes dans la presse locale.

Publicité de 1962 ( document collection privée )

La nouvelle société  »Hallynck et fils » est très dynamique. Jean et son épouse Angèle, Gilles et Marc participent avec leur père à l’évolution de l’entreprise et développent la clientèle : artisans tailleurs, confectionneurs, créateurs de mode, commerçants en  »mesure industrielle » pour la confection. Les tissus proviennent principalement des usines textiles de Roubaix et de ses environs : Louis Lepoutre, Auguste Lepoutre, César Pollet, Jean Deffrenne, Motte-Bossut, P et J Tiberghien, Prouvost-Bernard et bien d’autres. Toutes ces usines ont aujourd’hui disparu.

L’entreprise est ensuite transférée dans un local plus spacieux, au 15 de l’avenue Jean Lebas. Puis, dans les années 1970, le Crédit Lyonnais, situé au 17 de l’avenue souhaite prendre possession de ce local ; les tissus Hallynck et fils déménagent à nouveau pour le 29 de la même avenue. Cet immeuble, alors vide, avait longtemps été occupé par un confrère : les Ets Noblet, fabricant de draperies haut de gamme.

Façade du 29 avenue Jean Lebas construit vers 1885, consacré au stockage des tissus ( document J. Hallynck )

 

Publicité 1970 ( document J. Hallynck )

 

Publicité 1975 ( document collection privée )

A ce jour, la famille Hallynck a développé son activité et la vente par correspondance, dans une ambiance familiale, avec un personnel attaché à l’entreprise, comme par exemple, Marie-Claude Berthe, entrée à l’âge de 14 ans et qui en est à sa 60° année de carrière ! Les relations avec les fournisseurs, clients et prestataires sont également privilégiées. Ainsi, si l’imprimerie Truffaut n’existe plus à ce jour, les relations très amicales avec Mr Truffaut existent toujours. La famille Hallynck, en plus de ses valeurs morales et relationnelles a eu une gestion rigoureuse et une capacité d’adaptation à l’évolution du marché.

Jean Hallynck en 2002 ( document J. Hallynck )

Depuis de nombreuses années, tout en continuant de vendre de la draperie pour costumes et de beaux lainages, Jean, Angèle et leur fille Isabelle ont élargi les gammes de tissus en privilégiant toujours la qualité et le haut de gamme. Les tissus pour femmes, les soieries pour robes de mariées, tissus pour enfants, tissus d’ameublement, ont pris place dans les rayons et sont très appréciés par la clientèle.

Le choix incomparable des tissus ( Photo BT )

Les tissus Hallynck, sous l’impulsion d’Isabelle (fille de Jean) dévouée depuis 35 ans à l’entreprise, continuent l’activité grâce à 90 années d’expérience et de passion, une très forte notoriété sur le marché et un choix important de tissus.

Marie-Claude Berthe, Jean et Isabelle Hallynck ( document J. Hallynck )

Remerciements à Jean et Isabelle Hallynck.

L’inauguration de la caisse d’épargne

Le ministre à l’entrée de la caisse d’épargne Photo NE

C’est le dimanche 23 mars 1958 que M. Garet, alors ministre de la reconstruction et du logement, vient entre autres choses inaugurer la caisse d’épargne de Wattrelos. Il sera passé au préalable par le Fer à cheval à la limite de Croix et de Roubaix, puis il aura inauguré le groupe Ternynck à Roubaix (l’immeuble surnommé la Banane du Nouveau Roubaix), aura survolé du regard la plaine des Hauts Champs et celle des Trois Ponts, futurs emplacements de cités nouvelles.

