En bas de la rue

La rue du Moulin, une des plus anciennes voies de Roubaix, a très vite été densément bâtie. Si on considère la partie basse de la rue, entre le boulevard de Paris et la rue du Havre pour les numéros pairs, on est surpris du nombre de commerces, d’entreprises et de courées de part et d’autre de l’école municipale.

Le bas de la rue, côté pair – vues depuis et vers la rue Neuve
Le bas de la rue, côté pair – vues depuis et vers la rue Neuve

Ce côté pair présente avant la première guerre une profusion d’estaminets : on en compte pas moins de 12 avant la rue du Havre ! Les commerces de bouche y sont également bien représentés : une charcuterie, quatre épiceries et deux crèmeries. D’autres commerces complètent ce panel : la pharmacie au coin du boulevard de Paris, une blanchisserie, un marchand de couleurs, un buraliste, deux magasin vendant des étoffes, une coiffeuse, un marchand de journaux. Sans oublier , tout au bas de la rue, la serrurerie Liagre, déjà présente en 1886 :

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Cette partie de la rue abrite également d’autres métiers artisanaux : trois ferblantiers, un teinturier, un vannier, un ébéniste, deux tailleurs, un cordonnier. Il n’y a pratiquement pas de maison sans boutique ! Les maisons d’habitation sont renvoyées dans des courées, généralement attenantes à un estaminet. On trouve ici au 22 la cour Delmarle, au 42 la cour Dubar, au 64 la cour Loridant, et, au 70 la cour Brabant.

L'entrée de la cour Delmarle de nos jours. Photo Jpm
L’entrée de la cour Delmarle de nos jours. Photo Jpm

Les entreprises industrielles sont bien présentes aussi, avec une fabrique de pompes, qui deviendra un atelier de fonderie au 38, juste à côté de l’école, et, au 50-52, l’entreprise D’Halluin-Grenu, puis D’Halluin-Namur en 1901, puis Bayart père et fils.

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Entre les deux guerres, peu de changements. Un maréchal ferrant s’installe au 36, un marchand de chaussures au 72, un marchand de jouets au 44 et un marchand de cycles au 62, remplaçant d’autres commerces. Exemple de stabilité, la pharmacie au coin du boulevard de Paris, reste tenue par M. Constant depuis 1885 jusque dans les années 50… Une affaire de famille !

La droguerie Molinier a pris, en 1922, la suite de la serrurerie Liagre
La droguerie Molinier a pris, en 1922, la suite de la serrurerie Liagre

Autre exemple de stabilité, les débits de boisson restent très nombreux : la proportion d’estaminets ne varie pas sensiblement.

L'estaminet Derly, au numéro 40
L’estaminet Derly, au numéro 40

Après la deuxième guerre, même pérennité. La droguerie Molinier perdure sous le nom de Dupont-Delalé jusque au seuil des années 70. Le salon de coiffure, installé au 12 depuis le début des années trente se retrouve au même endroit en 1874 ! Le 80, au coin de la rue du Havre est un commerce d’alimentation depuis les années 20 jusqu’à aujourd’hui, après qu’on y ait vendu des gaufres en 1914, et du beurre en 1922.

Au premier plan le carrefour de la rue du Havre et le n°80
Au premier plan le carrefour de la rue du Havre et le n°80

Si les premières maisons ont été détruites récemment, les autres sont toujours debout, et les façades de la partie remontant jusqu’à la rue du Havre n’ont pratiquement pas changé. Elles mériteraient pourtant quelques travaux de rénovations !

 

 

 

 

 

 

 

Evolutions d’une façade

A travers les années, la vitrine de la pharmacie de l’Avenir a bien évolué, en suivant les modes successives. La voici en quelques photos.

Années 50 : la façade a été rénovée. Signe des temps, remarquer le porte-vélos à droite de la porte d’entrée

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1970 : Deux vitrines, une de chaque côté de la porte. Le porte-vélo y est toujours. Le bandeau est éclairé par des spots

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1988 : le bandeau est refait, mais conserve le même graphisme. Les lettres sont rouge sombre . On ajoute les mentions herboristerie et homéopathie, et un rideau pare-soleil (associé à l’installation de la climatisation).

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2000 : Le graphisme de l’enseigne a de nouveau changé : lettres blanches de type Helvetica. Le porte-vélos a disparu. La pharmacie appartient alors à M . Challiez. Le bandeau est de nouveau éclairé par des néons.

