Les ressorts Delescluse

Albert Delescluse naît à Roubaix en 1890. Il entre en tant que coursier au Journal de Roubaix en 1905, puis devient maréchal-ferrant vers 1910. Après la première guerre mondiale, en 1919, il reprend l’affaire de son ancien patron Jules Hauguet, au 45 rue Newton.

Le 45 rue Newton. A la droite de l’habitation se trouve l’atelier de forge et de charronnage ( photo BT 2020 )

Albert Delescluse se marie avec Marie Vandenbroucke, dont le père est également maréchal-ferrant. De cette union naît leur fille Odette en 1920. L’atelier dont dispose Albert est bien équipé pour produire les fers à cheval, bien sûr, mais également pour cercler les roues en bois, fabriquer des ressorts à lames, et des épures (cadres en bois montés sur les châssis des premiers véhicules automobiles).

Albert Delescluse sur son estampeur, à l’atelier rue Newton ( document A.Antoin )
Albert Delescluse à gauche devant la forge, et deux ouvriers ( document A.Antoin )

Albert décroche de très gros marchés pour son activité de maréchalerie, comme La Lainière, puis il se spécialise rapidement dans la fabrication de ressorts pour toutes marques automobiles ainsi que pour les camions. Son entrepôt lui permet de stocker de nombreuses pièces pour satisfaire la demande de plus en plus importante. Albert est le seul fabricant de ressorts à Roubaix.

Publicité 1928 ( Document collection privée )

Face à son développement, à la fin des années 1920, son atelier de la rue Newton devient trop petit. Il fait l’acquisition du 17 bis boulevard de Beaurepaire, qui a l’avantage d’avoir un accès direct à son atelier de la rue Newton.

La voiture et sa remorque publicitaire d’Albert Delescluse devant le 17 bis en 1935 (document A.Antoin )

Les années suivantes, le développement devient très conséquent, et l’atelier du 17 bis est à son tour trop petit. Albert fait alors l’acquisition d’un terrain, en 1947, au 19 boulevard de Beaurepaire, et demande l’autorisation de construire un atelier. Il confie l’exécution des travaux ( la construction d’une nef ) à M Browaeys, de la rue Boucicaut, pour un montant de 350.000 Frs. Ce nouvel entrepôt lui permet de stationner les véhicules en attente de réparation, et de stocker ses pièces détachées. Le 19 du boulevard de Beaurepaire est séparé du 17 bis, par l’atelier de menuiserie de Désiré Lepers au 17 ter.

Publicité 1947 ( Document collection privée )

En 1945, Odette Delescluse, la fille d’Albert, se marie avec Albert-Hector Antoin. Ce dernier entre dans l’entreprise Delescluse en tant que forgeron. De leur union naît, en 1948, leur fils Albert-Ange Antoin. Pour trouver un logement à Odette et Albert-Hector Antoin, Albert Delescluse fait construire un appartement, en 1954, au dessus de l’atelier du 19. Il confie le dossier à l’architecte G. Verdonck avenue Jean Lebas.

L’appartement au 19 au dessus de l’entrée de l’atelier ( documents archives municipales )

A la fin des années 1950, les constructeurs automobiles réalisent d’énormes progrès techniques sur les nouveaux véhicules. Les ressorts à lames deviennent des amortisseurs télescopiques. L’entreprise Delescluse s’adapte et change de stratégie. Elle abandonne peu à peu la fabrication de ressorts et devient Centre Officiel des amortisseurs De Carbon. Albert-Hector Antoin diversifie alors son activité en distribuant des accessoires automobiles, comme des attelages de remorque, embrayages, échappements, transmissions, et, par la suite, des garnitures de freins.

( Document collection privée )

Albert Delescluse décède en 1963, et son épouse l’année suivante. Albert-Hector Antoin et Odette continuent l’activité de l’entreprise. Le développement de la société à cette époque est important ; ils rachètent le 19 bis, en 1958, à Mme Vve A Pruy-Plateau et le 17 ter, en 1963, au menuisier D. Lepers.

Reprise du 19 bis en 1958 à Mme Vve A Pruy Plateau ( document archives municipales )
Reprise du 17 ter en 1963 au menuisier D. Lepers ( Document collection privée )

La reprise de la menuiserie permet de refaire la façade du 17 bis et 17 ter. Au début des années 1970, leur fils Albert Ange Antoin a 22 ans. Il entre dans l’entreprise pour aider ses parents à l’atelier.

Le jeune fils, Albert-Ange au montage et équilibrage des pneus en 1974 ( document A.Antoin )
Refonte de la façade 17b 17t 19 19b ( Document collection privée )

En 1979, Albert-Hector Antoin rachète l’épicerie-alimentation de Charly Lagaise, au 19 ter, rase le commerce, et construit une porte de 5,50m de hauteur, et large de près de 8m, pour faciliter l’entrée et la sortie des camions. La façade totale mesure désormais près de 40m de large. La superficie totale est d’environ 1400 m2.

