Les banques de l’avenue Jean Lebas

La rue de la Gare est percée en 1882, en vue de relier directement la Grand’Place à une nouvelle gare de voyageurs, l’ancienne ne correspondant plus à l’importance qu’a pris la ville de Roubaix. L’année suivante, l’avenue de la Gare est viabilisée et reçoit un revêtement de pavés. Dès 1885, des constructions s’élèvent et la nouvelle avenue est rapidement bordée d’immeubles.

La nouvelle gare située à son extrémité est ouverte en 1888. En 1927, l’avenue reçoit un nouveau pavage à l’occasion du renouvellement des voies de tramway. Vingt ans plus tard, le conseil municipal décidera de lui donner le nom de Jean Lebas et une nouvelle vingtaine d’années plus tard un petit terre-plein central séparera les voies de circulation.

Percement de la rue en 1882 et vue générale de la rue au début du vingtième siècle (Documents BNR)

Installation fin dix-neuvième et début vingtième siècle

Dès la fin du 19ème siècle l’avenue de la gare devient rapidement l’adresse de prestigieux immeubles commerciaux, d’entreprises textiles et de maisons de banque. Parmi les premières banques à s’y installer on compte au n°6 le Comptoir de Change de Roubaix-Tourcoing, et M.Naessens et G. Martin, spécialisés en placements boursiers. M. Naessens y est encore répertorié en 1937 mais aucun établissement bancaire n’y figure plus après-guerre.

Publicités du comptoir des changes et de M. Naessens et G. Martin (Documents collection privée)

Se succéderont ensuite à cette prestigieuse adresse des commerces comme les marchands de chaussures Deflou dans les années 1950 et Papillon-Bonte dans les années 1960. Cette enseigne de renommée y restera durant une quarantaine d’années. A ce jour c’est un magasin de chaussures et maroquinerie à l’enseigne Cheryl qui a investi le rez-de-chaussée. Sur une carte postale représentant un jour de festival en 1910 on distingue clairement l’élégant immeuble qui a toujours le même cachet en 1997 et en 2023.

Gros plan d’une CPA de 1910, puis photos de 1997 et 2023 (Documents BNR et Google Maps)

A peu près en face, à la même époque, dans un immeuble beaucoup plus étroit au n° 9 se situe l’agence d’A.Moret et Cie, également spécialisée dans les placements boursiers. A la fin des années 1920, l’établissement est géré par R. Mangin et le reste jusqu’à la moitié des années 1970.

Publicité de 1955 des Ets Mangin (Document Nord-Eclair)

En 1973, la banque fait les gros titres de la presse locale, lorsqu’un convoyeur de fonds se fait braquer en pleine après-midi et se fait arracher sa serviette pleine de billets qu’il amenait dans une autre banque située à quelques mètres de là de l’autre côté de l’avenue.

Braquage d’un convoyeur de fonds en 1973 (Document Nord-Eclair)

Dans la 2ème partie des années 1970, l’établissement change d’enseigne et devient la société de Banque du Nord. A cette occasion la façade du bel immeuble, comme tant d’autres, est « défigurée » au rez-de-chaussée, au nom de la modernisation. La nouvelle agence se veut claire, moderne et avenante ce que démontre la photo de l’accueil.

Croquis de l’ancienne façade et de la nouvelle en 1974 (Document archives municipales)

Façade et accueil intérieur en 1975 (Document Nord-Eclair)

Puis, dans les années 1990, une agence de travail temporaire, la Solerim, prend possession des lieux avant de céder la place 10 ans plus tard au salon de coiffure de Roseliz Cromphout. La façade du salon de coiffure s’intègre à nouveau mieux dans l’architecture ancienne de l’immeuble et l’intérieur revendique élégance, classe et ambiance zen. Aujourd’hui un salon de coiffure occupe toujours les lieux.

La Solerim en 1990 (Document Nord-Eclair)
Le salon de coiffure des années 2000 et celui d’aujourd’hui (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

Quelques mètres plus loin s’installe au n°15-17 le Crédit Lyonnais dans un magnifique immeuble qu’il quitte 20 ans plus tard. En effet, dès 1937, le Comptoir Lainier Roubaisien s’installe au 15 et J.Florin, courtier en laine, au 17. Par la suite l’immeuble sera occupé par le drapier Hallynck puis par une agence de publicité Caribou avant de devenir un cabinet d’avocats puis un centre d’affaires.

La façade du Crédit Lyonnais au 15-17 et une publicité de 1928 (Document BNR et Ravet-Anceau)
La façade du Caribou, du cabinet d’avocats puis du Centre d’Affaires l’Arche (Documents Google Maps)

Quant à la banque, elle emménage alors dans l’immeuble voisin, au 19, où se trouvait auparavant la maison de vente de la chocolaterie confiserie L’Herbier-Bernaert. L’immeuble de caractère est beaucoup moins large en façade mais beaucoup plus profond. Dans les années 1950, le parking de la direction se trouve rue du Général Sarrail et 10 ans plus tard le Centre Administratif Régional du Crédit Lyonnais se trouve du 20 au 34 de cette rue, à l’arrière du bâtiment de l’avenue Jean Lebas.

Publicité de la chocolaterie au début du siècle et photo de la façade en 1963 (Document collection privée et Nord-Eclair)
Publicités du Crédit Lyonnais en 1937, 1955, 1968 et 1975 (Documents Ravet-Anceau)
Plan du bâtiment et photographie du CAR dans les années 1960 plus photo de l’intérieur au service informatique (Documents archives municipales et collection privée)

Dans les années 1990 la façade de l’immeuble avenue Jean Lebas n’a pas changé comme en témoigne la photo ci-dessous. 15 ans plus tard la marque siglée jusqu’alors CL devient LCL suite à un rapprochement entre Crédit Lyonnais et Crédit Agricole. C’est dès lors ce nouveau sigle qui orne la façade.

Façade du crédit Lyonnais dans les années 1990 et en 2022 (Document archives municipales et Google Maps)
Photographies de l’intérieur (Documents site web)

A suivre…

Remerciements à la BNR et aux archives municipales de Roubaix.

Du roller-skate chez Cabour

En 1981, la municipalité décide qu’une partie de la Grand rue ( entre la Grand Place et la place de la Liberté ) va devenir piétonnier.

document Nord Eclair

Ce grand changement satisfait bon nombre de commerçants. Par contre, supprimer la circulation des voitures peut entraîner des conséquences inévitables et graves pour le garage Citroën situé au 29 Grand rue. Ce concessionnaire exclusif, la SA Cabour et J. Vancauwenberghe, doit alors transférer son atelier et son service commercial, dans son deuxième garage rue Racine.

le garage Citroën fermé en 1984 ( document archives municipales )

Après travaux, la Grand rue devient piétonnière en Août 1982 et le garage Citroën reste toujours fermé. En Janvier 1985, un projet d’ouverture d’une piste de roller-skate voit le jour, dans cet ancien garage. Quatre associés : Alain Carré, Jean-Pierre Seri Gnabbe, Robert Delgado et Dominique Bord louent le garage à la société Cabour, et dans un premier temps l’ensemble du rez de chaussée de 2400 m2.

