Cimetière de Hem (suite)

En 1955, éclate à Hem ce qu’on appellera l’Affaire de Beaumont : alors que la construction du groupe scolaire de Beaumont est en projet depuis un an, il est reporté par un arrêté préfectoral qui déclare d’intérêt public l’acquisition d’un terrain de 60 hectares et, dans la foulée, le député maire de Roubaix, Victor Provo, saisit la ville de Hem du projet de création d’un cimetière dans le style de « Los Angeles » dans la plaine de Beaumont.

Le plan qui accompagne ce projet ne tient compte, ni des quelques 1000 logements ni de l’église Saint Paul, ouverte au culte en juin 1954, ni du château et de la cense de Beaumont qui y sont déjà construits, ni des projets d’accession à la propriété déjà planifiés.

Plan de la plaine de Beaumont avec ses constructions et plan du projet de cimetière (Documents Historihem)
L’affaire de Beaumont (dossier du syndicat d’initiative Les Amis de Hem créé en 1953) (Document Historihem)

En justification de ce projet, il est fait état de l’insuffisance du cimetière roubaisien actuel, et de l’impossibilité de trouver, dans les limites de la ville de Roubaix, un terrain assez vaste pour créer ledit cimetière. Le cimetière actuel roubaisien d’une superficie totale de 15 hectares, situé entre le canal et des bâtiments industriels, serait alors abandonné…

Il s’agirait donc de la création, sur le territoire de la ville de Hem, d’une vaste nécropole destinée à la ville de Roubaix, et donc d’une annexion pure et simple d’une partie de la ville de Hem, laquelle fait écho au projet d’annexion de 200 ha du territoire hémois, dont la plaine de Beaumont, déjà projetée en 1944 par l’administration municipale de Roubaix, pour y reloger des roubaisiens suite à la destruction programmée de 13.000 logements insalubres.

Titre du journal Nord-Eclair en mai 1955 (Document Nord-Eclair)

En mai 1955, en effet, le conseil municipal de Roubaix constate que de plus en plus les familles achètent des concessions et qu’à ce rythme, d’ici 3 ans, la réserve temporaire des terrains encore disponibles sera épuisé. Deux solutions sont donc envisagées : le maintien de l’ancien cimetière et la création d’une nouvelle nécropole ou la désaffectation du cimetière actuel et sa translation dans un endroit plus vaste.

C’est la 2ème solution qui est adoptée et le choix se porte sur la plaine de Beaumont située sur les territoires des communes de Hem et de Croix. Ce terrain d’une superficie de 60 hectares serait scindée en trois parties, ce qui permettrait d’en faire un cimetière intercommunal : 45 ha pour Roubaix, 10 ha pour Croix et 5ha pour Hem. La presse locale annonce le projet pour acquis.

Photo aérienne du cimetière de Lannoy dans les années 1950-1960 et plan IGN correspondant actuel (Documents IGN)

L’administration municipale de Hem, considérant la vocation résidentielle de la plaine de Beaumont, s’oppose fermement à ce projet et suggère qu’éventuellement, si un cimetière annexe s’avère réellement indispensable, elle pourrait en envisager l’implantation dans la zone rurale de son territoire, à côté du cimetière de Lannoy, situé lui aussi en territoire hémois. Cette suggestion est aussitôt rejetée par l’administration municipale roubaisienne.

Aucun accord n’étant trouvé, le projet est alors classé pendant trois ans et exhumé en 1958, quand le préfet du Nord prend un arrêté décidant la mise à l’enquête du dossier de la ville de Roubaix, concernant un cimetière intercommunal Roubaix-Hem-Croix. Entretemps le projet de lotissement du groupe de Beaumont II a été approuvé en 1956 et l’autorisation d’acquérir le terrain nécessaire à la construction du groupe scolaire a été accordée et celle-ci a été entreprise en fin d’année 1957.

A vous de juger (des amis de Hem) (document Historihem)

Le conseil municipal de Hem est donc plus que jamais opposé au projet de cimetière, pour des raisons évidentes de salubrité publique. La ville d’Hem, en la personne de Jean Leplat, son maire, rejette donc catégoriquement la conception d’un cimetière intercommunal Roubaix-Hem, car dans l’arrêté préfectoral de 1956 concernant le lotissement il est stipulé que le drainage dudit lotissement devra être exécuté de façon à faciliter l’évacuation des eaux du Cimetière intercommunal de Roubaix -Hem.

Or ces eaux seraient contaminées par des matières organiques en putréfaction et acheminées dans les réseaux d’égout des lotissements de Beaumont II, Beaumont I puis dans le collecteur de Carpeaux. Les Amis de Hem éditent quant à eux un tract destiné à aviser les habitants du quartier du danger qui les menace avec le nouveau projet de cimetière de 36 hectares comprenant ce qui reste de la plaine de Beaumont et une partie du plateau de la Tribonnerie.

Tract des Amis de Hem (Document Historihem)

Le préfet du Nord réagit à ce tract en précisant qu’il y a peu de chances que l’eau de la nappe soit en contact avec les corps mais qu’il est toujours possible de procéder à l’épuration des eaux de drainage du cimetière avant de les rejeter à l’égout. Il ajoute que par ailleurs la situation du cimetière projeté et des zones habitées n’est pas différente de celles de toutes les nécropoles de l’agglomération.

Le conseil municipal réaffirme son opposition au projet, considérant notamment que l’épuration des eaux de drainage du cimetière nécessiterait l’édification d’une usine d’épuration en pleine zone résidentielle et à proximité des lotissements de Beaumont et de la Citadelle. Le préfet confirme en réponse qu’une fois le projet au point, il le soumettra bien entendu au Conseil Départemental d’Hygiène.

Photos de Jean Leplat, maire de Hem, et Victor Provo, maire de Roubaix (Document Historihem et Wikipedia)

Jena Leplat, maire de Hem mais aussi médecin, s’étant battu contre le projet en tant que président d’honneur fondateur du syndicat d’initiative « les Amis d’Hem », cite en conclusion un extrait du rapport établi en 1945 par Guy Lapchin, alors urbaniste d’Hem et 10 ans plus tard architecte en chef du CIL de Roubaix-Tourcoing, comme argumentaire sur le plan humain.

Extrait du rapport de Guy Lapchin (Document Historihem)

Quelles qu’en soient les raisons le projet du cimetière de Beaumont est finalement abandonné et Jean Leplat, maire de Hem de 1947 à 1977, peut se targuer d’avoir su tenir tête à Victor Provo, maire de Roubaix de 1942 à 1977, ainsi que le montre avec humour la bande dessinée « Au temps d’Hem ».

J’ai fait peur à Victor (Document BD Au temps d’Hem)

Le seul cimetière de Hem reste donc celui qui se situe dans la rue du Cimetière, ancien chemin du même nom qui relie la rue du Docteur Coubronne à la rue de la Vallée. Ce cimetière connait alors un premier agrandissement, sur la droite par rapport à l’entrée qui se situait au centre, comme le démontre la photo aérienne de 1962 par rapport à celle de 1947. Le cimetière est alors pour vu d’une deuxième entrée sur la droite. Quant au cimetière de Lannoy, sur le territoire de Hem au bout de la rue des Trois Villes, il est ensuite intégré à la ville de Lys-lez-Lannoy dans la rue des Meuniers.

Photos aériennes du cimetière de Hem en 1947 et 1962 (Documents IGN)

Puis en 1977, le cimetière s’agrandit à nouveau, cette fois sur la gauche, avec la construction d’une chambre funéraire et l’aménagement d’un parking avec une nouvelle entrée telle que nous la connaissons aujourd’hui. Et en 1991, un colombarium, lieu fleuri et verdoyant disposant d’un jardin du souvenir, pour accueillir les cendres des défunts, est inauguré en même temps que le nouveau local technique destiné au personnel du cimetière.

Inauguration du colombarium en 1991 (Documents Nord-Eclair)
Photos aériennes de 1989 avec le bâtiment et le parking aménagé et de 2004 avec le colombarium (Documents IGN)

En 2004, à l’occasion de la commémoration du 06 juin 1944, la rue du Cimetière est transformée en rue du 06 juin 1944. Un cortège prend le départ de l’hôtel de ville jusqu’à l’ancienne rue du Cimetière et l’inauguration de la nouvelle rue a lieu, suivie du dévoilement des plaques par le député maire Francis Vercamer, en présence des élus, des représentants des associations patriotiques et de riverains.

