Lors de l’assemblée générale de mai 1988, le Président Jean Deslée aborde la question de la réhabilitation du centre social construit en 1962. En effet, les locaux sont devenus vétustes et trop petits. Sont évoqués la toiture, les ouvrants qui seront refaits entièrement. On prévoit des aménagements intérieurs, tels que l’agrandissement de la cuisine, mais d’autres locaux viendront compléter l’équipement actuel. Une nouvelle halte garderie, une entrée, des bureaux de permanence plus spacieux, des locaux d’activités pour les usagers.
Le centre social des Hauts Champs avant rénovation Photo VDN
En décembre 1988, Mme Françoise Van Wambeke remplace M. Deslée démissionnaire, à la présidence de l’association du centre social. Le chantier de transformation est lancé le 4 juin 1989 pour une durée d’un peu moins d’une année. Il est donc projeté de réhabiliter la partie existante, qui couvre 719 m², et de réaliser 280 m² supplémentaires. C’est le cabinet d’architecture Deleligne qui est chargé entre autres, d’améliorer l’esthétique de la façade.
Le projet de rénovation et d’agrandissement du centre social Photos NE & VDN
Ce chantier qui fait l’objet d’un dossier DSQ (développement social des quartiers), est porté par le propriétaire du centre social, à savoir l’association des logements de l’enfance, présidée par M. Cassette. Coût de l’opération, quatre millions de francs. Les financements se répartissent entre l’état et la région, la CAF et le CIL, le département et la ville d’Hem.
La nouvelle façade du centre social des Hauts Champs en 1990 Photo collection Centre Social des Hauts Champs
La rue Jules Guesde forme avec la rue Jean Goujon un axe commercial important du quartier de la Potennerie. Au-delà du carrefour avec la rue Jouffroy, et du Coq Français, elle remplit la même fonction jusqu’au quartier du Pile. Restons-en pour l’instant à cette première partie de la rue.
Le photographe Charier Photo Nord Eclair
Si nous suivons les numéros impairs, le photographe Charlier est au n°1, suivi de la mercerie de Mme Knoff n°3. La crémerie de Mme Delsalle au n°7, la boucherie Vandecasteele au n°9 et les établissements Ledoux, également une crémerie, au n°11-13 forment la première partie de la rue. On traverse alors la rue de Bouvines pour passer devant la bonneterie Delmé au n°23, et devant le magasin d’électricité de M.Riysschaert au n°31. Au-delà de l’impasse St Louis, on trouve au n°33 la droguerie de Mme Vandesompèle, au n°61 l’enseigne Roubaix Camping jouets, de M. Deltête, et au n°63 le café Noyelle Meersman. Après la rue de Denain, le laboratoire d’analyses médicales Dhellemes occupe le n°65, la bimbeloterie Au Petit Bonheur de Mme Dubuisson est au n°67, alors qu’au n°67 bis Mme Chuine vend des articles de ménage, puis au n°69 il y a le boucher Goffette, suivi au n°71 de la droguerie Loens.
On passe la rue des Parvenus, et se succèdent alors au n°73 la pâtisserie Bouten, au n°75 le chemisier Jouniaux, au n°77 le libraire Chapelet, au n°81 la mercerie Aux Ciseaux d’Argent, et au n°83 la lingerie Yveline. Nous traversons la rue de Ma Campagne. Là se trouvent au n°85 l’horlogerie Pruvost, au n°97 le garagiste Desodt, au n°99 la bonneterie Hautekiet, au n°103 les jouets de Mme Moura Douglou.
Après la rue de Tunis, le n°109 est inoccupé, mais pas pour longtemps, car le magasin d’articles de ménage Soetens Duyck, déjà installé aux n°111 113 va encore s’agrandir. Au n°115, un boucher hippophagique après lequel il y a au n°117 le magasin d’articles de ménage Delattre, au n°119 les chaussures Spriet, au n°121 la Société Coopérative de l’Union Roubaix Wattrelos, grossiste en vins, au n°123 le libraire Ducourant, et pour finir au n°125 le boulanger Spriet Raepzaedt.
