Un grand prix automobile à Roubaix

Comment ? Des voitures de courses à Roubaix ? Et au parc de Barbieux en plus ! Il en aura vu de toutes les couleurs ce pauvre parc, depuis 1911 et 1939 ! C’est en effet en 1950 que l’automobile club du nord de la France dont le siège est à Roubaix, décide de fêter le cinquantenaire de sa création, en organisant un grand prix. La compétition automobile de l’après seconde guerre mondiale reprend doucement et commence à se structurer. On court depuis longtemps sur des circuits, pour des raisons de sécurité, et notamment des circuits urbains dont le premier fut celui du Mans. Le Grand Prix automobile de Roubaix entre dans cette catégorie, alors que la même année, la création du championnat du monde de formule 1 est décidée, le premier grand prix aura lieu à Silverstone, en Angleterre.

Plan du circuit par NE

Mais revenons à Roubaix. Dès la mi avril, on habille les rues alentour du parc de Barbieux en circuit de compétition automobile. Ballots de paille, barrières de protections, passerelles au dessus de l’avenue Lenôtre, montage de tribunes forment le décor de la future compétition. L’organisation d’un grand prix n’est pas une mince affaire : déjà, la ville de Roubaix investit vingt millions de francs pour remettre en état les 900 mètres de la ligne droite du circuit (l’avenue Jean Jaurès). Car le circuit entoure le parc de Barbieux : la ligne de départ se situe à l’entrée de l’avenue Lenôtre au bout de laquelle, les concurrents empruntent un premier virage vers le fer à cheval où un second virage les amène dans l’avenue Jean Jaurès, puis avenue Jussieu et avenue Le nôtre.

Affiche du grand prix Coll Part

L’Automobile Club du Nord de la France se charge de l’organisation : Marcel Leclercq Président, Marcel Dehédin, Paul Desruelles, chevilles ouvrières, avec toute une phalange de techniciens ! Le circuit est entouré d’une haute palissade de bois, tribunes et gradins peuvent accueillir quinze mille personnes ! Il y a deux grandes tribunes pour le public, une tribune officielle et une tribune de presse, un stand de ravitaillement et quartier des coureurs. On a prévu la sonorisation d’un bout à l’autre de l’immense enceinte. Un peu partout, les spectateurs pourront disposer de buffets et de buvettes, et même un restaurant, des chalets de nécessité. Pour la sécurité, des tonnes de bottes de paille ! Deux passerelles enjambent l’avenue Lenôtre, et huit kilomètres de barrières, pour empêcher les spectateurs d’approcher.

Le programme propose deux courses de motos organisées par le Moto-Club du Nord (6.000 membres) : une première course pour les 350 cm3 longue de 125 kms. quinze partants ; une seconde course pour les 500 cm3 longue de 140 kms. seize partants. On court sur Norton, Vélocette, AJS, Motorcense, Guzzi, Triumph. Une attraction, les boîtes à savon, petites voitures fabriquées par leurs conducteurs, dont le prix ne peut excéder 8.000 francs. Ce sont des voitures de Derby, pilotées par des moins de 15 ans. Une finale de championnat a lieu en juin à La Madeleine, et le titre national va se jouer à Paris. A Roubaix, ce sera juste une exhibition, les petits engins non motorisés seront tirés par des voitures.

La foule et les voitures Photo NE

Puis ce sera le Grand Prix Automobile sur le Circuit du Parc de Barbieux : quatorze partants vont parcourir 300 kilomètres, soit une centaine de tours. Les pilotes engagés sont Raymond Sommer et Giovanni Bracco, sur Ferrari, Robert Manzon, Maurice Trintignant, Aldo Gordini, André Simon, tous sur Simca Gordini, Alfredo Pian sur Maserati, Marcel Balsa sur BMW, René Bonnet sur Deutsch Bonnet, Georges Abecassis John Octave Claes et John Heath sur HWM (Hersham and Walton motors) et un amateur Fourry sur Servat spéciale.

Les voitures sont logées par écuries dans divers garages de la ville : Les Simca Gordini au garage Champier rue de Tourcoing, les Ferrari au garage Peugeot rue du Maréchal Foch, les argentins chez Renault, les anglais chez Citroën, et le coureur Balsa chez BMW au Modern Garage rue de l’alouette. Ces bolides sont arrivés par camions. Le pesage, le contrôle et la vérification des machines a lieu le samedi de 14 h à 17 salle Watremez rue de l’Hospice. On sait ce que gagneront les vainqueurs : pour le 1er : 300.000 francs, le 2e 150.000 francs, le 3e 100.000 francs, le 4e 80.000 francs, le 5e 50.000 francs. Pour le record du tour: 30.000 francs. Pour les mécaniciens, le 1er : 15.000 francs, le 2e 10.000 francs, le 3e 5.000 francs. La coupe Edmond Lefebvre sera attribuée au vainqueur de l’épreuve. La coupe Hector Franchomme au record du tour.

Pour accéder aux places, pour les pelouses, il y a deux entrées : avenue Gustave Delory et passage Loridan, la place est à 400 francs. Pour les gradins Edmond Lefebvre, l’entrée se situe rue Bossuet, la place est à 700 francs. Pour les gradins Franchomme, l’entrée est avenue Lacépède, la place est à 900 francs. On accède à la tribune Nadaud et à la tribune officielle par le boulevard de Paris.

Le vainqueur Sommer sur Ferrari Photo NE

Le départ est donné : Balsa accroche un autre concurrent, puis un peu plus tard, Heath est en panne au Fer à Cheval, Fourry l’amateur, aussi, les deux abandonnent. Sommer mène devant Manzon et Trintignant, puis Bracco, et Simon. L’argentin Pian abandonne sur problème mécanique.

Au 20e tour, Bracco et Simon abandonnent à leur tour. Plusieurs arrêts au stand pour Trintignant, alors troisième. Sommer est loin devant Manzon, et on lutte pour la troisième place : Abécassis, Trintignant, Balsa et Bonnet. Trintignant abandonne, puis Balsa, la troisième place se joue entre Abécassis et Bonnet. Trois tours avant la fin Abécassis qui était devant Bonnet, abandonne. Raymond Sommer est le grand vainqueur de l’épreuve devant Robert Manzon et René Bonnet.

Il y aura encore un grand prix automobile à Roubaix en 1952, le 14 septembre, qui sera remporté par Maurice Trintignant sur Gordini. Le dernier grand prix automobile de Roubaix aura lieu le 20 juin 1953 et sera remporté par René Bonnet sur Deutsch et Bonnet. Question de budget…

Formula E, la course de Formule 1 électrique, s’installe à Paris ce samedi 23 avril 2016 pour une course mémorable, autour de l’Esplanade des Invalides ! Une première exceptionnelle pour Paris, à ne pas manquer. Et pourquoi pas à Roubaix, où le circuit du Parc de Barbieux existe toujours ?

 

 

L’Espéranto à Roubaix

En Février 1903, intervient la création du groupe espérantiste roubaisien, avec des membres approbateurs, non protecteurs, tels que Georges Motte président de la chambre de commerce, Victor Despature, commandant de l’armée territoriale, président du cercle militaire, Edouard Roussel conseiller municipal, président d’honneur de la société des vétérans des armées de terre et de mer, Docteur Butruille, président du syndicat médical de Rx, président de la protection de l’enfance, président du nord touriste, Edmond Ternynck, industriel, Elie Derveaux, architecte, Jules Vroman chef de la société de gymnastique l’Ancienne. Le président du groupe est M. Xavier Dorion et les adhésions nombreuses dépassent la centaine.

Étiquette imprimerie Dorion AmRx
Étiquette imprimerie Dorion AmRx

Qu’est ce que l’Espéranto ? Créée en 1887, cette langue universelle a beaucoup attiré l’attention, et contrairement aux autres essais de langue internationale comme le Volapück , elle s’est rapidement répandue. EIle compte plus de cent mille adhérents dans le monde en 1903. L’Espéranto ne se présente pas comme appelé à remplacer les autres langues, mais comme langage auxiliaire, permettant à tous les pays de s’entendre. L’Espéranto ne peut en vertu de sa nature même s’inféoder à aucune croyance, à aucun parti, à aucun peuple, il est le bien de tous…La bibliothèque de l’Espéranto comprend méthodes, littérature, science ; à Roubaix, le dernier ouvrage publié est un recueil de prières pour les catholiques Pregareto por katolikoj. Suivent quelques exemples de textes comme les Paroles d’un croyant de Lamennais, et une ode dédiée à Léon XIII. L’auteur a fait suivre son livre de quelques pages explicatives de la méthode espérantiste.

Du 3 au 13 août 1905, à Boulogne sur mer, se tient un congrès international réunissant trois mille personnes de quinze nationalités différentes, parlant l’Espéranto le nouveau langage universel. En France les groupements espérantistes sont nombreux, et affiliés au groupement central de Paris qui a pris pour nom Société française pour la propagation de l’Esperanto. On peut y assister à des animations culturelles, discours, monologues, pièces de théâtre, dont le Mariage forcé de Molière traduit en Espéranto joué par dix acteurs de neuf nationalités différentes. Il est dit que l’Espéranto a la douceur de l’italien et la sonorité de l’espagnol.

Le café Pandore CP Méd Rx
Le café Pandore CP Méd Rx

Roubaix a donc son groupe, fondé en 1903 par Xavier Dorion, professeur de langues vivantes, qui s’était assuré la haute protection de M. Eugène Motte, qui fut président d’honneur, et de nombreuses personnalités de la ville. Charles Dorion a succédé à son père. Le groupe se réunit tous les mardis soir dans une salle du Café Pandore, où il a son siège. On y parle exclusivement l’Espéranto, et on l’écrit aussi. Sur une demande de M. Félix Chatteleyn, sénateur, un cours d’Espéranto a été créé à l’établissement Pierre Catteau, rue du grand chemin, tous les vendredis soir, animé par Charles Dorion. Les élèves sont toutefois peu nombreux, compte tenu de l’activité commerciale intense roubaisienne.

Congrès de Boulogne sur Mer Coll Particulière
Congrès de Boulogne sur Mer Coll Particulière

En Aout 1906, lors du deuxième congrès de l’Espéranto à Genève, on note la présence d’une délégation française, conduite par le lieutenant Bayol instructeur à st Cyr, auteur d’une brochure pour les médecins et le personnel médical. Il y est dit que le locuteur français reconnaît 75 mots de sa langue dans l’Espéranto, dont la grammaire est facile.

Congrès espérantiste Roubaix 1911 Photo le Journal de Roubaix
Congrès espérantiste Roubaix 1911 Photo le Journal de Roubaix

En Juin 1911, a lieu le Congrès régional espérantiste à Roubaix, à l’occasion de l’exposition internationale. La région du nord a un groupe espérantiste dans chaque ville, et la Fédération centrale est à Lille. A Roubaix, dans la salle artistique rue des champs, une réception est organisée par les membres du comité roubaisien. A dix heures et demie, sous leur bannière verte avec une étoile en coin, les espérantistes se rendent à l’hôtel de ville, où ils sont reçus. M. Dorion président du comité, Durieu de Lille, MM. Lamère, Vauthier et Tobis, secrétaires et trésorier du groupe de Roubaix, MM Denis Didier, Hellin, Bannart, Ernoult Taffin et Charles Dupire, membres du comité. Après la réception, un banquet de 200 couverts attend les congressistes à la salle artistique, en l’absence de M Prelat directeur de l’enseignement primaire du nord, Minet inspecteur primaire, et Lambert directeur de l’école pratique de commerce et d’industrie de Roubaix, tous excusés.

Le groupe espérantiste roubaisien pendant les années vingt Coll Particulière
Le groupe espérantiste roubaisien pendant les années vingt Coll Particulière

C’est en 1920 qu’on retrouve trace des espérantistes : Victor Vajda originaire de Budapest en Hongrie s’installe à cette époque à Roubaix où il crée une entreprise de publicité et de peinture en lettres. Il adhère au cercle espérantiste roubaisien « al fratigo » à la même époque. Il épouse à Roubaix en 1925 une autrichienne, et ils sont mariés en Espéranto. Ils font ainsi partie des 56 couples à travers le monde à s’être mariés de la sorte. En 1928, le groupe espérantiste est accueilli à l’hôtel de ville de Roubaix avec leurs amis de Courtrai.

Ceci n’est que le début de l’histoire. On a pratiqué l’Espéranto à Roubaix jusqu’à l’an 2000, mais les traces sont difficiles à trouver. Merci de nous aider à poursuivre l’historique par vos commentaires. On peut toujours pratiquer l’Espéranto sur Villeneuve d’Ascq, et on trouvera sur Internet les adresses et renseignements de ce groupe, de la fédération régionale, et de la fédération nationale des pratiquants de cette langue universelle.

 

Un bureau de poste au Pile

Il existait déjà un bureau de poste avant que l’on décide d’en construire un nouveau, au coin de la rue Lalande. Il était situé au n°120 de la rue Pierre de Roubaix, dans une petite maison étroite à deux pas du débouché de la rue des fossés (aujourd’hui rue Jacques Prévert). On l’appelait le bureau de poste Sainte Elisabeth. C’est en Janvier 1936 qu’on décide de remplacer le vieux bureau exigu, sur une partie du terrain du square Destombes, formant le coin entre la rue Lalande et la rue Pierre de Roubaix, par un local neuf, plus vaste et mieux conditionné. La dépense est évaluée à 279.800 francs, et ce bureau ne fonctionnera pas avant l’année suivante.

Le bureau du Pile en octobre 1936, puis en mars 1937 Photos Journal de Roubaix
Le bureau du Pile en octobre 1936, puis en mars 1937 Photos Journal de Roubaix

Trois cent dix m² sont ainsi attribués à la surface du nouveau bureau de poste. En novembre, on a démoli le mur de l’ancienne propriété Delaoutre, et on voit déjà apparaître derrière une barrière de chantier, l’entrée de la future poste avec son fronton caractéristique et les premiers piliers de soutènement des murs. La presse annonce de manière optimiste que l’administration des PTT n’ouvrira pas ce nouveau bureau avant juin 1937. Le chantier se déroule avec en toile de fond les arbres du square et la maison de maître qui s’y trouvait encore.

Le bureau du Pile en novembre 1937, et en février 1938 Photos Le Journal de Roubaix
Le bureau du Pile en novembre 1937, et en février 1938 Photos Le Journal de Roubaix

En mars 1937, les murs et la toiture ont été construits, les fenêtres n’y sont pas encore, mais la silhouette du nouveau bâtiment masque désormais à la vue, les plantations du square et son habitation. En octobre 1937, le nouveau bureau de postes est terminé. Sur les fenêtres, on voit encore les croix de peinture destinés à indiquer que les vitres ont été posées. La barrière de chantier a été enlevée, et l’on attend la prochaine inauguration du bureau de poste de la rue Pierre de Roubaix, qui changera de nom pour l’occasion. Désormais plus proche du quartier du Pile que de celui de Ste Elisabeth, il portera donc le nom de bureau du Pile.

Le bureau du Pile aujourd'hui Vue Google Maps
Le bureau du Pile aujourd’hui Vue Google Maps

Il sera inauguré en février 1938, et il fait partie d’un ensemble de constructions de plusieurs bureaux auxiliaires (Alma, Fosse aux Chênes,…) destinés à désengorger le bureau principal de l’hôtel des postes du boulevard Gambetta (aujourd’hui IUT boulevard Leclerc). Ces bureaux de poste des années trente étaient l’objet d’un cahier des charges identique, que l’on peut retrouver à l’Alma, mais aussi à Wattrelos dans l’ancien bureau de poste devenu aujourd’hui la bibliothèque, ou celui de l’avenue Dron à Tourcoing . De nos jours, le bureau du Pile fonctionne toujours, en alternance avec celui qui se situe dans la maison des services des Trois Ponts.

L’inauguration et la fête

La première passerelle du Fresnoy, on s’en souvient, fut réclamée par les habitants du quartier qui étaient obligés de faire un grand détour pour traverser les voies de chemin de fer. Elle fut construite grâce à la générosité de M. Edmond Dujardin et inaugurée le 14 septembre 1908, du moins ses fondations furent-elles posées ce jour-là, à l’occasion d’une grande fête. Les travaux ont été commencés pendant la deuxième quinzaine d’août. On prévoit qu’ils seront terminés dans les premiers jours de novembre. Deux mois et demi pour les travaux, beaucoup moins que pour les discussions.

La passerelle en construction Photo Journal de Roubaix
La passerelle en construction Photo Journal de Roubaix

Une grande fête est donc organisée le 14 septembre, pour marquer le coup. Ce sera d’ailleurs le début des grandes réjouissances dans ce quartier à ce point abandonné par la ville, que certaines cartes postales considéraient encore que la place de la Gare était l’entrée de Roubaix !

La journée commence avec la réception en gare de Roubaix des reines du Courgain de Calais. La philharmonique de la Planche du Riez ouvre la marche du cortège vers la mairie, suivie de la clique des marins du Courgain, d’un groupe important de matelottes calaisiennes. Dans des landaus, les trois reines : Louise Dutertre, Reine du Courgain, Marie Drolet, Reine de la Halle, Marie Randon Reine des matelottes. La première est accompagnée de son père, un brave sauveteur, la poitrine constellée de médailles !

Les invitées du Courgain Coll Particulière
Les invitées du Courgain Coll Particulière

Un peu plus tard, au pied de la passerelle, le maire Eugène Motte, est présent à la cérémonie de la pose de l’ossature. Écoutons-le raconter sa version de l’histoire :

C’est en 1865 que le quartier du Fresnoy sollicita pour la première fois le trait d’union par passerelle aux dessus des voies du chemin de fer. C’était prématuré, six cents habitants seulement étaient épars de ci de là, dans un vaste parterre de prairies. Le temps avait moins de valeur, le tissage mécanique n’était qu’au berceau… En 1890, (…) le quartier se remua à nouveau, à l’heure où Roubaix venait d’ouvrir la belle artère de la rue de la gare, pour supprimer un vilain serpentin de rues en boyaux. Il semblait naturel qu’on prolongeât l’effort et que les 3.000 habitants pussent jouir par la passerelle de la fierté roubaisienne devant cette belle œuvre de voirie. Mais certains voulaient la passerelle plus à droite, d’autres trop à gauche, et les gardiens du trésor municipal restèrent sourds à ces demandes contradictoires. Quatorze ans s’écoulaient et les champs, les pâtures, les oasis de verdure, les fils d’eau verdoyants, les hauts sureaux avaient disparu depuis longtemps, cédant devant l’invasion d’une population alerte et laborieuse. Nous étions en 1904. Vous avez été les bénéficiaires du sectionnement municipal. Vos conseillers locaux ont pris l’affaire en mains, l’ont traduit en vœu direct (…) ont sollicité les souscriptions que MM Dujardin et Hachet ont levées et l’affaire sortit des limbes et de la poussière des cartons. La compagnie du Nord nous a prêté le concours de ses ingénieurs et gratuitement sa bonne grâce ! La passerelle coûtera 70.000 francs, payés 50.000 francs par la Ville, 19.500 francs par les particuliers, mais que de services elle rendra aux 10.000 habitants qui peuplent maintenant votre quartier ! 16 heures par jour elle établira une communication incessante. A la suite de quoi, un procès verbal écrit sur parchemin est placé dans les fondations de la passerelle.

Marie Pratt, reine du Fresnoy, et Flore Guermonprez, reine de la passerelle Photos le Journal de Roubaix
Marie Pratt, reine du Fresnoy, et Flore Guermonprez, reine de la passerelle Photos le Journal de Roubaix

La fête a déjà commencé : dans la matinée une course vélocipédique a été offerte aux amateurs, de Roubaix à Fleurbaix. Puis une course de vitesse dans le quartier. De midi et demi à une heure et demie, concerts-apéritifs par la Fanfare de Beaurepaire, la Philharmonie de la planche au riez, et les Accordéonistes Roubaisiens. Une cantate est composée en l’honneur des membres du comité par la Philharmonie de la planche au riez, dont les solistes reçoivent une médaille. Puis c’est le clou des réjouissances, le cortège ! Il défile dans les rues du quartier devant une foule énorme qui s’entasse sur les trottoirs et déborde sur la chaussée. Un piquet de gendarmes à cheval ouvre la marche, suivi par la philharmonique du Jean Guislain et ses pas redoublés. Puis vient le char de la passerelle avec sa reine, Melle Flore Guermonprez, et l’harmonie l’Espérance. Ensuite voici le char du dragon fabuleux, surmonté d’une matelotte, les trois reines du Courgain, avec demoiselles d’honneur et parentes dans des landaus. La Grande Fanfare fait l’intervalle musical avec le char du Veau d’Or, la Philharmonie de la planche au riez précède des enfants costumés qui figurent le corps de ballet de la reine. Enfin voici le char de la reine du Fresnoy, la gracieuse Marie Pratt et ses demoiselles d’honneur, escortée par la Fanfare de Beaurepaire, le char aumônière, qui recueille au profit des pauvres. Un piquet de gendarmes à cheval ferme la marche.

