La mairie de Hem c’est, à l’origine, une salle de cabaret à l’enseigne « la Maison Commune », dans l’auberge du Coq, située sur la place du village, derrière l’église (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site intitulé l’Auberge du Coq).
L’ancienne maison commune (Documents Historihem)
Mais très vite cela ne suffit plus et l’idée germe dans la tête des élus dès 1875, de faire construire une véritable mairie. Le projet définitif est adopté en 1881, sous la mandature d’Henri Leuridan et, en 1884, la nouvelle mairie trône sur la place d’Hem.
C’est ce bâtiment qui abrite la mairie jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale avant de devenir la mairie annexe puis d’être démoli pour laisser la place à l’école de musique (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site et intitulé La Cantoria).
La nouvelle mairie en 1884 et photo d’Henri Leuridan (Documents Historihem)La mairie dans les années 1930 puis la mairie annexe dans les années 1970 (Documents Historihem)
La mairie, étant devenue trop exigüe, le 24 mars 1946, sous la mandature de Louis Jourdain, le conseil municipal décide l’acquisition de la propriété Catrice, au 42 rue de Lille(actuelle rue du Général Leclerc) comprenant une villa et une maison du concierge. La nouvelle mairie n’ouvre au public qu’en février 1949 sous la nouvelle mandature de Jean Leplat.
Louis Jourdain et Jean Leplat (Documents Historihem)Ouverture de la nouvelle mairie en février 1949 (Document Nord-Eclair)
Il convenait toujours de demeurer prudent eu égard à l’histoire de la propriété et notamment à la période de l’occupation allemande quand le parc, comme celui voisin de la Marquise, a servi à entreposer des munitions diverses et variées. On n’est donc pas à l’abri de surprises et ou d’accident. Ainsi le journal Nord-Eclair relate un épisode surprenant lors d’un travail de défrichement dans le parc ayant amené à la découverte d’une dizaine de bombes et obus.
Découverte de bombes et d’obus dans le parc (Document Nord-Eclair)
Il a en outre fallu procéder, au fur et à mesure des possibilités financières de la ville, aux réparations de l’intérieur du château, fortement ébranlé par les explosions ayant eu lieu à la libération. De réfection en transformation, le bâtiment a fini par prendre l’aspect administratif auquel on le destine et les employés peuvent s’installer au rez-de-chaussée, les 1er et 2ème étage étant réservés pour loger le secrétaire général de mairie, Jean Lepers, et sa famille, exception faite de la salle du conseil et de celle des mariages (ancienne chapelle du château Catrice).
Installation des employés au rez-de-chaussée ( Document Hem Images d’hier)
La conciergerie est quant à elle occupée par Henri Waymel, adjudant des sapeurs pompiers (voir sur notre site un article intitulé les pompiers de Hem) et responsable des ateliers municipaux. Mais, même en occupant le logement de fonction du secrétaire général après le départ en retraite de Jean Lepers en 1969, la mairie devient trop petite.
La mairie dans les années 1970 (Documents Historihem)
En 1971, la mairie acquiert donc le château Meillassoux, voisin au n°38, pour y installer certains services (sur le sujet du château Meillassoux voir sur notre site un article intitulé Meillassous et Mulaton). Il abritera ensuite le CCAS (centre communal d’action sociale), la direction administrative des services techniques et le service des actions éducatives. Et en 1981, la conciergerie est également aménagée en bureaux pour abriter le service informatique et la police municipale.
Vue panoramique de la mairie et de l’ancien château Meillassoux dans les années 1980 et CPA du château puis photo (Document Historihem)
Pendant ce temps 3 maires se succèdent à la tête de la ville. Jean Leplat ne s’est pas représenté à l’issue de 30 ans de mandat et Jean-Claude Provo lui succède durant 6 ans de 1977 à 1983, avant de céder la place à Marie-Marguerite Massart, de 1983 à 1995.
Photos de Jean-Claude Provo et de Marie-Marguerite Massart (Documents Historihem)
En 1977, suite à son élection, Jean-Claude Provo procède à un réagencement des bureaux de la mairie. Ainsi le rez-de-chaussée est transformé en un tournemain. Le sol est recouvert de moquette pour atténuer les bruits et des plantes vertes sont réparties un peu partout pour égayer l’atmosphère.
Finis les guichets et place à des bureaux aux lignes modernes sur lesquels les usagers trouvent des écriteaux leur indiquant qu’ils se trouvent : à l’état civil, aux élections, aux affaires militaires ou aux vaccinations. Par ailleurs des sièges confortables sont installés pour faciliter leur attente.
Les murs sont recouverts d’un papier élégant et la clarté est présente partout. Contre l’un des murs de grands panneaux d’information sont mis à disposition du public. Ainsi l’accueil des usagers est plus direct et plus personnalisé. Dans le même esprit un bureau a été aménagé au rez-de-chaussée pour permettre aux adjoints de recevoir des visiteurs. Des permanences sont tenues telles que les consultations juridiques et au premier étage une salle est aménagée pour accueillir les diverses commissions.
Réaménagement des locaux en 1977 (Document Nord-Eclair)
Une sympathique réception réunit les élus et le personnel municipal à l’issue de la visite des locaux ainsi réaménagés, au cours de laquelle le nouveau maire explique que les élus ont ainsi voulu améliorer les conditions de travail des employés tout en mettant en place un meilleur accueil du public.
A suivre…
Remerciements à la ville de Hem et à aux associations Historihem et Société d’Emulation de Roubaix
En 1913, les établissements Meillassoux Frères et Mulaton apprêts se sont agrandis et viennent de s’équiper d’un matériel moderne pour traiter les articles : robes et draperies en pure laine, coton et soie pour une production journalière de 24.000 mètres.
Mais dès Octobre 1914, lors de l’occupation allemande, la production s’arrête et des équipes de prisonniers russes vont briser au marteau les métiers afin de récupérer le fer et la fonte. L’occupant trouve alors en effet dans les usines les tuyauteries en cuivre et les métaux recherchés pour ses fabrications d’armement.
Le matériel cassé et l’usine vidée (Document Au Temps d’Hem)L’usine vidée de son matériel en 1914 (Documents Historihem)
Une fois, l’usine complètement vidée, les salles disponibles sont réquisitionnées pour servir d’hôpital vétérinaire pour plus de 1.200 chevaux.
L’usine occupée par les soldats allemands et leurs chevaux pendant la première guerre mondiale (Documents collection privée)
Après la guerre dès 1919 l’Office de la Reconstitution Industrielle aide à l’étude des travaux de reconstruction. Louis Loucheur, ministre de la reconstruction industrielle, vient sur place se rendre compte par lui-même de la situation afin de décider des priorités dans « l’oeuvre immense à accomplir ».
Sous l’impulsion des gérants, Louis Meillassoux et Antoine Mulaton, secondés par un personnel dévoué, les bâtiments sont remis en état et le matériel commandé. Pourtant les constructeurs locaux ayant eux-même été sinistrés ne peuvent livrer que suivant de longs délais et malgré les plus grands efforts la remise en route ne peut être effectuée qu’en mai 1921 et la pleine activité n’est retrouvée qu’en 1923.
Un coin de l’usine vidée retrouve son activité et Un atelier d’apprêts reconstitué après-guerre avec les tondeuses (Document Le Monde Illustré)Un coin de l’usine en 1923, la Rame (Document Le Monde Illustré)L’usine avec le nouveau matériel (Document Au Temps d’Hem)
A cette époque la famille Mulaton a déménagé presque en face de son ancienne propriété, du côté impair de la rue de Lille. La demeure est beaucoup plus fastueuse que la précédente. Elle sera amenée pendant la seconde guerre mondiale à loger une douzaine de soldats britanniques avant la débâcle et leur évacuation.
Le deuxième château Mulaton (Documents collection privée et Historihem)
Le 1er juillet 1932, la Société Anonyme des Etablissements Meillassoux et Mulaton est constituée par acte passé devant Maître Emile Mory. En 1936, l’entreprise affronte les mouvements sociaux et les salariés se mettent en grève et occupent l’usine pour obtenir les avancées sociales qui leur seront acquises avec le front populaire.
