Rue Alexandre Ribot et rue de l’Abbé Lemire

La rue Alexandre Ribot, longue de 380 mètres, est située dans le quartier des Trois-Baudets et relie la rue de la Lionderie à la rue Louis Loucheur. Elle porte le nom d’un homme politique français du dix-neuvième siècle, ministre des affaires étrangères, Président du Conseil, promoteur des habitations à bon marché et membre de l’Académie des Sciences Morales et de l’Académie Française.

Photo aérienne de 1933 où l’on distingue le domaine du Château Olivier et la nouvelle rue Alexandre Ribot et sa perpendiculaire, la rue de l’Abbé Lemire (Document IGN)

La rue qui mène au Château Olivier, est apparue en 1931. Elle est bordée de maisons ouvrières pour répondre à l’augmentation rapide de la population en raison de l’industrialisation galopante de la ville à partir de la fin du 19ème siècle et du début du vingtième siècle. Elle est de celles qui change la physionomie de Hem, ancien village rural où les champs font place aux habitations.

Photos de la rue Ribot bordée de maisons ouvrières, sous 2 angles différents (Documents Hem Mémoire en Images)

Sa perpendiculaire, la rue de l’Abbé Lemire, longue de 184 mètres, relie quant à elle, dès la même époque, la Chapelle Saint-Joseph à la rue du Maréchal Foch. Elle porte le nom d’un prêtre du dix-neuvième siècle, élu député du Nord et qui sera Maire d’Hazebrouck. A l’origine de lois interdisant le travail des enfants dans les usines à feu continu, il est également promoteur des habitations à bon marché et président de l’Office International des Jardins Ouvriers.

La rue de l’Abbé Lemire vers Saint-Joseph (Document Hem Mémoire en Images)

Ces deux rues sont à priori destinées à loger des familles ouvrières lors de la construction des maisons les composant. Pourtant, dans les années 1950 à 1970, certaines sont investies par des artisans et commerçants dans des activités assez variées.

Juste après-guerre on retrouve un marchand de cycles, Fontaine, dans le Ravet-Anceau au n°81 de la rue Ribot. Puis dans la décennie suivante c’est Mme R. Fontaine qui tient un magasin de confection pour dames et enfants à la même adresse mais son commerce n’est ensuite plus repris et laisse place à une habitation.

Dans les années 1950, ce sont l’épicier Danel au n°2 et le cordonnier Pycke au n°8 qui s’installent dans la rue. L’épicerie est reprise, à la fin des années 1950, par J.Moutier jusqu’au début des années 1960 avant de devenir un 8 à 8, transféré ensuite rue des Ecoles.

Dans les années 1970, c’est Cnet Teinturerie ou Cnet Pressing qui s’y installe durant quelques années avant de céder la place à la boucherie charcuterie Debruyne-Van Meerhaege, laquelle y demeure jusqu’à la fin des années 1980 . Quant à Jean-Baptiste Pycke, c’est l’un des derniers cordonniers de « l’ancienne école », avec Alfred Willekens de l’impasse Belin, à avoir exercé dans la commune, et ce jusqu’à la fin des années 1960, avant que son adresse redevienne un simple domicile.

Publicités de l’épicerie Danel et de Cnet Pressing ainsi que de la boucherie Debruyne ( Documents Historihem)
Photo de JB Pycke dans son échope (Document Hem Images d’Hier)

Le n° 2 bis abrite ensuite des boulangeries : Rasson-Delcroix dans les années 1970 puis James dans les années 1980 avant d’être occupé dans les années 2000 par des snacks : Hem Sn:ck et Green Ice Burgers.

Publicités de Rasson-Delcroix et James (Documents Historihem)
Photos du n°2 bis en 2008 et 2016 (Documents Google Maps)

Au milieu des années 1950 et pendant une dizaine d’année, c’est au n°10 de la rue Lemire que s’installe un coiffeur pour hommes : P. Rousseau. Ce numéro redevient ensuite un simple domicile, le salon n’ayant pas de successeur. A la même époque les n° 82,83 et 84 de la rue Ribot accueillent de nouveaux commerces.

Au n° 82, c’est la bonneterie Delemmes qui reste ouverte jusqu’à la fin des années 1960 avant de fermer ses portes, sans repreneur. Au 83, la lingerie mercerie Deloge est reprise dans la décennie suivante par Mme Vve Mullier-Blanchatte jusqu’au début des années 1970 puis par Mme Leclercq-Vanmanssart, dont le conjoint fait radio-taxi à la même adresse, pendant la décennie suivante avant de laisser la place à un domicile. Enfin, au 84, c’est une épicerie des Docks du Nord qui fonctionne de la moitié des années 1950 à la moitié des années 1960.

Publicités de Mmes Mullier et Leclercq (Documents Historihem)

A la fin des années 1950 et jusqu’au milieu des années 1960, Mme Tribalat ouvre, au n° 76 de la rue Ribot, un dépôt de teinturerie dégraissage. Outre les publicités classiques elle distribue à sa clientèle des reproductions de peintures ou photographies encadrées avec la mention « offert par la maison Tribalat-Clément ».

Publicités de Mme Tribalat (Documents Historihem)

La décennie 1960 voit arriver dans la rue Ribot un fabricant de bonneterie : Facheaux qui y reste au n°1 jusqu’au début des années 1970. A la même époque Jean Janssens installe son atelier de tailleur pour homme au n°64 et sa fille y ouvre ensuite en parallèle un salon de coiffure pour dames avant de se marier et de déménager son salon au n°36 jusqu’au milieu des années 1970, sous le nom de Deschamps-Janssens, avant de partir s’installer rue Louis Loucheur.

Publicités du salon de coiffure de Mme Deschamps (Documents Historihem)

Au n ° 67, à la même époque et jusqu’à la fin des années 1970, Marcel Delbecq ouvre son entreprise de peinture et vitrerie. Par la suite, il tient également commerce de droguerie au 3 bis de la même rue. La fin de son entreprise voit le numéro 67 de la rue Ribot redevenir une simple maison d’habitation.

Publicités de Marcel Delbecq, artisan et de Hem Décor, sa droguerie (Documents Historihem et Mémento public CIT)

A la fin des années 1960, un  artisan : J. Selosse s’installe au n°16 de la rue Lemire et se spécialise en pose de revêtements de sols. Il n’a pas de successeur, commerçant ou artisan à cette adresse. Mais, à la fin des années 1970, un autre artisan : C. Deschoemaker s’installe temporairement comme plombier au n°1, également sans successeur.

Les derniers à ouvrir un nouvel établissement dans ces 2 petites rues sont la confection Scouflaire, au n° 18 de la rue Lemire, à la fin des années 1970 pour quelques années et les Ets Bergeman, dont le siège est situé au 85 de la rue de la Lionderie, au n° 3 bis de la rue Ribot dans les années 1980. Si le 18 de la rue Lemire est redevenu de suite un domicile, il semble que le 3 bis de la rue Ribot qui portait encore l’enseigne Hem Décor et le panneau des Ets Bergeman en 2008 soit à présent inoccupé.

Publicité des Ets Bergeman et photos du bâtiment en 2008 et de nos jours (Documents Historihem et Google Maps)

Hormis les numéros 2 bis et 3 bis de la rue Ribot, devenus des locaux professionnels et dont le premier abrite encore à l’heure actuelle une activité commerciale, les rues de l’Abbé Lemire et Alexandre Ribot ont donc, de nos jours, retrouvé leur vocation première et résidentielle et, vues du ciel, ces 2 voies présentent toujours la même apparence qu’à leur création au vingtième siècle même si leur environnement s’est considérablement densifié.

Vue aérienne de la rue en 2022 (Document Google Maps)

Remerciements à l’Association Historihem, à Jacquy Delaporte pour son ouvrage Hem Images d’Hier et à Bernard Thiébaut pour son livre Mémoire en Images de Hem.

La Police à Hem – 2

Le commissariat de Police de Hem, d’après l’annuaire de 1953, se situe ensuite rue Jules Guesde, au n°69, où le service n’est assuré que par 3 gardiens jusqu’en 1979. Pourtant la population hémoise fait face à une recrudescence des délits passés de 218 en 1967 à 855 en 1976. Le maire, Jean-Claude Provo, élu en 77, fait donc une demande au préfet pour obtenir un commissariat digne de ce nom. Le dossier est présenté au Ministère de l’Intérieur dès 1978. En 1979, la réponse tombe : le commissariat de police est officiellement transféré de Lannoy à Hem.

