Auguste Gydé, dit Gydé aîné

Auguste Gydé, dit Gydé aîné CP Méd Rx

Auguste Gydé est né le 24 juin 1904 à Roubaix, d’un père peigneur et d’une mère ménagère. S’il reste Gydé aîné pour la postérité des boxeurs de la famille, il n’est cependant que le second enfant de la longue fratrie des Gydé, après sa sœur Julie et devant son cadet Praxille.

Sa carrière pugilistique commence en 1923 dans le team du professeur Dubus au sein de l’Académie des Sports sise 41 rue du chemin de fer. Il boxe dans les poids moyens et s’affirme très vite comme un cogneur, ce qui lui vaudra la réputation d’être le roi du KO. On lui prête une carrière de plus de 500 combats, ce qui est énorme. En en peu plus de vingt ans de carrière, cela lui fait une moyenne de vingt à vingt cinq combats par an ! Mais il a fait de la boxe son métier, ce qu’il affirme sur son acte de mariage en 1926. Le métier de boxeur le fait-il vivre ? En tous cas, il le fait voyager.

Même s’il boxe beaucoup à Roubaix (Salle Watremez, Hippodrome Théâtre, salle de l’académie des sports), il est présent sur les rings de la région : Lille, Tourcoing, Armentières, Valenciennes, Douai, Denain, Liévin, Dunkerque, Boulogne sur mer, Calais, entre autres rencontres régionales. Il combat un peu partout en France : à Paris (Sporting Club de France, Ring de Belleville, Salle Wagram), à Marseille au Grand Casino, à Nîmes dans le cadre des arènes, à Brest au théâtre municipal. Il participe à de nombreux galas en Belgique : à Mouscron, Liege, Bruxelles, Courtrai, Ronse, à la Halle-aux-Draps de Tournai… Il tourne régulièrement en Grande Bretagne, où il ne gagne pas souvent mais où il est très apprécié : Northhampton, au Stadium de Liverpool, Holborn, à Portsmouth, Newcastle, au Ring Blackfriars Road de Southwark. Impossible de tout citer ! On le retrouve même à Barcelone.

Beaucoup de combats et au bilan un solde positif des victoires sur les défaites. Mais peu de titres : ainsi le 11 janvier 1929, il affronte Raymond Defer sur le ring de l’Hippodrome Lillois, pour le titre des poids plume. Il est battu aux points. Deux ans plus tard, le 11 août 1931, il enlève le titre de champion de France des poids léger après sa victoire aux points contre Marius Baudry le tenant du titre sur le ring de l’Hippodrome douaisien.

Auguste Gydé ne connut pas la gloire de son cadet qui fut champion d’Europe en 1932, mais il vécut plus longtemps que lui. En effet si Praxille décède en 1946, à presque quarante ans, l’aîné des Gydé vivra chichement jusqu’à son décès intervenu dans le Val d’Oise en 1984, soit à l’âge de quatre-vingts ans.

L’extraordinaire vie de Théodore Vienne

Théodore Vienne Coll particulière

Né à Roubaix le 29 juillet 1864, Théodore Vienne est un industriel du textile français, mais également un organisateur sportif pour le cyclisme et la boxe. Sa passion pour le sport débute avec la pratique de la vélocipédie, on ne parle pas encore de cyclisme à l’époque, et il devient le Président d’une des quatre sociétés vélocipédiques roubaisiennes en 1891, le cercle vélocipédique roubaisien. Il organise les premières courses sur la piste de Barbieux, c’est à dire l’anneau formé par les allées extérieures du Parc avec son compère Maurice Pérez, lui-même président du sport vélocipédique roubaisien. Les conditions ne conviennent plus à une activité sportive en plein développement, tant du point de vue des pratiquants que de celui des spectateurs. Théodore Vienne et Maurice Pérez s’associent pour fonder le vélodrome de Barbieux en 1895, dont on sait qu’il est plus sur le territoire croisien que roubaisien. Des courses sur piste sont bientôt organisées régulièrement sur le nouveau vélodrome. L’année suivante, les deux compères s’associent avec le Journal le Vélo pour la création de la course cycliste Paris-Roubaix en 1896, qui deviendra l’une des classiques préférées des champions cyclistes, malgré la difficulté de son parcours.