Certificat de chômage et bulletin de sortie avec le cachet de la société anonyme (Document collection privée)Des ouvriers à la sortie des établissements dans les années 1930 (Document Historihem)L’usine occupée (Document Au Temps d’Hem)En tête de courrier en 1961 (Document collection privée) et publicité de 1970 (Document mémento public CIT de Hem)
Dans les années 1980, la teinturerie, traversée par la Marque, a son entrée située au bout d’une allée bordée d’arbres, la cour Michel, donnant sur la rue du Général Leclerc, presque en face de l’avenue De Vlaminck (actuellement cette allée mène aux ateliers municipaux). Sur la photo panoramique on voit que l’usine Gabert, sa voisine, n’existe déjà plus.
Entrée au bout de l’allée bordée d’arbres (Document Historihem)Photos panoramiques de l’usine (Document Historihem)
En janvier 1982, un violent incendie se déclare dans la teinturerie, suite à la mauvaise manipulation d’un chalumeau par un ouvrier désireux de dégeler les tuyaux. Le feu se propage rapidement et une nef entière est détruite ainsi que l’ensemble des bureaux de l’entreprise. Les pompiers doivent mettre six lances en batterie pour circonscrire le sinistre.
L’incendie de 1982 (Document Nord-Eclair)
A la fin des années 1990 l’entreprise ferme ses portes. Elle est radiée du registre du commerce et des sociétés en février 1997 soit après presque un siècle et demi d’existence. La photo aérienne prise en 2022 montre le terrain presque nu sur lequel se dressait l’entreprise de la rue Leclerc à la Marque. A l’emplacement de la propriété Mulaton se trouve le magasin Carrefour et son parking. A ce jour il ne reste plus que le château Meillassoux annexé à la mairie et représenté avant et après la réalisation du nouvel Hôtel de Ville (en 2015 et 2020).
Photo aérienne de l’usine en 1947 (Document IGN) et le terrain de l’ancienne usine (Document Google Maps)L’ancien Château Meillassoux avant et après l’extension de l’Hôtel de Ville (Documents Google Maps)
Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem
Mais, en 1939, quelques jours avant la déclaration de guerre, les époux Catrice quittent leur propriété pour se rendre dans les Côtes du Nord (Côte d’Armor actuellement) avec le couple de concierges. C’est le jardinier, Henri Mazurelle, resté à Hem, qui est chargé de la surveillance de la maison et du potager.
Photo des époux Catrice (Document SER)Photo de la demeure vue de la rue de Lille (Document Hem Images d’Hier)
Il leur donne les informations suivantes: Du 2 au 11 octobre 1939, 2 officiers français, capitaines d’infanterie, occupent la maison. Un médecin major militaire installe son cabinet médical dans la maison du concierge avec 4 soldats infirmiers.
A partir du 11 octobre, ils sont remplacés par des militaires anglais du 2ème bataillon des Grenadiers Guards: 3 officiers supérieurs logent dans la maison, 3 ordonnances et 2 ou 3 cuisiniers logent dans la conciergerie. Une dizaine d’officiers viennent prendre leurs repas (petit déjeuner, lunch, thé et dîner) tous les jours dans la grande salle. Un agent de liaison français, officier interprète complète cet Etat-Major.
En Octobre 1939 les officiers anglais posent sur le perron et réception de l’état major dans la salle à manger (Documents Historihem)
Le 17 Octobre le duc de Gloucester, fils de Georges V, dîne à la Feuilleraie en compagnie de 18 officiers. Fin Octobre 1939, l’un des fils Catrice dîne avec les officiers et en novembre une grande réception est organisée au château Catrice. En décembre le Colonel Cornish, qui habite la demeure, écrit à Edouard Catrice pour lui souhaiter un joyeux Noël et le remercier de son hospitalité.
Le 1er janvier 1940 est fêté au château avec menu en français et, en avril, arrive un régiment d’infanterie anglais. A la fin du mois le Colonel Cornish écrit à nouveau à Edouard Catrice pour lui annoncer son départ et le remercier à nouveau de son hospitalité. Début mai les pelouses du parc sont nettoyées en vue de la réception du Duc de Windsor. Puis le 12 mai les anglais quittent la propriété définitivement.
Menu du nouvel an 1940 (Document Historihem)
La propriété reste alors inoccupée jusqu’à l’arrivée des allemands et, alors qu’elle avait été soigneusement entretenue par les anglais, la maison est pillée par des civils français dans l’intervalle… Puis de fin mai à décembre 1940, les allemands occupent une première fois la propriété.
Pendant cette première occupation les meubles sont dispersés, le billard installé dans la chapelle et la belle vaisselle et la verrerie fine disparaissent. Dans la crainte d’une probable nouvelle occupation allemande, les enfants Catrice font alors l’inventaire de ce qui a été pillé, déménagé ou cassé. Puis ils sauvent ce qui peut encore être sauvé.
En 1941, la demeure est à nouveau occupée par les allemands. D’après le jardinier, resté sur place, qui, dans un premier temps, peut continuer à cultiver le potager pour son usage personnel, 5 femmes viennent chaque jour effectuer le nettoyage.
L’année suivante l’entrée sur la rue de Lille est élargie afin de permettre le passage des camions. Une route est faite à travers les jardins et les jeux de tennis à base de pavés recouverts de scories. D’une largeur de 4 mètres, elle passe par le chemin au milieu du potager et du bois pour aboutir à la haie du domaine de la Marquise.
Puis le nombre de troupes augmente et le château en loge 130 du grenier à la cave tandis que 10 soldats habitent la conciergerie. Dès lors le jardinier, à l’origine de ces informations, n’est plus autorisé à pénétrer dans la propriété. On sait seulement que tout le bois est couvert de munitions, de même que la propriété voisine appartenant à la Marquise.
En septembre 1944, à la veille de la libération, de violentes explosions secouent les 2 domaines pendant des heures. Il ne reste que des ruines du château de la Marquise mais celui d’Edouard Catrice, bien que fortement endommagé, résiste grâce à ses murs extérieurs épais et à sa charpente en grosses poutres de fer.
Pierre Catrice, l’un des fils de la famille, se rend sur place dès le départ des allemands et prend la mesure des dégâts, tant à l’intérieur de la maison (toiture soufflée, huisseries et cloisons intérieures démolies) que dans son parc où les arbres sont déchiquetés et où demeurent un grand nombre d’obus de tous calibres, en caisses ou en tas, non explosés.
Photo de Pierre Catrice lors de l’évocation de son passé de résistant en 1994 (Document Nord-Eclair)Le bois en septembre 1945 (Document Historihem)
Edouard Catrice étant décédé à Roubaix en 1943 et son épouse en 1947 et aucun de leurs 10 enfants héritiers ne désirant conserver la propriété, il est alors décidé de la mettre en vente. A noter que l’un des fils, Jean, sera le premier gérant du Journal Nord-Eclair à Roubaix (sur ce sujet un article est à découvrir en 3 parties sur notre site, intitulé Nord-Eclair).
Photo de Jean Catrice, résistant, à la libération (Document Nord-Eclair)
Le 24 mars 1946, l’assemblée municipale de Hem décide l’acquisition de la propriété Catrice comprenant la villa, la maison de concierge ainsi qu’une parcelle de terrain d’une superficie d’un ha, 85 ares et 35 ca pour le prix de 2.046.842 F, somme qui sera couverte par un emprunt en 30 ans.
Photo aérienne de la propriété en 1947 (Document IGN)
La maison de maître sera aménagée en Mairie et deux écoles seront construites dans le parc, l’une pour remplacer l’école de garçons Victor Hugo, trop vétuste, et l’autre l’école de filles Pasteur, endommagée par les explosions du dépôt de munitions de la Marquise (sur ces deux sujets voir les articles parus sur notre site intitulés l’école Victor Hugo et l’école Pasteur)
A suivre avec un article sur la mairie…
Remerciements à l’association Historihem et à la Société d’Emulation de Roubaix.
L’usine de teinturerie et de blanchiment Mulaton est fondée, au milieu du 19ème siècle rue Poivrée (ou route nationale, puis rue de Lille, actuellement rue du Général Leclerc) à Hem, par Antoine Mulaton. Né en 1814, Antoine fait son apprentissage de teinturier à Lyon, puis parcourt l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie pour se perfectionner dans cette industrie avant de s’installer à Hem en 1850.
Epoux d’une lilloise, Rosalie Masquelier, avec laquelle il a des enfants, il emménage avec sa famille et son beau-père qui est aussi du métier dans une maison de la rue Poirée (renommée ensuite rue de Lille) avec une jeune servante belge, Philomène Pollet, aux fourneaux. Mr Masquelier l’aide alors à monter sa propre teinturerie en 1952 dans la même rue.