Photo du Commissariat de la rue Jules Guesde en 2016 et le bâtiment en 2020 (Document Google Maps)

Instantané de mémoire : « Lorsque je réussis mon concours me permettant d’intégrer la fonction publique en 1981, c’est dans ce commissariat que je suis convoquée pour une enquête de moralité. Je me souviens encore de mon entretien avec le représentant des forces de l’ordre qui me reçoit et vérifie mon casier judiciaire avant de me dire qu’un simple vol dans un magasin m’aurait empêchée d’intégrer la fonction publique… ».

C’est également à la révolution française que remonte la création de la police municipale dans les villes, chargée, sous l’autorité du maire, de « faire jouir les habitants des avantages d’une bonne police, notamment de la propreté, de la salubrité, de la sûreté dans les rues, lieux et édifices publics ».

Sous la cinquième république et dès 1965, une commune de plus de 2 000 habitants peut être dotée d’une police municipale, laquelle est étatisée au milieu des années 1970. Concrètement c’est donc à partir de 1980 que les polices municipales se développent. Le phénomène s’explique par le sentiment d’insécurité grandissant ; les élus de nombreuses villes répondent donc aux attentes des citoyens en créant leur propre police.

Photo des policiers municipaux des années 80 et dessin de bande dessinée (Documents Hem 1000 ans d’histoire et Au temps d’Hem)

En 1983, une police municipale est donc créée à Hem pour être opérationnelle l’année suivante et, au fil du temps, son effectif passe de 4 à 10 gardiens sous la direction d’un chef de police qui travaille en parfaite relation avec la police nationale. A l’époque c’est l’ancienne conciergerie de l’ex-château Catrice (devenu la mairie de Hem en 1949) qui abrite la force de police municipale.

Bâtiment accueillant la police municipale jusqu’en 2019 (Documents collection privée)

A la fin des années 80, un redéploiement des forces de police, au niveau national, entraîne la fermeture du commissariat de police hémois, malgré les interventions répétées du maire et des communes voisines au plus haut niveau. Revenue 10 ans en arrière, la ville de Hem se retrouve avec un simple poste de police (toujours situé 69 rue Jules Guesde) constitué d’un gradé et de 3 gardiens, le commissariat compétent étant celui de Roubaix.

A partir de 2019, la police municipale de Hem est mutualisée avec celle des communes voisines et ce sont 14 gardiens qui se relaient au fil de la semaine pour couvrir l’ensemble des territoires concernés et y assurer la police de proximité.

Police municipale et nationale sont abritées depuis septembre 2018 dans les mêmes locaux, construits par la ville à cet effet entre la rue Victor Hugo et la rue du Général Leclerc.

Le bâtiment commun aux 2 polices vu côté rue Leclerc (sur le parking de la Mairie) et côté rue Victor Hugo (Documents Google Maps)

Outre le gain de locaux le commissariat commun doit engendrer un gain d’efficacité. Les contacts entre les 2 polices sont, de fait, plus fréquents, les échanges d’informations sont facilités et la complémentarité des équipes est renforcée.

Vue aérienne du bâtiment et photo de son enseigne (Documents Google Maps et Tout’Hem)

Enfin, depuis le 1er juillet 2021, la police municipale de Hem travaille 7 jours sur 7sur sur un secteur qui s’étend sur 5 communes Hem, Leers, Toufflers, Forest-sur-Marque et Lannoy Il y a eu notamment un recrutement de 4 nouveaux agents et l’effectif se monte, à présent, à 18 personnes. On note une hausse de l’effectif au sein de la brigade canine également, laquelle existe depuis 2017, avec l’acquisition d’un deuxième chien

Remerciements à la ville de Hem ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Rue Pasteur

Plan de situation (Document IGN)

La rue Pasteur, longue de moins de 250 mètres, située à la frontière des villes de Hem et Roubaix, relie, à partir de 1930, la rue Briet à Hem à la rue de la Justice à Roubaix. Elle est située non loin de la Briqueterie Briet, comme on le constate sur la vue aérienne de 1947 ci-dessous.

Vue aérienne de 1947 (Document IGN)

Dans les années 1950, seuls un comptable agréé au n°56, J. Debuy, et un artisan en ferronnerie au n°11, Mr Monger-Dubus, y sont répertoriés dans les activités professionnelles. Le reste de la rue ne compte que des maisons d’habitation. Il faut dire que, comme le montre la vue aérienne ci-dessus, la rue n’est pratiquement entourée que de champs.

Le n°11 de nos jours (Document Google Maps)

Mais durant la dizaine d’années qui suit, le panorama change avec la construction d’immeubles qui préfigurent le futur quartier des Hauts-Champs. On retrouve dans le Ravet-Anceau de 1965 au n°11 R. Monger dans la rubrique serrurerie mais 2 autres commerces l’ont rejoint entretemps à savoir un photographe et une librairie.

Vue aérienne du quartier dans les années 1960 (Document IGN)

Au n°5 de la rue on trouve en effet, dans les années 1960 et le début des années 1970, le photographe A. Dumont ou Studio Dumont qui va rester une bonne dizaine d’années en activité. La maison initiale d’habitation n’a pas été transformée et seule la fenêtre du rez-de-chaussée sert de vitrine tandis qu’une silhouette en carton installée devant la porte fait office de publicité.

Le studio Dumont au n°5 et la même maison en 2008 (Documents Historihem et Google Maps)

Les publicités publiées dans les journaux de l’époque font état de tous travaux photographiques : portrait, identité, agrandissement, et mettent l’accent sur la livraison rapide des travaux amateurs. Ensuite les reportages de mariage, la vente d’appareils photo et cinéma, ainsi que la location de films ciné et flashs sont mis en avant, sans compter les publicités plus ciblées au moment des communions.

Les différentes publicités du studio Dumont (Documents Historihem et Nord-Eclair)

La librairie est quant à elle tenue à l’époque par Mme Blumenthal au n°47. Ce commerce se tient en réalité dans un petit local tout en longueur attenant à la maison d’habitation. Il porte pourtant le nom pompeux de « maison de la presse » dans laquelle sont vendus librairie, papeterie et journaux si l’on se fie à une publicité parue dans la presse locale en 1963 et doit bénéficier des allées et venues des parents d’élèves de l’école des Hauts-Champs située juste en face dans la rue de la Justice à Roubaix.

Publicité Blumenthal en 1963 (Document Nord-Eclair)
Ecole des Hauts-Champs rue de la Justice en 2008 face au bout de la rue Pasteur (Document Google Maps)

A la fin des années 1960, un artisan carreleur G. Selosse, s’installe au n° 13. Dix ans plus tard c’est une entreprise générale de bâtiment qui lui succède, dont les bureaux se situent à Lys-lez-Lannoy, gérée par Robert Voisart. Celui-ci propose en effet les services suivants : peinture, vitrerie, tapisserie, décoration, revêtements de sol. Cette entreprise fait de nombreuses publicités dans la presse locale jusqu’au début de la décennie suivante.

Publicités de Robert Voisart dans les années 1970 et 1980 (Documents Historihem et Nord-Eclair)
Le 13 rue Pasteur de nos jours (Document Google Maps)

Puis au début des années 1970, c’est d’abord le petit commerce de librairie qui est repris par G. Duquennoy. A la fin des années 1970, les publicités dans la presse locale font état du commerce «  la Paprasserie » à l’angle de la rue de la Justice qui propose : papeterie et journaux régionaux, mais aussi parfumerie et confiserie, rayon mercerie et bonneterie et tricot sur mesure.

Publicité de 1979 Paprasserie (Document Nord-Eclair)

On ne retrouve plus trace de ce commerce ni dans le répertoire des commerçants, artisans et professions libérale édité par la ville d’Hem en 1984 ni dans le guide pratique de la ville édité en 2000. Pourtant sur la photo du commerce fermé prise en 2008 apparaissent des panneaux publicitaires Ubald et Butagaz laissant penser que le commerce a dû être occupé ensuite par une épicerie de quartier.

Photo du 47 et 47 bis rue Pasteur en juin 2008 et en novembre 2022 (Document Google Maps)

A l’heure actuelle et depuis la fin des années 2010, le local a été totalement refait à neuf, et abrite un cabinet de plusieurs infirmiers libéraux avec une adresse distincte de la maison située au 47 à savoir : le 47 bis rue Pasteur. Quant au n° 47 il abrite depuis 2020 une entreprise spécialisée dans le secteur des travaux d’isolation.

Quant à l’ancien studio Dumont, dans la 2ème partie des années 1970, il est repris par le studio Aropa puis l’enseigne devient studio Jeannine Aropa dans les années 1980. La publicité du commerce fait état de Labo Photo Couleur, reportages, portraits mais aussi d’un grand choix d’appareils photos, de cadres et albums.