Publicité 1975 ( Document collection privée )

Albert Antoin ( père et fils ) continuent de développer le commerce de pièces automobiles. En 1974, ils ajoutent une activité : la pose de tachymètres sur les Poids Lourds pour le contrôle de vitesse, et en 1976, l’installation de compteurs pour les chauffeurs de taxi. Les ressorts à lame que produisait Albert Delescluse ne se vendent plus : 75 tonnes de ressorts ont été mises à la ferraille. L’entreprise Delescluse gérée alors par Albert-Ange Antoin, en Septembre 1998, est la première entreprise du Nord à passer aux 35 heures pour le personnel, ce qui débouche sur une accélération, quant à sa croissance interne et externe. Au début des années 2000, Albert-Ange aligne les différentes parties de l’entreprise sur une longueur de 50m. La superficie totale de l’entreprise est alors de 1800 m2.

Enseigne DLC façade avant et arrière ( Documents A.Antoin )

 

( Document Google Maps )

 

Une partie du comptoir de vente et intérieur de l’atelier ( Documents A.Antoin )

Au milieu des années 2000, l’entreprise Delescluse est rebaptisée DLC ( De.Les.Cluse ) pièces auto. Entre 2000 et 2003 Albert-Ange rachète 2 entreprises dans la région, puis 3 en région parisienne ; il les transforme sous la bannière DLC, ce qui permet de multiplier le chiffre d’affaire de façon très conséquente. En 2008, les parts sociales sont confiées au gérant Brice Pouill. Albert-Hector Antoin décède en 2016. L’entreprise est cédée en Décembre 2018 et l’enseigne devient « Auto Plus Roubaix ».

Auto Plus Roubaix ( document A.Antoin )

De la création, en 1919, jusque la cession, en 2018, les 3 générations ont connu ( pendant un siècle ) une énorme évolution : le fer à cheval, les ressorts à lames, les amortisseurs, et les accessoires auto. Il y a une cinquantaine d’années, existaient encore 44 grosses entreprises de distribution d’accessoires ; il n’en reste plus que 2 aujourd’hui. Les ventes se sont reportées sur des détaillants.

Albert-Hector Antoin ( document A.Antoin )

Remerciements à Albert-Ange Antoin, et aux Archives Municipales

Le Maire de l’Epeule

Une place du quartier de l’Epeule porte désormais son nom, mais qui était donc Victor Vandermeiren ?

Victor Vandermeiren est né à Croix le 6 mars 1915 d’un père chauffeur et d’une mère soigneuse. De profession comptable, il aime à rendre service et son plaisir est de faire plaisir. Il habite 184 rue de l’industrie à Roubaix. Pendant toute sa vie, il mettra ses talents d’organisateur et de conseiller au service des gens de son quartier.

Très jeune il s’occupe de l’organisation des loisirs : en 1933, il est secrétaire de la section de basket de l’amicale des arts, il est aussi l’adjoint de son père, alors capitaine de route à la section cyclotouriste du Nord Touriste, pour l’organisation des itinéraires de randonnées.

Il était volontiers facétieux Photo NE

Il fait son service militaire en Moselle au 168e RI, après ses classes il est sergent et il participe à l’organisation du foyer du soldat. En 1939, au moment de la déclaration de guerre, il est affecté comme sergent chef comptable. Fait prisonnier, il connaît la captivité dans le camp du Limbourg où il se signale par l’organisation de tournois de football, de basket. Il fait ses débuts de speaker au stalag dans un spectacle de variétés monté avec des gars du nord.

Rentré de captivité, il devient commerçant dans le quartier de l’épeule. Il est sollicité par le directeur de l’école de la rue Brézin qu’il fréquenta pour remonter l’amicale des anciens élèves. Il organise bals, kermesses, excursions, arbres de Noël. Il favorise l’arrivée du cinéma à l’école et organisa le foyer Van Der Meersch inauguré en présence de Mme Van Der Meersch, mère de l’écrivain, également ancien de l’école.

Parallèlement il participe à l’UCEA (union commerciale de l’épeule alouette) dès sa remise en marche de 1947, il en sera le vice président de 1950 à 1959. Il participe à toutes les organisations des manifestations sportives et musicales du quartier. Il devient ensuite secrétaire du comité d’entraide des fêtes de l’épeule alouette trichon en 1952. Il est un des éléments fondateurs des 28 heures à la marche de Roubaix dont il deviendra le speaker attitré.

Il n’est plus commerçant en 1959 mais son activité d’organisateur se poursuit. Secrétaire du comité des fêtes et d’entraide de l’épeule alouette trichon, il participe à la création de réalisations qui obtiennent un grand succès, comme les six jours de trottinettes, le rallye automobile, le critérium cycliste en nocturne. Il est également secrétaire du Kart club roubaisien depuis sa fondation en 1959.

Médaillé de la jeunesse et des sports Photo NE

Secrétaire de la section du Nord Touriste depuis 1960, membre du comité directeur des festivités de la ville, membre du comité de la section épeuloise des anciens combattants, il est partout sur la brèche. Il est de bon conseil et ses avis sont appréciés. Commissaire aux comptes de l’OMS (office municipal des sports) depuis sa création en 1965, il est l’un des membres fondateurs du comité de jumelage de Roubaix Europe dont il est un administrateur et un conseiller technique.