Le choix de s’installer à Hem plutôt qu’à Roubaix s’explique par le manque d’eau de la capitale du textile, la distribution des eaux de la Lys n’existant pas encore et le petit ruisseau du Trichon et les puits ne suffisant pas. En revanche, pour réaliser des apprêts sur tissus et de la teinture en écheveaux, Hem dispose de la Marque, aux eaux abondantes et claires.
Raison de l’installation à Hem (Document Au Temps d’Hem)
Antoine s’associe rapidement avec Achille Screpel et l’entreprise devient Mulaton-Screpel en 1854. Les deux hommes travaillent en parfait accord et mènent à bien et font croître une industrie qui, à la fin du siècle, compte 6 usines et emploie 600 salariés. La même année Antoine Mulaton s’inscrit sur la liste électorale de la ville.
Chez Mulaton, on a choisi de teindre la laine et c’est un dur travail : les écheveaux sont enfilés sur une longue perche et trempés par 4 ouvriers en sabots dans un bac de 10 à 20 mètres de long sur 2 mètres de large et 0,80 mètre de profondeur. Il faut promener les lourdes charges dans le bain, les retourner, les élever, les écraser d’abord dans une eau tiède puis bouillante.
Un dur travail (Document Au Temps d’Hem)
C’est à partir de 1870 qu’apparaissent les colorants chimiques qui donnent une quantité de nouvelles possibilités en remplaçant les produits d’origine végétale ou animale. C’est Frédéric Tellier, fabricant de produits chimiques à Hem, qui approvisionne les 2 teinturiers locaux. Mais cela commence à nuire à la Marque dont l’eau change de couleur et dont les poissons périssent au grand dam des pêcheurs qui vont s’en plaindre à la municipalité, laquelle leur répond que les 2 teintureries, Gabert et Mulaton, assurent du travail et donc du pain à plus de 1000 ouvriers hémois.
La pollution de la Marque (Document Au Temps d’Hem)
Les anciens racontent qu’on appelle Antoine : « le père de la teinture » dans la mesure où c’est lui qui introduit à Hem les méthodes de la teinturerie Lyonnaise. Avec la vieillesse il se voit contraint d’abandonner le travail industriel et cède alors la place à ses fils en 1875. Mais il continue à siéger dans l’assemblée communale à laquelle il participe depuis 1870 (suite à la chute du Second Empire) et ce jusqu’en 1892 avant de décéder à l’aube du nouveau siècle.
En 1886, les trains passent régulièrement et s’arrêtent à la gare située sur la route reliant Hem à Forest. L’usine est alors répertoriée comme une teinturerie en soie, possède 2 chaudières de 60 chevaux, consomme 70 wagons de houille par année, dix wagons d’avoine et importe 15 wagons de matières premières.
Extrait du relevé de l’importance industrielle de Hem au milieu du 19ème siècle (Document Historihem)
En 1893, l’entreprise apparaît dans le Ravet Anceau sous le nom de Mulaton Frères et en 1895, la maison se spécialise dans le mercerisage de coton, opération consistant à donner aux fils et étoffes de coton un aspect brillant et soyeux, par trempage dans une solution d’hydroxyde de sodium (soude caustique).
En 1899, le Journal de Roubaix relate l’explosion d’une chaudière ayant provoqué un vif émoi dans la commune en raison du bruit épouvantable et de la présence de tous les ouvriers au travail. La couverture de la chaudière qui sert au bouillage des cotons, pesant une tonne, a rompu tous les écrous qui la retenaient en explosant et a été projetée à travers le toit avant de retomber 10 mètres plus loin à travers une autre toiture…Toutes les vitres de l’usine ont été brisées et quelques maisons voisines endommagées mais fort heureusement seuls deux ouvriers ont été légèrement blessés.
A la fin du 19ème siècle, la famille Mulaton habite un château situé sur le côté pair de la rue de Lille (actuelle rue du Général Leclerc) au n° 44. La propriété, voisine de celle de Mr Gabert, comprend une villa ainsi, en perpendiculaire, qu’une conciergerie et fait partie de la dot du fils Jean Mulaton qui épouse Marie Leborgne en 1882.
Château Mulaton (Documents collection privée et Historihem)
La maison est vendue en 1919 à un chapelier lillois, Joseph Picavet, puis acquise 4 années plus tard par Edouard Catrice, industriel roubaisien qui en fait sa maison de campagne avant d’en construire une autre au même endroit, la mérule ayant attaqué l’ancien bâtiment. Le nouveau bâtiment deviendra après-guerre la nouvelle mairie de la ville de Hem.
Trois numéros avant, au n°38, la famille Meillassoux occupe le 1er château visible côté pair en venant du centre de Hem, et appelé « le Petit Château ». Cette demeure sera rachetée par la municipalité qui en fera le Centre Communal d’Action Sociale en 1971, une annexe de la mairie qui existe encore de nos jours.
Château Meillassoux (Documents collection privée et Historihem)
Au début du vingtième siècle, l’automobile arrive mais ne connaît évidemment pas le succès populaire réservé au train puis surtout au « mongy », car c’est un objet de haut luxe, réservé aux plus fortunés. Mr Mulaton fait donc, sans surprise, partie des premiers automobilistes hémois, avec une vitesse limitée dans la commune à 12 km/h.
Les industriels, premiers automobilistes hémois (Document Au Temps d’Hem)
La qualité des produits ne s’est pas démentie avec les années et en 1908, l’entreprise Mulaton reçoit un grand prix à l’exposition franco-britannique de Londres.L’entreprise devient en 1912 la société Meillassoux frères et Mulaton, Antoine Mulaton, descendant du fondateur, ayant épousé une Meillassoux.
Usine Meillassoux et Mulaton CPA (Document collection privée)Doc 8 Le matériel moderne installé en 1913 (Document Historihem)L’atelier des femmes (Document Historihem)
A suivre…
Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem
La propriété, sise 42 rue de Lille (actuelle rue du Général Leclerc) à Hem, est, à l’origine, à la fin du 19ème siècle, la propriété de Mr Antoine Mulaton, industriel en teinturerie et blanchiment, dans la même rue (voir sur ce sujet l’article paru sur notre site consacré à la teinturerie Meillassoux et Mulaton). Puis il la vend à Joseph Picavet, chapelier lillois, qui a son tour la cède à Edouard Catrice qui désire en faire sa maison de campagne.
La propriété de Mr Mulaton (Document collection privée)
La propriété est occupée, en tant que maison de campagne » La Feuilleraie », en juillet 1923. Elle est alors sans eau potable et sans électricité. Une pompe à bras permet de desservir l’eau non potable d’une citerne pour la cuisine, le vestiaire et les sanitaires. La toilette est faite avec le broc et la cuvette en faïence. Quelques pièces au rez-de-chaussée seulement possèdent un éclairage par le gaz. Dans les autres pièces, on utilise les bougies ou la lampe à pétrole dite lampe Pigeon .
La Feuilleraie entre 1920 et 1930 (Document Historihem)
Edouard Catrice est alors associé à Jean Deffrennes-Canet dans une fabrique de tissus d’ameublement située à Lannoy. Hélas, vers 1925-1926, des boiseries de sa demeure de Hem sont attaquées par un champignon (mérule) dont on ne parvient pas à se débarrasser même en remplaçant les bois atteints.
Facture de l’usine d’Edouard Catrice en 1920Sa photo dans le parc de sa maison de Hem en 1922 (Documents Historihem)
Edouard Catrice décide alors d’abattre la maison et d’en construire une nouvelle sur les plans de Mr Bataille, architecte à Roubaix. Seules les dépendances sont conservées en l’état. Dans les combles, les bois sont remplacés par des poutres métalliques. Les murs sont épais, les boiseries en chêne et l’escalier en bois d’orme. Elle est terminée en 1931 et habitée en septembre non plus pour les mois d’été mais en tant qu’habitation principale.
Photo aérienne de la propriété en 1933 (Document IGN)La maison terminée en 1931 façade et côté (Documents Historihem)
La maison est imposante et l’intérieur est aménagé pour loger confortablement une famille comptant dix enfants. Dix têtes symbolisant les dix enfants sont sculptées sous la corniche de la demeure. Au sous-sol se trouvent diverses caves et une buanderie. Au rez-de-chaussée, autour d’un grand hall dallé de marbre en damier sont agencés salon, grande salle à manger et petite salle à manger, office, cuisine et galerie terrasse.
