Le vélodrome roubaisien à Croix

Le vélodrome de Roubaix à Croix Photo Coll Particulière

Depuis déjà longtemps, un vélodrome s’imposait à Roubaix. C’est aujourd’hui chose faite. En descendant le Beau Jardin vers Croix, on trouve à l’angle de la verte rue, parallèle au Beau Jardin et de la route de l’Hempempont (route de Croix à Hem) un vaste terrain de 16.000 m² situé à la hauteur du club hippique et lui faisant pendant, de l’autre côté de la route du Bean Jardin, est fortement en pente, mais présente une profondeur de 160 m. La piste sera faite en ciment posé en partie sur la terre et dans la partie basse du terrain et sur des voûtes en maçonnerie de l’aspect le plus élégant. Ses dimensions principales sont de 333 m 33 de tour, soit 3 tours au km, et 6 m 35 de largeur. Les virages qui auront 21 m de rayon seront relevés de 37 centimètres par m et construits d’après ceux du vélodrome de l’est, le plus récent des vélodromes parisiens. Les lignes droites de la piste auront 100 m 80. Les créateurs se sont attchés à en faire une piste de vitesse en même temps que parfaitement propices à des courses en ligne dont nos concitoyens sont si friands.

Les travaux de terrassement viennent de commencer et l’entrepreneur espère tout terminer pour la fin du mois de mai.

Extrait du Journal de Roubaix

Vingt ans de Bol d’air

Les équipements du Bol d’air vont bientôt se compléter. Le vase de Sèvres en grès disparaîtra en 1962, à cause de son mauvais état. Nous avons déjà raconté son histoire dans un article antérieur. Les concessionnaires du Bol d’Air utilisèrent son emplacement pour établir des pistes de pétanque, et l’espace compris entre le Bol d’Air et le vase est reconverti en golf miniature. Victor Provo, maire de Roubaix, viendra inaugurer début juillet 1962 le golf miniature et les cinq pistes de pétanque qui faisaient partie d’un ensemble de travaux comprenant également de nouvelles terrasses.

Vues aériennes de 1962 et 1971. ext IGN

L’activité du Bol d’Air est également commerciale. En octobre 1962, sept commerçants roubaisiens viennent présenter la mode automne hiver 62/63, parmi lesquels Dany Laure prêt à porter 39 grand rue, Vick grand prix national de coiffures dames 163 rue de lannoy, Elle et lui parfumeur 36 rue de lannoy, Véronique modiste rue Pauvrée, Lucien maroquinier 56 rue de lannoy, la ganterie Ganord et le chausseur Termeulen 138 rue de l’alma. La Régie Renault s’associe et présente entre autres véhicules la Floride dont Brigitte Bardot fit la promotion. A Lobry et son quartette pour l’ambiance musicale et christiane Rabiega speakrine de la radio télévision lilloise depuis 1957 au commentaire. Quatre mannequins Brigitte, Corinne, Rosine et Virginie présentent les modèles avec le sourire, malgré la chaleur. Robes de flanelle, robes du soir en mousseline, mais aussi coiffures agrémentées de paillettes, de plumes ou d’un nœud de velours de maître Vick. Sans oublier les chapeaux qui accompagnent les robes, manteaux, redingotes et tailleurs de Dany Laure. Melons, toques, bonnets et casquettes, et même un ravissant chapeau de plumes de faisan. Lucien le maroquinier intervient pour l’indispensable accessoire de la femme moderne, le sac, dont il propose d’innombrables versions, en daim, en vachette, en lézard ou en agneau. Les mannequins étaient gantés par Ganord, et chaussés avec les escarpins de la maison Termeulen. Une tombola dotée de parfums par le parfumeur « Elle et lui » clotûre l’événement. Roubaix a le goût de ce genre de défilés, qu’on retrouve dans des endroits aussi divers que la salle Watremez ou la Grand Place de Roubaix.

Grande salle en construction photo NE

Mais la question du restaurant n’est pas résolue, comme le souligne un article de novembre 1962. Signes positifs, on pense déjà fléchage spécial en ville et éclairage décoratif pour indiquer et mettre en valeur le futur restaurant. Mais il faudra attendre quelques années encore avant que Victor Provo inaugure le dimanche 29 juin 1969, une nouvelle et immense salle de restaurant de 400 places, sans doute à l’occasion des fêtes célébrant les cinq cents ans de la Charte (ou de la promesse de Charte) accordée par Charles Quint aux roubaisiens. En cette année 1969, la convention du Bol d’air est renouvelée à Loisirs et Sports. C’est également en 1969, au mois de juillet que le 24° Championnat de France de pétanque est organisé à Roubaix1.

