Bossu Cuvelier

Louis-François Bossu naît, en 1835, à Roubaix et Elma Cuvelier naît, en 1842, à Houplines. Ils se marient et ont 6 enfants Marie, Louise, Paul, Louise-Elisa, Henri et Albert. Louis-François est quincaillier. Il crée son commerce avec son épouse, à Roubaix, au 74 Grande Rue, en 1862, à l’enseigne Bossu Cuvelier. C’est un emplacement idéal car c’est une grande artère commerçante de la ville. Les débuts sont difficiles ; à cette époque, les livraisons se font en véhicules hippomobiles, ou en charrettes à bras. Les employés apportent leurs quotas de charbon pour chauffer les bureaux ! La volonté, la ténacité, le sens du commerce du couple permettent cependant d’envisager un avenir prometteur.

( Document coll. Priv. )

Louis-François développe son commerce de quincaillerie, en se spécialisant en serrurerie, poëlerie, appareils de chauffage en fonte, aciers, fers, cuivres …Il livre également les usines textiles, en petit outillage de tissage et peignage mécanique.

Il stocke ses produits dans un local, au 90 bis de la même rue, et ensuite dans un entrepôt situé derrière son magasin, sur le Boulevard Gambetta, au 81 83, avec un accès beaucoup plus aisé pour les livraisons et les expéditions. Le magasin de la Grande Rue est destiné à recevoir les particuliers, pour la quincaillerie, la serrurerie, le petit outillage etc. A l’étage, on y trouve de la vaisselle, des articles de ménage, de la droguerie. . .

L’entrepôt du Boulevard Gambetta est plutôt réservé à l’activité de grossiste pour les outillages industriels, fers, aciers, tôles …

Les deux bâtiments sont complètement séparés ; il y a juste un accès par une petite porte. Les deux entités sont différentes.

( Document coll. Priv. )

Au début des années 1900, il rachète le 74 bis à un torréfacteur de cafés (Marquette Dusart), et fait transformer la façade des deux magasins réunis. Après la première guerre mondiale, la France a besoin de se reconstruire. Bossu Cuvelier va alors connaître une ascension fulgurante, surtout pour l’activité de gros : division aciers et fers. L’entreprise compte une quarantaine de salariés, dans les années 1920.

( Document BNR )
( Document coll. Priv. )

En 1921, Albert Bossu s’associe avec Camille Dubrulle. Ils font l’acquisition d’un terrain d’environ 8000 m2, rue de Cohem, pour y construire un entrepôt de stockage pour son activité de gros, et fait venir directement l’acier en grosse quantité, en particulier de Lorraine, à des prx négociés au plus bas. C’est un emplacement stratégique, puisque cette parcelle bénéficie d’un embranchement particulier pour les voies ferrées, la gare du Pile étant toute proche. Ce nouvel entrepôt rue de Cohem remplace le dépôt du 90 bis Grande Rue qui n’a plus d’utilité et va être loué, en 1935, aux Ets Delbecque ( machines outils et outillage ).

( Document coll. Priv. )
( Documents Bossu Cuvelier )

L’activité de vente aux particuliers se développant également, le manque de place motive l’entreprise à reprendre les deux maisons voisines, du 76 puis du 78 de la Grande Rue. Le 76 est occupé par un cafetier : Degreve-Verbeurgt, le 78 par B. Nodot de la coopérative des vendeurs de journaux. En 1934, Bossu Cuvelier demande à l’architecte Fernand Lefebvre de Roubaix de transformer les deux maisons en commerce de détail. La façade mesure désormais plus de 30 mètres. L’agrandissement disponible permet d’ajouter des nouvelles familles de produits, comme des articles et mobiliers de jardin.

( Document coll. Priv. )

Tous les dirigeants de Bossu Cuvelier ont eu le sens du commerce, de la publicité et de la communication.

Création d’un panneau publicitaire en 1951 ( Document D. Labbé )

En 1954, Jean Bossu, Directeur de l’entreprise, souhaite transformer les façades des 76 et 78 Grande Rue, car les 2 immeubles sont vétustes et délabrés . Il fait appel à l’architecte Marcel Forrest, de Tourcoing, pour son projet d’amélioration de la façade complète du 74 au 78 pour un investissement de 12.900.000 Frs.

( Document Archives Municipales )
La façade, avant et après ( Documents Archives Municipales )

Bossu Cuvelier devient une société importante, mais garde son esprit familial. Les salariés sont fidèles à leur entreprise. En 1955, Léon Hennebicq devient le doyen des quincailliers de France, car il compte 69 années de présence chez Bossu Cuvelier !Lors d’une cérémonie en la présence de Jean Bossu et de M le maire, Victor Provo, il reçoit la croix de chevalier de la Légion d’Honneur, d’ Antoine Toulemonde, président de la chambre de commerce. Pour fêter cet événement exceptionnel et rarissime, Jean Bossu décide de fermer le magasin une journée complète.

( Document Nord Eclair )

À suivre . . .

Remerciements aux Archives Municipales, ainsi qu’à Magali Muset, Arlette Thullier, Lucette Bernardi et Armelle D.

Les Arcades

Le coin de la rue neuve (rue du Maréchal Foch) et du boulevard Gambetta a été occupé dès avant 1884 par le café des Arcades, l’un des grands cafés roubaisiens. Une photo prise depuis la rue des loups le montre à l’extrémité d’une rangée de belles maisons qui lui sont antérieures et qui terminaient la rue avant sa construction. Ces maisons abritent notamment la famille Prouvost-Bénat et la veuve Motte-Bossut en 1885.

Photo collection particulière

Côté boulevard Gambetta le café voisine avec un garage automobile, ouvert après la première guerre où officie M. Dourlens en 1922, remplacé par M. Lemaire peu d’années après.

Photo collection particulière

On aperçoit sur les deux photos précédentes une haute antenne et une construction sur le toit du café : il s’agit d’un studio d’émission radio installé là au début des années 20 au bénéfice du radio-club du Nord de la France.