Publicités des années 1976, 1980, 1982 et 1986 (Documents Nord-Eclair et Office Municipal de Hem)

Dans le répertoire des commerçants de 1984, le commerce apparaît dans quatre rubriques à savoir : clés, imprimeur, photographe d’art et photographie appareils, films, accessoires. Et en 1986, sa publicité met l’accent sur les photos d’identité. Enfin une publicité de la fin des années 1980 fait état d’une deuxième adresse au 362 rue Jules Guesde, soit dans les locaux de l’ancienne blanchisserie.

Les deux adresses du studio Jeanine dans la deuxième partie des années 1980 (Documents Nord-Eclair)

Aujourd’hui la rue n’abrite plus de magasins mais quelques entreprises individuelles au n°7 une fabrication de biscuits, biscottes et pâtisseries de conservation, au n°11 une entreprise de conseil en logiciels et systèmes informatiques, au n° 23 une entreprise de transports, qui s’ajoutent au cabinet d’infirmiers libéraux du 47 bis cité ci-dessus.

Vue aérienne des années 2000 (Document IGN)

Remerciements à l’association Historihem.

La Police à Hem – 1

Après la révolution française, la loi confie aux communes rurales la lourde charge de recruter des gardes-champêtres. Ceux-ci doivent avoir au moins 25 ans, savoir lire et écrire, avoir une bonne condition physique, faire partie des vétérans nationaux ou des anciens militaires pensionnés ou munis de congés pour blessures.

Ils prêtent serment devant le juge de paix du canton «de veiller à la conservation de toutes propriétés qui sont sous la loi publique et de celles dont la garde leur est confiée». Il deviennent des agents de la force publique par leur inscription au registre de la gendarmerie qui peut les requérir et avec qui ils partagent une mission de police commune: la surveillance des campagnes.

Une peinture de garde-champêtre (Document Wikipedia)

Au dix-neuvième siècle, le garde-champêtre abandonne le bicorne au profit du képi. En plus de la surveillance des propriétés rurales et forestières ainsi que de la chasse, le garde champêtre se voit attribuer un accroissement de compétences résultant de lois spéciales : pêche, plantation d’arbres, sel, tabac, voirie, etc. Il relève les contraventions et délits constatés par procès-verbal.

Au début du 20ème siècle entre également dans ses fonctions le rôle de crieur public qui proclame à la cantonade, sur un roulement de tambour ou à son de trompe, diverses décisions officielles (arrêtés municipaux, décrets préfectoraux, ordres de mobilisation générale). Le garde champêtre devient un personnage incontournable dans la vie du village. Il est reconnu par la population comme auxiliaire de la gendarmerie et du procureur. Les contrevenants le craignent.

Un garde-champêtre au 20 ème siècle (Document Wikipedia)
Le garde-champêtre, crieur public (Document Au temps d’Hem)

A Hem, à la fois agent communal, agent de la force publique et officier de police judiciaire, il porte une plaque avec le nom de la commune et le sien et il est armé d’un sabre ou d’un fusil. Au début du vingtième siècle, c’est l’un des rares fonctionnaires avec l’instituteur, le facteur et les douaniers.

Depuis 1907, devant l’église St Corneille, a été édifié un bâtiment communal comportant morgue, prison et pompe à incendie, salle pour les blessés et urinoir public…Le garde-champêtre y dispose d’une prison à deux lits, dans laquelle il fait séjourner les délinquants, sous sa surveillance, avant qu’ils ne soient écroués.

Le bâtiment abritant la prison avant sa destruction en 1962 (Document Nord-Eclair)

Le 04 décembre 1920, le conseil municipal se prononce favorable au principe de l’institution de la Police d’ Etat mais proteste énergiquement contre la suppression des gardes-champêtres, agents absolument indispensables dans les communes rurales pour le maintien de l’ordre et pour veiller à la conservation des récoltes.

Le comité des fêtes existant dans chaque quartier procède, chaque année, à l’élection de son maire (président du comité) et cette élection donne lieu à des festivités avec cortège, concert, course cycliste, jeux divers, bals publics… A cette occasion le rôle incontournable du garde-champêtre est tenu par un habitant.

Mr Lesafre dans le rôle du garde-champêtre en 1926 à Hem 3 Baudets (Document Hem Images d’Hier)

A l’époque, le véritable garde-champêtre se nomme Henri Lescouffe. Nommé à cette fonction en mai 1899, en remplacement d’Oscar Gosmans, titulaire de la médaille de la police depuis 1920, il prend sa retraite en mars 1930, et devient administrateur du Bureau de Bienfaisance, restant ainsi au service des Hémois.

Pendant la seconde guerre mondiale, en 1940, un comité de guerre est constitué pour assurer tous les services de la mairie et le ravitaillement de la commune. Arthur Duprez, garde-champêtre, en fait partie en tant que chef de police.

Par ailleurs, pour assurer l’ordre public et la sécurité des habitants, 30 hommes de police auxiliaire sont choisis parmi la population pour leur valeur morale et physique qui se voient allouer une somme modique pour chaque nuit passée en service.

Enfin, la ville, qui compte plus de 5000 habitants a le droit d’avoir un commissariat de police. Le comité de guerre demande donc l’affectation d’un commissaire de police à Hem et prend l’engagement d’assurer toutes les dépenses afférentes au service.

Dès 1942, un commissariat est implanté à Lannoy, chef-lieu du canton, et l’annuaire de 1945 nous apprend que le 1er commissariat de Hem se situe au n°5 de la rue du Docteur Coubronne, non loin de la prison.

Photo de rue et aérienne de l’immeuble situé n°5 rue du Docteur Coubronne en 2020 (Document Google Maps)

Après la Libération, à l’occasion de la Ducasse, Charles LESIRE, membre du Comité des Anciens du quartier du Centre, assure les fonctions fictives de garde champêtre et dresse des procès verbaux, fictifs eux aussi, aux automobilistes et aux cyclistes, afin d’alimenter la caisse du Comité.

Photo de Charles Lesire dans le rôle du garde-champêtre (Document Hem d’Hier et d’Aujourd’hui)

Remerciements à la ville de Hem et à Historihem ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

A suivre…

La Piscine des Trois Villes à Hem (Suite)

Organisation d’un stage de plongée en 2001 (Document Nord-Eclair)

En 2001, dans le cadre du « Contrat Temps Libre » financé par la ville et la CAF (Caisse d’allocations familiales) Mr Meyer, moniteur de la section plongée de la Fraternelle Laïque, encadre un stage d’initiation à la plongée pour les 10-12 ans, en 12 séances pendant lesquelles les élèves apprennent les rudiments de l’activité : préparation et vérification du matériel, signes élémentaires de communication en plongée, retrait et réajustement des masques sous l’eau, respect des règles de sécurité…

Cérémonie des vœux en 2002 (Document Nord-Eclair)

Après l’an 2000, année de transition difficile, la cérémonie des vœux de 2002 est l’occasion de faire un bilan positif d’une année 2001 riche en visites : plus de 30 000 enfants, scolarisés dans les 3 villes ont en effet fréquenté le bassin. La piscine, accessible depuis toujours aux personnes à mobilité réduite, décide la création en 2002 d’une section handisport au club de plongée où 3 encadrants ont suivi une formation à cet effet.

Par ailleurs, le stage de plongée organisé en 2001 ayant remporté un vif succès auprès des ados, deux initiations à la plongée subaquatique sont à nouveau inscrites au planning de 2002, cette fois pour la tranche d’âge de 10 à 14 ans. C’est le club de plongée des 3 villes qui met le matériel et l’encadrement à disposition. L’opération est renouvelée à plusieurs reprises dans les années 2000.

Initiation à la pongée pour les ados en 2002 (Document Nord-Eclair)

Très motivés les jeunes s’inscrivent au brevet et la liste d’attente est longue, 60 candidats sur Hem comme sur Lys-lez-Lannoy. Les 25 postulants de 2002 ont tous réussi leur examen de passage et ont reçu leur diplôme, bronze ou argent en fonction de la distance parcourue en apnée. Le club des 3 villes, section de la Fraternelle Laïque, compte à présent 160 licenciés.

Le succès des candidats au brevet (Document Nord-Eclair)
Piscine des 3 villes en 2008 (Document Google Maps)

Au début des années 2010, le succès de cette discipline ne se dément pas d’autant qu’en 2011, le vice-champion de France de plongée en apnée est un Hémois : Alexis Duvivier. Calme et maître de lui il a parcouru 200,5 mètres sous l’eau, ce qui fait de lui le champion de France de la catégorie apnée dynamique. Pour lui l’apnée est un plaisir et la compétition un jeu.

