La bijouterie du quartier

Les participants de l’atelier mémoire du Centre ont fait l’étude des commerçants de la Grand Rue, parmi lesquels cette bijouterie située au n°137, dont l’histoire nous a été racontée par la fille de la maison. En 1928, le n° 137 formait une seule maison, occupée par les cycles Deletombe. Puis le bâtiment se divise en deux : en 1932, on y trouve le coiffeur Van Eeno et le marchand de journaux Liénart. Au moment de l’installation de l’horlogerie bijouterie en 1942, l’autre partie était occupée par l’Optique André, gérée par M. Chantepie auquel a succédé M. Raymond Dumortier, sous la même enseigne. Amand Battiau et sa femme ont donc ouvert le magasin en 1942. Mais Amand est décédé en 1945 et sa veuve s’est remariée avec M. Richard.

L'horloger bijoutier et l'opticien, tous deux au n°137 Photo Coll Particulière
L’horloger bijoutier et l’opticien, tous deux au n°137 Photo Coll Particulière

Autour de la bijouterie, il y avait une cour et une petite maison, aujourd’hui disparus. Ce terrain a été repris par l’institution Jean XXIII, pour faire une salle de sports juste derrière. La bijouterie se situait donc en face de chez Deruyck, le marchand de musique bien connu. Après il y avait le Galon d’eau, les graines…

Le grand père horloger Doc Coll Particulière
Le grand père horloger Doc Coll Particulière

Le père Battiau était artisan horloger, comme le grand-père, qui avait un atelier au n°170 rue de l’Ommelet. Il avait appris le métier avec des livres que sa fille possède encore. Horloger créateur, il fabriquait lui-même des pendules. Les deux artisans, père et fils faisaient des modèles uniques, et le grand-père a été récompensé d’une médaille de Besançon pour une de ses pendules.

Le père horloger et une pendule originale Coll Particulière
Le père horloger et une pendule originale Coll Particulière

« Nous avions une clientèle de classe moyenne, les gens avaient tous leur réveil matin, et au plus il faisait tic-tac, au plus ils l’aimaient. Les réveils silencieux, les gens n’en voulaient pas, parce qu’ils ne faisaient pas de bruit. On vendait des coucous, des régulateurs, des montres, des réveils. Ça allait des grands machins qui sonnaient tous les quarts d’heure, aux coucous qu’on faisait marcher quand les enfants venaient parce qu’ils aimaient bien l’entendre ». Le père Battiau avait créé une grande pendule qui servait d’horloge publique. Les gens qui partaient travailler le matin la regardaient, et quand elle s’arrêtait, ils venaient prévenir, car ils disaient qu’ils n’avaient pas eu l’heure. Anny se souvient des carillons, ça sonnait tous les quarts d’heure. Elle dit qu’elle ne supporte pas de ne pas les entendre les tic-tac. Elle n’aime pas le silence, car elle dormait à côté de l’atelier, où toutes les pendules sonnaient. A six ans, elle savait remonter les horloges.

L'horloge "publique" de Monsieur Battiau Coll Particulière
L’horloge « publique » de Monsieur Battiau Coll Particulière

Dans cette horlogerie bijouterie, on a vendu des marques, bien sûr, comme : jaz, vedette, lip, zenith, lov, et on avait des buvards publicitaires. Pour la bijouterie or, pas de marque, mais on faisait aussi les bijoux Fix et Murat, c’était du plaqué, dit un témoin. Il y avait des catalogues. En bijouterie, on faisait les colliers, les bagues… Pour les cadeaux, c’était différent de maintenant. Avant les gens se fiançaient, on faisait des bagues de fiançailles, puis ils se mariaient, il y avait des alliances. On avait les baptêmes, pour lesquels on vendait chaînes, médailles, bracelets, et cadeaux Christofle, timbales, ronds de serviette, coquetiers. A la Sainte Catherine, on offrait les couverts Christofle à la pièce, pour que les filles célibataires montent leur ménage. Ensuite on avait les  communions, c’était la première montre, moment très important, de marque Lov, spéciale communions, et les chaines, les croix, et les gourmettes. On avait une clientèle, car tout le monde travaillait. On allait chez son bijoutier, c’était la bijouterie du quartier.

La fameuse montre de communion doc Coll Particulière
La fameuse montre de communion doc Coll Particulière

Les réparations les plus fréquentes sur les montres, c’était l’axe du balancier était cassé, en général c’est parce que la montre était tombée. Mais les gens juraient leurs grands dieux que non, qu’elle n’était pas tombée, que c’était un défaut. Ou encore cette dame qui est venue un jour avec le balancier de son horloge, en disant qu’il ne bougeait plus !

Intérieur et devanture de l'horlogerie bijouterie Coll Particulière
Intérieur et devanture de l’horlogerie bijouterie Coll Particulière

Maintenant il n’y a plus beaucoup d’artisans. Chez les bijoutiers d’aujourd’hui, ce sont des chaînes, les montres à quartz sont jetables, on ne répare pas et pour les grandes marques, il faut les renvoyer à l’usine. D’ailleurs la bijouterie du n°137 n’a pas fait de grandes marques, parce qu’elles voulaient un seul magasin qui en gardait l’exclusivité.  On a fermé en 1992, le beau père était veuf, « son magasin, c’était son magasin », sinon on aurait arrêté avant. On est restés cinquante ans au même endroit, et il n’y a pas eu de repreneur, car les petits commerces périclitaient.  Le stock, ou ce qu’il en restait, a été vendu en salle des ventes, après trois mois de soldes avec autorisation préfectorale.