Les numéros pairs commencent par des établissements scolaires. C’est au n°6 qu’on trouve le magasin de poissons exotiques de Mme Minne, au n°12 le coiffeur pour dames Hache, au n°14 le commerce d’alimentation Ogier. Après la rue de la Potennerie, on passe devant le café A Versailles au n°16, le coiffeur Wanin au n°18, l’épicier Van Moer au n°20, le plombier zingueur Delahaye au n°24. Toujours sur le même trottoir, au n°26 Peersmann, confection pour enfants, au n°32 la boulangerie Hottebart, au n°34 le teinturier dégraisseur Anett dont la gérante est Mme Dieussaert, au n°38 l’enseigne Vins fins au détail, dont la gérante est Mme Hespel, au n°42 Bambi, le magasin de confection pour enfants de Mme Blot. Il y a encore au n°44 la bonneterie Vanhoorde Honoré, aux n°48-50 l’horticulteur Deleusière, au n°52 le commerce de beurre et œufs de M. Deleu, au n°54 Winants et Sevin, fabricants de sacs en jute, et Mme Thiry épicier, au n°56 bis le boucher Prinsie, et au n°60-62 les établissements Le Danois, électricité. On traverse la rue de Maubeuge et voici la caisse d’épargne, bureau de la Potennerie au n°62bis, l’électricité générale Nys aux n°66 68, et pour terminer ce tronçon, le boucher Depuydt au n° 72.
Il s’agit d’un relevé instantané de l’année 1973, car beaucoup de ces commerces se sont transformés ou ont disparu. Constatons qu’il y a encore une moyenne d’un commerce pour trois maisons d’habitation, et qu’il y en a encore de toutes les sortes : alimentation, confection, habillement, coiffure, articles de ménage…
L’action se situe fin des années 40, début des armées 50. Le M.P.F (Mouvement Populaire des Familles) devenu M.L.P. (Mouvement de Libération du Peuple) puis M.L.O. (Mouvement de Libération Ouvrière) crée les A.F.0 (Association Familiale Ouvrière), puis l’A.P.F. (Association Populaire Familiale), association déclarée légalement en Préfecture dans la cadre de la loi 1901. Ces associations sont habilitées pour créer et gérer des services qu’elles peuvent mettre à la disposition de leurs adhérents. C’est ainsi qu’ont démarré les premières Maisons de Vacances Populaires. Partant du principe que ce qui était trop cher pour une famille ouvrière (coût des locations par rapport au pouvoir d’achat) devenait possible quand un certain nombre de familles se groupaient et acceptaient d’accomplir ensemble pour ne pas alourdir les coûts de gestion : entretien de la chambre, épluchage des légumes, nettoyage de la vaisselle, entretien des parties communes…
Affiche du Mouvement Populaire des Familles Source Bibliothèque de Lyon vu sur Internet
Au début des années 1950, nous avons appris que des militants MLO de la région de Roanne Loire), avaient lancé pour leurs adhérents APF, un service de machines à laver le linge. L’idée était que cet ustensile qu’on n’utilise pas tous les jours, acheté en commun, pouvait servir par roulement. Nos copains de la Loire nous ont donné pas mal de tuyaux sur la façon dont ils avaient monté ce nouveau service. Nous nous sommes inspirés de leur expérience et en novembre 1952, une première machine à laver Hoover démarrait à Wattrelos, un commerçant nous ayant consenti un paiement étalé pour ce premier achat et les suivants. Dans les quelques mois qui ont suivi, plusieurs machines ont été mises en service. Nous étions organisés en Inter-APF (6 ou 7 communes), l’initiative a été vite colportée. En juin 1953, les militants ayant lancé ce service se retrouvèrent pour faire le point. On s’est aperçu qu’une trentaine de machines étaient en service, achetées pratiquement chez le même commerçant dans des conditions plus ou moins bien définies (les militants n’étant pas tous des familiers de la comptabilité).
