Ecole Sainte Thérése (suite)

En 1988, Mme Massart met à l’honneur les enseignants des écoles libres lors d’une cérémonie en fin d’année, et félicite Mme Plouvier pour son départ en retraite en 1988 après 13 années passées à enseigner à Sainte Thérése. Elle récidive en 1989, avec un hommage appuyé au dévouement des enseignants et des félicitations à Mlle Delannay qui quitte Sainte Thérése pour une retraite bien méritée.

Mise à l’honneur des enseignants de l’école libre en 1988 (Documents Nord-Eclair)

En 2000, cette cérémonie traditionnelle perdure et Mr Vercamer organise une réception à la salle des fêtes avec Mr Grabowski, adjoint à l’enseignement. Tous deux mettent en avant les nombreux projets éducatifs menés à bien et « l’honorable mission » remplie par les enseignants. Trois enseignantes partant en retraite sont particulièrement mises à l’honneur et reçoivent la médaille de la ville parmi lesquelles Mme Demeulenaere, enseignante à Sainte Thérése.

Mise à l’honneur des enseignantes en 2000 à la salle des fêtes (Documents Nord-Eclair)

En 2004, François Bonte, directeur de l’école établit un projet d’école sur le thème « associer nos différences ». Il tient à rappeler qu’à l’origine, l’enseignement privé s’est installé là où il n’y avait pas assez d’écoles publiques et afin d’apporter l’enseignement à tous. Cette dimension d’accueil et d’ouverture a persisté pour toutes religions confondues. Le thème du spectacle de la kermesse de l’année est donc basé sur les rythmes des 5 continents.

Le spectacle de la kermesse de 2004 (Document Nord-Eclair )

A la fin de cette même année scolaire, la traditionnelle cérémonie consacrée aux enseignants par la municipalité est égayée par une prestation d’élèves de CM2 des écoles Saint-Exupéry et Sainte Thérése, qui, en l’honneur des instituteurs, présentent des extraits du spectacle Regards d’enfance. François Bonte, qui quitte Hem, est félicité ainsi que Laurent Alavoine qui l’a accompagné en classe de découverte.

Les instits… au tableau d’honneur (Document Nord-Eclair)

La presse locale met en avant les jeunes talents de l’école qui font chauffer les planches en 2014. L’école Sainte Thérése compte alors 10 classes avec un total de 273 élèves. Les maternelles jouent sur les couleurs et les primaires réalisent des chorégraphies endiablées pour cette kermesse offrant également animations, tombola et restauration.

Les jeunes talents font chauffer les planches en 2014 et photo aérienne de 2012 (Documents Voix du Nord et IGN)

Enfin en 2021, un important projet d’agrandissement voit le jour. L’objectif est double : accueillir les enfants inscrits sur liste d’attente et ceux de l’école Saint Charles Sainte Marie qui ferme ses portes. Laurent Alavoine, à la tête des deux écoles doit superviser le regroupement des deux établissements rue Jean Jaurès pour la rentrée 2022.

Laurent Alavoine chef d’établissement (Document Voix du Nord)

Pour ce faire un terrain mitoyen de 4600 mètres carrés a été acquis par l’Association Immobilière Roubaisienne, qui gère le foncier d’une partie des établissements relevant de l’enseignement catholique du diocèse de Lille. La maison de maître qui y était bâtie (une ancienne Maison d’Enfants) a été démolie et c’est là que vont être construits : une extension du réfectoire et des espaces administratifs, et un nouveau bâtiment accueillant 3 classes élémentaires supplémentaires.

L’ancienne Maison de l »Enfance et de la famille Les Loupiots mitoyenne (Document site agence immobilière)
Maison de maître rasée et préfabriqué installé dans le cour en Aout 2021 (Documents Voix du Nord)

Sur une autre parcelle, située au fond de la cour des maternelles, une autre extension va être réalisée, pour doter l’école d’une voire deux nouvelles classes de maternelle et d’une salle de garderie. L’école devrait ainsi pouvoir accueillir un effectif de 400 élèves dans 10 classes élémentaires et 4 classes maternelles. Dès la rentrée de 2021 une classe sera transférée de Saint Charles Sainte Marie (un préfabriqué est installé dans la cour dans l’attente de la fin des travaux) et les trois autres classes le seront à la rentrée 2022.

Projet de nouvelle école en façade sur la rue Jean Jaurès (Document Voix du Nord)

A la rentrée 2022, le chantier a pris du retard et tout n’est pas terminé mais le transfert des élèves peut avoir lieu comme prévu. Les anciens élèves de Saint Charles Sainte Marie seront accueillis dans le nouveau bâtiment flambant neuf qui a trouvé sa place au centre de la cour de récréation et accueille 3 classes de primaire ornées d’un tableau numérique.

Le bâtiment neuf accueillant 3 classes de primaires (Document Voix du Nord)

La classe de maternelle déjà installée depuis un an dans un préfabriqué va devoir y demeurer plus longtemps que prévu. Quant à l’extension de deux salles de classes prévues au fond de la cour, seule la dalle est actuellement existante.

Le bâtiment d’accueil, qui réunit les bureaux administratifs et le réfectoire, doit être étendu pour que ce dernier puisse accueillir confortablement maternelles et primaires. Les anciens locaux serviront à la création d’une salle de professeurs, l’équipe pédagogiques ayant été renforcée. A terme plus de 1000 mètres carrés auront été créés pour la rentrée 2023.

La dalle du futur bâtiment des maternelles et les classes initiales de l’école (Documents Voix du Nord)

En janvier 2023, les travaux avancent et le mur d’enceinte qui bordait le terrain est abattu et les fondations d’un futur bâtiment apparaissent (qui doit à terme accueillir le nouveau réfectoire et la nouvelle partie dédiée à l’administration) et le bâtiment destiné aux maternelles avance bien. Au printemps les deux classes de maternelle sont livrées et la salle de sieste déménage dans des locaux plus adaptés.

Les travaux avancent en janvier 2023 (Documents site internet)
Nouvelles classes et nouvel espace dédié à la sieste (Documents site internet)

La toute petite école de quartier, construite voici près d’un siècle, a bien grandi au fil des décennies et sa transformation apparaît à l’oeil nu tant lorsque l’on regarde sa façade sur la rue Jean Jaurès que lorsque l’on observe les photos panoramiques notamment celle de 2024 sur Google Maps et les photos de la cour de récréation avant travaux accolée à la maison de maître et après démolition de celle-ci.

Photos avant/après en façade, de la cour de récréation et photos aériennes (Document Google Maps, photos IT et site internet)

Remerciements à l’association Historihem

Affaire Leplat (suite)

L’affaire Leplat (livret de Jules Tardieu)

Inculpée de tentative de meurtre Adrienne Leplat est examinée par la suite par des médecins experts parisiens , lesquels concluent à sa folie et demandent son internement à vie qui a lieu à l’asile d’aliénés de Bailleul tandis que le magistrat instructeur signe donc une ordonnance de non-lieu. L’établissement psychiatrique s’étend sur plusieurs hectares, constitué de plusieurs pavillons noyés dans un parc et abrite plus de 900 femmes internées. Adrienne y reçoit les visites de son avocat, sa sœur et son fils Roger. Elle est très calme mais fait des projets d’évasion.

Portrait d’Adrienne et titres de journaux sur son état d’esprit et son évasion (Documents Le Matin et Bonsoir)

En janvier 1932, après avoir reçu une visite de son mari, puis d’une amie hémoise, elle s’évade de l’établissement par une fenêtre à l’aide de draps de lits noués entre eux et franchit le mur de clôture, mais elle se fait reprendre très vite, errante et blessée au pied. Rapidement, un groupement de défense se crée en sa faveur et une affiche signée « les amis réunis » invite la population hémoise à manifester pour sa mise en liberté.

Malgré une interdiction de la manifestation par la préfecture, des groupes munis de pancartes portant la mention : « Rendez une mère à ses enfants ; libérez Mme Leplat », constituent un cortège de près de 1.000 personnes qui voit bientôt les gendarmes intervenir pour les obliger à se disperser. La charge est rude et des manifestants sont blessés par les gendarmes ainsi que le maire de la ville Mr Delmet qui essayait de ramener au calme ses administrés.