Edouard Catrice et son épouse et 9 de leurs dix enfants à la plage (Document Historihem)Les dix têtes sculptées sous la corniche de l’habitation (Document Historihem)Hall, galerie terrasse, grande salle à manger et petite salle à manger (Documents Historihem)Exemples de décoration intérieure (Documents SER)
Au premier étage, en haut d’un escalier dont les murs sont enjolivés d’arcades et de vitraux, se trouvent 6 chambres, une salle de bains, deux cabinets de toilette, une lingerie, le bureau d’Edouard Catrice et une chapelle. Quatre autres chambres se situent au deuxième étage ainsi qu’une salle de jeux-billard-lecture. Le 3ème étage comprend un grenier.
Escalier, palier du 1er étage et chapelle (Documents Historihem)
S’ajoutent à la demeure principale les dépendances, constituées d’un garage et d’une conciergerie. En cas d’absence prolongée de la famille la maison est ainsi gardée par le couple de concierges qui vit à demeure dans la propriété. Un jardinier est employé pour s’occuper du potager et mettre le parc en valeur.
La demeure est en effet située dans un parc boisé de près de 2 hectares qui est redessiné : allées cendrées et plates-bandes fleuries près de la maison, fruitiers et potager préservés sur le côté et dans le fond, appelé le bois, des arbres centenaires entretenus.
Les jardins aux abords de la maison (Documents Historihem)Le verger potager, l’allée qui mène au bois et le bois (Documents Historihem)A la fin des années 1930, le couple profite du jardin ; un ami y retrouve Edouard Catrice (Documents Historihem)
Tous les ans des manifestations festives sont organisées à la Feuilleraie. Outre les fêtes familiales s’y déroule la Fête-Dieu, 60 jours après Pâques : une procession se forme à l’église Saint-Corneille et se rend sur les pavés de la rue de Lille jusqu’au château Catrice.
L’entrée de la propriété et la façade arrière de la maison sont décorées de guirlandes de fleurs et d’oriflammes à queue de pie marqués d’une croix latine. Le cortège se dirige alors côté parc où un reposoir est aménagé dans la coursive de la maison.
La fête-Dieu au château Catrice entre 1932 et 1939 (Documents Historihem)
Remerciements à l’association Historihem et à la Société d’Emulation de Roubaix.
Deux ans plus tard, en septembre 1946, le marquis d’Auray de Saint Pois décède à l’âge de 86 ans, dans son domaine de la Manche. Sa veuve, la marquise, née Mathide Marie Joseph Pollet, décède 11 ans plus tard, en 1957, à Paris à l’âge de 82 ans. Le couple a eu 2 filles Germaine Marie Mathilde en 1897 et Renée en 1899. Le château de Saint-Pois reste dans la famille jusqu’à la mort de la dernière en 1982. En revanche le domaine de Hem devient propriété municipale.
Photo aérienne de 1947 montrant l’ensemble du domaine après-guerre (Document IGN)
L’année du décès de la Marquise, à l’occasion de la fête nationale, un gymkhana automobile est organisé dans le Parc réunissant une vingtaine de concurrents venus de toute la région et chacun fait preuve de virtuosité pour contourner les multiples obstacles installés sur le parcours et ce devant une foule de curieux massés sur le périmètre du terrain.
Les curieux massés autour du terrain et un concurrent s’apprêtant à prendre le départ dans une fourgonnette 2CH (Document Nord-Eclair)
Mais les bâtisseurs, en l’occurrence « La Maison Roubaisienne » s’emparent bien vite d’une grande partie de ce magnifique terrain boisé à quelques kilomètres de Roubaix et bien desservi par 2 voies importantes : le boulevard Clémenceau et la rue de la Tribonnerie.
Ce terrain est divisé en 105 parcelles, dont la superficie varie entre 800 et 1300 mètres carrés. Le Corbusier, un temps pressenti comme architecte du projet ne parvient pas à s’entendre avec Albert Prouvost (Voir sur notre site un précédent article intitulé : Quand Le Corbusier vient à Hem).
Chaque acheteur d’un terrain fait ensuite bâtir selon ses goûts personnels mais en se pliant à l’impératif d’un plan d’ensemble issu de la nécessité de sauvegarder la beauté du parc. La discipline imposée dans la construction s’exprime en plusieurs impératifs : pavillons isolés, unité des angles de toitures, qualité de la brique et des tuiles , portillons standard…Les travaux de viabilité sont entrepris dès l’année 1958 et une nouvelle route traverse le terrain.
Les futurs propriétaires bénéficient de l’aide de l’Union mutuelle immobilière de crédit (UMIC), créée par Albert Prouvost (industriel roubaisien animateur du CIL) et le CIL(Comité Interprofesssionnel du Logement fondé en 1943 pour permettre l’accession à la propriété des ouvriers). Cet organisme est chargé de prêter de l’argent aux cadres qui souhaitent faire construire des logements individuels.
Titres du journal de 1958 avec photo du terrain avant le début du chantier et publicité pour l’achat de terrains à la Marquise (Document Nord-Eclair)
En 1959, les premiers pavillons apparaissent et la Voix du Nord titre : le lotissement résidentiel, édifié dans un parc magnifique, sera un des mieux réussis de notre agglomération. Sont en effet conservés de nombreux arbres d’essences différentes, un étang et des pelouses ce qui permet aux constructions d’être nichées dans un havre de verdure. La Tribonnerie va compter une trentaine de maisons dans un cadre enchanteur.
L’étang dans la Tribonnerie à l’époque des constructions et en 2017 (Documents collection privée)
La viabilité, alors achevée, se résume en quelques chiffres particulièrement significatifs : les terrassements pour égouts et encaissement des chaussées et trottoirs concernent un volume de 10.000 mètres cubes ; la longueur des égouts est de 2 kms et les chaussées nouvelles occupent la même distance ; la superficie de revêtement des routes est de 10.000 mètres carrés et la surface des trottoirs de 9.000 ; l’éclairage public est fluorescent…
Le titre de la presse locale en 1959 et la photo de 3 pavillons déjà construits (Documents la Voix du Nord)Une photo du quartier dans les années 1970 (Document collection privée)Photo aérienne de la Tribonnerie avec le plan d’eau de l’allée Matisse en 2023 (Document Google Maps)
Pourtant, malgré les propos rassurants de l’article sur le fait que la Tribonnerie ne présente alors plus aucun danger, lors de la construction du lotissement , on déplore sur un chantier, allée Matisse, la mort d’un maçon ayant frappé sur un obus anti-char avec un marteau et un clou. Ce serait la dernière victime des dépôts de munitions de Hem, si l’on excepte les blessures subies par 2 employés municipaux en 1986 alors qu’ils ramassaient des herbes dans l’ancienne propriété de la Marquise.
Des obus dans le parc de la Marquise en 1958 (Document Nord-Eclair)
Côté rue de Beaumont, le reste du parc est affecté dès la fin des années 1940, « au terrain hippique du parc municipal des sports » donnant sur la rue de Beaumont. Ainsi, en 1947, la SHR (Société hippique rurale) de la Vallée de La Marque organise un concours hippique sur le Terrain de la Lionderie pour chevaux de demi-trait puis pour chevaux de ville à l’issue duquel une médaille est remise.
Programme et médaille du concours de la Lionderie de 1947 et une carriole publicitaire dans les rues et des cavaliers à cheval (Documents Historihem)
Ces concours continuent après la création du quartier résidentiel de la Tribonnerie : ainsi celui organisé par la SHR de la Vallée de la Marque, en 1962, au profit du comité municipal d’aide aux anciens, sous le patronage du journal Nord-Eclair. Plus de 70 cavaliers et cavalières participent à ce Grand Prix de la Tribonnerie qui se clôture par une traditionnelle distribution des prix.
Le concours hippique de 1962 (Document Nord-Eclair)
En 1964, on note le déroulement du Rallye annuel de Saint-Hubert, organisé également par la SHR, au cours duquel le pain de Saint Hubert ainsi que les cavaliers et cavalières participant, tout comme les chevaux et les chiens, ont reçu la bénédiction de l’abbé Georges Leurent, curé d’Hem Saint Corneille, après la messe.