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2010 : les lettres de l’enseigne sont désormais vertes et éclairées par des spots. On entre par la porte située à droite (agrandissement de la pharmacie). Ajout à même la façade sur le pan coupé avenue Linné du mot Orthopédie avec les mêmes caractères, ainsi que, sur les vitrines de Homéopathie, Hydrothérapie, Parapharmacie, produits vétérinaires, matériel médical.

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2013 : la vitrine principale, plus chargée, arbore maintenant, écrit verticalement : matériel médical, location-vente. La façade sur l’avenue Linné arbore Orthopédie.

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Documents collection particulière

Les origines du quartier

Après la révolution, le quartier – essentiellement agricole – est bordé par deux chemins. Le premier, une voie importante qui mène à Tourcoing (aujourd’hui la rue Turgot), et le chemin des couteaux sur l’emplacement du boulevard de Metz. Sur celui-ci s’embranche un chemin à droite menant au Hutin. Ces deux voies sont reliées au sud par ce qui deviendra plus tard la rue de la Vigne. Le long du Chemin de Tourcoing, deux autres chemins forment un triangle.

Peu de constructions, au nombre desquelles plusieurs fermes, reconnaissables à leurs cours carrées. Elles forment deux hameaux le long de ces axes, celui des Couteaux et du Triez St Joseph. La cense plus importante est celle de Fontenoy, entourée d’eau (gage d’ancienneté). La famille Le Becque-Fontenoy qui la tient tout au long du 17ème siècle. L’un de ses membres, Philippe de Le Becque fut échevin et inhumé dans le chœur de l’église St Martin. La ferme est placée entre les rues de Tourcoing et Turgot, juste au sud de la rue Jacquart.

Les couteaux St Jposeph – 1805

En 1816, le fort St Joseph est construit sur le triangle le long de la rue Turgot. Il est contenu entre les chemins préexistants et un nouveau hameau apparaît au lieu-dit de la Basse masure, le long d’une voie reliant le chemin de Tourcoing à celui des couteaux, et qui deviendra plus tard la rue Basse-Masure.

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Près de trente ans plus tard, en 1847 les constructions n’ont pas évolué. Seul, le croisement entre le chemin de Tourcoing et celui menant à la Basse-masure est-t-il désormais bordé de maisons. L’essentiel de la population est encore agricole, et le recensement de 1851 cite un certain nombre d’agriculteurs.

Mais de profondes transformations coïncident avec le percement du canal à la fin des années 1860 et l’arrivée des entreprises qui s’installent le long de la rue de Tourcoing, récemment tracée. On construit des logements pour les ouvriers, flamands pour la plupart. On construit une église et un couvent attenant pour les révérends pères des Recollets. Le quartier acquiert le caractère qu’on lui connaît encore.

Documents archives municipales

 

 

 

 

La ferme de Maufait

Située près du chemin de Lannoy, cette ferme était « Une des censes le plus considérables du pays » selon Th. Leuridan. Elle appartenait à l’origine aux seigneurs de Roubaix. Comme toutes les grosses fermes anciennes de Roubaix, elle est entourée d’un fossé. Celui-ci est alimenté par un ruisseau – le courant de Maufait – venant des Hauts champs et se jetant dans l’Espierre après avoir traversé le hameau des trois ponts. Ses vastes bâtiments enserrent une cour centrale. La cense est reliée par un chemin rectiligne qui se détache perpendiculairement de la rue de Lannoy. Les membres de la famille Lezaire l’exploitent au 17ème siècle. Elle appartient, au siècle suivant, à la famille Delcourt, dont on retrouve un représentant en la personne de Jean Baptiste Delcourt, né en 1761, époux de Marie Catherine Chombart, et qui exploite la ferme en 1820 avec ses cinq enfants et dix domestiques. Il en faut des bras pour un tel domaine !

Carte 1899

Le censier est signataire en 1830 de la pétition qui dénonce les différences de traitement entre les habitants du bourg et les fermiers des alentours, opposant Roubaix-ville et Roubaix campagne. On retrouve les Delcourt jusqu’au recensement de 1851 : Cette année là, le fils de Jean Baptiste, Théodore, tient la ferme, dont le propriétaire est alors un Bridé de la Grandville. Gustave Eugène de Gennes héritera ensuite du domaine, représentant alors 49 hectares, qu’il revendra en 1867 à Joseph Vincent Leconte-Baillon.

