Instantané 1973 ter

Nous avons traité la rue Jules Guesde axe commercial important du quartier de la Potennerie, puis du quartier du Tilleul. Voyons à présent au-delà du carrefour avec la rue Pierre de Roubaix, sa configuration commerciale dans le quartier du Pile.

Au carrefour de la rue Pierre de Roubaix Photo Google Maps
Au carrefour de la rue Pierre de Roubaix Photo Google Maps

La rue Jules Guesde s’ouvre côté impairs vers le Pile par la pharmacie Schembert aux n°267-269, aujourd’hui encore présente comme Pharmacie du Pile. Un peu plus loin, se trouvait au n°277 la boucherie Duhameau, puis le café de Mme Florquin, avant la cour Lefebvre. Le n°283 n’est plus signalé comme commerce en 1973, la présence de carreaux émaillés sur sa façade laisse supposer qu’il a pu l’être dans un passé récent. La cour Fauqueu suivait, aujourd’hui démolie. L’épicerie Decoster, au n°293, la pâtisserie Coquet au n°299, et les cycles Debenne, ancienne maison Derryx au n°301, forment un bel ensemble commercial, terminé par le café Lambrecq au n°303, siège du Cercle Artistique Roubaisien. Au n°305, le shopping pull complète cette énumération jusqu’à la rue Monge.

Magasin Aupoix au n°321 Pub NE
Magasin Aupoix au n°321 Pub NE

A l’angle de la rue Monge, le magasin de Marius Aupoix, plombier zingueur, au n°321. Au n°327, une enseigne marquée du mot bière indique que se trouvait là un détaillant de vins, Melle Delespaul. Le marchand de chaussures Lefebvre Lehu au n°341 et le café tabacs PMU d’Albert Vercruysse au n°343 nous amènent à la rue de Condé. Au delà, jusqu’à la rue Marceau, il n’y a plus que des maisons d’habitations à un étage.

La belle porte du n°242 Photo Google
La belle porte du n°242 Photo Google

Du côté des pairs, la rue Jules Guesde entre dans le Pile avec l’épicerie Duhamel au n°238, et le magasin a toujours la même vocation. Aux n°242-244, le magasin beurre, fromages et œufs de Roger Claebots, avec sa magnifique porte ouvragée. Un peu plus loin, après la rue Copernic, le papetier Mestdagh est installé au n°262, le volailler Vanhersecke au n°270, et les laveries du Pile sont au n°272. Le boucher Chih au n°278 se trouvait entre la cour Dhalluin et la cour St Eugène. Suivaient le marchand de chaussures Horvath au n°280, le marchand de journaux Herman au n°282, et la cour Delannoy au n°286. La société de tapis Florent et Cie au n°294-296 précédait une nouvelle courée, la cour Louis Henry. Au n°302, un boucher hippophagique, M. Dutoit, la parfumerie Croin au numéro suivant, et au n°308 un fleuriste à l’enseigne du Lilium, M. Poix. Le pâtissier Lefebvre au n°312, et le cafetier Ladrouz au n°314, nous amènent à la rue de Condé.

Les laveries du Pile Pub NE
Les laveries du Pile Pub NE

Le commerce d’alimentation de M. Deconinck se situait aux n°316 à 322. La rue Jules Guesde se poursuit avec des maisons à étage, avec quelques vieilles vitrines qui laissent supposer d’autres échoppes plus anciennes, et se termine dans la rue Marceau.

Instantané 1973 bis

Nous avons traité la rue Jules Guesde, axe commercial important du quartier de la Potennerie. Voyons à présent au-delà du carrefour avec la rue du Coq Français, sa configuration commerciale jusqu’à la rue Pierre de Roubaix, ce qui pourrait correspondre à l’ancien quartier du Tilleul.

Carrefour du coq français Vue Google

Si nous suivons les numéros impairs, une maison à étage avec un petit campanile semble enchâssée dans une rangée de basses masures. C’est là, au n°131, qu’officiait l’oiseleur Blondel, dont la façade a conservé la double vitrine désormais fermée par des stores en bois. Un peu plus loin se trouvait l’épicerie de Melle Molders, au n°147, à l’angle de la rue Neuve Racine. La boucherie Vanthournout lui faisait face de l’autre côté de la dite rue, au n°149, avant d’aller s’installer à l’angle de la rue Jouffroy. Venait ensuite un tailleur, M. Derasse au n°151, et la crémerie Snoeck au n°155, immédiatement suivie par la poissonnerie de Melle Leuridan. La cour Saint Joseph se trouvait au n°159. Jusqu’à la rue de Bavai, ce sont des maisons d’habitation.

Boucherie Vanthournout Pub NE
Boucherie Vanthournout Pub NE

La société nouvelle des Ets Degraeve et Prouvost est au n°173. Nous la connaissons aujourd’hui sous la marque Hutchinson, le joint français, et elle occupe une grande surface donnant sur la rue de Bavai et longeant la rue jules Guesde, dont elle épouse la légère bifurcation. Une série de courées venait ensuite, la Cité Tonneau-Vroone, la Cour Bonte Platel, et la Cour Montaigne, qui ont disparu aujourd’hui.

En tête usine De Graeve Coll Méde
En tête usine De Graeve Coll Méd

Au delà de la rue de Lannoy, il y avait au n°209 le lavorama, lavoir automatique, le salon Arlette, coiffure pour dames. Au n°213, le garage de carrosserie automobile Votano, suivi au n°215 du marchand de chaussures Geny. Au n°223, une marchande de parapluies, Madame Van Reust, et au n°225-227, le dépôt de la teinturerie Duhamel. Après la rue Beaurewaert, la boucherie Turpyn-Van Renterghem précède au n°229 le garage auto méridional. La disparition de l’impasse Ingouville a entraîné la démolition de cette partie du carrefour avec la rue Beaurewaert. A l’angle de rue Saint Amand, le café Boghari occupe les n°247-249. Après la cour Penet Labis au n°261, un marchand de jouets, M. Willem et la société de bonneterie Fleurquin se trouvaient aux n°265 et 265bis.

Magasin Geny Photo Google
Magasin Geny Photo Google

Prenons à présent les pairs. A l’angle de la rue Jouffroy se trouve encore le café du Tilleul. Au n°80, le salon de coiffure pour dames de Mme Perrin, un peu plus loin, au n°86, la crémerie de Mme Lesaffre, et aux n°88-90, la bijouterie fantaisie de Mme Leman. Au delà de la rue Duguesclin, le magasin de Pompes Funèbres Van Den Berghe, dont on peut encore apercevoir la double vitrine aux n°102-104, côtoyait le marchand de cycles Dehaut au n°106, et au n°108, le charcutier Bouquillon, juste avant la cité Veuve Pierre Jacob. La droguerie Gallen se trouvait au n°114, et juste après la cour Honoré Castelain au n°118, l’épicerie Haddadi précédait le salon de coiffure pour dames de Mme Van Moerbèke, n°120 et 122. Le café Slosse venait ensuite, pour faire l’angle avec la rue de Bavai.

Carrefour rue de Bavai Photo Google
Carrefour rue de Bavai Photo Google

Le magasin d’alimentation générale de Mme Carlier, l’auto école de M. Lacquement voisinaient aux n°128 et 128 bis, suivi par deux bistrots, de part et d’autre de la cour Saint Jules, le café Lafrad et celui de la Veuve Leclercq, aujourd’hui disparus, de même que la cour Bucson au n°136. Le bar de Mme Russo au n°142 et la société de taxis de Mme Marcelin au n°144 précédaient la cour Dhalluin. Viennent ensuite des petites maisons sans étage, au milieu desquelles se trouve la cité La Pérouse. La droguerie Dubrunfaut au n°158 et une nouvelle série de maisons basses nous amènent à la chapelle du Tilleul.

avant la rue de Lannoy Photo Google
avant la rue de Lannoy Photo Google

Au delà de la rue de Lannoy, le magasin d’alimentation générale de M. Matlinger au n°172 se situait avant la cour Lefebvre-Dhondt, et le salon de coiffure pour messieurs Michel au n°176bis. Le n°178 accueillait quelques sociétés parmi lesquelles, la section de Roubaix de la Fédération Nationale des Mutilés du Travail, le Foyer Municipal d’Éducation Ouvrière, la Coopérative des Aveugles travailleurs de Roubaix et du Nord. A cet endroit, jusqu’à la rue Nabuchodonosor, il n’y a plus désormais qu’un parking et l’accès au centre de petite enfance Louis Cassette. Au delà de la rue Nabuchodonosor, on retrouve une série de maisons d’habitations, avec des entrées de courées : la cour Calonne, la cour Petit, la cour Rousselle, et la cour Desmet, avant laquelle se plaçait la librairie de Melle Houtekier, au n°216. Un coiffeur pour dames, M. Richet au n°220, la société de vins et spiritueux l’Economie, et le magasin de cuirs et crépins de Mme Béranger terminaient notre cheminement jusqu’à la rue Pierre de Roubaix. Tout ceci a disparu pour laisser place à des constructions neuves.

La Fonderie du Tilleul

Roubaix, ville de fonderies ? On pourrait le croire, quand on compte le nombre de fonderies de toutes sortes, cuivre, fer, acier, bronze…existant sur Roubaix au début du vingtième siècle. Chaque quartier ou presque avait une fonderie : la fonderie de l’épeule, la fonderie de la fosse aux chênes, une rue des fondeurs existait même qui se trouvait à deux pas du débouché de la rue de l’Alma dans la rue de Tourcoing.

En tête de la fonderie du Tilleul Coll Particulière
En tête de la fonderie du Tilleul Coll Particulière

Le 22 mars 1921, MM Vandekerkove et Vanacker déposent une demande d’autorisation de bâtir une nouvelle fonderie, à l’angle des rues Lalande et Pierre de Roubaix. Ainsi est créée la fonderie du Tilleul, dans une partie de Roubaix déjà urbanisée, entre le Pile et le fort Despretz, à deux pas du square Destombes, et à quelques encâblures de l’hôpital de la Fraternité.

Plan de la fonderie du Tilleul AmRx
Plan de la fonderie du Tilleul AmRx

Le 7 avril 1926, cette société demande l’autorisation d’établir une salle d’ébarbage, de sableuse et garage. Bien qu’étant à proximité des usines textiles du boulevard de Mulhouse, les affaires de la fonderie du Tilleul ne vont pas bien.

La société Honoré Coll Particulière
La société Honoré Coll Particulière

En 1936, Désiré Honoré rachète la fonderie du Tilleul qui périclitait et était arrêtée. La société Honoré, c’est quatre générations investies dans la construction de métiers pour le textile. Directeur de tissage rue Nain, Désiré Honoré a créé sa propre société en 1878, dont le siège se trouve rue Bernard depuis le début. Son fils reprend une fonderie à Croix, puis la fonderie du Tilleul, son petit fils élargit la clientèle (pompes, agriculture) dans les années cinquante. L’arrière petit fils, Yves Honoré prend la direction de cette fonderie de fonte qui travaillait avec deux équipes, et qui comprenait dans sa clientèle le Peignage Amédée, et la Lainière de Roubaix, pour lesquels on produisait surtout des cardes. En 1999, la fonderie Honoré demande l’autorisation pour l’ouverture d’une grand porte donnant sur la rue Lalande, car le trafic de la rue Pierre de Roubaix est tel qu’il empêche toute manœuvre.

Vue de la fonderie Honoré Photo Google maps
Vue de la fonderie Honoré Photo Google maps

En 2009 le maire de Roubaix prend un arrêté de pollution. Certes, il peut y avoir une pollution olfactive, avec le vent d’ouest, et sans doute le bruit résultant des différentes opérations de fonderie. Après analyse, rien de probant n’est trouvé, il y avait bien du phénol, mais le sable était recyclé. Quant aux métaux lourds, la fonderie n’en générait pas plus que la circulation automobile, selon Yves Honoré. Des forages ont été effectués qui n’ont rien donné. Néanmoins, en 2009, c’est la fermeture, au grand désespoir de M. Honoré, malgré un carnet de commandes encore plein. Il est donc procédé au licenciement des quatorze personnes qui y travaillaient, ce qui est un signe de la viabilité de l’entreprise. Le site est vendu, la mairie achète pour bâtir. Le terrain de 4.000 m² de surface est nivelé et dit « friche industrielle », ce qui est inexact, au regard des analyses et de l’historique de la fermeture.

Projet immobilier sur le site
Projet immobilier sur le site Site ville de Roubaix

En 2011, le projet de lotissement au croisement des rues Lalande et Pierre-de-Roubaix, n’a pas avancé. Il faut attendre 2015 pour qu’il soit sur les rails, et présenté aux habitants lors d’une réunion publique. Si tout se passe bien, le chantier sera terminé mi-2018.

Remerciements à M. Yves Honoré pour son précieux témoignage

Les crémiers du Pile

La boulangerie coopérative du Tilleul CP Méd Rx
La boulangerie coopérative du Tilleul CP Méd Rx

César Jean Claebots avait fait partie des fondateurs de la boulangerie économique du Tilleul, boulangerie coopérative qui se trouvait au 242 rue Jules Guesde (qui s’appelait alors rue du Tilleul). Son fils Albert Claebots reprend les locaux vers 1920 et s’y installe comme marchand de beurre. Très dynamique, il deviendra président du Syndicat des Marchands de Beurre du Nord-Pas-de-Calais et vice-président national.

Le premier crémier Claebots Coll Particulière
Le premier crémier Claebots Coll Particulière

Roger Claebots le petit fils travaille avec son père dès l’âge de 15 ans. En 1953, armé d’un certificat d’études primaires et d’une grosse formation sur le tas, il reprend le magasin seul et le fait évoluer. Le commerce de beurre devient une crémerie avec des conserves et de l’épicerie. Sa femme Christiane vient travailler avec lui en gérance .Ils distribuent des prospectus au Pile et place de la Nation. Ils emploient jusqu’à cinq salariés, car ils font les marchés à Croix, au Nouveau Roubaix et Wattrelos. C’est le temps de la voiture fourgon réfrigérée qui durera jusqu’en 1980. A cette époque, ils vendent deux tonnes de beurre par semaine pour les particuliers.

Roger et Christiane Claebots et leur beau père Photo NE
Roger et Christiane Claebots et leur beau père Photo NE

Mr et Mme Roger Claebots ouvriront trois crémeries. Déjà propriétaires du commerce de la rue Jules Guesde, ils ouvrent un deuxième magasin 80 Grand rue à Roubaix en face de la rue du collège, où sera ensuite installée une marchande de volailles Madame Rotsaert. En 1968, un troisième commerce est bientôt ouvert rue de la Vigne à Roubaix. Roger et Christiane sont locataires de cette crémerie épicerie avec leur fils Eric. Albert, le frère de Roger, avait un magasin de beurre à l’angle de la rue Decrême au 142 de la rue de Lannoy et un autre magasin avenue Linné.

Le magasin Claebots de la rue de Lannoy Photo NE
Le magasin Claebots de la rue de Lannoy Photo NE

 

Le magasin Claebots de l'avenue Linné Photo NE
Le magasin Claebots de l’avenue Linné Photo NE

De 1980 à 1987, le chiffre d’affaires baisse pour le commerce du beurre. On ne vend plus que 150 kg par semaine à la place de deux tonnes à cause de l’abandon des marchés. C’est le petit commerce alimentaire qui subit de plein fouet l’arrivée des grandes surfaces. A la suite de quoi, le commerce de Roger et de son épouse devient l’indispensable magasin de dépannage en conserves et crémerie au Pile. En 1990, Roger est obligé à 58 ans, d’avoir d’autres activités professionnelles complémentaires .Il devient agent mandataire de l’UAP.

D’après l’interview réalisée par Jean Michel

 

La rue Bernard

L’abbé Leuridan nous renseigne sur l’origine du nom de la rue Bernard : elle s’appela d’abord rue du moulin Bernard du nom du propriétaire d’un moulin à broyer le bois de campêche. Après un incendie vers 1850, on l’appela un temps la rue du moulin brûlé, et finalement la rue Bernard.

Souvenirs de la rue Bernard...dans la rue de Lannoy Coll particulière
Souvenirs de la rue Bernard…dans la rue de Lannoy Coll particulière

Après la seconde guerre, longue de 365 mètres et large de 10 mètres, cette rue relie la rue de Lannoy et la rue Pierre de Roubaix, parallèlement au boulevard Gambetta. Cette situation lui vaut d’accueillir un certain nombre d’établissements industriels : aux n°15/17/19 le fabricant de machines textiles Honoré, et au n°37, la société Charles Huet et Cie, lainages et robes. Du côté pair, on trouve au n°2 l’atelier de fabrication du chapelier Jean Déarx, les ateliers Decanis, Literie et Matelasserie du Nord. Tout au bout de la rue, à proximité de la caserne des pompiers du boulevard Gambetta, se trouve encore l’usine à gaz au n°134, plus connue sous le nom de gazomètre, qui n’est plus qu’un dépôt.

Le chapelier Jean Déarx Coll Particulière
Le chapelier Jean Déarx Coll Particulière

Les commerçants y sont relativement nombreux : remarquons une oisellerie au n°1, un boucher M. Mathon au n°32, plusieurs épiciers, et une bonne dizaine de cafetiers. La rue Bernard a aussi son lot de courées : au n°11 la cour Vincent, au n°25 la cour Bernard, au n°22 la cour Florentin, au n°34 la cour Duthy, au n°40 la cour Castel, au n°46 la cour Vlieghe, au 72bis la cour Duquesnoy Crochon, au n°88 la cour Jean Ryckewaert, au n°98 la cour Veuve Raux, au n°110bis la cour Bernard-Spriet. Bien que dépendant de la paroisse Ste Elisabeth, la rue Bernard abrite un dispensaire, la Maison Saint Jean Bosco, des Petites Sœurs de l’ouvrier, qui à l’occasion baptise ou marie les habitants du quartier.

Le bâtiment des pompiers, rue Bernard Photo NE
Le bâtiment des pompiers, rue Bernard Photo NE

La rue Bernard connaîtra bientôt les affres de la démolition, dans le cadre de l’opération Edouard Anseele. Dans les derniers temps, en 1963, signe de l’avancement des travaux, il ne subsiste plus que les numéros impairs, et les huit premiers numéros pairs, les deux ateliers de chapellier et de matelasserie. Tout cela disparaît en 1964 avec le début de la rue de Lannoy. C’est dans la rue Bernard que sera réalisé le premier immeuble de l’opération Anseele, dénommé bâtiment des pompiers, car proche de la caserne des pompiers et fournissant le logement aux combattants du feu. La rue Bernard appartient désormais au passé, nous la connaissons aujourd’hui sous le nom de rue Jules Watteeuw, dit le broutteux, célèbre poète patoisant.

Quand le Pile rénovait son église

Autrefois, le Pile était rattaché à la paroisse Sainte Elisabeth après la construction de cette église en 1863. Cet état de fait dura plus de vingt ans, pendant lesquels la ville et le quartier virent leur population grandement augmenter. Mgr Berteaux, curé doyen de Saint Martin, décide de construire un lieu de culte au Pile et il n’hésite pas à financer le projet. L’architecte Paul Destombes est choisi pour la construction, et la bénédiction de l’église du Très Saint Rédempteur a lieu le 18 février 1884. Elle sera meublée grâce à la générosité des paroissiens. Avec l’installation des orgues en 1897 l’église est complètement achevée.

St Rédempteur ancien et contemporain CP & Photo Méd Rx
St Rédempteur ancien et contemporain CP & Photo Méd Rx

Pendant la seconde guerre mondiale, le 31 août 1941, le quartier est touché par un bombardement anglais et le clocher de l’église est atteint, le portail vole en éclat, les vitraux sont pulvérisés. Une quarantaine de bombes font 38 victimes et 56 blessés. Ce n’est qu’en 1947 que des réparations importantes sont réalisées sur le clocher et la toiture de l’église. Depuis l’origine, le Très Saint Rédempteur, n’a jamais fait le plein des fidèles du secteur, et la situation s’est dégradée peu à peu. De plus, des fissures sont apparues qui menacent l’équilibre de l’édifice. En 1988, l’évêché décide de se séparer de l’église du Pile, car elle est en mauvais état et inadaptée aux besoins du quartier dont la population a beaucoup changé. L’association diocésaine de Lille, propriétaire du bâtiment depuis 1926, la fait détruire en 1990.

Bombardement du Pile août 1941 Photo JdeRx
Bombardement du Pile août 1941 Photo JdeRx

Sur le terrain laissé vacant après la démolition, on décide de reconstruire un lieu de culte ainsi que neuf maisons avec jardin et garage. L’église réalisée en 1993-1994 est due à Philippe Escudié et Jean-François Fermaut. Sa construction est financée par la commune de Roubaix mais la maîtrise d’ouvrage est assurée par l’association diocésaine de Lille. C’est une église de forme circulaire à laquelle sont adjointes des salles de réunions. Un campanile porte la cloche de l’église et s’élève au dessus des bâtiments, et devant le lieu de culte s’étend un parvis. L’église en brique s’inscrit dans la continuité d’un ensemble immobilier d’appartements HLM. Un passage couvert permet d’assurer l’entrée côté immeuble et côté place. L’édifice comporte un lieu de culte d’une capacité d’accueil de 130 à 140 personnes, deux salles de réunion séparées par une cloison amovible et une salle d’activités.

Le nouveau St Rédempteur Photo Conseil Régional
Le nouveau St Rédempteur Photo Conseil Régional

Sources :

Histoire des rues de Roubaix par les flâneurs

Pile à Cœur, écrit par Serge Leroy et Raymond Platteau, avec la participation des bénévoles et des salariés du comité de quartier du Pile

Quand le basket occupait la place

Parmi les grandes figures du sport roubaisien évoquées lors des récentes journées du patrimoine, il y avait Jean Pierre Rousselle, qui nous a quittés en novembre 2015. Le basket, c’était sa vie. Il découvre le basket à l’école et il en fera son métier, en tant que joueur, moniteur et entraîneur. Il joue à l’AS Denain Voltaire, avec le célèbre Jean Degros. Ce club français de basket-ball fondé en 1947 va grimper dans la hiérarchie du basket français jusqu’à atteindre l’élite en 1960 et remporter la Coupe de France alors qu’il évolue en Excellence. Cinq ans plus tard, il réalise l’exploit de remporter le titre de champion de France avec plusieurs écoliers de Voltaire dans l’effectif. Puis Jean Pierre entraîne le Clermont Université Club, champion de France 1979 1980, qui fera un beau parcours en coupe d’Europe…

Jean Pierre Rousselle à l’AS Denain Voltaire Photo NE

Il arrête le basket de haut niveau en 1981, devient moniteur à Roubaix en 1984 et entraîneur au Stade Roubaisien. En Janvier 1992, Jean Pierre Rousselle devient le Monsieur Basket de Roubaix, avec une mission pour trois ans : en tant que moniteur municipal dans les écoles primaires. Il prend la direction de l’école municipale des sports de Roubaix, option basket, et il encadre les 7 à 14 ans, tous les mercredis matin dans la salle des sports de la rue du Pays. Enfin il est le responsable technique du stade roubaisien pour toutes les équipes du club, et entraîneur manager de l’équipe première féminine. Roubaix est une ville de basket : l’Évolution Roubaix basket est première de son championnat, de même que le Stade roubaisien. Il y a donc deux équipes de basket qui jouent au même niveau à Roubaix, et Jean Pierre milite pour un seul grand club.

Jean Pierre, coach du Stade Roubaisien Photo NE

En mars 1994, démarre l’opération Basket en liberté, dans un esprit d’animation des quartiers avec la dynamique suivante : former des animateurs basket, organiser des matchs, des tournois, créer des terrains en libre accès. Treize entreprises roubaisiennes sont impliquées parmi lesquelles Camaieu, Chaussport…En avril 1995, c’est l’organisation d’un tournoi inter quartiers, avec des matchs d’une demi heure, de 10 heures à 18 heures. Huit équipes sont engagées : celles des centres sociaux de l’ Hommelet, des 3 Ponts, de l’Alma et la Maison des 2 quartiers, l’ASCO, animation 92 et une équipe de la police qui en finale bat le CS Hommelet, la coupe du fair-play revenant à animation 92. Le calendrier de l’année est éloquent : 15, 16, 17 avril tournoi de street basket, 23 juillet tournoi logicil 3 Ponts, le 27 août tournoi Quick, le 4 septembre tournoi GTI Sodifac et chaussport. Le 23 et 24 septembre, l’opération nationale France basket tour passe par Roubaix, au parc des sports : 800 jeunes jouent ensemble, l’accueil du france basket tour est financé par les entreprises Flipo Manutention, Hutchinson, GTI Sodifac, Sodexo, Logicil, la SRIEM…L’année se termine avec le tournoi Westaflex qui a lieu le 22 octobre. En avril 1996, le France basket tour repart de Roubaix. On joue sur la grand place.

Le basket sur la Grand Place Photo NE

Puis en février 1997, treize jeunes s’étant distingués comme acteurs et pratiquant le basket dans leur quartier, sont sélectionnés par les centres sociaux et les comités de quartier pour aller à New York. Jean Pierre Rousselle a pu convaincre les entreprises déjà impliquées dans Basket en liberté et d’autres de financer ce voyage. Ambassadeurs et reporters, ces jeunes roubaisiens vont aussi jouer au basket en découvrant New York, l’espace d’une petite semaine. Ultime hommage, la salle de basket où joue le Stade roubaisien porte désormais le nom de Jean-Pierre Rousselle.

Jean Pierre Rousselle

La presse de l’époque parle de 28 terrains de basket fonctionnant pour l’opération basket en liberté à Roubaix. Saura-t-on encore les situer aujourd’hui ?

 

Brecht à la bourse du travail

Le titre de Nord Eclair en juin 1956
Le titre de Nord Éclair en juin 1956

Ce titre d’un article paru dans Nord Éclair en juin 1956 demande quelques explications. Bertolt Brecht (1898-1956) est le dramaturge autrichien, et metteur en scène bien connu. Monter une de ses œuvres en 1956 n’est pas anodin, car le théâtre de Brecht veut rompre avec la grande tradition dramatique et pousser le spectateur à la réflexion, alors qu’on est en pleine guerre froide. Deux pièces sont jouées à Roubaix : les fusils de la mère Carrar et des extraits de Grand peur et misère du IIIe Reich. La première a été écrite pour répondre à la politique de non-intervention défendue par les démocraties occidentales au moment de la guerre civile espagnole. La seconde dresse un portrait de la société allemande depuis l’avènement d’Hitler jusqu’aux prémices de la guerre, écrite à partir de récits de témoins oculaires et d’extraits de journaux qui montrent l’enracinement profond du régime nazi dans toutes les sphères du peuple allemand. Vingt quatre scènes évoquent tout à tour la bourgeoisie, le corps médical, la justice, les enfants, les prisonniers, et leur évolution face au régime.

La bourse de travail boulevard de Belfort CP Méd Rx
La bourse de travail boulevard de Belfort CP Méd Rx

Ces deux pièces sont jouées à Roubaix à la bourse du travail, qui est aussi le théâtre Pierre de Roubaix. Titrer « Brecht à la bourse du travail », c’est mettre en évidence l’aspect militant des œuvres d’un auteur anti-faciste, dans un lieu qui est aussi le siège des syndicats ouvriers depuis 1934.

Cyrille Robichez
Cyrille Robichez Photo Irhis

Il reste à évoquer la troupe qui vient jouer ces œuvres. Il s’agit du Théâtre Populaire des Flandres, créé trois ans plus tôt par Cyrille Robichez dans la ville d’Hénin Liétard. Cette troupe devient itinérante et passe donc par Roubaix en 1956. C’est le début de l’aventure du TPF, qui sera plus tard intégré au Centre dramatique national, avec lequel Cyril Robichez (1920-2001) mènera jusqu’en 1981 les expériences les plus diverses : le premier festival de Lille, les Nuits de Flandre, le Petit-Théâtre quotidien du Pont-Neuf et le Théâtre Roger-Salengro à Lille. Avant sa retraite, il a dirigé le département théâtre de la direction régionale des affaires culturelles du Nord-Pas-de-Calais. Cyrille Robichez avait fait appel à Parvine Tabaï, une comédienne parisienne, interprète d’autres œuvres brechtiennes (Mère Courage) également de pièces d’Eugène Ionesco. Il assura également la mise en scène de ces deux pièces.

Le théâtre Pierre de Roubaix avec son entrée d'autrefois Photo Méd Rx
Le théâtre Pierre de Roubaix avec son entrée d’autrefois Photo Méd Rx

Le centre social du Carihem

L’office municipal HLM a construit au Carihem un ensemble de 220 appartements qui ont été terminés en décembre 1964. Depuis, près de sept cents personnes habitent cette nouvelle partie du quartier, et la création d’un centre médico-social est apparue opportune, car la plus proche structure de ce type se situe rue Franklin. Le nouveau centre devient donc une annexe de celui de la rue Franklin, en attendant un ensemble social plus vaste, dans la ZUP des Trois Ponts, pour laquelle les travaux vont bientôt commencer, et on envisage qu’ils ne soient pas terminés avant 1970. Ce coin de Roubaix fait l’objet de multiples projets, comme le rappelle le maire Victor Provo, des écoles seront construites, les PTT vont y installer un nouveau centre de tri, on prévoit même une antenne d’autoroute vers Wattrelos et Dottignies !

Le lotissement du Carihem Photo NE
Le lotissement du Carihem Photo NE

Pour l’heure, les habitants du quartier du Carihem, de la rue de Leers, de la rue Boucicaut sont également concernés par ce service de proximité, qui doit ouvrir le 2 août 1966. Le centre médico-social du Carihem comprend une grande salle d’attente attenante à la salle de soins, où se tient le bureau de la directrice Mme Doutreluigne.

Vue extérieure du centre Photo NE
Vue extérieure du centre Photo NE

Quels soins y prodigue-t-on ? Pansements, piqûres, rayons ultra-violets et infra-rouges, délivrance de feuilles de soins pour l’aide médicale gratuite, protection maternelle et infantile, service de vaccinations. Le centre est ouvert tous les jours, sauf le dimanche, de 10 heures à 11 heures 30, mais la permanence sera progressivement allongée. Le second rôle du centre sera d’accueillir les anciens, qui deviendra un lieu de rencontre et de repas qui seront d’abord distribués, puis organisés sur place.

Cette création fait suite au souhait de l’administration municipale, que rappelle Victor Provo lors de son allocution : que chaque quartier soit doté d’un centre médico-social. L’inauguration de ce nouveau centre a lieu le jeudi 28 juillet 1966. Y assistent les maires de Roubaix et de Wattrelos, un certain nombre d’adjoints, le directeur de l’office municipal HLM, M. Ditte entre autres personnalités, et quelques habitants du Carihem. Ce centre médico-social était situé au n°11 rue du stand de tir.

Pendant l'inauguration Photo NE
Pendant l’inauguration Photo NE

La démolition des bains

Il y a cinquante ans, en avril 1966, on procédait à la démolition des bains roubaisiens, au 31 rue Pierre Motte. C’était une piscine couverte avec une façade et une coupole exotiques, œuvre de l’architecte Albert Bouvy.

Les bains roubaisiens CP Méd Rx
Les bains roubaisiens CP Méd Rx

Sa construction datait de 1894, et l’établissement était plus vaste que ne le laissait supposer son étroite entrée. C’était la première piscine couverte de Roubaix et comme pratiquement toutes les installations sportives de l’époque, elle était gérée par une société privée. Les bains roubaisiens connurent les premières compétitions de natation, et de water polo, notamment avec le Racing club de Roubaix au début du vingtième siècle.

L'intérieur des bains CP Méd Rx
L’intérieur des bains CP Méd Rx

Ces bains roubaisiens n’étaient pas les seuls, ni les premiers équipements de natation à Roubaix. Il existait en effet une école de natation au quai de Gand ouverte en juin 1880, qui accueillait en moyenne 16.000 personnes par an, dont les installations seront supprimées en 1936. Puis, on construisit une piscine plus grande en 1932, rue des champs, qui est aujourd’hui devenue un musée, et dans laquelle quelques générations de roubaisiens ont appris à nager.

Les deux plaques commémoratives, Photos Lucien Delvarre
Les deux plaques commémoratives, Photos Lucien Delvarre

De sinistre mémoire, les bains de la rue Pierre Motte furent utilisés à deux reprises par les allemands comme prison, lors de la première et de la deuxième guerre. Les locaux étaient occupés par un négociant en tissus quand la démolition intervient en 1966. L’établissement fit alors place aux agrandissements des magasins Monoprix.

Dernière image des bains Photo NE
Dernière image des bains Photo NE
Sources : Roubaix ville de Sports Philippe Waret et Jean Pierre Popelier Editions Sutton 2004