La bénédiction par le curé Leurent lors du rallye de 1964 (Document Historihem)
Le prix Nord-Eclair remporte également une vive réussite en 1967, avec la participation au concours du champion de France, dans le prix de la ville de Hem, ainsi que le joyeux rallye équestre de la SHR l’année suivante au cours duquel une randonnée de 30 kilomètres autour de Hem au départ du terrain de la Marquise avant un retour sur ce même domaine.
Le prix Nord-Eclair de 1967 et le Rallye équestre de 1968 (Documents Nord-Eclair)Un concours hippique à La Marquise (Documents Historihem)
Dans les années 1970, le Club Hippique d’Hem, y organise encore des concours placés sous la présidence d’honneur du préfet de région et du maire de Hem. Y participent près de 600 chevaux dans les différents prix : Espoirs, Club Hippique d’Hem, Brasserie du Pélican et Nord-Eclair. Les personnalités sont accueillies devant le club-house et les différentes épreuves se répartissent sur toute la journée.
Les personnalités au concours de 1973 (Documents Nord-Eclair)
Dans les années 1980, les écuries sont toujours présentes sur l’ancien domaine de la Marquise. 20 ans plus tard il ne reste que peu de vestiges du château : hormis quelques pierres, vestiges du portail nord à l’angle de la Tribonnerie, se dresse encore l’ancien pigeonnier du Château de la Marquise au dessus du mur d’enceinte côté rue de Beaumont.
Les écuries dans les années 1970-1980 (Documents Historihem)Les vestiges (2 pierres et 2 faîtières de pilier) et le pigeonnier rue de Beaumont dans les années 2000 (Document collection privée)
Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion pour son livre co-écrit avec Jacquy Delaporte Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au temps d’Hem et enfin à Jean-Louis Denis pour sa contribution.
En choisissant ce nom, le fondateur, Patrick Mulliez, veut donner l’image d’une enseigne « qui habille » toute la famille. La marque, première à se lancer sur le segment des vêtements et chaussures pour la famille à petits prix, est créée en 1978, avec l’ouverture d’un premier magasin à Roncq, dans le Nord.
Ce premier magasin de 1000 m2 sera vite suivi par d’autres points de vente toujours implantés en zone commerciale de périphérie et la marque impose son concept de mode à petit prix tout au long des années 80. En une décennie, Kiabi ouvre 35 magasins et recrute 1500 salariés : c’est l’âge d’or de la marque dont le slogan est « Kiabi, la mode à petits prix ».
Logo de Kiabi en 1978 (Document internet) et publicité reprenant les premiers magasins ouverts dans la région (Document Yuma Paris)
Dix ans plus tard la presse locale annonce le nouveau transfert du siège social de l’entreprise, située avenue du 08 mai 1945 à Villeneuve d’Ascq, vers Hem, 100 rue du Calvaire (dans la future zone des 4 Vents). Au départ, son implantation était prévue sur l’ancien site Gabert (sur le sujet voir un précédent article publié sur notre site intitulé Teinturerie Gabert). Mais le terrain s’est avéré finalement inadapté aux besoins de l’entreprise.
La construction a donc été décidée sur un terrain de 5 hectares situé juste à côté de l’antenne Sud dans la rue du Calvaire face à la Briqueterie (sur ce sujet voir un précédent article publié sur notre site intitulé Briqueterie de Hem).
Vue aérienne de l’emplacement futur de Kiabi (Plan actuel / photo des années 1960)
Le bâtiment doit être constitué d’une surface utile de 7000 mètres carrés et ne doit pas excéder 12 mètres de hauteur. La Direction générale et les services centraux vont se partager 3 niveaux. C’est la SOPIC, une société basée à Tarbes et spécialisée dans l’immobilier d’entreprise, qui est en charge de la réalisation de l’ouvrage.
Titre dans la presse locale en 1988 et maquette de la future construction (Document Nord-Eclair)(Document Nord-Eclair)
Cette nouvelle implique le transfert de 90 emplois sur la commune de Hem ainsi que la création de 100 autres postes pour le nouveau siège social voir même 135 emplois à l’horizon 1990, ce dont se réjouit bien évidemment Mme Massart, maire de la ville. Les travaux doivent débuter en novembre 1988, en vue d’un déménagement du siège social à la fin du premier trimestre 1990. Bien que l’architecte soit parisien et la SOPIC installée dans le sud du pays, ce sont des entreprises régionales qui seront occupées à la réalisation de la construction, ce qui signifie également une trentaine d’emplois sur le site pour une durée d’un an.
Photo aérienne de 1995 (Document IGN)
L’immeuble est finalisé en 1990, comme prévu et la SAS Kiabi Europe, créée en 1987, y installe officiellement son siège en juin 1990. Le bâtiment, flambant neuf, est de conception moderne et particulièrement curieux à observer depuis le ciel avec sa forme très inhabituelle.
Photo de l’entreprise nouvellement installée (Document archives municipales de Roubaix)
1990 est aussi l’année d’une nouvelle grande campagne de communication qui a pour slogan : « C’est bon pour le moral ». L’enseigne frappe fort en prenant pour égérie une star de la chanson et non des moindres puisqu’il s’agit de Johnny Hallyday. Les photos publicitaires couvrent les murs de France.
Campagne de publicité des années 1990 (Document Yuma Paris)
Trois ans plus tard, Kiabi s’exporte en Espagne et va continuer à s’internationaliser, notamment en Italie. En 1997, le réseau compte 85 magasins et en 2000, la marque lance son site web avant de se développer en franchise 5 ans plus tard.
En ce début de vingt et unième siècle, l’entreprise Kiabi effectue sa publicité au dos du guide pratique de la ville de Hem en associant étroitement l’ensemble de ses salariés à cette ville qui les a accueilli dix ans plus tôt. Son titre : Kiabi, l’an 2000 commence à Hem.
Publicité Kiabi an 2000 (Document guide pratique de Hem)
En juin 2011, Kiabi, à l’étroit sur le site de la Zone des 4 Vents à Hem (450 salariés) inaugure des nouveaux locaux dans la zone de Roubaix-Est à Lys-lez-Lannoy, 20 rue de Toufflers (250 salariés), dans les bureaux laissés libres par l’ancienne usine pharmaceutique Delpharm, mais prévient qu’il s’agit d’une solution transitoire, l’entreprise devant, à terme, retrouver un site unique.
Dès lors les salariés de la Direction France de l’entreprise, les ressources humaines et l’informatique s’installent à Lys-lez-Lannoy, tandis que les salariés du marketing, des collections (une cinquantaine de stylistes y travaillent sur les collections en permanence), des services administratifs et financiers restent à Hem.
Kiabi Lys-lez-Lannoy (Document site internet)
En 2013, la marque Kiabi est récompensée pour son concept de magasin par l’Institut Français du Design (IFD) et reçoit le label Janus dans la catégorie commerce. Mais en 2014, elle fait l’objet d’un « bad buzz » à cause d’un déguisement Zoulou, affiché à la vente sur son site avec une référence à la préhistoire, et vite retiré suite aux critiques. La même année Kiabi choisit de tendre une banderole sur un champ sur laquelle est écrit « Kiabi colore le tour » pour fêter le passage du tour de France. C’est une référence à sa nouvelle campagne mondiale « Kiabi colore la vie ».
Le déguisement Zoulou mis en cause en 2014 et la nouvelle campagne mondiale Kiabi colore la vie (Document Voix du Nord et Yuma Paris)
En 2015, Kiabi compte 500 magasins dans le monde et devient le n°1 du prêt-à-porter en France. L’année suivante, la marque reçoit l’aval de la MEL, après avoir filmé un « flash mob » des salariés sur le terrain convoité, pour déménager à Lezennes, à deux pas d’ Héron Park et du Stade Pierre Mauroy. La construction sur le site de Hem n’est en effet pas possible car il ne reste que 4 hectares de terrains, en sacrifiant les parkings alors qu’il en faudrait 10.
Un « flash mob » sur le terrain convoité en 2016 (Document Voix du Nord)
En 2020, Kiabi est catégorisée grande entreprise (entre 2000 et 4999 salariés). Pour cocher les nombreuses cases du siège social rêvé pour une enseigne de dimension mondiale, quoi de mieux qu’un projet de 30.000 mètres carrés en plein centre urbain dont l’ouverture est prévue fin 2024. Outre les fonctions centrales devrait s’y trouver : un magasin format XL au rez-de-chaussée (3000 mètres carrés), 20.000 mètres carrés de bureaux à l’étage, 2 restaurants, un parking de 900 places (dont 300 bornes électriques), 4000 mètres carrés de surfaces végétalisées (dont une partie des toits), une salle de conférence de 1.500 mètres carrés, 6000 mètres carrés pour l’accueil d’entreprises extérieures (notamment des start-up) proches de l’enseigne. Plus de 7000 mètres carrés sont prévus pour l’accueil des familles dont une crèche pouvant accueillir 35 berceaux et une halte-garderie ouverte en journée, soirée, week-end. Enfin un très grand parvis est destiné à accueillir des événements.