Les manifestations en faveur d’Adrienne (Documents l’Humanité, la Dépêche et Paris Soir)
La manifestation de Hem (Document Journal de Roubaix)

Peu après, pour l’anniversaire du décès de sa fille, Adrienne commande des fleurs, depuis l’asile de Bailleul, à remettre à une voisine chargée de les déposer au cimetière sur la tombe de Gisèle, ce qu’elle effectue comme convenu. Pourtant lorsque la voisine retourne au cimetière plus tard c’est pour y retrouver la plante ensevelie sous un tas d’immondices et la photographie de la défunte placée dans un bloc de marbre ainsi que l’inscription gravée « Sa maman qui n’oubliera pas sa petite Gisèle chérie », souillées d’excréments elles aussi.

Titres de journaux sur l’acte odieux commis au cimetière de Hem (Documents l’Oeuvre et le Progrès de la Somme)

Une autre manifestation a lieu à Roubaix, rassemblant plus de 1000 personnes sur la Grand Place avant de se rendre en cortège jusqu’à la Place du Travail. Une autre encore est organisée à Lys-lez-Lannoy et plusieurs autres sont programmées. Elles ont pour but d’obtenir la libération de Mme Leplat, la révision de la loi de 1838 sur les aliénés et l’ouverture d’une enquête ministérielle, le tout en accord avec la ligue des droits de l’homme ; une pétition est adressée aux pouvoirs publics.

Philippe Coudert quant à lui dépose plainte auprès du procureur de Lille contre les docteurs Parmentier et Leplat pour établissement de faux certificat et internement arbitraire de sa fille. Le directeur de l’asile de Bailleul quant à lui fait état du calme de sa patiente et déclare qu’il ne peut rien faire puisqu’elle a été placée d’office dans son établissement sur décision de justice.

Le plaidoyer d’Adrienne Leplat, son portrait et le titre témoignage du directeur de l’asile de Bailleul (Documents l’Oeuvre et l’Excelsior)

Début 1933, une représentante de la Ligue des droits de l’homme rend visite à Mme Leplat qui y est internée depuis 2 ans. Calme et occupée à écrire sur son lit, l’intéressée remercie sa visiteuse, touchée que la Ligue s’occupe d’elle. Elle parle de son aînée, âgée de 15 ans, qui vit dans sa famille dans la Creuse. L’avenir de son petit garçon, qu’elle n’a vu que 4 fois en 2 ans et demi, l’attire à Hem et elle évoque avec douleur sa petite fille décédée là-bas. Sa santé est bonne et elle montre une résistance impressionnante à la détérioration de sa santé mentale.

Quelques mois plus tard, la même personne retourne voir Adrienne et constate que celle-ci n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle n’a plus d’appétit et a toujours froid. Elle est couchée car ses forces s’épuisent, au point qu’elle n’a plus le courage de s’occuper comme elle le faisait auparavant, et se révèle totalement découragée. Seuls ses enfants continuent à la préoccuper. La Ligue saisit le ministère de la Justice afin qu’une enquête soit ouverte concernant son cas depuis 1929.

Ensuite la situation n’évolue plus au niveau judiciaire et, à la fin de l’année 1933, il semble que la malheureuse Adrienne en raison de son isolement soit en voie de perdre la raison. Refusant de quitter sa chambre, elle refuse également de revêtir l’uniforme des aliénées. Elle a un sommeil hanté par les cauchemars et se trouve victime d’hallucinations. Son regard est devenu vide, son langage incohérent et ses propos inintelligents et elle n’exprime que dégoût pour sa personne d’après son avocat qui est désormais le seul à lui rendre visite.

Titres de journaux sur l’évolution de l’état d’Adrienne en 1933 (Documents l’Oeuvre)

Adrienne Leplat est morte en 1941 à Bailleul. Son cas a passionné non seulement la ville de Hem et le Nord de la France mais aussi l’ensemble du territoire national comme en témoignent les différents journaux dont les titres ont été repris en illustration. Il a même traversé les mers pour faire les gros titres de la presse américaine. Son cas reste emblématique de la question des internements arbitraires et de leurs dramatiques conséquences.

Article d’un journal américain (Document Chicago Tribune)

Ecole Sainte Thérése

En 1933, le vingt cinquième anniversaire de l’église Saint Joseph se fête dans le quartier des Trois Baudets. Les paroissiens pavoisent et, pour la circonstance, Mlle Pennel offre à la paroisse un terrain situé rue Jean Jaurès pour y construire une école privée: l’école maternelle et primaire Sainte Thérése qui reçoit la bénédiction le 1er Octobre.

Photo panoramique de la rue Jean Jaurès en 1933 (Document IGN)

Dix ans plus tard, alors qu’une Caisse des Ecoles Libres se crée dans la municipalité hémoise, on note que les quatre écoles privées de la ville (deux de garçons et deux de filles) regroupent 470 élèves contre 435 pour les écoles publiques. La cantine scolaire du quartier se trouve à l’école Paul Bert dans la rue des Ecoles voisine. En cette période d’après-guerre, c’est Mlle Lepers qui dirige l’école.

Photos de classe de l’école Sainte Thérése avant et après guerre et photo aérienne de 1947 avec la petite école sous forme d’un bâtiment allongé (Documents Historihem et IGN)

Dans les années 1950, chaque année, les anciennes élèves organisent, au profit de leur école, des séances cinématographiques tous publics à la salle des fêtes paroissiales. Ces comédies ravissent la population et assurent une rentrée d’argent pour l’école grâce au prix des places à réserver. Ainsi, en 1955, on note deux représentations du Manoir aux Oiseaux, alors que l’école est dirigée par Mlle Morel.

Publicité dans la presse locale en 1955 (Document Nord-Eclair)

Par ailleurs, en 1959, les parents d’élèves de l’association « Ecole et famille » de l’école Sainte Thérése assistent à une conférence donnée par Mr Henri Dubled, secrétaire général de la fédération des associations familiales d’éducation populaire de Lille et des Flandres, sur le thème de la situation de l’enseignement libre en France.

La situation de l’enseignement libre en France en 1959 (Document Nord-Eclair)

En 1964, l’école qui accueille 78 élèves dans une classe enfantine, un cours préparatoire et des cours élémentaires a besoin d’une rénovation. La restauration des classes est faite dans les meilleures conditions et aux moindres frais par une équipe dévouée de papas qui, durant les congés, apportent bénévolement la main d’oeuvre et les fournitures pour que leurs enfants bénéficient d’un cadre confortable et accueillant.

Restauration des classes en 1964 et photo de classe en 1965 (Documents Nord-Eclair et Copains d’avant)

Mlle Nelly Meunier, directrice de l’école, reçoit, en 1969, la croix de l’enseignement chrétien des mains de Mgr Gand, dans la salle des fêtes de l’évêché. C’est une récompense bien méritée pour ses 25 ans de dévouement dans les écoles du diocèse dont 12 ans dans la petite école hémoise.

La directrice décorée de la croix de l’enseignement chrétien en 1969 (Document Nord-Eclair)

Au début des années 1970, l’école a considérablement augmenté ses effectifs et compte 154 élèves. C’est la raison pour laquelle, en 1971, deux nouvelles classes sont construites, destinées aux élèves du cours moyen et du cours élémentaire 2. Une opération portes ouvertes a lieu à la rentrée de 1971, pour permettre aux enfants et à leurs parents de découvrir les nouveaux locaux et les enseignants.

Deux nouvelles classes pour l’école en 1971 et photo aérienne de 1976 où l’on constate l’allongement du bâtiment tout au fond (Documents Nord-Eclair et IGN)

Durant la décennie 70, les fêtes d’écoles se succèdent, dans les écoles libres comme dans les écoles publiques, et l’école Sainte Thérése n’échappe pas à la règle. La fête peut se dérouler dans la cour d’école comme dans la salle des fêtes de la rue Leclerc, voire même dans le cadre des installations sportives municipales de Beaumont afin d’accueillir le maximum de monde dans des conditions optimales.