Il appartient depuis 1963 à l’Harmonie des anciens et jeunes soldats musiciens français, dont il est le vice-président en 1965, et au populaire orchestre des Bleus Sarraus. Ardent propagateur de l’art musical, il sera fait chevalier des arts, sciences et lettres. Il est déjà commandeur du mérite philanthropique, croix du mérite humanitaire et croix du dévouement civique !

Photographié par Guy Sadet

Celui qu’on appelait affectueusement le maire de l’épeule était capable, selon son ami André Diligent, des pires coups de gueule (et puis) on redevenait amis comme si de rien n’était. Il avait une réputation de blagueur, de plaisantin, mais il aimait la fête et surtout l’organiser et l’animer. Il nous a quittés en septembre 1997.

Merci à Sylviane Catteau pour sa contribution

Ludopital

En 1987, Bernard Grimbert est manipulateur en imagerie médicale, à l’hôpital de la Fraternité. L’hôpital Victor Provo s’est ouvert récemment, mais une grande partie des services de l’établissement de l’avenue Julien Lagache fonctionne encore.

Hôpital La Fraternité

Bernard Grimbert doit effectuer la radiographie d’un enfant malade. Ce garçon est angoissé face à cette machine monstrueuse. Pour le rassurer et rendre l’examen moins stressant, Bernard lui offre un jouet. Bien inspiré, il se rend compte que l’effet est immédiat, car l’enfant retrouve le sourire, ne pleure plus, et l’examen se déroule normalement.

Bernard Grimbert

C’est la révélation. Il faut absolument trouver des jouets, pour permettre aux enfants d’oublier l’examen, en détournant leur attention. Bernard propose à Maurice Titran, le directeur du centre d’action médicale d’offrir un jouet à tous les enfants qui font un séjour à l’hôpital de Roubaix, même court, mais il n’existe pas de budget pour financer l’achat de jouets neufs. Bernard fait donc une razzia de jouets, dans sa famille, chez ses amis, chez ses collègues. Plusieurs d’entre eux, emballés par son idée, lui viennent en aide. Les jouets commencent à s’entasser.

Bernard Grimbert crée alors une association, pour pouvoir être reconnu, et pour bénéficier d’éventuelles subventions. Il en est le Président, Daniel Pattyn le secrétaire, et Jean-Pierre Mosnier le trésorier. Le nom de l’association est trouvé immédiatement, c’est Ludopital.

Des bénévoles se proposent pour aider à réceptionner les jouets de plus en plus nombreux. Devant ce succès, il faut trouver un local, car le service de radiologie s’avère très rapidement trop petit. On trouve une salle, un étage plus bas, toujours à l’hôpital de la Fraternité, avenue Julien Lagache, dans les anciens services de dialyse, puis au pavillon 9 dans les anciens services ORL, ensuite dans le pavillon 2, quelques temps après dans le pavillon 4, malheureusement destiné à la démolition.

Fresque murale

Dans les années 1990, Ludopital se développe de façon importante et rapide : grâce à la distribution de jouets, bien sûr, mais également des fresques murales dans les salles de soins, des animations dans les hôpitaux, des séances de maquillage, des spectacles de marionnettes, des créations d’espaces de jeux, du matériel audiovisuel aux urgences et en chirurgie, des collectes de pièces jaunes, etc. Bref : tout ce qui peut améliorer l’accueil des enfants hospitalisés, dans de nombreux établissements à Roubaix, mais également à Tourcoing, Lille, Wattrelos et Mouscron.

Les Foulées Jaunes 1995

En 1995, Jean-Luc Scotté crée  »les Foulées Jaunes » : une course au parc de Barbieux, ouverte à tous. Les inscriptions permettent de récupérer de l’argent entièrement reversé aux enfants malades, sous forme de jouets ou d’actions dans les hôpitaux. C’est une belle histoire de générosité, de solidarité et d’humanité des Roubaisiens.

Hospice Barbieux

A la fin des années 1990, Ludopital doit déménager de l’hôpital de la Fraternité pour des raisons de sécurité. Un local de 1000 m2 est offert, au 3° étage de l’hospice Barbieux, au 35 rue de Barbieux. Certes, le bâtiment peut paraître un peu vieillot, mais les 40 bénévoles s’investissent pleinement pour aménager l’accueil de façon fort chaleureuse et sympathique. L’emplacement est idéal, car tout proche du service pédiatrie de l’hôpital Victor Provo. Le déménagement se déroule en 1999 ; 40 camions sont nécessaires pour transporter les jouets de la Fraternité à l’hospice Barbieux.

Le Vert Pré

Les déménagements ne sont malheureusement pas terminés, car, en début d’année 2006, une commission de sécurité constate que les locaux de l’Hospice Barbieux ne sont plus aux normes. Il faut alors songer à trouver un nouveau local ! La direction de l’hôpital propose un local de 400 m2 au centre médical du  »Vert Pré » rue Pierre de Coubertin, plus petit mais plus fonctionnel. Le déménagement, financé par la Mairie, se déroule en fin d’année 2006.

Après une année 2007 financièrement très difficile, la nouvelle présidente, Jeanine arrive à mobiliser, une fois de plus, tous les bénévoles et à sauver Ludopital qui était voué à disparaître.

Dans les années 2010, c’est le développement dynamique, grâce à l’arrivée de bénévoles compétents et énergiques. De nombreuses animations se mettent en place, pour financer les actions Ludopital (Fait Rarissime avec le club Ferrari, des motos pour Ludo, le golf de Brigode, les Foulées de Bondues, les spectacles par des artistes bénévoles)

Ludopital sollicite les entreprises pour trouver des fonds, les commerces pour placer des boîtes bleues et récupérer des pièces de monnaie, les écoles pour présenter son action et y organiser des collectes de jouets.

Les 5 présidents de Ludopital. De gauche à droite : Jean-Luc Scotté, Jean-Marc Brisy, Jeanine Vanderplancke, Bernard Grimbert, Hubert Ythier

En 2017, Ludopital fête ses 30 ans et le bilan est très positif car plus de 2 millions de jouets en parfait état ont été offerts aux enfants hospitalisés. C’est l’occasion également de fêter l’événement avec tous les bénévoles à la salle Richard Lejeune rue d’Anzin. C’est aussi le moment de pouvoir regrouper les 5 présidents qui ont dirigé l’association au fil des années.

Aujourd’hui, Ludopital c’est :

– Plus de 100 bénévoles, 3 salariées dont 1 à temps plein

– 53 000 jouets  »courage » ( en parfait état, désinfectés et reconditionnés ), offerts annuellement aux enfants hospitalisés

– Des actions dans 44 hôpitaux de l’Eurométropole lilloise : des aménagements de salles d’attente et de chambres d’enfants, des décorations de blocs opératoires par des colonnes à bulles, des plafonds lumineux etc

– Une écoute attentive des besoins du personnel soignant des hôpitaux

– Une sensibilisation des généreux donateurs, en organisant des visites des locaux

– Un développement important depuis plusieurs années, grâce à l’hôpital Victor Provo et à la Mairie de Roubaix

– Le 25° anniversaire des Foulées Ludopital qui attire 2400 personnes en 2019

– Des spectacles, des concerts

– Une communication sur les réseaux sociaux.

Aménagement d’une salle d’attente
Plafond lumineux à l’hôpital Victor Provo
Les foulées Ludopital au parc de Barbieux
Le sourire d’un enfant

Remerciements à Jeanine Vanderplancke, Bernard Grimbert, Laetitia Perez et à toute l’équipe des bénévoles de Ludopital.

Tous les documents de cet article proviennent de l’association.

L’incendie de la rue de Naples

Le 6 Janvier 2002, la société « Les Compagnons Menuisiers du Nord » rue de Naples, est fermée car c’est dimanche. Vers 15h30, le feu se déclare dans l’entreprise. Les riverains alertent les secours. Les pompiers arrivent rapidement et commencent à arroser le foyer. Le feu se propage et les fumées noires sont épaisses.

Document Nord Eclair

Au moment où les sapeurs arrivent à pénétrer dans l’entreprise, on entend des craquements et le commandant donne l’ordre de repli. Un pompier n’a pas le temps de reculer : la façade et une partie de la toiture s’effondrent sur lui. Il est mortellement blessé. Michael Dufermont avait 27 ans.

Document Nord Eclair

C’est la stupeur dans toute l’équipe des pompiers, mais il faut continuer à combattre l’incendie qui risque de se propager aux maisons à proximité, et surtout au dépôt de pneus de l’entreprise « Crépy pneus »

La façade ( Document Nord Eclair )
Le mur de la menuiserie s’est effondré dans l’entreprise  » Crépy Pneus  » (  Document Nord Eclair )

Le feu est maintenant maîtrisé. Mais cette énième victoire contre le feu a un goût amer. Le commandant Bruno Moulard est effondré. Il vient de perdre un de ses hommes. Et pourtant le sinistre n’était pas un feu exceptionnel d’après lui. C’est presque un cas d’école : un local industriel très enclavé, dans un tissu urbain, comme c’est souvent le cas en ville. Le feu a été violent, les poutres métalliques brûlantes ont fait vaciller toute la structure de briques et de béton.

Michel Leminque ( Document Nord Eclair )

« Les Compagnons Menuisiers du Nord » est une SCOP : une coopérative dont le capital appartient aux ouvriers. C’est « leur » entreprise. La menuiserie a été créé en 1985. Michel Leminque, le gérant, est particulièrement choqué par le désastre, mais ce n’est rien par rapport à la mort de ce jeune pompier.

Michael Dufermont ( Document Nord Eclair )

Michael Dufermont avait 27 ans. Il devait se marier en Juin avec sa compagne Cécile Huygue qui attend son enfant pour le printemps. Quelques jours plus tard, a lieu la cérémonie, empreinte d’émotion, à l’église Saint Pierre de Croix. Daniel Vaillant, le ministre de l’intérieur et Noël Dejonghe le directeur de la SDIS ( Service Départemental d’Incendie et de Secours ) ont surtout mis en avant l’altruisme, la générosité et la motivation de Michael Dufermont.

Photos BT

Michael est en quelque sorte, un compagnon du devoir et, les Compagnons Menuisiers savent bien ce que ce mot veut dire.

Quelques temps après, une plaque est apposée sur la façade de la menuiserie. Elle y figure encore de nos jours.

Remerciements aux Archives Municipales.

N° 1 boulevard de la République

Le N° 1 du boulevard de la République, est le premier bâtiment que l’on aperçoit, quand on arrive du Pont Saint Vincent, par la rue d’Alsace, en direction de Tourcoing.

( Photo BT et document P. Simoens )

Cet immeuble, assez imposant, sur 4 niveaux ( 1 rez-de-chaussée et 3 étages ), se trouve à l’angle du Boulevard d’Armentières. Le début de la construction date de 1878. En 1885, la brasserie Pollet-Jonville, sise au 52 rue de l’Espérance, se porte acquéreur du bâtiment, pour y créer un estaminet, car l’emplacement est idéal.

Estaminet Buyse en 1906 ( document collection privée )

Divers commerçants se succèdent alors pour gérer le café tenu par la brasserie : H. Liénard en 1900, Mlle Buyse en 1906, Ch Baillon en 1914, J Delbecq en 1928. En 1932, un incendie ravage une partie du commerce. La brasserie propriétaire des lieux qui s’appelle désormais Pollet-Watine, demande à l’entreprise d’André Dussart d’effectuer les travaux de rénovation. Ensuite, Mme Mullier gère le café à partir de 1937. Après la seconde guerre mondiale, Mlle Renée Desmul reprend le commerce, et le transforme en parfumerie-papeterie.

Publicité 1946 ( Document collection privée )
Publicité 1948 ( Document collection privée )

Renée Desmul s’occupe donc de 2 commerces différents, sous le même toit ; des articles de parfumerie de grandes marques, des produits de beauté d’instituts parisiens, mais également des articles de papeterie : crayons, stylos, cahiers. A la fin des années 1950, le commerce de parfumerie-papeterie est géré par Mme Vve Dumonteil, et peu de temps après, par G Pinchart. Au milieu des années 1960, Amédée Henon-Doye reprend le point de vente, mais abandonne les articles de parfumerie, pour ne se consacrer qu’à son commerce de librairie-papeterie. Christian Pezellier rachète l’immeuble en 1979. Le rez de chaussée commercial est occupé en 1982 par un fournituriste de bureau : Buro-Service et, en 1987, par une agence de travail intérimaire : Flandres Interim.

Travaux de 1989 ( document archives municipales )

En 1989, le propriétaire entreprend de gros travaux de rénovation du bâtiment, et, après quelques mois, en 1990, la façade est entièrement rénovée : le résultat est magnifique. Le rez de chaussée peut être remis en location.

Document archives municipales 1990

Au début des années 2000, une agence immobilière s’installe : Valeurs sûres.

Document Google Maps 2008

Puis au début des années 2010, lui succède un salon de coiffure : L’esprit coiffure.

Document Google Maps 2011

En 2014, Philippe Simoens, gérant de l’entreprise Arliane, ( diagnostic immobilier ), dont les bureaux sont installés au 25 rue d’Alsace, souhaite déménager pour trouver un meilleur emplacement, plus spacieux . Il déménage ses locaux au rez de chaussée du 1 Bld de la Republique

Photo BT

Philippe Simoens rachète l’immeuble en 2018 et demande à son architecte de transformer la salle d’accueil pour en faire un lieu plus accueillant, plus chaleureux et sympathique.

Documents P Simoens

Remerciements aux archives municipales et à Philippe Simoens

Pelotes de Laine, chaussettes et vinyles.

Henri Bausier est commerçant. Il gère un commerce Phildar, à Tourcoing, dans les années 1950. Il devient dépositaire Pingouin-Stemm, en 1960, et s’installe à Roubaix au 3 rue Pierre Motte. C’est un endroit idéalement bien placé, car situé dans une artère très commerçante de la ville, à 10 mètres de la Grand-Place. Le 3 rue Pierre Motte est un ancien café-friture, qu’Henri fait transformer en magasin de détail des produits Pingouin-Stemm, qui sont, bien sûr, les célèbres marques de la  »Lainière de Roubaix », leader en pelotes de laine Pingouin et en chaussettes Stemm.

Façade ( documents archives municipales )

 

Publicités ( documents collection privée )

Il fait construire un mur de séparation à l’intérieur, entre le couloir et le magasin, de façon à ce que les propriétaires du bâtiment, les deux sœurs Victorine et Jeanne-Alphonsine Van Weynsberger, puissent regagner leur habitation à l’étage, sans devoir traverser le magasin. Les travaux sont confiés à l’entreprise d’Isidore Baseotto à Tourcoing.

Ouverture du magasin ( document Nord Eclair Nov 1960 )

L’ouverture a lieu début Novembre 1960. Les roubaisiens découvrent un magasin accueillant et chaleureux : les comptoirs sont en laque, les pelotes de laine aux coloris infinis sont exposées sur toute la longueur du mur, les chaussettes sont vendues en libre-service. L’inauguration se fait en présence de Mr le maire, Victor Provo. Pendant toute la semaine d’ouverture, Henri Bausier offre des louis d’or, à la clientèle, par tirage au sort.

Henri Bausier dans son magasin ( document JJ Bausier )

Le démarrage de l’activité est satisfaisant. Henri Bausier est bon commerçant, très sensible au service apporté à la clientèle, et passionné par la publicité qu’il utilise très régulièrement, dans la presse locale.