Alexis Duvivier vice champion de France (Document Nord-Eclair)

Puis la piscine ferme pour un an pour une importante rénovation, impliquant nouvelle façade et nouvelle toiture, et une nouvelle remise aux normes, avec travaux additionnels destinés à faire baisser le coût de fonctionnement. Sont ainsi effectués, pour un coût de 2,5 millions d’euros : remodelage et déménagement de l’entrée, réfection des vestiaires et de l’infirmerie, réfection des réseaux électriques et de l’étanchéité du bassin ainsi que des équipements de traitement des eaux, remplacement des carrelages des couloirs et du fond du bassin, installation de capteurs solaires sur la toiture, meilleure isolation permettant une baisse de 35% de la consommation d’énergie…

La nouvelle piscine extérieure et intérieure (Documents La Voix du Nord)

A l’occasion de la réouverture de la piscine en avril 2012, le magazine Tout’ Hem se fait l’écho des multiples activités proposées à savoir : plongée, leçons de natation pour enfants et adultes, aquagym et des nouveautés : jardin aquatique dans une eau à 32 degrés pour les 2 à 5 ans, séance senior le samedi matin dans une eau à 32 degrés et vélo aquatique.

Réouverture de la piscine (Document Voix du Nord)
Les vélos aquatiques et les médaillés de l’école de natation (Document La Voix du Nord)

En 2015, des cours sont proposés aux enfants le samedi après-midi par l’association Osez l’Eau, alors que la piscine est fermée au public. En outre, la même année un des rares clubs d’apnée est créé: Apnée Plongée Hem. Les adhérents ont la joie d’être rejoints par le désormais champion et recordman du monde d’apnée dynamique avec palmes : Alexis Duvivier.

Apnée Plongée Hem et Alexis Duvivier (Documents La Voix du Nord)

En 2018, un maître-nageur, titulaire d’une licence et d’un master en activités physiques adaptées ainsi que d’un doctorat en sciences du sport est embauché pour proposer des activités aquatiques pour personnes atteintes d’obésité ou du cancer du sein un jour où la piscine est fermée au public.

Enfin en 2019, la ville lance un plan natation anti-noyades dans les écoles en collaboration avec l’ Education Nationale et avec le soutien du Ministère des Sports et de la Jeunesse : à la clef des leçons, un brevet de natation pour les élèves de CE2 et des cours de renfort en CM1 en cas d’échec à l’examen ou de grosses difficultés.

En près de 50 ans la piscine des 3 villes est donc passée d’un simple rôle d’équipement de loisirs et d’animation de quartier à un véritable rôle essentiel dans le bien-être et la sécurité de l’ensemble des usagers des communes concernées.

Remerciements à la ville de Hem et à l’Association Historihem

La Marque : Nature et Ruralité (suite)

La Marque et la Petite Marque subissent au vingtième siècle le contrecoup de la pollution industrielle (Voir sur ce sujet un précédent article édité sur notre site et intitulé : « l’industrialisation de la Marque »). Un engorgement dans le lit même des rivières est constaté, créé par la rencontre de matières en suspension et d’hydrocarbures suivi de déserts craquelants et blanchâtres quand l’eau se retire ou au contraire un sol poisseux d’huile…

Ainsi en 1974, la presse locale se fait l’écho des problèmes rencontrés sur Willems, du fait de la pollution de la Petite Marque et du Riez Simon, son affluent, presque totalement obstrué, au grand dam des agriculteurs. A l’époque la communauté urbaine a posé un diagnostic mais n’a pas encore oeuvré à la solution. Curer le cours d’eau équivaudrait à poser un emplâtre sur une jambe de bois et il faut donc réfléchir à une solution d’ampleur.

L ‘opération anti pollution de 1974 (Documents Nord-Eclair)

Par ailleurs des irresponsables considèrent le lit de la rivière comme un déversoir de détritus et n’hésitent pas à s’y débarrasser de leurs déchets encombrants. Ainsi en 1976, des tonnes de mazout sont déversées dans la rivière avant d’y brûler et l’on y retrouve souvent des cadavres d’animaux victimes de la pollution, notamment un héron de passage englué dans le mazout.

Un héron englué dans le mazout ensuite incendié à Forest (Documents Nord-Eclair)

Un plan est alors élaboré, en 1976, pour « dépolluer la rivière qui brûle » : la petite Marque. L’agence de bassin Artois-Picardie attribue le problème à 2 sources principales : les pollutions urbaines (environ 20.000 équivalents habitants) et industrielles (environ le double). Il en existe de 3 types : la pollution organique, les matières en suspension émises principalement par l’entreprise Balamundi de Baisieux et les hydrocarbures issus essentiellement de l’entreprise Imperator de Baisieux et Willems.

Les pollutions urbaines et industrielles organiques devront donc être acheminées jusqu’à la station d’épuration de la ville nouvelle implantée sur Forest-sur-Marque. L’usine Imperator devra traiter elle-même sa pollution et procéder à une épuration classique et Balamundi devra faire de même au moins en partie le reste étant acheminé à la station d’épuration de Villeneuve d’Ascq.

Quant à toutes les teintureries de Hem et Forest elles devront installer un appareillage de pré-traitement des eaux qui seront ensuite acheminées vers cette même station. Resterait le problème de l’entreprise Brabant, régénératrice de solvants à Tressin, qui pollue en discontinu.

Dépolluer la rivière qui brûle (Document Nord-Eclair)

Sur Hem, une association dynamique, l’association de promotion des activités nautiques de Hem pratique le canoë-kayak et œuvre pour le nettoyage de la rivière dans les années 1980. A cette époque la balade sur la rivière est plutôt agréable au moins jusqu’à l’arrivée de la Petite Marque venue de Willems, noire et charriant des matières en suspension, et dont les rives paraissent mazoutées et huileuses. Ce n’est que passé le pont d’Hempempont que la rivière redevient agréable.

Retour à la vie et à la lumière après Hempempont en 1984 (Document Nord-Eclair)

Au niveau de la ville de Hem, c’est en 1989 qu’ une nouvelle canalisation est installée derrière la Résidence de la Marque, laquelle passe par l’avenue Delecroix et se branche sur la station d’épuration de Forest-sur-Marque afin de collecter les eaux usées des habitations et des entreprises riveraines : Lenfant et SIH. Ces travaux sont financés par la Communauté Urbaine.

Le nouveau collecteur de la ville de Hem (Document Nord-Eclair)

En 1990, la ville s’attaque au problème des dégâts causés par les rejets industriels dans la rivière. La presse locale annonce qu’un tout nouveau réseau sous forme d’un gros collecteur de 80 cm de diamètre va être installé entre l’ancien site Gabert, drainé dans le cadre de l’aménagement de la zone d’activité Le Rivage, et la rue Jules Ferry. Son rôle consistera à recueillir les eaux de ruissellement ainsi que les eaux usées et il sera ensuite prolongé jusqu’à Hempempont.

Une station de refoulement sera créée au niveau de l’ancien site Gabert, un dispositif qui permet d’envoyer sous pression et dans la bonne direction les eaux collectées. Enfin un séparateur de flots effectuera un tri entre les eaux usées des riverains qui doivent être traitées et les eaux de pluie qui peuvent être rejetées directement dans la Marque.

La Marque va mieux respirer 1990 (Document Nord-Eclair)

Mais la pollution n’est pas le seul problème rencontré. Réduite à un modeste filet d’eau en été, la rivière peut au contraire se répandre sur des centaines de mètres de large en hiver au grand dam des chemins, cultures, caves, voire même des maisons, surtout dans les plaines humides. Les villes de Hem et de Forest mais aussi celle de Willems notamment sont souvent confrontées au problème.

Zones inondables (Document Historihem)

La situation s’aggrave dans les années 1970, avec l’urbanisation galopante. En effet jusqu’alors la surface cultivée était suffisante pour absorber les eaux de pluie, mais l’extension des surfaces couvertes par des bâtiments ou des routes a entrainé l’imperméabilisation du sol qui, couvert de béton, n’absorbe plus les eaux de pluie et les entraine dans la Marque. En parallèle l’urbanisation croissante augmente le débit de celle-ci qui reçoit donc à la fois les eaux d’écoulement et les eaux usées.

Par ailleurs la rivière n’est plus curée depuis que la Communauté Urbaine a repris les compétences de l’ancien syndicat de la vallée de la Marque. Or la pollution et l’écoulement des boues rendent plus nécessaire que jamais le curage de la rivière.

En période de fortes pluies les champs se couvrent presque entièrement d’une eau qui les fait ressembler à des étangs. Parfois le phénomène commence dès le mois d’octobre et peu durer jusqu’à la fin du printemps. Il a alors des conséquences importantes pour les agriculteurs dont le rendement des fourrages et des cultures peut diminuer de moitié sur certaines terres.

Les inondations s’aggravent dans la vallée de la Marque (Document Nord-Eclair)

L’aggravation des crues au fil des décennies est en partie due au fait que le bassin de la Marque dépend de plusieurs organismes lesquels manquent de coordination. Le constat s’impose : il faut un aménagement global et, en 1985, est créé le syndicat intercommunal de la Marque, présidé par le maire de Willems.