En 1885 le café porte le nom d’estaminet Farvaque. En 1900 c’est J. Lecreux qui le tient. En 1922 J. Molin. le remplace, qui accueille et abrite le radio-club. Puis, en 1926 c’est J. Molin, qui lui donne le nom de café des arcades. Les belles maisons et le garage disparaissent en 1930 pour laisser place à la société des automobiles Renault qui vient y installer ses ateliers. Notre café est maintenant enserré entre les constructions de la société automobile.

Photo Nord Eclair

Les propriétaires du commerce continuent à se succéder : monsieur Lemoine reprend le fonds en 1935, puis le café passe finalement dans le mains de Mme Anne-Marie Aubanton en 1942. Cette dame présidera à sa destinée jusqu’à sa démolition. Nord Matin annonce la mort du débit de boissons en 1951 dans un article où il décrit sa vie tranquille, fréquenté par des habitués, joueurs de cartes – fidèles depuis plusieurs décennies – et amateurs de billard. Il est le siège de plusieurs sociétés roubaisiennes. Le bâtiment, racheté par Renault, sera démoli en 1952.

Photo Nord Matin

Sur son emplacement, la régie va s’agrandir et édifier une extension, complétant sa succursale. Le nouveau bâtiment reprendra le style de ceux existants pour constituer un ensemble homogène.

Anne-Marie Aubanton, elle, reprend un autre café qui existe depuis avant la 1ere guerre au 5 rue du Moulin à l’enseigne de la Citerne. Elle l’exploite quelques années, puis cet autre café va disparaître dans la première moitié des années 60 avec tout le côté gauche du bas de la rue Jean Moulin. Ironie du sort, le terrain ainsi libéré est maintenant occupé par la succursale Renault !

Les documents proviennent de la médiathèque de Roubaix et des archives municipales.

Les meubles De Beyne

Adolphe De Beyne est né, en 1884, à Waregem en Belgique. Il est menuisier, il crée son atelier et s’installe au 167 rue Pellart, en 1906. Il fabrique des cercueils, des malles et des valises.

Publicités 1917 et 1918 ( Documents coll. priv. )

A la fin de la première guerre mondiale, les besoins sont énormes, et les artisans menuisiers s’orientent vers la fabrication de meubles. Adolphe devient ébéniste, il se spécialise dans la production de meubles haut de gamme, de différents style : Louis XV, Empire etc. Il utilise exclusivement des bois nobles : le chêne bien sûr, mais également le merisier, l’acajou. La qualité irréprochable du mobilier qu’il fabrique, lui apporte une clientèle fidèle, et une forte notoriété.

Publicités 1920 1925 ( Documents coll. priv. )

Il se marie avec Laure Cours. Leur fils, Pierre, naît en 1922. Adolphe De Beyne est bon commerçant. Il est présent lors des salons et des foires. Il obtient des médailles et diplômes d’honneur lors d’expositions internationales à Lille, Bruxelles et Paris. Pour faire face au développement de son entreprise au début des années 20, il décide d’acquérir un nouveau local, au 44 rue de la Vigne, pour agrandir son atelier de production.

Le bâtiment de la rue des Sept Ponts 1938 ( Document coll. priv. )

Mais il se retrouve à nouveau très à l’étroit. En 1929, il déménage son atelier dans une usine ultra moderne, au 56 rue des Sept Ponts, et crée un salon d’exposition, au 86 Grande rue, avec un nouveau slogan publicitaire : « Les meubles d’art De Beyne »

( Documents coll. priv. )
Pierre Debeyne en 1955 ( Document Nord Eclair )

Après la deuxième guerre mondiale, son fils Pierre prend la relève et gère l’entreprise.

( Document A. Courtel et coll. priv. )

En 1954, Pierre décide de transformer complètement le bâtiment de la Grand Rue, en créant un hall d’exposition, grâce à 3 magnifiques vitrines en façade. Les travaux sont confiés aux Ets Rabot Dutilleul.

( Documents Archives Municipales, Google Maps, et A. Courtel )

En 1956, il demande à son architecte, Maurice Caucheteux à Croix, un projet pour agrandir son entreprise, en construisant un entrepôt de stockage et atelier de réparation de 260 m2, au bout de son terrain.

Publicités 1967 ( Documents A. Courtel et Nord Eclair )

A la fin des années 60, il diversifie son activité en important des meubles, surtout de Grande Bretagne. Les premières difficultés apparaissent dans les années 70. Les habitudes des consommateurs changent ; l’acquisition d’une salle à manger ne se fait plus pour une vie entière ; la mode est au changement de mobilier tous les 10 ou 15 ans. Des grandes surfaces, spécialisées en meubles modernes voient le jour, après la mode du « Formica », elles distribuent des meubles composés de panneaux de particules à des prix défiant toute concurrence, puis des meubles en kit.

Pierre préfère se recentrer davantage sur le négoce de meubles et réduire sa production. Le bâtiment de la rue des sept ponts devient alors un lieu de stockage. L’entreprise ferme en 1985.

( Document Auction.fr )

On trouve parfois, dans des salles de ventes, des meubles fabriqués par les Ets De Beyne, comme cette armoire en palissandre des années 1940.

Aujourd’hui, le 86 Grande rue est occupé par Alain Courtel, photographe professionnel spécialisé dans des reportages publicitaires, et le bâtiment de la rue des Sept Ponts abrite la Croix Rouge.

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Remerciements aux Archives Municipales, et à Alain Courtel

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Le Blockhaus de la Mairie

A la fin des années 30, la situation internationale est tendue et chaotique. La guerre est proche. Non sans raison, on vit dans la hantise d’une brusque attaque aérienne de l’ennemi. Le Préfet prend des mesures destinées à protéger la population civile contre les bombardements ; c’est la Défense passive. La population est invitée à se réfugier dans des abris qui peuvent être des tranchées, des bunkers, des anciennes casemates, ou des protections individuelles comme des caves.

