Église Saint Sépulcre, église de l’Épeule

C’est en 1869 que des propriétaires du quartier de l’Epeule offrent à la Ville un terrain pour y faire bâtir une nouvelle église. Monseigneur Berteaux, Doyen de Saint Martin, qui était l’instigateur du projet, choisit pour ce nouvel édifice le vocable de Saint Sépulcre, pour perpétuer la mémoire de la Chapelle qui fut construite en 1463 par Pierre de Roubaix à son retour de Terre Sainte, et qui se trouvait Place de la Liberté jusqu’à sa démolition en 1844.

L’église St Sépulcre d’autrefois Coll Méd Rx

Le 4 mars 1870, le Conseil Municipal accepte l’offre du terrain et le principe de la construction de l’église. La guerre va différer l’exécution du projet. Puis en 1871, l’architecte roubaisien Fernand Deregnaucourt présente les plans du futur édifice. La première pierre sera posée le 30 mars 1873. Après s’être assemblés en l’église Saint Martin, les adjoints et membres du Conseil Municipal et la foule des fidèles se rendent en cortège sous la conduite de Monseigneur Monnier évêque de Lydda, revêtu de ses ornements pontificaux, jusqu’au site de la nouvelle église. Il bénira la première pierre et les fondations avant de prononcer un discours. L’ouverture au culte se déroulera le 5 avril 1875, et la première messe est célébrée par l’abbé Plancke, dans une église où tout reste à faire, excepté les murs et le maître autel. Son successeur, l’abbé Debacker exprime des craintes quant à la solidité de la voûte. C’est ainsi qu’en 1888 et 1889, l’architecte Dupire Rozan fera consolider les colonnes et doubler les arcades de voûtes en les appuyant sur des colonnes carrées en pierre de Boulogne. Une tour est construite jusqu’à la hauteur de la nef, mais on abandonne le projet d’y élever un clocher. Un incendie se déclare dans la sacristie le 22 août 1893. Les dégâts sont importants : toutes les armoires ont été la proie des flammes, les ornements et les registres paroissiaux ont été détériorés par la fumée, les flammes et l’eau. En 1896, M. Henri Bossut Pollet fait don à l’église d’une très belle chaire de vérité. Mais l’humidité, le mérule et sa faiblesse de construction fondamentale auront finalement raison d’elle.

L’église au moment de sa fermeture Photo NE

Le 17 janvier 1960, on y célèbre la dernière messe, et le conseil municipal décide le 25 janvier 1960 de sa démolition et de sa reconstruction au même emplacement. Le 1er mars 1961 commencent les travaux de démolition. Le chantier a démarré le 25 octobre 1961, bientôt freiné par la pluie, le gel et la neige. Pendant les travaux, les lieux d’offices de secours suivants sont utilisés : la chapelle du couvent des Clarisses, la chapelle de l’institution de sainte Marie rue d’Inkermann et la chapelle de l’institution Ségur rue Colbert.

L’intérieur de l’église avant la démolition Photo NE

Les architectes roubaisiens Marcel Spender et Luc Dupire sont les auteurs des plans du nouvel édifice qui sera plus modeste dans ses proportions et pourra contenir 800 fidèles. Diverses procédures administratives mais surtout le temps rigoureux de l’hiver 61-62 feront prendre du retard à la construction. En mars 1962, compte tenu de l’avancement des travaux on estime sa mise en service pour la fin de l’année.

L’avancement du chantier en mars 1962 Photo NE

La nouvelle église du Saint Sépulcre sera consacrée le 23 décembre 1962 par Mgr Prévost, Mgr Fabre et le chanoine Callens. Le Cardinal Liénart viendra bénir le maître autel deux jours plus tard.