Après une étude demandée à la direction départementale de la navigation, la solution adoptée consiste en l’aménagement de bassins inondables en périodes de crues, capables d’éponger les hautes eaux et de restituer de l’eau ensuite pour soutenir le débit. Il faut aussi préserver les haies et les arbres et contrôler les constructions.

En 1985, on estime à 40 le nombre de barrages importants constitués essentiellement par la chute d’arbres. Ils empêchent l’eau de s’écouler normalement, ce qui a pour effet d’amplifier les inondations. Un nettoyage léger s’impose : les arbres concernés sont coupés et redéposés sur les rives.

Un nettoyage léger de la rivière en 1985 (Document Nord-Eclair)

Il faut également faire le nécessaire pour que les eaux usées soient traitées et un gros travail reste à faire sur ce point. Sur 3 ans d’énormes progrès ont lieu avec le rattachement des secteurs de Croix Barbieux et Roubaix à la station d’épuration de Marquette et celui de Forest-sur-Marque à la station de Villeneuve d’Ascq. Restent à y rattacher Hem, Willens, Tressin et Baisieux.

Par ailleurs un plan de curage de la rivière en 4 tranches à partir de Wasquehal est monté par le syndicat en accord avec les services du département, de la région et de l’Etat. Les subsides de ces 2 partenaires doivent être versés dans le cadre d’un contrat de plan de rivière d’une part et d’un autre d’hydraulique agricole (chaque année des centaines d’hectares de terres agricoles étant noyés par les débordements de la rivière). Malheureusement un blocage dans le versement entraîne le report des travaux.

Et en 1988, sur les communes d’Hem et Forest-sur-Marque, les débordements sont particulièrement spectaculaires. Les raisons sont multiples : de fortes précipitations alliées à une absence de gel, l’absence de curage de la rivière depuis longtemps, et l’imperméabilisation des terres due à la construction en nombre de routes et de maisons.

Les inondations de Hem et Forest-sur-Marque en 1988 (Document Nord-Eclair)

L’année suivante l’opération de curage de la rivière, commencée entre la Planche Epinoy et Wasquehal, se poursuit entre Hempempont et la Planche Epinoy. Le chantier commence par l’aménagement de 2 sites de dépôt pour recevoir la vase, laquelle contient notamment des produits chimiques qui ne doivent pas atteindre la nappe phréatique.

A l’Hempempont un accord est trouvé avec les propriétaires des terrains traversés et des pelles hydrauliques peuvent donc entrer en action depuis les rives. Par ailleurs des techniques spéciales sont utilisées comme le fraisage et le pompage à partir d’une barge, avec rejet dans un bassin de décantation installé sur l’ancien site de la teinturerie Gabert.

Curage de 1989 et techniques spéciales de curage (Document Historihem)

La troisième section de curage programmée concernera la partie de la rivière entre Hempempont et les lacs villeneuvois. Le plus gros du curage sera alors achevé, la hauteur de la vase au delà des lacs villeneuvois étant nettement moindre. Mais, une fois le curage réalisé jusqu’aux lacs les inondations des secteurs d’Hem et Forest-sur-marque sont considérablement réduites mais non totalement supprimées car il faudrait pour cela doubler le gabarit de la rivière ce qui s’avère impossible en milieu urbain. La durée des inondations est également moindre puisque les eaux s’éliminent plus vite grâce à un écoulement plus facile dans la Marque.

Le Conseil Général au fil de la Marque (Document Historihem)

Mme Massart, maire de la ville, et Mr Deffontaine, président du syndicat intercommunal du bassin de la Marque et vice-président de la CUDL peuvent descendre la Marque, en 1991, en compagnie de Bernard Derosier, président du Conseil Général et constater, au cours de cette promenade bucolique au fil de l’eau, les énormes progrès alors réalisés en matière d’environnement et d’assainissement. Pourtant il reste beaucoup à faire et le Conseil Général s’engage alors dans un programme d’aide à l’assainissement des communes d’une durée de 10 ans.

La crue de janvier 2003 et les inondations importantes survenues sur Hem démontrent en effet que 2 zones sises le long de la Marque Nord restent principalement exposées aux aléas inondation et principalement Hem et Forest-sur-Marque ainsi que Villeneuve d’Asq, Anstaing, Tressin et Chereng. Un plan de prévention des risques d’inondations (PPRI) de la Marque a été approuvé en 2015 visant les phénomènes de débordement de cette rivière et de ses affluents.

La crue de janvier 2003 à Hem (Document nord.gouv)

Par ailleurs la Métropole Européenne de Lille s’engage en 2022 dans un programme de reconquête écologique des cours d’eau métropolitains dont la Marque et décide de lancer différents projets visant à améliorer leurs conditions écologiques au bénéfice de la biodiversité locale, la maîtrise des inondations et l’atténuation des effets des changements climatiques.

Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Tell et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem et enfin à Paul Delsalle pour son ouvrage sur l’ Histoire de la Vallée de la Marque.

La Piscine des Trois Villes à Hem

Le 21 mars 1972, les municipalités de Roubaix, Hem et Lys-lez-Lannoy décident de la création d’un syndicat inter-communal à vocation unique : l’équipement sportif du quartier des Trois Villes. C’est Mr Desmulliez, député et maire de Lys-lez-Lannoy qui en est le président.

Les 3 maires se mettent également d’accord sur la réalisation d’un premier équipement : une piscine à construire entre la maison médicale et l’école de Longchamp, le long de l’avenue du président Coty. Le modèle de piscine « Plein Ciel » choisi est accepté par le Secrétariat d’ Etat à la jeunesse et au sport.

Exemple de piscine plein ciel en 1973 (Document Nord-Eclair)

La piscine à construire aux Hauts-Champs fait partie de l’opération Mille Piscines lancée par le gouvernement et qui consiste à couvrir le pays d’autant de bassins de natation. L’ouvrage doit coûter 1,2 million de francs subventionnés par l’Etat à hauteur de 45% et par le Conseil Général à hauteur de 10%, le reste étant à la charge du syndicat inter-communal (à participation égale pour chacune des 3 communes).

La piscine plein ciel est un modèle tout temps dont l’originalité consiste dans le fait que, bien qu’elle se présente comme une piscine couverte, elle s’ouvre complètement, le toit, la façade et un côté s’escamotant ; seul est inamovible le mur de protection contre le vent côté Nord. La piscine va comporter un bassin de 25m sur 10, des vestiaires, des douches et une chaufferie.

Vues aériennes du quartier en 1971 et 1976 (Documents IGN)
La piscine en construction en 1975 (Document Nord-Eclair)

La piscine qui devait ouvrir idéalement en 1974 est encore en travaux en 1975 mais le bassin en pente douce commence à prendre forme et une ouverture en mai ou juin 1975 apparaît possible. Les habitants du quartier suivent le projet avec intérêt et une commission de l’Union des Associations des 3 Villes s’est déjà mise en place pour réfléchir au meilleur usage du futur équipement.

La piscine en cours de travaux en 1975 (Document Nord-Eclair)

En Juin 1975, les travaux sont en voie d’achèvement, l’aménagement des voies d’accès est en cours et la construction du logement du concierge va bientôt commencer. Reste à effectuer le nivellement des abords, le semis du gazon et la pose d’une clôture. En revanche reste le problème de recrutement du personnel à régler, seuls le gérant et le chef de bassin ayant été trouvés. La piscine doit employer 10 personnes, 3 employés administratifs, 4 maîtres-nageurs dont un maître de bassin et 3 personnes de service.

Ouverture prochaine en 1975 (Document Nord-Eclair)

L’ouverture de la piscine étant initialement prévue pour la rentrée de septembre en raison du retard pris dans les travaux puis dans le recrutement de personnel, le mécontentement des futurs usagers a poussé les enfants à manifester dans la rue leur volonté de pouvoir accéder à leur nouvel équipement dès l’été.

Manifestation des enfants en 1975 (Document Nord-Eclair)

Le syndicat inter-communal, soucieux à la fois de contenter les futurs usagers et à la fois d’assurer une sécurité maximale à ceux-ci, tant en termes de finition des locaux, qu’en termes d’encadrement, a donc opté pour une ouverture début août. Le public y a accès de 9h à 12h et de 14h à 19h. En revanche pour cette année les centres aérés ne pourront pas y accéder.

1ers plongeons dans la piscine des 3 villes (Document Nord-Eclair)

La piscine, payée à égalité par les 3 communes, doit obligatoirement être à disposition des 3 populations de manière équitable. Chaque commune dispose donc, dès la prochaine rentrée, de 2 demi-journées par semaine pour ses établissements scolaires à charge, pour chaque municipalité, de répartir celles-ci entre les écoles de sa compétence. Quant au club de natation, qui doit être représentatif des 3 communes, il a droit à 2 séances par semaine en soirée au départ.