Les lieux en 1969 CP Méd Rx

Mais les choses changent en 1981. La société « Loisirs et Sports » se retrouve en règlement judiciaire et sa gestion est assurée par un syndic. Résultat, les jeux ne sont plus réparés ni entretenus et le golf n’a pas réouvert en 1980, les barques et pédalos n’ont pas été remis à l’eau à Pâques. Le lieu est mal protégé, et il y a des risques d’accident. Ainsi un enfant s’est-il déchiré la jambe en jouant sur un toboggan dont une tôle dépassait. Le restaurant et la brasserie sont restés ouverts, et M Colin en a la gérance depuis 1976. Il y a 800.000 francs de travaux pour remettre en état la partie jeux, mais M . Colin ne veut pas prendre en charge. Il fermera le restaurant le 30 septembre 1981. On pense tout raser pour mettre fin au vandalisme, et en mairie, on émet le projet d’un hôtel Sofitel.

Incendie de janvier 1982 Photo NE

Le 15 janvier 1982, un incendie se déclare dans le restaurant qui n’offre plus les garanties de sécurité nécessaires. Le bâtiment se fissure et la société sports et loisirs déclarée en faillite ne peut procéder aux réparations. L’incendie se déclare vers 19 heures dans le restaurant. Il y a deux foyers : l’un au centre du restaurant, près de la cheminée, et l’autre dans la rotonde où se trouvaient les archives de la société sports et loisirs. L’éventualité d’un acte criminel n’est pas exclue.

En juillet 1982, la mairie fait débarrasser les décombres et envisage de remettre en service une buvette et l’aire de jeux, avant un programme plus important comprenant un café, un restaurant et peut-être même un hôtel, à condition de trouver les exploitants pour tous ces services. Comme le dit ironiquement la presse, c’est reparti comme en 1960 !

à suivre

Remerciements à Jean Pierre pour les éléments et l’iconographie

1Voir l’article de Bernard Termeulen dans le site http://roubaix-sports.com

La pâtisserie du 147 rue de l’épeule

Arrivé de son Pas de Calais natal, Daniel Lamarche vient apprendre la pâtisserie au lycée Colbert de Tourcoing. Il entre au service de M. Vandenhauten comme apprenti et obtient son CAP et à l’âge de 14 ans. La pâtisserie est située de longue date à l’angle de la rue de l’épeule et de la rue Brézin. Le plafond du magasin était orné de toiles peintes à l’huile, représentant des bouquets de fleurs et des anges, et sur l’un des paquets portés par un ange, on pouvait lire le nom du premier propriétaire Hoorman déjà présent en 1898, selon le Ravet-Anceau. En 1929 c’est un pâtissier nommé De Lylle qui tient le commerce.

Le plafond de la pâtisserie de M. Adolphe Desobry, peintre décorateur. Photo Lamarche

Daniel Lamarche rencontre sa femme Madeleine au Colisée dans le quartier de l’épeule, tous les deux sont originaires du Pas de Calais, lui de Dannes, non loin du Touquet, elle d’Arras. Ils décident de se marier, puis ils reprennent la pâtisserie de M. Vandenhauten en janvier 1967. Ce n’était pas sans risques, de lourdes dettes au début et surtout l’abandon par Madeleine de son emploi de bureau. Quand ils reprennent la pâtisserie, l’épeule est encore un gros village vivant de 130 commerces de toutes sortes, et la clientèle est fidèle. Gaufres, coquilles, tartes paysannes et cramiques sont leurs spécialités. Mais ils proposent aussi petits fours et mignardises à la commande.

Le couple Lamarche dans son magasin Photo La Croix

La journée du pâtissier commence selon les jours, à 2 ou 4 heures du matin jusque 19 ou 20 heures le soir. En période de Noël et de Nouvel An, Daniel était dans l’atelier 48 heures sans dormir dans son lit ! Le samedi, en particulier, lever à 3 h. Les classiques de la production pâtissière : 25 éclairs, 25 religieuses, 30 Tom pouce, 25 pont neuf, 25 baba, 30 moka, 30 merveilleux, des tartelettes, frangipanes, et autres viennoiseries,  600 à 800 mignardises selon les commandes, puis les gâteaux anniversaires, baptême, mariages pour finir souvent à 20 heures !