Les fêtes d’école de la décennie en 1975 et 1978 (Documents Nord-Eclair)

Le directeur de l’école, dans les années 1980, Mr Gamelin, n’hésite pas à exporter la fête notamment, en 1982, à la salle Hieronsens, rue de Beaumont, les gains de la journée étant destinés à financer des classes vertes. Il est aussi de la partie quand ce sont les parents d’élèves qui font appel à un magicien lors de l’organisation d’un goûter de Saint Nicolas à la salle des fêtes.

La fête d’école de 1982 et le goûter de Saint Nicolas de 1984 (Documents Nord-Eclair)

1984 est aussi l’année de la première classe blanche ou classe de neige pour une cinquantaine d’élèves de l’école. Ceux-ci se livrent donc à une activité de lavage de voitures durant tout un week-end pour réunir des fonds supplémentaires, tandis que, dans la grande salle de l’école, les mamans procèdent à une vente de gâteaux et de billets de loterie.

Première classe blanche en 1984 et lavage de voitures pour les élèves (Documents Nord-Eclair)

Un an plus tard, la petite école, qui compte à présent 9 classes, fête avec quelques temps de retard ses cinquante bougies, son ouverture remontant à septembre 1933. La fête a lieu dans les locaux de l’école Notre Dame de Lourdes, plus apte à accueillir le public attendu. Les anciennes directrices de l’école ont également été conviées pour l’occasion.

Le cinquantenaire de l’école fêté en 1985 (Document Nord-Eclair)

C’est en 1988 que 225 enfants de l’école, âgés de 2 à 12 ans, jouent en public leur comédie musicale « SOS Loisirs » à la salle des fêtes et se mettent sous la baguette magique du « passeur d’ennui ». Ils emmènent les spectateurs en voyage à travers le monde en une succession de costumes superbes et de maquillages scintillants dans des décors féériques.

La comédie musicale SOS Loisirs en 1988 (Document Nord-Eclair)

Durant la même année, l’école Sainte Thérése est considérablement agrandie avec trois nouvelles classes de maternelle, flambant neuves, des nouveaux sanitaires, et fait sa rentrée avec un tout nouveau macadam pour sa cour de récréation. Mme Smeets et son équipe de 9 enseignants peuvent accueillir sereinement les 230 élèves.

Cet agrandissement permet le rapatriement et l’installation définitive dans les locaux de la rue Jaurès des trois classes de primaire jusqu’ici situées derrière l’église Saint Joseph. Après l’achat, l’année précédente, de la maison voisine pour y installer la cantine scolaire, l’acquisition d’un nouveau terrain a donc permis la construction de trois classes de maternelle et de sanitaires.

Une fois les anciens locaux repeints à neuf, l’agrandissement permettra l’ouverture d’une salle d’évolution ainsi qu’une autre salle réservée pour la sieste des petits. Les ouvriers ayant fait le maximum pour terminer à temps ce sont les enseignants qui ont mis la dernière main aux travaux en lavant, dépoussiérant et rangeant les différentes classes pour cette rentrée.

Agrandissement de l’école pour la rentrée 1988-89 et vue aérienne de 1989 (Documents Nord-Eclair et IGN)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Affaire Leplat

Lors de la première guerre mondiale Alice-Adrienne Coudert, née en 1897, fille de paysans, intelligente mais peu cultivée, est infirmière, travailleuse acharnée, et sa brillante conduite lui vaut une citation élogieuse et la croix de guerre. Elle met au monde un an plus tard, en 1918, une fille, Paulette, née de son aventure avec un major, le docteur Nicquet, rencontré à l’hôpital auxiliaire d’Amiens. Celui-ci reconnaît l’enfant mais, au lieu d’ épouser Adrienne, comme il l’avait promis, préfère se marier à une riche héritière.

Abandonnée par son amant elle l’assigne au tribunal devant lequel il prétend ne pas être certain que l’enfant soit le sien. Furieuse Adrienne se rend à son domicile où elle est reçue par sa rivale qu’elle blesse d’un coup de révolver. Laissée en liberté provisoire, elle se retrouve quelques semaines plus tard face à son ancien amant et c’est à son tour d’être grièvement blessée par balle par l’intéressé. Tous deux comparaissent donc en 1920 devant les assises de la Somme qui prononce leur acquittement en raison de leurs torts réciproques.

Elle part en Lorraine et y rencontre, à l’hôpital de Metz où elle officie comme infirmière, un étudiant en médecine, Jean Leplat, auquel elle raconte ses mésaventures. Il l’épouse à Paris en 1925, alors qu’il est médecin major, détaché en Allemagne tandis que la petite Paulette est confiée à ses grands-parents installés en Corrèze.

Quand le docteur Leplat quitte l’armée, le jeune couple s’installe à Hem où Jean ouvre un cabinet médical,  boulevard Delory (actuellement bd Clémenceau), avec l’argent de la dot de sa femme. L’année suivante les 2 époux, apparemment très unis, ont la joie d’avoir un petit garçon qu’ils prénomment Roger.

Le jeune couple accueille ensuite une petite fille Gisèle en 1927. Malheureusement celle-ci décède en 1929, à l’âge de 2 ans d’une bronco pneumonie. Dans l’attente d’une sépulture définitive, son cercueil reste durant un mois dans un abri provisoire au cimetière où sa mère lui rend visite tous les jours et, la veille de l’inhumation, Adrienne dévisse le couvercle du cercueil pour revoir sa fille une dernière fois et rentre raconter la scène, qui n’avait eu aucun témoin, à son mari, sans avoir trouvé la force de refermer la bière. Elle affirmera toujours qu’elle a alors agi sous l’emprise de la douleur et non sous le coup d’une crise de folie.

Titres de journaux sur l’internement d’Adrienne Leplat (Documents l’Oeuvre et Nord-Maritime 1929)

Les scènes de ménage, déjà fréquentes se multiplient et deviennent plus violentes au sein du couple et, à l’été 1929, son mari prend prétexte de ses « extravagances » pour la faire interner par surprise, à l’aide d’un certificat établi par son confrère de Lannoy, le docteur Parmentier, qui ne l’a pourtant pas examinée, dans une clinique de Lille, la clinique d’Esquermes, avant d’intenter une action en divorce contre elle, pour abandon du domicile conjugal. La clinique est un ancien couvent des Bernardines repeint à neuf dans le parc des la Châtaigneraie.

Au bout de 2 semaines, elle se sauve, après avoir crocheté des serrures à l’aide d’un tire-bouchon et avoir escaladé le mur d’enceinte. Elle se réfugie à Amiens chez sa sœur d’où son père, présent, prévient son mari. Elle réintègre alors le domicile conjugal mais décide de défendre ses droits. A cet effet elle porte plainte contre son mari pour coups et violence ainsi que pour internement arbitraire et obtient sa condamnation fin 1929 pour coups et blessures.

Portrait d’Adrienne et titre de journal sur la Clinique d’Esquermes (Document Le Journal)

La vie commune reprise par les époux après l’évasion se transforme en un combat réciproque judiciaire. Adrienne intente un nouveau procès contre son mari pour abandon de famille. Elle est en effet demeurée au domicile conjugal tandis que lui-même est parti vivre chez son père rue Jean Jaurés. Après une première comparution à Lille, une seconde a lieu à Douai et la pension alimentaire qui lui avait été initialement allouée est réduite de 2000 F à 1200 F.

En 1930, la situation s’envenime, cette fois entre Jean Leplat et son beau-père. Philippe Coudert réclame en effet la somme de 62.000 francs qu’il aurait prêté à son gendre, lequel refuse de lui payer quoique ce soit. Il admet ensuite une dette de 12.000 francs mais conteste celle de 50.000. Pourtant le Tribunal Civil le condamne au remboursement de l’intégralité de la somme réclamée par son beau-père.

Titres de journaux sur l’internement arbitraire et sa conséquence (Documents la Dépêche et l’Oeuvre)

En janvier 1931, à bout de ressources et en instance de divorce elle décide de faire un coup d’éclat pour tenter d’obtenir justice. En compagnie de son père, Adrienne se rend chez le procureur de la République pour lui demander audience mais il est absent. Elle se présente alors en consultation chez le Dr Raviart, directeur de la clinique d’aliénés d’Esquermes, contre lequel elle éprouve une vive antipathie en raison d’une part du poste qu’il occupe et d’autre part du conseil qu’il a prodigué au docteur Leplat en faveur d’un divorce. Elle fait feu sur lui à plusieurs reprises, le blessant grièvement, tandis que son père prend la fuite.