Paris Roubaix 1898 Photo Site Le Lensois Normand

Théodore Vienne est toujours amateur de sport, mais il s’oriente de plus en plus vers sa vocation d’organisateur de spectacles. Ainsi accepte-t-il de faire construire des arènes jouxtant le vélodrome de Barbieux, après avoir accueilli les taureaux dans un premier temps dans l’enceinte du vélodrome. En 1899, la tauromachie à Roubaix se pratique donc comme il se doit dans des arènes et cela durera cinq ans avant qu’elles ne soient démolies.

Démolition des arènes CP Méd Rx

Mais Théodore Vienne est déjà à Paris, où il devient le directeur puis le propriétaire de la Grande Roue de Paris. La combinaison vélodrome et arènes a-t-elle fait germer en lui l’idée d’un lieu proposant plusieurs attractions ? Toujours est-il qu’il fait construire, quartier de Grenelle à Paris, pour l’Exposition Universelle de 1900, cette roue immense à rayons comme ceux d’une bicyclette, de 100 mètres de diamètre. Il l’exploitera encore après la fin de la première guerre, au sein d’un Luna Park fort en vogue.

La grand roue en 1900 Coll particulière

Le sport l’intéresse toujours. En 1907 il fonde avec Robert Coquelle et Victor Breyer, le Wonderland français. C’est à la fois une salle et une école de boxe, ouverte à tous les jeunes gens capables de boxer ou voulant apprendre à boxer, sur le modèle du Wonderland anglais, la salle de Whitechapel dans l’est de Londres. Le Wonderland opère « salle de la Grande-Roue », 74 avenue de Suffren et aussi salle Wagram. Théodore Vienne et Robert Coquelle organisent les premiers matchs de boxe anglaise en France. On peut au voir, au Wonderland, les vedettes étrangères comme Frank Erne, Joe Jeannette, Willie Lewis, Sam McVea et Georges Carpentier. En imitant le Wonderland de Londres, pépinière de champions, les directeurs parisiens rendent un énorme service au noble art, en créant un mouvement en faveur de la boxe. On dispute les éliminatoires des championnats de France professionnels en 1909 et Le Wonderland français devient le ring officiel de la Fédération française de boxe.

Le luna park en 1923 Coll Particulière

Construit en 1909, le Luna Park de Théodore Vienne sera le troisième parc d’attractions de l’histoire de France, après les jardins du Tivoli et Magic City. Il devient l’équivalent, pour Paris, du Prater de Vienne ou du Tivoli de Copenhague. Le vaisseau spatial de l’attraction « Un Voyage vers la Lune », mis en place lors de l’exposition Pan-Américaine, a inspiré le nom de ces parcs, et de ceux qui ont suivi. Le départ du Tour de France cycliste 1912 aura lieu au Luna Park qui abrite également des Montagnes Russes.

En 1912, Théodore Vienne est le président de la commission des organisateurs de matchs de la Fédération française de boxe, et il se marie en 1913 à 51 ans. Après la Première Guerre mondiale, Henri Decoin succède à Théodore Vienne et rouvre le Wonderland en février 1920. Décédé le 1er mars 1921 dans le 15e arrondissement de Paris, Théodore Vienne est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

Roubaix, de la boxe française à la boxe anglaise

La France est d’abord le pays de la savate-boxe française, discipline de combat pieds-poings popularisée et codifiée par Joseph Charlemont1 et son fils Charles Charlemont, qui en ont fait la boxe française pratiquée encore aujourd’hui. Charlemont fils vient en tournée de démonstration à Roubaix en novembre 1900. Ils font de nombreux émules, parmi lesquels les frères Desruelles.

Jean Desruelles ill JdeRx

Jean Desruelles2, élève de Charlemont, développe la boxe française académique au début du vingtième siècle à Roubaix où il fonde en 1901 une Académie de boxe française rue Saint-Georges3. Il gagne le titre de champion du monde des poids lourds professionnels de boxe française en mars 1908. Professeur de culture physique, il donne des cours privés à la bourgeoisie industrielle roubaisienne.

La publicité pour la salle Desruelles doc AmRx

Hubert Desruelles son jeune frère sera son associé. Ils vont organiser ou participer à des solennités sportives à Roubaix, et organiser les premières démonstrations de boxe anglaise en 1901, 1902, 1903. Les frères Desruelles l’enseigneront bientôt comme professeurs dans leur salle de la rue Saint-Georges. La boxe anglaise va prendre place à proximité des sports de force, comme la lutte et l’haltérophilie.

1Auteur de l’ouvrage La Boxe française, historique et biographique, souvenirs, notes, impressions, anecdotes.

2 Né le 14 août 1874 à Roncq,

3Actuelle rue du Général Sarrail.