Les héritiers Leconte-Baillon constituent en 1900 une société chargée de vendre la propriété, exploitée depuis 1869 par Alexis-Joseph Pollet, né à Sainghin en Mélantois en 1820, époux de Marie Desquiens, moyennant un fermage de 8000 francs par an. La propriété est alors reprise par la ville qui accumule alors les terrains dans le quartier pour y réaliser des équipements collectifs, tel l’hôpital de la Fraternité. Elle rachètera également les terres de la ferme de l’Espierre, située non loin de là. Alexis Pollet va exploiter la ferme jusqu’en 1895, et décédera un an plus tard à Hem, où son fils Joseph Désiré a repris une ferme.

Un descendant des anciens censiers, M. Denis Lezaire, brasseur à Loos, a fait prendre par le photographe M. Brulois une série de clichés de la ferme.

La ferme

Le Journal de Roubaix, dans un article de 1910, relate la démolition de la ferme. L’article précise que La maison Devernay et Tiberghien, boulevard Beaurepaire, en est chargée. Elle mettra en vente les vieux matériaux. Une photo aérienne 1932 nous montre que la ferme est remplacée par des jardins, probablement ouvriers.

Photo IGN

On voit sur la photo que la rue de Maufait a été prolongée, mais elle ne recevra sa chaussée définitive entre la rue St Hubert et l’avenue Roger Salengro que dans les années d’après guerre, époque à laquelle on trace la rue Schumann (appelée à l’époque la rue Yolande). Les terrains sont mis à la disposition du CIL qui va y implanter les lotissements qu’on retrouve aujourd’hui.

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Photo Jpm

Le site où se situait la ferme près de cent ans plus tôt.

Les documents proviennent des archives municipales.

 

La pharmacie depuis 1970

Mme CLERC et Mme DOOGBAUD témoignent

 On a agrandi assez vite, en 70. C’est une pharmacie qui se développait, et il n’y avait pas assez d’espace. On a élargi la vitrine en gagnant sur une pièce et en supprimant la fenêtre correspondante. La deuxième fenêtre est devenue une porte pour les livreurs, et le bureau restait sur l’avenue Linné. On a installé le chauffage central qui n’existait pas.

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L’officine en 1970 -photos collection particulière

 La façade a été agrandie, munie de deux portes, une pour la clientèle, et l’autre pour les livreurs, celle-ci donnant sur une pièce de déballage. Par ailleurs, l’espace client a été rendu plus spacieux par la suppression de la réserve attenante. Des petits comptoirs séparés ont été installés devant des armoires-tiroirs, nouveau mode de rangement des médicaments.

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L’aménagement dans les années 70

 En entrant dans la pharmacie, les clients avaient, sur la gauche, une partie en libre-service, signalée par « servez-vous », et une gondole tournante. A l’arrière, la petite cour couverte servait de réserve et de vestiaire pour le personnel. Les lois avaient évolué, et c’était devenu obligatoire.

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La vitrine dans les années 70 – photo collection particulière

 Au début des années 1980, on a créé une SCI, et on a racheté de l’immeuble, pour agrandir les locaux. On n’a pas touché à la façade, mis à part la modification du bandeau et l’ajout d’un pare-soleil : sur cette place il faisait très chaud ; on a aussi installé la climatisation, peu après. On a installé un escalier intérieur pour communiquer avec l’étage.

Au premier on a aménagé le préparatoire, le bureau et les réserves, ainsi qu’une chambre pour la garde. La réception des commandes continuait à se faire en bas. On a essentiellement fait des travaux à l’étage ; le rez -de- chaussée est resté inchangé, mise à part l’installation d’une réserve dans l’ancien bureau. A l’étage, il y avait le bureau sur la droite, puis la chambre pour la garde, le préparatoire sur la gauche suivi des réserves.

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Le plan de l’étage dans les années 80

 Auparavant, au premier, il y avait deux locataires, dont une vieille dame, qui y était déjà en 1936. On n’a jamais utilisé le deuxième étage. En 1990, on cède la pharmacie à M. Challiez. Il a racheté les murs par la suite. Il a pris sa retraite et a cédé aux pharmaciennes qui y sont actuellement. Depuis, il y a eu d’autres transformations, et, en 2013, la pharmacie a été transférée à la place du garage attenant.