Photo du Dr Raviart et titres de journaux relatant le drame (Documents Le Journal, Ouest Eclair, le Petit Parisien et le Populaire)

Celui-ci, qui s’était réfugié chez sa deuxième fille après le drame, revient sur Lille et, après avoir rendu visite à son petit-fils Roger chez sa grand-mère paternelle, il est entendu par le juge d’instruction mais ne peut pas dire grand-chose, ayant accompagné sa fille Adrienne à sa demande chez le docteur, sans avoir la moindre idée de ses intentions, et ainsi dans l’affolement avoir pris la fuite sans réfléchir, tandis qu’Adrienne était arrêtée et menée à l’infirmerie de la prison pour soigner son bras luxé à la suite de la tentative du Dr Raviart de lui faire quitter de force son cabinet.

Titres de journaux suite au drame (Documents le Progrès de la Somme)

A suivre…

Le Parking (suite)

A l’époque, les publicités faites par l’établissement font état d’un café dineurs qui propose des repas, plats du jour, frites, sandwichs à toute heure et met un billard à disposition de sa clientèle. C’est également le siège sympathisant de l’USH : l‘Union Sportive Hémoise, née de la fusion du club de football du foyer Saint Corneille et du football club de Hem le 16 mai 1964, composée d’équipes de Jeunes et d’une équipe Seniors qui évolue en 3eme division terrienne.

Publicités des années 1960-70 (Documents Historihem)

En 1982, Brigitte Lamarque reprend l’établissement et conserve l’enseigne. Les affaires marchent bien car le café est situé au bord d’une route très fréquentée et elle n’hésite pas à prévoir des transformations pour rendre son café plus accueillant bien qu’on parle déjà d’un projet de voie rapide sur Hem car aucun des tracés pressentis ne lui est défavorable.

En 1985, le projet de l’antenne Sud tombe et en effet représente une aubaine pour Brigitte Lamarque qui y voit une augmentation potentielle de sa clientèle : deux carrefours à feux tricolores sont prévus dont l’un à quelques mètres du Parking. Elle rachète donc la maison et met en œuvre les transformations projetées.

Seuls les 4 murs d’origine restent, la toiture, le plancher et tout l’aménagement intérieur étant entièrement refaits. Le coût total pour le rachat et les aménagements représente 50 millions : un investissement important reconnaît la propriétaire mais pas excessif compte tenu de la fréquentation attendue.

Mme Lamarque devant son café en 1987 (Document Nord-Eclair)

Mais en novembre 1986, c’est « la tuile » : le tracé est modifié et, en lieu et place des 2 carrefours projetés, c’est un rond-point qui va voir le jour à mi-distance. La raison est simple : avec des feux tricolores sur 2 carrefours distants d’une centaine de mètres (l’un avenue Delecroix, l’autre rue du Calvaire), la voie rapide n’aurait plus de rapide que le nom d’après la DDE (Direction Départementale de l’Equipement).

De ce fait Brigitte Lamarque voit son avenir se boucher : au lieu d’être la patronne d’un bistrot prospère au bord d’une route à grand passage, elle risque fort de se retrouver dans quelques mois à la tête d’un établissement fantôme ! La présence du rond-point signifie en effet un défaut d’accès direct à l’établissement et de plus l’avenue Delecroix se terminera en impasse. Quel que soit le sens dans lequel on circule il faudra donc passer par le rond-point et faire un détour dans l’impasse pour aller boire un verre ou manger une crêpe au parking !

Publicité de novembre 1986 (Document Nord-Eclair)
Croquis de l’Antenne Sud coupant l’avenue Delecroix (Document Nord-Eclair)

Qeulle solution dans ce cas ? Brigitte Lamarque sollicite Mme Massart, maire de la ville, ainsi que Bernard Carton, vice-président du conseil général, lequel s’engage à venir visiter le site avec des ingénieurs de la DDE. Mais il est bien évident que le tracé ne sera pas modifié… Brigitte Lamarque propose donc l’aménagement d’un chemin d’accès depuis le rond-point jusqu’à son café sur l’ancienne voie de chemin de fer qui passe derrière chez elle.

Mr Carton rappelle cependant que même si la solution des 2 carrefours à feux tricolores avait été retenue cela n’aurait été que provisoire dans l’attente de la construction d’un pont dès le doublement des voies de l’Antenne Sud effectué. Il rejette par ailleurs l’éventualité de créer un chemin d’accès du rond-point au café.

Il propose donc de favoriser au maximum les facilités d’accès vers ce qui sera bientôt l’impasse Delecroix : en plaçant des panneaux publicitaires fléchant le chemin jusqu’au Parking, en servant d’interlocuteur avec la SNCF, propriétaire des terrains situés derrière le café afin que Brigitte Lamarque puisse éventuellement les utiliser pour y placer des jeux destinés aux enfants et y aménager des aires de pétanque, nouveautés susceptibles de lui amener de nouveaux clients.

La réunion de février 1987 au Parking (Document Nord-Eclair)

Le 31 décembre 1987, c’est la fin d’un établissement emblématique de la ville. L’essentiel du chiffre d’affaires était dû à la clientèle de passage sur cette avenue très fréquentée transformée en impasse avec l’arrivée de l’Antenne Sud. Les panneaux publicitaires proposés lors de la réunion de la dernière chance n’ont donc pas suffi.

L’établissement qui naguère ne désemplissait pas s’est transformé en quelques semaines en établissement fantôme suite à cette simple équation : plus de passage donc plus de clients. On peut maintenant ajouter : plus de clients donc on ferme…Les portes sont closes depuis le dernier jour de l’année 1987, 5 ans après la reprise de l’établissement par Brigitte Lamarque.

Le Parking c’est fini (Documents Historihem)
Photos aériennes de 1975 et 1989 avant et après le rond-point (Documents IGN)

Depuis aucune activité commerciale n’est intervenue dans l’ancien café dineurs. La bâtisse rénovée par Mme Lamarque est à présent à usage d’habitation. Sur les photos ci-après on la reconnaît parfaitement et sur les vues aériennes actuelles, on se rend très bien compte de l’impossibilité d’y recréer son activité commerciale historique.

Photos de la bâtisse actuelle (Documents Google Maps)
Vue aérienne de la zone englobant la bâtisse (Documents Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem.

Rue du Docteur Coubronne (suite)

Après guerre le commissariat de police occupe durant peu de temps le n°5 de la rue avant de déménager rue Jules Guesde (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site). Le bâtiment est ensuite occupé, à la fin des années 1940, par la bonneterie mercerie Ingelaere puis le tailleur Ellie Ingelaere jusqu’au milieu des années 1970. Le successeur, Mme Henze cède la place à Mme Lesage, spécialisée dans la layette, à l’enseigne Au Poulbot, commercialise également la laine Phildar.

Publicités Ingelaere et Au Poulbot (Documents Historihem, Nord-Eclair et Office Municipal d’Information)

L’institut esthétique « Votre Beauté » leur succède durant les années 1980-90 après avoir un temps partagé le bâtiment avec la mercerie Au Poulbot. Il propose les services classiques : soins, épilation, bronzage mais aussi des idées cadeaux : bijoux, parfums, foulards…Puis l’immeuble abrite l’auto-école Saint Corneille en 2000 et à nouveau des instituts esthétiques « Secrets 2 Beauté », « Graine de Beauté » et actuellement « La belle hémoise ».

Publicité commune Votre Beauté et Au Poulbot, Votre Beauté, et photos de la façade de Graine de Beauté dans les années 2010 et La Belle Hémoise en 2023 (Documents Historihem, Nord-Eclair et Google Maps)

C’est un marchand de tissus, Victor Lemaire, puis son successeur, J. Lemaire, qui s’installe au n°8, durant une vingtaine d’année, jusqu’au début des années 1960. Au milieu des années 1960, c’est le magasin Flor-Cado, commerce de vente de fleurs et cadeaux, tenu par les Doisne-Danjou, qui prend sa place. Au début des années 1970, le magasin est répertorié dans la rubrique épicerie fleurs, puis il disparaît, repris par les Ets Top Beghin qui s’agrandissent encore.