La bénédiction de la nouvelle église 23 décembre 1962 Photo NE
La bénédiction du maître autel par le Cardinal Liénart Photo NE

Voici comment la nouvelle église est décrite dans le site du patrimoine des Hauts de France :

L’église du Saint-Sépulcre présente une structure rectangulaire en briques, de plan allongé comme une grande halle. Son toit à longs pans est revêtu d’ardoises. Avant d’entrer dans cette halle, il faut passer par un narthex rectangulaire flanqué d’une chapelle des Morts et d’une chapelle des fonts baptismaux, toutes les deux de plan hexagonal. Cette halle qui sert de nef a une capacité de huit cents places. Derrière l’espace légèrement surélevé qui sert de chœur se trouve une chapelle secondaire pour les offices de semaine qui ouvre légèrement à droite de l’autel. L’édifice est surmonté d’un petit campanile translucide éclairant l’autel. Les murs de côté sont recouverts d’étroits vitraux monochromes (bleus, rouges, jaunes ou transparents) en forme de meurtrières, réalisés par la société Six-Sicot. Un grand vitrail abstrait couvre le milieu de la contre-façade en haut de la tribune, tandis que l’orgue se trouve du côté droit de la tribune.

La nouvelle église de l’Épeule Photo NE

 Sources Bulletin de la SER, article Jacques Prouvost dans Quartier Libre, presse locale

 

La société Vroman Sports, une institution roubaisienne

Jules Vroman est né le 3 juin 1864 à Roubaix, rue du Calvaire (nom de la Grand–rue à l’époque). Ses parents étaient commerçants : le père Alexandre était boulanger et quand il décède,  Jules n’est âgé que de 13 ans. Sa mère reprend le commerce situé au 225 Grand Rue, elle apparaît au Ravet Anceau de 1883 comme épicière. Un article de journal retraçant sa carrière nous apprend qu’il est un élève d’une intelligence précoce et d’un amour ardent de l’étude. Il quitte l’école à l’âge de quinze ans, avec des connaissances dans des matières aussi diverses que le solfège, le dessin de menuiserie.

Jules Vroman & La Roubaisienne Photo Coll Privée et En tête AmRx
Jules Vroman La Roubaisienne Photo Coll Privée et En tête AmRx

A 20 ans, il est gymnaste à la Roubaisienne. Jules Vroman est un jeune homme sportif parmi les sportsmen de l’époque qui fréquentent cette  importante société de gymnastique. Cette pratique sportive l’amène à s’orienter vers la fabrication d’appareils de gymnastique. Habile menuisier, il crée ainsi dès 1884 sa société, dont les locaux se trouvent dans la maison maternelle, au 225 de la grand-rue. Le réseau grandissant des sportifs va constituer sa clientèle. Il fait preuve d’innovation, et d’un vrai sens commercial : son matériel est aisément démontable, avec des tarifs adaptés et il est testé par la Roubaisienne. A 29 ans, il devient aussi professeur de danse et de gymnastique.

La première société Vroman Coll Privée
La première société Vroman Coll Privée

Jules Vroman épouse Zoé Marie Millescamps le 31 mars 1894. Le commerce se développe et les locaux de la Grand Rue deviennent trop petits, Jules Vroman va s’installer rue des Fabricants au n°28 et il participe à la fondation de l’Ancienne le 14 juillet 1895. C’est une société de gymnastique et de jeux athlétiques et d’instruction militaire, dont il sera le directeur technique, puis le président. Les sociétés de gymnastique sont nombreuses et florissantes à cette époque. Comme elles voyagent et remportent de nombreux concours. Jules Vroman voit ses affaires prospérer avec le développement de son réseau sportif. Dans un premier temps, le siège de l’Ancienne est situé 28 rue des Fabricants, et Jules Vroman voit ainsi se développer la société sportive et sa société de fabrication.

En tête de l'Ancienne et catalogue Vroman En tête AmRx Catalogue Coll Privée
En tête de l’Ancienne et catalogue Vroman En tête AmRx Catalogue Coll Privée

Le 30 juillet 1898 naît Jules Vroman, deuxième du nom, qui prendra la succession de son père en 1928. Entre-temps, le succès de la société Vroman nécessite de nouveaux locaux et la maison se retrouve au n°30 de la rue du Grand Chemin.