Les quatre associés ( document Nord Eclair )

Un centre de roller-skate consiste à offrir à une clientèle très jeune, un total de 500 m de pistes de patins à roulettes. On peut y trouver 4 pistes différentes : un circuit d’initiation pour les plus petits, un autre pour les 7 à 12 ans, un troisième pour les grands de 12 à 77 ans et enfin un dernier pour les sportifs.

La réalisation d’une piste de roller à l’américaine, est unique dans la région. Il faut aller à Paris ou à Ostende pour trouver presque aussi bien. L’arrivée de ce centre, destiné à attirer beaucoup de monde dans le centre ville, est alors une très bonne chose !

l’ouverture ( document Nord Eclair )

Le centre de roller-skate ouvre le 6 Février 1985. Le matin, le centre accueille les écoles, et les professeurs de sport sont très favorables à cette activité qui apporte un complément pour l’éducation sportive. L ‘après midi, le centre est ouvert au grand public qui est accueilli par un animateur et un disc-jockey : l’ambiance est chaude, musicale et fondée sur des spots lumineux et colorés. Ceux qui ne font pas de patin, peuvent y trouver 15 jeux vidéo, un bar sans alcool et une piste de danse.

Les 4 responsables de ce centre de roller-skate sont ambitieux et envisagent déjà d’agrandir avec la création d’une salle de hockey sur patin, à l’étage, d’un café de jeunes côté Grand rue, et pourquoi pas des boutiques si l’ouverture sur l’avenue des Nations Unies est possible, par la suite. L’entrée est fixée à 15 Frs plus 10 Frs pour la location des patins, si l’on n’en possède pas soi-même.

Cachet.   Le N° de téléphone est en attente ( document collection privée )
document Nord Eclair

Après un démarrage encourageant l’affaire stagne dès le mois d’Août 1985. Les deux associés restants, Jean-PierreSeri Gnabbe et Alain Carré sont fortement désabusés, car, si au départ 90 à 95 % des clients louaient des patins, ils ne sont plus que 50 % aujourd’hui : les jeunes arrivent avec leurs propres patins sous le bras.

Jean-Pierre et Alain incriminent tour à tour, la presse et la municipalité. La présence de la police municipale devrait rassurer la clientèle mais sa présence constante en arrive à faire craindre une certaine insécurité. La SARL paraît bien mal en point. Les deux patrons estiment qu’on leur met des bâtons dans les roues et qu’on les empêche de travailler. Ils menacent de quitter Roubaix si l’on ne porte pas plus d’intérêt à leur maintien dans la ville.

document Nord Eclair

Au mois de Novembre 1986, un arrêté municipal annonce la fermeture prochaine du roller-skate de la Grande rue. En effet, une décision de la commission de sécurité de la ville constate qu’il n’y a pas d’issue de secours ! La situation financière de la petite entreprise reste très précaire. Le billet d’entrée est d’un prix modeste et un restaurant est en cours d’installation. Il leur est dès lors difficile de trouver des financements car les banques restent frileuses et souhaitent des premiers résultats positifs.

document Nord Eclair

La municipalité reste ferme et intransigeante sur la sécurité. Nous ne faisons qu’appliquer la loi, affirment Mrs Lamaire et Vandierendonck. Certes, cette fermeture tombe au plus mauvais moment, car les jeunes arrivent à Roubaix, et on tente par tous les moyens de structurer et d’animer le centre ville. Le jour même où la police fait appliquer l’arrêté municipal de fermeture, le tribunal de commerce de Roubaix prononce la liquidation du roller-skate. C’en est fini !

Quelques années plus tard, l’intérieur du garage Citroën est complètement rasé, car le projet de la construction de l’Espace Grand Rue arrive à grands pas. De nos jours la façade du garage Cabour existe toujours, l’intérieur étant occupé par une partie de l’immense magasin du Furet du Nord et des bureaux installés sur les deux étages.

la façade de nos jours ( photo BT )

Remerciements aux archives municipales

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La triperie André

André Vaurs est boucher-tripier. Il est installé aux Halles Centrales de Roubaix. A la fin des années 1940, il y occupe l’emplacement N° 86.87. Les affaires commencent à retrouver un rythme normal, en cette période d’après guerre.

Publicité Décembre 1952 ( document collection privée )

En 1955, les affaires d’André Vaurs sont florissantes. En plus de ses deux emplacements 86.87, il développe son affaire en reprenant les parcelles voisines : les N° 84 85 15 19 et 20.

En 1956, les Halles Centrales sont démolies pour cause de vétusté. Tous les commerçants sont priés de quitter les lieux. André Vaurs a l’opportunité de reprendre un local situé au 13 rue Pierre Motte ( juste en face des anciennes Halles ). C’est le commerce de la boucherie-chevaline de M. Hellin Sellier.

( document collection privée )

La surface de 83m2 au sol est très petite et la porte cochère voisine ne lui appartient pas, car il s’agit de l’accès à la réserve du Monoprix voisin ; mais il bénéficie de tout le dynamisme de cette rue très commerçante.

Publicité 1957 ( document Nord Eclair )

André est boucher et spécialisé dans le commerce des abats ; il souhaite donc apposer son enseigne : « Triperie André » sur sa façade. Il développe alors, une gamme de produits très complète : rognons de porc, tripes, foies de génisse, cervelle d’agneau, ris de veau, langue de bœuf, tête de veau, joue de bœuf, parfaitement présentés dans la vitrine réfrigérée.

La nouvelle façade 1962 ( document archives municipales )

Au début des années 1960, les affaires fonctionnent correctement, André Vaurs décide donc d’investir en transformant sa façade en 1962. Après avoir eu l’accord de son propriétaire Jacques Heim installé au 7 rue Pierre Motte, il confie le dossier à Guy Delhaye décorateur à Bully-les-Mines pour mener à bien le projet. André profite de l’occasion de sa réouverture pour communiquer sur les promotions, dans la presse locale.

Publicité 1963 ( document Nord Eclair )

A la fin des années 1960, son fils Jean-Pierre, après ses études de boucher, vient l’aider à la tenue du commerce. En 1975, André prend sa retraite à 65 ans. Il cède son magasin à son voisin Michel Bruffaerts exploitant le Comptoir de la Viande au 45 de la même rue.

Publicité 1976 ( document Nord Eclair )

Michel Bruffaerts ne garde pas longtemps ce point de vente, puisqu’il le céde ensuite à la boucherie chevaline Hippo Nord en 1977.