Bon de livraison de 1949 de Victor Lemaire et publicités de Doisne-Lerouge puis Top-Beghin (Documents collection privée et Historihem)

Après guerre également, au 68 rue du Docteur Coubronne, on retrouve, à partir des années 40, et pendant une vingtaine d’années, André Dusquesne et frères, propriétaires d’une fabrique de machines à laver et de bacs pour teinture mais aussi d’une tonnellerie. Puis dans les années 1980, une crèmerie et commerce de volaille s’y installe suivie de la boucherie Au Fin Palais (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site). Actuellement l’immeuble abrite le traiteur Fée Maison.

Bon de livraison de 1949 de Victor Lemaire et publicités de Doisne-Lerouge puis Top-Beghin (Documents collection privée et Historihem)

C’est la boulangerie J.Heras puis Dartois qui occupe le n°11 à la fin des années 1950, avant de laisser la place quelques années plus tard aux électriciens et entreprises de TSF de Pierre Florin (revendeur de téléviseurs Clarville) puis Jacques Desurmont. Un salon de coiffure pour dames y ouvre au début des années 1970, tenu par Mme Vermeersch. Puis Mme Mylle, les Ets Debaisieux et ensuite MP Eckhoutte y vendent des journaux, jusque dans les années 1980-90.

Publicités de la boulangerie Dartois puis de Pierre Florin qui s’installe et de la TSF Desurmont, de Mme Myle et des Ets Debaisieux (Documents Historihem et Nord-Eclair)

Puis l’immeuble sera affecté un temps à usage d’habitation avant que, dans les années 2010, ces différents commerces cèdent la place à des salons de Coiffure : Roos and Co de Françoise Roos puis Salut les 60 et Image et Conseil de Lyes Addadaïne. C’est ensuite un opticien qui s’implante dans les lieux et s’y trouve encore à ce jour à l’enseigne La Lunetterie.

Photos et façades de Roos and Co, Salut les 60, Image et Conseil et La Lunetterie (Documents Ville de Hem et Google Maps)

La rue accueille également au n°31 une résidence pour personnes âgées. Le 26 janvier 1980 la première pierre du bâtiment est posée et c’est en 1981 que la Résidence de la Marque sort de terre, modifiant considérablement l’aspect de la rue. La Résidence a fêté son 40ème anniversaire en ce début de décennie 2020.(sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site).

La résidence de la Marque dans les années 1980 en carte postale et actuellement (Document collection privée et Google Maps)

Peu de temps après c’est une salle de sports qui y voit le jour presque en face. En 1982, la première pierre du chantier de construction de la salle Leplat est posée par Jean-Claude Provo, alors maire de la ville, mais c’est Marie-Marguerite Massart, nouvellement élue qui, en 1983, inaugure la salle qui porte le nom d’un ancien maire de Hem, Jean Leplat.(sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site). Elle à été démolie en décembre 2023 pour laisser la place à la construction d’un petit bâtiment devant comporter des cellules commerciales au rez-de-chaussée.

La salle Leplat en 2008 et le petit immeuble qui la remplace en construction en février 2025 (Documents Google Maps et photo IT)

Dès 2009, la municipalité décide de créer le jardin des perspectives, au « nouveau cœur de ville », sur 5 hectares entre la rue de la Vallée et la rue du Docteur Coubronne , entre les constructions de « la Vallée 2 ».L’objectif est de relier les anciens et nouveaux quartiers autour d’un espace central fédérateur offrant 2 km de chemins de promenade. Le jardin des perspectives est officiellement ouvert en Octobre 2010, remplaçant les champs qui bordaient la rue du Cimetière.(sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site).

La nouvelle Grand Place d’Hem (Documents Google Maps)

Le jardin est bordé de deux côtés par la rue du 06 juin1944 (ancienne rue du Cimetière) et la rue du Docteur Coubronne sur laquelle il aboutit dans la nouvelle Grand Place de la ville et du dernier par la rue du Tilleul. Le long de celle-ci se situent des maisons individuelles, vers la Vallée, la salle de spectacle Le Zephyr, quelques commerces et un immeuble abritant un commerce au rez-de-chaussée et des appartements à l’étage vers la rue Coubronne.

Vue aérienne du Jardin des perpectives de la rue de la Vallée à la rue du Docteur Coubronne (Document Google Maps)

C’est là qu’Olivier Bartier ouvre son huitième magasin de vélos dans la métropole lilloise en 2021. Sur 300 mètres carrés, il y propose de nombreux cycles, électriques ou non, du matériel et de l’équipement pour toutes les pratiques : VTT, route, vélos de ville. Grâce à son atelier tout équipé le magasin assure également les réparations sur place.

Le nouveau commerce du n°56-58 (Documents ville de Hem et Google Maps)

La rue du Docteur Coubronne reste à ce jour une artère très vivante de la ville même si le passage des décennies a entraîné la disparition de plusieurs commerces. Elle est la rue centrale par excellence puisqu’elle relie à la fois l’ancienne place du village devenue Place de la République à Hem Bifur et puisqu’elle comporte la nouvelle Grand Place de la ville d’Hem.

Vue aérienne du quartier en 2023 (Document Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem et la ville de Hem ainsi qu’à Jacquy Deleporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur ouvrage Au temps d’Hem.

Le Parking

Au début du 19ème siècle, l’actuelle avenue Henri Delecroix n’est qu’un chemin pavé qui d’une part relie tout droit le château Six à l’église Saint Corneille et d’autre part continue quasiment à angle droit pour devenir le chemin de Hem à Forest. A la fin du siècle la partie coudée est une partie de la route départementale de Saint Amand à Roubaix, tandis que l’autre partie devient l’avenue du Château, rebaptisée ensuite avenue de la Gare début 20ème.

Vue aérienne de l’avenue de la Gare de la place d’Hem à Forest en 1933 (Document IGN)

En effet, le chemin de fer de Tourcoing à Somain la traverse à hauteur du Rivage dans les années 1880, avec un passage à niveau et une halte implantée au point dit « Ronde du Château ». On trouve son appellation actuelle sur un plan de 1953 et elle sera quelques peu modifiée par la création de l’antenne Sud. En effet en 1984, un carrefour sera aménagé en vue de l’implantation de feux tricolores avant la construction d’un giratoire 4 ans plus tard.

CPA de la « gare » prise vers Forest (avec les colonnes du château Six au fond) et de la halte prise vers le centre d’Hem au début du 20ème siècle (avec au fond l’église Saint-Corneille) (Documents collection privée)

Comme le montre la carte postale ci-dessus 2 estaminets sont installés de part et d’autre de la route menant vers Hem afin que les voyageurs puissent se désaltérer : A l’Arrêt de Hem, tenu par J. Lefebvre, sur la gauche et l’Estaminet de la Gare sur la droite. Il reste en effet du chemin à faire à travers champs avant d’atteindre le centre du village.

Ainsi qu’on le voit également sur les deux cartes postales suivantes, hormis les 2 estaminets il y a très peu de bâtiments proches de la halte, aucune gare n’ayant été attribuée à la commune mais un simple arrêt de chemin de fer. Le seul bâtiment qui apparaît nettement avant la barrière est celui qui abrite les forgerons de la famille Roger (père et fils).

CPA de la halte vers Hem, avec barrière fermée ou ouverte (Documents collection privée)

L’Estaminet de la Gare est ouvert en 1887 par Louis Leclercq et repris par Séraphin Debraussere l’année suivante. L’établissement appartient à la brasserie Leclercq et on y achète également des billets de train. L’installation du tissage d’Henri Duprez en 1928, du 48 au 52 de la rue, juste en face de l’estaminet amène sans doute de nouveaux clients. Quant à la ligne de chemin de fer, elle est fermée en juillet 1939 à la veille de l’avènement de la seconde guerre mondiale.

Au cours de celle-ci, le garde barrière Louis Marga, né en 1900, s’illustre dans la résistance, après avoir été soldat lors de la première guerre mondiale alors qu’il était ouvrier des chemins de fer. Il organise ainsi le passage de deux soldats français évadés vers la zone libre puis fin 1942 rejoint le réseau de résistance du War Office avant de se rapprocher du mouvement de résistance Voix du Nord.