La société Vroman au 30 rue du Grand Chemin En tête Méd Rx
La société Vroman au 30 rue du Grand Chemin En tête Méd Rx

En 1900, Jules Vroman loue l’établissement sis Grand-rue n°50, jusque là occupé par un fabricant de cardes, M. Beaumont. Il y crée le franco-américain skating rink, lieu de loisirs inspiré des patinoires américaines, bientôt consacré aux patins à roulettes sur plancher de bois. Cette reconversion d’un vaste hangar rencontrera un grand succès. Le même type d’établissement existera au Fresnoy un peu plus tard. C’est sur cet emplacement du n°50 de la Grand-rue que sera créé le Casino Théâtre de Roubaix, grande salle de spectacles de music hall, qui deviendra un des grands cinémas de la ville.

Le skating rink de la Grand Rue CP Méd Rx
Le skating rink de la Grand Rue CP Méd Rx

Après la première guerre, la société Vroman a développé ses fabrications : la gymnastique les sports collectifs, la natation, pour lesquels sont fabriqués les installations et équipements appropriés.

à suivre

Merci à Mme Vroman pour les témoignages et les illustrations

 

Salle des sports boulevard de Mulhouse

 

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Cérémonie d’inauguration de la Salle des Sports du boulevard de Mulhouse Photo Nord Éclair

C’est au mois d’août 1969 que Victor Provo, maire de Roubaix inaugure la nouvelle salle des sports située 248 boulevard de Mulhouse, déjà prévue dans les projets de 1966. Cette salle omnisports est présentée comme un modèle du genre. Elle mesure 40 mètres de longueur sur 20 de large, pour une hauteur de 7 mètres. Elle comprend des vestiaires et des douches hommes et femmes, le chauffage est assuré par la chaufferie du groupe scolaire.

Dans son discours, le maire évoque l’inauguration récente de la salle Buffon, et les projets dans les quartiers Edouard Anseele et Potennerie, comme autant de signes de la volonté de développer le sport de masse à Roubaix.

Puis vient le moment de la remise des palmes académiques à Robert Hétuin, en reconnaissance des services rendus à la cause du sport postscolaire. Le récipiendaire est en effet l’un des fondateurs du basket féminin UFOLEP, et plus particulièrement celui du Club Sportif Féminin Pasteur en 1947, devenu depuis le Cercle Sportif Jean Macé Pasteur.

Ensuite les jeunes filles de l’Ancienne enchaînent avec des évolutions gymniques fort appréciées par l’assistance, avant que l’Évolution Sportive et le Club Sportif Jean Macé Pasteur ne donnent une démonstration de basket-ball féminin.

Stade Dubrulle-Verriest

entree jean dubrulle
L’entrée du stade Dubrulle rue Leconte Baillon Photo NE

Ce stade est construit en 1920 par une société immobilière sur les terrains d’une ancienne propriété appartenant à l’industriel Cordonnier au début du XXème siècle, d’abord transformés en jardins. On lui donne le nom d’un grand sportif du Racing Club de Roubaix, Jean Dubrulle, qui fut également un héros de la grande guerre. Une autre figure légendaire du même club viendra le rejoindre : Georges Verriest, qui fut capitaine de l’équipe première du Racing Club de Roubaix quand celui-ci fut finaliste de la coupe de France à plusieurs reprises, dans les années trente. Il fut également entraîneur de l’équipe de France de football pendant les années soixante. Ce haut lieu du sport roubaisien voit évoluer les membres du club omnisports qu’était le Racing Club de Roubaix, athlétisme, hockey, football…puis il y aura les tournois du Racing Stade de Roubaix… Ce stade mérite qu’on complète la liste et qu’on rassemble ses souvenirs ! La recherche est ouverte !