Merci à Anny pour ce magnifique témoignage

Magris et le granito

Joseph Magris, est né dans un village près de Trieste et de Venise. Cimentier de son état, il vient en France après la première guerre. Il travaille à Reims, puis dans le Pas de Calais, enfin à Tourcoing, dans le cadre de la reconstruction. Puis Il s’installe à son compte en 1925 à Roubaix au 133 rue de la Mackellerie.

Joseph Magris et sa maison Photos NE
Joseph Magris et sa maison Photos NE

Cette maison à l’architecture insolite (dit la presse de l’époque) a été entièrement aménagée par son nouveau propriétaire, qui va y installer une entreprise de bâtiment prospère. De l’ancienne maison, il ne reste plus rien. Au rez-de-chaussée, front à rue, c’est l’usine avec l’entrée des bureaux, le vestiaire des ouvriers, et l’entrée du personnel. Il y avait aussi une petite salle d’exposition. La maison d’habitation située au-dessus comprend des balustres, des jardinières, un escalier extérieur, une large terrasse, comme il se doit d’influence italienne. C’est désormais la maison de Joseph Magris, le fabricant de « granito ».

Initialement, Joseph Magris est granitier, il fabrique des dalles avec des morceaux de marbre, il était aussi polisseur sur place. C’était fastidieux, il fallait poncer et re-poncer, mais ça durait et c’était beau. Mais c’était aussi cher. Joseph Magris invente alors une imitation de la pierre bleue (marque Sirgam). Puis ce sera le granito, qui est une pierre artificiellement reconstituée, utilisée pour les pavements, les revêtements et pour les monuments funéraires. Moins cher que la pierre naturelle (le marbre ou la pierre de Soignies), le granito permet de faire des monuments funéraires à bon marché.

En tête de l'entreprise Magris Coll Particulière
En tête de l’entreprise Magris Coll Particulière

Joseph Magris se lance ensuite dans la fabrication de carreaux de granito, toujours avec l’argument d’être bon marché, il propose de la couleur. A l’aide de ses deux fils Oscar et André, il développe cette nouvelle orientation. D’autres projets suivront, carrelages pré-fabriqués, sous forme de dalles.

La maison Magris aujourd'hui Photo Google Maps
La maison Magris aujourd’hui Photo Google Maps

Une anecdote concernant l’entreprise : sur le fronton de l’usine de la rue de la Mackellerie, l’artisan avait mis un s à Granito sur la façade, transformant notre italien en espagnol. Les lettres étaient en relief, et on décida de repeindre en blanc la lettre en trop. C’est pourquoi on la voit encore apparaître sur la façade.

L’entreprise s’est développée : cinq, dix puis vingt ouvriers. Il faut un autre local. C’est ainsi que Joseph Magris achètera en viager l’usine de la rue de Mouvaux, ex tissage Domino, anciennement savonnerie Vaissier, qu’il utilisera pour l’exposition de ses produits, mais aussi pour la fabrication des grands formats. En 1958, les Ets Magris fabriquent chaque jour 300 m² de carreaux en granito. Une exposition permanente de ces matériaux est visible au 2 de la rue de Mouvaux (ancienne usine de savonnerie Vaissier) avec entrée libre. Une autre exposition est installée au centre de documentation du bâtiment à Lille Place de la Gare.

Magris à la foire de Lille Photo NE
Magris à la foire de Lille Photo NE
Le stand Magris à la foire de Lille Coll Particulière
Le stand Magris à la foire de Lille Coll Particulière

En 1959, les Ets Magris exposent à la foire de Lille, et le ministre de la construction s’intéresse à leur production. Les carreaux de granito Magris sont présentés comme un matériau absolument remarquable de solidité et d’élégance. On évoque également le goût des coloris : ciment flammé, mosaïques de marbre, carrelages de granito, agréables à l’œil, au toucher, solides et confortables. C’est du beau, du bon et du pas cher ! Le stand Magris présentait une polisseuse de carrelage, qu’on utilisait pour poncer sur place sur les chantiers des particuliers, notamment pour qu’on ne voie pas les joints.

En tête de chez Magris Coll Particulière
En tête de chez Magris Coll Particulière

Progressivement l’entreprise s’est équipée avec des robots et des nouvelles machines. Elle fabriquait les grands formats rue de Mouvaux, et les petits rue de la Mackellerie. Quand elle a cessé ses activités, l’entreprise produisait quotidiennement 520m². Sur la fin, elle ne fabriquait plus de granito, mais des dalles d’usine et de trottoir, pour les aéroports, ou les usines. L’entreprise s’est arrêtée à Roubaix en novembre 2004. Une société des Carrelages Magris dont l’objet est la fabrication d’éléments en béton pour la construction est aujourd’hui implantée à Lieu Saint Amand près de Bouchain.