Publicité 1977 ( document Nord Eclair )

La sévère concurrence des grandes surfaces amène la boucherie chevaline à fermer ses portes à la fin des années 1970. A partir de cette année-là, le commerce ne sera plus jamais, à vocation alimentaire.

Dans les années 1980, s’implantent les sociétés Rainbow Color (Photo) AAAB (Sécurité) et VAK ( sécurité ). En 1989, Fabien Hamès, jeune diplômé en optique, reprend le pas-de-porte du 13 rue Pierre Motte, y fait effectuer les travaux d’aménagement, et ouvre son premier commerce d’optique à l’enseigne Krys.

documents archives municipales et Nord Eclair

Les affaires de Fabien Hamès, aidé par son épouse Nathalie, fonctionnent de façon très satisfaisante. En 1999, le manque cruel de place les incite à changer d’emplacement pour le N° 9 de la même rue ( voir un précédent article sur notre site, intitulé : 9 rue Pierre Motte ).

Vont alors se succéder diverses entreprises au n° 13 : entre autres : en 2008 l’assureur Warhol du groupe GAN, puis en 2010 Humanis.

documents Google Maps

De nos jours le 13 rue Pierre Motte est occupé par un commerce de cigarettes électroniques : Neo Vapo.

Photo BT

Remerciements aux archives municipales

Le fronton Blanchemaille

Rue de Blanchemaille à Roubaix, l’hôpital Napoléon a été construit et inauguré en 1867. Il deviendra par la suite, l’Hôtel Dieu puis l’hospice Blanchemaille.

Plus d’un siècle plus tard, en 1981, l’hospice Blanchemaille est rasé pour cause de salubrité et surtout parce qu’il se situe près de l’emplacement du percement de l’avenue des Nations Unies. Voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : « Nations Unies, dernières démolitions, côté Nord ».

document collection privée

Sur la façade de l’hospice Blanchemaille, se trouve le fronton d’Isabeau de Roubaix, fille de Pierre de Roubaix. Une œuvre magnifique de 1867 du sculpteur Charles Iguel ( 1827-1897 ) qui a su rendre, par son œuvre, à Isabeau de Roubaix, une figure féminine douce et sereine.

Le fronton représente Isabeau de Roubaix, entourée de ses pauvres et des déshérités. Elle a fondé l’hôpital Sainte Elisabeth en posant la première pierre en 1488. Isabeau est représentée en train de donner aux malades la charte de l’hôpital.

document Nord Eclair

Le fronton est l’un des éléments les plus caractéristiques et les plus artistiques de cette façade. En 1981, on étudie donc la possibilité de sauver cette partie du bâtiment de la démolition. Cet élément pourrait ainsi être descellé et installé ailleurs, comme par exemple, posé sur un porche aménagé sur le mail planté de l’église Notre Dame. Une étude financière et technique est lancée.

La démolition de l’hospice Blanchemaille ( document Nord Eclair )

Une association regroupant notables, industriels et entreprises roubaisiennes est créée pour qu’Isabeau puisse être sauvée, avant que l’oeuvre ne termine à la décharge. L’association présidée par Francine Mulliez réunit la coquette somme de 225.000 F pour sauvegarder ce patrimoine roubaisien. Le fronton Blanchemaille est sauvé !

Le triangle de pierre de plusieurs tonnes est démonté, gardé dans un local municipal en attendant de trouver l’endroit idéal. Pendant plusieurs mois, il est stocké dans une sombre pièce municipale, pendant que Didier Schulmann conservateur du musée de Roubaix essaie de le replacer dans la commune, mais en vain.

Les jardins des nouveaux bâtiments de la CAF (Caisse d’Allocations Familiales), qui remplacent les anciens locaux du 7 de la Grande rue, construits boulevard Gambetta à l’ancien emplacement de la caserne des pompiers, lui offrent une occasion rêvée.

document Nord Eclair

Les services municipaux commencent alors l’entretien du fronton. Il est nettoyé, rafraîchi et remonté. On crée une toiture en zinc qui est posée sur toute la partie supérieure du triangle, de façon à le protéger des intempéries.

Un haut relief est prévu récapitulant les 41 souscripteurs qui ont financé les travaux.

document archives municipales
document archives municipales

Le fronton trône désormais sur une poutre en béton posée sur 4 piliers habillés en pierre bleue de Soignies, plantés sur un coin de pelouse de ce terrain qui appartient à la C.A.F.

L’inauguration du fronton a lieu le 23 Septembre 1987 à 15h, sur place, dans

les jardins de la nouvelle caisse boulevard Gambetta, en présence d’ André Diligent sénateur-maire, de Francine Mulliez présidente du comité de souscription et de Louis Vancapernolle président de la C.A.F. de Roubaix.

documents Nord Eclair

André Diligent sénateur maire prend la parole. Il fait appel au mécénat et à la fibre roubaisienne pour sauver le patrimoine culturel de la ville.

Francine Mulliez remercie les donateurs et enlève le voile du fronton en présence d’une nombreuse assistance.

Pierre Boisard, président national de la CAF coupe le cordon d’inauguration.

Le fronton veille désormais à travers les vitres fumées de la CAF sur les guichets informatisés.

Les bureaux de la Caisse sont d’ailleurs fermés ce jour pour cet événement. Un chahut est organisé par une cinquantaine de cégétistes qui décident d’ajouter leur gain de sel à la cérémonie et viennent troubler le moment.

Les 27 maires des communes desservies en prestations familiales de la CAF de Roubaix sont également présents. Les 27 municipalités représentent 83.000 allocataires.

Il y a à Roubaix, des gens capables de générosité pour sauver le patrimoine de la ville, une générosité qui permet de sauver ce fronton et de lui offrir au sein de la cité textile, la destinée pour laquelle il a été sculpté.

Cependant, il est dommage de constater que malheureusement aujourd’hui, le monument est en piteux état car il n’est plus du tout entretenu depuis quelques années . . .

Photos BT 2023

Remerciements aux archives municipales.

Nord-Eclair (Suite)

Dès 1979, Nord-Eclair quitte définitivement la Grand’Rue car les services de la rédaction, responsable des pages de Roubaix et environs, et de la publicité locale du journal, ainsi que le personnel chargé de recevoir les petites annonces, s’installent sur la Grand’Place plus exactement à l’angle de l’avenue Jean Lebas et de la rue du Vieil Abreuvoir, dans un immeuble jusqu’ici occupé par la Banque Populaire du Nord.

Il est à noter que l’agence Havas Voyage auparavant installée dans les locaux de la Grand’Rue suit Nord-Eclair dans le déménagement. Ses hôtesses accueilleront dorénavant le public au rez-de-chaussée du nouvel immeuble.