Qui était Maurice Maertens ?

La première guerre mondiale vient de se terminer. Dès 1919, on va rejouer au football. Le Stade Roubaisien va retrouver le terrain qu’il occupait déjà depuis avril 1903, appelé le terrain du Parc Cordonnier au Pont Rouge. En hommage à un de ses membres mort pour la France, ce terrain devient le stade Maurice Maertens.

Le Stade Roubaisien avant la première guerre Coll particulière
Le Stade Roubaisien avant la première guerre Coll particulière

Né à Roubaix le 31 décembre 1882, Maurice Maertens est le fils d’un père né en Belgique, Florentin Maertens, marchand épicier rue Ma Campagne, et de Marie Augustine Planchon. Il est employé de tissus à son recensement militaire. Il est dit fondateur du club, selon l’historique, en 1896, iI a quatorze ans à peine. Le Stade Roubaisien, à l’époque l’amical club de Roubaix, c’est un club omnisports qui pratique la course à pied, la vélocipédie et le football.  En 1901, le Stade Roubaisien demande son affiliation à l’U.S.F.S.A (Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques, la Fédération Française de Football de l’époque) et se trouve engagé dans le championnat du Nord en 1901. Maurice Maertens fait partie de l’équipe première. Il effectue son service du 8 octobre 1905 au 18 septembre 1906 au 148 RI. A son retour, il réintègre l’équipe et devient un pilier incontournable du stade roubaisien. Ses qualités de footballeurs lui valent d’être appelé souvent en sélection du nord. Maurice Maertens joue dans la ligne des demis, est capitaine de son équipe et dirigeant de son club. Il se marie le 25 juillet 1914 avec Juliette Pollez. Puis survient la guerre. Il est mobilisé et envoyé sur le front en Belgique. Alors que la course à la mer a pris fin du côté de Dixmude, à partir d’octobre 1914, la 1ère bataille d’Ypres commence. Les troupes françaises se trouvent dans les secteurs d’intervention entre Zonnebeke, Zillebeke, Wallemolen, Vlamertinghe, Fortuyn, Wieltje, … Nombreux sont les soldats qui tombent en terre de Flandres. Maurice Maertens est de ceux-là. Il est mort pour la France et pour la Belgique, à Zillebecke en Belgique, le 16 décembre 1914, Il avait 32 ans.

Le stade Maertens aujourd'hui Vue Google maps
Le stade Maertens aujourd’hui Vue Google maps

En 1952, lors de l’ouverture de la rue Braille, on aménage une partie des terrains dépendant du stade Roubaisien, les tribunes et les vestiaires du stade sont démolis, pour laisser place à un groupe d’immeubles à usage d’appartements résidentiels construits par la Maison Roubaisienne. Le nom de Maurice Maertens fut retenu pour l’allée nouvelle.

Inauguration CPAM 1969

Situé en bordure de la place du Trichon, au n°6 de la rue Rémy Cogghe, le nouvel immeuble de la sécurité sociale est déjà mis en service depuis quelque temps quand on parle de l’inaugurer. Les travaux se sont terminés au cours de l’été 1969.

Invitation pour l’inauguration Doc Coll particulière

Caisse de seconde catégorie, la CPAM de Roubaix figure parmi les plus importantes de France. L’article de presse fait l’énumération des bonnes conditions qui permettent un travail et un accueil plus agréables. Les locaux sont spacieux, clairs, bien chauffés. Dix huit guichets gèrent les demandes. Quinze autres guichets sont installés dans les étages supérieurs pour d’autres régimes de prestation. Les paiements à vue sont gérés par un système de distribution de tickets, et les assurés sont appelés à leur tour. En attendant, ils peuvent patienter confortablement assis dans le hall. À cette époque, la caisse d’assurance maladie couvre les besoins de 100.000 assurés sociaux pour 300.000 bénéficiaires.