Le projet Kiabi pour 2024 à Lezennes (Document Fashion Network)
Le projet est porté par Etixia, la filiale foncière de Kiabi, développé avec le cabinet d’architecture Avant-Propos, et la première pierre est posée le 13 septembre 2022, le début du chantier ayant pris du retard avec la crise sanitaire. Avec ce nouvel écrin le groupe (et ses 10.000 salariés) se projette à 10 ans et prévoit un doublement de ses ventes d’ici 2030.
Le projet Kiabi (Document Etixia)
Si une production en France n’est pas envisagée, l’accent est porté sur la seconde main ou le recyclage des vêtements, comme sur l’écoconception des pièces à 100%, et le futur siège de Lezennes devrait, dans cet esprit, servir de laboratoire d’innovation à l’ensemble du groupe d’habillement pour le pousser à développer une mode plus responsable et durable. Des formules d’abonnement et de location de vêtements sont à l’étude tout comme de nouvelles applications numériques.
Un trou colossal à Lezennes en septembre 2022 (Document Voix du Nord)
Après le déménagement de Kiabi, on ignore encore l’usage futur des locaux de Hem dont la marque est propriétaire. Plusieurs options sont sur la table : reconditionner les bureaux pour créer éventuellement un EHPAD ou au contraire tout détruire pour faire de la logistique. A ce jour la question ne semble pas avoir été tranchée.
Kiabi est aujourd’hui une des nombreuses filiales du GIE Association Familiale Mulliez, spécialiste de la grande distribution et qui compte parmi ses enseignes : Auchan, Decathlon, Top Office…Sur la trentaine d’années que la marque a passé à Hem l’entreprise a connu une croissance qui ne s’est jusqu’ici jamais démentie et son histoire restera donc liée à la ville.
En mai 1882 a lieu, sous l’égide de Maître Aimé Vahé, notaire à Roubaix, la vente par adjudication, en trois lots, d’une « magnifique campagne, belle futaie, bois, pièces d’eau », d’environ 15 hectares, dans la commune d’Hem, sur le Pavé de Roubaix à l’Hempempont (actuelle rue de la Tribonnerie), avec entrée sur la route départementale de Lille à Lannoy (actuelle rue Leclerc) et entrée avec conciergerie sur le sentier de Hem (actuelle rue de Beaumont).
Vente du domaine par adjudication en 1882 (Documents Historihem)
En 1896, le maire de Hem, Henri Désiré Joseph Leuridan, marie Mathilde Pollet, fille d’un riche cultivateur hémois à un aristocrate normand, Eugéne Marie Gaston d’Auray de Saint-Pois. Les époux s’établissent sur le domaine vendu à la famille Pollet 14 ans plus tôt, qui sera donc dès lors connu familièrement de la population sous le nom de Château de la Marquise, alors qu’aucun château n’y sera jamais construit.
Photo d’Henri Leuridan et mariage de Mathilde Pollet vu en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)
Le château de la famille de Saint-Pois est en réalité une demeure du XVIII ème siècle qui se situe sur la commune de Saint-Pois, dans la Manche, en Normandie. Le domaine y appartient à la famille du Marquis depuis le Moyen-Age. Le château y est reconstruit, après destruction, en forme de fer à cheval, l’aile nord abritant les cuisines et les autres ailes un décor raffiné. Le marquis ne vient à Hem que quelques fois par an pour y chasser le lapin et le faisan. Mais le parc est toujours impeccablement entretenu et fleuri, les étangs empoissonnés et les pâtures louées aux fermiers voisins.
Le château familial à Saint-Pois et le blason de la famille (Document Wikimanche et Man8rove)
Dans le domaine de Hem, la partie haute, plantée d’arbres et de pelouses, est agrémentée de trois pièces d’eau. Plus bas on trouve un petit bois de chênes magnifiques puis des prairies. Côté Est, est planté un verger et côté nord l’habitation du jardinier chef donne sur un grand potager et des serres chauffées. Un pigeonnier domine l’ensemble et 2 conciergeries assurent la surveillance de la propriété, l’une à l’entrée nord et l’autre à l’entrée sud.
Le bois et les bords du lac et le pont au dessus du plan d’eau (Documents collection privée)La conciergerie côté nord et la glacière située dans le parc (Documents Historihem)
La demeure des châtelains, à Hem, est en fait un relais de chasse à un étage, sans style particulier, situé le long du pavé de Roubaix à Hempempont. Mathilde Pollet qui ne serait pas en très bons termes avec le propriétaire du château sis dans le quartier de la Lionderie souhaite quant à elle que sa propriété soit appelée « Château de la Lionderie », comme le démontre l’enveloppe qui lui est personnellement adressée, et la série de cartes postales qui lui sont consacrées porte d’ailleurs cette appellation.
Enveloppe adressée à la Marquise au Château de la Lionderie (Document collection privée)Le Château de la Lionderie en hiver et en été (Documents collection privée)
La marquise est réputée pour avoir du caractère et la bande dessinée Au temps d’Hem illustre avec humour cet aspect de sa personnalité dans un dialogue imaginaire avec le tenancier du café Au bon coin, situé au coin de la rue de Saint-Amand (aujourd’hui rue du Docteur Coubronne) et de la rue Jules Ferry, sur son chemin pour aller à l’église Saint-Corneille.
Illustration humoristique du caractère de Mme la Marquise (Document Au temps d’Hem)
Mathilde Pollet n’a pas que des amis sur Hem et tente d’agrandir toujours plus son domaine ceint d’un mur sur une grande partie de sa surface. Ainsi en est-il de ses relations avec le fermier Louis Jonville qui refuse de lui vendre une parcelle qui lui manque et sur laquelle sera érigée la propriété de la famille Declercq (sur le sujet voir un précédent article sur notre site intitulé : Famille Declercq, 28 rue de la Tribonnerie).
Le Château côté rue et la ferme du domaine (Documents Historihem)CPA de l’intérieur du château (Documents Historihem)
Pendant la première guerre mondiale l’ennemi occupe les différents châteaux de Hem et le domaine de la Marquise n’échappe pas à la règle, comme le démontrent ces cartes photos prises durant l’été et l’hiver 1917. La propriété ne subit à priori pas de dommages essentiels et la Marquise continue à l’habiter après guerre.
Le château pendant la première guerre (Documents collection privée)
Au début de la deuxième guerre mondiale les anglais ont leur point de ralliement au château de la Marquise dont le nom de code, pour permettre aux estafettes anglaises de se diriger, est « green shutters » : les volets verts. Les deux fermes voisines : Leplat et Jonville, sont les « twin farms » : les fermes jumelles. L’Etat-major se trouve sur le territoire d’Anappes au Château de Montalembert.
Puis, sous l’occupation allemande, le parc du Château et celui du château Olivier deviennent un dépôt de munitions : le plus important du Nord. Des bases anti-aériennes sont installées autour des deux châteaux et la commune d’Hem devient un point de traversée. Les véhicules allemands du Nord Pas-de-Calais et même de Belgique viennent s’y approvisionner en munitions, lesquelles sont empilées à hauteur de maison tous les 100 mètres. Ces 2 dépôts sont un point vital pour l’ennemi qui les fait garder par des civils français : 30 hommes le jour et 50 la nuit.
Tous les transports sont effectués de nuit par camion. De jour les munitions sont rangées et camouflées. Les travaux sont exécutés par des ouvriers civils de la région, amenés par camions militaires : de 20 à 30 hommes par domaine.
Le message de Radio Londres après le débarquement (Document Au temps d’Hem)
Au printemps 1944, il ne reste plus qu’un officier qui commande, un Feldwebel, et quatre soldats dans chacune des propriétés. Ils logent dans des maisons réquisitionnées sur le boulevard Clémenceau. Ils effectuent des tours de garde, les clôtures des châteaux sont renforcées de barbelés et les grilles obscurcies par des planches. La rue de la Tribonnerie est interdite au trafic.
Les munitions entreposées sont toutes désamorcées, c’est à dire détonateurs et fusées stockées séparément. Il s’agit de munitions classiques de tous calibres depuis la balle de fusil jusqu’à la torpille marine, en passant par toute la gamme des obus. Les munitions légères (balles) sont entreposées dans les caves du relais de chasse et des dépendances de la Marquise tandis que les plus gros calibres se trouvent au château Olivier.
D’ autres explosifs délicats se trouvent dans des hangars légers en bois montés sur les pelouses et camouflés. La plus grande masse est empilée au pied des grands arbres. Certains tas d’obus reposent dans des fosses profondes de 0,50 m environ, protégées de talus et camouflées de bâches. L’ensemble représente une masse explosive considérable.
Après le débarquement, Radio Londres diffuse un message : « Lorsque les oliviers fleuriront, la marquise dansera ». Lors de la libération de Paris en Aout 1944, les allemands s’apprêtent à quitter Hem. L’officier allemand commandant la place prévient le maire qu’il va faire sauter l’ensemble le 3 septembre et qu’il faut évacuer les habitants. Fin Aout des bombardiers américains survolent les 2 domaines et c’est la panique mais aucune bombe n’est larguée.
La police française sillonne les rues (Document Au temps d’Hem)
Le 2 septembre au petit matin les hémois sont prévenus, par la police française qui sillonne les rues avec des automobiles à haut parleur, que les dépôts vont sauter ensemble à 13h. Les allemands improvisent un amorçage de secours et le dispositif de mise à feu électrique est remplacé par un cordon enflammé, suite aux tentatives de sabotage de la résistance hémoise, lesquelles ont ainsi évité par la coupure du courant une déflagration générale destinée à détruire la ville.
A 16 heures les allemands quittent les châteaux et moins d’une heure plus tard de formidables explosions retentissent. C’est comme un tremblement de terre suivi d’un tintamarre épouvantable : vitres et tuiles volent en éclats dans une bonne partie de la ville. Une fumée noire monte en volutes épaisses jusqu’à plus de 200m de haut. Autour des dépôts des projectiles retombent : obus, terre, briques, tuiles, branches…
L’explosion provoquée par les allemands et l’arrivée des anglais à Hem (Document Au temps d’Hem)
Les explosions se succèdent durant toute la nuit car tous les stocks ne sautent pas en même temps et la mise à feu se fait de proche en proche. Le 3 septembre au matin, l’enfer se calme et aucun blessé ou disparu n’est à signaler parmi la population estimée à 10.000 habitants. Seul un soldat allemand est retrouvé mort au Château Olivier, peut-être un artificier. Les parcs sont bouleversés : arbres déchiquetés, sol retourné. A la Marquise seules crépitent encore les balles dans les caves.
Les curieux affluent alors sur les lieux malgré le danger puisque 2/3 des stocks de munitions sont à priori toujours intacts, à la recherche d’armes ou de nourriture. S’ils n’en trouvent pas le pillage d’outils, de cuivre, voire même de portes commence. Le lendemain, quelques petites explosions reprennent à la Marquise puis le surlendemain très brutalement une grosse déflagration retentit et cette fois c’est le drame et 5 morts sont relevés. C’est seulement ensuite que les châteaux sont à nouveau gardés jour et nuit par les FFI.
Après la fuite des allemands vers la Belgique, au retour des anglais, les services de déminage français et anglais se mettent au travail pour désamorcer des milliers d’obus éparpillés ça et là ainsi qu’une trentaine de mines découvertes au milieu des caisses de munitions. Le sol sera ensuite nivelé par des bulldozers et de nombreux engins enterrés remontent périodiquement. Le ramassage de cuivre se poursuit durant plus de 10 ans et régulièrement de petites explosions dues à des feux d’herbes et branches se reproduisent longtemps après la fin de la guerre.
Le relais de chasse après les explosions de septembre 1944 (Documents collection privée et Historihem)
Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion pour son livre co-écrit avec Jacquy Delaporte Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au temps d’Hem et enfin à Jean-Louis Denis pour sa contribution.
A la fin des années 1990 l’entreprise de Teinturerie Meillassoux et Mulaton, sise rue du Général Leclerc à Hem depuis 1952, ferme ses portes. Elle est radiée du registre du commerce et des sociétés en février 1997 soit après presque un siècle et demi d’existence. Une photographie aérienne de 1995 montre un terrain boisé au futur emplacement du supermarché, le long de la voie d’accès à l’usine.
Photo aérienne de 1995 (Document IGN)
Sur une partie de l’ancien terrain qu’elle occupait se construit en 1995 un supermarché à l’enseigne PG (Prix de Gros). L’enseigne existe depuis les années 1960 et a été revendue par la famille de son créateur Jean Muselet en 1994 au groupe Delhaize-Le-Lion et prépare alors 20 implantations sur la métropole lilloise.
Enseigne du supermarché PG (Document Enseignes Disparues)
Le supermarché de Hem fait partie de ce programme. Installé sur une surface de 1200 mètres carrés, le magasin posséde un parking de 90 places et emploie 35 salariés, dont 25 hémois, sous la direction de Mr Colpaert, ancien commerçant de la rue Gambetta à Lille. On y trouve un rayon pain et point chaud, un rayon poissonnerie, un stand crémerie, des surgelés en plus des traditionnels rayons produits secs, bazar et liquides mais surtout un rayon boucherie.
Le magasin en fin de chantier, le secteur produits frais, le directeur Mr Colpaert et la mise en rayons (Documents Nord-Eclair)
Dès 1998, l’enseigne PG disparaît au profit de l’enseigne Stoc, fondée par la famille Badin-Defforey, puis devenue une filiale des Comptoirs Modernes, suite à un accord de cession avec ceux-ci. Sur la photo aérienne de 1998 on voit clairement, à la place de l’ancien terrain boisé, le supermarché et son parking.
Pourtant dès la fin de l’année 1998, le groupe Carrefour prend le contrôle des Comptoirs Modernes puis en 1999 fusionne avec Promodès et la totalité du parc des supermarchés passe alors sous l’enseigne Champion. En novembre 2000, est lancée l’opération publi-promotionnelle « 1000 Champions en fête » point d’orgue du passage à l’enseigne Champion des 490 magasins Stoc.
Photo aérienne de 2000 (Document IGN)Changement d’enseigne (Document Nord-Eclair)Nouvelle enseigne Champion (Document site internet)
Concrètement pour les clients, ce nouveau changement d’enseigne ne change pas grand chose. L’équipe et l’organisation du magasin restent les mêmes. La carte de fidélité Iris reste en service. Pourtant quelques améliorations sont à noter puisque les produits Champion vont progressivement faire leur entrée dans le magasin.
Publicité de 2000 (Document Nord-Eclair)
L’effectif salarié reste le même à savoir 32 personnes. Le directeur Jérôme Lesay explique que le magasin joue la carte du partenariat local en répondant dans la mesure du possible aux sollicitations des associations et des écoles et en étant partenaire de la course Oxyg’Hem.
Photo du magasin Champion en juin 2008 (Document Google Maps)
C’est fin 2007 que l’enseigne Carrefour Market voit le jour et dès 2008 elle est la 2ème enseigne de supermarchés en France. La gamme de produits Champion disparaît progressivement entre septembre 2008 et août 2009 et l’enseigne a quasiment disparu en fin 2009. A Hem dès la fin de l’année 2008 l’enseigne Carrefour Market a remplacé Champion et le magasin est par la suite agrandi et rénové.
Photo du magasin Carrefour Market en Novembre 2008 puis 2017 (Documents Google Maps)Le panneau avec enseigne à l’entrée du parking en 2008 puis 2015 (Documents Google Maps)
En 2014, l’installation d’un Carrefour Drive est tentée dans la zone Marcel Lecoeur au 35 rue Colbert à Hem où se trouve déjà installé le Leclerc Drive. Le système est le même pour les 2 enseignes en ce qui concerne la récupération des commandes mais Carrefour, à l’inverse de Leclerc, bénéficie d’une surface intérieure plus grande où les produits peuvent être stockés.
Mais la concurrence est rude et Carrefour Drive rue Colbert ferme 2 ans plus tard. Carrefour Drive Market prend le relais, en 2019, avenue du Général Leclerc à Hem. A cette occasion des photos de l’inauguration sont diffusées par la municipalité.