Dernières Photos de Nord-Eclair Grande-Rue à la fin des années 1970 (Document archives municipales)
Les nouveaux locaux de Nord-Eclair avenue Jean Lebas en 1979 (Document archives municipales)
Photo couleur des années 1980 (Document archives municipales)

Les anciens locaux mythiques du 63 au 75 Grand’Rue seront ensuite occupés par l’office public de Roubaix des HLM à compter de 1985 puis Roubaix Habitat. Jacques Demey, ancien patron du Journal de Roubaix, toujours propriétaire des murs jusqu’alors, leur a en effet vendu sa propriété qui donne à la fois Grand’Rue et rue du Collège. A partir de 2013, les locaux seront ensuite investis par Paris Store, épicerie et super marché asiatique, société toujours présente de nos jours.

L’office public des HLM de Roubaix achète les anciens locaux de Nord-Eclair (Document Nord-Eclair)
Roubaix Habitat en 2008 puis Paris Store en 2013 dans les anciens locaux de Nord-Eclair Grand’Rue (Document Google Maps)
Les locaux installés par Paris Store à la place de Nord-Eclair Grande-Rue (Documents archives municipales)

En 1989, un permis de démolir est déposé pour mettre à bas la cheminée, inutilisée depuis de nombreuses années, de l’ancienne usine Lestienne, dans la rue du Caire. Par manque d’entretien, la maçonnerie en briques présente en effet de nombreuses fissures et quelques éléments sont abimés par l’érosion, ce qui constitue un danger pour les bâtiments qui l’entourent.

Permis de démolir sollicité pour la cheminée en 1989 (Document archives municipales)

En 1995, une équipe de journalistes de Nord-Eclair reçoit le prix de la presse écrite décerné par la Fondation Mumm pour son enquête collective intitulée : « Le scandale du chômage des jeunes ». Son jury est alors composé de très grands noms de l’histoire de la presse française à savoir, entre autres : Françoise Giroud, Jean d’Ormesson, Christine Ockrent, Claude Imbert et Yvan Levaï. C’est ce dernier qui remet le prix à André Farine, directeur de la rédaction, entouré par des journalistes.

La remise du prix (Documents Nord-Eclair)

En 2001, Nord-Eclair annonce le transfert de son siège social au n°42 de la rue du Général Sarrail, dans un grand immeuble situé au coin de la rue de l’Hospice ayant précédemment abrité autrefois les Ets Leclerc-Dupire puis plus récemment entre autres la CIRPS (Caisse Interprofessionnelle de Retraite et de Prévoyance pour les Salariés).

Transfert du siège social (Document Nord-Eclair)
Photos du bâtiment de la rue Sarrail (Documents Google Maps)

Quant à l’impression du journal celle-ci dure pendant plus de 25 ans rue du Caire. Puis un rapprochement a lieu avec la Voix du Nord avec la mise en commun des moyens informatiques avant le départ de l’impression, à partir de 2005, sur les rotatives de la Voix du Nord à Mons-en-Baroeul, dans la zone de la Pilaterie.

La Voix du Nord à la Pilaterie en 2008 (Documents Google Maps)

Nord Print a en effet dû fermer ses portes, n’ayant pu rivaliser avec la concurrence, malgré une baisse des tarifs pour tenter de retenir sa clientèle, face au montage en Belgique par les italiens d’imprimeries pratiquant du « dumping » (vente à des prix inférieurs à ceux du marché). Son chiffre d’affaires de 2002 à 2005 a de ce fait subi une véritable dégringolade, passant de 10,5 à 4,2 millions d’euros.

Presse Nord, la société qui édite le titre Nord-Matin est radiée du registre du commerce et des sociétés 2 ans plus tard en 2007. Quant à Nord-Eclair le journal devient alors une simple édition supplémentaire de la Voix du Nord : code rouge pour Nord-Eclair et code bleu pour la Voix du Nord.

Les locaux de la rue du Caire sont alors laissés à l’abandon pendant 10 ans jusqu’aux travaux de démolition de 2015. Le site, qui s’étend sur 2,6 hectares, a en effet été racheté en fin 2011 par l’EPF (Etablissement Public Foncier) et l’ancienne construction doit être rasée pour y aménager un nouveau quartier d’activités mixtes et d’habitat.

Les locaux à l’abandon (Documents GraphiLine, Nord-Eclair et collection privée)

Mais en 2011, c’est l’annonce malheureusement pressentie depuis quelques années à savoir la fusion des rédactions de la Voix du Nord et de Nord-Eclair d’ici un an. En additionnant les compétences et en fédérant les contenus, les 360 journalistes vont dorénavant publier deux quotidiens : la Voix du Nord et Nord-Eclair. Ces titres papiers auront leur version numérique à terme pour les tablettes.

Le réaménagement des locaux lillois de la Voix du Nord est prévu afin de pouvoir accueillir les équipes fusionnées et une salle de rédaction capable de produire du contenu web, papier, radio et TV : la fin d’une époque…Le vieillissement du lectorat, donc la chute des ventes et des abonnés, parallèlement à une structure de coûts trop lourde ont eu raison du 2ème quotidien régional. Nord-Eclair ne vend plus alors que 25.000 exemplaires, soit un quart du tirage de la grande époque, et ne compte plus que 55 journalistes.

Aujourd’hui, et depuis 2018, après cinq années passées dans le quartier de l’Union à Tourcoing, la rédaction de Roubaix-Tourcoing a réinvesti le cœur des deux villes. Le bureau principal de la rédaction se situe désormais à l’Eurotéléport, au 84, boulevard du Général-Leclerc à Roubaix, et le bureau secondaire à côté de la gare de Tourcoing. Seize rédacteurs composent cette rédaction qui propose les éditions roubaisienne et tourquennoise de La Voix du Nord et de Nord éclair.

Le bâtiment de la rédaction des 2 journaux bd Leclerc (Document Google Maps)

Article dédié à André Delmée, salarié de Nord-Eclair pendant la quasi totalité de sa carrière.

Remerciements aux Archives Municipales de Roubaix

Fraignac, l’opticien de la Grand Place

Elie Fraignac est né dans le Cantal en 1877. Il se marie en 1908 avec Louise Denneulin née à Lille en 1885. Elie et Louise décident de reprendre un commerce. Ils portent leur choix sur un commerce d’optique au 20 bis de la Grand Place à Roubaix, car le père de Louise, François Denneulin était opticien.

Elie et Louise Fraignac ( document JM Fraignac )

C’est un commerce idéalement bien placé au début des années 1900. Cette partie de la Grand Place est dans le prolongement de la rue Pierre Motte, entre la rue du Château et la rue Jeanne d’Arc, à deux pas des Halles. C’est une bâtisse imposante, construite sur 4 niveaux . Au rez de chaussée se trouvent le commerce et l’atelier et l’habitation dans les étages. Leurs proches voisins sont également occupés par des commerces : le tailleur Devlaminck et les tissus Aubanton.

document archives municipales

A l’époque, on parle davantage de lunetier que d’opticien, qui conseille sur l’achat de binocles destinés à corriger les défauts et déficiences de la vue. Louise s’occupe du commerce et de la vente. Elle conçoit dans son atelier, la fabrication des lunettes à partir de verres minéraux qu’elle axe, découpe, taille à la meuleuse et insère dans la monture.

binocles ( document JM Fraignac )

Quant à Elie, il s’occupe de l’administratif du commerce mais est également employé de Mairie car il délivre les reçus de loyers des logements de la loi Louis Loucheur.