Les machines en location Publicité allemande site Hoover
Cette réunion a permis de prendre des décisions en commun : d’abord, élaborer un règlement avec souche signée par l’usager, spécifiant que le service était réservé aux adhérents A.P.F, sinon nous risquions d’être considérés comme commerçants, donc, passibles de payer des impôts et taxes. Les machines étaient véhiculées sur des chariots faits sur mesure, sur lesquels était attachée une boite contenant le cahier où la responsable avait inscrit les noms et adresses des utilisateurs de la machine pour la semaine ; également une petite boite où chacun mettait sa participation (1 franc) après chaque lessive. Certains militants étaient quelque peu réticents sur ce dernier point, craignant des vols d’argent, mais nous avons voulu prouver que la classe ouvrière savait respecter les biens collectifs. Pour dire vrai, à l’usage, il faut constater que les quelques « soustractions » qui ont pu se produire, représentent une infime quantité. Autre décision importante, Henri Brunin (comptable de profession) a proposé de prendre toutes les dettes que chacun avait chez notre même fournisseur ; en contrepartie, chacun lui remettrait ses recettes, décision acceptée par tous, ce qui nous a permis de nous mettre d’accord avec notre vendeur, qui ne demandait pas mieux d’avoir un seul interlocuteur. Les dettes, épongées, nous ont permis d’avoir des conditions d’achat plus intéressantes. D’autres APF avaient laissé le choix de la marque aux usagers, mais les frais de dépannage étaient évidemment plus élevés. Puis, s’est posé la question de l’entretien et de la réparation du matériel qui finissait par devenir cher (nous avions même acheté une machine de dépannage). Mon activité artisanale n’ayant pas encore son plein régime, j’ai pu m’occuper, à mi temps, de ce travail (disposant de téléphone, voiture, outillage nécessaire). Le nombre de machines augmentait sans cesse (près de 100), plus quelques aspirateurs, cireuses et même machines à tricoter, il a été utile d’avoir l’aide, également à mi temps de Lucien Delvarre. En 1963, ce dernier a pris la responsabilité complète de ce service dépannage.
écrit par Maurice Morelle
Je prends la relève pour la suite de cette aventure. A noter, le travail des responsables de machine : d’abord le bouche à oreille, puis contact avec les militants, lancement d’une réunion chez la responsable (déjà bénévole, elle payait même sa lessive !) : explications, présentation du service et de son fonctionnement, bonne volonté de chacun pour que ça tourne. La machine partait le lundi matin et ne revenait qu’en fin de semaine. Les services étaient généralement le matin et l’après midi, il est arrivé que des gens travaillant à l’extérieur fassent un troisième tour le soir (costaude la machine Hoover !). Au fur et à mesure de la progression de la demande, des négociations ont été engagées pour obtenir des prix de gros et la livraison de pièces détachées pour pouvoir « retaper » les machines en récupérant des pièces. Cette gestion intelligente a permis de contribuer à l’achat de la Maison Familiale de Sangatte. (la boucle est bouclée !). Il faut souligner la coopération militants/ responsables/ usagers sans laquelle on n’aurait pas pu réaliser cela, ainsi que l’adhésion jumelée APF/MLO qui permettait de dépasser le simple point de vue « usager de machine ». Toutes les campagnes MLO, planification, enseignement, consommation, presse, élections, ont été répercutées dans les « circuits » de machines à laver.
Les atouts de cette réussite de gestion ouvrière étaient la cohésion géographique (toutes les villes se touchent), donc, communication rapide, le potentiel militant hérité de la J.O.C/M.P.F, et au plan national une structure solide. Les grandes questions d’actualité étaient étudiées avec des moyens pédagogiques : panneaux, livrets « Etudes ouvrières », guide du présentateur. Tout cela était exposé et discuté dans les grandes journées de militants (généralement pendant un dimanche entier. . . mais oui !). Puis les gens retournaient dans leurs secteurs pour lancer des réunions d’information. Je l’ai dit, un public de choix était constitué des usagers de machine, invités par la responsable, donc bien connue, ce qui facilitait les échanges. Il y a des usagers qui sont devenus responsables (de machine), il y a des responsables qui sont devenus militants (es). Les discussions qui ont eu lieu avec l’apport du journal « Vie Populaire » ont permis à pas mal de gens d’approcher et de soutenir le combat que nous menons.