La grande transformation aussi a été le passage du manuel à l’informatique dans les pharmacies. On l’a subi aussi… On a mis deux postes de travail pour la saisie. C’était imposant, ça prenait beaucoup de place. Je vois encore les gens qui me disaient « je suis dans l’ordinateur ! ». Au début, on a eu beaucoup de mal à s’adapter, ayant eu peu de formation. On a appris vraiment sur le tas. Mais on y est arrivé, parce qu’il le fallait bien. Il fallait tout entrer au clavier et ne pas oublier de sauvegarder chaque soir : il ne fallait surtout pas perdre le fichier clients !

C’était un handicap commercial, parce qu’on était tellement pris qu’on avait moins de temps pour écouter les patients. Ceux-ci devaient attendre. La carte vitale n’existant pas, on prenait une photocopie des renseignements concernant les assurés, qu’on entrait dans l’ordinateur par la suite. Ceci a modifié le temps de travail de la secrétaire qui est passé d’un mi-temps à un temps plein.

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Document Nord-Matin – 1952

Evolution de l’école

L’école du Moulin, terminée en 1867, est amenée à évoluer : En 1876, on construit à l’arrière du terrain, sur la rue du Général Chanzy, un gymnase municipal et un stand de tir. Le gymnase est utilisé notamment par les sapeurs-pompiers qui y pratiquent des activités sportives.

Photo Jpm

 En 1885, le chef des sapeurs pompiers demande la libre disposition du jardin de l’école pour pouvoir compléter l’entraînement de ses hommes par des exercices d’incendie. En 1886, on installe provisoirement les cours de dessin de l’école nationale des arts industriels (hébergée à ce moment à l’institut turgot) dans des locaux inoccupés de l’école.

Puis l’école devient publique et les frères qui la dirigeaient sont remplacés par des instituteurs laïcs. M. Dazin en devient le directeur et fonde en 1887 l’amicale du Moulin. Celle-ci procède l’année suivante à la première distribution de vêtements aux élèves grâce à une donation de 150 franc or. Cette tradition s’est perpétuée jusque dans les années 50. En 1894 La municipalité décide la création d’une cantine pour les écoles des rues du Moulin et de Chanzy.

En 1903, M. Dazin se voit retirer son jardin qu’il cède à la ville contre un dédommagement de 400F. Au décès de M. Dazin, c’est M. Dhermes qui le remplace comme directeur et M. Seynave qui prend la présidence de l’amicale. En 1905 M.Thaisne succède à M.Dhermes. La présidence passe à Clovis Segard, qui gardera ce poste pendant 31 ans ! Les directeurs se succèdent : Mlle Harcqz en 1908, puis Mme Dumoulin, M. Taisne, Mlle Prum, Mme Doleans en 1932, Mme Despretz, Mlle Clochez et enfin M. Joly juste avant la guerre. Après la libération, M. Dumez prend la direction de l’école et M. Foelix la présidence de l’amicale. Ils sont remplacés par M. Renand-Bouchez qui dirige l’école et préside l’amicale. Celle-ci compte en 1952 260 membres. En 1955 l’adresse de l’école passe de la rue du Moulin à la rue du général Chanzy. L’entrée des élèves se fait dorénavant par une porte à côté du gymnase.

L’école, alors quasi centenaire, est rénovée en 1963. Un article de Nord Matin nous détaille les travaux : restauration des façades avec modification des fenêtres, galerie de desserte des classes, vestiaires, réfectoire installé dans un nouveau bâtiment, escalier de secours, réfection de la cour, du préau et des installations sanitaires, rénovation du chauffage et de l’éclairage…

Les travaux – Photo Nord Matin

 Le bâtiment donnant sur la rue du Moulin ne sert bientôt plus aux besoins scolaires. Il abrite désormais plusieurs locataires, et, à partir de 1965, au rez-de-chaussée s’installent au 34 les meubles Vanovermeir, qu’on retrouvera jusqu’en 1974.

Photo Jpm

 Le Gymnase accueille jusque dans les années 60 les activités de la société sportive « la Roubaisienne ». On trouve à la direction de l’école successivement MM. N.Bailleul, P.Delins, Cl. Drumez. Au début des années 2000 l’école ferme ses portes. Ses locaux abritent alors l’inspection académique. Pourtant, dans la deuxième partie des années 2000, une école maternelle s’y installe à nouveau. Elle s’y trouve toujours et perpétue une tradition vieille de près de 150 ans.