A Roubaix, on construit un abri anti-aérien dans la cour de la Mairie, rue de l’Hôtel de Ville, pour le personnel municipal, qui sert en même temps de P.C. pour la Défense passive. Il peut recevoir 30 à 40 personnes.

 L’édifice est en béton armé, de 80 cms d’épaisseur et d’un volume de 90 m3, en forme d’ogive. L’abri n’a jamais été utilisé en tant que tel. Il a servi pendant des années aux services municipaux, et en particulier aux jardiniers qui pouvaient y stocker les outils nécessaires à l’entretien des parterres de fleurs du centre ville. Les roubaisiens s’habituent, malgré tout, à la présence de ce blockhaus, car il est recouvert de lierre et entouré de rosiers grimpants.

En 1978, M le Maire décide qu’un ravalement complet de la façade de l’Hôtel de ville, noircie par le temps et la pollution, est nécessaire. Gérer le patrimoine, c’est aussi l’entretenir. Il profite de l’occasion, pour faire raser ce blockhaus, qui n’a jamais servi depuis près de 40 ans.

On ne peut pas dynamiter un bunker en centre ville, comme ceux que l’on trouve parfois sur les plages de la région, car nous sommes à quelques mètres de la Mairie, et en face de la Caisse d’épargne. L’entreprise de démolition Sodenor de Wasquehal effectue un travail préparatoire, celui de transformer l’édifice en un véritable gruyère : 300 trous sont percés dans la masse, dans lesquels sont placées des charges d’explosifs, pour un total de 15 kgs de dynamite.

Le 25 Juillet 1978, de nombreuses précautions sont prises, pour la sécurité. Des énormes ballots de paille sont appliqués autour de l’édifice ; des toiles sont tendues sur les grilles de la Mairie, et la circulation des piétons et des voitures est interdite dans la rue.

A 14h 15, l’explosion fendille le blockhaus de toutes parts, sans faire de gros dégâts, à part quelques vitres brisées à la Mairie et en face, sur le bâtiment mitoyen de la Caisse d’épargne.

Le bunker est lézardé, il ne reste plus qu’à le casser avec un engin spécial appelé brise-béton. C’est un travail de longue haleine car le béton est rempli de ferrailles qu’il faut découper au chalumeau. Les gravats sont déblayés et, fin Août, il ne reste plus rien du blockhaus de la Mairie. Le vestige historique n’est plus qu’un souvenir.

 Photo BT

A l’emplacement, on trouve aujourd’hui une quinzaine de places de parking pour le personnel communal.

Remerciements aux Archives Municipales. Toutes les photos proviennent des quotidiens Nord Éclair et La Voix du Nord de Juillet 1978.

Total à Gambetta

En 1962 sont entrepris des travaux de construction sur un terrain libre entouré de murs du boulevard Gambetta, situé au coin de la rue Catrice, aux numéros105 à 113. A cet endroit, les roubaisiens n’avaient jamais connu que de la végétation. Le terrain de la future construction a visiblement été séparé de la partie grand rue par un mur.

Photos IGN

Ce parc dépendait d’une belle maison de maître sise au 102 de la grand rue, construite pour la famille du distillateur Charles Droulers-Prouvost, dont l’entreprise se trouvait située le long du Canal, au quai de Wattrelos.

La distillerie

Cet industriel demande en 1898 à la mairie l’autorisation de construire sur le coin de sa propriété boulevard Gambetta une maison de concierge, ainsi qu’une porte cochère ouvrant sur sa propriété. En 1922, le concierge sera H.Calonne. Cette maison sera respectée par les travaux de construction menés. Elle existe encore aujourd’hui.

La construction qu’on érige sur le terrain est, pour sacrifier à l’époque, une station-service. Elle défendra la marque Total sur le boulevard,jusque là apanage de la concurrence. Le bâtiment comporte un bureau au centre, encadré de deux aires consacrées aux interventions. Un abri en forme de trèfle abrite les pompes et, la place ne manquant pas sur le terrain, on a pu y aménager un parking confortable pour les véhicules en attente et une pelouse autour de l’ancienne maison du concierge.

Photo IGN 1969

En 1968, le gérant est G. Wambeke. L’année suivante, la société lance une campagne de promotion : la station, pavoisée, dont les gérants sont maintenant M. et Mme Augier, offre des cadeaux aux automobilistes clients ; ce sont sans doute les engins de plage qu’on voit disséminés sur la pelouse attenante, alors qu’une ami 6 Citroën est ravitaillée en essence.

Photo Nord Matin

En 1975, une photo nous montre que l’auvent en forme de trèfle a été démonté. Pour quelle raison ? Une autre de 1981 nous présente un autre abri,cette fois de forme rectangulaire.

Photos IGN

La station disparaît sans doute dans la première moitié des années 90, victime, comme beaucoup de la désaffection des automobilistes. La station est aujourd’hui remplacée par un commerce de restauration rapide et le bâtiment repeint. L’abri, lui, a disparu.

Photos Nord Eclair et Google

Les documents proviennent de la médiathèque et des archives municipales. Merci à eux

 

Le Lloyd Continental

Alfred Verspieren est le premier courtier indépendant français. En 1880, il crée à Roubaix une société de courtage à son nom. Il s’installe 8 rue Dammartin. Son cabinet d’assurances se développe rapidement, grâce à son image de sérieux et de compétence auprès des industriels de la métropole.

A. Verspieren 1901 ( Document coll. priv. )

Alfred Verspieren est également Directeur Général de la M.C.I : Mutuelle du Commerce et de l’Industrie qu’il a créée en 1904. C’est un consortium d’industriels désireux de se protéger contre des risques tels que grèves, émeutes, troubles qui ne sont pas couverts habituellement par les compagnies d’assurance

(Document coll. priv. )

En 1920, suite à des sinistres désastreux qui frappent les industriels de la laine et du coton, les compagnies deviennent méfiantes. Le fils d’Alfred, Pierre Verspieren-Dewavrin, crée la compagnie Lloyd Continental Français, spécialisée dans l’assurance des risques d’incendie de l’industrie textile.