Ecrit par Lucien Delvarre en décembre 2009, avec un hommage particulier à Henri Brunin, aujourd’hui disparu, pour le boulot qu’il a réalisé. Contribution à l’HISTORIQUE DES SERVICES COLLECTIFS MENAGERS DE L’INTER – A.P.F. DE ROUBAIX ET ENVIRONS 1952 – 1968
Merci à Lucien pour la communication de ces deux textes
Le 5 novembre 1882, un nouveau théâtre, d’initiative privée, est inauguré, il s’agit de l’Hippodrome Théâtre. Il se trouvait non loin de l’emplacement occupé par l’actuelle tour du Théâtre, à côté de l’Usine Motte Bossut et des bureaux de cette société.
L’Hippodrome Théâtre Collection Médiathèque de Roubaix
Cette salle de spectacle contenait de 1500 à 1800 personnes, avec une scène d’une longueur de 25 mètres. En prolongement de la scène et séparé de cette dernière par un rideau métallique, se trouvait un grand foyer d’artistes utilisable dans les pièces à grand spectacle et au besoin comme salle de concert. Dans la partie des bâtiments affectés à l’Administration, il y avait des magasins de meubles, les bureaux de la Direction et la bibliothèque, les cabinets de coiffure, tailleurs, médecins, machinistes, foyer d’artistes, de choristes, de comparses et les loges d’artistes. Le magasin des décors comprenait un atelier de peinture, situé en dehors du théâtre et relié avec la scène par une galerie. Selon un témoin, la salle possédait sept sorties : trois en façade, deux sur les côtés, et deux à l’arrière qui donnaient dans l’ancienne rue des Longues Haies. La façade, construite quelques années après l’inauguration, était digne de celle de la Scala de Milan : colonnes en onyx du Maroc, statues représentant une danseuse et une jongleuse.
Plan de l’Hippodrome Collection Privée
L’Hippodrome Théâtre, qui avait coûté un million deux cent mille francs de l’époque, était admirablement situé sur un grand boulevard récemment créé et très passant, à deux pas de la Grand Place et de la Place de la Liberté. En effet, en 1882, on vient tout juste de reboucher l’ancienne partie du canal, ce qui procure à la ville une grande voie pénétrante, à la suite du magnifique boulevard de Paris, et du parc de Barbieux en cours de réalisation. L’Hippodrome n’aura d’égal qu’à Paris. Son architecture est remarquable, la disposition de la salle est ingénieuse moitié cirque, moitié théâtre. Ses représentations seront diversifiées, entre opérette et opéra, théâtre dramatique et comédies, vaudevilles et grands drames. Le cirque franco-belge viendra y séjourner au moment de la grande foire. Des meetings politiques, conférences, débats électoraux, s’y dérouleront aussi, devant une salle comble : Marc Sangnier, Jules Guesde, Jean Jaurès, parmi tant d’autres, viendront y prendre la parole. Les roubaisiens étaient un public de mélomanes, et ils étaient férus de bel canto et d’art lyrique. L’Hippodrome théâtre devint donc une scène d’audience nationale, qui recevait des artistes comme Sarah Bernhardt, Cécile Sorel, Sacha Guitry. De grands musiciens vinrent y conduire des concerts, comme Camille Saint-Saens, Charles Gounod.
Programme Collection Privée
Après la seconde guerre, on tenta de le moderniser, un écran de cinéma y fut installé et l’Hippodrome théâtre devint le Capitole. On y organisa même des combats de catch ! Un dimanche de mai 1957, le rideau du Capitole théâtre tomba définitivement sur les dernières notes des Mousquetaires au Couvent. Dernière représentation, dernier spectacle. L’évolution des mœurs, le tourisme, la télévision, le cinéma ont été cités comme responsables de cette fermeture. Après une carrière longue de 80 ans, était-il impossible de poursuivre, en aménageant ?
Le Capitole Collection Privée
La société Le Capitole est dissoute le 16 avril 1964. Une compagnie d’investissements immobiliers reprend les bâtiments ainsi que le café voisin et cette surface de 2700 m² servira à la construction d’un vaste immeuble, et d’une station service au rez-de-chaussée. Ainsi disparut à jamais un des grands lieux culturels et historiques de Roubaix.
En août 1914, Marie Léonie Vanhoutte, qui exerçait la profession de giletière, travaille à l’installation des ambulances de la Croix Rouge, rue Pellart, où elle est infirmière de salle. Au moment de l’invasion allemande, elle laisse la place aux infirmières allemandes, en emportant cependant deux objets précieux, qui lui seront fort utiles par la suite, son brassard et sa carte d’infirmière.