Devant le 147 Photo NE

Les Lamarche se souviennent d’avoir proposé une carte de fidélité avec en gain, des spectacles de ballet du Nord. Dans un coin du magasin il y a une coupe datée de 1988 sur laquelle on peut lire : premier prix pour l’accueil et le service. L’installation du supermarché Match, et sur son parking, le marché de l’épeule du dimanche matin, ont amené du changement, mais le pâtissier s’est adapté.

Daniel Lamarche est élu en octobre 1989, président de l’union des commerçants. Il succède au président Hauguet, une soixantaine sur cent des commerçants y ont adhéré, qui réclament un meilleur éclairage pour la rue, la réactivation de la rue de l’alouette, la réinstallation de la petite chapelle dans le cadre du réaménagement de la place de l’abreuvoir.

L’équipe de l’union des commerçants de l’épeule en 1995 Photo NE

Puis on fait le constat du départ des entreprises du quartier : Herbaut Denneulin, Selliez, Roussel, Libbrecht, et autres encore, entre 800 et 1000 emplois disparus. Puis ce sera le temps des projets urbains : réalisation d’une salle des sports, de la piscine, transformation du Colisée, installation du marché, reconstruction de l’église St Sépulcre, création du parc Brondeloire. Le 30 juin 2001, les Lamarche vont cesser leur commerce. Avec les dix ans d’apprentissage, cela fera 45 ans de présence dans le quartier. Daniel et Madeleine vont prendre une retraite bien méritée, mais active : s’occuper de leurs petits enfants, donner des cours de pâtisserie dans les écoles, et participer au projet art de la tarte avec l’association Amitié Partage. Quant au magasin, il existe toujours, c’est aujourd’hui une boucherie rôtisserie.

Source

remerciements à M. et Mme Lamarche pour les témoignages et documents

ravet anceau 1898, 1929

article de l’événement du jeudi voir édition du 3 aout NE

article octobre 1989 du 9 aout 1990 et de mai 1995 et de juin 2001

Un vélodrome au Laboureur

Le vélodrome des quatre villes est inauguré dans le quartier du laboureur à Wattrelos, le 25 juillet 1909. On y retrouve les éléments qui font un vélodrome à cette époque : la piste en bois, des tribunes, des virages, des gradins, et l’inévitable souterrain qui relie l’extérieur de la piste à la pelouse intérieure. La piste wattrelosienne est plus grande que celle du vélodrome de Barbieux, 400 mètres contre 333 mètres. Elle est donc entièrement en bois, et ses dimensions sont les suivantes : 8,30 m de largeur, avec des lignes droites de 9 mètres. Le long d’une de ces lignes droites, on trouve les loges, les tribunes et le pesage. En face, une immense tribune de 7000 places. En tout le vélodrome des quatre villes peut accueillir 20.000 places.

Le vélodrome du Laboureur en construction Photo Journal de Roubaix

Dès le 14 juillet, des essais ont été effectués et quelques pistards viennent faire des tours de piste. Enfin, après six semaines de travaux, le vélodrome quasi terminé reçoit la visite d’Henri Desgrange, directeur du journal l’auto, qui la déclare incomparable ! Les motocyclistes peuvent y atteindre 120 km/h. Ses administrateurs Adolphe et Henri Briet, Gustave Dhalluin, et son directeur sportif César Garin, le frère cadet de Maurice, peuvent en être fiers. On s’est également organisé à l’extérieur, il y a déjà des estaminets « à l’arrivée du vélodrome », « au vélodrome des quatre villes », et ce quartier du Laboureur autrefois un peu désert va revivre et se développer.

Les gradins du vélodrome Photo Journal de Roubaix

Le 25 juillet, c’est donc l’inauguration et une réunion de gala est organisée pour l’occasion. À 15 heures, les coureurs Darragon, champion du monde, Parent champion de france, et Serrès s’affrontent dans un match de demi-fond en trois manches. Ils tournent à plus de 80 km/h. Puis un match poursuite oppose les pistards Deruytter de Tourcoing, Tiberghien de Wattrelos, Deman de Reckhem, et Behague d’Herseaux. Le prix des places est le suivant : loges 5 francs, pesages 4 francs, tribunes 2,50, gradins et virages 1,50, populaires 1 franc. Il a été décidé que s’il pleuvait, on remettrait, mais ce ne fut pas le cas. Les portes sont ouvertes dès 13 h 30, et la société musicale des Enfants de la Lyre vont animer la réunion. Un garage de 500 vélos est prévu pour les spectateurs venus à bicyclette, et un service spécial de tramways amène les voyageurs jusqu’à un arrêt juste en face du vélodrome.

Le vélodrome en service CP Coll Part

Le vélodrome des quatre villes disparaîtra avec la première guerre, mais il aura accueilli les plus grandes réunions de pistards et même un temps les matchs de football du Racing Club de Roubaix, alors à la recherche d’une grande enceinte sportive.

À suivre

La naissance du Bol d’air

Depuis la disparition du café de la Laiterie pour cause de gène de circulation ferroviaire en 1951, il n’y a plus de café digne de ce nom dans le Parc de Barbieux. Souvent réclamé notamment de 1957 à 1960 par M. Marcel Horent, membre du conseil municipal, le projet d’un centre de délassement est finalement retenu.

Vase et transvasements Photos NE & NM

Il fallait en définir l’emplacement. Un article de presse de février 1961 indique qu’on est en train de préparer un espace le long de l’étang qui se situe au-delà de l’avenue du peuple belge et qui s’étend vers le fer à cheval. Un port fera partie de ce centre de délassement, où pourront s’amarrer barquettes et pédalos. En attendant, on débarrasse la grande pièce d’eau de la vase et le syndicat des pécheurs transfère à grand peine les poissons qui s’y trouvent, carpes, gardons, cyprins… vers l’autre pièce d’eau du parc, avant d’être dirigés vers le canal.

Le bâtiment en cours de construction Photo NE

Des palplanches sont plantées le long des rives et le fond est vite atteint, se trouvant au maximum à un mètre de profondeur. Quand la pièce d’eau fut partiellement curée, la pelouse fut éventrée pour les charpentiers et les maçons. Un gracieux bâtiment fait de moellons et de briques s’est progressivement élevé. Léger et élégant, ce premier bâtiment abrite un bar et une buvette où l’on servira des repas froids, des pâtisseries.

Un deuxième bâtiment est en construction, qui tourne le dos aux rails du Mongy destinés aux bureaux de l’entreprise, avec un vaste préau sous lequel le promeneur pourra s’abriter en cas de pluie. Devant ce bâtiment on prévoit une plaine de jeux avec manèges et pistes de patinage pour l’amusement des enfants. L’embarcadère est encore à faire en cette fin avril, qui terminera la première tranche de travaux. Si l’affaire s’avère rentable, il est question d’un restaurant, de salles de réunion et de banquet, à partir de l’année prochaine. En attendant les travaux ont pris un peu de retard, et ne seront terminés que fin juin.

Inauguration Photo NE

Le vendredi 30 juin, c’est l’inauguration du centre de délassement du Parc Barbieux. En présence des réalisateurs de la société Loisirs et Sports Rodolphe de Croy-Roeulx et Richard Duflot, M. Kléber Sory adjoint au maire coupe le ruban tricolore pour accéder à la future salle de restaurant, antichambre de la terrasse bien fraîche et du petit port où attendent barques et pédalos.

Le promoteur belge Rodolphe de Croy-Roeulx, barbieusard de fraîche date selon son expression, annonce déjà la suite du programme, avec l’implantation d’une rôtisserie, de bowlings, et pourquoi pas du futur musée du vieux Roubaix qui cherche en vain un lieu. Kléber Sory évoque quelques souvenirs de l’exposition du Progrès Social de 1939. Il eût été déplacé sans doute de citer la Laiterie qui survécut aux deux guerres et même aux deux expositions s’étant déroulées dans le cadre du parc.

Officiels en bateau Photo VDN

Quelques personnalités s’en vont canoter au gré de l’eau. Ainsi MM. Texier, directeur de l’Ensait, Catrice et Jullien, adjoint et conseiller municipal. La plupart des entrepreneurs ayant participé au chantier sont roubaisiens : la société Jules Plankaert s’est chargé de la charpente, la SARL Buisine et Sagard des peintures, la miroiterie Tousson, le béton armé Delfosse Guiot. Jusqu’aux parasols qui ont été forunis par la maison Mac Mahon du boulevard de Paris ! Pour l’éclairage du Parc, la municipalité a fait appel aux établissements Vernier et Cie installé boulevard Gambetta à Roubaix.

Annonce de l’ouverture au public

Il a fait beau, très beau cet été là et les roubaisiens se sont rendu en foule dans ce nouvel équipement qui s’est déjà avéré trop petit ! La presse locale titre : Rush sans précédent au Parc Barbieux ! On a fait la queue pour les barques, et les promeneurs s’ils ont pu goûter à l’ombre des frondaisons, n’ont pas tous profité d’une boisson fraîche tant il y avait de monde.

Terrasse et embarcadère CP Méd Rx

Seul bémol peut-être pour les riverains de l’avenue Le Nôtre, le stationnement bilatéral et longitudinal des voitures est autorisé de l’avenue du peuple belge jusqu’au débouché de la rue Verte. Des panneaux sont également posés : interdiction de doubler, vitesse limitée à 30 km/h, et quelques stops pour garantir la sécurité des carrefours.

à suivre

Sources

Presse NM, NE, VDN

Le trou de la rue de l’épeule

Dans l’immédiat après seconde guerre mondiale, la rue de l’épeule présente encore un bel alignement de façades à partir du carrefour avec la rue du grand chemin. Un demi-siècle plus tard, une brèche s’est ouverte dans l’alignement exact de la place de l’abreuvoir, dans laquelle s’est installée une piscine et la nouvelle entrée du Colisée devenu dans l’intervalle le Colisée théâtre, salle de spectacle des Ballets du Nord. Comment en est-on arrivé là ?

La rue de l’épeule des années cinquante soixante CP Méd Rx

Le « trou » correspond à l’emplacement des n°21 à 41. En 1953, le Ravet Anceau annonce pour la rue de l’épeule à cet endroit : un n°21 inoccupé, aux n°23-25 avec l’enseigne, à l’abreuvoir, les confections Vandenberghe, aux n°27-29 le centre professionnel d’apprentissage du syndicat patronal du textile, au n°31 le magasin d’électricité Liévens, au n°33 le magasin de modes de Mme Biancatto, au n°35 la chapelle Notre Dame de Bon Secours et la librairie Baudet, au n°35bis un fabricant de résine synthétique, au n°37 la confiserie de Mme veuve Blain, au n°37bis la société Clermont Libbrecht, fabricants de machines à teindre, au n°39 les établissements Libbrecht et fils fabricants de machines textiles. Et au n°41, ne l’oublions pas, le Colisée, dont l’entrée et la façade sont encore dans l’alignement de la rue de l’épeule, et dont la modernisation a été effectuée en 1951. Avant de disparaître, ce bout de rue va vivre son propre développement. Au début des années soixante, le changement est enclenché. De nouvelles enseignes sont apparues, ainsi au n°25 Mme Eloy et son magasin de jouets « Au bonheur de l’enfance », au n°33 la maison Saelens et cie, beurre et œufs, et au 35bis Francybas bonneterie.

Le garage du Colisée, concessionnaire Opel et station service Antar Pub NE

Mais les principaux changements concernent au n°27-29 la création du garage de Pierre Demulier bientôt dit Garage automobile du Colisée, et le regroupement de la maison Libbrecht aux n°37-39. Le centre d’apprentissage textile part s’installer boulevard de Metz et revend ses locaux à M. Demulier, alors garagiste rue de Denain. La vente est liée à l’autorisation de l’installation des pompes à essence pour la station service. Le projet est en route depuis 1957. Moyennant une une mise en retrait des pompes par rapport à l’alignement de la rue, le Garage du Colisée peut démarrer ses activités. Il devient concessionnaire Opel en 1963. Le 29 août 1966 le garage s’étend, Pierre Demulier obtient les occupations des arrières des n°21, 27, 29 et 31. La station service Antar a obtenu l’avis favorable en juin 1966. Le 17 septembre 1969, un hall d’exposition est construit pour le garage du Colisée.

Une livraison de machine pour les Ets Libbrecht en 1954 Photo NE

De leur côté, dès 1953 Les Ets Libbrecht procèdent à des aménagements, murs intérieurs à construire, murs extérieurs à supprimer. Ils sont en plein développement, ils achètent de nouvelles machines, et demande une autorisation pour l’agrandissement d’une porte cochère au n°39. Les années soixante voient donc ce petit morceau de rue poursuivre ses activités. Le salon de coiffure pour dames Nadège est installé au n°21, la maison Saelens déjà reconnue pour ses produits de volailles se lance dans la poissonnerie.

La poissonnerie du Colisée du marchand de volailles Saelens en 1963 Photo NE

Le Garage du Colisée occupe désormais l’arrière des N°27, 29, 31. Une supérette est présente au n°33 depuis peu : le 2 octobre 1972, la SA Roussel souhaite transformer le local du n°33, en supérette alimentaire. Signe tangible de la prospérité, les poses de nouvelles enseignes pendant les années soixante dix. En octobre 1977, les Ets Lemaire en demandent une pour les n°27-29. Ces poses d’enseigne se poursuivront jusque dans les années quatre-vingt avec une enseigne Motul électrique en avril 1980, demandée par la société DG Moto, ou en novembre 1987, avec deux enseignes pour Christian Descamps (salon Christian).

Puis viendront les années de démolition et de reconstruction. On démolit de fin décembre 1982 à janvier 1983. Dès avril 1983, s’ouvre un chantier sur le terrain sis à Rx du n°33, 35, 35bis, 37, 37bis pour faire le parvis du centre chorégraphique national de Roubaix. C’est la ville qui agit. Puis en janvier 1989, il est procédé à la démolition des locaux commerciaux du n°27 au 31. Mais le trou n’est pas totalement achevé, il faudra attendre dix ans pour qu’il soit décidé de le démolition d’un immeuble dangereux récemment incendié au n°21 en décembre 2007. Sur les photos du chantier on peut encore apercevoir le n°25, qui disparaîtra le 31 juillet 2008.

Le « trou » aligné avec la place de l’abreuvoir Photo Google maps

Aujourd’hui, le « trou » de l’épeule s’est aligné avec la place de l’abreuvoir. Un parking automobile sépare les accès à la piscine inaugurée en novembre 1990, de l’entrée de la salle de spectacle du Colisée, qui a donc fait un quart de tour sur sa droite, depuis les années 1998 à 2000.

Roubaix ville de sports

Réputée pour sa fameuse course cycliste, la cité du textile s’affirme comme une véritable ville de sport au cours du XIXe siècle. Philippe Waret et Jean-Pierre Popelier, deux passionnés de l’histoire roubaisienne, retracent le passé sportif de la ville jusqu’au lendemain de la seconde guerre mondiale. Ils décrivent une épopée intimement liée aux évolutions économiques, sociales et culturelles. Des bourles à la gymnastique en passant par la lutte, sans oublier les deux incontournables, cyclisme et football, ils évoquent de nombreuses activités sportives. Exploits, champions, victoires, défaites, grande et petite histoire prennent vie à travers un texte passionnant et une sélection iconographique variée. Aux Editions Sutton,  juillet 2005

Église Saint Sépulcre, église de l’Épeule

C’est en 1869 que des propriétaires du quartier de l’Epeule offrent à la Ville un terrain pour y faire bâtir une nouvelle église. Monseigneur Berteaux, Doyen de Saint Martin, qui était l’instigateur du projet, choisit pour ce nouvel édifice le vocable de Saint Sépulcre, pour perpétuer la mémoire de la Chapelle qui fut construite en 1463 par Pierre de Roubaix à son retour de Terre Sainte, et qui se trouvait Place de la Liberté jusqu’à sa démolition en 1844.

L’église St Sépulcre d’autrefois Coll Méd Rx

Le 4 mars 1870, le Conseil Municipal accepte l’offre du terrain et le principe de la construction de l’église. La guerre va différer l’exécution du projet. Puis en 1871, l’architecte roubaisien Fernand Deregnaucourt présente les plans du futur édifice. La première pierre sera posée le 30 mars 1873. Après s’être assemblés en l’église Saint Martin, les adjoints et membres du Conseil Municipal et la foule des fidèles se rendent en cortège sous la conduite de Monseigneur Monnier évêque de Lydda, revêtu de ses ornements pontificaux, jusqu’au site de la nouvelle église. Il bénira la première pierre et les fondations avant de prononcer un discours. L’ouverture au culte se déroulera le 5 avril 1875, et la première messe est célébrée par l’abbé Plancke, dans une église où tout reste à faire, excepté les murs et le maître autel. Son successeur, l’abbé Debacker exprime des craintes quant à la solidité de la voûte. C’est ainsi qu’en 1888 et 1889, l’architecte Dupire Rozan fera consolider les colonnes et doubler les arcades de voûtes en les appuyant sur des colonnes carrées en pierre de Boulogne. Une tour est construite jusqu’à la hauteur de la nef, mais on abandonne le projet d’y élever un clocher. Un incendie se déclare dans la sacristie le 22 août 1893. Les dégâts sont importants : toutes les armoires ont été la proie des flammes, les ornements et les registres paroissiaux ont été détériorés par la fumée, les flammes et l’eau. En 1896, M. Henri Bossut Pollet fait don à l’église d’une très belle chaire de vérité. Mais l’humidité, le mérule et sa faiblesse de construction fondamentale auront finalement raison d’elle.

L’église au moment de sa fermeture Photo NE

Le 17 janvier 1960, on y célèbre la dernière messe, et le conseil municipal décide le 25 janvier 1960 de sa démolition et de sa reconstruction au même emplacement. Le 1er mars 1961 commencent les travaux de démolition. Le chantier a démarré le 25 octobre 1961, bientôt freiné par la pluie, le gel et la neige. Pendant les travaux, les lieux d’offices de secours suivants sont utilisés : la chapelle du couvent des Clarisses, la chapelle de l’institution de sainte Marie rue d’Inkermann et la chapelle de l’institution Ségur rue Colbert.

L’intérieur de l’église avant la démolition Photo NE

Les architectes roubaisiens Marcel Spender et Luc Dupire sont les auteurs des plans du nouvel édifice qui sera plus modeste dans ses proportions et pourra contenir 800 fidèles. Diverses procédures administratives mais surtout le temps rigoureux de l’hiver 61-62 feront prendre du retard à la construction. En mars 1962, compte tenu de l’avancement des travaux on estime sa mise en service pour la fin de l’année.

L’avancement du chantier en mars 1962 Photo NE

La nouvelle église du Saint Sépulcre sera consacrée le 23 décembre 1962 par Mgr Prévost, Mgr Fabre et le chanoine Callens. Le Cardinal Liénart viendra bénir le maître autel deux jours plus tard.

La bénédiction de la nouvelle église 23 décembre 1962 Photo NE
La bénédiction du maître autel par le Cardinal Liénart Photo NE

Voici comment la nouvelle église est décrite dans le site du patrimoine des Hauts de France :

L’église du Saint-Sépulcre présente une structure rectangulaire en briques, de plan allongé comme une grande halle. Son toit à longs pans est revêtu d’ardoises. Avant d’entrer dans cette halle, il faut passer par un narthex rectangulaire flanqué d’une chapelle des Morts et d’une chapelle des fonts baptismaux, toutes les deux de plan hexagonal. Cette halle qui sert de nef a une capacité de huit cents places. Derrière l’espace légèrement surélevé qui sert de chœur se trouve une chapelle secondaire pour les offices de semaine qui ouvre légèrement à droite de l’autel. L’édifice est surmonté d’un petit campanile translucide éclairant l’autel. Les murs de côté sont recouverts d’étroits vitraux monochromes (bleus, rouges, jaunes ou transparents) en forme de meurtrières, réalisés par la société Six-Sicot. Un grand vitrail abstrait couvre le milieu de la contre-façade en haut de la tribune, tandis que l’orgue se trouve du côté droit de la tribune.

La nouvelle église de l’Épeule Photo NE

 Sources Bulletin de la SER, article Jacques Prouvost dans Quartier Libre, presse locale

 

La société Vroman Sports, une institution roubaisienne

Jules Vroman est né le 3 juin 1864 à Roubaix, rue du Calvaire (nom de la Grand–rue à l’époque). Ses parents étaient commerçants : le père Alexandre était boulanger et quand il décède,  Jules n’est âgé que de 13 ans. Sa mère reprend le commerce situé au 225 Grand Rue, elle apparaît au Ravet Anceau de 1883 comme épicière. Un article de journal retraçant sa carrière nous apprend qu’il est un élève d’une intelligence précoce et d’un amour ardent de l’étude. Il quitte l’école à l’âge de quinze ans, avec des connaissances dans des matières aussi diverses que le solfège, le dessin de menuiserie.

Jules Vroman & La Roubaisienne Photo Coll Privée et En tête AmRx
Jules Vroman La Roubaisienne Photo Coll Privée et En tête AmRx

A 20 ans, il est gymnaste à la Roubaisienne. Jules Vroman est un jeune homme sportif parmi les sportsmen de l’époque qui fréquentent cette  importante société de gymnastique. Cette pratique sportive l’amène à s’orienter vers la fabrication d’appareils de gymnastique. Habile menuisier, il crée ainsi dès 1884 sa société, dont les locaux se trouvent dans la maison maternelle, au 225 de la grand-rue. Le réseau grandissant des sportifs va constituer sa clientèle. Il fait preuve d’innovation, et d’un vrai sens commercial : son matériel est aisément démontable, avec des tarifs adaptés et il est testé par la Roubaisienne. A 29 ans, il devient aussi professeur de danse et de gymnastique.

La première société Vroman Coll Privée
La première société Vroman Coll Privée

Jules Vroman épouse Zoé Marie Millescamps le 31 mars 1894. Le commerce se développe et les locaux de la Grand Rue deviennent trop petits, Jules Vroman va s’installer rue des Fabricants au n°28 et il participe à la fondation de l’Ancienne le 14 juillet 1895. C’est une société de gymnastique et de jeux athlétiques et d’instruction militaire, dont il sera le directeur technique, puis le président. Les sociétés de gymnastique sont nombreuses et florissantes à cette époque. Comme elles voyagent et remportent de nombreux concours. Jules Vroman voit ses affaires prospérer avec le développement de son réseau sportif. Dans un premier temps, le siège de l’Ancienne est situé 28 rue des Fabricants, et Jules Vroman voit ainsi se développer la société sportive et sa société de fabrication.

En tête de l'Ancienne et catalogue Vroman En tête AmRx Catalogue Coll Privée
En tête de l’Ancienne et catalogue Vroman En tête AmRx Catalogue Coll Privée

Le 30 juillet 1898 naît Jules Vroman, deuxième du nom, qui prendra la succession de son père en 1928. Entre-temps, le succès de la société Vroman nécessite de nouveaux locaux et la maison se retrouve au n°30 de la rue du Grand Chemin.

La société Vroman au 30 rue du Grand Chemin En tête Méd Rx
La société Vroman au 30 rue du Grand Chemin En tête Méd Rx

En 1900, Jules Vroman loue l’établissement sis Grand-rue n°50, jusque là occupé par un fabricant de cardes, M. Beaumont. Il y crée le franco-américain skating rink, lieu de loisirs inspiré des patinoires américaines, bientôt consacré aux patins à roulettes sur plancher de bois. Cette reconversion d’un vaste hangar rencontrera un grand succès. Le même type d’établissement existera au Fresnoy un peu plus tard. C’est sur cet emplacement du n°50 de la Grand-rue que sera créé le Casino Théâtre de Roubaix, grande salle de spectacles de music hall, qui deviendra un des grands cinémas de la ville.

Le skating rink de la Grand Rue CP Méd Rx
Le skating rink de la Grand Rue CP Méd Rx

Après la première guerre, la société Vroman a développé ses fabrications : la gymnastique les sports collectifs, la natation, pour lesquels sont fabriqués les installations et équipements appropriés.

à suivre

Merci à Mme Vroman pour les témoignages et les illustrations

 

Salle des sports boulevard de Mulhouse

 

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Cérémonie d’inauguration de la Salle des Sports du boulevard de Mulhouse Photo Nord Éclair

C’est au mois d’août 1969 que Victor Provo, maire de Roubaix inaugure la nouvelle salle des sports située 248 boulevard de Mulhouse, déjà prévue dans les projets de 1966. Cette salle omnisports est présentée comme un modèle du genre. Elle mesure 40 mètres de longueur sur 20 de large, pour une hauteur de 7 mètres. Elle comprend des vestiaires et des douches hommes et femmes, le chauffage est assuré par la chaufferie du groupe scolaire.

Dans son discours, le maire évoque l’inauguration récente de la salle Buffon, et les projets dans les quartiers Edouard Anseele et Potennerie, comme autant de signes de la volonté de développer le sport de masse à Roubaix.

Puis vient le moment de la remise des palmes académiques à Robert Hétuin, en reconnaissance des services rendus à la cause du sport postscolaire. Le récipiendaire est en effet l’un des fondateurs du basket féminin UFOLEP, et plus particulièrement celui du Club Sportif Féminin Pasteur en 1947, devenu depuis le Cercle Sportif Jean Macé Pasteur.

Ensuite les jeunes filles de l’Ancienne enchaînent avec des évolutions gymniques fort appréciées par l’assistance, avant que l’Évolution Sportive et le Club Sportif Jean Macé Pasteur ne donnent une démonstration de basket-ball féminin.