Il va ensuite inaugurer la nouvelle caisse d’épargne de Wattrelos et Monsieur Watine président de la Caisse lui remet une plaquette d’honneur ainsi qu’à MM. Provo et Delvainquière, respectivement maires de Roubaix et de Wattrelos. Suivra une réception à l’hôtel de ville, où une nouvelle plaquette, celle de la ville de Wattrelos lui est offerte. Il est 17 h 40 et le cortège quitte Wattrelos en passant par le groupe CIL du Laboureur. Après un crochet par le Galon d’eau et le square des Mulliez, Monsieur Garet fait ensuite le tour des chantiers de la Mousserie, du Tilleul et du sapin vert avant de se diriger vers le fort Frasez avant de rejoindre les bureaux du CIL rue Saint Vincent de Paul.

La succursale de la Caisse d’épargne de Wattrelos est due à l’architecte Lescroart. Elle se situe alors à l’angle de la rue Jean Jaurès et de la rue Gustave Delory, là où se trouvent à présent les locaux d’un cabinet médical de dentisterie. On peut apercevoir derrière le ministre en pleine inauguration les maisons de la rue Florimond Lecomte, qui vont disparaître lors de la construction de l’actuelle caisse, ainsi que le salon de coiffure Fernande et la droguerie herboristerie Couvreur. Auparavant, cet angle de la rue Jean Jaurès et Florimond Lecomte était occupé par le magasin de vêtements « Au Grand Chic ». La caisse d’épargne a donc traversé le carrefour pour venir s’installer au côté de la Trésorerie Principale.

L’ancienne caisse d’épargne vue Google

Le supermarché du Laboureur

C’est en septembre 1962 que l’ancien cinéma Jacobs dit le Métro est reconverti en magasin. En effet la chaîne des super-marché Libéral vient s’installer rue Carnot à Wattrelos, après avoir ouvert à Lille, Lambersart, Faches-Thumesnil, Quiévrechain, Calais et Armentières. La surface de l’ancien cinéma dancing est adaptée et on y installe les différents rayons suivants : alimentation, boucherie, charcuterie, plats cuisinés, crémerie, volailles, fruits et légumes, vins, confiserie. Auprès desquels on trouvera la droguerie, parfumerie, les articles de vaisselle, linge, chaussures, jusqu’aux disques et aux livres ! Dans les projets de la direction du Libéral, la création d’un stand ressemelage et d’un rayon nettoyage vêtements.

L’entrée rue Carnot du Libéral Photo NM

Le gain de temps et d’argent est l’argument fort du nouveau super-marché qui possède deux entrées : l’une donne sur la rue Carnot, l’autre sur la rue Faidherbe. Six caisses enregistreuses permettent d’éviter les longues attentes de certaines supérettes. Ce magasin Libéral fonctionne en mode libre service et ses prix défient la concurrence à qualité égale. Des cadeaux sont prévus pour remercier et fidéliser la clientèle.

Au cours de l’inauguration du Libéral Photo NM

Lors de l’inauguration, parmi les personnalités on pouvait remarquer MM. Missu père et Pierre et Serge Missu, respectivement président directeur général et gérants des établissements Libéral, ainsi que les représentants de la municipalité, adjoints au maire et conseillers municipaux. Des représentants de la marque Copelait, de l’Indépendante et du Crédit du Nord étaient également présents. Une foule d’acheteurs se précipite dès l’ouverture pour découvrir ce superbe magasin dont la formule de vente se généralise, annoncée comme plus pratique et plus économique dans le souci de « vivre mieux et moins cher ».

Le marché métro en 1966 Photo NE

C’est l’une des transformations de l’ancien cinéma Jacobs qui en connut plusieurs et non des moindres. Ainsi en 1966, l’enseigne a-t-elle déjà changé et le supermarché est devenu le Marché Métro, retrouvant ainsi une partie de son passé. Ravivez vos souvenirs et n’hésitez pas à témoigner !

N° 1 boulevard de la République

Le N° 1 du boulevard de la République, est le premier bâtiment que l’on aperçoit, quand on arrive du Pont Saint Vincent, par la rue d’Alsace, en direction de Tourcoing.