Les affaires fonctionnent très correctement, car au début des années 1910, on ne recense que 6 opticiens ( dont Fraignac-Denneulin ) à Roubaix ! Elie développe l’activité du commerce, en ajoutant des gammes complémentaires : baromètres, jumelles, boussoles, règles à calcul, balances mais également des produits beaucoup plus techniques comme des tubes éprouvettes, des ballons en verre, destinés aux laboratoires des usines textiles et aux collèges techniques. Le commerce se spécialise alors, en optique médicale, scientifique et industrielle. Toujours vêtu de sa grosse blouse de travail grise, ( la tenue traditionnelle des Auvergnats ) Elie s’occupe de la réception des fournisseurs, répare les baromètres, jumelles, etc .

Elie et Louise ont trois enfants, Marie-Thérèse née en 1912, Jean en 1914 et Jacques en 1922. A la fin des années 1930, Jean et Jacques apprennent le métier d’opticien avec leurs parents. Quant à Marie-Thérèse, elle préfère s’orienter vers d’autres domaines.

la façade ( document JM Fraignac )

Sur la photo ci-dessus, on distingue sur la façade du magasin à droite de la porte d’entrée le thermomètre vertical qui indique la température aux roubaisiens. Jean Fraignac qui se trouve sur le pas de la porte, installe souvent en vitrine, de superbes objets : des lunettes astronomiques, des jumelles, et même un magnifique baromètre-étalon accroché en permanence dans la vitrine de gauche.

jumelles de théâtre en nacre et son étui brodé ( document JM Fraignac )
baromètre ( document JM Fraignac )
buvard années 1950 ( document collection privée )

Elie décède en 1952, et son épouse Louise en 1954. Leurs deux fils Jean et Jacques s’associent alors en 1955, pour créer « Fraignac-Frères », et continuer l’activité. En 1966, la municipalité décide d’agrandir la Grand Place. Les maisons situées entre la rue du Château et la rue Jeanne d’Arc seront détruites ( voir sur notre site, un précédent article édité et intitulé « Une partie de la Grand Place disparaît » ). Jean et Jacques Fraignac sont alors expropriés. Fort heureusement, le local du commerce de tissus de Marcel Loucheur au 26 de la Grand Place se libère.

le commerce de tissus de Marcel Loucheur en 1966 ( document archives municipales )

Les deux frères achètent le commerce et déposent un permis de construire pour modification de la façade. Ils font appel à l’architecte Marcel Spender pour la direction technique des travaux, qui leur propose de déplacer latéralement une des deux vitrines et de poser une porte de service extérieure, pour pouvoir accéder directement aux étages. Après les travaux, l’optique Fraignac déménage donc au 26 de la Grand Place, en 1967.

le projet de l’architecte ( document archives municipales )
publicité 1967 ( document Nord Eclair )
la nouvelle façade ( document JM Fraignac )

Dans les années 1960-1970, Jean et Jacques Fraignac développent encore leur commerce, bien que la concurrence arrive rapidement sur Roubaix. En effet, les détaillants opticiens implantés à Roubaix sont désormais une quinzaine. Dans les années 1980, les frères Fraignac réagissent et deviennent opticiens dépositaires de la marque Atol.

Publicité ( document JM Fraignac )
Publicité ( document JM Fraignac )

Jean Fraignac décède en 1989. Son frère Jacques, à 67 ans, ne souhaite pas continuer seul l’activité et prend donc sa retraite. L’affaire est cédée et après quelques travaux d’aménagement, en 1990, Olivia Boyenval et Bertrand Fiévez ouvrent leur commerce « Best Optique » au 26 Grand Place.

Best optique ( document archives municipales )

Aujourd’hui, le commerce est occupé par Master Naan un restaurant snack qui propose des spécialités indiennes.

Master Naan ( photo BT )

Remerciements à Jean-Marie Fraignac et aux archives municipales.

Les Orgues de Roubaix

Martin Lehmann a 37 ans ; il est marié et père de 4 enfants. C’est un ancien chanteur d’opéra. Parisien d’origine, il est fou de musique mécanique. L’idée lui vient un jour d’ouvrir un salon de thé où l’ambiance serait confiée à un instrument polyphonique.

Martin Lehmann ( document Nord Eclair )

Arrivé en 1999 à Roubaix, il tombe immédiatement amoureux de la ville. Martin découvre, depuis la Grand Place, l’immeuble du N° 4 de la rue du maréchal Foch. Cet immense bâtiment a longtemps été occupé par la prestigieuse compagnie d’assurances Antwerpia qui a quitté les lieux en 1990, et qui a abrité à la rentrée de cette même année, l’école « Sup de Cré » : école supérieure de créatifs en communication.

document collection privée

Martin Lehmann a un coup de foudre pour cet immeuble, et reste persuadé que cela va donner à son projet initial une dimension qu’il n’imaginait même pas !

Martin fait en effet l’acquisition d’un orgue « Mortier » de 1912 : une pièce rarissime ! Un orgue immense de 8,20 m de haut et 5,20 m de large avec 744 tuyaux et 24 registres ce qui correspond à une harmonie de 70 musiciens

l’orgue Mortier ( document Nord Eclair )
l’orgue Mortier ( document Nord Eclair )

Il décide donc d’ouvrir un cabaret-musique-dancing, unique au monde, dans notre ville, au 4 de la rue du maréchal Foch. Martin Lehmann rencontre M. Boudailliez adjoint à la culture à la mairie pour lui présenter son projet. Ce dernier est séduit par son idée, d’autant que le Musée de l’Art et de l’Industrie « La Piscine » va ouvrir ses portes dans peu de temps. C’est un formidable tremplin pour la ville.

Martin va ainsi réaliser son rêve et se lancer dans un projet très ambitieux : « Les Orgues de Roubaix » en ce début d’année 2000.

la verrière ( document Nord Eclair )

L’orgue Mortier est installé sous l’élégante et lumineuse verrière du 4 rue du maréchal Foch, dans une vaste pièce aux dimensions parfaites. C’est la grande vedette de ce  »musée-cabaret-dancing ». Mais il y a d’autres stars, tels un orgue de barbarie de 32 notes et le fameux jazz-bandophone à 45 touches.

Pour Martin, ce n’est pas qu’un musée, c’est un véritable lieu de vie, de fête et de convivialité.