Merci à Patrick pour les précisions et les anecdotes

La limite de Roubaix

La rue de l’Espierre se situe à la limite nord du territoire roubaisien. Elle joint le canal de Roubaix, à la hauteur du pont des Couteaux, au territoire de Wattrelos. Nivelée en juin 1894, elle fait partie du projet de création d’un nouveau quartier du Hutin. Le 15 juin 1899 est organisée la vente des terrains qui sont pour la plupart la propriété de la société civile Dubar frères. Il s’agit de créer un nouveau quartier en viabilisant l’endroit, avec des rues bien tracées. L’ensemble est divisé en quinze lots dont le dernier constitue celui de la rue de l’Espierre. La première guerre mondiale perturbera la réalisation de ce projet.

Plans 1847 et 1899 du quartier du Hutin doc AmRx
Plans 1847 et 1899 du quartier du Hutin doc AmRx

Il faudra attendre avril 1930, pour que soit posée la canalisation d’eau potable dans la rue de l’Espierre. En avril 1931, on s’occupe de mettre une chaussée pavée entre le quai de Marseille et la rue Delespaul, puis en février 1932, on envisage le prolongement jusqu’au canal, qui sera effectif en 1933. Les travaux se poursuivent en mars 1934, avec la pose d’un aqueduc  entre le quai de Marseille et la rue Delespaul, et en mai 1934, on réalise le pavage entre Pont des Couteaux et rue Thècle. Ce n’est que le 9 octobre 1942 que le conseil municipal crée officiellement la rue de l’Espierre et la classe dans le domaine public.

Le débouché de la rue Thècle dans la rue de l'Espierre Photo Google Maps
Le débouché de la rue Thècle dans la rue de l’Espierre Photo Google Maps

Après la seconde guerre, les travaux reprennent : en 1954, on envisage le prolongement jusque Wattrelos, et à ce moment le ruisseau de l’Espierre est « aqueduqué ». Il s’agit en effet de réaliser un grand ensemble de logements sur la plaine de la Mousserie à Wattrelos. En 1956, l’aqueduc de la rue va jusqu’à Wattrelos. De 1957 à 1959, la rue de l’Espierre obtient une chaussée en tarmacadam. Selon le Ravet Anceau de 1953, la rue de l’Espierre est alors longue de 215 mètres, part du quai de Marseille et s’en va dans les champs. Peu de commerces : au n°61, à l’angle de la rue Thècle, le cafetier Devudder, qui fera alimentation en 1960, au n°73, l’entreprise de vieux métaux Leleu.

La rue de l'Espierre à l'angle de la rue...de l'Espierre Photo Google Maps
La rue de l’Espierre à l’angle de la rue…de l’Espierre Photo Google Maps

Au début des années soixante, la rue se complète : des maisons du n°101 au 107 des maisons, et un immeuble aux n°117/123 de quatre appartements. Côté pair, sont alors construits six immeubles n°92 à 100 de 10 appartements chacun. Curieusement ces immeubles sont construits du côté impair de la rue, et forment une impasse gardant le nom de la rue de l’Espierre.

La rue de l'Espierre aujourd'hui Photo Google Maps
La rue de l’Espierre aujourd’hui Photo Google Maps

Quelques années plus tard, le projet de route de la laine vaudra à la rue de l’Espierre de perdre ses maisons du côté pair, lequel est désormais occupé par des arbres, de la verdure et des protections anti bruits.

Sources : Archives Municipales de Roubaix, Histoire des rues de Roubaix par les Flâneurs, Témoignages et photos des membres de l’atelier, Google Maps

Un quartier, un comité

Le 15 mars 1858, Madame Veuve Delaoutre, née Decrême et ses enfants font la donation d’un terrain situé à l’angle du chemin reliant la rue du Moulin à la route de Lannoy. Le projet est d’y faire construire une église, un presbytère et des écoles. La construction de l’édifice religieux fait l’objet d’une délibération municipale du 28 septembre 1859, l’adjudication des travaux date du 19 mars 1860. Cette église est l’œuvre de l’architecte de la ville Théodore Lepers qui la conçoit en style romano-byzantin. Les travaux vont durer trois ans. En 1863, elle est ouverte au culte, après  avoir été érigée en paroisse pour desservir les quartiers du Pile, des Trois Ponts, du Tilleul et de la Potennerie.

Parvis de l'église Sainte Élisabeth CP Méd Rx
Parvis de l’église Sainte Élisabeth CP Méd Rx

Une rue Sainte Élisabeth est créée le 30 août 1865 et dénommée le 18 septembre 1867. Elle s’étend du chevet de l’église jusqu’à la rue des longues haies, et en 1899 un projet de jonction au boulevard Gambetta est envisagé qui ne sera jamais mené. C’est dans cette rue que se trouvait l’école des Sœurs de la Sagesse au n°57, avant que l’école ne soit laïcisée et devienne l’école Ernest Renan, ce qui n’empêchera pas le retour de l’école confessionnelle après la première guerre mondiale. En 1930, il y avait dans la rue deux écoles communales (filles et maternelle), et deux écoles confessionnelles (filles et maternelle) ainsi qu’un patronage de jeunes filles, les Ames Vaillantes. Cette rue porte aujourd’hui le nom d’Henri Lefebvre, militant socialiste décédé en 1937.

