Une station éphémère

Le 57 de l’avenue Brame abritait entre les deux guerres, l’entreprise Vandecrux. Après sa fermeture, s’installe une station service, inaugurée en juin 1972. Celle-ci s’implante en front à rue, là où se trouvaient auparavant quelques bâtiments de peu d’importance, de part et d’autre d’une cour herbeuse, plantée d’un hêtre pourpre vieux de 70 ans.

Document La voix du Nord
Document La voix du Nord

Les quelques bâtiments situés le long de la rue sont rasés, l’ensemble est nivelé, mais on préserve le hêtre et on construit, adossés à l’ancien bâtiment industriel, des bâtiments modernes éclairés par des parois de verre : un abri pour la distribution du carburant, un local réservé à la vente en boutique, une aire de lavage à la brosse rotative, un autre pour le graissage. La station est ouverte par la société des pétroles Pursan, dont le directeur pour la région Nord est M. Dujardin. Les gérants de ce commerce sont M. et Mme Basly.

L'inauguration - Document La voix du Nord
L’inauguration – Document La voix du Nord

L’inauguration se fait en présence des délégués des directions régionale et nationale de Pursan et Total, mais également de personnalités plus locales : personnalités municipales, des mondes de l’automobile et de l’ industrie, ainsi que M. Desruelles, directeur de l’A.C.N.F

Le commerce attire les automobilistes du quartier, grâce à l’accueil du couple. Malheureusement, cette implantation coïncide avec l’ouverture d’Auchan Leers, qui offre des prix sans commune mesure avec ceux de notre station. Celle-ci fonde encore sa publicité sur la qualité de ses produits : super Total au chrome et huile GTS spéciale autoroute, et met en avant ses points de fidélité. Cette option n’est apparemment plus au goût du jour, et l’attrait du bon marché l’emporte. Une photo aérienne de 1981 nous la montre encore en activité, mais le Ravet-Anceau de 1983 n’en fait plus mention : elle a entre-temps disparu .

Document IGN 1981
Document IGN 1981

De nos jours, il ne reste plus trace de la station. L’ensemble des bâtiments, même le bâtiment industriel au deuxième plan, et surtout le hêtre pourpre, ont disparu. On trouve à la place des bâtiments très récents, construits au début des années 2000.

 

Document collection particulière.
Document collection particulière.

Une question se pose : qu’est donc devenu le hêtre pourpre, contemporain du tracé de l’avenue, et quand a t-il disparu ?

 

 

 

Une passerelle longtemps attendue

L’arrivée du chemin de fer en 1842 produit une coupure dans le tissu urbain : le quartier du Fresnoy se trouve maintenant isolé du centre de la ville. Les seuls points de communication restent le pont de la rue de Mouvaux et un passage à niveau qui traverse les voies de la gare.

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Mais le passage à niveau est remplacé au début des années 1860 par le pont St Vincent de Paul, reporté plus loin, ce qui supprime toute communication directe pour les piétons. Très vite, les habitants du quartier réagissent et 174 d’entr’eux signent, en 1867, une pétition pour obtenir de la part de la compagnie du Nord la construction d’une passerelle au dessus de la gare entre la rue du chemin de fer et le hameau du Fresnoy. Le conseil municipal approuve la pétition à l’unanimité et contacte la compagnie du chemin de fer. Celle-ci répond dans une lettre datée de 1869 que le passage supérieur remplaçant le PN a été établi aux frais de la compagnie, qu’elle estime avoir fait suffisamment d’efforts pour sa part, et qu’elle refuse de financer une passerelle.

Vingt ans plus tard, en 1887, parvient au conseil municipal une nouvelle pétition sur le sujet. Le préfet estimée que la gêne causée par la passerelle pour les manœuvres, pousserait sans doute la compagnie à n’accepter la construction que dans le cas d’un financement par la ville, les pétitionnaires ne proposant pas de participation financière. La commission municipale concernée juge cette construction trop onéreuse pour les finances de la ville et les choses en restent là.

Le projet initial
Le projet initial

Entre temps, la gare initiale est remplacée par la gare actuelle.

En 1890, la compagnie étudie malgré tout la construction d’une passerelle à l’emplacement de l’ancien PN. Elle envoie à la mairie un plan, et évalue la construction à 58000 francs, alors que les riverains accepteraient de participer à hauteur de 15000 f. Elle serait implantée entre la rue de l’Avocat et la rue de l’Ouest à 200m avant le pont St Vincent. La commission trouve que la passerelle n’aurait pas de raison d’être à cet endroit, et le projet est de nouveau au point mort.