( Photo BT et document P. Simoens )

Cet immeuble, assez imposant, sur 4 niveaux ( 1 rez-de-chaussée et 3 étages ), se trouve à l’angle du Boulevard d’Armentières. Le début de la construction date de 1878. En 1885, la brasserie Pollet-Jonville, sise au 52 rue de l’Espérance, se porte acquéreur du bâtiment, pour y créer un estaminet, car l’emplacement est idéal.

Estaminet Buyse en 1906 ( document collection privée )

Divers commerçants se succèdent alors pour gérer le café tenu par la brasserie : H. Liénard en 1900, Mlle Buyse en 1906, Ch Baillon en 1914, J Delbecq en 1928. En 1932, un incendie ravage une partie du commerce. La brasserie propriétaire des lieux qui s’appelle désormais Pollet-Watine, demande à l’entreprise d’André Dussart d’effectuer les travaux de rénovation. Ensuite, Mme Mullier gère le café à partir de 1937. Après la seconde guerre mondiale, Mlle Renée Desmul reprend le commerce, et le transforme en parfumerie-papeterie.

Publicité 1946 ( Document collection privée )
Publicité 1948 ( Document collection privée )

Renée Desmul s’occupe donc de 2 commerces différents, sous le même toit ; des articles de parfumerie de grandes marques, des produits de beauté d’instituts parisiens, mais également des articles de papeterie : crayons, stylos, cahiers. A la fin des années 1950, le commerce de parfumerie-papeterie est géré par Mme Vve Dumonteil, et peu de temps après, par G Pinchart. Au milieu des années 1960, Amédée Henon-Doye reprend le point de vente, mais abandonne les articles de parfumerie, pour ne se consacrer qu’à son commerce de librairie-papeterie. Christian Pezellier rachète l’immeuble en 1979. Le rez de chaussée commercial est occupé en 1982 par un fournituriste de bureau : Buro-Service et, en 1987, par une agence de travail intérimaire : Flandres Interim.

Travaux de 1989 ( document archives municipales )

En 1989, le propriétaire entreprend de gros travaux de rénovation du bâtiment, et, après quelques mois, en 1990, la façade est entièrement rénovée : le résultat est magnifique. Le rez de chaussée peut être remis en location.

Document archives municipales 1990

Au début des années 2000, une agence immobilière s’installe : Valeurs sûres.

Document Google Maps 2008

Puis au début des années 2010, lui succède un salon de coiffure : L’esprit coiffure.

Document Google Maps 2011

En 2014, Philippe Simoens, gérant de l’entreprise Arliane, ( diagnostic immobilier ), dont les bureaux sont installés au 25 rue d’Alsace, souhaite déménager pour trouver un meilleur emplacement, plus spacieux . Il déménage ses locaux au rez de chaussée du 1 Bld de la Republique

Photo BT

Philippe Simoens rachète l’immeuble en 2018 et demande à son architecte de transformer la salle d’accueil pour en faire un lieu plus accueillant, plus chaleureux et sympathique.

Documents P Simoens

Remerciements aux archives municipales et à Philippe Simoens

Pelotes de Laine, chaussettes et vinyles.

Henri Bausier est commerçant. Il gère un commerce Phildar, à Tourcoing, dans les années 1950. Il devient dépositaire Pingouin-Stemm, en 1960, et s’installe à Roubaix au 3 rue Pierre Motte. C’est un endroit idéalement bien placé, car situé dans une artère très commerçante de la ville, à 10 mètres de la Grand-Place. Le 3 rue Pierre Motte est un ancien café-friture, qu’Henri fait transformer en magasin de détail des produits Pingouin-Stemm, qui sont, bien sûr, les célèbres marques de la  »Lainière de Roubaix », leader en pelotes de laine Pingouin et en chaussettes Stemm.

Façade ( documents archives municipales )

 

Publicités ( documents collection privée )

Il fait construire un mur de séparation à l’intérieur, entre le couloir et le magasin, de façon à ce que les propriétaires du bâtiment, les deux sœurs Victorine et Jeanne-Alphonsine Van Weynsberger, puissent regagner leur habitation à l’étage, sans devoir traverser le magasin. Les travaux sont confiés à l’entreprise d’Isidore Baseotto à Tourcoing.