(Document coll. priv. )

La tâche n’est pas aisée, surtout dans une région dévastée, ruinée, après la guerre de 1914-1918, mais Pierre est optimiste ; il a de l’audace, du courage et de la volonté. Peu à peu, l’activité se développe. En plus des contrats d’assurance incendie, le cabinet propose désormais des produits d’assurance auto, habitation, vol, maladie, dégât des eaux . . .

En 1929, la famille Verspieren crée la Société Auxiliaire de Crédit, qui a pour objet de financer les ventes à crédit de voitures, de matériel…

Les deux sociétés ( Verspieren et Lloyd ), étroitement unies poursuivent un développement rapide et parallèle.

(Document ANMT )

La famille Verspieren dirige l’entreprise depuis plusieurs générations. Dans les années 1960, on trouve à la tête de l’entreprise : Charles Verspieren-Dufour, Michel Verspieren-Coisne, Pierre Verspieren-Caulliez.

(Document coll. priv. )

Le cabinet, très fortement implanté dans la région Nord, atteint désormais une dimension nationale. Dans les années 1970, on compte 15 Directions régionales, 23 inspections, 750 agents et courtiers. Le personnel administratif est composé de 1200 personnes dont 700 collaborateurs motivés à Roubaix.

De nombreuses demandes de permis d’agrandissement des locaux de la rue Dammartin sont déposées en Mairie, par l’architecte L. Maillard à Tourcoing, pour faire face au cruel manque de place. Or ce sont, à chaque fois, des demandes de construction de locaux provisoires et démontables, en matériaux légers, car la Direction a un projet bien précis : construire un nouvel immeuble. . .

(Document Archives Municipales )

En 1971, la décision de construire un nouvel immeuble est récente, mais le projet ambitieux existe depuis bien longtemps, et fait suite à une longue période de préparation. Il faut d’abord acquérir et libérer une quinzaine de propriétés voisines, nécessaires à la construction du bâtiment, à la création des parkings et des espaces verts soit 23.000 m2 au total. Les travaux sont confiés au cabinet d’architectes E. Maes et L. Maillard à Lille qui programme la construction en 3 tranches de travaux.

(Document Archives Municipales )


Le projet est bien défini : construire un nouveau siège administratif agréable, fonctionnel et moderne. Ce sont des bureaux paysagés, sur des plateaux de 1700 m2 ; cela permet de prévoir d’éventuels changements d’implantation à l’avenir. Les conditions de travail sont très agréables, que ce soit pour l’éclairage, la climatisation, ou l’insonorisation. Les couleurs des bureaux sont chaudes et chatoyantes. La Direction met en place des horaires mobiles pour le personnel. Une cafétéria, pouvant servir 650 repas quotidiennement, est construite. C’est une nouvelle conception d’environnement, de mode de vie, et de communication.

 Pose de la 1° pierre ( Document Nord Éclair )

Jeudi 15 Novembre 1973, M le Maire Victor Provo pose la première pierre du futur bâtiment, entouré de ses adjoints : Mrs Léonce Clerambeaux, Pierre Prouvost et André Thiebaut. Ils sont accueillis par Pierre Verspieren PDG et Charles Verspieren vice PDG, qui est également président de la chambre de commerce de Lille-Roubaix-Tourcoing.

(Document ANMT )

En juin 1975, c’est l’inauguration du bâtiment, sous la présidence de Norbert Segard, ministre du commerce. Les deux frères, Charles et Pierre Verspieren, accueillent : MM. Provo, sénateur maire de Roubaix, Chadeau, préfet, Camata, préfet de police, Delesalle, président de la chambre de commerce, ainsi que des personnalités importantes de la région, des chefs d’entreprise, et des professionnels de l’assurance.

De gauche à droite : Charles Verspieren, Norbert Segard, Victor Provo, Pierre Verspieren
( Document ANMT )

Après une visite rapide des locaux, tous les invités se retrouvent au restaurant du 4° étage pour les discours d’usage : éloges et félicitations sur cette magnifique construction.

En 1978, l’entreprise Lloyd Continental, qui a désormais son adresse au 1 ter rue du maréchal De Lattre de Tassigny, décide de repeindre les boiseries du vieux bâtiment de la rue Dammartin, avec la même couleur verte, d’origine.

(Document ANMT )

Dans les années 80, l’entreprise se développe encore de façon importante. En 1995, pour ses 75 ans d’existence, le Lloyd Continental organise dans le hall de l’immeuble, une exposition de 400 objets sur l’histoire de l’entreprise.

(Document ANMT )

La compagnie d’assurance Swiss Life qui souhaite renforcer sa présence sur le marché français, rachète le Lloyd Continental en 1999, et devient le 3° assureur de France avec plus de 2 millions de clients en portefeuille.

Swiss Life (Document Google Maps )

Quelques années plus tard, en 2005, la famille Verspieren, avec 138 ans d’expérience, reprend ses activités de courtage en assurances. Pierre-Anthony Verspieren ( 5ème génération ) dirige désormais l’entreprise basée à Wasquehal. Les affaires sont florissantes et le groupe Verspieren est le troisième courtier français. La devise reste : Indépendance, Engagement, Passion et Créativité.

Remerciements aux Archives Municipales, et aux Archives Départementales du Monde du Travail ( ANMT )



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Les derniers rails sur la grand place


La compagnie lilloise, qui vient de prendre le nom de TELB (compagnie des tramways électriques de Lille et de sa banlieue), demande depuis 1903 de substituer à son terminus peu pratique placé devant la mairie un « terminus circulaire » constitué de deux voies et formant une raquette. En effet, les rames n’étant pas réversibles, parce que constituées d’une motrice et d’une remorque simple, il faut procéder à des manœuvres longues et gênantes pour la circulation au terminus de la grand place lors de la remise en tête de la motrice avant de repartir vers de Lille.