L’année 1891 voit de nouveaux débats à la suite du dépôt d’un avant projet de la compagnie chiffré à 72 000 f. La commission municipale suggère de financer d’autres projets plus urgents. M. Victor Vaissier, pourtant, plaide pour la construction de la passerelle et demande que l’étude soit reprise. Pourtant, le projet est de nouveau enterré.

Il faut attendre 1904 pour qu’un syndicat de riverains se crée autour d’Edmond Dujardin, marchand de charbon rue de l’Ouest. Les habitants réunissent cette fois une somme de 20 000 francs. Un article du Journal de Roubaix, daté de 1906 annonce que les choses évoluent et qu’un emprunt de 6 millions permet désormais d’envisager la réalisation du projet, qui fait alors partie du programme de grands travaux d’utilité publique. Le ministre des travaux publics envoie le projet au conseil d’état qui l’approuve. Les travaux sont lancés et la passerelle est finalement inaugurée en septembre 1908. Sa longueur est de 111 mètres. Elle est très différente de celle prévue au départ : c’est une passerelle-cage métallique offrant plus de sécurité pour les usagers. Elle est bâtie pratiquement dans l’alignement de le rue du Fresnoy et aboutit à côté du bâtiment voyageurs.

La passerelle – documents médiathèque de Roubaix et IGN 1962

Notre passerelle n’a décidément pas de chance : en 1918, l’armée allemande en retraite la fait sauter, de même que la verrière de la gare et le pont St Vincent. Elle est reconstruite après guerre par les troupes britanniques du 136 ème Royal Engineers.

La passerelle en 1918
La passerelle en 1918

Les années passent. En 1968 la passerelle est en mauvais état. On se demande s’il vaut mieux la démolir et la remplacer par une nouvelle ou la réparer. C’est le choix de la remise en état qui prévaut. Mais en 2001, elle est de nouveau dégradée, et vu son état, la communauté urbaine décide sa démolition. L’association art Action se mobilise et vient alors à son secours. Xavier Lepoutre relate dans le journal les arguments de l’association. Finalement, la passerelle disparaît ; seul un tronçon demeure aujourd’hui pour attester symboliquement de sa présence. Il est permis de se demander s’il n’y a plus de piétons pour se rendre du centre vers le quartier du Fresnoy ?

 

Documents archives municipales

 

Les plus anciennes maisons du boulevard

A la demande de la société Lemaire et Lefebvre, le conseil municipal permet l’ouverture du boulevard en 1892 depuis la nouvelle place du travail jusqu’au chemin d’Hem. Un plan de travail du service de la voirie daté de 1896, mais basé sur un état antérieur, ne montre que la ferme Cruque place du travail et la chapelle Vandamme, située le long d’un sentier au bord du ruisseau des trois ponts, près du coin de la rue Carpeaux.

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Les constructions ne vont pas tarder à s’y élever, et, en particulier, les usines. Carlos Masurel fait une demande de permis de construire dès 1893 pour sa filature, et Henri Ternynck a installé son établissement avant 1894. Les constructions particulières suivent, et notamment les estaminets qui s’installent en nombre aux portes des usines.

Le boulevard en 1899 et la numérotation actuelle
Le boulevard en 1899 et la numérotation actuelle

Les premières demandes de construction datent de 1894 avec, pour l’actuel numéro 104, une demande au nom du brasseur Guy Lefrançois, rue d’Inkermann concernant une maison à usage d’estaminet, mitoyen à propriété Carlos Masurel. Cet estaminet apparaît au Ravet-Anceau de 1898 au nom de H.Dubron. Il est situé entre les usines Carlos Masurel (puis Dazin-Motte) et Ternynck (puis Damart). On a gardé trace d’une demande de permis de construire pour les numéros 93-95 actuels, concernant plusieurs maisons, par la société Lemaire et Lefebvre en face de l’usine Masurel et près de la chapelle. Leur architecte est Louis Déferet.

Le 104, Plan d'origine et photo 1947. En bas les 93 et 95
Le 104, Plan d’origine et photo 1947. En bas les 93 et 95

Les demandes de construction suivantes datent de 1896, avec une demande permis au nom de O.Fievez au n°3, renuméroté 23, puis 63, la maison ayant été démolie ensuite. C’était, en 1901, l’estaminet Beauventre. Une autre demande cette même année au coin rue David Danger aujourd’hui numéro 135, c’est à dire le pâtisserie « La Florentine ». La demande est signée par M. Lefremouille (?), et ce sera l’estaminet Planckaert en 1901. De l’autre côté de la rue, au 143 la société Lemaire et Lefebvre demande, à l’angle de la rue David David D’Angers «prolongée vers briqueterie » l’autorisation de faire construire un estaminet, encore par l’architecte Déferet, qu’on retrouve sous le nom d’estaminet E.Leconte en 1901. Ce sera beaucoup plus tard « Jany fleurs ».

Les numéros 63, 135 et 143
Les numéros 63, 135 et 143

Le 147 abrite en 1901 l’estaminet O.Fievez (qui en possède un autre au 63). Sa date de construction manque sur la demande adressée à la mairie.

Par contre, et toujours en 1896, M. Mulle-Watteau, brasseur rue de Lille fait également une demande pour deux maisons attenantes où on retrouvera l’estaminet E.Duvillers en 1901. L’architecte en est J. Selle. De nos jours, elles portent le numéro149. Au 153 correspond une autre demande de permis de construire de la société Lemaire et Lefebvre. Cette construction, toujours de l’architecte Déferet, se trouve à l’angle G. Pilon, et c’est l’estaminet A Van Ost en 1901.

 

Document médiathèque de Roubaix
Document médiathèque de Roubaix

On reste en 1896 pour une demande de la brasserie Dazin pour un estaminet au 159, dont l’architecte est Louis Barbotin (l’estaminet L.Pennequin en 1901). Au 161, on trouve cette même année la demande émanant du brasseur Paul Desprets. Ce sera l’estaminet Bacro-Watteau en 1901

159-161-96dpiNous arrivons à l’année 1897, avec la demande d’Henri Deboschere, dont l’architecte est Achille Dazin pour un immeuble qui sera, plus tard, numéroté 114 – la future boucherie Dumeige, et, pour les numéros 118-120 une demande de permis de construire pour trois maisons formant l’angle de la rue Carpeaux (propriétaire Horent) vins spiritueux Desoubry en 1901, et tabacs Veuve Crepel en 1902 – le Flint aujourd’hui).

Du côté impair, au 163, A.Bacri fait une demande pour construire « après la dernière maison de la rue »

114-118-163-96dpiL’année suivante, voit se construire aux numéros 131 et 133 deux maisons au nom de Maurice Fievet. On trouvera au 133 une mercerie en 1901. Enfin, la société « La Ruche » demande la construction d’une maison à situer (sans doute au numéro 41, qui a longtemps abrité le directeur de l’usine Dazin-Motte). L’architecte en est A.Vaillant.

41-133-96dpiEncore quelques constructions côté pair, l’année suivante : en 1899 Jérémie Declerck demande pour Mme veuve Picavet l’autorisation de construire un groupe de trois maisons à usage de commerce. C’est, en 1901, l’épicerie Manche-Bruyelle (124, 126 ou 128), l’estaminet H.Herbaut (126, 128 ou 130) ; puis, en 1902, le commerce de fruits et légumes R.Tackens (124), la boucherie J.Declerck (126), l’estaminet Mme Marlier (128), et l’épicerie Manche-Bruyelle (130).

126-130-96dpiC’est donc, en peu d’années, une première vague de constructions. Il y en aura encore quelques unes vers 1910, le gros des bâtiments ne s’élevant que dans les années 20, après la guerre. Le boulevard n’évoluera pratiquement plus jusqu’à aujourd’hui, à part les façades des magasins, qui subiront des modifications au fil du temps.

Documents archives municipales. Photos Jpm

 

 

 

Le peignage des bords du canal

Dès la fin des années 1840, Léon Allart introduit l’un des premiers peignages mécanisés de laine à Roubaix, profitant de l’invention récente de la peigneuse mécanique. Il installe son usine le long de l’ancien canal, comblé ensuite et devenu le boulevard Gambetta, et fabrique également du feutre pour l’habillement (en particulier pour les chapeaux) et l’ameublement.

Document archives départementales
Document archives départementales

Le peignage prend très vite de l’extension et participe à des expositions.

Le journal de Vienne 1905
Le journal de Vienne 1905

Il traverse grèves et incendies, mais aussi la grande guerre.

L'Egalité 1903 et l'Express du Midi 1904
L’Egalité 1903 et l’Express du Midi 1904

L’entreprise Allart devient ensuite Allart-Rousseau, puis la Compagnie Générale des Industries Textiles.

Document collection particulière
Document collection particulière

Mais l’usine, qui a employé jusqu’à 1200 ouvriers, est victime de la crise et doit fermer ses portes en décembre 1935. Le journal de Roubaix annonce en 1937 sa démolition prochaine, mis à part le bâtiment de gauche, relativement récent, qui va être épargné. Le journal évoque plusieurs projets possibles pour occuper le terrain, dont celui d’un lotissement. Il évoque également la possibilité d’élargir la rue Nadaud au même gabarit que le boulevard de Strasbourg. Une grande partie de l’usine est rasée en 1937-38, mais les bâtiments situés de l’autre côté de la rue Nadaud subsistent. Le même journal annonce en 1941 la démolition du cette partie de l’usine.

Documents Journal de Roubaix 1937 et 1941
Documents Journal de Roubaix 1937 et 1941

C’est l’entreprise Vandecasteele, rue du Fresnoy qui procède aux travaux. La démolition se termine par l’abattage de l’ancienne cheminée qui dominait le peignage. Le journal se félicite de l’élargissement de la rue Nadaud « admirablement dégagée, … [elle] ne fait plus qu’un avec le boulevard de Strasbourg, dont elle continue la sobre perspective ».

La cheminée et la rue Nadaud. Documents Journal de Roubaix 1942
La cheminée et la rue Nadaud. Documents Journal de Roubaix 1942

Le bâtiment épargné, près du petit Lycée est aujourd’hui reconverti en Lofts. L’ancienne ruelle des 15 ballots, reliant autrefois la grand rue et le boulevard, existe toujours, même si elle a perdu son nom et son statut dans la voirie urbaine pour devenir le parking privé de la résidence.

L'ancienne rue des 15 ballots, qui desservait l'usine – photo Jpm.
L’ancienne rue des 15 ballots, qui desservait l’usine – photo Jpm.

Sur l’espace libéré par l’ancienne usine vont se construire, au début des années 50, les collectifs du Galon d’eau.

 

Les huileries de Roubaix et d’Odessa

Juste avant la première guerre mondiale apparaît dans le Ravet-Anceau, au 121 de la rue d’Alger, l’entreprise des huileries de Roubaix, dont le directeur est M. Desprez. Elle forme un vaste ensemble limité par la rue d’Alger, la rue de Cartigny, et le mur du cimetière.

Document coll. particulière
Document coll. particulière

Cette société fonde en Russie une huilerie et savonnerie à Odessa, à la direction de laquelle elle place M. Thieux en 1914. L’entreprise roubaisienne est dirigée en 1918 à 1921 par M. Grelaud. Ses affaires semblent prospérer, puisque, avec la participation de la banque Worms, elle est à l’origine de la fondation de la Société d’études industrielles et commerciales, dont le but est l’exploitation d’entreprises agricoles, industrielles et commerciales en France, dans les colonies, et à l’étranger. Pourtant, la société éprouve des difficultés financières au début des années 20, et elle doit se résoudre à dissoudre cette filiale. Elle prend en 1927 la dénomination de Société des huileries de Roubaix et d’Odessa, avec pour directeur M. Ego.

 

Document archives municipales
Document archives municipales

En 1939 la raison sociale de l’entreprise change et devient les Huileries Darier de Rouffio, huiles comestibles. En 1953, nouveau changement : on trouve maintenant au 121 la société Chimie dans l’agriculture (Y. Dubois) et la société Lestarquit. S’y ajoutent en 1965 France pigments et les transports Wenderbecq et fils, transporteur. En 1973, on ne trouve plus que Y. Dubois, fabricant cette fois ci des aliments, et les transports Wenderbecq. S’y adjoignent en 1979 les SARL Omnico et Taquin, puis en 1981 Hyperemball, une société d’emballage.

 

L'usine en 1965 – Document IGN
L’usine en 1965 – Document IGN

La société des huileries de Roubaix et d’Odessa se préoccupe très tôt de son approvisionnement en matières premières et de l’expédition de sa production : on trouve trace d’un projet de raccordement ferroviaire avec le quai de Marseille, daté de 1920, et non abouti. La voie aurait traversé des terrains appartenant à la société pour accéder au quai. Finalement, la direction opte pour un raccordement à la voie menant à la gare du Pile. La voie traverse par une courbe serrée la rue d’Alger, pour rejoindre la voie de la compagnie des chemins de fer du Nord en traversant les emprises de la société Amédée Prouvost. Ce raccordement est déjà visible sur les photos aériennes de 1932.