Ouverture du magasin ( document Nord Eclair Nov 1960 )

L’ouverture a lieu début Novembre 1960. Les roubaisiens découvrent un magasin accueillant et chaleureux : les comptoirs sont en laque, les pelotes de laine aux coloris infinis sont exposées sur toute la longueur du mur, les chaussettes sont vendues en libre-service. L’inauguration se fait en présence de Mr le maire, Victor Provo. Pendant toute la semaine d’ouverture, Henri Bausier offre des louis d’or, à la clientèle, par tirage au sort.

Henri Bausier dans son magasin ( document JJ Bausier )

Le démarrage de l’activité est satisfaisant. Henri Bausier est bon commerçant, très sensible au service apporté à la clientèle, et passionné par la publicité qu’il utilise très régulièrement, dans la presse locale.

( documents Nord Eclair )

Henri développe ensuite une gamme de produits complémentaires : les bas, collants, cravates, les tapis Pingouin à faire soi-même et également les machines à tricoter. Gisèle, son épouse, lui apporte une aide précieuse à la tenue du magasin et à l’accueil de la clientèle principalement féminine. A côté de son magasin, au 1 bis, se trouve une mini-cave. Henri Bausier connaît bien son voisin M Delepierre, commerçant en légumes. Les deux hommes vont créer ensemble, un commerce de tricots, pour distribuer dans ce point de vente, des produits de la marque Rodier en 1967, à l’enseigne  »Jeune ».

Le magasin  »Jeune » au 1 bis – Façade et intérieur ( documents JJ Bausier)

Henri Bausier confie à son fils, Jean-Jacques et à une jeune vendeuse, la gestion du magasin. Le succès n’est pas vraiment au rendez-vous, car les tricots Rodier sont peut-être un peu trop haut de gamme pour les roubaisiens. Ils décident donc d’arrêter leur activité en 1968. Jean Jacques Bausier a 20 ans ; jeune et passionné de musique, il propose à son père d’ouvrir un magasin de disques vinyles dans cette cave qui est un endroit plutôt sympa pour les jeunes. La façade extérieure est en bois ; 7 marches seulement sont nécessaires pour descendre au niveau intermédiaire ; 3 petites pièces se succèdent sur toute la longueur du magasin ; le plafond est en lambris acajou vernis. L’ouverture de la  »Discocave » a lieu, cette même année : 1968.

( document collection privée )

Jean Jacques se spécialise en musique Pop, Rock, Variétés. La vente se fait essentiellement en disques vinyles et surtout en 33 tours. Les deux hommes communiquent alors ensemble, par des publicités communes pour les deux magasins, dans la presse locale.

Publicités communes ( documents Nord Eclair )

En 1973, le succès aidant, Henri et Jean-Jacques décident d’ouvrir un second magasin de disques, dans le tout nouveau centre commercial Roubaix 2000. L’enseigne sera : Discocave 2.

Discocave 2 à Roubaix 2000 ( documents JJ Bausier et Nord Eclair )

Le père et le fils se relaient pour assurer une présence permanente, dans les deux magasins de disques. Jean-Jacques est spécialisé en musique Pop Rock. Henri préfère plutôt la variété française.Le magasin Discocave 1 ferme ses portes, en 1977, car Jean Jacques Bausier choisit une autre orientation pour sa carrière et part dans le domaine des photocopieurs. Henri continue le magasin Discocave 2, jusque la fin du centre commercial Roubaix 2000. Il continue ensuite de gérer son magasin Pingouin Stemm de la rue Pierre Motte avec son épouse, jusqu’au milieu des années 1980, date à laquelle ils prennent une retraite bien méritée.

Henri Bausier ( document JJ Bausier )

Remerciements aux Archives Municipales, et à Jean Jacques Bausier.