Martin, en maître des lieux se constitue une formidable collection de musique en faisant refaire à l’orgue Mortier, des symphonies, des opérettes mais également des musiques populaires.

la façade ( document Nord Eclair )

L’établissement « Les Orgues de Roubaix » ouvre le 23 Septembre 2000. Martin Lehmann organise le matin, des visites réservées aux scolaires ou aux groupes, puis le midi, sert des repas simples à prix modérés dans un cadre unique. Ensuite il enchaîne avec des thés-dansant dans l’après-midi et termine le soir par des dîners-spectacles de style Moulin Rouge avec French Cancan et chansons populaires. Le prix de l’entrée est de 250 Frs pour passer une soirée inoubliable.

Ambitieux, Martin contacte des Tours Opérators pour faire venir des touristes étrangers à Roubaix, ainsi que le Grand Hôtel Mercure de Roubaix et les hôtels de toute la métropole en vue de communiquer sur les Orgues de Roubaix.

Instantané de mémoire : « Je veux que cet endroit soit un lieu de mémoire dédié en partie à Roubaix à la formidable aventure collective de cette ville et à sa renaissance. Le bonheur de se réaliser dépasse l’angoisse de se rater. »

Menu du réveillon du 31.12.2000 ( document collection privée )

Pour dynamiser davantage son entreprise, Martin Lehmann prépare la soirée du réveillon du 31.12.2000.

L’équipe devant l’orgue Mortier ( document archives municipales )

En début d’année 2001, l’ ARIC Association des Retraités Indépendants et Cadres y organise un repas spectacle de plus de 200 personnes. Tous les retraités sont ravis d’avoir passé un super moment convivial.

soirée ARIC ( document Nord Eclair )

Malheureusement, Martin Lehmann n’a pas gagné son pari. C’est un échec et les Orgues de Roubaix ferment leurs portes en 2001. Il y croyait pourtant, enthousiaste et passionné. Il a investi beaucoup d’argent pour la rénovation de son orgue, pour les travaux de ré-aménagement du lieu, pour ses fabuleux spectacles de French Cancan . . .

Il y a bien eu, certes, des soirées mémorables, mais la mayonnaise n’a jamais vraiment pris. Martin s’est retrouvé bien seul face aux premières difficultés de sa formule, et il en a gros sur le cœur : « c’est un énorme gâchis ». L’orgue est désormais démonté et remballé.

document Nord Eclair

En Janvier 2003, Thierry May commissaire priseur, s’installe dans cet immeuble de la rue du maréchal Foch, pour y créer la société de vente aux enchères de Roubaix.

L’immeuble en 2022 ( Photo BT )

Remerciements aux archives municipales

Nord-Eclair (Suite)

Dans les années 1960, l’imprimerie évolue et se modernise. Elle compte 5200 salariés dans le Nord dont 1500 à Roubaix-Tourcoing, dans la presse et l’édition. De la typographie, ou l’art de disposer les caractères mobiles de façon équilibrée, lisible et harmonieuse, on passe à l’ « offset »,  un procédé d’impression qui est l’amélioration de la lithographie, et l’électronique apporte ses perfectionnements.

Les nouvelles machines de l’imprimerie (Documents Nord-Eclair)

Dans cette optique un permis de démolir est déposé par la société des journaux réunis pour la démolition des 25-27 rue du Collège menaçant ruine, ce qui leur permet d’avoir une entrée par la rue du Collège. Puis un permis de construire est déposé pour un bâtiment à usage d’atelier de linotypes au 71 Grande-Rue en 1962, à ériger dans la cour de l’immeuble devant les ateliers déjà existants.

Plan du nouveau bâtiment pour abriter l’atelier de linotypes (Document archives municipales)

L’année suivante c’est un permis pour la construction d’un bâtiment d’un étage, à usage de bureaux au n°63 Grande-Rue, à la place du bâtiment démoli qui était adossé à l’immeuble de l’Union, qui est déposé. A droite de l’entrée sont alignés en façade sur la rue 7 bureaux et enfin un local vestiaire. A l’étage la disposition et la même avec au bout à droite le service des sports et l’édition belge.

Plan du nouveau bâtiment à usage de bureaux (Documents archives municipales)

Trente ans après la création de Nord-Eclair, une crise profonde touche la presse écrite et surtout les quotidiens régionaux. Quand certains titres s’affaiblissent, se restructurent, voire disparaissent les uns après les autres et face à la nécessité de procéder à de lourds investissements, le titre est absorbé par le groupe Hersant en 1975, groupe fondé par Robert Hersant surnommé le « Papivore » à cause de son appétit insatiable pour l’achat de journaux, de périodiques et de radios FM . Nord-Matin ayant lui-même été racheté par le même groupe en 1967, les 2 titres fusionnent et sortent dès lors de la même imprimerie.

Photo de Robert Hersant (Document Getty)

Jules Clauwaert contribue alors avec la rédaction à la création de 2 sociétés, l’une, industrielle et commerciale, l’autre éditoriale indépendante, liées par contrat pour exploiter et faire vivre Nord-Eclair. Lors de la transformation des structures juridiques de l’entreprise, Jean Catrice prend la présidence du conseil d’administration de la société Nord-Eclair Edition, responsable du contenu du journal. Sa présence symbolise les liens qui rattachent Nord-Eclair à ses origines. Il décède en 1979 des suites d’une longue maladie et ses funérailles sont célébrées en l’église du Saint-Sépulcre.

Jean Catrice en 1977 (Document Nord-Eclair)

Jules Clauwaert quant à lui devient directeur général puis président du Conseil Permanent de Nord-Eclair Edition. Egalement devenu président de l’école supérieure de journalisme de 1965 à 1978, il en demeure ensuite président d’honneur. Chevalier de la légion d’honneur, engagé pour la ville de Roubaix, il décèdera en 2014 à l’âge de 90 ans, salué par le Club de la Presse dont il était l’un des premiers adhérents et dont il avait soutenu la création.

Les locaux 71 Grand Rue dans les années 1970 (Document archives municipales)

En 1978, Nord-Eclair se porte acquéreur de l’usine Lestienne Rue du Caire à Roubaix. Après un passage en photocomposition le quotidien va en effet être imprimé en Offset et sa qualité d’impression et de présentation sera dès lors notablement améliorée. La reconversion technique entamée sera terminée faisant de Nord-Eclair l’une des entreprises de presse les plus modernes de France voire d’Europe.

Ces bâtiments récents et leur infrastructure correspondent aux besoins du quotidien soucieux de pouvoir installer ses nouvelles rotatives afin de moderniser l’ensemble du journal, tout en maintenant l’emploi dans une agglomération déjà durement touchée par la crise.

Annonce de l’achat des locaux de la rue du Caire (Document Nord-Eclair)
Locaux rue du Caire (Documents GraphiLine et collection privée)

A l’invitation de Nord-Eclair, Pierre Prouvost, maire de Roubaix, son épouse, plusieurs de ses adjoints, des conseillers municipaux et des chefs de service de la mairie visitent les nouveaux locaux avec André Defrance, directeur général de Nord-Eclair et Nord Print, et Jules Clauwaert, directeur de Nord-Eclair Edition, entourés de nombreux collaborateurs. Les discours sont l’occasion de saluer le pluralisme de la presse dans notre région mais aussi une opération visant au maintien de l’emploi sur Roubaix.