Fin 1943, il appartient au Groupe d’Ascq, qui procède à des actions de sabotage. Il place ainsi des explosifs sur la voie ferrée, et participe au déraillement d’un train militaire allemand à Ascq, acte qui entraîne une répression sévère. Il est arrêté par la Gestapo de Lille où il réside alors, interné à la prison de Loos, condamné à mort par le tribunal militaire allemand et exécuté au fort de Seclin au lendemain du débarquement.

Louis Marga et sa femme avant la guerre à la halte de Hem ( Document collection privée)

En 1950, la municipalité décide de rendre hommage à Henri Delcroix, député-maire de la ville pendant un quart de siècle, et à l’origine de nombreuses réalisations : œuvres sociales et projets d’urbanisme, ayant contribué au bien-être de la population hémoise, décédé en avril 1939. C’est l’avenue de la Gare qui est choisie pour porter son nom. L’inauguration a lieu le 1er mai 1950, en présence de nombreuses personnalités et sous la présidence de Jean Leplat, maire de Hem.

Changement de nom de l’avenue de a Gare en 1950 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 1940 à 1960, on ne trouve plus trace de l’ancien estaminet de la gare puis en 1961, un cafetier apparaît au 51, avenue Henri Delecroix à savoir O. Canfin suivi de Mme Cl. Cappèle en 1965 jusqu’en 1970, et, en 1971, c’est le café Au Parking qui y est répertorié.

L’ancien Estaminet de la Gare et le 51 avenue Henri Delecroix en 2008 (Document collection privée et Google Maps)
Vue aérienne de l’avenue en 1962 (Document IGN)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem.

Rue du Docteur Coubronne

Au 17ème siècle cette rue, qui joint actuellement la rue Jules Guesde à la Place de la République, n’est qu’une portion d’un simple sentier de terre, impraticable en hiver, permettant le passage des brouettes dont les ouvriers hémois se servent pour porter à Roubaix les pièces de tissus qu’ils ont fabriquées dans leur maisons « à l’otil ». Deux siècles plus tard, elle figure sur le plan cadastral comme une partie de la chaussée de Lille à Hem.

Extrait du cadastre de 1824 (Document archives départementales)

A la fin du 19ème siècle elle est éclairée par des becs de gaz. C’est le sieur Zaingraff qui obtient la concession pour éclairer 4 mois par an de 17h à 23h et se charge de l’entretien des lanternes, de l’allumage et de l’extinction. Peu après, la rue faisant partie d’une route départementale, sa largeur est portée à 11 mètres. Elle prend alors le nom de route de Saint Amand puis, en 1928, elle prend celui du Docteur Coubronne, une personnalité hémoise décédée en 1923. (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site).

Extrait du cadastre de 1824 (Document archives départementales)
La route de Saint Amand vue du centre au début du 20ème siècle en carte postale colorisée et la même rue vue de Hem Bifur à hauteur de Notre Dame de Lourdes (Documents collection privée)

L’école Notre Dame de Lourdes y est construite dès le début du 20ème siècle.(sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site). Puis, bien que cette route reliant le centre ville au carrefour d’ Hem Bifur soit encore bordée de champs des 2 côtés dans les années 1930, elle est ensuite très vite riche en commerces et activités de toutes sortes. Le docteur Léon Célestin Coubronne y exerce durant 50 ans au n°59 de la rue tandis que sa voisine du n°61 Rosalie Mulliez est couturière. (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site).

Vue aérienne de la rue en 1933 (Document IGN)
. L’ancien cabinet du Docteur Coubronne et la petite échoppe de sa voisine à la libération de Hem en 1944 (Documents Historihem)

Mme Dupriez y installe ensuite brièvement un salon de coiffure pour dames dans les années 1960, avant de déménager rue du Maréchal Leclerc. Puis les années 1970 voient une agence bancaire y emménager à savoir le Crédit du Nord qui y reste durant une vingtaine d’année avant de céder la place à la clinique vétérinaire du docteur Delforge devenue ensuite Clinique Vétérinaire de la Marque.

Publicité de 1968 de Mme Dupriez, du Crédit du Nord et Façade actuelle de la Clinique vétérinaire de la Marque (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

L’estaminet Au beau coin y est installé au n°15, à l’angle de la rue Jules Ferry, et tenu par Lucien Mulliez et Félicie Prévost. Le couple, marié à Lannoy en 1885, a 3 enfants : Blanche-Marie, Jules et Raymond. Ils tiennent l’établissement durant plusieurs années et Lucien décède à l’hospice de Bondues en 1942. Comme souvent l’estaminet abritera ensuite également un réparateur de cycles. Depuis longtemps le bâtiment est revenu à usage d’habitation mais l’on distingue encore sur les briques de la façade rue Coubronne l’ancienne enseigne : Au beau coin.

Le couple Mulliez et 2 de ses enfants et plus tard les tenanciers du Beau Coin en famille sur leur pas de porte (Documents Historihem et collection privée)
La maison un siècle plus tard et un gros plan sur la porte et sur l’ancienne enseigne figurant encore sur les briques de la façade (Documents Google Maps)

Presqu’en face, c’est Jean-Louis Briffaut qui ouvre un café à l’angle de la rue du Cimetière (actuelle rue du 06 juin 1944) et de la route de Saint-Amand (actuelle rue du Docteur Coubronne) à Hem en 1863. L’établissement à l’enseigne « Au Tilleul » est repris en 1874 par Rosalie Jouveneau. Par la suite il deviendra l’Auberge du Tilleul. (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site).

Le café du Tilleul au début du 20ème siècle et l’auberge en 2022 (Documents Historihem et Google Maps)

Au n°4 de la rue Coubronne, juste à côté de l’école Victor Hugo qui se situe sur la Place d’Hem, se trouve une quincaillerie. Cette toute petite échoppe abritera encore la quincaillerie Denonne, qui vend de tout et notamment des articles de ménage, après la seconde guerre mondiale et même jusqu’au milieu des années 1960.

Carte postale comprenant la fin de la place et le début de la rue Coubronne (Documents Historihem)

Comme le montre la carte postale le magasin est installé dans la partie gauche de l’immeuble tandis que le n°2, dans la partie droite, est une maison d’habitation. Au début des années 2000 c’est le coiffeur Sup’hair qui est installé au n°2 et s’y trouve toujours 25 ans plus tard.

Publicité du salon de coiffure en 2004 et photos de la façade en 2008 et 2023 (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

L’épicerie Dujardin se situe alors à l’actuel n°9 de la rue. Dans les années 1950, c’est l’épicerie Fardel qui s’y trouve, suivie un temps de la blanchisserie Lesaffre. A la fin des années 1960, la pâtisserie Lesage occupe les lieux avant de céder la place à la lingerie mercerie Lesage que l’on retrouve ensuite au n°5.

Photo de l’épicerie Dujardin au début du 20ème siècle et façade actuelle (Documents collection privée et Google Maps)

C’est au n°6 que Raymond Beghin-Droulez ouvre son petit magasin de droguerie, peinture, décors, vitrerie et décors funèbres. A la fin des années 1950, la droguerie devient une entreprise de pompes funèbres : Top Beghin. Ce commerce, très modeste à l’origine, est devenu une entreprise hémoise très connue (sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site).

Publicités de Raymond Beghin (Documents Historihem)
Carte postale reprenant les n°2 à 8 de la rue Coubronne (Document collection privée)
Photos de la façade en 2008, 2012 et 2023 (Documents Google Maps)

Un médecin s’installe dans la rue au n°19. Pendant la seconde guerre mondiale, le docteur André Trinquet fait partie de la résistance. Par ses fonctions de médecin, il a droit à un vélomoteur et à l’essence pour sa voiture, atout considérable pour l’action du réseau auquel il appartient. Pris sur le fait alors qu’il transporte des armes il est arrêté et fait prisonnier à Flossenburg où il décède après 15 jours de détention. L’immeuble a, par la suite, été un temps occupé par les cabinets médicaux des docteurs Charles Delebarre puis Claude Moulin avant de reprendre un usage d’habitation.