Dans son discours le maire rappelle le sens de cette démarche et le choix de célébrer ce 60ème anniversaire en baptisant ainsi une rue historique dans laquelle se trouvent les marques du souvenir. Cette rue a en effet été marquée par les événements dramatiques de la seconde guerre mondiale, des soldats anglais y ayant à l’époque trouvé refuge chez Anna Reversez, dont cet acte de résistance lui coûta la vie en déportation à Dachau et dont les descendants sont présents pour cette journée d’hommage.

Dévoilement de la plaque de la nouvelle rue sur l’ancien café de la Paix lieu de rendez-vous avec le fossoyeur à la fin du 19ème siècle (Documents Historihem Nord-Eclair)

Dans les années 2020, le cimetière s’est encore étendu sur la droite jusqu’à l’avenue d’Aljustrel. L’ancien cimetière entouré de champs fait maintenant face au Jardin des Perspectives et a donc conservé son cadre paisible, même si les arbres qui ont longtemps bordé la rue ont aujourd’hui disparu. Il dispose toujours de l’ancienne entrée principale, de l’entrée plus à droite et de la nouvelle entrée donnant sur le parking.

Photo aérienne de 2023 et les 3 entrées sur la rue du 06 Juin 1944 de gauche à droite (Documents Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Ecole Pasteur

Après la construction au milieu du 19ème siècle de l’école communale dénommée Victor Hugo (Voir sur notre site un article précédent intitulé « Ecole Victor Hugo »), école prévue pour les garçons mais accueillant un public mixte, le comité local de la ville de Hem émet le vœu que l’éducation des filles soit confiée à des sœurs de la Providence.

Monsieur Boussemart, qui tient un estaminet au coin de la place de la République, accepte de louer une maison en bois, située sur la place face à l’église ( la boulangerie actuelle), avec une chambre à l’étage pour le logement des soeurs et une pièce au rez-de-chaussée pour y installer une salle de classe.

Après une visite de la Révérende Mère ladite maison est pourtant jugée insuffisante pour y loger 2 religieuses, une salle de classe et un dortoir pour les pensionnaires. Or l’adjonction d’un bâtiment à la maison existante risquerait d’être beaucoup trop coûteuse.

La maison sur la place proposée par Mr Boussemart au début du 20ème siècle et dans les années 1950 (Documents collection privée et Historihem)

Le maire propose alors l’achat d’un terrain de 8 ares et la construction d’une maison d’école, subventionnée au 1/3 par l’état, et à laquelle par ailleurs propose de contribuer une personne bien intentionnée. La mairie prendrait également à sa charge le mobilier scolaire et le trousseau de religieuse.

Certains conseillers sont contre et pensent que la commune devrait se contenter d’une institutrice laïque qui coûterait moins cher et garder l’école dans la maison Boussemart. D’autres affirment qu’il faut profiter de l’instant pour donner naissance au projet, les subventions de l’ Etat risquant de disparaître si la décision tarde trop.

Le vote est limpide et une majorité très nette se prononce pour la solution la moins onéreuse à savoir : une école laïque. De ce fait l’école des filles s’implante dans la maison Boussemart, mais elle est remise en cause quelques années plus tard. En effet l’institutrice laïque a été mal notée par les inspecteurs qui ont visité son école.

L’école Pasteur rue Jules Guesde (Documents collection privée)

Il apparaît donc nécessaire de confier l’éducation des filles aux religieuses. Pour y parvenir cette fois le vote est unanime pour un crédit permettant la construction d’une école ou l’achat d’une maison. Il faut pourtant attendre encore 2 ans pour que le conseil municipal vote l’acquisition d’une parcelle de terre où construire l’école.

Les subventions attendues ne sont cependant pas versées par l’Etat au motif que l’école construite à Hem Bifur, au coin de la rue de Lannoy et de la rue de Lille (actuelles rue Jules Guesde et rue du Général Leclerc), et nommée école Pasteur, est trop petite. Les 2 institutrices trouvent pourtant les conditions satisfaisantes, les classes pouvant accueillir un total de 170 élèves alors que l’effectif réel ne dépasse pas 80 élèves. C’est le cultivateur Dufermont qui souscrit donc le montant nécessaire, montrant ainsi l’attachement d’un hémois à sa communauté.

Le traitement des institutrices est doublé lors de l’arrivée parmi elles, au dernier trimestre de l’année scolaire, d’une religieuse de la Congrégation des Dames de la Sainte Union de Douai comme institutrice communale. La supérieure exige qu’un mur de clôture soit édifié pour remplacer la haie sur 53 mètres de long. Les institutrices demandent à la fin des années 1850 un plafond au grenier pour pouvoir en faire un dortoir. ( Ce sera chose faite en 1872 puisque l’école est alors rehaussée d’un étage).

L’école Pasteur en gros plan (Documents collection privée)

Puis une troisième sœur est nommée pour renforcer l’effectif enseignant mais une condition est imposée pour ce faire par la municipalité : l’institutrice est augmentée à condition de prendre à sa charge la troisième religieuse et que les petites filles soient admises à l’école dès l’âge de 3 ans ; cet essai de jardin d’enfants est tout à fait nouveau et remarquable pour la commune.

Dans les années 1870, la commune compte 3000 habitants et les élèves étant de de plus en plus nombreuses, une quatrième religieuse est recrutée pour que Soeur Marie Lechef, qui dirige l’établissement puisse mener à bien l’instruction des 250 élèves (98 payantes et 152 gratuites). Des nouvelles armoires sont achetées pour le réfectoire et la cuisine, ainsi que des jeux pour les jeunes filles et 2 volumes de l’histoire sainte. Au 1er certificat d’études primaires de 1880 3 filles de l’école des sœurs sont reçues.

A la fin du 19ème siècle après la mise au point de cours de couture, c’est le pavage des locaux de la cour de l’école des filles qui est réalisé ainsi que l’installation de l’éclairage au gaz dans toutes les salles de classe. L’école maternelle séparée n’existant pas c’est la 2ème adjointe de l’école des filles qui en est chargée dans le cadre de l’école Pasteur et une 3ème adjointe est demandée pour la rentrée.

En 1902, appliquant les directives ministérielles, le maire et son conseil chassent les religieuses de l’école des filles. La Congrégation de la Sainte Union introduit alors une demande dans le but de fonder une autre école dans Hem mais cette demande est rejetée. Une troisième institutrice laïque vient aider les 2 premières, installées depuis 1901.

Arrêt des cars puis des bus dans les années 1960 (Documents Historihem et Nord-Eclair)

Devant l’école Pasteur se trouve l’arrêt fixe des cars Lille-Leers-Hem-Roubaix, comme en atteste le panneau mural figurant sur le pignon de l’estaminet voisin appartenant à Mr Madoux. Ce sera encore le cas dans les années 1960 au cours desquels l’arrêt de bus se situera toujours au coin des rues Jules Guesde et du Général Leclerc, matérialisé par une aubette en dur.

Pendant la 1ère guerre de nombreux bâtiments communaux sont sérieusement endommagés dont les écoles et le mobilier scolaire est détruit ou brûlé. Il faut donc procéder aux réparations nécessaires et au renouvellement du mobilier. En 1920, un poste d’adjointe à l’école du Centre et mis en péril et supprimé en raison d’un nombre insuffisant d’élèves. Le conseil municipal adopte alors des mesures pour que les enfants en âge d’aller à l’école soient incités à fréquenter régulièrement celle-ci. L’obligation scolaire est donc rappelée par voie d’affichage pour les enfants de 6 à 13 ans. Dans les années 1930, une quatrième classe est prévue à l’école Pasteur ainsi que le nouveau poste de 3ème adjointe et l’école fait l’objet de travaux d’agrandissement.

Photos de classe de l’école Pasteur au début du siècle et dans les années 1920 (Documents Historihem)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui , et plus précisément à Jacquy Delaporte pour son ouvrage de 1981 : de la maison d’école aux 16 écoles publiques de la Ville de Hem

Cimetière de Hem

Au XVIII ème siècle, le cimetière de Hem, comme la plupart des autres cimetières de l’époque, se trouve autour de l’église du village. C’est un lieu de passage et il n’est alors pas clôturé. Ce n’est qu’en 1821 qu’on l’entoure d’un mur. A la moitié du XIX ème siècle les morts sont toujours enterrés dans ce cimetière bordé de peupliers qui ne sont abattus que parce qu’ils empêchent le jour de pénétrer dans l’église.