Son premier voyage de passeuse, elle le fait pour son frère, un évacué mobilisable n’ayant pu rejoindre le front, qui souhaitait rejoindre la France libre. Elle fera soixante dix kilomètres à pied de Roubaix à Gand, passera en Hollande, et mènera quatre hommes à la liberté. Lors d’un nouveau voyage, elle recueille des informations sur les mouvements de troupe et les emplacements des batteries ennemies. Elle vient de rencontrer son amie Louise de Bettignies, qui fait d’elle son lieutenant sous le sobriquet de Charlotte, dans un réseau financé par les anglais. Ses missions sont les suivantes : passages de personnes, collectes de renseignements, transferts de correspondance, de la France occupée vers la Hollande, à travers la Belgique.
Roubaix occupée par les allemands, ici au Pile Photo Nord Eclair
Le 24 septembre 1915, elle sera arrêtée sur dénonciation, à Bruxelles, quelques jours à peine avant Louise de Bettignies. Incarcérées toutes les deux à la prison St Gilles de Bruxelles, elles seront d’abord condamnées à mort, puis déportées à Siegburg en Allemagne, où Louise de Bettignies mourra d’une pleurésie purulente en septembre 1918, alors que Marie Léonie luttait elle-même contre le typhus qu’elle avait contracté à force de soigner ses compagnes de captivité atteintes de cette maladie. Elle sera libérée le 3 octobre 1918 par des évadés belges et fronçais accompagnés de soldats allemands au moment de la proclamation de la République allemande.
Léonie Vanhoutte honorée en 1919 et en 1927 Photo Journal de Roubaix
Le 24 Août 1919, elle reçoit la croix de guerre, Elle recevra aussi la Médaille Militaire anglaise, la Croix de Chevalier de l’Ordre de l’Empire Britannique ainsi que la Croix Civique belge. Antoine Redier écrira l’histoire de Louise de Bettignies et de Marie Léonie Vanhoutte en 1923 dans un ouvrage intitulé La Guerre des Femmes publié aux éditions de la Vraie France. Le 27 février 1927, elle obtient la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur. Elle épousera Antoine Redier, son chroniqueur en 1934.
En 1966, elle était promue au grade d’Officier de la Légion d’Honneur. Elle s’éteignit le 4 mai 1967 à l’âge de 79 ans et repose désormais dans l’ancien cimetière de Hauteville, dans le caveau de la famille Redier. Une rue porte désormais son nom dans la cité des Trois Ponts.
On lira avec intérêt
Le livre d’Antoine Rédier La Guerre des femmes, couronné par l'Académie Française
dont sera tiré le film Sœurs d'armes de Léon Poirier en 1937
Et on visitera la magnifique exposition virtuelle de la bibliothèque numérique de la médiathèque de Roubaix intitulée la Fleur au fusil
Dix ans après sa création en 1949, la maison de l’enfance des Trois Baudets est progressivement devenue un véritable centre social accueillant. Le taux de fréquentation est élevé, et l’on commence à refuser du monde, d’autant que l’habitat s’est développé, du côté des Hauts Champs, où l’on envisage de créer le même type d’établissement, car les installations d’équipements collectifs se trouvent éloignées de ce quartier…
Chantier de construction de la maison de l’enfance des Hauts Champs, futur centre social Photo Nord Eclair
C’est en avril 1962 que commence la construction d’une maison de l’Enfance pour les Hauts Champs, première réalisation sociale communautaire, desservant Hem et Roubaix, sur le territoire d’Hem, derrière le bâtiment 12 (La Grande Barre). C’est le comité de gestion des centres sociaux dans les quartiers neufs qui fait bâtir, dont la présidente est Mme Albert Prouvost, épouse du Président du C.I.L. L’immeuble est bâti de plain-pied et présente trois corps de bâtiments reliés par des corridors.