Une ordonnance du Dr Trinquet en 1936, la succession des Drs Delebarre et Moulin et l’immeuble abritant son cabinet médical (Document collection privée et Google Maps)
Le Dr Trinquet dans la résistance en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem et la ville de Hem ainsi qu’à Jacquy Deleporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur ouvrage Au temps d’Hem.

Fête de la bière

En 1962, la première fête de la bière à Hem connait un grand succès. Elle est organisée par l’association « Les amis de Beaumont », sous le patronage du journal Nord-Eclair, et vaut le déplacement. Cette association, née avec le nouveau quartier, a pour but d’y promouvoir, toutes œuvres sociales, culturelles et sportives.

Organisation en 1962 de la grande fête de la bière (Document Nord-Eclair)

Ainsi en octobre 1962, la fête débute, le samedi après-midi, sur la place de Verdun, avec un tournoi de pétanque réunissant une vingtaine de triplettes des villes des environs. Puis une coupe est remise aux gagnants par le journal juste avant l’arrivée de la Musique du 43ème RI. Un millier d’enfants se rassemble alors pour participer à une retraite aux flambeaux emmenée à travers les rues principales du quartier par les soldats musiciens qui donnent ensuite un concert sur la place de Verdun.

Illustration du journal (Document Nord-Eclair)

Puis une foule d’environ 2000 personnes participe, sous le vaste chapiteau dressé devant l’église Saint-Paul, à la Nuit de Nord-Eclair et des Amis de Beaumont. L’orchestre Victor Charlier remporte un vif succès durant le bal qui y clôture la journée.

Le grand bal du samedi soir ; disque publicitaire (pour la lessive Viva) de Victor Charlier et son orchestre (Document Nord-Eclair et Discogs)

Le lendemain dimanche, un apéritif concert avec la fanfare Saint-Corneille et un jeune orchestre « les Chahuteurs » ouvre les festivités. Puis, sous le grand chapiteau, la foule assiste à des exhibitions de la section artistique « La Patriote » de Croix et du groupe folklorique polonais de Roubaix avant l’arrivée de la caravane publicitaire suivie du grand orchestre « Die Alte Bayerische Kapelle », rentré d’une tournée triomphale dans les capitales et grandes villes d’Europe.

La grande kermesse se termine ainsi sous le chapiteau animé comme dans les grandes fêtes bavaroises de la bière, au son des danses typiques de Bavière, tandis que la foule déguste choucroute mais aussi sandwiches et frites sous les cotillons. Les musiciens, soucieux de plaire au plus grand nombre font également danser aux spectateurs charleston, twist, valses et tangos.

Annonce de la fête de la bière en 1963 (Document Nord-Eclair)

Forte de son succès, la fête est renouvelée l’année suivante, en octobre 1963, toujours grâce à l’association « Les amis de Beaumont » et cette fois sous le double patronage du journal Nord-Eclair et de Volkswagen, en la personne du concessionnaire G. Beulque de Tourcoing. Le chapiteau est cette année conçu pour recevoir le double de participants.

Au cours de cette fête, qui se veut « comme à Munich », on peut boire des grès d’un litre et d’un demi-litre de bière et déguster de succulentes spécialités munichoises. Quant aux orchestres chargés d’animer la fête, il s’agit de grandes formations spécialisées dans les fêtes de la bière avec leurs joyeux animateurs. Les danses pittoresques du Tyrol alternent avec les danses modernes grâce à la grande formation « Lou Garou et son ensemble show » et Alain Donnez et ses Tonnerres.

Alain Donnez ; Lou garou et son ensemble show (Documents Nord-Eclair)

Ces joyeuses festivités comportent de nombreuses attractions et vedettes surprises. Le samedi, une caravane publicitaire comprenant une vingtaine de véhicules prend la route, musique en tête, pour annoncer la fête de la bière dans les principaux quartiers des villes de Hem, Lannoy, Lys-lez-Lannoy et Roubaix. On peut y admirer notamment toute la gamme des nouvelles Volkswagen du garage Beulque. La caravane se clôture avec le char des bières Setz Braü sur lequel se produit l’orchestre « Die Landliche Blaskapelle ».

Publicité des années 60-70 du garage G. Beulque (Document collection privée)

Malheureusement, en début de soirée, une averse empêche le traditionnel défilé des allumoirs. Puis le soir c’est la Nuit de Nord-Eclair et des Amis de Beaumont avec les deux formations citées plus haut mais aussi un grand orchestre de 25 musiciens : « Die Tiroler Blaskapelle », très applaudi.

L’orchestre Die Tiroler Blaskapelle (Document Nord-Eclair)

L’animateur Serge Desbruyère, de la RTF (Radio-diffusion Télévision Française), monte ensuite sur scène pour féliciter les musiciens bavarois et annoncer le groupe suivant, tandis que, sur la piste de danse, évoluent sans arrêt un bon millier de danseurs. Le bal se clôture avec le groupe des « Dauphins » qui joue des twists pour la jeunesse et les éliminatoires de l’élection de la Reine de la Bière ont lieu en fin de soirée.

Triomphal succès des orchestres bavarois (Document Nord-Eclair)

Le lendemain, dimanche, se déroule la journée de la bière avec 2 formidables orchestres bavarois : « Die Alte Bayerische Kapelle » et « Die Landliche Blaskapelle ». Une assiette géante de choucroute est proposée à la dégustation et de nombreuses attractions ont lieu durant toute la journée. C’est à 21h qu’a lieu l’élection de la Reine de la Bière : Yolande Duchemin. Au total, pour cette année 1963, plus de 6000 personnes sont accueillies tout au long du week-end, faisant de cette fête un franc succès malgré un temps très mitigé.

L’orchestre bavarois en tête de la caravane publicitaire (Document Nord-Eclair)

Les amis de Beaumont font leur publicité dès le début septembre de l’année 1964 pour la nouvelle kermesse de la bière. Forte du succès de l’année précédente et du patronage du journal Nord-Eclair, l’association voit grand pour cette nouvelle fête annuelle et fait installer un chapiteau de 2.000 mètres carrés, pouvant accueillir jusqu’à 3000 personnes.

Publicités pour la kermesse de la bière 1964 et chapiteau installé avec plan pour le trouver (Documents Nord-Eclair)

Le programme est alléchant : le samedi la caravane publicitaire comprend la caravane Nord-Europe et plusieurs commerçants et elle est animée par l’orchestre bavarois « Die Bayerische Bierpot ». Le dimanche le grand orchestre « Die Alte Bayerische Kapelle » participe à la grande journée de la bière suivie d’un apéritif concert avec « les Inconnus ».

Les Inconnus (Document Nord-Eclair)

Dans l’après-midi c’est une succession d’attractions : le ventriloque Fred et son Jacky, des jeux scéniques présentés par Jodel, les clowns Jo et Rico et les Joyeux Compagnons. Puis c’est à nouveau l’orchestre bavarois « Die Alte Bayerische Kapelle » qui revient mettre l’ambiance dans la soirée et faire danser l’ensemble des participants.

Le grand orchestre « Die Alte Bayerische Kapelle » (Document Nord-Eclair)

Après 3 ans d’absence, en 1968, la kermesse de la bière est de retour à Hem, toujours sous le patronage de Nord-Eclair, mais elle se déroule dans la salle des fêtes sur une journée et elle est organisée au profit des écoles privées des villes de Hem et Lannoy. Une grande tombola est organisée avec, comme 1er prix, un réfrigérateur à prendre à l’école Saint Charles de la rue Jules Guesde.

Une partie de l’assistance (Document Nord-Eclair)

A l’heure du midi, un concert apéritif assuré par la Musique de Lannoy remporte un certain succès auprès du public qui se presse nombreux dans la salle, trop petite pour accueillir l’ensemble de ceux qui souhaitent participer. Puis la kermesse bat son plein et fait salle comble avec la participation de l’orchestre bavarois…du Douaisis : « Die Lander Freunde » qui maintient une ambiance extraordinaire jusqu’aux environs de minuit.

