Au 81 de la rue de la Gare à Roubaix, se trouve une immense bâtisse, en face de la place des Martyrs de la Résistance, à deux pas de la rue Pasteur. L’immeuble est occupé par la famille Weill-Blin et Neveux dans les années 1910, puis par les successeurs Weill-Blin dans les années 1930. C’est un commerce de draperies et tissus. L’entreprise possède également une deuxième maison à Elbeuf et un bureau à Paris.
L’immeuble est très vaste. La façade de l’avenue Jean Lebas est impressionnante. La superficie est importante, puisque l’entreprise donne également sur l’arrière au N° 20 de la rue de l’Espérance.
Dans les années 1960, le bâtiment est occupé par les établissements Duburcq installés auparavant au 16 rue Nationale dans les années 1950. Ils reprennent l’activité de négoce de tissus et draperies.
En Novembre 1978, un incendie se déclare dans l’entreprise Duburcq. Les concierges M et Mme Verdefroy qui habitent de l’autre côté, rue de l’Espérance, alertent les secours. En quelques heures, l’immeuble flambe sur toute la hauteur ( sur 4 étages ). Et pourtant les pompiers arrivés rapidement sur place n’ont rien négligé pour venir à bout du sinistre. Mais le déploiement important des moyens ( quatre grandes lances, la grande échelle, et cinq petites lances ) n’ont pu empêcher le désastre de prendre de graves proportions. Au petit matin, il ne reste quasiment plus rien de l’entreprise.
En Mars 1984, l’immeuble est resté dans le même état que 6 ans auparavant ! Au grand désespoir des voisins, comme cette dame de 76 ans qui habite à côté au N° 79. « C’est inadmissible, l’immeuble est resté dans l’état, les marchandises et matériaux sont restés sur place. Mon mur mitoyen est rongé par l’humidité, ma cage d’escalier est pourrie, et il se dégage des odeurs insupportables. Mon appartement est devenu invivable ».
Il semble que cette personne ait été entendue, puisqu’en Novembre de cette même année, une demande de permis de démolir est déposée, pour plusieurs bâtiments : le N° 81 de l’avenue Jean Lebas, le N° 20 rue de l’Espérance mais également les N° 3 5 7 et 9 rue Pasteur, maisons murées depuis bien longtemps.
Le N° 3 de la rue Pasteur était occupé par Mr Keirsgieter cafetier, le N° 5 était inoccupé, le N° 7 par Chéri-Roussel, pédicure et l’ANPE Agence Nationale pour l’Emploi, était au N° 9
Le terrain alors vierge, est destiné à créer la fameuse esplanade en vue de l’ouverture du prochain musée de la Piscine. La création de cette place entre l’ancien musée et le nouveau permettra alors de valoriser les lieux et d’en faire un élément marquant de l’avenue Jean Lebas pour le début des années 2000.
En 1962, la télévision française voit naître une émission appelée à devenir culte : Intervilles, diffusée sur la RTF puis l’ORTF. Après douze ans d’absence, elle revient sur FR3 en 1985 puis de 1986 à 1999 sur TF1. A la tête du programme se trouvent Guy Lux et Claude Savarit, ses créateurs, rejoint par Simone Garnier et Léon Zitrone à l’animation.
Le principe est simple : deux villes françaises s’affrontent amicalement à travers une série d’épreuves physiques et de jeux d’adresse sur terre, dans l’eau et dans les airs. Parmi les épreuves les plus célèbres les jeux sur tapis roulant ou tournette donnent lieu à de nombreuses dégringolades et bien sûr les fameuses épreuves avec des vachettes déstabilisant les candidats sont directement inspirées des courses landaises.
En juillet 1987, la presse locale roubaisienne est euphorique et Nord-Eclair titre : Roubaix entre dans la saga d’Intervilles. « Le 31 juillet la cité textile sera opposée à Cavaillon, chef-lieu de canton du Vaucluse, dans le cadre de la plus célèbre émission de télévision, celle qui bat tous les indices d’écoute ». L’émission réalise en effet à chaque fois entre 38 et 42 points d’Audimat soit 16 à 18 millions de téléspectateurs.
C’est à la fois un spectacle extraordinaire pour ceux qui ont le privilège de le vivre en chair et en os, comme ce sera le cas des spectateurs roubaisiens mais aussi un outil de promotion unique pour une ville. Roubaix a donc tourné pour l’occasion un vidéo-clip d’une minute trente qui sera diffusé le soir de l’émission pour présenter la ville.
La ville s’y présente comme n’étant pas neuve mais se renouvelant, mettant en avant des symboles de Roubaix, deuxième cité de la région Nord Pas-de-Calais, première place mondiale du négoce de la laine :
le Parc Barbieux, poumon vert et fierté de la ville, « le beau jardin » qui couvre 33 hectares à l’entrée de Roubaix,
les Ballets du Nord, compagnie ayant fait le tour du monde, image de la jeunesse de la ville,
la VPC : près d’un colis par français est expédié à partir des célébres catalogues de Roubaix,
les écoles d’ingénieurs et de commerce qui forment des cadres bien formés pour ses entreprises dynamiques
et le futur centre de communication Motte-Bossut : le Téléport reliera Roubaix, par satellite, avec le monde entier.
Anecdote amusante : chaque année les organisateurs du jeu envoient des circulaires de candidatures aux villes susceptibles de les intéresser et choisissent ensuite entre toutes celles qui lui sont retournées. Or pour le Nord Roubaix était cette année en concurrence avec Lille et l’a emporté sur la « capitale »du Nord. Le 31 juillet c’est donc Roubaix qui accueille Guy Lux et Simone Garnier tandis qu’à Cavaillon Léon Zitone anime le jeu.
Pour faire patienter les futurs spectateurs, Nord-Eclair dévoile, au long du mois de juillet, les 4 jeux qui vont se dérouler à Roubaix tels que : le parcours du mauvais coucheur, les bouddhas menacés finalement remplacés par les belles pelotes de Roubaix, les géants du Nord, le pillage de la banque…tandis que 4 autres jeux se déroulent à Cavaillon.
Par ailleurs est organisée au parc des sports une journée de sélection des champions qui, parmi les 160 candidats, seront choisis pour représenter la ville de Roubaix face à Cavaillon. Ainsi, les 2 capitaines roubaisiens, celui qui dirigera l’équipe sur place et celui qui encadrera l’équipe présente à Cavaillon, ont concocté un petit parcours du combattant pour les valeureux candidats.
Il s’agit d’un parcours de débrouillardise exigeant tour à tour équilibre, adresse, vitesse, maîtrise de soi et réflexion. Par exemple ils sont conviés au passage sur une poutre, un lancer de balles de tennis dans des petits ronds, le maniement de balle avec les mains puis les pieds, un lancer de médecine-balls : parcours chronométré avec des pénalités pour chaque erreur.
Puis d’autres ateliers sont proposés : vitesse avec accélérations et changements de direction, tractions à la barre fixe, tirs à la corde etc : une palette de jeux destinée à savoir qui peut faire quoi. La force physique ne suffit pas ; il faut savoir garder son calme, se maîtriser, oublier le trac, ne pas perdre tous ses moyens face à l’enjeu. Il faut 25 titulaires et 25 remplaçants dans l’équipe qui reste sur place comme dans celle qui se déplace.
En plus des épreuves physiques et sportives, les candidats devront répondre à des questions faisant appel aux connaissances dans deux épreuves intellectuelles dont les sujets se répartissent en quatre thèmes : histoire, géographie, sport, actualité et vie quotidienne. Pour les cerveaux roubaisiens, trois postes sont à pourvoir pour lesquels quelques valeurs sûres sont pressenties : 2 spécialistes roubaisiens des jeux télévisés et radiophoniques, véritables petites encyclopédies ambulantes ainsi qu’un professeur d’histoire géographie et un journaliste.
Parallèlement et pendant plusieurs semaines, les employés des services techniques de la ville construisent les accessoires des jeux. Le cahier des charges est clair : TF1 se charge de toutes prestations techniques et cars régie, de la lumière et de la sonorisation des lieux; la ville se charge de la construction des jeux qui s’y déroulent, des décors, d’un podium intégré dans les tribunes pour accueillir présentateur et personnalités, des tribunes pour l’accueil de 5000 personnes et 3 à 4 tours lumière.
Guy Lux vient en fait les mains dans les poches et c’est à la municipalité de faire construire plateau et accessoires. C’est Jean-François Deccuber, directeur du département Ateliers du centre technique municipal qui dirige les travaux d’après des croquis des jeux expédiés par l’équipe de TF1 qui a travaillé depuis Paris sur la base d’un plan de la Grand Place de Roubaix.
Charly Bacquaert est né en 1949 à Wattrelos. Il est fils et petit-fils de boulanger et il rêve de devenir cuisinier pour toucher à tous les métiers de bouche. Après son apprentissage chez Alcide à Lille, il débute sa carrière comme commis à l’hôtel de la Poste à Avallon qui possèdait à l’époque trois macarons au guide Michelin, puis devient chef de partie au restaurant « Le Chouan » à Bruxelles puis au Buffet de la Gare de Valenciennes, 2 restaurants étoilés.
A 23 ans, Charly, fort de ses formations reçues auprès des différents chefs étoilés, se sent alors prêt pour créer son restaurant, avec son épouse Arlette, née Scipion.
Leur choix se porte sur Roubaix. En 1972, ils reprennent le café «Jules» au 127 avenue Jean Lebas, à deux pas de la gare et des grandes maisons de vente par correspondance. Ce commerce a toujours été un estaminet et ce, depuis la création de l’avenue Jean Lebas. C’est un petit établissement, d’une surface au sol de 116 m2.
Au début des années 1950, le responsable de l’établissement crée une ambiance « Club » regroupant la clientèle aisée du patronat du textile roubaisien. Il devient alors un lieu de rendez-vous apprécié du tout Roubaix.La cave voûtée au sous-sol était composée de caveaux au nom de grands crus de champagne, la décoration intérieure dans le style « Art Nouveau » comme chez Maxim’s à Paris est exceptionnelle, faite de boiseries en acajou et de cuivre. Cette salle cosy à tout de suite attirée Charly et Arlette qui décide de transformer cet établissement en restaurant et démarre leur affaire en Décembre 1972.
L’enseigne choisie est « Chez Charly ». Leur idée de départ est de créer un endroit ou les clients aiment aller : un restaurant convivial et chaleureux, un lieu où l’on se sent comme chez soi, où l’on peut discuter affaires, mais également en dégustant une cuisine de qualité.
La première année, Charly et Arlette proposent une cuisine régionale, des Waterzoï, des Potjevlesh. Le cadre du restaurant attirant une clientèle plutôt haut de gamme, ils changent alors de stratégie et décident de proposer une cuisine plus gastronomique mais faisant la part belle aux produits régionaux. Charly réinvente alors des recettes régionales. C’est le début d’une très grande aventure !
La devise de Charly et Arlette est « Manger bien, tout en restant léger ». Ils proposent donc une cuisine de contraste au niveau du goût et surtout au niveau des couleurs. Il est en effet impératif que l’oeil participe au plaisir du bien manger.
Le nom des plats originaux est très poétique : le ragoût d’artichaut et d’écrevisses, la charlotte d’anguilles de la Somme à la mousse de crevettes grises, le petit pâté chaud de saumon à la crème d’estragon, ou bien encore, le filet de bśuf à la moelle et au vin de Fleurie. La carte des vins est également exceptionnelle, car Charly a reçu une formation de son père, ancien représentant multi-cartes en vins fins.
Le succès est au rendez vous, leur restaurant « Chez Charly » devient un lieu incontournable de la restauration sur la ville, et même sur la région. Cinq ans après l’ouverture, il est cité au célèbre Guide Michelin.
En 1982, Charly obtient le prix d’excellence de l’A.N.C Académie Nationale de Cuisine, ce qui lui permet de passer dans la presse locale et à la télévision régionale.
Pendant la décennie 1980, Charly participe à de nombreux concours gastronomiques, et obtient ainsi de nombreuses récompenses. En 1983, il participe au championnat de France du dessert, le trophée Gaston Brule en 1984, finaliste national du prix culinaire Le Taittinger en 1988, finaliste du Meilleur Ouvrier de France 1990, en 1991 il obtient le trophée de l’académie des Glaces en créant la glace au caramel, et obtient une Toque au célèbre guide « Gault et Millau ».
à suivre . . .
Remerciements à Charly et Arlette Bacquaert ainsi qu’aux archives municipales.
Pierre Prouvost s’installe agent d’assurances au début des années 1920, au 17 rue Jules Deregnaucourt. Pendant une trentaine d’années, Pierre prospecte des clients, développe son agence et embauche du personnel et les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante.
A la fin des années 1950, le manque de place se fait cruellement sentir. Il faut donc songer à trouver rapidement des locaux plus spacieux. Pour garder sa clientèle d’assurés, il est impératif que les nouveaux bureaux soient le plus près possible de son ancienne étude. L’occasion se présente, lorsqu’à la fin des années 1950, le commerce de tissus de C. Delescluse et J. Dendoncker, situé au 10 place des Martyrs de la Résistance, se libère.
C’est un immeuble cossu composé de quatre niveaux. Le rez de chaussée, le 1° et une partie du 2° étage sont réservés aux bureaux. La concierge, Mme Dejaegher réside dans l’autre partie du 2° étage et au 3° sous les toits. Face au développement important de son cabinet d’assurances, Pierre, au début des années 1960, recrute son fils Bernard ( un des 7 enfants du couple ) pour l’aider à gérer son agence. Ils deviennent ensuite associés.
Sur la photo ci-dessous, se trouvent l’accueil, à l’entrée des bureaux du rez de chaussée, et au fond, les bureaux de Mrs Prouvost. A l’époque, les secrétaires, toujours vêtues d’une blouse blanche immaculée, utilisent encore des anciennes machines à écrire Japy ou Olivetti.
Pour l’administratif, c’est encore, à l’époque, le domaine du papier : les classeurs sont empilés et les documents classés dans les meubles métalliques fixés au mur.
Pierre et Bernard Prouvost travaillent avec de très nombreuses compagnies d’assurances dont les principales sont : Nationale Suisse à Bâle, Europe à Paris, Railways et Verspieren à Roubaix, DAS au Mans . . . ce qui leur permet de proposer ainsi des contrats d’assurances dans toutes les branches d’activités.
En 1966, Marie Verschaeve, une des employées prend sa retraite. C’est l’occasion de prendre une photographie d’un partie de l’équipe composée essentiellement de personnel féminin.
Sur la photo, à gauche : Bernard Prouvost et son épouse Charlotte née Wibaux, au centre Marie Verschaeve, puis à droite Pierre Prouvost et son épouse Marie née Outters.
Le premier homme recruté par la direction est Mr Buyle qui prend les fonctions de chef de service de la mécanographie. Le second est Jean Rousseau qui a fait des études de droit, et qui prend en charge le service des sinistres auto.
Pierre Prouvost prend sa retraite en 1976 et Bernard continue seul l’activité.
En 1987, la CUDL, Communauté Urbaine de Lille, dépose un permis de démolir pour les 8 10 et 12 de la place des Martyrs et une partie de la rue Saint Etienne, car un projet est programmé à cet emplacement : c’est la création de l’ESAAT.
Bernard Prouvost exproprié de son immeuble du 10 de la place des Martyrs, s’installe alors, en 1988 dans des nouveaux locaux, au 678 avenue des Nations Unies, près du pont Saint Vincent, toujours à proximité de ses anciens bureaux et de sa clientèle.
Bernard décide de réhabiliter cet immeuble par de gros travaux de rénovation, et en particulier la réfection de la façade, ce qui ne manque pas d’attirer l’oeil du passant. « Je me réjouis de la volonté de la ville de promouvoir notre patrimoine, dit Bernard Prouvost dans la presse locale, il y a dans nos demeures grandes ou petites, une diversité, une qualité qui méritent d’être mises en valeur ».
Bernard Prouvost prend sa retraite en 1993. Il cède son cabinet d’assurances à son fils Thomas qui le cède ensuite à Stéphane Heuls, agent général de la compagnie GAN. Bernard Prouvost décède en 2018.
Remerciements à Joëlle Lepers ainsi qu’aux archives municipales.
A la même époque, une nouvelle banque s’installe à l’entrée de la rue au n°2, dans un bâtiment ayant hébergé plusieurs commerces tels qu’ un ancien magasin de droguerie et l’entreprise Cuisinier Motte et Cie. Il s’agit de la Banque Industrielle et Commerciale du Nord qui y reste jusque dans les années 1960.
En 1966, la BICN entreprend de gros travaux, aménageant un entresol sur une partie du rez-de-chaussée et effectuant la modification de toute la façade de l’immeuble. Les baies vitrées sont élargies et des chassis en aluminium oxydé sont posés. Par ailleurs, une ossature secondaire en acier est installée sur toute la hauteur de la façade jusqu’au chéneau et le piliers de tôle d’aluminium oxydé ou de pâte de verre de couleur blanche.
La Banque Populaire Industrielle et Commerciale de la Banlieue Nord de Paris a été créée dans la capitale en 1922 et deviendra ensuite la Banque Populaire de la Région Nord de Paris. C’est d’ailleurs la Banque Populaire du Nord que l’on retrouve au n° 2 avenue Jean Lebas juste avant le rachat de l’immeuble par Nord-Eclair. A cette époque le magnifique immeuble investi par la banque dans les années 1930 est déjà défiguré depuis plus de 20 ans par les plaques blanches qui en recouvrent l’architecture d’origine.
Au départ de Nord-Eclair dans les années 2000, l’immeuble est investi par les sociétés Arcadim puis Square Habitat qui l’occupe encore de nos jours sans que des modifications notables y aient été apportées depuis les années 1960. Il s’agit d’un exemple supplémentaire des dégâts causés aux superbes immeubles de l’avenue au nom de la modernité.
Installation après les années 1950
Dans les années 1970, la banque Worms investit un immeuble longtemps occupé par une entreprise textile spécialisée dans les laines : Henri Ternynck et Fils. L’immeuble situé au coin de la rue l’Hospice est très vaste et d’une architecture assez remarquable.
L’immeuble est occupé 20 ans plus tard par les assurances AGF puis par Meilleur Taux.com avant qu’un cabinet d’avocats : Lexao ne prenne leur place. L’édifice quant à lui n’a pas changé si ce n’est une restauration qui a permis de redonner à l’immeuble un aspect prestigieux que l’usure du temps lui avait fait perdre.
Le n°61 de l’avenue abrite quant à lui la Barclays Bank au début des années 1980 après avoir hébergé pendant plus de trente un fabricant de tissus : A. Parent-Clavière. En 1982 la banque rénove la façade sans toutefois lui apporter de modification trop importante ni dénaturer l’immeuble d’origine. Elle rénove également la partie arrière du bâtiment donnant sur la rue de l’Espérance.
La Barclays Bank dans les années 1990 (Document archives municipales)
Puis après 1993, les assurances Masurel s’y installent jusqu’à la fin des années 2000. Depuis l’immeuble a été rénové et a retrouvé sa splendeur d’antan, devenant un cabinet d’avocats.
Enfin, en 1988, au n°70 de la rue, au coin de la rue Nationale, s’installe le Crédit Agricole. Ce numéro a longtemps abrité un négoce de laines : Wenz et Cie, mais en 1968 le majestueux immeuble datant du début du siècle a été démoli pour laisser la place à la Résidence de l’Hermitage, laquelle a hébergé au rez-de-chaussée une station essence Elf, puis une agence de voyages : Wagons-Lits Cook.
Implanté depuis 1965 rue du Vieil Abreuvoir, l’établissement bancaire inaugure donc ses nouveaux locaux dans la Résidence de l’Hermitage en juillet 1988 « afin d’améliorer la qualité de l’accueil et les services rendus à une clientèle sans cesse croissante ». Une réception accueillant de nombreuses personnalités roubaisiennes est donnée à cette occasion.
Après le départ de l’établissement bancaire, le bâtiment abrite un service d’aide à domicile Home puis Optimhome toujours en place à ce jour. En 2022, l’immeuble vieillissant s’offrira un ravalement de façade.
Dans les années 1990, les majestueuses façades des bâtiments de l’avenue Jean Lebas, abîmées par le temps, la pollution et le manque d’entretien commencent à être ravalées. On choisit alors la couleur pour les mettre en valeur et redonner de l’harmonie à une avenue où se mêlent bâtiments anciens et modernes. Les architectes remettent ainsi en valeur les façades de l’avenue et leurs détails architecturaux. Le slogan «Roubaix, les couleurs du futur» est à cette époque en lien direct avec ce renouvellement urbain.
Mais ces immeubles n’abritent plus les mêmes activités car les entreprises textiles ont disparu en grand nombre et les banques elles aussi ont déserté ces grands édifices au profit le plus souvent de bâtiments plus modestes quand elles n’ont pas tout simplement fermé leurs portes.
A ce jour, des établissements bancaires historiques de la rue seuls demeurent au n°1 HSBC (anciennement Crédit Commercial de France), au n°19 LCL (anciennement crédit Lyonnais) et au n°33 CIC (anciennement Banque Scalbert ). L’ancienne avenue des banques est redevenue une rue aux activités beaucoup plus éclectiques.
Remerciements à la BNR et aux archives municipales de Roubaix.
Vu le développement de l’école ESMOD, le manque de place commence à se faire cruellement sentir. La décision de l’agrandir est prise en 2010. Les locaux doublent de surface, l’extension de 1400 m2 va presque permettre d’atteindre les 4000 m2 au total. Le bâtiment respecte les nouvelles normes BBC Bâtiment Basse Consommation et les architectes Laure Pauchet et Michel Naete signent un dessin résolument contemporain. En effet, greffée à l’hôtel particulier, l’extension s’élève sur toute la hauteur de sa façade arrière et s’appuie sur le pignon, à la place de la cour, des ateliers et du jardin.
Le parti architectural choisi est le pli et la transparence : la toiture prend la forme d’une tôle plissée, la façade est vitrée et cette paroi de verre laisse apparaître un vaste volume porté par des poteaux. L’extension héberge l’entrée principale, des salles de cours, une salle modulable, un espace repas et une bibliothèque.
L’inauguration a lieu en Juin 2012, en présence de Pierre Dubois, maire, de Satoru Nino, président d’ESMOD International, et de Philippe Zmirou, directeur d’Esmod Roubaix
« C’est le mariage entre modernité et tradition », explique Satoru Nino, lors de l’inauguration. Il salue l’extension de l’école roubaisienne, l’une des vingt-quatre du groupe, réparties dans quatorze pays.
« Quel chemin parcouru depuis 1994 ! confirme Philippe Zmirou. Quand ESMOD a ouvert à Roubaix, nous n’occupions que le dernier étage du bâtiment : deux salles seulement. Nous sommes passés à presque 4.000 m² de locaux.
Cette extension marque la volonté de mélanger le passé et le futur. Il y a beaucoup plus d’espace, de lumière. Pour être le plus créatif possible. Avec cette grande baie vitrée, c’est une vitrine ouverte sur Roubaix et sur la création. Car plus qu’une simple extension, cet agrandissement permet d’accueillir convenablement 220 élèves, et d’affermir la position d’ESMOD Roubaix dans le monde de la création. C’est une grande référence. Esmod l’est déjà aux quatre coins de la planète. Nos étudiants de Roubaix sont de futurs professionnels pour la région. Le 15 Juin, comme chaque année, le défilé ESMOD Roubaix sera un événement majeur. Nous accueillerons presque 1 800 personnes : un défilé que nous souhaitons offrir au grand public ».
Le défilé a lieu à la salle Watremez. Il a pour thème : la nature. Les mannequins apparaissent donc, d’une forêt enchantée, dans laquelle les mannequins déambulent, dans des tenues originales.
ESMOD propose également des cours par l’ISEM (Institut Supérieur Européen de la Mode). L’école accueille cette spécialisation ( qui existe depuis trente ans à Paris ) dans les métiers du marketing et de la communication. Un peu comme une école de commerce mais qui se consacre exclusivement à la mode et au textile. « C’était une demande des entreprises du nord de la France qui éprouvent des difficultés à recruter des chefs de produit », détaille Philippe Zmirou. Ainsi, nos étudiants, en Fashion Design et en Fashion Business, évoluent chaque jour, dans des espaces qui répondent à l’ensemble de leurs besoins.
En 2015, le développement de l’école, et l’accroissement important du nombre d’étudiants, nécessitent un agrandissement des locaux de l’ESMOD ISEM.
Cela passe par une extension et restructuration de l’école existante et la création d’une nouvelle entrée qui permet de rendre l’école accessible à tous. De même, les aménagements de l’extension permettent l’accessibilité à tous les niveaux du bâtiment.
L’école ESMOD s’est donc à nouveau agrandie et ce à peine quatre ans après avoir déjà poussé les murs. « Nous nous sommes aperçus que l’on manquait de place pour mieux accueillir les étudiants ; ils n’étaient pas à l’aise pour créer, constate Philippe Zmirou, le directeur. Car boulevard Leclerc, l’établissement héberge de plus en plus de jeunes : ils sont près de 300, désormais, à suivre le cursus de créateur d’ESMOD »
ESMOD France est aujourd’hui reconnue par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI). Dans une interview avec la Voix du Nord Philippe Zmirou déclare : « Notre philosophie, c’est d’exporter le savoir-faire via la formation : Faire rayonner la technicité française »
La ville est-elle définitivement tournée vers l’avenir ? « Sans aucun doute, Nous avons la chance d’être dans une ville qui a su se réinventer avec la Maison de la mode, le Musée de la piscine, Esmod, le CETI… etc »
Qu’est ce qui attire les étudiants à Roubaix particulièrement ? L’histoire textile de la ville, incontestablement. Il y a autant de talents à Roubaix qu’à Paris. »
Qu’est-ce qu’on apprend exactement dans cette école ?« Esmod propose deux filières. La première s’adresse à ceux qui veulent se spécialiser dans l’univers du stylisme-modélisme. La seconde filière, plus récente, s’ouvre à ceux qui veulent devenir acheteur, communicant, chef de produit. Ces deux formations s’étalent sur trois ans. »
Enfin au n°80 de l’avenue se situe la Banque Nationale de Crédit dont le siège social est également à Paris mais qui compte 450 succursales et agences en France. Elle est installée dans un joli petit immeuble cossu.
Dans les années 1930, la banque y est remplacée par la société d’assurances : André Piat et fils. Puis, l’immeuble, qui n’a pas été sensiblement modifié abrite, dans les années 1980, un Espace Ressources Jeunes et enfin, dans les années 2000, un magasin de mode avant d’héberger un salon de coiffure.
Pour être tout à fait complet il reste à citer l’immeuble voisin qui au début du 20ème siècle abrite la Banque Albert Perier, fondée en 1903, laquelle y a installé son siège social tandis qu’elle a d’autres maisons à Cambrai, Saint-Omer et Dunkerque, ainsi que de l’autre côté de la frontière belge.
En 1914, elle a laissé la place à la Banque du Nord et de l’Est, d’après le Ravet-Anceau, et en 1928, on ne trouve plus trace d’établissement bancaire à cette adresse et c’est un drapier qui y est installé. Aujourd’hui, le bâtiment, comme son voisin, abrite un salon de coiffure.
Installation dans les années 1920-1930
Ce n’est que dans les années 1920 qu’une banque s’installe au n°1 de l’avenue de la Gare, à savoir le Crédit Commercial de France en lieu et place du Café Hôtel Moderne qui depuis le début du siècle faisait le coin de la nouvelle avenue et de la rue Saint-Georges (actuelle rue du Général Sarrail).
Dans les années 1960, l’entrée de l’agence est modifiée pour se faire dorénavant avenue Jean Lebas et des modifications des baies en façade sont faites en même temps ainsi que quelques changements à l’intérieur du bâtiment tels qu’un nouvel escalier et l’aménagement d’un logement de concierge au 1er étage.
Ces travaux seront suivis d’autres aménagements intérieurs nécessités par l’obligation d’agrandir les locaux. Sera ainsi aménagé le premier étage pour y installer divers services et créé un niveau interlédiaire sous forme d’une mezzanine donnant sur le hall du public. A cette occasion la façade du rez-de-chaussée sera modernisée et celle des étages ravalée et l’entrée sera à nouveau prévue à l’angle de l’immeuble.
Dans les années 1970 et 1980, l’agence bancaire organise des expositions culturelles comme celle du peintre Abel Leblanc en 1974 mais aussi une exposition de la vente à distance en 1987 en collaboration avec les entreprises roubaisiennes de ce « nouvel art de vivre ». L’immeuble du CCF, imposant, n’a pas changé depuis ses débuts roubaisiens et sa façade est particulièrement bien entretenue.
Depuis le rachat par My Money Group de la marque CCF en 2000, et la disparition de celle-ci 5 ans plus tard, seule l’enseigne sur le bâtiment a changé pour devenir HSBC. L’immeuble, qui n’a connu que 2 types d’activités depuis sa construction, est resté presque inchangé depuis celle-ci.
A quelques mètres plus loin mais de l’autre côté de l’avenue, dans les années 1920 on trouve la Lloyds & National Provincial Foreign Bank Limited, au n° 20. Il s’agit d’un immeuble prestigieux, le plus élevé de la rue, qui couvre les n°20 et 22 de l’avenue, le fameux Grand-Hôtel se situant au n°22. La banque anglaise y est encore répertoriée au milieu des années 1970.
Puis à la fin des années 1980, les anciens locaux de la banque, restés un temps à louer, hébergent un magasin Z de vente de prêt à porter pour enfants. Mais dès 1991, l’Hôtel Altea, auparavant PLM ETAP et à l’origine Grand Hôtel, profite de son départ en raison d’un bail non renouvelé pour récupérer la totalité de sa devanture. Les nouveaux associés comptent redonner tout son caractère au bâtiment et en restaurer le prestige.
Aujourd’hui l’immeuble abrite toujours un hôtel Mercure rénové depuis plus de 10 ans. L’ancien Grand-Hôtel a gardé ses hauts plafonds moulés, ses verrières nordistes et son parquet récupéré de la Samaritaine. Le restaurant nommé le Vieil Abreuvoir a un cachet inégalable et sert du fait maison à partir de produits régionaux.
Beaucoup plus loin vers la gare au n°86, dans un immeuble relativement modeste pour la rue, qui abritait auparavant un drapier, on trouve la Banque Robert dans les années 1920. Il s’agit de la succursale d’une banque parisienne qui s’occupe exclusivement d’opérations de bourse, de paiement de coupons, d’émission et de placement de titres et enfin de location de coffres-forts.
Mais en 1926, le directeur de la banque parisienne, André Robert, est mis en état d’arrestation pour abus de confiance et ordre est reçu, dans la succursale roubaisienne, de cesser tous paiements et toutes opérations financières et de liquider le travail administratif. L’établissement devrait être mis sous scellés d’après la presse locale.
Dans les années 1930, l’immeuble héberge un marchand de tissus puis d’autres commerces. Dans les années 1950, 1960 et 1970 il abrite, avec le bâtiment voisin du 84, à nouveau un marchand de tissus René Aron, puis un soldeur et une entreprise de travail temporaire. Enfin dans les années 2000, le Pôle 86 puis une société de traitement des eaux s’y installent.
A suivre…
Remerciements à la BNR et aux archives municipales de Roubaix.
Michel Maerens, né en 1928, assureur à Hazebrouck et son épouse Jeanine, décident de créer leur petite entreprise. Un ami qui vient d’ouvrir un garage sur Lille avec location de places de parking, leur propose de faire la même chose. L’idée leur paraît intéressante. Le père de Michel, Alidor Maerens, l’aide à monter un dossier financier. Il ne lui reste plus qu’à trouver l’emplacement idéal. L’occasion se présente au début de l’année 1954, lorsque le bâtiment d’une entreprise située au 25 de la Grand Place à Roubaix, est à vendre. C’était auparavant le siège de l’entreprise Desfontaines, un grossiste en épicerie implanté depuis le début des années 1900.
L’immeuble de 4 niveaux ( de 125 m2 chacun ) se situe donc en plein centre ville. Au rez de chaussée, se trouve le magasin, à l’arrière une immense cour n’est pas utilisée à part un local réservé à la torréfaction de cafés en grains. Les 2° 3° et 4° étages sont réservés à l’habitation. La surface totale du terrain est de 1282 m2.
L’acte de vente est signé rapidement. Michel Maerens et son père déposent un permis pour la démolition du local dans la cour et pour la construction, sur la totalité de celle-ci, d’un garage couvert pour automobiles avec un étage et une rampe d’accès ainsi qu’un permis pour la transformation des deux baies vitrées en façade.
Les entreprises choisies sont : Degallaix, 23 rue du Cateau, pour le gros-oeuvre, et Browaeys, 14 rue Boucicaut, pour la charpente métallique. Les travaux vont bon train, durant toute l’année 1954.
Michel Maerens et son épouse ont également prévu d’implanter au rez de chaussée un pont pour l’entretien de graissage-vidange des automobiles, ainsi qu’une piste de lavage et bien sûr, trois pompes en façade, dont une double, pour la vente de carburants : essence, super et gas-oil, avec une citerne enterrée de 25.000 litres. La marque choisie est ANTAR.
Le 1° Février 1955, c’est enfin l’ouverture du garage, par un froid glacial qui détruit une partie du carrelage fraîchement posé ! Le succès est au rendez vous très rapidement. A cette époque la Grand Place comporte de très nombreuses places de parking ( gratuites ) mais les 150 places proposées à la clientèle en location longue durée font le bonheur des nombreux commerçants du centre ville qui souhaitent garer leur automobile dans un garage qui leur garantit la sécurité.
Michel et Jeanine Maerens communiquent par la publicité, pour inciter les particuliers à déposer leur véhicule pour l’entretien ( lavage, graissage et vidange ) pendant leurs achats chez les commerçants du centre ville.
Le succès est tel que le couple Maerens décide, dès 1960, d’agrandir en construisant un deuxième niveau pour augmenter le nombre de places de parking disponibles. Plus de 200 emplacements sont maintenant proposés à la clientèle. Les fidèles entreprises roubaisiennes Degallaix et Browaeys sont appelées pour exécuter les travaux pour la surélévation par un plancher supplémentaire.
Michel Maerens continue à investir dans son entreprise. Il change les pompes à essence, pour la troisième fois, pour des appareils plus modernes et décide également des travaux pour la réfection de la toiture en 1976.
Michel décède malheureusement en 1978, à l’âge de 50 ans. Jeanine continue seule l’activité, aidé occasionnellement par son fils Philippe. Huit années plus tard, en 1986, Jeanine arrête la distribution de carburants, supprime les pompes à essence et cesse toute activité d’entretien des véhicules. Elle ne se consacre alors plus qu’à la location des places de parking , et loue le rez de chaussée à l’assureur Dussaussoy
En 1998, Jeanine, à 66 ans, décide de prendre une retraite bien méritée. Son fils Philippe ne souhaite pas continuer l’activité car il s’est dirigé vers une autre orientation professionnelle. L’immeuble est alors cédé à un groupe de 4 associés qui vont continuer l’activité de location de places de parking et transformer les 4 niveaux en bureaux et commerces en location,
Remerciements à Jeanine Maerens ainsi qu’aux archives municipales
Plus loin vers la gare, au n°22-24 de l’avenue, se trouve le Crédit du Nord, qui traite toutes opérations de banque et de fonds publics. Cette banque a son siège social à Lille, une succursale à Roubaix et des comptoirs à Croix et Lannoy.
L’immeuble, qui abritait auparavant l’entreprise de broderies artistiques de Mme Fievet Mille, est alors bien intégré dans l’architecture générale de la rue comme on peut le voir sur une photo de la presse locale. Il est en effet dans un style conforme à tous les magnifiques bâtiments qui la bordent.
Pourtant, en 1959, le Crédit du Nord cède aux sirènes de la modernisation et construit, en lieu et place de l’ancien immeuble, et après avoir racheté et démoli les maisons voisines, un horrible bâtiment à la façade bétonnée qui défigure l’ensemble de la rue.
Une photo de 1989 montre ainsi clairement le contraste entre le Crédit du Nord et l’immeuble voisin d’origine. C’est à cette même adresse que la banque demeure jusqu’à la fin des années 2000. Puis le bâtiment reste inoccupé avant d’accueillir un club sportif à l’enseigne Basic Fit.
En retraversant l’avenue on arrive au n°33 immeuble de caractère où se situe dès les années 1910 la Banque Scalbert. C’ est un établissement du Nord de la France fondé par Auguste Scalbert qui fusionne en 1976 avec la banque Dupont fondée dans le nord par Louis Dupont. La Scalbert-Dupont compte alors 154 agences.
En 2006, la Scalbert-Dupont est absorbée par le groupe CIC (Nord-Ouest) qui, dès les années 1920, avait pris une participation dans chacune des 2 banques nordistes d’origine. Depuis 1910, la façade de l’immeuble n’a guère changé si ce n’est la disparition des 2 colonnes d’origine encadrant l’entrée et supportant la grille, toutes deux disparues.
En remontant encore l’avenue vers la gare, sur le trottoir d’en face, on trouve un autre exemple du même ordre avec la Société Générale installée au n°40. Cette agence, qui a également des bureaux à Tourcoing et Croix, fait aussi escompte et opérations de bourses, et possède un service de coffres-forts. Elle a investi un magnifique immeuble de caractère comme le montrent deux cartes postales du début du siècle.
Comme le Crédit du Nord cependant, l’agence a elle aussi recours à une modernisation de sa façade en 1961 après rachat du 38 bis. Si les étages ne sont pas touchés le rez-de-chaussée est quant à lui bétonné. Ses publicités se modernisent également au fil du temps. En 1981, un guichet automatique très novateur est installé dans le passage menant à la rue Nain afin que la clientèle puisse y effectuer ses retraits sans descendre de voiture.
Dans les années 2010, l’agence roubaisienne de la société générale quitte l’avenue Jean Lebas pour gagner des locaux plus petits, lumineux et modernes, construits en lieu et place d’une institution roubaisienne à savoir le Palais du Vêtement, sur la Grand Place de Roubaix. Sa nouvelle adresse devient le 1-3 Grande Rue à Roubaix. Quant au n°40 avenue Jean Lebas, il abritera après quelques temps divers cabinets médicaux.
En remontant encore vers la gare, un autre édifice abrite une banque dès le début du siècle. Il s’agit du n° 57-59, immeuble de style, et du Comptoir National d’ Escompte de Paris dont le siège se situe dans la capitale et qui possède également une agence à Tourcoing. Cette banque propose toutes opérations de banque et de bourse.
En 1962, le Comptoir dépose une demande de permis en mairie pour transformation et aménagement d’un immeuble à usage de banque. Il s’agit alors d’une mise en conformité du bâtiment existant aux normes d’hygiène et de sécurité, notamment avec l’installation d’une sortie de secours sur la rue de l’Espérance. Le plan joint à la demande donne une idée de l’aménagement intérieur du rez-de-chaussée où le public est reçu.
Puis dans les années 1980, après le départ de la banque au n° 24 de la Grand’Place, l’immeuble est occupé par la compagnie d’assurances AGF. De nos jours c’est le groupe Gesco qui est installé dans les lieux et il est à noter que contrairement aux établissements bancaires précédemment cités, la façade de l’immeuble du 57-59 n’a pas connu de modification notable et a donc gardé son cachet d’origine.
A suivre…
Remerciements à la BNR et aux archives municipales de Roubaix.
En 1841, Alexis Lavigne maître-tailleur, puis tailleur-amazonier de l’impératrice Eugénie, publie ses premières méthodes de coupe et ouvre une école pour l’enseignement des métiers de la mode : le Cours Lavigne à Paris, qui deviendra 150 ans plus tard ESMOD, Ecole supérieure de Stylisme et de Modélisme, qui deviendra plus tard l’Ecole Supérieure des arts et des techniques de la Mode.
Après les écoles créées à Paris, Bordeaux, Lyon, Rennes, ESMOD décide en 1993, de s’implanter à Roubaix. La ville n’a pas été choisie au hasard. En effet, ainsi que les deux directrices Mmes Paule Douarinou et Annette Goldstein le précisent : Roubaix a toujours été tourné vers le textile, la mode et l’innovation, la ville se trouve à un carrefour européen avec les pays du Nord, et accueille des grands groupes de distribution moderne et de vente par correspondance.
Reste à trouver un endroit pour l’implantation de l’école. Le choix se fait sur un magnifique bâtiment, un endroit qui séduit à la fois la direction, les enseignants et les étudiants, et qui, de surcroît a du caractère : le 27 boulevard Leclerc.
Cette magnifique maison de maître était précédemment le siège de l’entreprise Bardahl France ( voir sur notre site, un précédent article édité et intitulé : Bardahl ) et auparavant occupé par les établissements Paul Bonte et cie ( négoce de laines ).
L’architecte Philippe Alexandre se charge de réhabiliter l’immeuble. Le premier bâtiment sera occupé par une salle de cours, les magnifiques charpentes seront préservées et sauvées, car menacées par la mérule, et un podium arrondi sera installé pour les défilés de mode, équipement indispensable pour une telle école.
Sur le côté on aménage des bureaux, une salle de cours et une tissuthèque. Dans la cour, se trouve un vaste hangar dont la structure est saine, mais il faudra certainement le détruire car il ne correspond pas aux besoins de l’école et cela pourrait constituer une réserve foncière pour un prochain agrandissement.
René Vandierendonck, premier adjoint au maire, ne manque pas d’idées pour tout ce qui touche à ce quartier situé à deux pas de l’Eurotéléport, de l’IUT, et au cœur d’un vrai pôle universitaire.
Mardi 15 Février 1994, une réunion se déroule en Mairie ; une table ronde-information sur « la mode, ses métiers, son avenir » avec la participation de Elisabeth de Senneville, styliste créateur, de Paule Douarninou et Annette Goldstein, directrices d’ESMOD international, de Jacques Bonte, historien de l’industrie textile du Nord de la France, de Jean Duforest président de Camaïeu, et de René Vandierendonck.
Après la réunion de travail, où on prépare l’ouverture d’ESMOD Roubaix pour la rentrée de Septembre, à 19h30, se déroule un défilé de mode à la Mairie par les élèves de 3° année d’ESMOD Paris, et ensuite, c’est la fête ! Les étudiants costumés donnent de sacrées couleurs à l’intérieur et l’extérieur de l’Hôtel de Ville pour un carnaval débridé.
En Octobre 1994, c’est l’inauguration, en présence de Mr le maire, René Vandierendonck, des deux directrices d’Esmod Mmes Douarinou et Goldstein qui sont venues de Paris pour cet événement, ainsi que de 22 élèves, de leurs parents et des professeurs
Les nouveaux locaux sont flambant neufs, et sentent encore la peinture fraîche. On n’a pas mégoté sur les travaux pour que les lieux soient vraiment à la hauteur de la réputation de l’école
L’ESMOD se développe de façon importante à la fin des années 1990 . Chaque année au mois de Juin, est organisé un défilé de mode, réalisé par les étudiants(tes) de l’école. Chacun peut assister au spectacle et le défilé est gratuit pour les professionnels mais également pour le grand public sur réservation.
« Les premières années, les défilés avaient lieu à l’hôtel de ville, précise Philippe Zmirou, le nouveau directeur d’ESMOD. Les professionnels étaient très impressionnés par la beauté des lieux et le majestueux escalier. J’avais envie de rendre le défilé accessible au public. « Ça va déclencher des émeutes, vous êtes à Roubaix! », m’avait-on dit. Finalement, je suis allé jusqu’au bout de mon idée et tout s’est bien déroulé. »
Les années suivantes, les défilés ont lieu dans des endroits différents : le parc de Barbieux, la manufacture des Flandres et très souvent la salle Watremez.