Inauguration par Victor Provo et Jean Delvainquière Photo Coll particulière

Finalement les nouveaux locaux de la sécurité sociale et de la caisse primaire d’assurance maladie sont inaugurés le 18 décembre 1969. Victor Provo maire de Roubaix et Président du Conseil Général coupe le ruban en présence de Jean Delvainquière maire de Wattrelos, mais également Président du conseil d’administration de la CPAM qui annonce : ce nouvel immeuble constitue un excellent point de départ pour l’humanisation souhaitée de la Sécurité Sociale. L’architecte est mis à l’honneur pour cette véritable prouesse. Victor Provo intervient à son tour. Il retrace un bilan de l’évolution des lois sociales depuis 1930, et conclut qu’une telle réalisation devrait permettre à notre population ouvrière de se sentir soutenue.

La foule pendant l’inauguration Photo NE

S’exprime ensuite M. Derlin Président du CA de la CPAM qui souhaite une heureuse retraite à M Leduc actuel directeur de la CPAM qui sera bientôt remplacé par M. Demonchaux. Il termine son propos sur la fonction nouvelle et humaine de la sécurité sociale, qui sera aidée en cela par l’électronique, perçue comme un moyen d’améliorer la gestion et non comme un concurrent déshumanisé du personnel.

Pendant la visite Coll particulière

S’ensuivent la visite des installations et un banquet servi salle du centre à Wattrelos. Parmi les personnalités on pouvait remarquer entre autres personnalités un grand nombre de maires des communes voisines (Croix, Wasquehal, Lys, Leers, et les divers représentants des directions de l’urbanisme, de la santé et de la sécurité publique.

Merci à Nicole Duhamel pour les superbes photos et le carton d’invitation !

Cet article est dédié à tous mes camarades du lycée VDM qui iront travailler dans ce nouvel immeuble quelques années plus tard. Ils se reconnaîtront.

La Sécu à Roubaix

Le Conseil national de la Résistance intègre à son programme « un plan complet de Sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État. (Ordonnance du 4 octobre 1945).

Les locaux de la caisse la Famille en 1936 Photo JdeRx

A Roubaix, la Sécurité Sociale succède à La Caisse primaire d’assurances sociales « La Famille » qui se trouvait à l’emplacement d’une ancienne usine de la rue du Grand Chemin autrefois occupée par la société Masurel Leclercq fabricants textiles. Cette caisse avait fait construire ses nouveaux locaux en 1936 aux n°19 et 21 rue du Grand Chemin et les inaugura à l’occasion de son vingt cinquième anniversaire en présence du Cardinal Liénart. Jusqu’ici, cette caisse de capitalisation se trouvait rue du château. C’est là que s’installa la sécurité sociale à Roubaix au début des années cinquante.

Le futur emplacement de la caisse rue Rémy Cogghe Photo NE

Mais bientôt la progression du nombre des assurés, l’augmentation des effectifs de la caisse (292 agents en 1961, 341 en 1968) du nombre des assurés (95222 en 1961, 123000 en 1968) nécessitent une réimplantation des services pour de meilleures conditions de travail et une meilleure réception du public. En 1966, l’architecte roubaisien Omer Lecroart basé 10 rue du château présente un projet. À cette époque, le comité d’entreprise n’avait pas de local, les ateliers étaient au sous sol sans aération, il n’y avait pas de salles pour les cours professionnels organisés depuis 1964, les archives se trouvaient dans les couloirs ou dans un autre immeuble à une centaine de mètres. M. Leduc directeur de la caisse avait fait l’estimation suivante : 11500 m² étaient nécessaires, alors qu’il n’y en avait que 4668 m². En Janvier 1968, l’annonce est faite, les travaux des nouveaux bâtiments de la sécurité sociale vont commencer en février pour un montant de 600 millions d’anciens francs et pour une durée de dix huit mois. Pour réaliser ce projet, le conseil d’administration a acquis trois propriétés derrière l’ancien bâtiment donnant sur la place du Trichon.