Extrait du cadastre de 1824 (Document Historihem)
Tentative de reconstitution de la place d’Hem sur croquis (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)
Pierre tombale de Jean-Baptiste Bernard datant de 1864, sur le mur de l’église Saint Corneille (Document Historihem)

Pourtant en 1875, la Préfecture intervient pour faire respecter la législation et le cimetière doit être déplacé. Le conseil trouve alors un terrain d’1,59 hectares appartenant au bureau de bienfaisance et loué au sieur Dufermont, situé à proximité de la place et donc de l’église. Le transfert des tombes est réalisé par le sieur Leonard et le carré réservé aux protestants et aux suicidés est annexé au cimetière commun dans un chemin bordé de champs. Il s’agit d’un chemin rural, partant de l’estaminet du Tilleul, qui portera dès lors le nom de Chemin du Cimetière.

CPA du chemin du cimetière au début du 20ème siècle et de l’intérieur du cimetière (Document collection privée)
Vue aérienne du cimetière en 1933 (Document IGN)

Dès lors, à la fin du XIX ème siècle, le mur de l’ancien cimetière est abattu, afin d’agrandir la place et dégager l’église. Les travaux sont réalisés sous la direction de Ferdinand Deregnaucourt, architecte roubaisien. Est ensuite édifié sur la place le monument, dédié aux soldats morts pour la patrie depuis 1851, face au portail principal de l’église, sous la responsabilité de celui-ci. Quant au marbrier il s’agit d’Henri Wille, roubaisien lui aussi, installé 37 rue de l’Alma à Roubaix. En 1905, le monument est à son tour déplacé vers le nouveau cimetière.

Travaux réalisés pour agrandir la place d’Hem en 1892 (Document Historihem)
Maquette du monument (Document Archives Départementales du Nord)
Le monument aux morts installé sur la place en 1894 puis au cimetière en 1905 (Documents Historihem)
Souvenir de la bénédiction du monument (Document Hem mémoire en images)

Ce monument à l’origine est constitué d’un pilier commémoratif en forme d’obélisque sur lequel figure la liste des soldats morts pour la patrie. Après les deux guerres mondiales, le monument est agrandi et l’obélisque est surmonté d’une croix avec deux épées entrecroisées tandis que les piliers, sis des deux côtés des quatre marches y menant, sont décorés de casques militaires taillés dans la pierre. Le monument comporte dès lors sur différentes plaques les noms des soldats et victimes civiles morts durant les guerres de 1870-71, 1914-18 et 1939-45. De nombreuses tombes militaires dont celles de soldats britanniques sont rassemblées autour du nouveau monument aux morts.

Le monuments aux morts agrandi après les deux guerres mondiales (Document collection privée)
Une vue du cimetière avec le monument entouré de tombes militaires (Documents université de Lille)

En avril 1950, la municipalité de Hem décide de faire ériger un monument à la mémoire des morts déportés et internés de la Résistance de la commune à l’entrée du square de la mairie. La journée d’inauguration commence par une messe du souvenir célébrée par l’abbé Delecroix, à l’église Saint Corneille, avec allocution de l’abbé Deconinck ex déporté de Dachau. La fanfare Saint Corneille prête son concours à la cérémonie religieuse.

Puis un cortège part de la Place de la République par les rues du Docteur Coubronne puis du Général Leclerc pour gagner la mairie. Les habitants sont invités à assister en grand nombre à la cérémonie afin de témoigner leur sympathie et leur reconnaissance aux familles des dix hémois dont les noms sont gravés sur le monument.

Travaux préparatoires de terrassement (Document Nord-Eclair)

Le cortège qui défile comprend : les Cavaliers de la Marque, les Douaniers de la brigade de Hem, les gardiens de la paix, la Fanfare Saint-Corneille, les Drapeaux de toutes les sociétés de déportés et de résistants, l’association des déportés et résistants, l’Harmonie Municipale, le Conseil Municipal, les familles de déportés, les Anciens Combattants, la clique La Vaillante, les déportés du travail, réfractaires et maquisards, la clique La Gauloise ainsi que les amicales laïques et associations sportives…

A la mairie les participants se groupent autour du monument pavoisé aux couleurs françaises, belges, anglaises, américaines et russes. C’est le moment des discours, dont le premier prononcé par Jean Leplat, maire de la ville. Puis interviennent Jules Corman, pour la France Combattante, amicale des résistants de Hem, suivi de Louis Christiaens, député et ancien déporté de Buchenwald, et enfin le Docteur Guislain, conseiller municipal de Roubaix et fondateur du réseau de résistance Action 40 .

Le monument, le discours de Louis Christiaens et photo du Docteur Guislain dans les années 1950 (Documents Nord-Eclair)

C’est devant cette stèle que se déroulent par la suite les manifestations à la mémoire des hémois morts en déportation. Ainsi en 1967, en présence des anciens combattants, des membres de la résistance et des conseillers municipaux, le docteur Jean Leplat dépose une gerbe de fleurs devant le monument après un moment de recueillement.

Le dépôt de gerbe en 1967 (Document Nord-Eclair)

En 2016, le monument se situe encore dans le parking de l’Hôtel de Ville de Hem, surmonté d’un drapeau mais doit être déplacé au moment où commencent les travaux d’agrandissement et de modernisation de celui-ci. Il est alors déplacé au cimetière de Hem près du Jardin du Souvenir et du colombarium, où il se trouve encore aujourd’hui.

Le monument dans le parking de l’Hôtel de Ville en 2016 puis au cimetière en 2023 (Document Google Maps et photo IT))

A suivre…

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Château d’Hem (suite)

Après guerre, le château est réquisitionné pour servir de logement à des familles sinistrées et ce jusqu’en 1953. En 1945, il est racheté par un industriel lainier de Tourcoing, Mr Bossuyt, mais en 1953, l’entretien du bâtiment s’avérant trop difficile à assurer, le nouveau propriétaire décide sa destruction. Seule la chapelle reste debout pendant vingt ans encore au milieu de la plaine.

La chapelle avant sa destruction en 1974 (Document Historihem)
Vue de Forest en 1950 avec en arrière plan sur Hem la ferme et ses pâtures et agrandissement de la ferme et du château avec la chapelle au début des années 1950 (Documents Historihem)

La ferme quant à elle est reprise par Gabriel Boddaert, le fils de Maurice, en 1962 et l’année suivante il supprime les chevaux de labour et mécanise les cultures. Le corps d’habitation situé derrière la ferme conserve encore quelques traces du château construit après 1920 et quelques piliers d’entrée de l’ancien jardin du château restent debout ainsi que la chapelle.

Vestiges du château intégrés à la ferme (Documents Historihem)

Puis en 1974, le petit-fils Bossuyt vend une partie de sa propriété à Mr Cornu qui en fait un Centre Equestre puis un Centre de Loisirs. Les petites écuries sont installées sur 7 ha possèdent 2 manèges olympiques et un parcours de cross. Elles assurent des leçons pour tous niveaux, l’hébergement et la vente de chevaux.

En 1976, c’est une grosse frayeur pour les propriétaires et leurs chevaux, quand un incendie se déclenche suite à une cigarette négligemment jetée sur un tas de paille qui embrase la toiture des écuries, alors qu’une trentaine de chevaux se repose dans les box. Fort heureusement tous sont rapidement évacués vers les manèges et les sapeurs pompiers de Roubaix parviennent à circonscrire l’incendie à un coin des écuries.

Publicité pour les petites écuries et incendie de 1976 (Documents Nord-Eclair)

Quant à Gabriel Boddaert, le fermier, il démolit ce qu’il reste de l’ancienne chapelle d’un diamètre de 9 à 10 mètres. Cinq ans plus tard il exploite les 32 ha de terres et la ferme dont sa famille est l’occupante depuis 45 ans. Enfin son fils Pierre Yves reprend l’exploitation en 1999 tandis que sa sœur habite dans les dépendances de l’ancien château.

La ferme et ses dépendances dans les années 2000 (Document Historihem)

Dans les années 1980, le Château d’Hem de Jean-Claude Cornu devient synonyme de sports et les publicités et articles se succèdent dans la presse locale pour vanter la «vie de château pour sportifs»: tennis, piscine, sauna, bains bouillonnants, mais aussi aérobic, gymnastique traditionnelle, stretching, modern’jazz, côtoient une brasserie avec pianiste où se restaurer et se détendre après l’effort.