Photo Jpm

Embranchés rue de l’Ouest

Après l’établissement de l’embranchement desservant l’entreprise Dujardin, un autre négociant en charbons, M. Delcroix-Planquart, après accord avec la compagnie du Nord, demande l’autorisation en 1890-1892 d’établir un raccordement de voie traversant la chaussée moyennant un droit annuel de 1000 Francs. L’embranchement devra être fermé par une barrière cadenassée, sauf lors du mouvement des wagons. La ville s’oppose d’abord à l’installation de cette traversée à niveau, répugnant à concéder une partie de l’espace public à un particulier, puis finit par accepter la pose de la voie en 1893. On prévoit ici également la construction de deux cuvettes d’égout aux frais de M. Delcroix.

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L’embranchement des établissements Delcroix. En bas, la plaque tournante d’accès

 Le négoce de charbons du 47 est repris avant la guerre les établissements Mulliez-Delcourt. On retrouvera ce commerce jusque dans les années 70. Durant cette période, la plaque tournante est remplacée par un pont à secteur visible sur la photo aérienne de 1962. On y distingue la voie qui traverse le bâtiment perpendiculaire à la rue, et qui sort dans la cour, desservie par une plaque tournante.

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Document IGN – 1962

 L’entreprise est ensuite remplacée par un casseur de voitures. En 1973, la ville reçoit une demande de démolition pour des locaux industriels situés à cette adresse. Ces locaux sont constitués de hangars et de maisons, dont une vieille bâtisse située sur la rue. On trouve aujourd’hui à cet endroit un groupe de maisons récentes, le hameau du Fresnoy.

Une autre entreprise, la scierie Moïse Rogier fait construire en 1906 un quai de déchargement pavé de 30 mètres de long sur les emprises de la gare, et des barrières permettant d’y accéder directement depuis la rue de l’Ouest. Ces barrières seront remplacées par des portes roulantes en 1923. La scierie elle-même est située plus haut dans la rue d’Epinal. Elle n’a pas changé de nom jusque dans les années 1990. Sur son quai, on a déchargé les animaux destinés à l’abattoir jusque dans les années 50-60. Après 90, ce quai a finalement été démoli pour faire place à l’école Afobat.

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La barrière d’accès

En 1923 La SNCF pose une voie supplémentaire le long de la rue de l’Ouest « pour faciliter la desserte des embranchements particuliers… ». Pour cela elle construit un mur de soutènement.

Cette même année, la société Dubois, Dhont, et Finart demande l’installation d’un portillon permettant d’accéder directement depuis la rue de l’Ouest à ses bureaux, installés sur un emplacement loué dans la cour des marchandises, moyennant la construction d’un escalier qui escaladera le talus. La société Dubois restera implantée très longtemps sur l’emprise de la gare, jusqu’au déclin de celle-ci et à la disparition de son service marchandises.

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 Autre embranché, on trouve en 1892 au 14-16 de la rue les établissements Petit père et fils, eux aussi négociants en charbon. Leurs entrepôts sont situés quai du blanc-Seau à Tourcoing.

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Néanmoins, cette société se raccorde aux voies SNCF derrière la halle petite vitesse grâce à un embranchement particulier qu’on trouve représenté sur un plan de la gare de 1906 :

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Dès avant la première guerre, c’est la société Lepoutre-Six qui a prend la suite. Sur l’en-tête, seuls les bureaux sont au n°16, le chantier reste situé quai du Blanc-Seau à Tourcoing. mais l’embranchement reste utilisé sur place. Une photo aérienne de 1962 semble montrer un autre chantier charbon en face, de l’autre côté rue de l’Ouest.

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Document IGN

 Pour donner accès aux zones de stockage, en contrebas des voies, on dut faire établir un « ascenseur pour wagons » qui permettait de descendre ceux-ci depuis le niveau des voies de la gare jusqu’à celui de la rue de l’Ouest.

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Publicité 1966

  En 1977 on trouve au numéro au 16 les sociétés Maplex-Nord, matériel pour horticulteurs et Delespierre-Leman, correspondants SNCF, installés également au 37-39. Aujourd’hui, toute cette partie à droite de la rue a fait place à une pelouse.

 Les documents proviennent des archives municipales.