Les reines du Fresnoy et celles du Courgain sont reçues à l’école de la rue de Naples, où un souvenir leur est offert et une coupe de champagne. La Philharmonie de la planche au riez donne une aubade à M. Pierre Vial, président du comité des fêtes.

Il y aura encore le départ du ballon, nommé le Fresnoy qui gonfle depuis le matin, et à midi se dresse majestueux, à l’angle des boulevards Descat et d’Armentières. M. Tiberghien l’aéronaute de service, s’élance dans les airs vers cinq heures avec un ami. La Marseillaise est jouée par l’harmonie l’Espérance. Le ballon atterrit à Pottes, en Belgique et en pleine kermesse.

La soirée commence à partir de six heures, avec trois concerts et des illuminations. De huit heures à dix heures une grande fête de gymnastique à l’angle des rues de Mouvaux et de Rome, par la Roubaisienne, et par la Jeunesse du Blanc Seau, avec le concours de la Philharmonique Jean Guislain, ainsi intervient la fin de la première journée.

Le lendemain, pour la journée de lundi, des concours sont organisés chez les cabaretiers membres du comité. À 3 heures, des jeux populaires sont proposés, à 5 heures une promenade-concert est emmenée par la fanfare du Nord Touriste. Une attraction sensationnelle de funambulisme est donnée par Mac Dauly dit le blondin américain. Et la fête se termine avec un concert donné par la Fanfare des Amis Réunis. L’organisation fut si efficace que le quartier renouvellera l’expérience, les années suivantes, pour le bonheur des commerçants et habitants du quartier du Fresnoy et bien au-delà, de celui des autres roubaisiens.

Qui était Maurice Maertens ?

La première guerre mondiale vient de se terminer. Dès 1919, on va rejouer au football. Le Stade Roubaisien va retrouver le terrain qu’il occupait déjà depuis avril 1903, appelé le terrain du Parc Cordonnier au Pont Rouge. En hommage à un de ses membres mort pour la France, ce terrain devient le stade Maurice Maertens.

Le Stade Roubaisien avant la première guerre Coll particulière
Le Stade Roubaisien avant la première guerre Coll particulière

Né à Roubaix le 31 décembre 1882, Maurice Maertens est le fils d’un père né en Belgique, Florentin Maertens, marchand épicier rue Ma Campagne, et de Marie Augustine Planchon. Il est employé de tissus à son recensement militaire. Il est dit fondateur du club, selon l’historique, en 1896, iI a quatorze ans à peine. Le Stade Roubaisien, à l’époque l’amical club de Roubaix, c’est un club omnisports qui pratique la course à pied, la vélocipédie et le football.  En 1901, le Stade Roubaisien demande son affiliation à l’U.S.F.S.A (Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques, la Fédération Française de Football de l’époque) et se trouve engagé dans le championnat du Nord en 1901. Maurice Maertens fait partie de l’équipe première. Il effectue son service du 8 octobre 1905 au 18 septembre 1906 au 148 RI. A son retour, il réintègre l’équipe et devient un pilier incontournable du stade roubaisien. Ses qualités de footballeurs lui valent d’être appelé souvent en sélection du nord. Maurice Maertens joue dans la ligne des demis, est capitaine de son équipe et dirigeant de son club. Il se marie le 25 juillet 1914 avec Juliette Pollez. Puis survient la guerre. Il est mobilisé et envoyé sur le front en Belgique. Alors que la course à la mer a pris fin du côté de Dixmude, à partir d’octobre 1914, la 1ère bataille d’Ypres commence. Les troupes françaises se trouvent dans les secteurs d’intervention entre Zonnebeke, Zillebeke, Wallemolen, Vlamertinghe, Fortuyn, Wieltje, … Nombreux sont les soldats qui tombent en terre de Flandres. Maurice Maertens est de ceux-là. Il est mort pour la France et pour la Belgique, à Zillebecke en Belgique, le 16 décembre 1914, Il avait 32 ans.

Le stade Maertens aujourd'hui Vue Google maps
Le stade Maertens aujourd’hui Vue Google maps

En 1952, lors de l’ouverture de la rue Braille, on aménage une partie des terrains dépendant du stade Roubaisien, les tribunes et les vestiaires du stade sont démolis, pour laisser place à un groupe d’immeubles à usage d’appartements résidentiels construits par la Maison Roubaisienne. Le nom de Maurice Maertens fut retenu pour l’allée nouvelle.

Du fort Despretz au square des près

Le fort Desprez se situe entre la rue Lalande et la rue Masséna, avec un accès au 231 de la rue de Lannoy. Il était constitué par des rangées de petites maisons alignées , situées en arrière des maisons qui bordaient la rue de Lannoy. Non loin de cet endroit, Victor Despret tient une épicerie au n°261 de la même rue en 1910. Il est fils de Pierre Amand Despret, cultivateur aux trois ponts, et petit-fils de Florimond Despret également cultivateur. Le fort Despret leur doit probablement sa construction, et il était destiné au logement des journaliers qui venaient travailler à la ferme, et plus tard aux ouvriers de l’usine Motte du boulevard de Mulhouse.

Le magasin de Victor Despret 261 rue de Lannoy CP Méd Rx
Le magasin de Victor Despret 261 rue de Lannoy CP Méd Rx

Au moment où l’on décide de le démolir, Le fort Despret, c’est encore soixante-douze maisons, dont beaucoup de ses occupants sont propriétaires, malgré l’insalubrité qui y règne. Il faudra les reloger. Un projet de 120 appartements clairs agréables et confortables est alors affiché, qu’on vend comme un espace vert, le square des prés en continuité du square Destombes. C’est oublier qu’entre les deux squares, il y a une voie très passante, la rue Pierre de Roubaix, et le mur du square Destombes. La continuité affichée est démentie par l’histoire des deux parcelles de terrain : le square des près est issu d’une série de maisons insalubres, vraisemblablement antérieure à la propriété Delaoutre, qui contenait une maison de maître et un magnifique jardin devenus en 1910 square Destombes, du nom du mécène qui en permit l’acquisition pour la ville.

Le fort Despret vu de la rue de Lannoy, n°231 Coll Particulière
Le fort Despret vu de la rue de Lannoy, n°231 Coll Particulière

Le fort Despret fait plutôt partie des ensembles de construction de la première partie du dix-neuvième siècle, comme le fort Bayart, le fort Mulliez, le fort Frasez, dont la rénovation urbaine s’empara pour des réalisations fort diverses : les forts Bayart et Frasez devinrent des rues, les forts Mulliez et Despret devinrent des squares. Le dimanche 18 octobre 1955, le cortège présidentiel dans lequel se trouve René Coty s’arrêtera un instant devant le fort Desprez, en cours de démolition, et le secrétaire d’Etat à la reconstruction Bernard Chochoy vient y poser la première pierre en avril 1956.

Le projet du square photo NE
Le projet du square photo NE

De nos jours, si l’on peut apercevoir l’espace vert du square des près, il n’est cependant pas accessible. L’ouverture et le square prévus par la maquette originale n’ont pas été réalisés, car on a bâti à la place une série de trois immeubles parallèles aux bâtiments qui se trouvent le long de la rue Lalande. Quant à l’épicerie Despret, elle existe toujours, même si le fonds de commerce a changé de propriétaires. Elle se trouve toujours devant le square contemporain, comme gardienne de la mémoire des lieux.

Une colonie ouvrière

On pourrait se dire à la vue du bel alignement de maisons de la rue de la Conférence entre les n°31 et 47, qu’il s’agit là d’une belle construction contemporaine. Mais il n’en est rien, même si on peut considérer qu’une belle rénovation récente a remis en valeur ces immeubles. Le projet de ces maisons date de 1925 et il est dû à la volonté de la Société Industrielle pour la Schappe de construire des maisons pour ses ouvriers et employés.

Document AmRx
Document AmRx

Qu’est-ce donc que cette société, dont le siège social se trouve à Bâle ? C’est en 1873 qu’intervient la constitution de la Société « Chancel-Allioth-Veillon et Cie » dont le siège social fut fixé à Bâle. La société possédait dès son origine les peignages de Briançon, Tenay-Eaux Noires et du Vigan, les filatures d’Arlesheim (18.620 broches à filer et 7.860 à retordre) et de Grel- lingen (17.724 broches à filer et 7.710 à retordre). Cette société franco-suisse ayant tous ses peignages en France et toutes ses filatures en Suisse, racheta dès 1879, la filature « La Roubaisienne » fondée à Roubaix par Charles Junker, qui en sera longtemps le directeur. Charles Junker est aussi connu pour sa carrière politique à Roubaix, il fut des républicains qui mirent en place l’école publique, laïque et obligatoire. Il fut également le premier Président de la Fédération des Amicales Laïques de Roubaix.

La passerelle des Soies CP Méd Rx
La passerelle des Soies CP Méd Rx

La filature en question se situait dans une voie perpendiculaire à la rue d’Avelghem, la rue des Soies, face à la passerelle du même nom, auxquelles elle avait donné son nom. Son activité portait sur le retraitement des déchets de soie. En raison de son extrême richesse, la soie a très vite suscité des efforts pour la récupération des déchets. Une fois filée, la schappe était le plus souvent utilisée comme trame dans les tissus unis et façonnés, car sa souplesse et son élasticité sont plus grandes .

La société franco-suisse décide donc de construire deux groupes de quatre maisons sur un terrain lui appartenant, autrefois propriété de la famille Tiers. Elle demande l’autorisation de faire construire le 24 avril 1925. L’époque est au développement de la construction de logements : ainsi dans le quartier du Nouveau Roubaix, l’avenue Linné a ainsi vu construire les maisons du Toit Familial, et les premières maisons HBM de la rue Jean Macé sont en chantier. Le lotissement de la rue de la Conférence comporte huit maisons façade rue, mais on peut voir sur le plan que la société se réservait la possibilité d’en construire huit autres en arrière des huit premières, dans la profondeur du terrain, ce qui ne se fera pas.

Vue actuelle des maisons doc Google Maps
Vue actuelle des maisons doc Google Maps

Le plan de 1925 montre les caractéristiques des maisons de la colonie ouvrière de la filature de schappes, car tel était le nom donné au lotissement. Les trois marches pour accéder au logement existent déjà, ainsi que les deux étages habitables. Le modèle de ces maisons tranche un peu avec celui de la maison roubaisienne, plus étroite. Il est en effet l’œuvre du Bureau d’architecture suisse Burckhardt, Wenk et Cie. Une belle réalisation de 1925 que la rénovation contemporaine a remis en valeur.

Informations sur la schappe extraites de la brochure Usine de la Schappe-Briançon

De la place à l’esplanade

Extrait d'un plan de 1855 Coll Particulière
Extrait d’un plan de 1855 Coll Particulière

Avant l’apparition du chemin de fer à Roubaix, la rue Nain, la rue du cimetière et la rue du Fresnoy formaient un axe de circulation important vers l’ouest. Le développement de la ville fera qu’on désaffectera bientôt le cimetière, pour le remplacer par un square, auquel aboutissait une rue du square, perpendiculaire à la rue Nain. En 1842, on inaugure la première ligne de chemin de fer, ce qui a pour effet d’isoler les quartiers du Favreuil et du Fresnoy du centre de Roubaix.

Vue de la rue vers la gare, Place Chevreul sur la droite CP Méd Rx
Vue de la rue vers la gare, Place Chevreul sur la droite CP Méd Rx

En 1867, le tronçon de la rue du Fresnoy menant de la rue Nain à la gare prend le nom de rue du chemin de fer. Une nouvelle gare plus spacieuse est très vite réclamée par les roubaisiens, qui l’obtiendront après avoir tracé une nouvelle voie, la rue de la gare, future avenue Jean Lebas. En 1877, le Conseil Municipal décide de créer cette nouvelle avenue. Les travaux de démolition commencent en 1882 et dès le mois de juillet la trouée est achevée. L’année suivante, la rue de la gare est terminée. La nouvelle gare est officiellement ouverte le 1er septembre 1888.

Ensait et Place Chevreul CP Méd Rx
Ensait et Place Chevreul CP Méd Rx

A la jonction de la rue du chemin de fer et de la rue Nain, à l’emplacement de l’ancien cimetière de Roubaix, devenu un square, on bâtit l’école nationale des Arts Industriels inaugurée le 30 juin 1889, actuel E.N.S.A.I.T. En 1895, quelques habitations situées entre la rue Nain et l’avenue de la Gare sont démolies et remplacées par un petit square auquel on donne le nom de Michel-Eugène Chevreul, chimiste français connu pour son travail sur les acides gras, la saponification, la découverte de la créatine et sa contribution à la théorie des couleurs. Divers projets d’aménagement du square Chevreul donnent des indications sur son mobilier urbain : un chalet de commodités, une vespasienne, un kiosque à journaux, une boîte postale, un bassin avec jet d’eau lui sont attribués. La rue du chemin de fer passe entre l’Ensait et le square, et la rue du square est devenue entre-temps la rue Pasteur. Elle traverse la rue de la gare et s’en va rejoindre la rue de l’espérance.

Marché aux oiseaux Coll Particulière
Marché aux oiseaux Coll Particulière

Dès 1891, une animation importante et traditionnelle, le Marché aux oiseaux, se tient tous les dimanches, à partir de six heures du matin sur la place Chevreul. Ce qui peut expliquer le glissement du chimiste au cervidé, du chevreul au chevreuil, à l’ombre des arbres, sur quelques cartes postales…

Place des Martyrs de la résistance CP Méd Rx
Place des Martyrs de la résistance CP Méd Rx

La Place Chevreul devient la Place des martyrs de la Résistance après la seconde guerre. Sur la petite place s’élève le monument aux Martyrs de la Résistance du sculpteur Lemaire, inauguré par M. Victor Provo, maire de Roubaix, le 11 novembre 1948.

L'esplanade aujourd'hui Extrait Google Maps
L’esplanade aujourd’hui Extrait Google Maps

De nos jours, on a reculé le monument dans l’alignement de l’ancienne rue Pasteur, laquelle disparaît à cet endroit. La jonction de la rue Nain à l’avenue Lebas s’appelle désormais l’allée Louise et Victor Champier. La petite place s’est transformée en esplanade, pour faire le pendant à l’esplanade du musée la piscine, ce qui permet aux deux musées d’être désormais en vis-à-vis.

Coop aux Trois Ponts

C’est en février 1972 que la SACOMUL (Société d’Aménagement de la Communauté Urbaine de Lille) met en vente les locaux du centre commercial qui va se trouver au cœur du nouveau quartier des Trois Ponts, encore en construction à l’époque. Le centre commercial lui-même est en cours de construction et on prévoit de le livrer en mai 1972. Il comprend une surface de supermarché de 712 m², une pharmacie de 140 m², un café de 70 m², une librairie-journaux de 70 m², une boulangerie de 140 m² et un local à affecter de 70 m². Les renseignements et le dépôt des candidatures se font à la SACOMUL, 326 rue du Général de Gaulle à Mons en Barœul.

Vue du quartier en 1972 Photo NE
Vue du quartier en 1972 Photo NE

Les trois-quarts de logements sont à présent occupés et il est temps qu’un centre commercial puisse approvisionner la population du quartier. D’autres équipements collectifs sont prévus : une crèche, un centre social, un centre de soins un foyer du vieillard, une maison de jeunes. Une école est en cours de construction. Très vite, on apprend qu’une supérette COOP occupera les 712 m² et que la pharmacie a trouvé son candidat. Les autres cellules attendent leurs acquéreurs. Le gros œuvre sera achevé en avril et le temps d’effectuer les aménagements intérieurs, l’ouverture des magasins se fera en septembre, selon le journal.

Le chantier en 1972 Photo NE
Le chantier en 1972 Photo NE

C’est à la fin du mois d’août que la supérette COOP est inaugurée rue Léonie Vanhoutte. Elle propose à sa clientèle tout ce qu’on peut trouver dans ce type de magasin, notamment un rayon boucherie. Ce point de vente bénéficie de la logistique des Coopérateurs de Flandres et d’Artois, association de coopérateurs qui gèrent et contrôlent eux-mêmes leur coopérative. Les COOP représentent plus de 600 points de vente dans le Nord de la France, dont 200 libres services et supermarchés, et nationalement, les magasins COOP sont au nombre de 10.000. Le PDG des Coopérateurs, Jean Delattre rappelle tout cela dans son allocation d’inauguration, ainsi que les divers services proposés par la société : assurance, documentation familiale gratuite, journal Le Coopérateur de France, œuvre de solidarité, crédit ménager le moins cher de France, vente par catalogue, service après-vente, laboratoire d’analyses…

L'inauguration en août 1972 Photo NE
L’inauguration en août 1972 Photo NE

M. Prouvost adjoint au maire, rappelle que Roubaix a été le berceau du mouvement coopératif et remercie les Coopérateurs de Flandres et Artois pour l’implantation de ce magnifique magasin. Un vin d’honneur est alors servi par M. et Mme Lefebvre, gérants du magasin et M. et Mme Lourme, gérants du rayon boucherie, et tous les présents boivent au succès du nouveau COOP.

La COOP des Trois Ponts Photo NE
La COOP des Trois Ponts Photo NE

Du fort au square

Le fort développement des industries textiles à Roubaix au dix-neuvième siècle a entraîné un important accroissement de la population roubaisienne. Pour loger tout ce monde, on a bâti très vite, en utilisant au mieux les terrains non accaparés par les usines. Pas de moyens de déplacement, il fallait donc loger l’ouvrier à proximité des usines. Ce furent les forts, les cours et les courées, qui offrent encore un siècle plus tard, en 1953, « le lamentable spectacle d’un anachronisme qui est tout à la fois un défi à l’hygiène et au progrès ».

Une vue du fort Mulliez photo NE

Le fort Mulliez était de ces ensembles d’habitations, qui ressemblent « plus à un ghetto qu’à une cité ». Un labyrinthe de cent vingt maisons ! Le CIL en a donc racheté un certain nombre dans le but de les démolir et de construire une cité moderne. Mais il faut gérer le relogement. Certains habitants partent s’installer ailleurs , mais d’autres ont un peu de mal à quitter leur quartier, qu’ils ont connu « quand les maisons étaient relativement neuves et que tout autour s’alignaient des jardins et des champs ». Ainsi M. Georges Monnet interviewé par le journaliste Marcel Leclercq, évoque une ferme qui se trouvait à l’emplacement de l’actuelle institution Notre Dame des Victoires toute proche, ce qui situe ses souvenirs avant 1900. Il exerçait la profession de rentreur au Peignage Amédée Prouvost rue de Cartigny. Il était né en 1873 dans la maison du fort Mulliez qu’il occupe encore.

Fort Mulliez en démolition Photo NE
Fort Mulliez en démolition Photo NE

Mais à présent, le fort Mulliez présente le triste spectacle de toitures basses, d’étroites lucarnes, de pièces exiguës sans soleil. Il devient urgent de s’occuper de ce vieil habitat qui se dégrade peu à peu. Ainsi en août 1953, la toiture d’une maison s’effondre en partie, les locataires ont des enfants, il faut les reloger. Le CIL a en projet une construction moderne à trois étages avec des appartements bien éclairés qui donneront sur un grand espace vert.

Maquette du projet square Photo NE
Maquette du projet square Photo NE

La première tranche de travaux est prévue pour le printemps 1954. Le CIL posera à cette occasion la première pierre de son 5000e logement sur l’emplacement du fort Mulliez. En février les travaux de démolition sont activement menés. En mars a lieu la cérémonie de la première pierre posée par le Président du Conseil Laignel. En mai le chantier avance bien.

Etat du chantier en 1954 Photo NE
Etat du chantier en 1954 Photo NE

En octobre 1955, le square des Mulliez devient une vitrine et un lieu de visite : sous la conduite d’Albert Prouvost, président du CIL, des personnalités soviétiques viennent admirer la nouvelle réalisation. Cette opération en préfigure d’autres, de tailles diverses : celle du fort Desprets, rue de Lannoy et celle du quartier Edouard Anseele d’une toute autre envergure.

Le square aujourd'hui Google maps
Le square des Mulliez aujourd’hui Google maps