C’est le tennis qui, en premier lieu, ouvre les portes de ses 7 courts dont 4 couverts en septembre 1981, avec une école de tennis. Les 2 surfaces de jeu sont en shiste et en synthétique et s’y ajoutent un club-house rustique et des vestiaires et 3 enseignants sont mis à disposition des adhérents. Puis viennent s’ajouter au complexe sportif une salle de musculation et enfin un practice de golf et une école de golf avec Nicolas Fourrier joueur diplômé d’état.

Jean-Claude Cornu et son équipe au centre de loisirs et publicité (Documents Nord-Eclair)
Tennis (Documents Nord-Eclair)
Salle de musculation puis practice et école de golf (Documents Nord-Eclair)

A la fin des années 1980, le centre de loisirs a acquis une belle renommée et les publicités se font plus nombreuses dans la presse locale pour ce complexe niché dans un cadre verdoyant et bénéficiant d’un contexte historique prestigieux. En 2000 la carte Libersport tente de convaincre les amateurs de sport de rejoindre le centre.

Publicité de 1987 et carte Libersport en 2000 (Document Nord-Eclair)

Pourtant en 2003, le club de fitness exploité par Delphine Cornu et son époux, propriétaires des murs du Château d’Hem, racheté par son concurrent Ocea, déménage à Villeneuve d’Ascq, rue de la Cimaise, au grand dam de ses utilisateurs. Pour les activités de spa et d’équitation rien ne change. En parallèle, le site hémois, déjà doté de 2 salles de réception, est reconverti pour en accueillir 2 supplémentaires.

Déménagement du club de fitness à Villeneuve d’Ascq (Document Voix du Nord)

Le centre équestre et ses écuries sont toujours là dans leur écrin de verdure de 4 ha avec avec un centre de dressage ouvert à tous les cavaliers et le Horse Jump 59 dédié aux sauts d’obstacles qui s’adresse tant aux professionnels qu’aux particuliers. Quant aux petites écuries du Château d’Hem elles font gîte pour chevaux.

Le centre équestre du château d’Hem (Document site web et facebook)

Le château propose également, aux professionnels comme aux particuliers, la location de 4 grandes salles de réception chacune avec jardin, entrée indépendante, allée d’accès et parking privé pour l’organisation de grands événements : mariages, anniversaires, séminaires, soirées à thèmes…

Les salles de réception (Documents ABC salles)

O’Green propose quant à lui une initiation au golf, des démonstrations de ce sport ainsi que des cours individuels ou collectifs. La terrasse du Green, restaurant traditionnel local, propose chaque semaine une nouvelle carte originale : une cuisine gourmande et riche de saveurs locales et traditionnelles.

Le restaurant la terrasse du Green (Document site web)

Enfin depuis 2018, l’hôtel Kyriad a remplacé l’ ancien hôtel Campanile. Le domaine du Château d’Hem propose donc également des solutions de logement qui complètent les offres du complexe sportif et celles de locations de salle. Le cadre est accueillant et le changement d’enseigne a été l’occasion de travaux pour améliorer le confort des chambres.

L’hôtel Kyriad (Documents site web)

Là où à la fin des années 1950, après la démolition du dernier château d’Hem, sur les terres de l’ancien marquisat, ne subsistait plus qu’une ferme entourée de champs s’est donc développé, dans un écrin de verdure un complexe de loisirs qui fait la part belle à la nature et qui cohabite avec la ferme toujours présente : le Château d’Hem, tel que les hémois le connaissent aujourd’hui.

Vue aérienne des années 1950-1960 et vue aérienne de 2023 (Documents IGN et Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion pour son livre co-écrit avec Jacquy Delaporte Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au temps d’Hem.

Château d’Hem

Hem (anciennement Ham) est l’une des plus vieilles agglomérations de notre région. Le village rural est en effet mentionné dès 877 : « Hamma sur le fleuve Marque ». Les seigneurs de Hem commencent à apparaître au 12 ème siècle dans différents documents officiels. Ainsi peut-on découvrir Alard, puis Wautier ainsi que Jean et Gervais de Ham.

Au 13ème siècle c’est Alard de Bourhieles qui est seigneur de Hem et au 14ème on retrouve un Pierre puis un Jean de Hem. Du milieu du 15 ème à la fin du 18 ème siècle le village souffre du voisinage de la petite ville fortifiée de Lannoy qui lui vaut l’invasion des soldats français, espagnols, hollandais et anglais.

Le village de Ham vu en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)
La place du village au 16ème siècle vue en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)

Les détenteurs successifs de la seigneurie sont également les possesseurs de la cense qui y est associée. Sont ainsi nommés dans les anciens textes Jean de Bourghelles, chevalier, puis Gérard de Cuinghien, écuyer, puis son fils Jean et sa fille Marie, laquelle épouse en premières noces Adrien Vilain de Gand, avec lequel elle a un fils posthume également prénommé Adrien.

Le premier château féodal de Hem, construit un siècle plus tôt, échoit en 1546 à Maximilien Vilain de Gand, baron de Rassenghien, fils d’Adrien, tandis que la Cense est alors occupée par Pierre Lenglart, laboureur. Suivront les descendants du seigneur de Gand : Guilbert, Jacques Philippe, devenu marquis en 1660, François Gilbert, Michel Maximilien, François Gilbert, Jacques Ignace Philippe, Jean Guillaume puis Guillaume Louis, né en 1751. L’un d’entre eux, Guilbert de Gand, y fait installer, en 1610, de vastes jardins, des terrasses et des parterres qui rejoignent les terres cultivées tout autour.

Cadastre de 1824 situant le château d’Hem (Document Historihem)
Les armoiries de Vilain de Gand et le tumulaire découvert à Lomme (Document Historihem)
Le centre du village vu depuis le château d’Hem en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)

« Le domaine est composé de la basse cour et du château proprement dit accompagné de ses jardins. Chacun de ces éléments est entouré de fossés remplis de l’eau de la petite Marque qui y serpente et fertilise les prairies où paissent des animaux. La basse cour, en briques, couverte de tuiles, comprend une série de bâtiments disposés sur trois côtés seulement et où se situe un imposant portail d’entrée, précédé d’un pont et accompagné d’une tour ronde à gauche, carrée à droite, d’un corps de logis à gauche, d’un pigeonnier à toiture en bâtière, d’une grange et d’étables.

Un pont relie cette ferme au château dont l’organisation est complexe puisqu’il est composé de deux cours et que la courtine se prolonge vers l’horizon au delà de la deuxième cour. Des tours cantonnent chacun des angles de ces deux cours, les unes carrées, les autres rondes, les unes modestes, les autres imposantes ou élancées. La destination des bâtiments est difficile à identifier. Tous sont disposés autour de la deuxième cour, tandis qu’autour de la première n’existent que des courtines régulièrement percées, hormis les tourelles précédemment citées et les portes. L’une d’entre elles donne sur un jardin dont le dessin figure une croix de Saint Louis, semble t il. »

Peinture d’Adrien de Montigny représentant le château en 1603 (Document Historihem)
Croquis représentant le château des marquis d’Hem aux 16ème et 17ème siècles (Document Historihem)

Le domaine devient ensuite un marquisat de 1660 à 1789. A la révolution, le domaine est vendu à savoir : le château et ses meubles, les jardins et potagers et l’acquéreur reste anonyme sur les registres. Louis Camille Vilain de Gand voit le reste de ses biens divisés en 6 lots.

Pourtant, suite à l’invasion autrichienne, puis à la libération du territoire, une liste de sinistrés hémois effectue des demandes de dédommagement et parmi eux un certain Louis Camille Degand (en un seul mot), qui sollicite l’indemnisation la plus importante du village, règlement à priori accordé par le Directoire de Lille.

Après la révolution et la guerre, l’indemnisation des sinistrés en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)

Après toutes les vicissitudes connues par le domaine au long des siècles avec les diverses invasions subies, il ne reste que des pierres éparses du château initial lorsqu’à la fin du 19ème siècle est construit le 2ème château d’Hem. Pourtant divers objets trouvés aux alentours du château témoignent de son histoire.