Vue aérienne de 1964, on distingue les trois corps de bâtiment du centre social près de la grande barre Photo IGN
Quelles sont ses activités ? D’abord il y a un service social, déjà une assistante sociale de la Maison de l’Enfance des 3 Baudets y est détachée, et un service médical avec soins à domicile. Puis on y trouvera un centre d’enseignement ménager, qui prépare le CAP. C’est celui des 3 baudets qui déménage, et qui à ce moment là, comptait 40 élèves. Il y aura aussi un cours de couture pour fillettes, jeunes filles et mamans, qui aura lieu le jeudi. Pour l’instant, pas de bibliothèque, ni de consultation de nourrissons, il faut encore aller aux 3 Baudets. On pense à innover : un cercle de loisirs est créé pour les jeunes, qui disposeront d’une vaste salle pour un ciné club, des réunions sportives ou culturelles. Dans un autre local plus petit, il y aura un club philatélique, des cours de musique, de bricolage.
Cette Maison de l’Enfance des Hauts Champs est d’abord conçue comme un complément harmonieux de celle des 3 Baudets. Elle prend le nom de centre social des Hauts Champs et fonctionne à partir de l’année 1964, sous la tutelle des Maisons de l’Enfance. En 1969, sa gestion est autonome, et il devient un centre social à part entière le 1er janvier 1971.
Cours de coupe couture au centre social Photo Nord Eclair
En 1972, sa directrice est alors Madame De Winter, et dans un quartier sans mairie, sans bureau de poste, de commissariat de police, de salle de spectacle ou encore de terrain de sport, le centre social tente de remédier à toutes ces lacunes. Il propose alors un centre de soins, un bureau de sécurité sociale, une bibliothèque. Il forme les femmes à la cuisine, la couture et à la puériculture. Il y a des cours de français, de secourisme, de la gymnastique volontaire, des kermesses, des fêtes familiales. En 1972, six cents familles sont adhérentes au centre (la carte d’adhésion : cinq francs par an).
En décembre 1966, le syndicat des locataires des Hauts Champs et quartiers limitrophes se réunit à la maison de jeunes avenue Laënnec à Hem. Le vice président, Monsieur Ingelaere, fait le bilan des actions entreprises au cours de l’année écoulée auprès de la municipalité, des organismes propriétaires (HLM et Toit Familial) et de la préfecture. Cependant, dit-il, beaucoup des locataires du Nouveau Roubaix n’ont pas conscience du fait qu’ils peuvent s’exprimer par la voix de leur syndicat, organisme représentatif qui a une très large audience auprès des autorités compétentes. La mobilisation aurait-elle tendance à faiblir ?
Madame Chain fait ensuite un exposé sur le problème de l’eau et du chauffage. Puis on évoque à nouveau la question des équipements sociaux, sportifs et culturels, premier cité des cinq objectifs donnés pour le syndicat par son président M. Desjardins.
Le président prend la parole pour énumérer un certain nombre d’équipements souhaités par les habitants : stade, piscine, maison de jeunes, dont il faudra peut être revoir l’implantation, suggère Monsieur Desjardins. Rappelons qu’elle se trouve sur Hem, à l’extrémité du grand axe longeant la Grande Barre. Il réaffirme que ce sont des réalisations prioritaires. Enfin, la réunion se termine par une motion de solidarité avec les mal-logés des 46 dernières courées de Roubaix.
En avril 1967, le syndicat des locataires des Hauts Champs et quartiers limitrophes s’associe à la manifestation organisée à Lille, par les syndicats CGT et CFDT, les associations familiales, mouvements d’éducation populaire, associations et mouvements de jeunes, sur le thème des problèmes de l’emploi, de la sécurité sociale, de l’enseignement, du logement social…Le Syndicat signifie qu’il sera présent non en tant quel tel, mais avec ses militants et adhérents regroupés dans leurs organisations respectives.
Une partie du bureau du syndicat, M. Desjardins, Président, entouré de Mme Delion, secrétaire et M. René Valque Photo Nord Éclair
Quelques jours plus tard, le Syndicat remobilise ses troupes autour de la question du chauffage par le sol, l’un des premiers dossiers déjà abordé en 1960 ! Suite à une enquête auprès des locataires, une réunion publique est organisée pour informer les adhérents sur les différentes actions qui vont être entreprises dans les jours suivants. Il est question de rencontrer les différentes sociétés propriétaires afin d’obtenir un réglage complet et plus strict du chauffage et de la société qui en a la charge. En effet, les charges de chauffage et d’eau chaude pèsent lourdement sur le budget familial. De plus, ce type de chauffage est remis en cause, non seulement parce qu’il ne permet pas l’utilisation personnalisée, mais surtout qu’il n’est pas bon pour la santé.