 

Le raccordement prévu avec le canal - Document Archives municipales 1920
Le raccordement prévu avec le canal – Document Archives municipales 1920

Par ailleurs, on pouvait remarquer jusqu’à une époque récente un ouvrage militaire fortifié en béton dépassant le mur d’enceinte de l’usine à côté de son issue s’ouvrant rue de Cartigny et empiétant sur cette même rue. Il apparaît que cette casemate, qui n’apparaît pas sur les photos anciennes, a été construite lors de la dernière guerre, sans doute à l’instigation de l’occupant allemand.

 

La casemate de la rue de Cartigny – document IGN
La casemate de la rue de Cartigny – document IGN

 

La rue Turgot

Elle reprend le tracé du très ancien chemin de Tourcoing, classé en première place dans le recensement préfectoral des chemins vicinaux pour Roubaix en 1823. Ce chemin y est décrit comme se terminant « près du cabaret de l’Union ». On le voit sur le plan cadastral du consulat passer à peu de distance de l’ancienne ferme du Fontenoy. Le cadastre de 1845 nous le montre partiellement construit, alors qu’on ne trouve pratiquement plus de terrains non bâtis dans celui de 1884 : Les entreprises se partagent la partie nord, proche du canal, et les maisons individuelles se cantonnent à la partie sud.

La viabilisation de l’ancien chemin prend très longtemps, en particulier dans sa partie nord : En 1863, une pétition est envoyée par les riverains. Ceux-ci demandent le pavage du tronçon situé entre la ferme Delcroix (au coin de l’actuelle rue Meyerbeer) et le lieu-dit l’Union, alors que la partie plus vers le centre de Roubaix est déjà pavée « depuis plusieurs années ».

Le chemin n°1 en 1845 - archives municipales
Le chemin n°1 en 1845 – archives municipales

Ce chemin était bordé de fossés à l’origine. Ceux-ci, au fur et à mesure des constructions, sont plus ou moins comblés, et l’écoulement des eaux se fait mal. Les riverains demandent la construction d’un aqueduc central en 1868, alors qu’on vient de tracer le canal qui forme désormais l’extrémité de la rue. Celle-ci est d’abord baptisée rue du Cul de Four, puis prend son nom définitif en 1871. Pourtant le pavage n’existe toujours pas partout ; il est défoncé et peu praticable là où il existe.

Dans les années 70, on se propose de porter la largeur de la rue à 12 mètres sur tout son parcours et on publie à cet effet un plan d’alignement. En attendant, les habitants se plaignent de « l’état d’insalubrité » de la rue, les fossés servant de « dépôts d’immondices de toutes espèces ». On vise notamment l’usine à gaz et l’entreprise Auguste Morel, qui y déverseraient leurs effluents. Pour faire avancer les choses, les riverains proposent en 1875, alors que va s’installer l’école de natation, de participer pour moitié aux frais d’installation de l’aqueduc, de poser les bordures de trottoir en suivant l’alignement, et à compléter le revêtement de la chaussée sur ses accotements.

Document archives municipales
Document archives municipales

 

Enfin, le service de voirie prépare un projet pour la construction de l’aqueduc en 1876. Les travaux sont mis en adjudication. M. Charles Larnou est chargé des travaux, qui sont finalement réceptionnés en 1884.

La rue est, dès le départ, très commerçante, en particulier dans sa partie sud. En 1895, pratiquement chaque rez de chaussée est un commerce, et on trouve en particulier de nombreux estaminets.

Deux estaminets de la rue, avant la première guerre – documents médiathèque de Roubaix
Deux estaminets de la rue, avant la première guerre – documents médiathèque de Roubaix

Par contre, le côté impair et la partie nord est dévolue aux entreprises: l’entreprise Morel (huiles et graisses), l’usine à gaz, et, près du canal, le peignage de l’Union, installé de chaque côté de la rue. Cette usine restera dans le domaine du textile, même si l’enseigne change ensuite : filature, puis retorderie et enfin bonneterie.