Bien vite le bilan des activités de ce nouvel équipement sportif, au sein d’un quartier à la moyenne d’âge très jeune, est élogieux. La piscine assume pleinement ses fonctions d’éducation, de loisirs et de service public dans le quartier Hauts-Champs-Longchamp.

Piscine en 1990 (Document Historihem)

Dans les années 1990, la piscine des 3 villes nécessite quelques travaux de réfection et de remise aux normes, notamment par la pose d’un toit fixe ainsi que par l’agrandissement des vestiaires. Au cours des 5 mois de fermeture le hall d’entrée est également modifié, l’isolation améliorée et une extension des bâtiments permet la création d’une pataugeoire pour enfants, d’un sauna ainsi que d’un solarium en terrasse.

La piscine avant les travaux et en travaux en 1992 (Document Historihem)
L’inauguration de la piscine rénovée en 1993 (Documents Historihem)

Dans les années 2000, des problèmes financiers se font sentir, car si la piscine est très appréciée, force est de constater qu’elle coûte cher : un budget de 4 millions de francs mangé à 70% par les salaires et l’eau. La ville de Roubaix ne cache pas sa volonté de se désengager d’autant qu’elle assume déjà le coût de 2 autres piscines à savoir la Potennerie et Thalassa.

Les difficultés de l’an 2000 (Document Nord-Eclair)

Impossible de trouver d’autres partenaires pour les villes d’Hem et de Lys car les villes voisines, contactées, préfèrent largement continuer à payer un ticket d’entrée plutôt que de se lancer dans une opération aussi onéreuse. Or si la situation financière de la piscine de 3 villes est délicate celle de 2 villes ne serait pas tenable.

Un audit rendu en 1999 pointe les difficultés de gestion de l’équipement et prévoit les conséquences si Roubaix venait à se retirer du syndicat inter-communal, ce qui, pour l’instant, fait l’objet d’un refus préfectoral. D’ores et déjà, 2 salariés sur 11 sont mutés dans les mairies d’ Hem et de Lys-lez-Lannoy, afin de soulager les frais de personnel. Il faut resserrer l’équipe sans toucher aux maîtres-nageurs et restreindre les créneaux horaires.

A suivre…

Remerciements à la ville de Hem et à l’Association Historihem

La Marque : Nature et Ruralité

Le nom de cette rivière, affluent de la Deûle, vient d’un mot germanique : « marko » qui signifie « la marécageuse ». Longue d’une quarantaine de kilomètres seulement, elle a pourtant joué un très grand rôle dans l’histoire et la vie économique de l’agglomération de Lille-Roubaix-Tourcoing où elle dessine un demi-cercle depuis sa source à Mons-en-Pévèle jusqu’à sa confluence avec la Deûle à Marquette. Dès Pont-à-Marcq elle entre dans une plaine humide et marécageuse qu’elle retrouve à nouveau après Tressin, et d’où elle tire certainement son nom.

Le village de Ham en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)

Hem vient de Hamma qui signifie : langue de terre se projetant en terrain d’inondation, soit un segment avançant dans les marais de la Marque. Une des premières orthographes de Hem est d’ailleurs Ham. Ses premiers occupants d’après les historiens : « peu d’hommes, des friches, des marécages, des taillis, des huttes de boue et de branchages réunies en hameaux qu’entourent des haies d’épines ».

Le bassin de la Marque est d’abord rural : un peu d’élevage, essentiellement des bovins ; énormément de terres labourables avec prépondérance des céréales mais aussi des pommes de terre et des endives. Le petit peuple vit alors de l’élevage des oies et de l’extraction de la tourbe. Les prairies se trouvent essentiellement au sud de Hem le long de la Marque de Hempempont jusqu’au Château d’Hem et ses terres labourables.

L’agriculture autour du Château d’Hem en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)

« Le domaine est composé de la basse cour et du château proprement dit accompagné de ses jardins. Chacun de ces éléments est entouré de fossés remplis de l’eau de la petite Marque qui y serpente et fertilise les prairies où paissent des animaux. La basse cour, en briques, couverte de tuiles, comprend une série de bâtiments disposés sur trois côtés seulement et où se situe un imposant portail d’entrée, précédé d’un pont et accompagné d’une tour ronde à gauche, carrée à droite, d’un corps de logis à gauche, d’un pigeonnier à toiture en bâtière, d’une grange et d’étables.

Un pont relie cette ferme au château dont l’organisation est complexe puisqu’il est composé de deux cours et que la courtine se prolonge vers l’horizon au delà de la deuxième cour. Des tours cantonnent chacun des angles de ces deux cours, les unes carrées, les autres rondes, les unes modestes, les autres imposantes ou élancées. La destination des bâtiments est difficile à identifier. Tous sont disposés autour de la deuxième cour, tandis qu’autour de la première n’existent que des courtines régulièrement percées, hormis les tourelles précédemment citées et les portes. L’une d’entre elles donne sur un jardin dont le dessin figure une croix de Saint Louis, semble t il. »

Peinture d’Adrien de Montigny représentant le château en 1603 (Document Historihem)

La petite Marque, affluent de la Marque, longue de 9kms, prend sa source à Willems et dans son eau autrefois limpide on pêchait le brochet et la carpe. Ses eaux alors alimentaient les douves du Château d’Hem . Toute la zone comprise entre le parc du Château Wattine, à la limite de Forest et d’Hem, était drainée par une myriade de fossés.

Dès l’avènement des Comtes de Gand, du temps du premier château féodal d’Hem, des rouissoirs dotés d’écluses font parfois monter les eaux des cultures de ses voisins de Willems, suscitant leur mécontentement. Au dessus des terres du château d’Hem, au 18ème siècle, des moulins se trouvent sous le hameau de Valet (actuelle vallée) à l’emplacement approximatif de la briqueterie de la rue du Calvaire.

Les moulins de Hem en 1726 (Document Historihem)

Entre 1800 et 1920, la partie agricole d’Hem garde une place importante dans l’activité des villageois. Les rendements des terres sont remarquables tant elles sont bien entretenues et abritées des vents par toutes les crêtes boisées et elles bénéficient de l’humidité provenant de la Marque.

Au vingtième siècle, la rivière attire les habitants dans la partie amont et l’aval se tertiarise. Hem se structure en 3 parties : les industries sont localisées au bord de la Marque, des grands ensembles sont construits au nord à la limite de Roubaix pour loger la population ouvrière et au sud se situe un quartier plus résidentiel.

Photo aérienne de 1932 (Document IGN)
La famille sur le pont enjambant le cours d’eau (Documents collection privée)

Ainsi, dans la rue de Croix qui mène dans la ville du même nom, s’établit le Château de la Roseraie au n°111. Il est construit par Louis Leclercq-Huet qui descend d’une famille d’industriels. Comme le montre la vue aérienne de 1932, La Roseraie, ce n’est pas qu’une grande demeure majestueuse. C’est également un énorme terrain qui comprend, outre la bâtisse principale : plusieurs dépendances puis une ferme, des jardins, des prés, un cours d’eau…

Série de cartes postales de la Roseraie et une photo sur l’élevage dans le domaine (Documents collection privée)

Ainsi que le montre la série de cartes postales éditées sur le domaine à l’époque de sa construction, de multiples activités s’y déroulent, liées au cadre champêtre de l’endroit et à la présence du cours d’eau : élevage de bovins, d’ovins, de poules, pêche, canotage, vergers et magnifiques jardins.

Série de cartes postales de la Roseraie sur les jardins et vergers, la pêche et le canotage (Document collection privée)

La Marque alors poissonneuse fournit carpes et anguilles. Celles-ci deviennent d’ailleurs le plat de référence d’un restaurant fort prisé et fréquenté situé plus près du centre d’Hem, dans la même rue : l’Auberge d’Hempempont. Dans la série de cartes postales consacrée à celle-ci les viviers, l’écorcherie et la cuisine sont mises en valeur afin d’assurer la publicité de l’établissement.

Série de cartes postales de l’Auberge d’Hempempont (Documents collection privée)

La pêche se fait alors à la fois en rivière et en viviers. : les anguilles sont une source de nourriture fraîche ou fumée ; des viviers de carpes et tanches peuvent être aménagés en tous endroits. La chasse est également beaucoup pratiquée, Hem étant un terrain accueillant de multiples oiseaux sauvages : des échassiers de toute taille comme les cigognes qui chaque année passent à Hem, Lannoy et Lys. En 1968 à Hem, La Marque est encore une réserve de poissons. Aujourd’hui seuls les étangs permettent ce loisir tels que la base de loisirs du 90, avenue Delecroix avec son étang de pêche.