La Musique de Lannoy (Document Nord-Eclair)

La fête de la bière hémoise ne survit pas à la décennie 1960 et ce n’est qu’en 2019 qu’une nouvelle tentative est lancée, concomitamment avec les journées du patrimoine, à la ferme Franchomme : le Salon de la Bière. Les deux journées sont conçues pour mettre en avant les micro brasseries du secteur grâce à une expositions, des ateliers et une dégustation.

Affiche de 2019 lors des journées du patrimoine (Document Ville de Hem)

60 ans après la première fête de la bière hémoise, en septembre 2022, sur 2 jours, une nouvelle édition est lancée. Elle a lieu à la ferme Braquaval où s’est installée la brasserie Les Tours du Malt (sur le sujet de la ferme Braquaval voir un précédent article édité sur notre site). Le programme consiste en une visite de la brasserie, un atelier sur le brassage de bière, une vente de bières et de produits dérivés et des jeux flamands.

Affiche de la fête de la bière en 2022 et photos du lieu (Document Ville de Hem et Voix du Nord)

L’événement est renouvelé l’année suivante sur une journée, en Octobre, avec une dégustation et vente de bières locales, ainsi que de cookies aux drèches, céréales issues du brassage, et des jeux flamands mis à disposition des petits et grands. Puis un échange est mis en place avec des brasseurs suivi, en fin de matinée, d’un atelier sur les accords bière et fromage, autour d’un apéritif. Le midi la restauration est prévu au restaurant l’Etable et des foodtrucks sont présents sur le site. Une animation musicale est assurée par un DJ, durant toute la journée qui se clôt par le tirage au sort de la tombola, suivi d’un concert.

Affiche de 2023 et photos de presse (Document Ville de Hem et Vozer)

Il apparaît que depuis le succès triomphal de la fête organisée en 1964, rassemblant plusieurs milliers de personnes, les différents événements qui ont tenté de la faire revivre n’ont pas rencontré le succès escompté. L’absence d’orchestre bavarois à l’animation peut en être l’une des explications.

Remerciements à la Ville de Hem

Salle des fêtes (suite)

Quant à la salle des fêtes, elle garde ensuite sa vocation à accueillir aussi bien des expositions, que différents clubs (couture, tricot etc), des banquets, des concerts, des remises de récompenses, de dictionnaires aux enfants qui quittent l’école primaire pour entrer au collège, des fêtes de fin de centre aéré, des spectacles d’associations (danse, musique, chorale)…

Ainsi, c’est dans cette salle que se déroule 40 ans plus tard le banquet annuel offert aux aînés par la municipalité, lequel réunit alors 450 personnes devant un menu copieux, servi par des bénévoles, dans une ambiance festive, avec chansonnettes poussées par les anciens eux-mêmes ainsi que quelques artistes bénévoles pour assurer l’ambiance. Parmi les convives une table d’honneur est dédiée au maire Jean Leplat et à ses adjoints.

Le banquet des aînés et le bénévoles en 1975 (Document Nord-Eclair)

Puis, en 1980, sous la mandature de Jean-Claude Provo, est lancé le coup d’envoi de la transformation de la salle des fêtes, sous la direction de l’architecte Mr Lecroart. Il s’agit de la première série de tranches de travaux, au terme desquelles le bâtiment sera transformé en salle polyvalente.

Le projet, ambitieux, prévoit qu’en cas de spectacle, elle pourrait accueillir environ 400 personnes sur des gradins télescopiques et en cas de banquet 250 convives pourraient y être accueillis. Il est prévu d’aménager un hall des pas perdus et de rénover entièrement la façade.

Mais dans un premier temps il faut commencer par la mise aux normes de sécurité : installation d’un éclairage de secours et de diverses protections contre le feu. Ainsi la scène est recouverte d’un faux plafond. C’est ensuite la façade qui est totalement modifiée.

Puis le couloir situé à droite du bâtiment et qui servait à l’origine de sortie est recouvert. Le but est de réunir la salle des fêtes et l’ancien local des bains-douches et sanitaires en un ensemble fonctionnel. Dans les dépendances deux salles de réunion sont réalisées de part et d’autre du grand bar.

Les travaux de transformation en 1980 (Documents Nord-Eclair)
Vue aérienne des 3 bâtiments en 1962 et en 2022 (Documents IGN et Google Maps)

En 1983, Jean-Claude Provo procède à l’inauguration de la salle des fêtes rénovée, en présence de nombreuses personnalités de la région. Celle-ci commence par la viste des lieux : galeries d’exposition, café-bar, grande salle, cabine de projection…Après 3 tranches de travaux : réfection de la grande salle et du couloir latéral droit, puis aménagement des annexes et enfin création d’un hall d’entrée regroupant les accès vers la grande salle, les galeries d’exposition et les salles annexes.

Tous ces travaux ont eu pour but de rendre la salle créée 55 ans plus tôt adaptée à la nouvelle époque et qui devrait contribuer à développer l’animation culturelle et les festivités tant au niveau municipal qu’associatif. Les travaux ont fait de la façade une véritable vitrine sur la rue du Général Leclerc et tous les aménagements scéniques et cinématographiques ont été réalisés pour faire de cette salle un cinéma d’art et d’essai.

L’inauguration de la salle transformée en 1983 (Documents Nord-Eclair)
La nouvelle façade après travaux (Document Historihem)

Dans les années 1990, c’est la Cantoria, nouvellement créée qui offre en 1994 un concert au cours duquel les 130 jeunes musiciens de l’école se produisent devant une salle comble : flûte traversière, piano, guitare, trompette, clarinette, saxophone résonnent dans la salle avant de conclure la soirée sur « l’Alphabet » de Mozart.

Le concert de la Cantoria en 1994 (Document Historihem)

C’est aussi à la fin des années 90 qu’est institué le printemps musical dont les événements se déroulent à la salle des fêtes. Ainsi en 2000 sont au programme : la formation « Steckar Tubapack », orchestre de 4 tubas accompagné d’un pianiste et d’un batteur qui revisite le jazz, Coyotte & Co, groupe inspiré du blues rock, de la pop californienne et de la chanson française et Decibel qui mélange danse et chanson avec un répertoire de chansons françaises contemporaines.

La formation Steckar Tubapack en 2000 (Document Nord-Eclair)

En 2000, une mise aux normes est décidée par le conseil municipal, pour la salle des fêtes et les groupes scolaires. Des travaux sont en effet nécessaires, tant pour la sécurité incendie que pour l’installation électrique de la salle. Un marché groupé avec la sécurité incendie des groupes scolaires est donc lancé.

Enfin dans les années 2010, l’association Généa’Hem y organise ses salons de la généalogie avec la participation certaines années d’associations belges et françaises et de professionnels de la généalogie, ainsi que des archives départementales du Nord. L’initiation à la généalogie notamment avec internet y est proposée aux visiteurs.

L’affiche du salon de la généalogie en 2017 (Document Historihem)

En 2022, on peut noter le déroulement d’un gala en faveur de la lutte contre les cancers pédiatriques lequel ravit le public et est rythmé par des applaudissements bien mérités. Toutes les recettes sont reversées à « Une nuit pour 2000 voix » qui finance la recherche contre les cancers pédiatriques.

L’association villeneuvoise Jeun’Espoir à l’initiative du gala (Document Voix du Nord)

Ainsi alors que les bains-douches et le dispensaire d’hygiène ont perdu leur vocation initiale et que leurs locaux ont été réaffectés à d’autres tâches, la salle des fêtes, bientôt centenaire, à l’issue de rénovations rendues indispensables par le passage du temps, répond toujours, dans les années 2020, à sa destination d’origine d’accueil d’événements festifs à l’initiative de la municipalité et d’associations très diverses .

La salle des fêtes en 2008 (Document Google Maps)

Enfin, en 2025, la municipalité procède à la déconstruction de la salle : les engins de chantier prennent possession des lieux et la toiture actuelle va disparaître. La réouverture d’une salle des fêtes complétement transformée est orévue pour mars 2026 : une tribune rétractable de 300 places pour une plus grande place aux spectacles, un bar agrandi et toujours des salles de réunion. Quant au fronton gravé, il sera préservé même si l’entrée de la salle sera également transformée.

Les travaux en cours en mai 2025 (Documents Ville de Hem)

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui, Jacquy Delaporte pour son ouvrage Hem 1000 ans d’histoire et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem