Quand Darty vint à Roubaix

C’est au début du mois de juillet 1976 que l’on apprend la fermeture prochaine du magasin Monoprix rue Pierre Motte à Roubaix. Cette décision a été prise au cours d’une réunion avec le comité d’entreprise. Cette surface commerciale de 1300 m² avec son parking emploie alors une cinquantaine de personnes. La raison de la fermeture, c’est la baisse du chiffre d’affaires, due à l’ouverture récente d’un supermarché Auchan dans le centre commercial Roubaix 2000. Mais le Monoprix de la rue de Béthune à Lille fermera également avant la fin de l’année. L’arrivée de la société Darty sur les deux sites Monoprix, à Lille et à Roubaix, est annoncée par voie de presse en août 1976.

 L’histoire de la société commence en 1957, lorsque trois frères, Nathan, Marcel et Bernard Darty, commerçants en textile, rachètent le bail d’un magasin d’électroménager voisin pour agrandir leur surface commerciale. Suite à la vente du stock de ce magasin, Bernard Darty et ses frères décident d’abandonner le textile pour se lancer dans la vente d’appareils électroménagers. Jusqu’en 1966, l’entreprise familiale se développe avec la création d’un entrepôt à Bagnolet et un autre magasin en région parisienne. En mai 1968, la première grande surface Darty voit le jour à Bondy. Le fameux « contrat de confiance » créé en 1973, qui inclut un service de garantie après vente, établit la renommée et le succès commercial de la chaîne de magasins. Dès 1976, Darty entre en bourse et développe son concept en région.

La dernière animation commerciale de Monoprix, sur son parking en avril 1976 Photo Nord Éclair

Darty en 1977, c’est 28 magasins en France. Après la région parisienne, et la région Rhône Alpes, c’est dans le Nord que la société n°1 de vente de téléviseurs, de radios, d’électroménager et de Hi Fi vient s’installer. En avril 1977, Darty ouvre simultanément trois magasins : à Lille, rue de Béthune dans le secteur piétonnier, à Englos dans le centre commercial et à Roubaix, 15 rue Pierre Motte, et ses horaires sont les suivants : du lundi au samedi de 9 h 30 à 20 heures 30 sans interruption. A l’époque, sur ce créneau, le magasin d’électroménager à Roubaix, c’est Scrépel Pollet, dans la Grand Rue.

Le magasin Darty de Roubaix à son ouverture Photo Nord Eclair

 La formule Darty : des prix bas toute l’année, une livraison gratuite des appareils et un dépannage rapide, 7 jours sur 7. Dans les années 2000, Darty représente plus de 200 magasins en France et au Luxembourg, plus de 10 000 salariés et plus de 400 camionnettes jaune et bleu qui sillonnent les routes. L’entreprise n’appartient plus à la famille, depuis 1993, la société Darty est entrée dans le groupe britannique King Fisher. Aujourd’hui, elle est présente sur différents créneaux : multimédia, téléphonie, image et son.

Darty en 2013 Photo PhW

 La presse vient d’annoncer la fermeture du Darty roubaisien au printemps 2013. Quelle sera la nouvelle enseigne du 15 rue Pierre Motte ?

De la poste à l’IUT

C’est en janvier 1928 que M. Robert receveur principal, fait l’ouverture du nouvel hôtel des postes au public. Imposant par sa taille son style néo-flamand et par la dimension de ses services, cet immeuble accueillait les derniers perfectionnements de la science de l’époque : ascenseurs puissants, monte-charges électriques, monte-télégrammes pneumatiques, toboggans pour la descente du courrier…Il comportait une vaste salle pour l’accueil du public, et derrière les guichets une grande salle pour le tri du courrier par les facteurs. Un service de boîtes postales digne d’une grande ville, environ un millier, une salle de six cabines téléphoniques ouverte jour et nuit, une salle de télégraphe. L’immeuble est vaste ce qui contraste fort avec l’ancienne poste de la rue du Curé.

L’hôtel des postes, peu après son ouverture Collection Médiathèque de Roubaix

 On sait dès l’année 1967 qu’il est question de construire une nouvelle poste sur l’emplacement de la place des Halles, à l’époque occupé par le Lido, centre de transit entre la rue de Lannoy et le futur centre commercial Roubaix 2000. La ville souhaite transformer le grand immeuble postal en centre culturel, où s’installeraient la bibliothèque municipale, des salles de conférence et de réunion au deuxième étage, un musée au troisième, et le musée du folklore au quatrième. Petit bémol, les édiles de l’époque préfèrent parler de conservatoire des arts et traditions populaires. Les amis du Musée qui militent depuis longtemps pour un établissement de ce genre, relancent leurs appels pour enrichir le fond et annoncent déjà des animations telles qu’expositions de peinture, section philatélie…

La poste des années cinquante Collection Médiathèque de Roubaix

L’accord pour construire une nouvelle poste intervient en avril 1970, mais c’est seulement en 1975, soit deux ans après le démontage du Lido, que l’on reparlera de construire une autre poste, qui ouvrira le lundi 12 décembre 1977. La question du devenir de l’ancien bâtiment reste donc posée. Donné à la ville en l’échange des terrains nécessaires à la construction du nouvel bâtiment postal, ce bâtiment a besoin de travaux d’aménagement. La ville pense en faire à ce moment une maison des associations locales. En mars 1980, c’est toujours une friche administrative. On sait le montant des travaux d’aménagement, près d’un million et huit cent mille francs, et la ville a entrepris de faire restaurer la toiture. Les projets sont toujours les mêmes : carrefour pour les associations, centre de développement culturel, pouvant accueillir divers groupements artistiques, comme la compagnie de marionnettes de Jacques Vincent. Puis on parle de l’aménager en mini centre tertiaire, dont les bureaux seraient rétrocédés à des sociétés privées. En octobre 1980, le projet d’aménagement en maison des associations est retenu pour un concours organisé par l’état via le ministère de l’environnement intitulé architectures publiques.

Sont alors envisagés une salle de réunion de 150 places, une salle d’exposition, un centre de documentation et d’information, une cafétéria, des salles banalisées à la disposition des associations, des locaux affectés à des associations ayant des besoins particuliers (photo, audio visuel, poterie). L’état finance 50% de l’étude et si le projet est retenu, le fonds d’aménagement urbain participerait à hauteur de 35%. Si la ville s’est engagée dans l’étude, elle ne l’est pas pour les travaux. Le bâtiment étant en très mauvais état, il n’est pas impossible que la ville le revende.

L’hôtel des postes devenu IUT Photo Michel Farge

Les travaux de rénovation commencent en 1982 par la réfection de la toiture et ils se termineront en septembre 1984. A cette date, malgré une capacité d’accueil potentielle de 45 associations, la municipalité d’André Diligent estime que trop peu sont intéressées à l’occuper, il est donc décidé d’accueillir les étudiants de l’Institut Universitaire de Technologie C de Lille II (carrières juridiques, judiciaires et techniques de commercialisation), créé en 1974 à Villeneuve d’Ascq. Une aubaine pour Roubaix, qui est la capitale de la vente par correspondance. Les premiers étudiants en Management de la Distribution arrivent en décembre 1985. C’est en novembre 1986 que le ministre de l’éducation nationale de l’époque René Monoury viendra visiter un IUT de 500 étudiants sous la conduite de son directeur, Monsieur Werrebrouck.

Les tribulations d’une fontaine

Roubaix se développe d’une manière considérable au dix neuvième siècle. Pour faire face aux besoins en eau grandissants de l’industrie, on décide de puiser dans la Lys. Les travaux sont mis en route et aboutissent en 1863. Pour fêter l’événement, on construit une fontaine sur la Grand-Place. Œuvre de M. Iguel, elle a pour sujet les trois grâces et comporte plusieurs vasques superposées. On choisit le 15 Août, fête de l’empereur, pour l’inaugurer, et on en profite pour faire une grande fête. Une grande banderole à la gloire de Napoléon III pavoise la mairie, et on assiste à des réjouissances populaires qui durent plusieurs jours. La fontaine est placée en face de la mairie au débouché de la rue Neuve.

La fontaine sur la Grand-Place avant percement de la rue de la Gare

Son emplacement devient gênant pour la circulation du fait du percement de l’avenue de la gare et il est décidé de la déplacer. Selon Nord Eclair, un premier déménagement, la placerait en 1874 sur le square Notre Dame, à l’emplacement actuel de l’école des beaux arts. Elle y resterait jusqu’à la suppression du square en 1882. On pose alors au carrefour du boulevard Gambetta et de la rue du Moulin le 20 mars 1883, dans le but d’orner l’entrée de Roubaix.

La fontaine à l’entrée du boulevard Gambetta, aujourd’hui Leclerc

Elle semble avoir trouvé là une place définitive et, au fil des années, elle finit par disparaître sous une végétation envahissante. On note qu’à l’époque une bonne partie du carrefour était simplement empierré, la zone pavée passant au large de la fontaine.

Mais, cette malheureuse fontaine doit de nouveau émigrer en 1924. Il lui faut faire place au monument aux morts. On la démonte pour la réinstaller, quelques centaines de mètres plus loin sur le boulevard, en face de l’hôtel des Postes.

Notons les moyens rudimentaires de manutention de l’époque…

La fontaine devant l’hôtel des postes.

Notre fontaine reste là jusqu’en 1955, mais, placée au débouché direct de la rue du Coq Français, elle est une nouvelle fois victime des aménagements pour faciliter la circulation : On la démonte une fois de plus. Au cours de ce démontage, le bassin se fissure et la fontaine est déclassée et disparaît de la voie publique roubaisienne.

Le monument d’Alexandre Descatoire

Mais le carrefour de la rue Jean Moulin n’est pas resté sans ornement : Un monument aux français morts pour la grande guerre, œuvre d’Alexandre Descatoire, prend sa place en octobre 1925. On peut penser que les choses en resteront là, mais, malheureusement, il s’avère qu’il gêne lui aussi la circulation. C’est son tour d’être déplacé. Il sera reculé d’une centaine de mètres sur le boulevard du Général Leclerc…Mais ceci est une autre histoire…

Documents médiathèque de Roubaix et archives municipales