La base de loisirs et l’étang de pêche (Documents site internet)

En revanche, la Marque n’est pas un axe de circulation car son débit est trop faible. Bien au contraire, elle représente surtout un obstacle dans la mesure où elle coule souvent dans une plaine inondable, voire au milieu des marais et son passage est donc difficile. D’où l’importance stratégique des ponts qui le permettent.

La Marque et ses marécages sont ainsi, au cours de l’histoire, un obstacle important pour les troupes armées. Le pont de l’Hempenpont est alors l’ un des seuls passages praticables entre la Chastellenie de Lille et le château de Lannoy. Les armées vivent en ce temps-là sur le dos des habitants. A chaque conflit, le village de Hem et ses habitants subissent les pillages des troupes quelle que soit leur nationalité.

Croquis des ponts (Document Historihem)

Les 2 routes donnant accès à Hem par le sud traversent la rivière, l’une venant de Flers à l’Hempempont au « panpont d’Hem » et l’autre venant de Forest au pont de Forest. Ce pont est situé sur le territoire de Forest, village devenu plus tard la ville de Forest-sur-Marque.

CPA du pont de Forest qui enjambe la Marque (Documents collection privée)

Le pont d’Hempempont est encore aujourd’hui le seul pont existant sur le territoire de Hem. Le marquis d’Hem dispose à l’époque féodale, d’un droit de péage sur ce pont. Sans ces péages dédiés aux routes, la presque totalité des ponts et autres ouvrages destinés à franchir les passages difficiles, construits en France jusqu’au dix-septième n’auraient en effet pas existé et, après la construction, il fallait entretenir, réparer et surtout reconstruire.

Pont d’ Hempempont (Document BD Au Temps d’Hem)

Ce pont, en bois et très étroit à la fin du 19ème siècle, est d’une grande importance pour la liaison Lille-Lannoy, tant pour le commerce que pour l’armée. Il est alors surveillé par les policiers du commerce extérieur (douaniers).

Au début du vingtième siècle la meunerie Dufermont à Hempempont a une petite déviation sur La Marque, coupée par des vannes. Pour actionner ces vannes, on a construit au dessus de l’eau une petite passerelle d’ailleurs très étroite.

En octobre 1918, les allemands, qui ont fait sauter le Pont d’Hempempont, ont omis de faire sauter la passerelle de la meunerie Dufermont. Les anglais, profitant de cette aubaine inespérée, se lancent à la poursuite des allemands qui, de ce fait, n’ont pas le temps de faire sauter les habitations et les usines d’Hem.

Vue de la passerelle de la meunerie en 1964 (Document Historihem)

Au cours de la seconde guerre mondiale le pont d’Hempempont conserve également son importance stratégique. Les uns le font sauter et les autres le réparent comme sur une photo de 1940 où les soldats allemands travaillent à sa réparation après le départ des anglais.

Les allemands réparent le pont en 1940 (Document collection privée)

A part ces deux ponts, seules quelques passerelles pour piétons permettent de traverser la Marque dans la commune. Après la seconde guerre mondiale il n’est pas rare de voir les habitants se baigner encore dans la rivière pourtant déjà bien polluée en raison de l’industrialisation de ses rives.

Photos de passerelles et baignades dans la Marque (Documents Historihem)

A suivre …

Remerciements à l’Association Historihem ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Tell et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem et enfin à Paul Delsalle pour son ouvrage sur l’ Histoire de la Vallée de la Marque.

Complexe Michel Hidalgo (Suite)

L’année suivante quatre courts de tennis supplémentaires rejoignent les 3 premiers, deux courts couverts en terre battue dans le prolongement du bâtiment existant ainsi que 2 courts extérieurs en béton poreux. S’ajoutent à la nouvelle construction un club-house agrandi, un local à matériel et un large couloir permettant au public de suivre ce qui se passe sur les courts à travers des vitres et aux joueurs revenant des terrains en terre battue de ne pas traverser et donc salir les terrains synthétiques. Un an plus tard le tennis club reçoit la visite de Philippe Chatrier, président de la Fédération Française et de la Fédération Internationale de Tennis.

Inauguration des 4 nouveaux courts par Mme Massart (Document Nord-Eclair)
Visite de Philippe Chatrier en 1991 (Documents Historihem)

Dix ans plus tard, la refonte du site Hidalgo-Lionderie fait partie du Grand Projet Hémois : au programme la maison du foot et également l’aménagement des terrains et d’espaces de jeux avec accès réglementé. Pourquoi une maison du foot ? Parce que la ville compte 7 clubs pour 594 licenciés répartis en 31 équipes. L’objectif est donc de les fédérer en y rassemblant leurs sièges.

Le bâtiment en lui même ouvre sur la rue de la Lionderie. Il est simple, avec un socle en briques et un étage en bois. La partie gauche du bâtiment accueille les vestiaires et la droite une salle polyvalente. L’étage abrite les bureaux et les locaux annexes, un espace détente, une bibliothèque et un centre de documentation.

La plaine de jeu actuelle côté Lionderie et la future maison du foot (Documents Nord-Eclair)

Ainsi les photos aériennes du site Hidalgo-Lionderie montrent en 1995 un aspect qui reste champêtre surtout côté Lionderie pour faire place, 10 ans plus tard à un site beaucoup plus structuré avec l’apparition de la maison du football rue de la Lionderie.

En 2005, lors d’une journée portes ouvertes, les visiteurs découvrent la magnifique bâtisse dédiée au foot et à la convivialité et les clefs sont remises aux dirigeants des clubs qui vont occuper le lieu. Et quel lieu : auprès du terrain synthétique en fonction depuis un an, une aire de jeux accessible aux tout-petits, des vestiaires, un club-house, des bureaux pour les 4 clubs hémois (Olympic Hémois, AJTF Foot, Union Saint-Louis et Femina Omni Sport), une salle de convivialité à réserver auprès du service des Actions Culturelles, prouvent qu’il s’agit bien d’un espace dédié tant au sport qu’à la convivialité. Les deux agents en charge de la structure sont présents : Mohamed Benakouche, concierge et Saïd Demdoum qui va coordonner l’école de foot. Le nom est choisi, après consultation des habitants, à savoir : Aimé Jacquet.

Photos aériennes du site Hidalgo-Lionderie de 1995 et 2004 (Documents IGN)
Photo du maire et de son adjoint aux sports et de la maison du foot intérieur en 2005 et extérieur rue de la Lionderie en 2005 et 2008 (Documents Tout Hem, Ville de Hem et Google Maps)

Un skate park voit le jour la même année au stade Hidalgo. Mais ce n’est qu’en 2014 au moment de la sécurisation du stade, avec le remplacement du vieux grillage par une grille destinée à empêcher les intrusions, que le skate park obtiendra une entrée indépendante donnant directement sur la rue. Un an plus tard, pour ses dix ans, de nouveaux modules seront installés pour accueillir, en plus des skateurs, les amateurs de trottinette acrobatique.

Photos du skate park (Documents Facebook et Voix du Nord)

Pendant ce temps la tribune du stade Hidalgo présente des signes certains de vieillissement : son toit fuit, ce qui provoque d’une part la grogne des supporters les jours de pluie et d’autre part la détérioration du revêtement qui couvre le sol de la tribune. Il faut donc réparer la charpente et procéder à des travaux de peinture et d’étanchéité afin de redonner belle allure à cet équipement qui se voulait « de standing ».

Parallèlement les installations du Hem Tennis Club bénéficient elles aussi d’améliorations au niveau de l’éclairage. Une réfection totale du réseau s’accompagne de l’installation d’un double niveau : intensité moyenne pour les entrainements et plus forte pour les compétitions, afin de parvenir à réduire la facture électrique du club.

Réfection de la tribune (Documents Tout Hem)

Et, deux ans plus tard une superbe piste d’athlétisme en résine synthétique est construite, longue de 400 mètres, composée de 6 couloirs en anneaux ainsi que 6 couloirs en ligne droite, installée sur la piste pré dessinée lors de l’ouverture du stade en 1989. La piste est de suite investie par les jeunes adhérents d’Atlemouv (ou Athl’Hemouv), association d’initiation à l’athlétisme, pour les garçons et filles de 8 à 12 ans, créée quelques mois plus tôt et qui s’ouvrira aux adultes 2 ans plus tard en 2009.

Athlemouv et la nouvelle piste d’athlétisme en 2007 (Documents Tout Hem)

En 2008, Daouda Sow, boxeur hémois devient vice champion olympique aux jeux de Pekin et tout naturellement le nouvel engouement pour ce sport amène la construction sur le site Hidalgo d’une nouvelle salle dédiée de 260 mètres carrés, équipée de deux rings à même le sol, de deux vestiaires et d’un sauna, toute en bois, ossature et charpente, avec un revêtement extérieur en mélèze.