En 1965, au moment de la construction des cubes du chemin vert, la chaufferie près du bâtiment Degas Photo IGN
Cette démarche sera relayée nationalement, et une lettre a été envoyée à tous les médecins de Roubaix, pour étayer de leur avis, l’action du syndicat des locataires. Le Président termine la séance en rappelant qu’il s’agit plus d’humaniser les conditions de vie de l’ensemble des Hauts Champs, plutôt que de gêner les sociétés propriétaires dans la location de leurs appartements.
En 1984, la rénovation des immeubles HBM va commencer. Comment en est-on arrivé là ? Un article daté de février 1979, relate la visite de Bernard Carton, adjoint à l’urbanisme, aux comités de quartier, et particulièrement à celui qui regroupe à l’époque les représentants du secteur Justice Hauts Champs Chemin Neuf Nouveau Roubaix Edouard Vaillant.
Il est venu pour insister sur l’importance de la concertation sur la question des aménagements futurs du quartier. Il en vient à parler de la rénovation des vieilles HBM[1], donnant sur le boulevard de Fourmies et sur l’avenue Motte. Ces grands immeubles qui ont fait la fierté du Nouveau Roubaix datent du début des années trente, et on commence à s’intéresser à leur modernisation. Un programme de réhabilitation est annoncé, qui devrait concerner 300 logements.
Les vieilles HBM dans les années soixante Collection Particulière
En avril, le journal Nord Éclair signale un certain laisser aller dans le quartier, notamment rue Rubens où les papiers rejoignent les feuilles des arbres par terre. Les riverains garent leurs voitures sur les pelouses et les transforment en bourbiers. On est loin de l’aspect champêtre et salubre des immeubles du temps de Jean Lebas.
En janvier 1980, la question a avancé : les organismes de logement social concernés sont d’accord avec le principe, mais s’inquiètent du coût pour les locataires. Le Carihem et les immeubles HBM du Nouveau Roubaix sont concernés, pour des raisons différentes, l’insonorisation pour le premier, le coup de neuf pour le second.
Les locataires eux s’inquiètent déjà : l’augmentation annuelle des loyers près de 15%, le chauffage insuffisant des hlm de la rue Carpeaux et du Nouveau Roubaix, entre autres sujets de mécontentement.
Les HBM en 1980 Photo Nord Éclair
Le mot réhabilitation ne parle pas aux habitants. Le comité de quartier organise alors en juin 1980 une réunion qui se déroule au centre familial Carpeaux. Sont invités le groupement de défense des locataires, la CSCV (Confédération Sociale du Cadre de Vie) et la CNL (Confédération Nationale du Logement). Dans le débat qui s’instaure, il apparaît qu’une part du loyer payé par les locataires doit servir à l’entretien et aux réparations des logements, ce qui n’a pas l’air d’être le cas. Une dame témoigne : voilà 56 ans que j’habite dans mon appartement et jamais de gros travaux n’ont été réalisés ! Les locataires font part de leurs craintes quant à l’augmentation du loyer qu’entraînera la réhabilitation.
à suivre
D’après Nord Éclair
[1] Habitations à bon marché construites en deux tranches fin des années vingt et début des années trente
En Janvier 1964, le journal Nord Éclair titre : le glas va-t-il sonner prochainement pour l’Hippodrome ? Le vénérable théâtre de l’Hippodrome avait ouvert ses portes le 5 novembre 1882, quelques mois à peine après le comblement du canal. Pendant trois quarts de siècles, il aura été un des lieux de spectacle favoris de la population roubaisienne. A la fois cirque, salle de théâtre et d’art lyrique, de meetings et de débats politiques, et dans les derniers temps salle de cinéma, l’Hippodrome théâtre a fermé ses portes en 1957.
L’hippodrome théâtre, en cinéma Capitole Collection Particulière
En 1963, la Compagnie d’Investissements Fonciers a racheté le dernier café adossé au vieux théâtre, et annoncé un projet de construction d’un immeuble et d’une station service. En Juillet 1964, c’en est fini du vieux théâtre, jeté à terre par les bulldozers. Cependant le projet ne démarre pas immédiatement. La surface n’était-elle pas suffisante ?