( documents Nord Eclair )

Henri développe ensuite une gamme de produits complémentaires : les bas, collants, cravates, les tapis Pingouin à faire soi-même et également les machines à tricoter. Gisèle, son épouse, lui apporte une aide précieuse à la tenue du magasin et à l’accueil de la clientèle principalement féminine. A côté de son magasin, au 1 bis, se trouve une mini-cave. Henri Bausier connaît bien son voisin M Delepierre, commerçant en légumes. Les deux hommes vont créer ensemble, un commerce de tricots, pour distribuer dans ce point de vente, des produits de la marque Rodier en 1967, à l’enseigne  »Jeune ».

Le magasin  »Jeune » au 1 bis – Façade et intérieur ( documents JJ Bausier)

Henri Bausier confie à son fils, Jean-Jacques et à une jeune vendeuse, la gestion du magasin. Le succès n’est pas vraiment au rendez-vous, car les tricots Rodier sont peut-être un peu trop haut de gamme pour les roubaisiens. Ils décident donc d’arrêter leur activité en 1968. Jean Jacques Bausier a 20 ans ; jeune et passionné de musique, il propose à son père d’ouvrir un magasin de disques vinyles dans cette cave qui est un endroit plutôt sympa pour les jeunes. La façade extérieure est en bois ; 7 marches seulement sont nécessaires pour descendre au niveau intermédiaire ; 3 petites pièces se succèdent sur toute la longueur du magasin ; le plafond est en lambris acajou vernis. L’ouverture de la  »Discocave » a lieu, cette même année : 1968.

( document collection privée )

Jean Jacques se spécialise en musique Pop, Rock, Variétés. La vente se fait essentiellement en disques vinyles et surtout en 33 tours. Les deux hommes communiquent alors ensemble, par des publicités communes pour les deux magasins, dans la presse locale.

Publicités communes ( documents Nord Eclair )

En 1973, le succès aidant, Henri et Jean-Jacques décident d’ouvrir un second magasin de disques, dans le tout nouveau centre commercial Roubaix 2000. L’enseigne sera : Discocave 2.

Discocave 2 à Roubaix 2000 ( documents JJ Bausier et Nord Eclair )

Le père et le fils se relaient pour assurer une présence permanente, dans les deux magasins de disques. Jean-Jacques est spécialisé en musique Pop Rock. Henri préfère plutôt la variété française.Le magasin Discocave 1 ferme ses portes, en 1977, car Jean Jacques Bausier choisit une autre orientation pour sa carrière et part dans le domaine des photocopieurs. Henri continue le magasin Discocave 2, jusque la fin du centre commercial Roubaix 2000. Il continue ensuite de gérer son magasin Pingouin Stemm de la rue Pierre Motte avec son épouse, jusqu’au milieu des années 1980, date à laquelle ils prennent une retraite bien méritée.

Henri Bausier ( document JJ Bausier )

Remerciements aux Archives Municipales, et à Jean Jacques Bausier.

Un abattoir à Roubaix (fin)

Du centenaire à la disparition

L’abattoir vient de fêter le centenaire de sa construction quand le constat est fait de sa vétusté et de l’impossibilité d’une réfection totale de ses locaux car il est à présent situé quasiment en centre ville. Un projet de nouvel abattoir coûtant trois millions de francs est à l’étude. On pense à l’implanter en lieu et place de l’ancien dépôt de tramways rue de Mascara au Laboureur devenu propriété communale. La voie de chemin de fer toute proche est un argument pour cette implantation. Finalement en 1974, par arrêté du préfet, les abattoirs de Roubaix et Tourcoing sont condamnés, ils ne feront pas partie de la liste des neuf abattoirs du nord qui subsisteront à savoir Dunkerque, Hazebrouck, Valenciennes, Saint Amand, Douai, Avesnes, Maubeuge, Caudry et Lille.

Dernières images de l’abattoir Photo NE

Tous les abattoirs non autorisés doivent cesser de fonctionner au plus tard dans les quatre ans (1978 pour Roubaix et Tourcoing) avec une prime incitative pour fermeture de 334.160 francs. Il est vrai que les tonnages abattus étaient en baisse. Le reclassement du personnel est prévu : 22 personnes à Roubaix iront dans d’autres services, d’autres sont proches de la retraite, d’autres iront à Lille, ce sont principalement des chevillards.

Le lycée professionnel rue Lavoisier Photo VDN

L’abattoir fut démoli en 1978 et on établit sur son emplacement un lycée d’enseignement professionnel, dont la construction démarra en décembre 1978 pour s’achever en novembre 1980. Cet établissement propose aujourd’hui des filières vers un CAP ou un Bac pro dans les domaines de la restauration ou des services à la personne. La fonction de l’établissement jouxtant la Place ayant changé, le nom de la Place en fit autant : elle fut rebaptisée Place Jean Baptiste Clément, du nom de l’auteur du « Temps des cerises » le 28 février 1979.

Le lycée a remplacé l’abattoir plein centre de la photo Vue IGN 1982

Square des platanes 1952

Le platane commun est largement utilisé comme arbre d’alignement pour orner les places et les rues, nous dit le dictionnaire. Ce sont des arbres qui supportent bien l’élagage et les conditions de vie en milieu urbain.