École rue Sainte Élisabeth CP Méd Rx
École rue Sainte Élisabeth CP Méd Rx

C’est donc bien un quartier qui se crée à partir de 1860, entre le chemin des longues haies (ex rue Edouard Anseele)  et le chemin du tilleul (actuelle rue Jules Guesde). Roubaix ville s’arrête encore au chemin du Pile à La Potennerie (future rue Jules Guesde). La création ultérieure d’ autres paroisses va contribuer à délimiter le territoire actuel du quartier : ainsi l’église Saint Rédempteur (1883), l’église Saint Jean Baptiste (1890), de même que l’importance grandissante des voies de communications comme la rue de Lannoy et la rue Pierre de Roubaix. La ville industrielle se développe également avec les implantations des usines du boulevard de Mulhouse (1883), de la rue Jouffroy (1887), et du boulevard de Reims(1895).

École Ernest Renan CP Coll Particulière
École Ernest Renan CP Coll Particulière

Après plusieurs réunions de travail, le comité de quartier Saint Élisabeth se crée en mars 1985. Le premier problème à résoudre est de savoir comment les moyens entre le comité de quartier du Pile (créé antérieurement) et le nouveau comité de quartier Saint Élisabeth seront répartis par la mairie. Au sein du premier bureau de l’association, le Président est Michel Parent, la secrétaire Marie-José Joly, et le trésorier Mohamed Guerra. Chaque association du secteur peut bénéficier d’un siège au conseil d’administration. Le comité de quartier a défini son territoire : c’est un quadrilatère formé par le boulevard de Belfort, la rue de Lannoy, le boulevard de Mulhouse et la rue Pierre de Roubaix.

Territoire Comité de Quartier Extrait Plan Méd Rx
Territoire Comité de Quartier Extrait Google Maps

Les objectifs du comité sont les suivants : obtenir un local pour les jeunes, maintes fois réclamé à la mairie. L’ancienne école Sainte Thérèse pourrait servir à ça, mais le comité souhaite récupérer une maison qui serait retapée par les ados. On souhaite également un point d’urgence et d’accueil pour les femmes battues, on revendique la création d’espaces verts dans le territoire. Puis plus largement des points d’informations sur droits et devoirs des propriétaires et locataires, pour les demandeurs d’emploi, pour la création d’entreprises intermédiaires, sans oublier l’organisation de fêtes de quartier. Ambitieux programme, à l’image de ceux des autres comités de quartier roubaisiens.

A suivre

Sources :

Bulletin de la SER n°40 Inventaire du Patrimoine religieux roubaisien,

Histoire des rues de Roubaix par les flâneurs Editions SER,

Presse locale, Internet

Coussement, le chauffage innovant

Selon un de ses en-têtes de lettre, la société Coussement a  été créée en 1909, à Tourcoing par Achille Coussement. Elle fabrique des cuisinières à charbon et de la ferronnerie. Avant son arrivée à Roubaix, une forte concurrence existe déjà localisée dans les autres quartiers de la ville, tels Havret et Dhondt, rue Lalande, l’Hygiène moderne rue de l’alma, Liagre rue de Lannoy, Mazure rue du Grand Chemin, Nollet place du progrès. Il s’agit alors de fabricants de cuisinières, dont la fonction était double, chauffer le logement et servir pour la cuisine. Un article de presse de 1958 nous apprend que l’entreprise est animée depuis 20 ans par son fondateur, André Coussement ! Soit un réel démarrage à Roubaix, en 1938, au n°15 rue du Fresnoy, qui fut auparavant occupé par un marchand de fourrages, M. Hacquette, et qui sera repris un temps par la société Crépy pneus en 1960.

La production Coussement au 15 rue du Fresnoy Coll. Particulière
La production Coussement au 15 rue du Fresnoy Coll. Particulière

La société Coussement s’est vraiment développée après la seconde guerre. Le 15 rue du Fresnoy étant devenu trop petit, elle déménage rue du vivier n°8 au 12, dans une ancienne usine occupée par la société Vandenbroucke frères, fabricants de machines à tisser. C’est un grand espace qui convient bien à une fabrication industrielle.

Rue du Vivier n°8-12 Extrait Ravet Anceau
Rue du Vivier n°8-12 Extrait Ravet Anceau

L’article de 1958 nous apprend que les premiers systèmes de chauffage, cuisinières à système de foyer intégral sont sortis des ateliers en 1947. A cette époque, on pouvait chauffer un trois pièces pendant 24 heures avec 8 kg de charbon. Mais André Coussement n’est pas seulement un fabricant, il est également un inventeur, comme le prouve ce dépôt de brevet en 1956.

Brevet Coussement source Gallica
Brevet Coussement
source Gallica

L’installation rue du Vivier qui date de 1958 fait de lui un industriel, dont l’usine est présentée comme modèle !

Vues de l'usine rue du Vivier Photos NE
Vues de l’usine rue du Vivier Photos NE

André Coussement va apporter sa contribution aux progrès du chauffage, faisant ainsi passer la cuisinière d’autrefois aux oubliettes. Il développera la conception et la fabrication du chauffage central, avec tous types d’énergies, du charbon à l’électricité. Dès lors l’entreprise rayonne et se développe, comme le prouvent ces publicités du début des années soixante.

Publicités Cousement 1958/1959 in NE
Publicités Cousement 1958/1959 in NE

La célèbre marque Godin reprend les chaudières Coussement en 1992. Producteur de poêles et de cuisinières bois-charbon, l’entreprise Godin de Guise, dans l’Aisne, élargit sa gamme de productions avec l’acquisition de la société Coussement, qui fabrique des chaudières de chauffage central toutes énergies à usage domestique. Pour Gilbert Dupont, le président de Godin, cette acquisition constitue, avec son unité de production de l’Aisne, une complémentarité de gammes et de produits qui rend l’ensemble particulièrement compétitif. L’entreprise au célèbre poêle « le Petit Godin » poursuit donc son développement depuis sa reprise en 1988 par la famille Philippe, propriétaire du groupe Cheminées Philippe. (d’après le journal Les Echos).

Le site de la rue du Vivier sera ensuite abandonné, et en 2006, l’emplacement de l’ancienne friche Coussement au sol « pas très catholique » (sic la presse) est livré aux mains des jardiniers. Pendant trois ans, « poussant des brouettes de gravats, retournant, à l’instar de forçats dans un pénitencier, une terre aride et argileuse », ils réussiront « à faire pousser autre chose que du chiendent en contre-bas de la ligne de chemin de fer sur cet espace ». Ainsi est né Le Jardin de traverse qui constitue son herbier en 2010 en explorant les abords de son potager pour établir un recensement des espèces botaniques poussant en toute liberté sur « le sol ingrat de l’ancienne friche Coussement ».

Pour l’historique des Jardins de Traverse : http://jardindetraverse.over-blog.com

 

 

 

 

Le mystère de la rue Thècle

La rue Thècle s’étend sur 100 mètres entre la rue du Hutin et la rue de l’Espierre. Sa largeur est de 10 mètres. Assez curieusement, il y eut pendant quelque temps un morceau de voie nommé rue Thècle prolongée qui partait en impasse de la rue de Constantine.

Le projet de quartier 1889 (extrait) AmRx
Le projet de quartier 1889 (extrait) AmRx

Le projet d’ensemble d’ouverture de diverses rues dans le quartier du Hutin présenté le 24 mai 1889 par les propriétaires ci-après, MM. Houzet Lutun, Dubar Delespaul, L. Duchatelet, Henri Salembier, la société civile Dubar Frères, ne comporte pas trace de ce prolongement, il indique simplement l’ouverture d’une rue dénommée rue Thècle entre la rue de l’Espierre et la rue du Hutin.

Le projet 1899 (extrait) AmRx
Le projet 1899 (extrait) AmRx

En 1899, la société civile Dubar vend des terrains et sans doute pour leur donner plus de valeur, intègre un projet de percement de la rue Thècle jusqu’à la rue de Constantine. Il aurait fallu démolir la ferme du Hutin pour joindre les deux bouts de la rue Thècle, en un parfait alignement. Le souhait des promoteurs de ce projet ne fut jamais réalisé, car la valeureuse ferme du Hutin est toujours debout, l’une des dernières de Roubaix.

La ferme du Hutin, vue de la rue Thècle Google Maps
La ferme du Hutin, vue de la rue Thècle Google Maps

Quant à la rue Thècle d’origine, elle fut classée dans le réseau vicinal le 26 septembre 1930. Les  travaux de mise en état de viabilité furent exécutés par la société Carette Duburcq fils, et terminés le 26 janvier 1932. La rue ne comptera qu’un seul commerce : un estaminet au n° 45 dès 1891 et ce jusqu’à la seconde guerre mondiale.

La rue Thècle vers la rue de l'Espierre Google Maps
La rue Thècle vers la rue de l’Espierre Google Maps

La rue Thècle est donc constituée de deux tronçons indépendants : la rue en elle-même et la rue Thècle prolongée qui est une impasse s’ouvrant sur la rue de Constantine. Un artisan peintre, M. Dujardin, y avait son atelier en 1972. Cette partie de rue a été débaptisée, on lui a donné le nom d’Oste de Roubaix, demi-frère de Jean V de Roubaix, dit bâtard de Roubaix, selon Théodore Leuridan. Ce seigneur avait acquis ce qui allait devenir le fief de la Grande Vigne au XVème siècle. C’était donc un hobereau du coin.