Cette demande fait durant plusieurs années l’objet de discussions et d’échanges de correspondances concernant l’itinéraire à emprunter entre la barque d’or et la grand place.


La municipalité accepte finalement cette demande en 1908 moyennant une augmentation de la redevance. La ligne F va donc changer d’itinéraire et, abandonnant la rue neuve qui sera réservée à la voie TRT vers la rue du Moulin, va emprunter le boulevard Gambetta à la barque d’Or. Elle prendra ensuite la rue de la Halle et la rue Pierre Motte où elle côtoiera la ligne de Lannoy pour parvenir à la grand place. Elle contournera alors la zone réservée au marché par une raquette qui la ramènera rue Pierre Motte. Il n’y aura ainsi plus aucune manœuvre à faire.

 La ligne de Lannoy, elle, rejoindra directement les voies TRT situées devant l’église, abandonnant son ancien tracé côté mairie, cette partie de la place sera alors débarrassée de toutes les voies de tramway.


La première photo ( collection particulière) nous montre, à gauche,une rame TRT à l’arrêt devant St Martin et, à droite, deux rames des TELB au terminus circulaire. La seconde permet de distinguer les voies empruntant la rue Pierre Motte. A gauche, la ligne TRT de Lannoy qui se dirige vers le boulevard Gambetta, et à droite les deux voies TELB formant la raquette sur la grand place et qui empruntent la rue de la Halle.

Dans les années 20 des changements interviennent. D’abord, les voies sont doublées le long de la façade située entre la grand rue et la rue Pierre Motte. On y reporte les arrêts des lignes A (ligne de Tourcoing) et B (ligne de Wattrelos). Également, on modifie la raquette formée par la ligne F de Lille. On diminue ses dimensions,elle perd une voie de garage, et les trams ne s’arrêtent plus maintenant au milieu de la place, mais le long du trottoir du début de la rue Pierre Motte, sur le côté de la mairie.

Document translille

On voit sur la photo à gauche une voiture de la ligne F des tramways de Lille en train d’accomplir son demi-tour avant de s’arrêter à son  terminus et une motrice de la ligne A de l’ELRT en stationnement devant le trottoir. Au fond plusieurs motrices 600 de l’ELRT devant l’église.

Les deux photos suivantes montrent une motrice 600 roubaisienne, crême et une 800 lilloise, verte et crème à leur arrêt respectifs dans les années 50.

L’acte suivant est la suppression des tramways qui a lieu en 1956. La ligne F disparaît avec l’ensemble des lignes de Roubaix-Tourcoing. On s’empresse alors de déposer les voies, dans une espèce de frénésie.

A la même époque, on décide de supprimer le terminus du Mongy place de la Liberté. On installe à la place une vaste raquette qui mène le tram par la place de la liberté, la grand rue, la grand place où l’on installe le terminus devant l’église St Martin, et la rue du Maréchal Foch pour le ramener enfin au boulevard de Paris. L’arrêt sera situé au même endroit que celui des anciens tramways. Les voies seront séparées de la circulation automobile par les quais d’arrêt des bus, qui stationneront en épis face à l’église. Les motrices 500, puis Duwag viendront y attendre et y déposer les voyageurs pendant quelques années.

Photos coll. particulière

Les rails ne disparaîtront définitivement de la grand-place que dans les années 90, lorsque le terminus des tramways sera reporté boulevard Gambetta. De nouveau on va déferrer, avant d’attaquer d’autres travaux, ceux de la construction de la station de métro.Les rails de la grand place seront désormais souterrains …

 

 

René Daulmerie

René Daulmerie est né à Roubaix en 1906. Il trouve un travail d’employé au conditionnement Boulevard de Beaurepaire ( aujourd’hui La Condition Publique ). Il se passionne pour les postes de radio et, dès 1932, se met à construire des postes de TSF et les vend dans son milieu professionnel textile. Vu les demandes très importantes pour la fabrication de ses postes de radio, il décide, en 1936, de quitter son employeur pour que sa passion devienne son métier. Il s’installe dans un tout petit local au 43 rue du Vieil Abreuvoir.

Document 1937 ( Doc coll. priv. )

En complément de la production et de la vente de ses propres postes de radio, il distribue également des marques prestigieuses comme l’américaine « Philco » et la française « Ducretet ».

( Doc coll. priv. )

René Daulmerie se marie avec Marie Louise Vangoethem en 1939. De leur union, naissent quatre enfants dans les années 40 : Dominique, Françoise, Elizabeth et René. Il est mobilisé pendant la guerre et, compte tenu de son expérience, il répare des émetteurs et récepteurs radio ( officiels et clandestins ). Avec son ami Gabriel Milleville, confrère de la rue Nationale à Lille, il est responsable de la maintenance radio de toute la région Nord.

René Daulmerie et Gabriel Milleville en 1942 ( Doc F. Daulmerie )

A la libération, il reprend son activité rue du Vieil Abreuvoir. Compte tenu de sa forte notoriété et de son savoir faire, son magasin de postes de radio devient le plus connu de la métropole roubaisienne.

( Doc coll. priv. )

En 1943, il investit dans un nouveau local, au 15 rue du Curé, et commence à distribuer de l’électroménager : des machines à laver « Speed », des réfrigérateurs « Frigeco-Thomson » et bien d’autres marques. L’activité est florissante. Il embauche des techniciens car non content de vendre et installer, il répare et toute sa clientèle apprécie son SAV.

René Daulmerie ( Doc F. Daulmerie )

Au tout début des années 50, les nouvelles technologies bouleversent complètement l’activité ; c’est d’abord le tout début de la Haute Fidélité et René n’hésite pas à installer un mini auditorium dans son magasin avec du matériel hi-fi de marque Thomson et Cabasse. Puis il commence à vendre des autos-radios. Les postes de radio FM arrivent ensuite et surtout les premiers postes de télévision ! René Daulmerie participe aux premiers essais de la télévision, en liaison avec le beffroi de Lille et les studios de la rue Cognac-Jay à Paris. Rapidement le magasin de la rue du Curé devient trop petit. René décide de s’installer dans un local plus grand et mieux placé, en 1955, au 18 Place de la Liberté, précédemment occupé par un plombier P. Planquart. Il fait appel à l’architecte Constant Verdonck, 17 avenue Jean Lebas, pour faire d’importants travaux d’aménagement.

La façade en 1955 et publicité Nord Eclair ( Doc F. Daulmerie )

René Daulmerie est un homme de communication, il décide de frapper un grand coup pour célébrer l’ouverture de son nouveau magasin. Il fait venir trois personnalités importantes du monde de la télévision : Jean Nohain, Jacqueline Joubert et Georges de Caunes, qui vont assurer un véritable show public, sur un podium installé devant le magasin.

( Document Nord Eclair 1955 )

Une importante publicité dans la presse locale annonce l’événement deux jours avant, si bien que beaucoup de monde se déplace le 3 Décembre 1955 pour assister à l’ouverture officielle du magasin. Cette foule considérable (1300 personnes) pose d’ailleurs de gros soucis de circulation automobile, ainsi que pour le Mongy, sur la place de la Liberté.

En bas de la photo : de gauche à droite : Jean Nohain, Jacqueline Joubert, Georges de Caunes, Antoine Toulemonde président de la chambre de commerce, et René Daulmerie ( Document Nord Eclair 1955 )

René Daulmerie est très actif dans le milieu professionnel. Il est président du 3° salon de la Radio-Télévision à la salle Watremez, en septembre 1956. La haute fidélité se développe. René décide de distribuer la marque de prestige Bang & Olufsen. La commercialisation de B&O, en plus des marques Sony et Cabasse, donne à René Daulmerie une notoriété exceptionnelle en hi-fi, dans toute la région.

facade 1960 et B&O ( Doc F. Daulmerie et coll. priv. )

En 1965, René décide de transformer la façade du magasin et aménager de façon différente son intérieur. Il fait appel au décorateur Marcel Cauwel, sis 8 rue du Collège. En 1967, René participe aux essais de la télévision couleur en collaboration avec l’ORTF. Il est le premier à commercialiser les postes de télé-couleur Thomson.

Pub TV couleur ( Document Nord Eclair 1967 )

Françoise et René, deux des quatre enfants de René et Marie Louise, viennent aider leurs parents. Ils s’occupent des 10 salariés ( installateurs et techniciens SAV ), de la tenue du magasin, de la comptabilité et de la gestion des 7 véhicules de l’entreprise.

Le SAV Daulmerie ( Documents Nord Eclair )

Au début des années 70, René abandonne les produits d’électro ménager. Toujours à la recherche de l’innovation, il préfère se spécialiser encore, dans des nouveautés technologiques très techniques et très pointues. Il installe : les premières caméras de vidéo-surveillance dans les banques, des sonorisations de lieux publics, des machines à dicter, des studios d’enregistrement, des salles de visioconférence. Mais surtout son expérience et son savoir faire vont lui permettre de créer les premières « productions vidéo » en entreprise, pour améliorer les postes de travail des salariés, et donc la compétitivité de ses gros clients : La Lainière, Phildar… Ce procédé de vidéo en entreprise va accroître considérablement la notoriété de René Daulmerie sur un plan régional. En 1977, l’entreprise Daulmerie installe une annexe à Lille, rue de l’Hôpital Militaire, (ancien magasin Pigache ) pour distribuer les premiers magnétoscopes Sony grand-public.

façade dans les années 1980 ( Doc D. Labbé et F. Daulmerie )

Après le décès de René Daulmerie, l’entreprise ouvre un point de vente, en 1986, rue Esquermoise à Lille. En 2006, Françoise et René Daulmerie prennent leur retraite et cèdent l’entreprise à Hervé Coisne qui continue l’activité.

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Remerciements aux Archives Municipales, ainsi qu’à Françoise et René Daulmerie pour leur témoignage et leur documentation.

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Des voies sur la grand place

Le Journal de Roubaix annonce en février 1877 la construction de la première ligne de tramways allant de la gare vers Wattrelos par les rues de l’Alma, du Grand chemin, St Georges, la grand place et la grand rue. L’ouverture a lieu cette même année, et on assiste aux premières circulations des cars, comme on les appelle. Ce sont de voitures à chevaux comportant des plate-formes ouvertes à chaque extrémité ; elles circulent sur une voie à l’écartement « normal », c’est à dire 1m44, identique à celui du chemin de fer. La voie traverse la grand place le long de l’église. Deux autres lignes sont mises en service, qui longent également le trottoir de l’église. L’une emprunte la grand rue et se dirige vers Tourcoing par les rues du collège et la rue de Tourcoing, l’autre emprunte les rues Neuve et de Lille vers Croix. Peu après, la ligne 3 quitte la grand place par la grand rue et se dirige vers Lannoy par la place de la liberté et la rue de Lannoy. Pour abriter les nombreux voyageurs, on construit en 1878 un premier kiosque devant St Martin.

Les premières lignes (doc. 1875) – le kiosque-abri (photo coll. particulière)

Presque aussitôt, la compagnie des tramways du Nord inaugure une ligne venant de Lille par Croix. Elle pénètre dans Roubaix par la rue de Lille, suit la rue Neuve, et a son terminus de l’autre côté de la place, devant la Bourse. Cette ligne, baptisée F, est empruntée par des tramways à vapeur, d’abord à l’essai, puis définitivement en 1883. Les rames sont composées d’une locomotive système Francq et d’une remorque, souvent à plate-forme centrale. L’écartement du matériel roulant est également de 1m44, ce qui permettra aux deux compagnies d’utiliser la même voie.

Le tramway à vapeur devant la mairie – photo Nord Matin – une machine système Francq

Ces deux compagnies, celle de Lille et celle de Roubaix-Tourcoing, emprunteront donc la même voie de la grand-place à Croix, puis, à la suite d’un accord, les TRT abandonneront la voie qu’ils exploitent aux TDN en 1880. A ce moment, la zone devant l’église est dévolue aux voitures à chevaux des TRT, et celle devant la mairie et la bourse aux remorqueurs à vapeur des TDN .

Pour alimenter les machines, on installe une prise d’eau devant la bourse, ce qui déplaît à certains élus et fait l’objet de discussions acharnées au conseil municipal. Ce même conseil s’indigne en 1887 de ce que la compagnie lilloise encombre la place pour charger et décharger ses fourgons de messagerie. Une photo de l’époque nous montre au fond un fourgon des TDN en stationnement, et au premier plan les voies des TRT. Le kiosque à musique n’est pas encore construit.

Document bibliothèque de Lille

1882 voit la faillite de la compagnie roubaisienne. Un syndic s’occupe d’assurer les circulations à titre provisoire. On crée alors la compagnie nouvelle tramways de Roubaix-Tourcoing qui abandonne la traction animale pour miser sur l’électricité, la voie normale (1m44 d’écartement) pour la voie métrique (1 mètre).

L’ inauguration des nouvelles installations aura lieu en automne 1894.

Les voies devant l’église sont au nombre de quatre ; elles se réduisent à une seule à l’entrée de la grand rue.

En 1896 on profite du percement de l’avenue de la gare, réalisé en 1882, pour implanter une ligne directe entre les deux places. Pour éviter l’engorgement des voies face à l’église, cette ligne 3, ou ligne de Lannoy, va contourner le rond point central et le kiosque à musique et placer son arrêt côté mairie, avec deux voies le long du terminus des TDN. Elle prendra ensuite la rue du Château pour gagner le boulevard Gambetta par la rue Pierre Motte. Devant l’église, une autre aiguille à droite, placée après le rond-point rejoindra cette même ligne.

On voit ci dessous sur la première photo à gauche une rame des TDN atteignant son terminus et, au centre, une voiture des TRT de la ligne de Lannoy. Sur la seconde, on remarque un ancien tramway hippomobile placé là par la compagnie à poste fixe et servant provisoirement d’abri aux voyageurs pour Lannoy à la demande de la municipalité. Pour le remplacer, on convertira ensuite en abri le kiosque situé près de la bourse, au coin de la rue du château.

En 1902 La ligne lilloise passe à la traction électrique. Il faut soutenir la ligne de trolley par des poteaux, mais aussi en installant des rosaces sur les bâtiments, et notamment la façade de la mairie, ce qui occasionne beaucoup de discussions au conseil municipal.

La voie rue neuve est maintenant à quatre files de rails puisque les deux systèmes d’écartement y cohabitent.

Une photo de 1908 nous montre l’état de la place. A gauche, le kiosque-abri mis à disposition et chauffé par la mairie. A sa droite, une voiture venant de Lannoy et, de l’autre côté du rond-point dont le kiosque à musique a disparu, une voiture des TRT stationne devant St Martin. Notez que les fiacres sont encore nombreux autour du rond-point. La suivante (photo collection particulière) nous permet de voir une voiture emprunter la rue du Château vers Lannoy. Le bâtiment central de la mairie n’est pas encore terminé.

A suivre…

Les autres documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix

De la chocolaterie St Pierre, au bonbon Lutti

Léon Desprets est né à Hem en 1922. A 14 ans, en 1936, il passe son certificat d’études, et devient apprenti à la pâtisserie De Ruyver au 200 rue de Lannoy à Roubaix. Deux ans plus tard, il vient travailler dans la boulangerie de ses parents au 13-17 rue de Roubaix à Toufflers.

Léon Desprets en 1938 ( Document J.J. Desprets )

En 1942, Léon se marie avec Gabrielle Dumont, et reprend la boulangerie familiale. Il a l’esprit créatif et souhaite entreprendre. Il fabrique plusieurs spécialités en chocolat, dont la célèbre « bouteille liqueur », enrobée de chocolat, qu’il livre aux commerces de détail, par l’intermédiaire d’un grossiste : les Ets Bernard à Cambrai. En 1943, il commence à livrer des tartes et des gaufres fourrées, chez des gros clients, comme Prisunic. Il vend également des produits de négoce, comme les bonbons de La Pie qui Chante, ou les biscuits de Geslot Voreux. Il livre ses produits de confiserie dans les salles de spectacle : le Casino, le Carioca, et le cinéma Noêl.

La boulangerie en 1948 ( Document J.J. Desprets )

Le succès est immédiat ; il crée la confiserie des 2 gourmands et la chocolaterie Saint Pierre en 1949.

En 1950, Léon a quelques problèmes de santé, et doit rester 6 mois allongé. Il décide alors de revendre le commerce de Toufflers. Son épouse reprend la pâtisserie Savora au 35 rue de Lannoy à Roubaix. Ils habitent au 32 rue de Montgolfier

Savora 35 rue de Lannoy ( Document J.J. Desprets et coll. priv. )

Léon installe sa petite entreprise, au 35 rue d’Artois à Roubaix, dans des locaux plus vastes, ce qui lui permet de développer sa production.