Les bureaux de l’entreprise Motte Bossut et le rond point de l’Europe en 1969 Photo Nord Éclair
Il faut attendre 1971 pour qu’il soit envisagé de récupérer l’espace occupé par deux cafés et par les bureaux de la maison Motte Bossut, situés à l’angle de la rue du Coq Français et du boulevard Leclerc, dans le prolongement de l’usine. Le crédit municipal situé sur le même trottoir au n°42 serait également concerné par la démolition, mais on ne sait pas où le reloger.
Projet publié en 1972 par Nord Éclair
Le projet de construction est alors porté par le CIL de Roubaix Tourcoing, et il est envisagé une importante opération immobilière comprenant un immeuble de 16 étages, des commerces, un restaurant, une station service. Un second immeuble de dix étages est prévu le long de la rue Vincent Auriol. La démolition intervient en octobre 1971. On prévoit de donner le nom de Résidence du Théâtre à la tour de seize étages…
Après la seconde guerre, l’église Ste Bernadette était à l’orée d’une plaine champêtre, en face de l’église d’aujourd’hui, sur l’emplacement actuel du siège d’une importante entreprise textile roubaisienne. Un vaste terrain se trouvait alors derrière son imposante masse, qui fait l’objet en janvier 1949 de tous les soins de l’Union des Sociétés Sportives de Roubaix, qui souhaite l’aménager en stade. Situé entre la briqueterie et l’église, cet emplacement a été aplani et présente l’aspect d’une pelouse bien entretenue. On prévoit sur ce terrain de sports d’y pratiquer le football, le basket, l’athlétisme. Un vestiaire est prévu avec boxes et douches. Le temps de l’inauguration est proche, n’étaient ce les 300.000 francs qui manquent encore pour parfaire la réalisation. L’abbé Lehembre, aumônier de l’U.S.S.R, 83 rue Henri Lefebvre, s’occupe de réunir les fonds. L’U.S.S.R à cette époque, c’est six sociétés de gymnastique, onze clubs de football, six clubs de basket. Le tout est subventionné par la ville et agréé par les autorités militaires.
André Diligent inaugurant le stade de la Centrale Photo Nord Éclair
L’inauguration intervient le 10 mai 1949 et André Diligent, adjoint au maire coupe le ruban pour l’occasion. La cérémonie ait été fixée à 15 heures, mais le stade de la Centrale (c’est le nom qui lui fut donné) avait déjà été envahi bien avant par un grand nombre de sportifs. L’envahissement fut endigué et l’on put procéder à l’inauguration à laquelle succéderont un défilé scandé par la Fanfare d’Hem, puis des matchs de football, de basket et des exhibitions de gymnastique.
On ne sait pas encore quand les activités de ce stade cessèrent. Il y eut bien d’autres activités derrière l’église dont l’histoire reste à écrire. Ainsi les débuts de l’école sainte Bernadette, avant qu’elle s’en aille avenue Delory, ou encore les œuvres paroissiales ou les activités du patronage. Les témoignages sont toujours les bienvenus. L’horizon de cette petite plaine se ferma avec la construction de la cité des Hauts Champs à partir de 1958.
Confirmations à la paroisse Ste Bernadette Photo Nord Éclair
En avril 1959, Monseigneur Dupont, évêque auxiliaire de Lille, vient administrer le sacrement de confirmation à deux cent vingt enfants de la paroisse Ste Bernadette. Nous découvrons ici les bâtiments qui se trouvaient derrière l’église, avec les nouveaux immeubles des Hauts Champs juste derrière…
L’emplacement du futur collège Photo Nord Éclair
En juillet 1973, la presse annonce la construction prochaine d’un collège d’enseignement technique derrière l’église Sainte Bernadette, rue Léon Marlot. Il s’agira d’un établissement privé où l’on donnera un enseignement commercial et on préparera au CAP et au brevet. L’ouverture est prévue à la rentrée de septembre, pour deux classes au moins. Quand il sera terminé, ce CET accueillera entre 300 et 400 élèves.