Daouda Sow, vice champion olympique hémois en 2008 et la nouvelle salle de boxe en construction en 2008-2009 et terminée en 2009 (Documents Tout Hem)

Depuis le stade Hidalgo, outre les matchs de foot, le tennis, la boxe et le skate, accueille de multiples événements sportifs, caritatifs ou de simples loisirs pour les quartiers alentour. On peut citer entre autres : la première journée de prévention routière ou l’immersion des jeunes du centre social dans le métier de footballeur professionnel et l’athlétisme dans les quartiers, la course des enfants des écoles hémoises avec Oxyg’Hem, des animations pour ouvrir le complexe Hidalgo sur tous les quartiers à l’initiative de l’Olympic Hémois et du Boxing Club, la course au profit de l’association ELA qui soutient la recherche contre les leucodystrophies ou enfin « Sea Hem and Sun » avec une dizaine de jeux gonflables en tous genres dispersés sur la pelouse.

Si l’on ajoute à tout ce qui a été cité les 2 équipements sportifs de la rue Jean Jaurés, à savoir la salle Emile Delcourt où se pratique le basket ball et la salle Cruyppeninck qui accueille le tennis de table, toutes deux reliées au stade Hidalgo situé dans une rue perpendiculaire, on obtient un complexe sportif impressionnant qui révèle les ambitions de la ville en matière de sport et la vitalité des différents clubs hémois.

Photo aérienne de 2023 (Document Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem et à la Ville de Hem

Tissage et impression sur étoffes Henri Duprez (Suite)

A titre personnel Henri Duprez a été profondément bouleversé par la tragédie du train de Loos, convoi de déportés, résistants et politiques, affrété par les allemands en septembre 1944, le dernier à avoir quitté la France vers les camps de la mort, et qu’il se sent coupable de n’avoir pu empêcher. Il est aussi révolté par la situation des parvenus au lendemain de la libération, des gens assoiffés d’honneur, entrés dans la résistance quand tout danger était écarté…C’est peut-être pour ces deux raisons qu’il n’ écrit son livre que 35 ans après la fin de la guerre.

Photo d’Henri Duprez en 1980 (Document Nord-Eclair)

Ce n’est qu’en 1979 en effet qu’Henri Duprez écrit un livre sur la résistance dans le Nord, intitulé : « 1940-1945, même combat, dans l’ombre et la lumière ». Il s’agit d’un livre poignant sur le quotidien de la France résistante, de ses tous débuts à la fin de la guerre. Il y relate le cortège de sacrifices et de souffrances endurés la plupart du temps par des « Monsieur ou Madame tout le monde », anonymes juste guidés par l’humanisme.

Couverture du livre d’Henri Duprez édité en 1979 (Document Musée de la résistance)

A l’occasion de la sortie du livre il se raconte un peu à Nord-Eclair, malgré sa discrétion habituelle. Ainsi il révèle avoir fait ses premières armes à l’âge de 13 ans, alors qu’il était élève à Saint-Louis, dans Roubaix occupée, quand il transportait en Belgique, sous la première occupation, des exemplaires du journal clandestin : l’Oiseau de France, son « cours préparatoire » en vue des années noires de 1940 à 1944.

En-tête du journal clandestin : l’Oiseau de France (Document BNF)

Entretemps, après-guerre la société s’est encore développée et c’est dans les 25 années qui suivent que son activité est à son apogée. L’usine comporte un atelier de fabrication sur 2 étages, un bureau d’entreprise, une cour, un château d’eau, un logement patronal avec un étage et un magasin industriel.

Photo aérienne de l’entreprise en 1950 La rue de la gare est devenue rue de la Place (Document IGN)
Photos de l’intérieur de l’usine dans les années 1950-1960 (Documents Historihem)

C’est le moment où Henri Duprez commercialise les draps ton sur ton, les coutils et matelas, les couvre-lits confectionnés en tissu d’ameublement sous la marque « Lisières étoilées ». Son entreprise est ainsi présente sur un stand à la foire de Strasbourg en 1951 pour y présenter ses créations.

Lisières Etoilées affiche publicitaire (Document collection Privée)
Le stand Lisières Etoilées à la foire de Strasbourg en 1951 (Document Historihem)

Dans les années 1960, un magasin d’usine, destiné à vendre le blanc (draps de lit et linge de maison) et les fins de série des tissus d’ameublement voit le jour à Roubaix au n° 26-28 rue du Château, dans les anciens locaux d’Auguste Wattinne (fabricant de tissus dans les années 1920), puis Innovex (bonneterie dans les années 1940) puis Lalouette-Parent (négociant en tissus dans les années 1950). Ce magasin va fonctionner une dizaine d’années quotidiennement pour le linge de maison et ponctuellement pour les tissus d’ameublement avant d’être transféré à Hem en 1970.

Publicités du magasin d’usine de Roubaix en 1962 et 63 et en 1970 et Carte Publicitaire (Documents Nord-Eclair et collection privée)
En-tête de facture et différentes publicités des années 1960 (Documents collection privée et Historihem)

En 1967, Henri Duprez et Cie est devenue une grosse entreprise qui emploie 220 personnes. C’est durant cette année qu’un incendie se déclare dans la salle d’encollage et fait de gros dégâts. Malgré l’intervention du personnel, qui pense un temps parvenir à enrayer l’incendie, les pompiers de Hem et de Roubaix, lors de l’inspection de la toiture s’aperçoivent que le feu couve toujours et interviennent pendant une heure pour en venir à bout. Au total les dégâts sont de l’ordre de 15 à 20 millions d’anciens francs.

L’incendie de 1967, au dessus de la machine la toiture endommagée par le feu (Document Nord-Eclair)

Au début des années 1970, les établissements Duprez sont toujours répertoriés comme fabricants de tissus dans l’annuaire. Au cours de ces années les publicités se succèdent pour le magasin d’usine de Hem qui vend à prix imbattables son linge maison sous la marque Lisières Etoilées, organisant même des braderies et foires aux affaires sur de courtes périodes.

Publicités diverses de la marque (Documents Historihem)
Publicités braderies et foires aux affaires aux début des années 1970 à Hem (Documents Nord-Eclair)
Photo aérienne de 1971 (Document IGN)

Mais en 1974, l’entreprise est vendue et scindée en 3 parties : la SIH (société d’impression d’Hem) pour la teinture et l’impression, Domotex pour le négoce et la commercialisation sous la marque Lisières Etoilées, et Texdecor pour les revêtements muraux. Dès lors l’annuaire indique au n°48 Domotex, fabricant de linge de maison et au n°52 Société d’Impression d’Hem (SIH) impression sur tissus.

Domotex est immatriculé au registre du commerce et des sociétés comme commerce de gros de textile. L’établissement de Hem est un établissement secondaire de Domotex SA et fermera en 1995 tandis que l’établissement principal situé, depuis 1995, 169 rue Sadi Carnot à Saint-André lez Lille est toujours actif de nos jours.

Site internet Domotex de nos jours (Document site internet)

Domotex continue pendant 20 ans la commercialisation de la marque Lisières Etoilées, comme le montre une lettre de change de 1976 ainsi que de nombreuses publicités des années 1975 (dans un magasin d’usine agrandi et rénové) à 1995 annonçant les braderies de blanc au magasin d’usine de Hem. Mais de février à mars 1995 c’est la liquidation totale en raison du déménagement à Saint-André.

Lettre de change de 1976 (Document collection privée)
Publicités de 1975, 1985 et 1995 pour les ventes en magasin d’usine à Hem (Documents Nord-Eclair)

Texdecor est immatriculée au RCS comme commerces de gros d’appareils sanitaires et de produits de décoration. La société est située à Willems, au n°2 rue d’Hem à partir de 1974. Elle est spécialisée dans la commercialisation des revêtements muraux, revêtements acoustiques, tissus d’ameublement, papiers peints et panneaux acoustiques. La société est encore active de nos jours.

Photos de l’entreprise et publicité des années 1970 (Documents collection privée et Nord-Eclair)
Site internet Texdecor de nos jours (Document site internet)

Quant à SIH, la société d’impression d’Hem, l’entreprise de teinturerie a pour activité l’ennoblissement textile, et s’établit à l’endroit où se situaient les Ets Duprez. En 1974 elle compte alors 72 salariés et 20 ans plus tard ses effectifs sont passés à 230 personnes et elle souhaite s’agrandir dans la zone humide de la Marque où elle a acheté un terrain. Pourtant en 2019 la société fait l’objet d’une liquidation judiciaire.

Photos de l’entreprise SIH (Documents collection privée)
En-têtes de factures des années 1990 (Documents collection privée)
Photos aérienne de 1992 et 2004 (Documents IGN)

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui