En juin 1954, l’ELRT adresse à la mairie l’avant-projet d’un nouveau kiosque destiné à remplacer l’ancien qui se trouve sur la Grand-Place, devant l’église Saint Martin. La société souhaite y regrouper ses services d’exploitation, car la Grand-Place est le lieu où transitent toutes les lignes de son réseau.
Démolition de l’aubette de la place de la Liberté Photo NE
L’époque est à la modernisation sinon à la démolition. Déjà, on est occupé à démolir l’aubette de la place de la Liberté, qualifiée de bien vilaine, et dont le malodorant prolongement servait de vespasienne sauvage. Cette disparition semble faire l’unanimité.
Le kiosque provisoire Photo NE
Pendant que l’on démolit l’ancien kiosque de la Grand-Place et en attendant la construction du nouveau, une remorque de tramway débarrassée de ses roues, abrite provisoirement les différents services qui se trouvaient là : journaux et abonnements.
Dessin du nouveau kiosque Paru dans NE
Le nouveau kiosque va remplacer une aubette datant de 1911, et sera disposé à peu près au même endroit, en étant cependant un peu plus large que l’ancienne, mais moins haute. Elle se situe donc devant l’église, dont la partie basse sera dissimulée, mais dit le rapport, elle ne présente aucun intérêt architectural. De plus, c’est le seul endroit où les commerçants ne seront pas gênés. Le nouveau bâtiment comprend une salle d’attente, des guichets pour les abonnements, pour les objets perdus, un abri pour les agents de l’ELRT, le kiosque à journaux, et derrière la construction, des urinoirs, un WC pour dames étant prévu. Cette bâtisse coquette est bordée d’une jardinière. En août 1955, le nouveau kiosque est terminé.
Le nouveau kiosque avant les épis CP Coll Privée
Cette construction représente une économie certaine pour la société, car elle libère un local extrêmement important au dépôt du Laboureur, qui deviendra propriété municipale. De plus elle facilitera les démarches des voyageurs. Cette modernisation des locaux est la première étape d’une réorganisation plus importante amorcée avec l’arrivée des autobus, qui verra fleurir sur la Grand-Place des stationnements en épi, permettant aux voyageurs d’embarquer à partir de quais numérotés selon la ligne desservie, quand les bus auront définitivement remplacé les trams. Cependant les Mongy longeront encore quelque temps le trottoir de Saint Martin.
Jean Bart à Roubaix, c’est bien entendu l’importante société de fabrication de cirage et de produits d’entretien basé au n°65 du boulevard de la République à Roubaix. Créée en 1898 par Monsieur Bernard Gayet, il semble que la société fut d’abord une manufacture de fabrication de cierges, souches et bougies.
La société Gayet Bériot Coll Particulière
En 1921 la crème Jean Bart « double la durée des chaussures ». La crème pour chaussures reste le produit phare de la maison Jean Bart qui affirme son image en faisant apparaître une représentation du célèbre corsaire sur ses boîtes.
Le cirage Jean Bart pub des années vingt ext JdeRx
Mais la société propose d’autres produits aux ménagères économes, dès 1923 : avec la crème Jean Bart, on trouve le Brianfix Jean Bart qui nettoie, polit rapidement et donne un « brillant fixe » à tous les métaux,d’où le nom du produit. La pâte à fourneaux dérouille et décrasse et remet vos fours et vos feux à neuf. Enfin, l’encaustique Gébé garantie à l’essence de térébenthine pure donne un lustre éclatant aux meubles, parquets, linoléums. Le développement de l’automobile ouvre la clientèle pour le Brianfix qui trouve à s’appliquer sur les cuivres autant que sur les chromes.
Les produits Jean Bart pubs JdeRx
La société pense à perfectionner son système d’ouverture de boîte avec l’apparition d’un ouvre-boîte gratuit pour l’achat de trois boîtes. Puis ce sera la clé poussoir sur la boîte elle-même.
L’ouvre boîte Jean Bart pub JdeRx
Après la seconde guerre, le cirage imperméable Jean Bart reprend du service, et tient même un stand à la foire de Lille en 1948. En 1949, la société fête son cinquantenaire. Cette maison dont la renommée des produits a largement dépassé le cadre régional, commence par fleurir la tombe de Bernard et Théodore Gayet (le père et le fils aîné) et une messe est dite en l’église Saint Antoine. Un vin d’honneur est servi dans une des salles de l’usine du boulevard de la République, des fleurs et des objets d’arts sont offerts à Mesdames Bernard et Théodore Gayet par le personnel.
Jean Bart et son cirage Pub JdeRx
Jean Gayet l’administrateur gérant remercie l’ensemble du personnel et retrace l’historique de la société. Après les photographies d’usage, tout le personnel monte en autocar et prend la direction de Dunkerque pour un banquet et une nouvelle photographie au pied du monument dédié à Jean Bart. Après une visite des installations du port de Dunkerque, le voyage se poursuit par Malo-les-bains, la frontière, La Panne et Ostende. Chacun se sépare devant l’usine à une heure tardive, enchanté de la journée.
En tête de lettre Jean Bart Coll Particulière
Si l’usine a aujourd’hui disparu, les produits Jean Bart ont laissé des souvenirs chez les écoliers avec leurs publicités sur les buvards et les protège-cahier. Qu’est ce qui a poussé un cirier angevin d’origine et une commerçante lilloise à choisir comme marque le célèbre corsaire dunkerquois, cela reste une énigme familiale.
Dans un Roubaix libéré, le 17 septembre 1944, le grand théâtre de Roubaix (l’Hippodrome) propose « aud’juss de l’planque trouée », une opérette roubaisienne et annonce par la voix de ses directeurs Léon Delmulle et Angèle Vandorselaere le programme de la prochaine saison lyrique : opéras comiques, opérettes, créations, galas de comédies classiques, grandes tournées.
L’intérieur de l’Hippodrome Coll Particulière
En Janvier 1945, on donne le Gala Courteline au Grand Théâtre, au profit des prisonniers et des déportés. Trois têtes d’affiche pour l’Hippodrome Théâtre de Roubaix, M. André Brunot de la comédie française, M. Lucien Pascal du théâtre National de l’Odéon et Melle Gisèle Casadesus, l’une des meilleures interprètes du moment des comédies de Molière, qui vient de tourner au cinéma « Graine au Vent », film de Maurice Gleize. A Roubaix, on jouera les pièces de Courteline suivantes : Boubouroche, un client sérieux, et la paix chez soi. Ainsi l’Hippodrome Théâtre de Roubaix est-il encore une grande scène de théâtre.
L’Hippodrome est également la grande scène de l’art lyrique, « les pécheurs de perles » de Bizet programmé en février en est la preuve, et sa programmation théâtrale ne faiblit pas. En mars et avril, place au cirque, c’est le temps de la foire et l’Hippodrome accueille le grand cirque franco belge, la foire est dite « ressuscitée » en avril 1945. Le théâtre et le cirque vont d’ailleurs faire l’objet d’une innovation au grand théâtre : on va jouer l’auberge du cheval blanc, sur piste !
En juillet 1945, renouant avec la tradition des grands débats politiques, c’est Maurice Schumann porte parole de la France combattante qui vient présenter le programme du MRP (Mouvement Républicain Populaire). En octobre, ce sera le grand meeting de la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne). Voilà redémarrées les activités de ce grand lieu culturel roubaisien.
L’hippodrome théâtre de Roubaix CP Méd Rx
En avril 1946, on apprend que le Grand Théâtre change de direction : Melle Vandorselaere et M Delmulle qui l’avaient impulsé jusqu’ici, laissent la place à Jean Dubois, directeur propriétaire de l’hippodrome de Valenciennes et de divers cinémas. Il arrive avec de l’expérience et des projets de programmes de variétés.
En novembre, M. Dubois a pour projet de transformer le grand théâtre en capitole, et de passer du théâtre lyrique à des programmes plus variés ? On annonce déjà que la saison de théâtre lyrique en cours serait la dernière. La disparition des « voix » expliquerait cet arrêts : en effet, on ne trouve plus de ténors et le nombre des diva diminue. Les survivants font des caprices, et il y a trop d’imprévisible à ce niveau. Les décors, le machinisme, les difficultés pour rassembler un orchestre tout cela a une répercussion sur le prix des places, sans parler de la concurrence des cinémas. Est ce la fin du théâtre lyrique à Roubaix ? Au moment où une subvention municipale de deux millions et demi de francs vient de lui être octroyée, les deux théâtres lillois recevant pour leur part 53 millions à eux deux ?
La vieille salle de 1882 construite par les architectes Dupire et Selle tourne alors à 1800 places. M.Paul Douai fils vient à la rescousse pour que le théâtre lyrique conserve ses droits. M. Dubois le directeur propriétaire veut cependant transformer l’immeuble : rajeunir promenoir, salle et scène, et le nommer Capitole. On irait vers le music hall, des concerts, des comédies.
Lakme à l’Hippodrome Pub NE
Janvier 47, les roubaisiens peuvent applaudir Mado Robin dans Lakmé. Mais, le le 22 mai 1947, la décision municipale tombe : après une visite de sécurité du grand théâtre de Roubaix ex hippodrome, il est relaté que cet établissement de construction très ancienne ne répond pas aux prescriptions réglementaires tant en ce qui concerne le gros œuvre que les moyens d’évacuation du public et de défense contre l’incendie. Il est même dit que l’exploitation de la dite salle située boulevard Gambetta (le boulevard Leclerc n’existe pas encore) constitue un danger public ! L’établissement est donc fermé au public, le temps qu’il se conforme aux conditions de sécurité et reçoive une nouvelle autorisation d’ouverture.
En juin 47, les travaux envisagés sont les suivants : refaire la façade, élargir les portes d’entrée, installer de véritables sièges pour remplacer les banquettes des premières galeries. On souhaite moderniser la décoration de la salle, en blanc et rouge, avec des éclairages et installation électriques conformes, et du chauffage au mazout renforcé. On supprime les anciens décors et on les remplace par des toiles de fond.
L’Hippodrome changé en Capitole CP Méd Rx
En septembre 47, on sait que le manque de dégagements, la quantité importante de matériaux inflammables ont entraîné la fermeture provisoire du théâtre. Des travaux ont été validés par la commission municipale de sécurité, et on attend la ratification de la commission des spectacles de Paris dépendante du ministère des beaux arts. Les cinq sorties du théâtre, trois sur le boulevard et deux sur la rue Édouard Anseele étaient réglementaires, mais elles ont été sensiblement élargies. Toutes les parties en bois sont enlevées (environ 50 tonnes), et notamment remplacées par des escaliers en ciment. Des sièges individuels remplacent les banquettes, l’électricité a été mise en conformité, il reste à aménager l’intérieur de la salle, mais M. Dubois reste très discret sur ce sujet.
Le Capitole en théâtre Pub NE
En janvier 1948, c’est l’annonce de la réouverture, le 10 ou 11 janvier, et ce sera « la veuve joyeuse ». On parle de grosses vedettes de music hall comme Charles Trenet ou Tino Rossi, et on évoque les grandes transformations : le plafond a été entièrement refait, couleur ivoire tacheté d’étoiles, l’éclairage par hublots au premier balcon permet de disposer d’une douce lumière, on a installé un tapis de caoutchouc, et des tubes au néon tout au long de la première galerie. Le Capitole Théâtre dispose de quatre postes d’incendies et d’une trentaine d’extincteurs.
L’inauguration Pub NE
Soudain, en janvier 1949, le Capitole se met au cinéma, sans doute pour faire face à la concurrence, et pour offrir une plus large palette de spectacles à une clientèle plus diversifiée. L’inauguration du cinéma a lieu le vendredi 15 janvier, avec la projection du film hongrois réalisé en 1948 « Quelque part en Europe ». Ce film qui connut un grand retentissement à l’époque, n’était pas une œuvre de divertissement : il abordait le douloureux problème des enfants livrés à eux-mêmes, dans le contexte de la Deuxième Guerre Mondiale.
En février 1949, l’abbé Potdevin, autrefois vicaire à l’église St Joseph, se prépare à devenir un curé bâtisseur dans le quartier du Hutin pour la quinzième paroisse de Roubaix. Le terrain de la future église est déjà choisi en bordure de la rue Mazagran, sur un espace occupé par des jardins ouvriers. En attendant, depuis le début du mois de février, une chapelle provisoire accueille les paroissiens, dans une salle des établissements Dubar Delespaul au n°292 rue d’Alger.
La chapelle provisoire Photo VDN
Le 3 avril 1949, intervient la pose de la première pierre. Sur le terrain devant accueillir le nouvel édifice, une tranchée a déjà été creusée pour délimiter ses contours. Le chanoine Delcour, doyen de Saint Martin préside la cérémonie, et il glisse à l’intérieur de la pierre un parchemin attestant la date de ladite cérémonie. Puis il est reconduit avec l’abbé Potdevin processionnellement au presbytère.
Pose de la première pierre Photo VDN
En mai, le chantier est bien avancé, grâce aux membres de cette nouvelle paroisse, car tout le monde s’est investi tant financièrement que physiquement.
Avancement du chantier Photo VDN
Le 3 juillet 1949, le cardinal Liénart, accompagné de son vicaire général Mgr Bouchendomme, est reçu rue Delespaul, chez M. Marissal, membre du Comité paroissial d’organisation de la cérémonie d’inauguration. Un cortège se forme comme suit : des scouts, des vélos fleuris, la Fanfare Wattrelosienne, des petits enfants en blanc, le groupe représenté de la Sainte Famille, les mouvements paroissiaux, le cardinal entouré du clergé. L’itinéraire emprunte les rues pavoisées de Constantine, d’Alger et de Mazagran. A l’entrée de la nouvelle église, sur les marches, M. Vantorre membre du comité paroissial accueille le chef du diocèse. Le Prélat prend alors la parole : la communauté paroissiale saura se donner l’église qui lui convient. Nous allons, en bénissant les pierres du nouvel édifice, recommander à Dieu chaque foyer, chaque famille. Et il bénit toute la foule agenouillée. Les clefs du sanctuaire lui sont présentées par la petite Marie Odile Hennion, le cardinal Liénart ouvre les portes et entre suivi par les paroissiens. Il va présider la première messe du nouveau sanctuaire. L’abbé Potdevin officie en dialogue avec l’assistance. Le Psaume 150 de César Franck termine la cérémonie. Le chef du diocèse est ensuite reçu chez Melle Verdonck, qui a offert sa maison comme première chapelle de la paroisse de la Sainte Famille.
Cérémonie d’inauguration Photo VDN
Trois mois plus tard, le frontispice de la Sainte Famille s’orne d’un magnifique bas relief, réalisé par deux enfants de la paroisse, Melle Marie Geneviève Dodin et son frère Jacques, tous deux anciens élèves de l’Ensait et à ce moment élèves de l’Ecole des beaux Arts de Paris. L’oeuvre représente le retour d’Egypte de la Sainte Famille, taillé à même la pierre. Elle mesure 2,50 mètres sur 0,80 mètre, et s’encastre dans l’alvéole située au dessus du portail. Le 2 Octobre 1949, elle est inaugurée par l’abbé Potdevin, après une intervention de l’abbé Boussemart sur le rôle du foyer chrétien devant les commandements de la Sainte Église.
Le bas relief de la Sainte Famille Photo VDN
Tous ces événements prouvent s’il en est besoin que 1949 fut vraiment l’année de la Sainte Famille !
En 1952, Roubaix est couvert de chantiers CIL : le groupe du Pont Rouge, le Fort Desprez, les lotissements divers du Nouveau Roubaix, le parc de la Potennerie et le square Destombes en font partie.
État du chantier en 1952 Photo NE
Les immeubles construits par le CIL dans le square Destombes ont de nombreux points communs avec ceux de la Potennerie. Les deux lotissements ont en effet obligation de préserver les plantations et arbres existants. A la Potennerie, l’achat de la propriété privée Huet va permettre la construction d’immeubles collectifs, après la démolition de la maison de maître du lieu, dite château Huet. Le square Destombes appartient à la ville, qui vend une partie de sa surface pour construire des immeubles identiques.
Plan CIL Square Destombes Photo NE
Les plans des immeubles du CIL du square Destombes sont sensiblement ceux qui ont été utilisés pour réaliser les immeubles de la cité du Galon d’eau, de la cité des Canaux, et de la cité du Pont Rouge. Pour le premier site cité, ils se trouvent à l’angle de la Grand Rue et de la rue Nadaud. Pour le second, ils sont en front à rue du boulevard Gambetta à Tourcoing. Pour le troisième, ils se trouvent dans l’angle de la rue de Lannoy et de la rue Yolande.
Plan des immeubles AmRx
C’est la société le Toit Familial sise 16 rue St Vincent de Paul à Roubaix qui va construire. Cette société a fait l’acquisition du terrain (5529 m²) auprès de la ville le 26 avril 1952. Le permis de construire a été délivré le 10 janvier 1952, et l’arrêté de certificat de conformité délivré le 28 avril 1954.
En tête le Toit Familial AmRx
Entre-temps, le CIL aura construit trois immeubles de trois étages parallèles à la rue Lalande et un quatrième perpendiculaire, plus long que les trois précédents, et avec un décrochement, du à la configuration des lieux. Tous ces immeubles sont réalisés au fond du square, loin du déferlement automobile de la rue Pierre de Roubaix. L’espace jeux pour enfants a été préservé, ce qui ajoute à la qualité de vie des résidents.
Le square et les immeubles Coll Particulière
Le 25 août 1956, le CIL demande à la ville de Roubaix la certification que les immeubles collectifs du square Destombes sont en état d’être habités dans toutes leurs parties (88 logements) et qu’ils sont affectés à l’habitation aux ¾ de la superficie totale du terrain. Auront ainsi été réalisés, quatre bâtiments collectifs comportant 88 appartements.
Nous avons traité la rue Jules Guesde axe commercial important du quartier de la Potennerie, puis du quartier du Tilleul. Voyons à présent au-delà du carrefour avec la rue Pierre de Roubaix, sa configuration commerciale dans le quartier du Pile.
Au carrefour de la rue Pierre de Roubaix Photo Google Maps
La rue Jules Guesde s’ouvre côté impairs vers le Pile par la pharmacie Schembert aux n°267-269, aujourd’hui encore présente comme Pharmacie du Pile. Un peu plus loin, se trouvait au n°277 la boucherie Duhameau, puis le café de Mme Florquin, avant la cour Lefebvre. Le n°283 n’est plus signalé comme commerce en 1973, la présence de carreaux émaillés sur sa façade laisse supposer qu’il a pu l’être dans un passé récent. La cour Fauqueu suivait, aujourd’hui démolie. L’épicerie Decoster, au n°293, la pâtisserie Coquet au n°299, et les cycles Debenne, ancienne maison Derryx au n°301, forment un bel ensemble commercial, terminé par le café Lambrecq au n°303, siège du Cercle Artistique Roubaisien. Au n°305, le shopping pull complète cette énumération jusqu’à la rue Monge.
Magasin Aupoix au n°321 Pub NE
A l’angle de la rue Monge, le magasin de Marius Aupoix, plombier zingueur, au n°321. Au n°327, une enseigne marquée du mot bière indique que se trouvait là un détaillant de vins, Melle Delespaul. Le marchand de chaussures Lefebvre Lehu au n°341 et le café tabacs PMU d’Albert Vercruysse au n°343 nous amènent à la rue de Condé. Au delà, jusqu’à la rue Marceau, il n’y a plus que des maisons d’habitations à un étage.
La belle porte du n°242 Photo Google
Du côté des pairs, la rue Jules Guesde entre dans le Pile avec l’épicerie Duhamel au n°238, et le magasin a toujours la même vocation. Aux n°242-244, le magasin beurre, fromages et œufs de Roger Claebots, avec sa magnifique porte ouvragée. Un peu plus loin, après la rue Copernic, le papetier Mestdagh est installé au n°262, le volailler Vanhersecke au n°270, et les laveries du Pile sont au n°272. Le boucher Chih au n°278 se trouvait entre la cour Dhalluin et la cour St Eugène. Suivaient le marchand de chaussures Horvath au n°280, le marchand de journaux Herman au n°282, et la cour Delannoy au n°286. La société de tapis Florent et Cie au n°294-296 précédait une nouvelle courée, la cour Louis Henry. Au n°302, un boucher hippophagique, M. Dutoit, la parfumerie Croin au numéro suivant, et au n°308 un fleuriste à l’enseigne du Lilium, M. Poix. Le pâtissier Lefebvre au n°312, et le cafetier Ladrouz au n°314, nous amènent à la rue de Condé.
Les laveries du Pile Pub NE
Le commerce d’alimentation de M. Deconinck se situait aux n°316 à 322. La rue Jules Guesde se poursuit avec des maisons à étage, avec quelques vieilles vitrines qui laissent supposer d’autres échoppes plus anciennes, et se termine dans la rue Marceau.
Nous avons traité la rue Jules Guesde, axe commercial important du quartier de la Potennerie. Voyons à présent au-delà du carrefour avec la rue du Coq Français, sa configuration commerciale jusqu’à la rue Pierre de Roubaix, ce qui pourrait correspondre à l’ancien quartier du Tilleul.
Carrefour du coq français Vue Google
Si nous suivons les numéros impairs, une maison à étage avec un petit campanile semble enchâssée dans une rangée de basses masures. C’est là, au n°131, qu’officiait l’oiseleur Blondel, dont la façade a conservé la double vitrine désormais fermée par des stores en bois. Un peu plus loin se trouvait l’épicerie de Melle Molders, au n°147, à l’angle de la rue Neuve Racine. La boucherie Vanthournout lui faisait face de l’autre côté de la dite rue, au n°149, avant d’aller s’installer à l’angle de la rue Jouffroy. Venait ensuite un tailleur, M. Derasse au n°151, et la crémerie Snoeck au n°155, immédiatement suivie par la poissonnerie de Melle Leuridan. La cour Saint Joseph se trouvait au n°159. Jusqu’à la rue de Bavai, ce sont des maisons d’habitation.
Boucherie Vanthournout Pub NE
La société nouvelle des Ets Degraeve et Prouvost est au n°173. Nous la connaissons aujourd’hui sous la marque Hutchinson, le joint français, et elle occupe une grande surface donnant sur la rue de Bavai et longeant la rue jules Guesde, dont elle épouse la légère bifurcation. Une série de courées venait ensuite, la Cité Tonneau-Vroone, la Cour Bonte Platel, et la Cour Montaigne, qui ont disparu aujourd’hui.
En tête usine De Graeve Coll Méd
Au delà de la rue de Lannoy, il y avait au n°209 le lavorama, lavoir automatique, le salon Arlette, coiffure pour dames. Au n°213, le garage de carrosserie automobile Votano, suivi au n°215 du marchand de chaussures Geny. Au n°223, une marchande de parapluies, Madame Van Reust, et au n°225-227, le dépôt de la teinturerie Duhamel. Après la rue Beaurewaert, la boucherie Turpyn-Van Renterghem précède au n°229 le garage auto méridional. La disparition de l’impasse Ingouville a entraîné la démolition de cette partie du carrefour avec la rue Beaurewaert. A l’angle de rue Saint Amand, le café Boghari occupe les n°247-249. Après la cour Penet Labis au n°261, un marchand de jouets, M. Willem et la société de bonneterie Fleurquin se trouvaient aux n°265 et 265bis.
Magasin Geny Photo Google
Prenons à présent les pairs. A l’angle de la rue Jouffroy se trouve encore le café du Tilleul. Au n°80, le salon de coiffure pour dames de Mme Perrin, un peu plus loin, au n°86, la crémerie de Mme Lesaffre, et aux n°88-90, la bijouterie fantaisie de Mme Leman. Au delà de la rue Duguesclin, le magasin de Pompes Funèbres Van Den Berghe, dont on peut encore apercevoir la double vitrine aux n°102-104, côtoyait le marchand de cycles Dehaut au n°106, et au n°108, le charcutier Bouquillon, juste avant la cité Veuve Pierre Jacob. La droguerie Gallen se trouvait au n°114, et juste après la cour Honoré Castelain au n°118, l’épicerie Haddadi précédait le salon de coiffure pour dames de Mme Van Moerbèke, n°120 et 122. Le café Slosse venait ensuite, pour faire l’angle avec la rue de Bavai.
Carrefour rue de Bavai Photo Google
Le magasin d’alimentation générale de Mme Carlier, l’auto école de M. Lacquement voisinaient aux n°128 et 128 bis, suivi par deux bistrots, de part et d’autre de la cour Saint Jules, le café Lafrad et celui de la Veuve Leclercq, aujourd’hui disparus, de même que la cour Bucson au n°136. Le bar de Mme Russo au n°142 et la société de taxis de Mme Marcelin au n°144 précédaient la cour Dhalluin. Viennent ensuite des petites maisons sans étage, au milieu desquelles se trouve la cité La Pérouse. La droguerie Dubrunfaut au n°158 et une nouvelle série de maisons basses nous amènent à la chapelle du Tilleul.
avant la rue de Lannoy Photo Google
Au delà de la rue de Lannoy, le magasin d’alimentation générale de M. Matlinger au n°172 se situait avant la cour Lefebvre-Dhondt, et le salon de coiffure pour messieurs Michel au n°176bis. Le n°178 accueillait quelques sociétés parmi lesquelles, la section de Roubaix de la Fédération Nationale des Mutilés du Travail, le Foyer Municipal d’Éducation Ouvrière, la Coopérative des Aveugles travailleurs de Roubaix et du Nord. A cet endroit, jusqu’à la rue Nabuchodonosor, il n’y a plus désormais qu’un parking et l’accès au centre de petite enfance Louis Cassette. Au delà de la rue Nabuchodonosor, on retrouve une série de maisons d’habitations, avec des entrées de courées : la cour Calonne, la cour Petit, la cour Rousselle, et la cour Desmet, avant laquelle se plaçait la librairie de Melle Houtekier, au n°216. Un coiffeur pour dames, M. Richet au n°220, la société de vins et spiritueux l’Economie, et le magasin de cuirs et crépins de Mme Béranger terminaient notre cheminement jusqu’à la rue Pierre de Roubaix. Tout ceci a disparu pour laisser place à des constructions neuves.
Roubaix, ville de fonderies ? On pourrait le croire, quand on compte le nombre de fonderies de toutes sortes, cuivre, fer, acier, bronze…existant sur Roubaix au début du vingtième siècle. Chaque quartier ou presque avait une fonderie : la fonderie de l’épeule, la fonderie de la fosse aux chênes, une rue des fondeurs existait même qui se trouvait à deux pas du débouché de la rue de l’Alma dans la rue de Tourcoing.
En tête de la fonderie du Tilleul Coll Particulière
Le 22 mars 1921, MM Vandekerkove et Vanacker déposent une demande d’autorisation de bâtir une nouvelle fonderie, à l’angle des rues Lalande et Pierre de Roubaix. Ainsi est créée la fonderie du Tilleul, dans une partie de Roubaix déjà urbanisée, entre le Pile et le fort Despretz, à deux pas du square Destombes, et à quelques encâblures de l’hôpital de la Fraternité.
Plan de la fonderie du Tilleul AmRx
Le 7 avril 1926, cette société demande l’autorisation d’établir une salle d’ébarbage, de sableuse et garage. Bien qu’étant à proximité des usines textiles du boulevard de Mulhouse, les affaires de la fonderie du Tilleul ne vont pas bien.
La société Honoré Coll Particulière
En 1936, Désiré Honoré rachète la fonderie du Tilleul qui périclitait et était arrêtée. La société Honoré, c’est quatre générations investies dans la construction de métiers pour le textile. Directeur de tissage rue Nain, Désiré Honoré a créé sa propre société en 1878, dont le siège se trouve rue Bernard depuis le début. Son fils reprend une fonderie à Croix, puis la fonderie du Tilleul, son petit fils élargit la clientèle (pompes, agriculture) dans les années cinquante. L’arrière petit fils, Yves Honoré prend la direction de cette fonderie de fonte qui travaillait avec deux équipes, et qui comprenait dans sa clientèle le Peignage Amédée, et la Lainière de Roubaix, pour lesquels on produisait surtout des cardes. En 1999, la fonderie Honoré demande l’autorisation pour l’ouverture d’une grand porte donnant sur la rue Lalande, car le trafic de la rue Pierre de Roubaix est tel qu’il empêche toute manœuvre.
Vue de la fonderie Honoré Photo Google maps
En 2009 le maire de Roubaix prend un arrêté de pollution. Certes, il peut y avoir une pollution olfactive, avec le vent d’ouest, et sans doute le bruit résultant des différentes opérations de fonderie. Après analyse, rien de probant n’est trouvé, il y avait bien du phénol, mais le sable était recyclé. Quant aux métaux lourds, la fonderie n’en générait pas plus que la circulation automobile, selon Yves Honoré. Des forages ont été effectués qui n’ont rien donné. Néanmoins, en 2009, c’est la fermeture, au grand désespoir de M. Honoré, malgré un carnet de commandes encore plein. Il est donc procédé au licenciement des quatorze personnes qui y travaillaient, ce qui est un signe de la viabilité de l’entreprise. Le site est vendu, la mairie achète pour bâtir. Le terrain de 4.000 m² de surface est nivelé et dit « friche industrielle », ce qui est inexact, au regard des analyses et de l’historique de la fermeture.
Projet immobilier sur le site Site ville de Roubaix
En 2011, le projet de lotissement au croisement des rues Lalande et Pierre-de-Roubaix, n’a pas avancé. Il faut attendre 2015 pour qu’il soit sur les rails, et présenté aux habitants lors d’une réunion publique. Si tout se passe bien, le chantier sera terminé mi-2018.
Remerciements à M. Yves Honoré pour son précieux témoignage
César Jean Claebots avait fait partie des fondateurs de la boulangerie économique du Tilleul, boulangerie coopérative qui se trouvait au 242 rue Jules Guesde (qui s’appelait alors rue du Tilleul). Son fils Albert Claebots reprend les locaux vers 1920 et s’y installe comme marchand de beurre. Très dynamique, il deviendra président du Syndicat des Marchands de Beurre du Nord-Pas-de-Calais et vice-président national.
Le premier crémier Claebots Coll Particulière
Roger Claebots le petit fils travaille avec son père dès l’âge de 15 ans. En 1953, armé d’un certificat d’études primaires et d’une grosse formation sur le tas, il reprend le magasin seul et le fait évoluer. Le commerce de beurre devient une crémerie avec des conserves et de l’épicerie. Sa femme Christiane vient travailler avec lui en gérance .Ils distribuent des prospectus au Pile et place de la Nation. Ils emploient jusqu’à cinq salariés, car ils font les marchés à Croix, au Nouveau Roubaix et Wattrelos. C’est le temps de la voiture fourgon réfrigérée qui durera jusqu’en 1980. A cette époque, ils vendent deux tonnes de beurre par semaine pour les particuliers.
Roger et Christiane Claebots et leur beau père Photo NE
Mr et Mme Roger Claebots ouvriront trois crémeries. Déjà propriétaires du commerce de la rue Jules Guesde, ils ouvrent un deuxième magasin 80 Grand rue à Roubaix en face de la rue du collège, où seraensuite installée une marchande de volailles Madame Rotsaert. En 1968, un troisième commerce est bientôt ouvert rue de la Vigne à Roubaix. Roger et Christiane sont locataires de cette crémerie épicerie avec leur fils Eric. Albert, le frère de Roger, avait un magasin de beurre à l’angle de la rue Decrême au 142 de la rue de Lannoy et un autre magasin avenue Linné.
Le magasin Claebots de la rue de Lannoy Photo NE
Le magasin Claebots de l’avenue Linné Photo NE
De 1980 à 1987, le chiffre d’affaires baisse pour le commerce du beurre. On ne vend plus que 150 kg par semaine à la place de deux tonnes à cause de l’abandon des marchés. C’est le petit commerce alimentaire qui subit de plein fouet l’arrivée des grandes surfaces. A la suite de quoi, le commerce de Roger et de son épouse devient l’indispensable magasin de dépannage en conserves et crémerie au Pile. En 1990, Roger est obligé à 58 ans, d’avoir d’autres activités professionnelles complémentaires .Il devient agent mandataire de l’UAP.
L’abbé Leuridan nous renseigne sur l’origine du nom de la rue Bernard : elle s’appela d’abord rue du moulin Bernard du nom du propriétaire d’un moulin à broyer le bois de campêche. Après un incendie vers 1850, on l’appela un temps la rue du moulin brûlé, et finalement la rue Bernard.
Souvenirs de la rue Bernard…dans la rue de Lannoy Coll particulière
Après la seconde guerre, longue de 365 mètres et large de 10 mètres, cette rue relie la rue de Lannoy et la rue Pierre de Roubaix, parallèlement au boulevard Gambetta. Cette situation lui vaut d’accueillir un certain nombre d’établissements industriels : aux n°15/17/19 le fabricant de machines textiles Honoré, et au n°37, la société Charles Huet et Cie, lainages et robes. Du côté pair, on trouve au n°2 l’atelier de fabrication du chapelier Jean Déarx, les ateliers Decanis, Literie et Matelasserie du Nord. Tout au bout de la rue, à proximité de la caserne des pompiers du boulevard Gambetta, se trouve encore l’usine à gaz au n°134, plus connue sous le nom de gazomètre, qui n’est plus qu’un dépôt.
Le chapelier Jean Déarx Coll Particulière
Les commerçants y sont relativement nombreux : remarquons une oisellerie au n°1, un boucher M. Mathon au n°32, plusieurs épiciers, et une bonne dizaine de cafetiers. La rue Bernard a aussi son lot de courées : au n°11 la cour Vincent, au n°25 la cour Bernard, au n°22 la cour Florentin, au n°34 la cour Duthy, au n°40 la cour Castel, au n°46 la cour Vlieghe, au 72bis la cour Duquesnoy Crochon, au n°88 la cour Jean Ryckewaert, au n°98 la cour Veuve Raux, au n°110bis la cour Bernard-Spriet. Bien que dépendant de la paroisse Ste Elisabeth, la rue Bernard abrite un dispensaire, la Maison Saint Jean Bosco, des Petites Sœurs de l’ouvrier, qui à l’occasion baptise ou marie les habitants du quartier.
Le bâtiment des pompiers, rue Bernard Photo NE
La rue Bernard connaîtra bientôt les affres de la démolition, dans le cadre de l’opération Edouard Anseele. Dans les derniers temps, en 1963, signe de l’avancement des travaux, il ne subsiste plus que les numéros impairs, et les huit premiers numéros pairs, les deux ateliers de chapellier et de matelasserie. Tout cela disparaît en 1964 avec le début de la rue de Lannoy. C’est dans la rue Bernard que sera réalisé le premier immeuble de l’opération Anseele, dénommé bâtiment des pompiers, car proche de la caserne des pompiers et fournissant le logement aux combattants du feu. La rue Bernard appartient désormais au passé, nous la connaissons aujourd’hui sous le nom de rue Jules Watteeuw, dit le broutteux, célèbre poète patoisant.