 

Soetens magasin leader de quartier

En 1946, au n°111 de la rue Jules Guesde, s’installe le premier magasin ouvert par André Soetens, âgé de 32 ans et de retour de captivité. C’est une petite boutique installée dans deux pièces à l’enseigne de « Tout pour le ménage ». On y vend des articles ménagers, de la vaisselle et de la faïence. Le commerce se développe bientôt et un deuxième magasin s’ouvre dans la rue de la Vigne, au n°10, tenu par Mme Soetens. (Il sera fermé en 1978)

Document Nord Matin – 1952

 A partir de 1966, le magasin de la rue Jules Guesde devient trop petit, mais il faudra attendre 1971 pour concrétiser le projet d’agrandissement par le rachat de l’ancienne forge attenante, celle de M. Brocvielle, le maréchal ferrant du quartier, décédé. Cette fois la surface de vente est multipliée par 5. Le décor, réalisé par l’architecte H. Hache, est complètement rénové et abrite plus de 6000 articles cadeaux « depuis les étains et faïences anciennes jusqu’aux plus récentes créations du Design » (dixit la Voix du Nord). Il est organisé en « coins shopping » et offre un important rayon listes de mariage. Son fils Patrick, qui vient de terminer des études commerciales, vient alors le seconder.

Document La voix du Nord – 1972

Une publicité de 1973 indique que le magasin est ouvert le dimanche matin. En 1978 le magasin rue de la Vigne est fermé, et l’activité se recentre sur les locaux de la rue Jules Guesde. C’est une boutique de quartier, qui continue à vendre des articles ménagers, mais qui a su, grâce à la publicité, attirer la clientèle de toute l’agglomération roubaisienne grâce à ses articles de qualité. En 1982 le magasin est spécialisé dans l’art de la table, on y propose toutes les marques de Limoges et de cristal français, l’orfèvrerie de couverts et un rayon cadeau.

Mais les temps sont durs : la fin des années 70 voit la fermeture de nombreux magasins d’arts de la table. M. Soetens explique cela par le fait que la clientèle traditionnelle est progressivement remplacée à Roubaix par une population qui ne fréquente pas ce type de magasin. Pourtant, le magasin résiste : « Nous avons tenu grâce à notre choix, à la recherche constante de la qualité, à nos conseils de véritables spécialistes, enfin à nos prix » (Nord Eclair 1982). Le magasin s’agrandit de nouveau sous la direction cette fois de l’architecte Serge Degand.

Soetens en 1982 document Nord Eclair

Les documents  proviennent des archives municipales.

 

Une quincaillerie rue de Cohem

En mars 1921, Albert Bossu et Camille Dubrulle fondent pour une durée de 25 ans la société Bossu-Cuvelier et Camille Dubrulle, dont le siège social est situé 81-83 boulevard Gambetta. Le but de l’entreprise est la vente et l’achat de métaux. Pour stocker ces métaux, la société a besoin de place. Elle fait donc dans les jours qui suivent l’acquisition auprès de Mme Veuve Motte-Boutemy et ses deux enfants mineurs d’environ 5.000 m² de terres situées rue de Cohem. Jusqu’en 1911, ces terrains faisaient partie de la ferme Watteau, située un peu plus haut dans la rue et comportant deux maisons. La société acquiert également 2700 m² appartenant à M. et Mme Jones avec deux autres maisons frappées d’alignement en bordure de cette même rue. MM. Bossu et Dubrulle comptent utiliser ce terrain pour y installer un dépôt de métaux. Le Ravet-Anceau de 1925 indique qu’au numéro 12 ter habite le magasinier du dépôt, A. Marcq.

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Au fil du temps, la municipalité veut redresser et élargir la rue et, en 1937, une part du terrain contenant les maisons doit être exproprié pour rectifier son tracé. En 1939, c’est M. Devernay qui est concierge sur le site. Vient la guerre, et en 1941 La société Bossu-Cuvelier, demande l’autorisation de construire un baraquement provisoire sur l’emplacement d’un bâtiment qui vient d’être démoli par un bombardement, « pour abriter le veilleur de nuit et entreposer des quincailleries ». Après la guerre, les installations s’étoffent et un plan de 1958 fait état d’un magasin couvert, d’autres bâtiments et d’un pont roulant, alors qu’une photo aérienne de 1953 nous montre un certain nombre de bâtiments, une importante zone de stockage pour les métaux.