Carrefour Market Drive en 2019 (Document Ville de Hem) et photo du magasin en 2019 (Document Google Maps)
Le supermarché hémois du Centre Ville créé en 1995 a donc été adopté par les habitants et, malgré les nombreux changements d’enseigne, il a su conserver sa clientèle près de 30 ans plus tard. Il a également su suivre l’air du temps en se dotant d’un drive.
L’intérieur du supermarché en 2020 (Document site internet)L’extérieur du supermarché et une vue aérienne en 2022 (Document Google Maps)
La première journée des interdistricts est organisée en mars 2000, sous la présidence par intérim de Karim Brahimi (Christian Descamps ayant renoncé à la présidence pour raison de santé). 200 joueurs de 12 et 13 ans, garçons et filles, s’affrontent dans une série de petits matchs et sont observés et notés par des spécialistes. La Commission Technique Départementale se rend ainsi compte du niveau départemental des benjamins et benjamines et peut préparer la sélection 2000/2001.
Les 1ers Interdistricts à Hem en 2000 (Document HSBB)
En mai 2000, Karim Brahimi est élu à l’unanimité président du HSBB et reçoit, ainsi que l’ensemble de l’équipe, les félicitations de Mrs Vercamer, maire de la ville, et Saint-Maxent, adjoint aux sports pour le dynamisme du club, notamment au niveau de son école de basket et des résultats des joueurs. D’ailleurs, à la fin de cette saison la presse locale titre HSBB une saison formidable !
Election de Karim Brahimi à la présidence du club en 2000 et le gros titre de la presse locale en fin de saison (Documents Nord-Eclair)
Et l’année suivante c’est par 2 jours de festivités non-stop que le HSBB fête son 35ème anniversaire. Au delà de ses exploits sportifs le club se veut avant tout une grande famille accueillante et généreuse qui accueille près de 200 licenciés dans une salle remise aux normes et nantie d’un club-house pimpant. Il bénéficie d’une école de basket et même d’une section baby. Son bilan explique largement la lettre de félicitations adressée au président par le Comité Départemental Nord de Basket-Ball District Terrien.
Les 35 ans du club et la lettre de félicitations à Karim Brahimi (Documents Voix du Nord et HSBB)
Dans les années 2000-2010, sous la présidence de Karim Brahimi, le club est l’un des plus gros de la région et compte plus de 260 licenciés et 12 entraîneurs et bénéficie, à compter de 2003, du label national des écoles de basket, reconnaissance de la grande qualité de la formation des jeunes. En 2005, l’école hémoise recevra de la fédération française le titre d’Ecole Nationale.
Le club, non content de cumuler les succès sportifs, répond aussi présent quand il s’agit de soutenir de grandes causes telles que le Téléthon, les Restos du Coeur, Oxyg’Hem…Et en 2004, la première « poussinade » du cœur est organisée au profit de Ludopital.
Baptiste Brahimi, neveu du président âgé de 12 ans a en effet dû subir 2 opérations du cœur et a pu apprécier l’action de cette association au bénéfice des enfants hospitalisés. Il en est le parrain mais décède malheureusement quelques mois après avoir reçu le chèque à l’intention de l’association. La « poussinade » du cœur continuera ensuite à être organisée chaque année par le club.
L’école de basket labelisée en 2003 et première « poussinade » du cœur en 2004 avec Baptiste Brahimi pour parrain (Documents Nord-Eclair et Voix du Nord)
En 2010, la vieille salle Delcourt laisse la place à une toute nouvelle salle construite à la même place à côté du collège Raymond Devos. A peine construite cette salle subit un incendie accidentel dû à des étincelles projetées par des ouvriers travaillant à l’étanchéité du garage à vélos du collège tout proche. La nouvelle salle revêtue de bois nécessite l’intervention d’une vingtaine de pompiers durant près de deux heures pour venir à bout des flammes et de grandes quantités d’eau s’infiltrent par la toiture, rendant la salle inutilisable pour quelques temps et obligeant le club à recevoir à domicile à…Forest-sur-Marque.
L’incendie de la nouvelle salle Delcourt à peine construite en 2010 (Documents Nord-Eclair)
L’année suivante se déroule la première édition des « Trophem », lesquels ont pour vocation de récompenser celles et ceux qui ne comptent pas leur temps au sein des associations. Le trophée espoir est remis à cette occasion à Fanny Brahimi, la fille de Karim Brahimi. Celle-ci est en effet entrée au club comme joueuse à l’âge de 6 ans, avant de devenir bénévole à l’âge de 12 ans, quand elle commence à donner un coup de main à l’école de basket, et de valider son diplôme d’entraîneur à l’âge de 16 ans. Tout en poursuivant sa carrière de basketteuse elle encadre l’Ecole de Sport et prépare les enfants à intégrer la catégorie poussins ; en parallèle elle est animatrice des centres aérés et obtient un poste de directrice adjointe en 2010.
Première édition des « trophem » et le trophée espoir pour Fanny Brahimi (Documents Nord-Eclair)
Parallèlement à ses succès sportifs et aux distinctions obtenues par les dirigeants et membres du club la solidarité continue à tenir une place centrale pour le HSBB qui remplit les paniers de la Banque Alimentaire et continue à se montrer solidaire des Restos du cœur, notamment en 2013 et 2015. Par ailleurs chaque année l’USBB participe à l’opération Téléthon.
Soutien aux Restos du Coeur en 2013 et 2015 et Téléthon en 2022 (Documents Voix du Nord et HSBB)
C’est sous ces bons auspices que le club fête ses noces d’or en 2015, organisant une exposition , un match de gala, un barbecue et une soirée dansante. 300 spectateurs sont présents dans les gradins et des clubs amis sont là tels que les clubs belges d’Estaimpuis et Templeuve, mais aussi ceux de Ronchin, Armentières, Croix et Tourcoing, pour affronter les 19 équipes que compte le HSBB.
Noces d’or en 2015 (Documents Voix du Nord)
En 2017, le palmarès sportif met à l’honneur, parmi d’autres hémois, André Ninrinck, joueur au HSBB puis bénévole à l’école de basket, coach de plusieurs équipes au fil des décennies, créateur des « poussinades » du cœur et vice-président depuis 10 ans. Il est également membre de l’OMS depuis 20 ans et décoré de la médaille de bronze de la jeunesse et des sports. Durant la même année il reçoit un « trophem » au titre de 40 ans de dévouement au basket et 40 ans de bénévolat au sein du HSBB.
Palmarès sportif et Trophem 2017 (Documents Tout Hem)
Un nouveau titre de championnes du Nord est fêté, en 2018, pour les benjamines du Club après le triplé pour les seniors filles. La presse locale titre que le HSBB brille par ses résultats. Et en 2021, ce sont les bénévoles qui sont mis à l’honneur pour leur longévité au basket club : les uns reçoivent des lettres de félicitations du département, les autres des médailles de la fédération française de basket-ball.
Titre de championne du Nord pour les benjamines en 2018 et triplé pour les seniors filles ; le club brille par ses résultats (Documents Voix du Nord)Les bénévoles à l’honneur en 2021 (Document Voix du Nord)
L’année 2022 est assombrie par le décès de Jean-Marie Delaey, surnommé Mr Basket, engagé au club depuis 56 ans, club dont il a été secrétaire puis vice-président. Enfin en 2023, le label citoyen récompense le HSBB (valable pour 3 saisons sportives), label qui récompense les efforts et actions hors compétition sportive pour favoriser le lien social et le vivre ensemble.
Photo de JM Delaey décédé à l’âge de 74 ans en 2022 (Document Historihem)Obtention en 2023 du label citoyen (Document Voix du Nord)
A n’en pas douter le club Hem Sport Basket-Ball qui fêtera ses 60 ans en 2025, a tous les atouts dans sa manche pour faire de ce nouvel anniversaire une ode non seulement au sport mais aussi au dévouement aux autres et au bénévolat ainsi qu’à la bonne humeur et la convivialité.
Vue panoramique de la salle Delcourt en 2022, photo de l’extérieur et de l’intérieur de la salle en 2023 ; Karim, André et Bernadette (la secrétaire) en 2023 (Documents Google Maps et IT)
Vous pouvez, si vous le souhaitez, découvrir ou redécouvrir de nombreuses autres photographies sur le sujet sur le site de l’association Historihem : http://histori.hem.free.fr/ ou https://historihem.fr
Remerciements à Karim Brahimi et André Ninrinck et à l’association Historihem