Le conseil municipal reçu dans les nouveaux locaux en janvier 1979 (Documents Nord-Eclair)

Le permis de construire déposé en mairie de Roubaix pour procéder à une extension de l’usine sur le n°15 de la rue du Caire permet de se rendre compte de l’importance de la surface totale qui couvre les numéros 15 à 21 de la rue. La répartition des services est bien démontrée dans les plans de l’intérieur sur lesquels apparaissent notamment les salles de mise en page et celle des rotatives et de l’expédition.

Les plans de 1978 (Documents archives municipales)

Instantané de mémoire : « Mon père avait commencé sa carrière à la Croix du Nord à Lille avant d’intégrer l’imprimerie du journal Nord-Eclair en tant que linotypiste ( personne qui travaille sur une linotype, machine à composer et à fondre les caractères d’imprimerie par lignes ). A cette époque il avait dû se former pour pouvoir travailler sur les nouvelles machines Offset. L’évolution était nécessaire pour pouvoir poursuivre sa carrière dans la presse écrite ».

André Defrance, déclare à tous ceux qui oeuvrent à la sortie du journal, photograveurs, rotativistes, service d’expédition, etc sa vive satisfaction devant la promptitude avec laquelle toute l’équipe technique s’est adaptée au nouveau matériel moderne. Il trinque avec son personnel avant que les rotatives offset fassent jaillir le journal du jour. Nord Print est l’imprimerie du journal Nord-Eclair et imprime alors une dizaine de titres dont, pour la plupart, des journaux nationaux mais aussi des publications étrangères comme « El Pais ».

Fête dans les nouveaux locaux (Document Nord-Eclair)
Publicités de 1979, 1986 et 1995 (Documents Nord-Eclair)
Les locaux dans la rue du Caire lors de l’installation (Documents archives municipales)

A suivre…

Article dédié à André Delmée, salarié de Nord-Eclair pendant la quasi totalité de sa carrière.

Remerciements aux Archives Municipales de Roubaix

Une partie de la Grand Place disparaît

Dans les années 1960, le développement de l’automobile rend la circulation de plus en plus difficile à Roubaix et en particulier, dans le centre ville.

Déjà en 1958, on a démoli le magasin de vêtements d’Albert Devianne, qui se trouvait à l’angle de la rue Jeanne d’Arc, pour dégager le carrefour des Halles. De cette façon les automobilistes venant de la Grand Place peuvent avoir un accès plus aisé sur le boulevard Leclerc via la Grand Poste.

La façade du magasin d’Albert Devianne ( document M. Devianne )
Document Nord Eclair 1958

En cette fin d’année 1967, pour améliorer le trafic, le conseil municipal décide donc de démolir une partie du quartier du centre ville : quelques maisons au N° 1, 3 et 9 de la rue du Château, jusqu’à l’allée du Lido, et cinq maisons sur la Grand Place du N° 18 au 20 ter, ce qui permettra de donner plus d’espace au centre commercial du Lido situé juste derrière, et un meilleur accès au parking via la rue de l’hôtel de ville.

Ces travaux d’élargissement et de rénovation vont coûter 115 millions d’anciens francs, somme importante mais nécessaire pour avoir un centre ville digne de ce nom. Ces démolitions permettront en 1968 une meilleure circulation entre la rue de l’Hötel de Ville et la rue Pierre Motte.

Plan du quartier ( documents Nord Eclair )

Sur la photo ci-dessous, à droite se trouvent : le café du Commerce au N° 20, puis l’opticien Fraignac au 20 bis et les draperies Aubanton-Gigieux au 20 ter. De l’autre côté de la place, au N° 21 le commerce Michou : boucherie-volailles-crémerie se trouve sous l’Hôtel du Centre, dont l’entrée se situe 1 rue Pierre Motte.

Photo 1967 ( document collection privée )

Sur la Grand Place, au N° 18, à l’angle de la rue du Château, se trouve le magasin du Tailleur Devlaminck, depuis les années 1920, où plusieurs générations se sont succédé. C’est une immense bâtisse sur 4 niveaux. Daniel Devlaminck, exproprié, s’installera ensuite au 4 rue du Maréchal Foch.

Pub Devlaminck 1967 ( document Nord Eclair )
Façade du 18 ( document archives municipales )
Façade du 4 rue Foch ( document Nord Eclair )

Au N° 19 se situe le café de l’Etoile reconnaissable à son superbe vitrail au dessus de la porte d’entrée.

La façade du 19 ( document archives municipales )

Puis au N° 20 se trouve le café du Commerce. L’immeuble est bâti sur deux niveaux. Au dessus du 1er étage figure un immense panneau publicitaire pour la marque de chocolat et confiserie de Delespaul-Havez.

la façade du 20 ( document archives municipales )

L’opticien Fraignac est implanté au 20 bis depuis les années 1910. Il partira ensuite au 26 de la Grand Place.

Le 20 ter est occupé, également depuis les années 1910, par Aubanton-Gigieux commerçant en draperies. Ce négociant qui fournit les maîtres tailleurs, partira ensuite au 29 rue Mimerel.

Façade du 20 bis et 20 ter ( document archives municipales )
Publicité Fraignac-Denneulin 1967 ( document Nord Eclair )

A la veille des grandes fêtes de la Charte, programmées en 1969, il est primordial que le centre ville soit rénové. La Grande place sera en effet un emplacement stratégique pour le déroulement des diverses manifestations, avec un Hôtel de Ville à la façade ravalée d’une blancheur de pierre et une église Saint Martin immaculée.

Photo 1985 ( document archives municipales )

Remerciements aux archives municipales

Nord-Eclair

Suite de deux articles précédemment édités et intitulés Journal de Roubaix :

Jean Catrice, né le 26 août 1903, est le fils d’Edouard Catrice, industriel du textile, installé à Lys-lez-Lannoy en association avec Jean Deffrennes-Canet depuis 1890. A la fin de ses études, il entre donc comme ses frères dans l’entreprise paternelle.

Usine d’Edouard Catrice (Document Tissage Art de Lys)

Son premier engagement c’est à l’ACJF (Association Catholique de la Jeunesse Française) où il crée des liens durables avec de nombreux jeunes de toutes conditions sociales.

Il épouse Claire en 1928 et le couple aura 7 enfants. Dès 1933, il adhère au Parti Démocrate Populaire dont il devient vice-président en 1936. En 1939, il est mobilisé en tant que lieutenant et chargé de la sécurité de la gare de Lille. Après avoir mis sa famille en sécurité dans la Sarthe il regagne Roubaix avec son frère cadet Pierre pour rejoindre l’usine familiale.