Photo IGN 1953

Le concierge en 1965 est N. Massart et 1977 voit la transformation de la façade pour installer une quincaillerie industrielle. Le bardage actuel, vétuste est remplacé ; une vitrine est installée et des cours existantes sont transformées en parking. Le plan de masse des installations montre notamment un embranchement particulier du chemin de fer permettant le déchargement des tôles et profilés métalliques.

Plan 1977

Le magasin ouvre ses portes pour les professionnels, et la publicité contribue à faire connaître le nouveau site.

Document Nord Eclair 1978

Mais l’entreprise a rapidement l’opportunité de s’installer sur un site plus favorable : la fermeture de l’usine Stein libère un terrain situé en contrebas du pont du Sartel, et Bossu-Cuvelier migre vers cet emplacement. L’ancienne usine est démolie et les nouveaux bâtiments la remplacent. C’est ainsi qu’au début des années 90, la société Camaïeu rachète les terrains de plusieurs entreprises, dont Bossu-Cuvelier avenue Brame et rue de Cohem pour y installer ses propres locaux ainsi qu’ un immense parking pour ses employés. Les bâtiments existants sont démolis et les nouveaux s’élèvent bientôt, modifiant complètement l’aspect du quartier.

Documents IGN – en haut Bossu-Cuvelier en 1988, en bas Camaïeu en 2000

 

Les documentsnon IGN  proviennent des archives municipales.

 

 

 

L’hôpital devient l’école

Lors d’une séance extraordinaire du 22 mars 1847, le conseil municipal décide la création d’un hôpital provisoire pour faire face aux besoins pressants. Cet hôpital devrait être établi sur une propriété de M. François Ferlié, située en bas de la rue du Moulin (aujourd’hui aux numéros 32-34), et louée pour l’occasion. Cette propriété consiste en une maison d’habitation et un atelier, séparés par une porte cochère. La partie habitation servira au logement des religieuses qui soigneront les malades. On ajoute une infirmerie provisoire pour femmes construite en planches, et l’ensemble représente une capacité d’une cinquantaine de lits. Finalement, la propriété est rachetée en 1854 par la municipalité. On rajoute encore une nouvelle salle de trente lits en 1857.

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Plan de l’hôpital – 1847

 Mais la construction en 1865 de l’hôpital Napoléon rue de Blanchemaille rend sans objet l’établissement provisoire. Le conseil municipal forme le projet de convertir les bâtiments pour réaliser une école de garçons et y loger une partie des frères des doctrines chrétiennes, dont la résidence est devenue trop petite pour eux.

On retrouve plusieurs versions des plans de l’ensemble. L’un prévoit l’école proprement dite sur la rue Jean Moulin avec une façade sur deux étages, et l’habitation des frères dans un second bâtiment placé derrière derrière.

Un premier projet de façade

 Un autre projet reporte les classes tout au fond, près de la rue du général Chanzy, et un troisième les place dans le bâtiment central (3 au rez-de chaussée et trois à l’étage), là où elles se trouvent aujourd’hui. En juillet on modifie le projet pour rajouter un étage au bâtiment d’habitation. Ce nouveau projet prévoit des locaux pour loger les religieux, une chapelle, ainsi que six classes. La façade sur la rue du Moulin est monumentale ; un double porte centrale permet l’accès. Le rez de chaussée du bâtiment donnant sur la rue du Moulin comporte, gauche une salle d’étude et à droite un réfectoire. L’entrée des élèves se fait par une porte située à gauche du bâtiment. Celle-ci est prolongée par un couloir débouchant sur la cour, bordée de galeries couvertes. Ensuite, installé transversalement, le bâtiment des classes ferme la cour et, à droite , en longueur, s’étend la chapelle. Derrière l’école, un jardin.

Le projet définitif pour la façade

 On lance une adjudicaton qui prévoit d’inclure la démolition des bâtiments de l’hôpital et le réemploi d’un maximum des matériaux récupérés pour les constructions nouvelles. Un seul adjudicataire se présente, M. Léturgeon. Il obtient donc le marché et procède aux travaux. Ensuite vient l’adjudication pour l’ameublement, et l’école s’installe enfin dans ses murs.

Le plan d’ensemble
 La partie concernant l’hôpital est inspirée de « Cinq siècles et demi d’histoire hospitalière roubaisienne (Xavier Lepoutre) »
Les documents proviennent des archives municipales.