Impasse Oste de Roubaix Google Maps
Impasse Oste de Roubaix Google Maps

 La rue porte donc le nom d’une Dame Thècle, d’origine noble, aveugle de naissance, qui selon la tradition, vit en rêve l’apparition de Saint Eleuthère, qui lui demanda d’aller trouver l’évêque de Tournai pour retrouver son propre tombeau. Il s’agissait de convertir les païens de Roubaix, par l’effet de ses reliques. Inspirée par le Saint, Dame Thècle découvrit enfin le tombeau en l’église de Blandain. Après avoir reçu la promesse de l’évêque d’évangéliser les Roubaisiens, elle rendit l’âme. Grâce à ce miracle, Roubaix fut mentionné pour la première fois dans l’histoire en l’an 897. Mais la légende ne s’arrête pas là. Dame Thècle fit également elle-même l’objet d’un miracle. Près de son tombeau, du côté de sa tête, « une source jaillit dont les eaux limpides produisirent de merveilleux effets et furent d’un grand secours aux personnes affligées de maux de tête ainsi qu’aux paralytiques ». Hasard de l’histoire ou trace de la légende, la rue Thècle commence aujourd’hui  à deux pas du cours d’eau de l’Espierre.

Sources : Histoire des rues de Roubaix par les flâneurs, Archives Municipales Roubaix, Théodore Leuridan Histoire de Roubaix tome 1.

 

 

Un appartement à la banane

En 1984, les bâtiments ont déjà 20 ans. Pour faire une demande d’appartement dans l’immeuble de la rue Henri Régnault, il faut s’adresser à l’Office Public des HLM dont les bureaux se trouvent au n° 36 de la rue des Fabricants. Pour notre témoin, ce fut compliqué. Alors qu’elle est seule avec un enfant, on lui propose d’abord un studio  dans l’angle du bâtiment. Elle visite, c’est petit et sombre, elle refuse. On lui propose alors un appartement avec deux chambres, dont l’entrée se trouve du côté de la rue David d’Angers. Elle le prend. De ce côté, il y a quatre étages sans ascenseur. Elle est au troisième étage, et de son appartement, elle a une belle vue sur le fleuriste du boulevard de Fourmies, Jany Flore.

Le croquis de l'appartement par Isabelle
Le croquis de l’appartement par Isabelle

On entre dans l’appartement, le couloir est petit et les wc se trouvent là sur la droite. La salle à manger, n’est pas très grande, mais elle est très lumineuse. Sur la gauche se trouve la cuisine, un véritable  mouchoir de poche, mais avec un immense placard, qui faisait tout le mur, avec des portes coulissantes, on pouvait mettre toute la vaisselle. Il restait tout juste la place pour une petite table ronde genre bistrot, avec le frigo, le gaz, l’évier et le vide-ordures. Les petites cuisines, commente un participant, c’était une volonté des architectes des années soixante. On ne mangeait pas,  on ne vivait pas dans la cuisine, alors qu’autrefois, la cuisine, c’était la pièce unique.

La salle de bains comprenait  une baignoire sabot, et un lavabo. Ensuite il y a une grande chambre, tout en longueur, pour l’enfant, une deuxième chambre où la maman dormait dans un clic clac, et qui servait à agrandir la salle de séjour. Dans la deuxième chambre, on avait un grand placard, c’était très pratique pour les rangements, ça évitait d’acheter du mobilier. Des fenêtres tout autour donnaient une belle luminosité.

On était bien chauffés, grâce au chauffage central collectif, mais le gros problème, c’était qu’on était rempli de cafards. Un participant précise que les conditions étaient réunies pour les bestioles, quand c’est chauffé, et qu’il y a de l’humidité. Il faut les repérer, car ils ne sortent pas la journée, et la nuit, c’est impressionnant. On n’en vient pas à bout, il faut faire passer quelqu’un qui met un genre de colle sur les plinthes, et bouche les trous avec ça. Ils passaient tous les six mois, car l’invasion continuait.

Quand notre témoin est arrivé dans l’appartement, la décoration était à refaire : le  papier peint n’était pas beau, un peu vieillot, et le logement assez sale. Elle a du tout nettoyer et refaire toute la décoration. A part ça, l’environnement, ça allait, des pelouses, des arbres…Mais Il y avait une batterie de garages, et on entendait les portes métalliques grincer.

L'environnement de la banane Photo NE
L’environnement de la banane Photo NE

On n’avait pas de concierge, mais un homme d’îlot, M. D. qu’on appelait « galoche ». Il venait regarder pour les cafards, il faisait l’ordre, il râlait sur les gamins qui faisaient des bêtises, ça manque maintenant. On avait le téléphone dans les appartements. Notre témoin se souvient qu’elle a fait monter l’installation, ça allait vite, en 48h à cette époque. Le loyer n’était pas excessif. Le samedi,  le receveur des loyers  venait à domicile, et on payait en liquide. Notre témoin est resté deux ans dans cet appartement de la banane, après, elle a trouvé une maison.

Merci à Isabelle pour ce témoignage, et aux participants pour leurs questions pertinentes.

La tour du quai

En 1954, un terrain à l’angle de la rue de l’Espierre est cédé par la ville au CIL. A cette époque démarre le grand chantier de la Mousserie, dont on retrouvera les modèles de bâtiments au Fromé, à deux pas de là. En Mars 1957, à proximité du pont des Couteaux, le CIL programme la construction d’une tour de 16 étages, qui abritera 64 logements, sur le quai de Marseille. L’article de presse précise qu’avec la Mousserie, le Fromé et la nouvelle cité du Hutin, c’est la campagne qui recule…

La tour en 1958 et 1959 Photos NE
La tour en 1958 et 1959 Photos NE

Août 1958, un drapeau tricolore en son sommet signifie que la tour a atteint sa hauteur définitive. Le gros œuvre est désormais terminé, et d’ici la fin de l’année 1958, tout sera achevé. La presse parle de seize étages et précise que le rez-de-chaussée est surélevé, que le seizième étage est en retrait par rapport aux autres, et qu’il est entouré par une sorte de loggia circulaire.  Avril 1959, en haut de la tour du Hutin, un splendide appartement est meublé pour accueillir les visiteurs. Le journaliste glose sur la beauté du canal, vu du quatorzième étage. A raison de quatre appartements par étage, la tour du Hutin propose donc  64 logements. A l’occasion d’une visite de chantier, M. Ignace Mulliez président du CIL est accompagné de M. Dutilly architecte, Jack Menu directeur des travaux et Debus directeur du « Toit familial ». La presse les accompagne, et constate qu’il y a encore des peintres au travail ainsi que des ouvriers « de la dernière heure ».

Appartement témoin et entreprise prestataire Photos NE
Appartement témoin et entreprise prestataire Photos NE

Les appartements de la tour sont dotés du chauffage central, l’eau chaude coule par les robinets de la cuisine et de la salle de bains. La salle de séjour et les chambres sont spacieuses, le tout compose un « home confortable et élégant ». Un ascenseur dessert tous les étages. Avec cet appartement aménagé, le CIL propose une formule de l’habitation verticale qui offre la lumière et l’air qui « semble pur et léger ». La société civile immobilière de la caisse des dépôts et consignations et le CIL sont partenaires pour cette réalisation, comme ils l’ont été pour la tour du fer à cheval, à l’orée de Croix. Ces deux tours considérées comme des essais. Elles inaugurent ce qu’on pourra appeler le temps des tours, qu’on trouvera bientôt un peu partout, dans les quartiers des Hauts Champs, des Trois Ponts, rue Carpeaux et dans le bloc Anseele. On apprend que ce genre de logement ne s’adresse pas aux familles ayant des enfants turbulents. Ils sont proposés à une clientèle sélectionnée, avec des loyers supérieurs à ceux des HLM. C’est la modernité de l’époque.

Les alentours de la tour Photo NE
Les alentours de la tour Photo NE

Le chantier n’est pas tout à fait terminé, les abords et vestibules sont encore encombrés de matériaux divers, quand a lieu le samedi de l’inauguration, au mois d’avril 1959, en présence de nombreuses personnalités politiques et du monde du bâtiment. Avec l’appartement du 14e décoré par l’ensemblier spécialiste MAP 84 rue de Paris à Lille, Ignace mulliez se fait le propagandiste de la construction verticale,  plutôt qu’à ras du sol. Le maire Victor Provo lui répond en disant que compte tenu de l’espace restant, on est condamné à construire en hauteur, et que nécessité prévaut. Mais il ajoute que tout le monde n’est pas d’accord. Un autre appartement témoin a été aménagé au 1er étage par la maison roubaisienne des meubles Debeyne, l’électricité ayant été confiée à la société Lemahieu frères de Wattrelos. Parmi les entreprises associées,  la société Ferret Savinel est également citée.

La tour du quai de Marseille aujourd'hui Photo Google Maps
La tour du quai de Marseille aujourd’hui Photo Google Maps

Un immeuble de cinq entrées et quatre étages appartements, -les témoins disent la barre de la tour-, complète l’ensemble. Ce qui nous vaut le jeu de mots suivant : tu habites quai de Marseille à la tour ou autour ? L’immeuble est déjà occupé, quand la tour en est à ses finitions. Il forme avec elle une véritable cité selon la presse. Alors que la tour est en voie d’achèvement,  le quai de Marseille présente un chemin de halage fait de boue et d’ornières. Cependant le CIL entoure le collectif d’une route macadamisée et de gazons.

à suivre

Merci aux témoignages de l’atelier ECHO, recoupés avec la presse de l’époque

 

Une parfumerie libre service

Les établissements Marcel Glorieux  (Parfumerie De Glory) se trouvaient précédemment au 70bis rue Pierre de Roubaix, d’où ils venaient  d’être expropriés. Cela correspondait à la portion de la rue Pierre de Roubaix qui a disparu lors de la construction du bloc Anseele, entre la caserne de Pompiers (aujourd’hui la CAF) et le théâtre Pierre de Roubaix, du n°28 à 82. En 1961, l’entreprise avait pour voisins au n° 68 une dame Duthoit, marchande de vins, au n°70 il y avait deux vieilles demoiselles retraitées, et au n°72 un boucher, M. Cafier.