Photos de diverses pièces de monnaie espagnoles, hollandaises, françaises sous Louis XV et sous Napoléon, trouvées autour du château d’Hem (Documents Historihem)

Au vingtième siècle le domaine, qui comprend un parc de 7 ha, des douves de 2 ha et 30 ha de terres cultivables, est racheté par un industriel roubaisien, Mr Carlos Six, et son nom est désormais usuellement donné au château. La ferme est quant à elle occupée par Jules Chabrier puis par sa veuve Suzanne.

Pendant la première guerre mondiale, en 1914, l’armée d’occupation y installe un camp de prisonniers. Des officiers de l’armée allemande occupent alors le 2ème château d’Hem et le Kaiser plante un arbre commémoratif dans le parc, dénommé l’arbre du Kaiser, devant lequel se déroulent les parades militaires pendant la guerre.

Carlos Six et son épouse en 1914 à Longchamp (Document Historihem)
Le Kaiser dans le parc en 1916 (Document Historihem)

Le 6 Juillet 1917, un avion anglais Sopwith Triplane N° N5435 s’écrase, et les honneurs militaires sont rendus par les soldats allemands au Château d’Hem. Il s’agit du Sous-Lieutenant Hillaby Eric Crowther du 1 st squadron RNAS abattu par le Flg-Lt Bertram Heinrich de l’escadrille MFJ1.

Un avion anglais s’écrase et les honneurs sont rendus au château d’Hem (Documents Historihem)

A la libération, en octobre 1918, les soldats anglais du général Plumer cantonnent à leur tour dans le château d’Hem, dit château Six, quand ils y mettent le feu accidentellement lors de la célébration de leur victoire et l’incendie le détruit presque complétement. Seule subsiste une petite tour ronde avec son dôme, restes de l’ancienne chapelle, dans laquelle on célébrait encore une messe par semaine en 1914.

Le château incendié en 1918 et la chapelle dans la plaine dans les années 1950 (Documents Historihem)

Quelques temps après la première guerre le château d’Hem est reconstruit sur les terres de l’ancien marquisat. Il est toujours entouré de douves et la chapelle se trouve au milieu d’un bois. Dans le parc du château coule la petite Marque enjambée d’un pont rustique qui permet de la traverser commodément. La ferme est cédée en 1934 à Maurice Boddaert et son épouse Marguerite.

Le château et son parc dans les années 1920 (Documents collection privée)
Photo aérienne du domaine en 1933 (Document IGN)

Mais déjà s’annonce la 2ème guerre mondiale avec l’arrivée à Hem fin 1939 des troupes françaises puis anglaises et le château est à nouveau occupé par les Britanniques jusqu’à leur repli sur Dunkerque. Puis c’est l’évacuation et Mr Six part à Paris. Une compagnie de transport de la Wehrmacht s’installe au château et des cérémonies militaires sont à nouveau organisées au pied de l’arbre du Kaiser.

La chapelle du château encore entourée de bois peinte par F. Delsinne en 1935 (Document Historihem)

En 1942, le château, hypothéqué, est vendu à Mr Duflot de Seclin qui fait abattre tous les arbres du parc pour les revendre. Les souches sont récupérées par les habitants de Forest et de Hem pour le chauffage. Mr Maurice Boddaert devient locataire du parc à titre gracieux pendant 9 ans avant que celui-ci soit intégré à la ferme.

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion pour son livre co-écrit avec Jacquy Delaporte Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au temps d’Hem.

Café du Bas du Bout (suite)

Et la solidarité ne s’arrête pas là puisque Gérard Mahieu a également profité de la générosité des amateurs colombophiles, lors des concours, pour offrir des colis de Pâques aux anciens du quartier : friandises, sucre, café, chicorée et biscuits. Tout naturellement ses successeurs, le couple Lempire perpétue la tradition à son arrivée dans les lieux en 1968.

Le colis de Pâques pour les anciens en 1966 (Document Nord-Eclair)

Il faut dire que le café est aussi le siège de la société de caisse d’épargne « les Amis du Bas du Bout » dont René Lempire est à la fois vice-président et trésorier et qui compte une centaine de membres actifs. Elle offre chaque année un banquet à une trentaine d’anciens du quartier le dimanche précédant Noël, souvent présidé par le maire, le docteur Jean Leplat.

Une réunion des Amis du Bas du Bout en 1968 à leur siège et manifestation sportive en faveur du comité d’entraide (Documents Nord-Eclair)

Pour que ce comité d’entraide fonctionne sont organisées des ducasses à Pierrot et des manifestations sportives au profit des anciens. Puis c’est la fête et, sous les guirlandes tendues entre les maisons de la rue, des parties acharnées de « trou-madame » et de jeux de massacre se déroulent sous l’oeil placide et les roucoulades des pigeons de concours.

L’intérieur du café : René, Léonce et leurs clients au bar (Documents Historihem)
Festivités dans les années 1970 (Documents Nord-Eclair et Historihem)

Vue aérienne du Bas du Bout en 1971 (Document IGN)

A noter qu’avant même de reprendre le café de Gérard Mahieu, René Lempire avait été l’un des créateurs du comité dont il est trésorier. La fête a été créée ensuite afin de compenser les dépenses nécessitées par les colis et repas offerts aux anciens. Puis le café devient également le siège des supporters de l’USH (Union Sportive Hémoise), puis le siège de l’Olympic Hémois, club de football, ainsi que du Fémina Omni Sports Hémois et Léonce Lempire devient membre d’honneur du premier et vice-présidente du second.

René et Léonce Lempire mis à l’honneur pour leur treize ans au service des anciens en 1978 (Document Nord-Eclair)
Les publicités des années 1970 pour le café (Documents Historihem)

L’USH est née de la fusion du club de football du foyer Saint Corneille et du football club de Hem en 1964 et comporte des équipes de jeunes et une équipe séniors. Des survêtements sont offerts aux joueurs par leurs supporters du Bas de Bout en 1969 et en 1970 l’USH les remercie officiellement à l’occasion du tournoi des minimes. Puis en 1974, c’est le jubilé de deux joueurs qui est fêté : Gérard Cochez et Francis Lempire (le fils de René et Léonce).

Les survêtements offerts et les remerciements du club (Documents Nord-Eclair et Historihem)
Le jubilé de Gérard Cochez et Francis Lempire en 1974 (Document Nord-Eclair)

L’Olympic Hémois qui a son siège au bas du bout dispose d’équipe séniors mais aussi d’une équipe jeunes dans les années 1970. En outre une école de football y a été créée pour les poussins, pupilles et minimes, fréquentée par 50 enfants tous les mercredis. Dix ans après sa création l’OH créée son journal mensuel et René et Léonce assurent avec leur dynamisme habituel l’animation du siège de cette sympathique équipe.

Une partie de la commission et le président et l’en-tête du mensuel (Documents Historihem)

Quant au FOSH, qui a aussi son siège au bas du bout, il y tient ses assemblées générales et Léonce en assure la vice-présidence avec beaucoup de sérieux. Créé en 1970, il compte 60 adhérentes de 15 à 20 ans et évolue au niveau national, ce qui implique des déplacements dans toute la France. Florence Decoopman évoluera même en international dix ans après la création du club.

L’assemblée générale et le comité (Documents Historihem)
Tournois avec remise de lot au café Lempire (Documents Historihem)

Dans les années 1980, le café continue ses activités et sa publicité dans le bulletin municipal de 1982 en atteste. Outre son activité principale le café du Bas du Bout reste alors le siège de 3 associations : les Francs-Amateurs, l’Olympic Hémois et le FOSH. Puis en 1995, l’établissement est repris par Patrick Fromage avant de fermer définitivement ses portes en 2010.

Publicité de 1982 (Document bulletin municipal de Hem)

Depuis la maison qui abritait le café a été rehaussée d’un étage avant de devenir une maison d’habitation. La rue Vaillant mène toujours au bas du bout mais aucune enseigne n’en fait plus mention. Elle a perdu son commerce historique et emblématique et est devenue une rue paisible à usage d’habitation sans plus de trace de l’animation qui faisait sa renommée au vingtième siècle.

Le café en 2008 et la maison d’habitation rehaussée d’un étage en 2023 (Documents Google Maps)
Vue aérienne de la rue Vaillant et le Bas du Bout en 2023 (Document Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem

Café du Bas du Bout

La rue Edouard vaillant est une rue très ancienne, citée en 1824 en tant que rue Poivrée, qui débute rue du Général Leclerc et descend jusqu’à la Marque à la rangée Droulers. C’est un siècle plus tard, en 1927, que la rue prend son nom actuel d’Edouard Vaillant, du nom d’un homme politique socialiste, mort en 1915, l’un des inspirateurs de la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. La rue ne mesure que 261 mètres de long et n’atteint pas la Marque mais s’arrête brusquement devant une rangée de petites maisons situées tout en bas : « au bas du bout ».

Vue aérienne de la rue Edouard Vaillant et du « bas du bout » en 1947 (Document IGN)

Au café du Bas du Bout , en bas de la rue au n°53, on organisait jadis des concours de Pinsons à la ducasse du dernier dimanche d’Août, exercice de chant comportant un prélude, un roulement et une finale, répété parfois jusque 600 fois en 1 heure, sachant que le nombre de chants détermine la victoire et non leur qualité.

Pour dresser un pinson, on le place en cage dans un verger où il s’en trouve déjà un en liberté, lequel devient son professeur. Le jour du concours chaque oiseau est apporté dans une cage minuscule et les cages sont posées sur des chaises éloignées de 2m60 les unes des autres.

Les Pinsonneux d’alors crevaient parfois les yeux des oiseaux au fer rouge, pratique sensée avoir un effet « bénéfique » sur leur chant. Curieuse ironie, c’est durant l’occupation de la première guerre mondiale qu’un commandant allemand prend un édit pour interdire cette pratique barbare. Cette législation se perpétue après guerre et les pinsonneux seront punis d’amende et de confiscation lorsqu’ils seront détenteurs d’un pinson aveugle.

Un pinsonneux la cage à la main (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)

La société de colombophilie les Francs-Amateurs existe quant à elle depuis 1879. C’est une passion qui exige du « coulonneux » le sens de l’observation, la patience, le savoir-faire, qualités détenues le plus souvent de père en fils, chaque génération d’éleveurs se transmettant les petits secrets de l’élevage et du dressage des pigeons. Soumise à une législation très stricte, la colombophilie est placée sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur. L’ouverture d’un colombier est soumise à autorisation préfectorale et chaque nouveau colombophile, doit s’affilier à une association de son choix qui lui remet une licence fédérale « sportif » pour prendre part aux compétitions ou « éleveur »pour élever des pigeons voyageurs.

A Hem, en 1886, on dénombre ainsi 37 propriétaires pour 504 pigeons , nombre qui tombe en 1900 à 2 pigeonniers déclarés pour 31 pigeons. Mais, après la première guerre, le nombre d’amateurs augmente à nouveau pour atteindre 76 en 1930 avec 1356 pigeons. La moitié des coulonneux hémois est inscrite aux Francs-Amateurs. Mais avec la seconde guerre mondiale les pigeonniers sont pillés. La colombophilie atteint son apogée après-guerre et plus précisément en 1952 avec 147 détenteurs totalisant 2233 pigeons.

Les Francs-Amateurs en 1968 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 1960, sous la présidence de Louis Gauquié, des trophées sont remis aux lauréats qui ont les honneurs de la presse locale. L’occasion d’annoncer pour la fin de l’année 1968 une exposition « standard-sport », un pigeon par catégorie et par amateur, avec remise des prix aux lauréats de 1968 chez Lempire rue Vaillant. C’est en effet René Lempire qui a repris, en 1968, le café jusqu’alors tenu par Gérard Mahieu, cité Droulers, au bas du bout.

Publicité de 1970 (Document Mémento Public édité par la ville d’Hem)

Des expositions sont dès lors régulièrement organisées dans le café tenu par René et Léonce Lempire, leur établissement devenant le siège des Frans-Amateurs. Les réunions générales s’y tiennent et René devient trésorier de l’association. Les préparations de saison et les concours s’y succèdent donnant lieu à des festivités au bas du bout, notamment lors des remises de prix.

Photo d’une exposition en 1971 (Document Nord-Eclair)
Photo des Francs-Amateurs dans les années 1970 (Document collection privée)

Il ne s’agit pas, loin s’en faut, des seules occasions de faire la fête pour ce petit bout de rue animée. Ainsi, dès les années 1960, une Miss Bas du Bout est élue et soutient l’équipe de football de la ville engagée dans un tournoi en 1966 et, la même année, comme chaque année y est organisée une kermesse au profit des anciens du quartier.

Miss Bas du Bout soutient l’équipe d’Hem et la kermesse au profit des anciens du quartier (Documents Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Ecole Notre Dame de Lourdes Saint Corneille (suite)

Pendant ce temps, la mixité s’étend en France, tout le long des années 1960, assez lentement pour certaines écoles, en lien avec l’évolution progressive des mentalités vers une vision égalitaire d’après guerre. L‘école mixte ne devient pourtant obligatoire dans tous les établissements, publics et privés, qu’avec la loi Haby de 1975, créée pour veiller à l’égalité de l’éducation et des chances.

C’est en 1970 que les 2 établissements hémois fusionnent pour ne plus former qu’une seule école mixte, pour les enfants de 2 à 10 ans, comportant une école maternelle et une école primaire.

En 1971, pour raisons de santé, Marie-Louise Vanbesselaere quitte son poste de directrice de Notre Dame de Lourdes pour être réaffectée à un poste plus facile et c’est Mme Schacht qui la remplace. Elle est suivie 4 ans plus tard par Rose Pollet déjà présente près de 50 ans plus tôt.

Départ de Marie-Louise Vanbesselaere en 1971 et de Rose Pollet en 1975 (Documents Nord-Eclair)

C’est donc une kermesse commune qui a lieu en 1973, avec la remise officielle des dictionnaires par le 1er adjoint au maire le samedi, suivie des traditionnels chants et danses présentés par les différentes classes puis par un repas familial dans la grande salle avec la participation de trois orchestres de l’agglomération.

Le dimanche de nombreux visiteurs s’attardent aux différents stands, loteries et buvettes. Les parents d’élèves fêtent ainsi le réaménagement d’installations vétustes pour doter les classes d’un chauffage moderne offrant toutes garanties de sécurité. La fête se déroule en présence de plusieurs personnalités : adjoints et conseillers municipaux, commissaire de police, abbés de Hem et de villes voisines, et bien sûr de Mme Schacht et de Mr Duvivier, les directrice et directeur des deux écoles.

Kermesse de 1973 (Document Nord-Eclair)

En 1974, la presse locale consacre un article à l’école pleine de charme dirigée par Mme Schacht. Contrairement à la façade sur rue, austère, les larges baies vitrées donnant sur la cour assurent une luminosité excellente aux salles de cours. Par ailleurs l’école bénéficie d’un cadre champêtre car elle est encore entourée de champs. En outre, elle bénéficie d’une régulière extension et d’une constante rénovation des peintures, décoration, carrelage…

Une école au charme secret (Document Nord-Eclair)

A partir de 1975, avec la mixité devenue obligatoire la répartition se fait différemment entre les 2 écoles: jusqu’au CE2, les enfants sont accueillis à Notre Dame de Lourdes et les enfants de CM1 et CM2 sont scolarisés dans les locaux de Saint-Corneille.

En 1978, c’est sous la direction d’Alain Vandekerkhove que 130 enfants sont accueillis dans les 5 classes maternelles et primaires de l’école Notre Dame de Lourdes, où les parents ont procédé à la réfection des peintures d’une classe de maternelle et de son couloir, avant de s’attaquer au reste des rénovations à faire dans le bâtiment.

Alain Vandekerkhove accueille parents et enfants (Document Nord-Eclair)
La classe de Mme Mille en 1977 (Document Copains d’Avant)

A partir de 1980, Fernand Leblon prend la direction de l’école et lance de nouveaux projets tels que les classes de découvertes annuelles, financées en partie par les parents et en partie au moyen d’actions organisées à l’école. Il relance également la grande tradition théâtrale de l’école avec notamment un spectacle sur Napoléon.

En 1984, il fait rénover la cour principale de récréation de l’école et installer une nouvelle chaudière à gaz avec un système de régulation des plus sophistiqué. Une cérémonie réunit un adjoint au maire, la présidente de l’association de parents d’élèves et l’abbé Houzé, curé de la paroisse Saint-Corneille pour marquer le renouveau de l’école en faisant couper par l’un des écoliers le ruban symbolique.

La cérémonie de l’inauguration du renouveau de l’école (Document Nord-Eclair)

Mais c’est en 1987, que l’école présente son grand projet culturel à la salle des fêtes, une pièce de théâtre: le Jour du Fou, l’histoire du Roi Arthur de Bretagne alors jeune garçon, avec le concours de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles), de l’ORCEP (Office Régional pour la Culture et l’Education Permanente), de l’Opéra de Lille, de la Direction Régionale Jeunesse et Sport et de la ville de Hem.

Le jour du fou (Documents Nord-Eclair et Voix du Nord)

En 1990, Fernand Leblon fête ses 10 ans de direction et profite de la fête de fin d’année pour annoncer aux parents la prochaine restructuration de l’école: démolition des vieilles dépendances et du mur de séparation des 2 cours et édification d’un bâtiment neuf comprenant une classe de maternelle et une salle d’activités. L’école a en effet doublé son effectif en 10 ans et nécessite l’ouverture d’une nouvelle classe.

Photos de la fête de 1990 (Documents Nord-Eclair)

Cette même année, Mme Massart, maire de la ville, met à l’honneur les enseignants des écoles privées, 24 h après leurs collègues de l’enseignement public, dans les salons de l’Hôtel de Ville avec certains conseillers municipaux. A cette occasion elle remet un cadeau à Mme Fontaine et Mr Leblond de l’école Notre Dame de Lourdes.

Réception de Mme Massart en 1990 (Document Nord-Eclair)
Photo de classe de CP en 1989 (Document Copains D’Avant)

En 1992, François Courouble, qui vient de l’école Sainte Bernadette à Roubaix, intègre l’école Notre Dame de Lourdes dont il va devenir chef d’établissement. Il se présente sur Copains d’Avant comme directeur d’école mais aussi comme un rocker invétéré, au sein du groupe hémois Coyote&Co dont le premier concert a lieu en 1996.

François Courouble et sa classe de CM2 en 1996 (Document Copains d’Avant)
Coyote&Co en 1996 et 2003 (Documents Copains d’Avant)
Les façades des 2 écoles St Corneille en 2008 et NDDL en 2016 (Documents Google Maps)

Actuellement François Courouble est toujours le directeur de cette institution hémoise qui a fêté son centenaire en 2004. Avec son équipe, il a connu la crise sanitaire du Covid en 2020 et une rentrée des classes pas comme les autres qu’il a présentée sur le site de l’école.

Une rentrée pas comme les autres (Document site internet)
Photo de François Courouble (Document site internet)
La cour de récréation (Document photo IT)
Photo collective de Notre Dame de Lourdes sur la Grand’Place (Document site internet)

Remerciements à l’association Historihem

Ecoles Notre Dame de Lourdes et Saint Corneille

En 1900, à Hem, alors que se profile au plan national la séparation de l’église et de l’état, Henri Delecroix est élu maire et le conseil est de tendance Union Républicaine et anti cléricale. Les rapports avec les catholiques et le curé Edmond Pollet se durcissent.

Ce dernier refuse de remettre la clef de l’église au maire qui la lui réclame. Le conseil municipal vote alors une indemnité de logement pour le pasteur protestant de Roubaix et fait ériger un urinoir contre l’église Saint Corneille. L’abbé Pollet est furieux et décide de faire construire deux écoles pour que les enfants chrétiens de sa paroisse continuent à bénéficier d’une éducation religieuse à l’école.

Séparation de l’église et de l’état à Hem en BD (Document Au temps d’Hem)

C’est ainsi que deux écoles libres (écoles privées), une pour les filles et une pour les garçons, s’installent au centre de la ville, au début du 20ème siècle, à proximité de l’église Saint Corneille. L’école de filles est construite au 29 de la rue du Docteur Coubronne (appelée alors route de Saint Amand) et celle des garçons s’installe au 6 de la rue Jules Ferry, dans une ancienne bourloire devenue ensuite salle de cinéma paroissiale. Les 2 écoles se rejoignent par leurs cours de récréation.

Ecole libre de filles route de Saint Amand (Document collection privée)
Photo panoramique de l’année 1933 (Document IGN)
CPA Ecole primaire et maternelle

Comme le montrent les deux cartes postales anciennes ci-dessus, l’école libre pour filles comporte deux entrées différentes, l’une à gauche du bâtiment pour l’école primaire, dirigée par Louise Vandoorne et l’autre à droite pour l’école maternelle, dirigée par Soeur Marie Louise Fournier de la Sainte Union des Sacrés Coeurs.

Le dimanche, après les vêpres, l’école fait office de patronage pour les fillettes qui jouent aux cartes, au jeu de l’oie, ou qui chantent en choeur, accompagnées au piano. Deux fois l’an elles préparent des pièces de théâtre et se déguisent. Les rôles masculins sont tenus par des filles car pas question de mixité. Mlle Dubois est la première directrice laïque de l’école.

Dans les années 1920, on retrouve dans l’école libre des filles :Notre Dame de Lourdes, l’institutrice Mme Angèle Zaingraff, née en 1888, qui, dès 1920, crée des petites pièces de théâtre avec sa troupe dans le cadre de son école. Des photos nous montrent ainsi Angèle avec sa classe et avec sa troupe en 1920. A cette époque, elle bénéficie d’une auxiliaire, Rose Pollet que l’on retrouve encore dans l’école 40 ans plus tard.

Angèle Zaingraff pose avec un livre, puis avec sa classe et sa troupe de théâtre en 1920, son auxiliaire auprès des enfants: Rose Pollet (Documents Historihem)

A la même époque, l’école libre de garçons: Saint Corneille, est dirigée pendant 17 ans par Fernand Guerrien, son premier directeur laïque, né en 1877, titulaire d’un brevet de capacité pour l’enseignement primaire. A son décès en 1929, son éloge funèbre le présente comme un éducateur dévoué, ne comptant ni son temps ni sa peine pour donner à ses élèves un enseignement complet.

Il est également fait état de son sens du devoir, l’ayant poussé, au moment de l’invasion allemande en 1914, à partir faire son devoir en bon et loyal soldat et à reprendre une fois l’armistice sonné, sa place de maître d’école patient et dévoué. Des photos nous montrent une classe en 1902, Fernand posant avec sa famille en 1914, puis son fils avec d’autres élèves.

Les garçons ont leur patronage séparé où existe une bourloire. Il est le siège d’une société de gymnastique dirigé par Jules Corman et d’une société de musique dont le fondateur est Charles Debacker.

Fernand Guerrien et sa famille, son fils et des camarades, une classe de l’école en 1902 (Documents Historihem) et une autre de la même époque (Document collection privée)

C’est un ancien élève de l’école, Marcel Veckens, qui prend sa suite pendant 38 ans à la direction de Saint Corneille. Il voit passer dans sa classe plusieurs générations de petits écolier hémois avant de prendre une retraite bien méritée en 1966. Une photo le représente ici en 1920 alors qu’il est instituteur sous la direction de Fernand Guerrien.

Marcel Veckens avec sa classe de Saint-Corneille en 1920 (Document Historihem)

En 1938, la paroisse décide la fondation d’une Amicale des Anciens Elèves et Amis des Ecoles Libres de St Corneille à Hem. Le but est de s’entraider moralement et matériellement afin de pouvoir continuer à procurer aux enfants de la paroisse une solide instruction et une éducation foncièrement chrétienne.

Photos de classe de Notre Dame de Lourdes à la même époque (Document collection privée)

Pendant ce temps à Notre Dame de Lourdes, le théâtre continue à prendre toute sa place auprès de l’éducation classique. On le retrouve ainsi en petites saynètes lors des fêtes d’école mais également dans le cadre du patronage Saint Corneille pour les plus grandes.

Fête d’école en 1920, patronage en 1938 (Documents Historihem)

En 1940, la directrice de l’école des filles depuis 1938, Marguerite Labaye, est décorée de la croix de l’enseignement chrétien par l’archiprêtre au cours d’une cérémonie qui a lieu dans l’école après la grand’messe à l’église Saint-Corneille.

L’article qui lui est consacré dans la presse relate comment, pendant la première guerre, alors institutrice à Marcq-en-Baroeul, elle s’était rendue tous les jours à son poste à pied depuis son domicile de Mouvaux, malgré les bombardements et les vicissitudes de la guerre.

Pendant la seconde guerre, l’école des filles devient un centre de distribution d’alimentation comme le montre le panneau figurant au dessus de la porte d’entrée de l’école sur cette carte postale : Unité d’alimentation du Nord de la France A.N.F.(manque le morceau gauche de la pancarte).

L’école en 1945 (Document collection privée)
Une photo de classe en 1947-48 (Document Historihem)

En 1956, une grande souscription est lancée dans la paroisse Saint Corneille pour sauver les deux écoles libres. En effet, la faillite les menace : plus assez de fonds pour payer les huit instituteurs ou institutrices, plus d’argent pour entretenir les bâtiments, repeindre les salles de classe et renouveler le mobilier scolaire, ni pour acheter le charbon.

La même année, en raison du très grand nombre de petits enfants accueillis par l’école Notre Dame de Lourdes, à savoir 80 filles de 3 à 6 ans, l’ancienne salle de classe enfantine doit être réaménagée afin de procéder à l’ouverture d’une deuxième classe pour cette tranche d’âge. La bénédiction de la nouvelle classe a lieu, à l’issue des travaux, retardés par manque de moyens financiers, en 1958, en présence d’un représentant du maire de la ville, Mr Leplat.

Bénédiction de la nouvelle classe enfantine (Document Historihem)

En 1963, Marguerite Labaye part en retraite et cède sa place de directrice à Marie-Louise Vanbesselaere, anciennement directrice de l’école de Camphin. Peu de temps après son arrivée à la tête de l’école celle-ci fait face à un cambriolage de nuit qui l’oblige à se barricader dans sa chambre.

Ses appels au secours sont fort heureusement entendus depuis le presbytère distant de 200 mètres environ, par la fenêtre restée ouverte en raison de la chaleur de cette nuit d’été. Pourtant quand les secours arrivent les cambrioleurs sont déjà repartis en vélomoteur.

Pour entrer, ils avaient escaladé la grille, puis le toit de la salle d’oratoire et de là en s’aidant du montant en fer du porte drapeau étaient entrés par une fenêtre en mauvais état du 1er étage, avant de descendre dans le bureau où ils n’ont finalement pas trouvé grand-chose : plus de peur que de mal donc pour la nouvelle directrice…

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Auberge du Tilleul (suite)

Dans les années 1950, l’établissement est répertorié dans l’annuaire aux rubriques : café et «dancing» et géré par le couple Béghin-Vancauwenberghe. Au début des années 1960, toujours répertorié dans la rubrique café, c’est Jean Prez qui gère l’établissement. En 1961 il fait ainsi sa publicité dans l’annuaire Ravet-Anceau pour des salles pour réunions, bals, soirées dansantes.

Publicité de 1961 (Document annuaire Ravet-Anceau)

Jean Prez est loin d’être un inconnu surtout pour les Roubaisiens. Né en 1922, il a commencé à jouer de l’accordéon dès l’âge de 5 avant d’intégrer à l’âge de 8 ans l’orchestre paternel dans le café que tient son père au 3 rue de Lannoy à Roubaix. Il entame à l’âge adulte une vraie carrière d’accordéoniste qui l’amène entre autres à enregistrer des disques, participer à des émissions de radio et écrire des partitions.

Jean Prez fils, enfant (à droite) avec son père Jean et son frère Jules et la photo du café paternel à Roubaix (Documents collection privée)
Jean Prez dans les années 1960 (Document collection privée)

En 1965 et jusqu’à la fin des années 1960, le café du Tilleul est répertorié dans les rubriques : café et restaurant. Mais en 1971, l’établissement quitte la rubrique café pour intégrer l’unique appellation de restaurant et devient à cette occasion l’auberge du Tilleul. C’est Gilbert Bezault qui dirige l’établissement.

Dans un premier temps les publicités font état plutôt d’une brasserie avec notamment la journée cassoulet toulousain, les moules et les gratinés. Ces mêmes publicités font état d’un restaurant sur la place d’Hem ou encore d’Hem Saint-Corneille. Puis le restaurant de spécialités, de prix modérés et de repas d’affaires, propose également une salle pour noces et banquets et ce n’est que par la suite que l’adresse du 14 rue du Docteur Coubronne fait son apparition, avec la mention : le restaurant qu’il faut essayer.

Les 1ères publicités de l’auberge-brasserie (Documents Historihem et Nord-Eclair)
Les publicités des années 1970 (Documents Nord-Eclair)

En 1978, dans le cadre de la semaine gastronomique dédiée au coq, Gilbert Bezault se met au fourneau pour proposer son célèbre coq au vin qu’il met régulièrement à la carte depuis plus de 10 ans qu’il est un chef de cuisine sérieux et accueillant dans son auberge. Il s’apprête alors à céder son commerce pour retourner dans la région toulousaine dont il est originaire.

Gilbert Bezault aux fourneaux en 1978 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 1980, le restaurant procède à une rénovation de son cadre pour monter en gamme. Il est ouvert tous les midis et le soir en fin de semaine et mise sur un cadre chaleureux et des plats maison tels que la fameuse terrine maison posée sur la table et dont les clients se servent à volonté.

Publicités des années 1980 (Documents Nord-Eclair et bulletin d’information municipal)
Carte publicitaire de l’établissement (Document collection privée)

Puis dans les années 1980, l’auberge perd son nom originaire du Tilleul pour être rebaptisée Le Contemporain. Pourtant l’expérience ne dure pas longtemps et quelques temps plus tard le nom d’Auberge du Tilleul refait son apparition tandis que le contenu des assiettes renoue avec ce qui avait fait le succès de l’auberge à ses débuts avec Gibert Bezault.

Publicité pour Le Contemporain (Document Historihem)

C’est en effet son fils Serge Bezault qui rachète l’établissement en septembre 1990 et le gère depuis avec Christian Six. Soudain, en juin 1998, une camionnette garée devant l’établissement, rue du Cimetière, prend feu durant la nuit et, sous l’effet du vent qui souffle en rafales, le feu se communique au cheneau avant l’arrivée des pompiers.

C’est alors l’ensemble de la toiture située au-dessus des salles de réception qui est détruit : plus de tuiles ni de faux plafond mais de la suie et de l’eau à l’intérieur. Les tables sont touchées également et c’est un tableau de désolation que retrouve le propriétaire qui ne peut que constater que 10 ans de travail sont réduits en cendres. Seule consolation : les cuisines et le restaurant en lui-même ne sont pas touchés.

Les dégâts de l’incendie durant la nuit et la camionnette incendiée au matin devant la façade (Documents Nord-Eclair)

Dès septembre, les 2 associés, Christian, chef de cuisine, et Serge, gestionnaire et commercial, se partagent à nouveau l’organisation des réceptions qui représentent plus de 80% du chiffre d’affaire de l’Auberge. Quatre salons entièrement rénovés peuvent accueillir 30, 50 ou 170 personnes sur place et 300 personnes à quelques centaines de mètres au Château d’Hem. Parallèlement l’Auberge continue à recevoir tous les midis une clientèle d’affaires en semaine et familiale le week-end.

Salle de réception refaite à neuf en septembre 1998 (Document Nord-Eclair)

Ces 2 co-gérants sont toujours à la tête de l’établissement 32 ans plus tard. Pourtant l’activité du lieu a un peu évolué depuis quelques années. Sur le site de l’Auberge il apparaît que, dans un cadre unique, à la fois ancien et contemporain, 4 salons, pouvant accueillir de 10 à 350 personnes chacun, sont proposés pour organiser une réception intimiste ou un événement de grande envergure, avec restaurant gastronomique et service traiteur. L’accent est mis sur la possibilité de profiter également des magnifiques jardins de l’Auberge.

Photos de l’auberge du Tilleul (Documents site internet)
Salons Monet et Picasso (Documents site internet)
Salon Gauguin et l’équipe de l’Auberge (Documents site internet)
Photo panoramique de l’auberge du Tilleul (Document Google Maps)

A la base estaminet comme tant d’autres à Hem et aux alentours, l’établissement, grâce à sa situation exceptionnelle au centre d’Hem et à la surface dont il bénéficie dans la rue du Cimetière a évolué pour devenir un grand nom de la restauration locale. Il est aujourd’hui, soit plus de 150 ans plus tard, un loueur de salles avec service traiteur renommé dans les environs.

Remerciements à la ville de Hem et à l’association Historihem