Plan de situation 1967 Photo NE

Le bâtiment du grand chemin abritera l’ensemble des cabinets médicaux sur trois niveaux, et les nouveaux bâtiments qui vont du 16 au 20 rue Rémy Cogghe sur une longueur de 80 m seront édifiés en respectant le plan d’urbanisme. Il faut notamment tenir compte du Trichon qui traverse la propriété entre le bâtiment de la rue du Grand Chemin et la future implantation, pour aller rejoindre le grand collecteur par la rue des Fabricants. Il faut donc bâtir en dehors, et aussi respecter le front à rue, c’est à dire construire en deçà de la rue Rémy Cogghe. Le futur immeuble fera cinq étages, 56 mètres de long 13,5 de large avec un bâtiment perpendiculaire de 34 m sur 26. Le nouveau bâtiment accueillera dans un grand hall des prestations avec des guichets à boxes pour que la discrétion soit assurée, et on adoptera le système de tickets numérotés, afin d’assurer la fluidité des réceptions. Au premier étage se trouvera le service des accidents du travail, au second le service social, les pensions d’invalidité, les immatriculations, les tiers payants. Au troisième, il y aura le contrôle médical, neuf médecins conseils y seront réunis, alors que jusque là on devait louer l’immeuble n°20 de la place du trichon. Au quatrième, la comptabilité et le service du contentieux et au cinquième étage, la direction, avec la salle du conseil, des salle de cours et de commission et le service du matériel.

Le chantier en cours 1969 Photo NE

L’entrée du public se fera donc par la rue Rémy Cogghe et l’entrée du personnel par la rue du grand chemin. Une extension est prévue en prolongement du grand bâtiment à étages pour loger les cabinets médicaux et dentaires, ainsi que la cession des bâtiments actuellement occupés à d’autres locataires.

à suivre

Les merveilleux fous volants

Emplacement du terrain d’aviation sur les terres de Gourguemez Photo IGN

En 1911, il y eut à Roubaix un aérodrome, plus précisément un champ d’aviation, pendant la durée de l’exposition internationale du Nord, qu’accueillait notre ville cette année là. L’aérodrome se situait non loin de l’Exposition, le long de l’avenue des Villas sur les terres de la très ancienne ferme de Gourguemez. Il se trouvait au-delà de la rue de Beaumont, en face de la rue Carpeaux et la rue David d’Angers. C’était un champ d’aviation de dix hectares sur les pâtures de la ferme, avec comme installations, six hangars individuels, une grande tribune, des gradins, un hangar provisoire pour les grandes journées. Deux entrées sont aménagées de part et d’autre du champ d’aviation sur l’avenue des Villas. L’ouverture du champ d’aviation fut annoncée pour le 4 juin.

Plan du terrain Publié dans le JdeRx

Les organisateurs ont obtenu l’aval de nombreux aviateurs pour leur participation. Quoique l’aviation ait beaucoup progressé, elle en est encore à ses débuts. En 1909, Blériot vient de traverser la Manche en aéroplane. Les roubaisiens auront donc des exhibitions pendant cinq mois, de juin à octobre. On leur promet des spectacles inédits : transports de passagers en aéroplane, randonnées aériennes fertiles en enseignements au dessus de la campagne, prouesses aéronautiques… En principe, on vole tous les jours au champ d’aviation de 6 h à 8h quand le temps le permet. Les roubaisiens ont également obtenu que leur ville soit la quatrième étape du Circuit Européen. Les organisateurs devront très vite compter avec les conditions météo. Des signaux sont placés à l’angle des rues de la gare, du vieil abreuvoir et de la Grand Place: une flamme rouge indiquera qu’on vole au champ d’aviation, une flamme noire qu’on ne vole pas, et une flamme blanche qu’on volera… peut être.

Védrines, vainqueur de l’étape Bruxelles Roubaix à son arrivée Photo ADN

L’arrivée du circuit européen est prévue le mercredi 28 juin dans la matinée. A 9 heures, plusieurs milliers de personnes attendent déjà les aviateurs sous la surveillance d’un service d’ordre important. A 11 h 10, Védrines, vainqueur de l’étape, atterrit sous les accents de la Marseillaise. Trois minutes plus tard, c’est au tour de Roland Garros, puis Beaumont, et Kimmerling. Les exhibitions se poursuivront jusqu’en septembre, malgré le temps venteux et incertain. On pourra ainsi voir à Roubaix Mesdames Hélène Dutrieux et Jane Herveux. Ces dames firent aussi bien que les messieurs, en risquant leur vie au cours de vols rendus dangereux à cause du vent capricieux.

Hélène Dutrieux à Roubaix Photo ADN

Le meeting de clôture d’octobre sera d’ailleurs annulé, à cause d’un ouragan qui causera d’énormes dégâts : hangars disloqués, barrières et palissades arrachées, portes et cloisons enlevées, tribune et buvette renversées. L’Exposition elle-même eut à souffrir de ce très mauvais temps.

La disparition de la rue Pellart

L’avancée des travaux de percement de la future avenue des Nations Unies va durement toucher la rue Pellart, qui va disparaître de plus de la moitié de son parcours. Elle s’étendait autrefois de la la jonction de la rue du Curé et de la rue du Pays jusqu’à la place d’Audenarde où se trouvait autrefois l’église du Sacré Coeur. Elle faisait huit cents mètres de long sur 7,50 de large, sa largeur dénotant de son ancienneté, les rues plus contemporaines atteignant au moins 9 mètres. Le devenir du côté impair a été abordé dans un article précédent (Nations Unies : Les premiers travaux), examinons ce qu’il reste du côté pair. Tout le début de la rue, jusqu’au n°36, a laissé place à l’arrière du centre Géant Casino et à la sortie du parking. Ajoutons que la rue Pellart à cet endroit a cédé la place à l’avenue des Nations Unies.

Publicité Stiernet 1965 parue dans NE

À cet endroit se trouvaient autrefois le centre d’apprentissage de filature du coton (atelier collectif n°12/14), l’entreprise de chauffage Stiernet , la cour Fontier (n°20) les docteurs Renard au n°26 un foyer Adataréli au n°30. Arrêtons nous un instant au n°36, seul bâtiment subsistant de l‘époque. Les flâneurs ont raconté son histoire : dans les années 1870, Amédée Prouvost se fit construire un hôtel particulier au n° 36 il mourut en 1885. Sa veuve l’habita jusqu’en 1902 puis lui succédèrent M. et Mme Auguste Lepoutre. Après la seconde guerre mondiale, l’hôtel fut transformé en commissariat central. Le bâtiment est préservé lors des travaux de démolitions récents, inscrit à l’Inventaire des Monuments historiques en 1998. Il est devenu le 301, un lieu d’activités musicales géré par l’association ARA (Autour des Rythmes Actuels) qui propose d’apprendre à jouer de la musique, développer des projets de création et cultiver le plaisir de l’écoute.

La maison d’Amédée Prouvost Photo AmRx

Après le croisement de l’ex rue Pauvrée, aujourd’hui Jean Monnet, et la rue du collège, la rue Pellart ne reprend son alignement qu’à partir du CCAS situé aux n°9-11. Entre la rue Pauvrée et la rue du collège, la rue Pellart a disparu, permettant ainsi au square des Mulliers d’avoir pignon sur l’avenue ainsi que le lycée Saint Rémi. Vont disparaître des institutions comme le syndicat des cadres du textile, des contremaîtres et techniciens et l’union locale CGC (n°66). Des rues font également les frais de cette réorganisation urbaine : la rue Jean Baptiste Glorieux, la rue Choiseul, la rue du Ballon, de part et d’autre de la rue du Collège.

L’ouverture de l’avenue devant le square des Mulliers Photo AmRx

L’avenue des Nations Unies se présente donc maintenant sous la forme d’une large artère construite sur le parcours de la rue Pellart et sur l’emplacement des rues que nous venons de citer, ce qui lui assure une largeur de plus de quarante mètres. L’avenue des Nations Unies occupe même l’ancien tracé de la rue Pellart, côté numéros pairs du n°26 au N°44 sur le mur duquel on peut encore découvrir une plaque « rue Pellart » (de quoi perturber un peu plus le facteur ou le flâneur). La rue Pellart reprend donc après le carrefour de la rue de l’Hommelet pour les numéros pairs.

Les démolitions de la rue Pellart Photo AmRx

Ainsi a disparu en partie, l’une des rues les plus anciennes de Roubaix au profit d’une large pénétrante moderne reliant Tourcoing à Roubaix.

Aujourd’hui avenue des Nations Unies et rue Pellart Photo Google maps

 

L’origine de la cave aux poètes

Roubaix est sans aucun doute une ville de poètes, de Gustave Nadaud en passant par Amédée Prouvost fils et Louis Decottignies, Charles Droulers et Louis Catrice, sans oublier Paul Vanriet et nous n’aurons pas fait le tour exhaustif de la pratique poétique à Roubaix. Cette tradition s’est maintenue avec des journaux comme La Fauvette et Le Canard, grand rivaux de la rime, des sociétés parmi lesquelles la Muse de Nadaud et des concours plus contemporains comme ceux de la FAL ou du théâtre Tous Azimuts. En 1967, il manquait un lieu à la poésie qu’on lui trouva bientôt. Tout commence en janvier 1967 avec le projet qu’expose Pierre Prouvost alors adjoint à la culture, devant un parterre « de personnalités locales préoccupées par les problèmes de culture et d’éducation populaire ». Il s’agit de créer une association qui prendrait le nom de Poèmes et chansons de la jeunesse, afin de donner une tribune aux jeunes auteurs, compositeurs et interprètes. Vingt cinq candidatures sont envoyées au secrétariat de l’association, ce qui prouve si besoin en était, qu’il y avait bien des amateurs de poésie à Roubaix. Un comité de lecture se réunit pour sélectionner les œuvres qui seront choisies pour la première soirée poétique. Puis on se met en quête d’un local.

La visite de la cave début 1967 Photo NE

Une cave en demi-cercle située sous la scène de la salle Watremez fera l’affaire. Le décor semble adapté : des murs de briques blanchis à la chaux, des poutres de bois, du sable jeté à même le sol…On est entre les caves de Saint Germain et le caveau de la République, l’espace en moins. Poètes, diseurs, gratteurs de guitare, peintres viendront fréquenter ce nouvel espace culturel, repeint en rouge et blanc. Des tonneaux serviront de table et on se rassemblera à la chandelle. Un bar sans alcool et un vestiaire sont prévus.

Le look de la cave en 1967 Photo NM

Le 17 mars se déroule la soirée inaugurale, et le nom de l’endroit est trouvé à cette occasion, ce sera désormais « La cave aux poètes ». A partir de vingt heures vont se succéder jeunes poétes et poétesses. Les premiers à s’exprimer sur la petite estrade en bois blanc sont Serge Vleyminckx, Marie José Mascioni, Gérard Vernier, Angéla Cassaro, Bernard Baudringhin, Françoise Duval, Christian Vandenberghe, Ch Castelain, Michèle Quéret, Jean Paul Senave, Ghislaine Lietanie, Jean Trackoen, Josée Ricard, Patrick Maton, Anne France Deldique, Jean Pierre Tarrot, Alain Lesnard, Jean Baptiste Soubitesse, Denis Jean Tassart. Si l’un ou l’une de ces pionnier(e)s se souvient de cette soirée, nous serons heureux de recueillir son témoignage.

Quand la cave aux poètes était une rubrique dans le journal