En 1940, avec la grande offensive allemande dans les Ardennes, l’exode commence mais leur famille reste à Berck où elle s’est installée au retour de la Sarthe pendant que Jean et Pierre cherchent à gagner l’Angleterre pour se réengager mais sans succès. C’est donc le retour à Roubaix pour les 2 frères et leurs familles et l’entrée dans la résistance.

Photo de Jean Catrice (Document site Assemblée Nationale)

Deux périodes se succèdent alors pour Jean : la résistance active en 1941-42 puis la participation à l’organisation centralisée de la résistance dans le Nord et à la fondation du comité départemental de la libération en 1943. Deux autres tâches l’attendent ensuite : la recherche des futurs nouveaux préfets du Nord-Pas-de-Calais et la suppression de la presse ayant collaboré avec l’ennemi au profit de l’installation d’une nouvelle presse.

Suivant les instructions générales venues d’Alger, Jean Catrice devient délégué régional à l’information, titre confirmé à la libération. Les anciens journaux locaux sont répartis entre les différents partis politiques et le Journal de Roubaix revient aux démocrates chrétiens.

Jean nommé délégué régional à l’information (Document Nord-Eclair)

Pendant ce temps, depuis 1943, rue de Paris, à Lille, dans un ancien couvent, paraît Nord Matin, journal de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière). L’homme fort de Nord Matin, grand résistant sera Augustin Laurent, président du Comité départemental de Libération (avant Jules Houcke) et futur maire de Lille.

En 1944, c’est Jean Catrice qui annonce la libération à Radio-Lille. Dès 1944, il devient vice-président du MRP (Mouvement Républicain Populaire). Elu député de 1946 à 1955, en tant que représentant du MRP, il n’est pas réélu à la législature suivante et décide alors de se consacrer à sa famille et à Nord-Eclair, le journal qui a pris la place du Journal de Roubaix.

A la libération de Roubaix, les forces françaises libres décrochent le drapeau de la Kommandantur à l’Hôtel de Ville (Photo Voix du Nord)
Jean Catrice avec le général De Gaulle et avec ses amis résistants Mrs Teitgen et Defaux en 1944 (Documents Nord-Eclair)

C’est Jean Catrice qui est logiquement nommé gérant du nouveau journal : Nord-Eclair, qui prend possession de l’imprimerie et de la salle de rédaction du Journal de Roubaix. Dans le premier numéro, Nord-Eclair, sous-titré organe de la Libération Française, règle ses comptes avec les journaux du Nord qui ont poursuivi leur activité pendant les 4 années de guerre : « A Nord-Eclair, il n’y a que des résistants de la première heure ce qui lui donne le droit d’acclamer la victoire et de travailler demain à l’avenir du pays ».

Le journal affiche de suite son inspiration chrétienne, préparé dans la clandestinité par deux professeurs de l’université catholique de Lille : René Thery, responsable régional de Témoignage Chrétien et Louis Blanckaert, membre du comité directeur du mouvement de résistance La Voix du Nord. La nouvelle équipe se met en place autour de Léon Robichez, rédacteur en chef et Jules Clauwaert, éditorialiste.

Nord-Eclair du 05 septembre 1944 et Nord-Matin annonçant la libération (Documents Wikipedia et Remembrance 14-45)

En 1942, Léon Robichez était employé au service du contentieux du Journal de Roubaix. Il était chargé en fait de préparer clandestinement la parution d’un nouveau journal pour la Libération, en vertu d’un accord passé entre Jacques Demey, directeur du quotidien paraissant alors sous contrôle allemand, et les chefs du RIC : le Rassemblement démocratique des résistants d’inspiration chrétienne dont Jean Catrice est l’un des fondateurs. Il devient directeur politique de Nord-Éclair au départ des occupants en septembre 1944 et quittera le journalisme en 1951.

Photo de Léon Robichez (Document dictionnaire biographique Le Maitron)

En 1944, Jules Clauwaert, est diplômé de l’école supérieure de journalisme de Lille, issu de la résistance, et entre comme éditorialiste à Nord-Eclair. Il en deviendra rédacteur en chef par la suite. C’est un homme de conviction, démocrate chrétien, attaché à la liberté et au pluralisme de la presse qui incarne ce quotidien démocrate et social d’inspiration chrétienne.

Photo de Jules Clauwaert (Document Club de la Presse)

C’est en 1946 qu’a lieu le procès du Journal de Roubaix. Son directeur est condamné à 2 ans de prison et l’éditorialiste à 5 ans. Les autres journalistes sont acquittés. La société des Journaux Réunis est dissoute et un quart de ses biens sont confisqués au profit de l’état. D’anciens adjoints du directeurs du Journal de Roubaix se retrouvent de fait dans la direction du nouveau journal.

L’audience de Nord-Eclair s’étend bien vite à toute la région et toute une équipe remarquable de journalistes se constitue autour de Léon Robichez et Jules Clauwaert. Léon Robichez est l’élément de liaison entre le journal et le MRP, lequel, parti de rien, devient rapidement l’un des plus puissants partis de France.

Le journal, tout comme le mouvement politique, se font ardents défenseurs de la cellule de base qu’est la famille et de la liberté de l’enseignement. Leurs préoccupations sociales apparaissent évidentes dans un après-guerre période de graves difficultés économiques.

Dès 1956, des travaux doivent être entrepris en deux temps dans les locaux de la Grande-Rue. Dans un premier temps un permis de démolir est déposé pour abattre l’ancien hôtel particulier racheté 50 ans plus tôt à Jean Lefebvre-Soyer par la société des journaux réunis. Le demande est édifiante : vaste et important immeuble inoccupé, autrefois entièrement à usage d’habitation, irréparable et inhabitable par suite du manque d’entretien prolongé des couvertures, toitures et chéneaux.

L’ancien hôtel particulier dans la cour (Document collection privée)

Le rapport d’enquête relate que l’immeuble concerné comporte plusieurs caves en sous-sol, au rez-de-chaussée : 10 pièces de grandes dimensions, 2 vestibules, WC, cour, jardin et 2 escaliers vers les étages, sachant que ceux-ci ne peuvent être visités en détail par les services de la mairie par suite de leur délabrement et afin d’éviter tout risque inutile. Le local menaçant ruine et constituant un danger le permis de démolir est accordé.

Dans un 2ème temps un permis de transformation des bureaux est sollicité. La partie droite dans laquelle se situaient les anciens jardins va ainsi être investie par l’installation d’une nouvelle surface dévolue à des bureaux supplémentaires.

Plan des bureaux actuels (Document archives municipales)
Plan des bureaux transformés (Document archives municipales)

A suivre…

Article dédié à André Delmée, salarié de Nord-Eclair pendant la quasi totalité de sa carrière.

Remerciements aux Archives Municipales de Roubaix