Le square des Platanes en 1951 doc IGN

Pas une commune en France qui n’ait son square ou sa rue des platanes. Pour Wattrelos, le square des platanes établit la jonction entre la rue des poilus, et se séparant en deux voies avec vers la gauche l’avenue Henri Carrette, et vers la droite se scinde en deux vers la rue des fossés et une dernière dérivation en impasse. Vu du ciel, ce square présente la forme d’un arbre.

Le chantier de 1952 Doc NE

C’est en mai 1952 qu’on apprend par voie de presse que la société de HLM La Maison Roubaisienne, créée en 1925 et basée rue de Roubaix à Tourcoing, réalise un ensemble de douze maisons le long des voies du square des Platanes. L’article annonce la bonne tenue du chantier. Ces maisons sont placées sous le régime de l’accession à la propriété et seront sans doute occupées en octobre.

Le square des platanes aujourd’hui doc google maps

Elles se répartissent de la manière suivante : deux maisons juste avant la branche gauche qui rejoint l’avenue Henri Carrette. Juste en face trois autres maisons. Puis dans l’impasse formée par le square des Platanes, cinq autres maisons, trois d’un côté et deux de l’autre. Enfin les deux dernières se situent après l’impasse, sur la droite, dans la partie qui rejoint la rue des fossés.

Il n’y a plus de platanes dans le square. De fait on les trouve maintenant sur le terre plein de l’avenue Henri Carrette.

Un abattoir à Roubaix (suite)

Cet abattoir fut agrandi plusieurs fois (1894, 1908 et 1925), modernisé en 1899 et équipé de chambres froides en 1919. Cette année là, un peu partout, les municipalités des grandes villes installent des services frigorifiques pour maintenir les produits congelés importés à basse température jusqu’au moment de leur consommation. Roubaix ne fait pas exception. Un projet d’installation pouvant abriter 200 tonnes de viandes est examiné. Il s’agirait de transformer une écurie de l’abattoir en un frigorifique et en une anti chambre de décongélation. La salle des machines serait établie sur un petit terrain libre à côté dépendant de l’abattoir.

Le quartier se développe autour de l’abattoir. Parmi ses riverains, on trouve deux tailleurs, deux estaminets, dont l’un s’appela un temps A la vache d’or, et bien sûr deux bouchers. La Place de l’Abattoir reçut sa disposition actuelle en 1925 : elle fut composée de deux terre-pleins plantés de tilleuls argentés, agrémentés de bancs pour les promeneurs, et elle fut alignée en son centre avec la rue de l’abattoir (future rue Léon Allart).

L’abattoir des années trente CP Méd

À cette époque, l’Abattoir communal est ouvert de 6 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures, du 1er Avril au 30 Septembre. De 7 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures, du 1er Octobre au 31 Mars. L’établissement est fermé les dimanches et jours de fêtes.

L’abattoir accueille un grand nombre de professions : bouchers, charcutiers, chevilleurs, tripiers, fondeurs de suif et leur accès est sévèrement réglementé. MM. le Vétérinaire Inspecteur de l’Abattoir, le Directeur du Bureau d’Hygiène et le Commissaire Central de Police, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du règlement.

L’Administration Motte avait projeté en 1909 la construction d’un nouvel abattoir aux Trois-Ponts près du Tir National. Ce projet avait plusieurs gros inconvénients : il portait préjudice au commerce du quartier. Trop éloigné du centre, il perdait une partie importante de sa clientèle de bouchers qui se seraient rendus aussi rapidement à Lille ou à Tourcoing. D’où augmentation de dépenses et diminution des recettes.

L’abattoir modernisé CP Méd Rx

En 1925, on fait le choix de la modernisation. Les travaux vont pourvoir l’abattoir d’un outillage moderne et des perfectionnements pour l’hygiène : aqueducs, eau saine et abondante sous forte pression, lumière électrique dans les halls d’abattage, échaudoirs lambrissés en grès émaillés, monorails avec crocs ou baquets suspendus pour le transport, augmentation du nombre de pendoirs, salles de grattage et de dégraissage conformes aux exigences de l’hygiène, écuries, étables, bergeries, vestiaires et lavabos pour le personnel. Partout de l’air et de la lumière. Les recettes, loin de diminuer vont augmenter. Double bénéfice pour la Ville. Et pas de perte pour le commerce du quartier. L’abattoir sera complètement modernisé en 1928.

 

La rue d’Alger, une longue rue pour une longue histoire

Un plan de 1867 ne montre au Nord-Est de Roubaix que des terres à labour dépendant des fermes de Garcigny, dans la quartier de Beaurepaire, de la Bourde à l’emplacement du Cimetière et de la Vigne, sur le chemin de Cartigny, le tout situé entre le canal projeté et la limite de Wattrelos. C’est pourtant l’époque où la place se fait rare pour implanter les usines nouvelles et, dans la première moitié des années 1870, les pouvoirs publics tracent sur ces terres des voies pour structurer un nouveau quartier. C’est ainsi que naît la rue d’Alger, longue voie tracée au cordeau pour former l’épine dorsale de la zone placée à l’extérieur du canal, entre la rue d’Avelghem et du Hutin à l’autre extrémité. Le rue est viabilisée à la fin des années 1880.