Bâtiment rue d’Artois ( Document Archives Municipales )

( Document coll. priv. )

En 1953, il développe sa gamme de produits en ajoutant à son catalogue : des bouchées-cerise, des boules-crème, des souris-caramel, des guimauves, des rochers-chocolat, des pralines liqueur. Il crée également une délicieuse friandise : « Les Malices de Roubaix »

( Document coll. priv. )

Les locaux de 800 m2, du bâtiment de la rue d’Artois, deviennent très rapidement trop petits. Léon Desprets envisage donc de trouver un endroit plus grand. Il apprend que le bâtiment qui abritait le Cercle de l’Industrie, au 7 bis Grand-rue, est libre ; il saute sur l’occasion et s’y installe en fin d’année 1954. La société connaît alors une ascension fulgurante : 150 personnes travaillent désormais dans l’entreprise. La chocolaterie Saint Pierre et la confiserie des 2 gourmands deviennent une SARL.

( Document coll. priv. )

Il trouve de nouveaux lieux de stockage, dans les locaux de la brasserie du Fresnoy, rue de Rome ; les transports sont alors assurés par une entreprise voisine, les Ets Vanhove au 82-84 de la même rue.

Léon Desprets, à droite Alexandre Willerval, à gauche André Lorthiois et Michel Bogaert ( Document Nord Eclair )

Léon Desprets gère parfaitement bien son entreprise. Il a des qualités de décisionnaire et de manager, ce qui ne l’empêche pas de diriger « en bon père de famille », puisque, tous les ans, il invite l’ensemble du personnel ( ouvriers, employés, représentants et cadres ) au traditionnel banquet de Saint Nicolas ( patron des confiseurs ) dans la salle du « Carrefour », au 84 Grand rue.

( Document coll. priv. )

En 1960, il achète le bâtiment du 4 quai de Dunkerque, qui était l’emplacement de l’usine textile G. W. Richardson. C’est un bâtiment impressionnant de 3 étages, et d’une hauteur de plus de 18 mètres. En 1963, 200 personnes travaillent dans la société.

L’année suivante, il rachète l’entreprise Lamy de Lyon qui fabrique le bonbon caramel Magnificat.

( Document coll. priv. )

L’expansion rapide de la société amène Léon à s’associer avec Maurice Desurmont pour permettre de financer le développement de l’entreprise. Bernard Desprets le fils de Léon, vient aider son père dans l’entreprise en 1965.

En 1966, il décide de créer la CIPAL ( Cie Industrielle des Produis d’Alimentation ) qui est, en fait, la fusion des entreprises St Pierre et Lamy ; le siège de l’entreprise reste quai de Dunkerque.

( Document J.J. Desprets )

Léon Desprets fait quelques travaux : il fait installer une porte cochère, pour un meilleur accès, par le 129 rue de Tourcoing (derrière la station Total du Pont Morel au 131), et il fait aménager des bureaux pour les employés.

L’usine est immense ; des machines sont implantées à tous les étages du bâtiment. On y trouve des machines pour peser, doser, cuire, envelopper, mettre en sachet, conditionner en cartons et en palettes. On trouve également un laboratoire et un restaurant d’entreprise.

( Document J.J. Desprets )

Pour l’approvisionnement en matières premières, le sucre et le glucose sont livrés en vrac, les matières grasses liquides en container, le lait concentré en fûts, et, chaque jour, le lait frais arrive en bidons, ainsi que le beurre et la crème fraîche.

L’équipement ultra moderne de l’usine et les nouveaux apports de matériel performant rendent alors possible une production journalière de 20 tonnes, ce qui permet d’envisager l’avenir avec une grande confiance, en vue d’un développement européen.

A gauche Annie Cordy, à droite Line Renaud et Léon Desprets ( Document J.J. Desprets )

L’entreprise connaît une forte dynamique commerciale. Elle est présente sur de nombreux salons, comme le salon Intersuc, en 1964, en présence d’Annie Cordy, et en 1965, avec Line Renaud.

A la fin des années 60, l’entreprise va racheter des petites confiseries de la métropole, comme Toutexky à Mouvaux, Cauchy à Tourcoing, Marly à Marquette, Saint-Jacques à Tourcoing, Fausta à Tourcoing.

La CIPAL rachète également les locaux de l’ancienne usine Bellevue, Boulevard de l’Egalité à Tourcoing, pour y installer les lignes de production de chocolats et gélifiés. Les productions de confiserie sucre restent à Roubaix.

Léon Desprets en 1967 ( Document J.J. Desprets )

Maurice Desurmont, compte tenu de ses quelques problèmes de santé, décide de vendre ses parts, à la fin des années 60, à Françis Pollet ( actionnaire de La Redoute ). Léon Desprets et Françis Pollet revendent la CIPAL en 1972, au groupe belge Continental Foods, dont le produit phare est le fameux bonbon LUTTI.

Léon Desprets devient le PDG de Continental Sweets. Les produits de la Cipal sont vendus en Belgique, et la Cipal s’occupe de la distribution de Lutti. Cette même année, la société reprend la chocolaterie St Jacques de Mr Tiberghien, à Tourcoing au 43 avenue de la Marne.

En 1975, il y a regroupement pour former une seule société : LAMY-LUTTI.

( Document coll. priv. )

En 1977, Léon Desprets, à la fin de son contrat de 5 ans, quitte l’entreprise, et reprend 2 biscuiteries :

– Sucrema de la rue Ma Campagne à Tourcoing, qui fabrique des biscuits et des gaufrettes fourrées

– Loridan à Roncq qui produit des madeleines.

En 1981, l’usine du quai de Dunkerque quitte Roubaix et déménage à l’usine St Jacques de Tourcoing.

En 1984, une demande de permis de démolir est déposée pour le bâtiment quai de Dunkerque.

( Document Sté Lutti )

Aujourd’hui, le site de production de Lamy Lutti se trouve à Bondues, dans la ZI de Ravennes les Francs. C’est une usine ultra moderne et compétitive qui produit 50.000 tonnes par an.

Lutti est la deuxième marque du marché en France, et la première en Belgique.

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Remerciements aux Archives Municipales, ainsi qu’à Jean-Jacques Desprets pour sa documentation et son témoignage

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