Le nouveau magasin De Glory photo NE
Le nouveau magasin De Glory photo NE

C’est en septembre 1963 que les établissements Marcel Glorieux créent un libre service de parfumerie pour leurs détaillants, au n°1 rue de l’Ouest. A l’époque, ils sont les distributeurs exclusifs des marques suivantes : « Souvaist, De Glory, Tresport, Softol, G. Morand, Atomisaure, Ilona, Ventalor, Robust, Don Jaime et Thérèse ». Cette création fait l’objet d’une inauguration, avec vin d’honneur. Vont y assister M. Verbrackel représentant M. Provo, maire de Roubaix et Monsieur Pierre Herman député, entre autres personnalités. Le magasin d’exposition a été réalisé avec l’aide d’artisans roubaisiens. C’était un grand magasin, avec de nombreux rayonnages, dans lesquels les détaillants venaient se servir avec des chariots. Une réception particulière fut prévue le 9 septembre pour eux.

Le tragique incendie Photo NE
Le tragique incendie Photo NE

La mémoire collective a retenu l’eau de Cologne et la laque de Glory. La marque De Glory était plus connue que le nom de l’entreprise Glorieux. Une participante se souvient que ses beaux parents tenaient une épicerie avec un petit rayon parfumerie et que le représentant de la maison Glorieux passait régulièrement. Il vendait des petits flacons selon les saisons, au mois de mai, c’était le muguet. Il y avait aussi les filets pour les cheveux, les petites pinces à cheveux qu’on appelait les invisibles, les savonnettes. Le représentant livrait un peu de tout aux petits commerces de quartier.

En mars 1964, c’est le drame. A peine un an après l’inauguration, un incendie ravage la parfumerie. Il y a des victimes : le directeur de la firme et son père. Le papa est malheureusement décédé, mais le directeur en réchappe. Il semble que la société ait repris ses activités, car le Ravet Anceau indique encore la présence de la parfumerie Glorieux en 1978. Les témoins du quartier confirment qu’elle fait partie du paysage du quartier, mais ne se souviennent pas jusque quand.

Les appartements d'aujourd'hui Photo Google maps
Les appartements d’aujourd’hui Photo Google maps

Maintenant, le bâtiment a été aménagé en appartements  individuels, qui forment le début de la rue de l’Ouest.

Remerciements aux participants pour leurs témoignages

 

 

Elargissement de la Grand Place

Visite de la Reine Elisabeth à Roubaix Photo NE
Visite de la Reine Élisabeth à Roubaix Photo NE

Nous avons évoqué il y a quelques temps la disparition de la rue Jeanne d’Arc[1], en 1968. Nous allons ajouter quelques précisions sur l’évolution de la configuration des lieux. Sur cette photo, prise lors de la visite de la Reine Élisabeth en avril 1957, on peut encore apercevoir un ensemble de maisons qui masquent l’espace laissé vide par la disparition des Halles un an plus tôt. Leurs numéros ont une particularité, pairs et impairs se suivent, car il s’agit de bâtiments comptabilisés Grand Place. En effet, à partir de la rue du Château, on trouve les n°18, 19, 20, 20bis, 20 ter et 20quater, puis commence la rue Pierre Motte avec le n°2, à l’angle de la rue Jeanne d’Arc.

Ouverture de 1958 Photo NE
Ouverture de 1958 Photo NE

La transformation de l’espace vide en parking amène bientôt quelques modifications. Dès le mois de décembre 1958, on dégage en partie l’entrée à la place des Halles : les premières maisons de la rue Pierre Motte et de la rue Jeanne d’Arc.

Percée de la rue du Château Photo NE
Percée de la rue du Château Photo NE

Puis, en février 1964, une percée est réalisée dans la prolongation de la rue de l’hôtel de ville, qui fait jour sur ledit parking, et qui ampute la rue du Château d’un certain nombre de maisons en son milieu. La construction d’un centre commercial de transit en attendant Roubaix 2000, est en marche, il faut en favoriser l’accès.

Plan du Lido 1965 Publié dans NE
Plan du Lido 1965 Publié dans NE

Sur le plan publié un peu plus tard, on peut constater que cette percée a entraîné deux conséquences. On peut s’apercevoir que les deux rues du Château et Jeanne d’Arc amputées d’un certain nombre de maisons, vont subsister un temps, en proximité immédiate du Lido dont la création est effective en 1965. De même résulte de cette percée la formation d’un dernier pâté de maisons formé par les premiers numéros de la rue du Château (de 1à 9), et les numéros de la Grand Place (18 à 20). Ce dernier carré sera démoli, suite à la décision prise en conseil municipal de novembre 1967, ce qui aura pour effet d’améliorer l’accès au centre du Lido. On plaça sur l’angle ainsi dégagé ainsi un petit square et des places de parking. Dans la foulée, au début de l’année 1968, disparaîtra la rue Jeanne d’Arc. Nous avons déjà relaté cet événement par ailleurs[2]. Une autre perspective motivait ces travaux : offrir à Roubaix une « vraie » grand place, au moment de la célébration de l’anniversaire de la Charte en 1969.

Amputation de la rue du Château Photo NE
Amputation de la rue du Château Photo NE

En 1972, on s’occupa de démolir les derniers numéros de la rue du Château jusqu’à la rue de la Sagesse. Il fallait élargir encore l’espace qui devait accueillir dix ans plus tard une nouvelle poste et la Médiathèque.

Plan 1972 publié dans NE
Plan 1972 publié dans NE

 

 


[1] Article : une rue disparaît (centre)

[2] Ibidem