Plans de 1871 et 1884

 Elle est ouverte en plusieurs tronçons successifs et les terrains qui la bordent ne tardent pas être vendus, notamment à des industriels, avant que les constructions s’y élèvent. La rue prend alors un caractère ouvrier et industriel, typique de l’époque du développement de Roubaix au 19e siècle. On y remarque avant la première guerre au 30 la filature de coton Etienne Motte, le Peignage Amédée Prouvost au 178, le tissage Bonnel frères au 230, le tissage Dubar-Delespaul au 292, plus tard Pennel et Flipo, et, côté impair, au 101 la société anonyme de peignage, et au 121 la société des huileries de Roubaix.

Photo IGN 1962

Entre ces usines, l’espace est tenu par des habitations ouvrières, alignées en front à rue ou disposées en courées, auxquelles on accède, venant de la rue, en traversant un passage couvert. Ces habitations sont souvent construites par séries appartenant à un même propriétaire, qui peut être un des industriels qui s’implantent dans la rue. C’est ainsi qu’à l’origine, toutes les maisons entre la Grand Rue et la rue d’Avelghem appartiennent à André Meillassoux.

Photos D.Labbe

On trouve peu de commerces dans la rue, exceptés les inévitables estaminets, indissociables des zones industrielles. Ils sont souvent implantés au coin des rues. En 1913, on compte six estaminets sur les sept maisons situées entre les numéros 31 et 49, autour de la rue du Congo, quatre sur quatre entre les rues d’Oran et de Constantine, pour une trentaine au total dans la rue. Le consommateur avait le choix  !

Les maisons individuelles sont présentes par séries en particulier entre les rues d’Avelghem et la grand rue, entre les rues de Cartigny et d’Oran. Plus loin, elles partagent l’espace à parts égales avec des entreprises. Celles-ci sont d’ailleurs plus modestes dans la deuxième partie de la rue, bien qu’on trouve tout au long de la rue des ateliers et des entreprises commerciales de taille moyenne.

A partir des années 60, l’industrie textile périclite et les usines ferment les unes après les autres. D’autres entreprises les remplacent et le style de la rue évolue petit à petit en perdant son caractère de grosse industrie. Peu à peu en effet, les anciens locaux sont repris pour partie par diverses entreprises du tertiaire, souvent à cause des capacités de stockage qu’elles représentent.

Photo D.Labbe

Les collectivités locales rachètent certaines friches : le tissage Motte, au 30 de la rue, est démoli et fait place au Lycée Jean Rostand et au Collège Samain, la propriété Meillassoux au Foyer des jeunes travailleurs.

Au fil du temps, les entreprises et divers organismes se succèdent et voisinent au fur et à mesure sur les espaces qui se libèrent. C’est ainsi que, dans les années 60, après le foyer des jeunes travailleurs on trouve une chapelle et un dispensaire.Au 83 la « division technique du centre administratif et et technique interdépartemental de Lille », au 121 « la Chimie dans l’Agriculture », un fabricant d’engrais qui voisine avec un fabricant de lessives, les établissements Lestarquit. Toujours au 121, France Pigments, un autre fabricant, ainsi que les transports Wenderbecq. Au 331 H. Parent pratique la mécanique générale. Côté pair, au 30 toujours les établissements Motte et Compagnie, entreprise en fin de vie qui partage l’espace avec la manufacture des deux gendarmes, linge de table, la société Anonyme Amitex, bonneterie, et les fils d’Albert et Eugène Motte société anonyme, bonneterie. Au 230 les établissements Galland fabriquent des rubans, et, à la même adresse, les « cours professionnels roubaisiens ». Au 292 on retrouve Pennel et Flipo qui poursuivent encore pour un temps leurs activités.

Année après année, sociétés et commerces plus ou moins prospères continuent de s’installer, puis, souvent, de quitter la rue. Cette évolution a plusieurs fois été commentée lors des ateliers mémoire du quartier Echo. où l’on a évoqué notamment le café-mercerie-épicerie Leclercq, sur le coin de la rue d’Avelghem, le café, connu sous le sobriquet du «  roi du Couscous », au coin de la rue du Congo, l’épicerie Chez Marie, au 33, chez qui les gens déposaient leur liste avant le travail à 5h et allaient reprendre leur marchandise à 13H. La même opération se répétait pour l’équipe suivante : C’étaient les « Drives in » avant la lettre. Il y fut question aussi du vendeur de palettes situé au bout de la rue, juste avant la route de la laine, des marchands forains d’articles ménagers du 61, et de beaucoup d’autres….

Avec le temps, les repreneurs se font plus rares, les bâtiments industriels sont progressivement abandonnés, et les friches industrielles se multiplient. La rue, qui n’avait connu pour horizon que des murs de briques noircies par les fumées des usines découvre, avec les démolitions qui se répètent, de vastes espaces, en particulier vers le bout de la rue, où s’installe une végétation plus ou moins sauvage.

Photos Google

La rue semble aujourd’hui en attente d’un renouveau après des années d’intense activité, à l’image d’une bonne partie du secteur nord-est de Roubaix.

Les documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.