Cette rue a abrité également un école de garçons, dont le bâtiment, reconverti ensuite, existe encore aujourd’hui, et l’école de natation, qui, alimentée par les eaux du canal, a fermé ses portes à l’ouverture de la piscine de la rue des Champs.

 

document IGN 1962
document IGN 1962

Sur la photo aérienne, nous retrouvons notre rue limitée en bas à gauche par le quai de Gand et en haut à droite par la rue St Vincent. On voit que, du côté pair les installations industrielles prédominent, dont l’usine à gaz et ses réservoirs.

Mais la rue a subi une transformation complète dans la dernière partie du 20ème siècle : pratiquement toutes les constructions sont démolies pour être remplacées par des bâtiments modernes, certains terrains restant encore pour l’instant en friche. On a peine à retrouver des traces du passé de cette rue…

 

Photos Coll. particulière
Photos Coll. particulière

Des H.B.M. aux Hauts Champs

A la fin des années 20, le logement reste un problème à Roubaix. Les constructions, arrêtées entre 1914 et 1922 accusent un sérieux déficit. La population continue à augmenter et les taudis abondent. Le journal de Roubaix, en 1925, s’inquiète de cette crise du logement, et présente les premières réalisations de l’office municipal d’habitations à bon marché, maisons individuelles et immeubles collectifs.

Le Journal de Roubaix – 1925
Le Journal de Roubaix – 1925

Mais d’autres organismes se préoccupent également de ce problème et notamment la Maison Roubaisienne, société anonyme coopérative d’habitations à bon marché, dont le siège est situé 3 rue de l’hôtel de ville, propose à la ville un projet de lotissement sur une superficie de 1 hectare 95 situé derrière l’usine de velours Motte-Bossut. Ces terrains, limités par les rues Leconte-Baillon (qui prendra à cet endroit le nom de Jean-Jacques Rousseau, Beurnonville (future rue Emile Zola), Jules Michelet et du Chemin vert, appartiennent pour une bonne part aux consorts Descats, eux-mêmes héritiers Leconte-Baillon. Le lotisseur prévoit la vente de ces maisons individuelles aux acquéreurs : Monsieur Hache, le directeur de cet organisme, écrit en 1929 à la mairie que ces immeubles « sont destinés à devenir la propriété d’un certain nombre de mutilés et de fonctionnaires… ».

L'ensemble du lotissement – photo IGN 1962
L’ensemble du lotissement – photo IGN 1962

Dès 1928 la société, par la voix de son directeur, demande, prévoyant le drainage du quartier, l’autorisation de construire un aqueduc rue de Beurnonville à partir de la rue de Lannoy, puis la participation de la ville pour financer ces travaux. La rue de Beurnonville est alors une voie particulière, à peine tracée, puisque la société demande l’alignement à suivre pour creuser l’aqueduc.

Plusieurs types de maisons sont prévus, dont la taille et l’aspect diffèrent :Les alignements sont constitués de maisons de type E. à 1 étage (2 chambres) ou 2 étages (3 chambres). Leur plan est très classique : au rez de chaussée, un couloir latéral empiétant sur une première pièce (salon) ; puis, une pièce plus grande avec l’escalier placé dans l’alignement du couloir. Au fond une cuisine, précédant les Wc et une salle de bains. Le long de la cuisine, une cour. Au premier, deux chambres. Au second, lorsqu’il existe, une chambre supplémentaire et un grenier. Le Wc ouvre sur la cour, suivant la réglementation de l’époque.

 Plan et coupe d'une maison de type E à deux étages.

Plan et coupe d’une maison de type E à deux étages.

Ces maisons ont soit une, soit deux fenêtres au premier, selon le sous-type pour celles à un seul étage. Celles à deux étages n’ont toujours qu’une seule fenêtre :

Variantes de maisons de type E – photos Jpm
Variantes de maisons de type E – photos Jpm

A l’extrémité de ces alignements, on trouve parfois des maisons au toit à trois pentes de type C. Elles sont plus vastes que les autres, la porte centrale étant encadrée de deux fenêtres. On peut les trouver également combinées par blocs de deux. Ce type offre trois chambres à l’étage, dont une très grande. Ici, le Wc est placé à l’intérieur, dans la salle de bains :

 

Maison de type C – photo Jpm
Maison de type C – photo Jpm

Mais l’extrémité des alignements est le plus souvent constituée d’un type A, dont l’entrée forme un décrochement, type qu’on rencontre aussi assez souvent combiné par blocs de deux. Ce type de maison présente deux variantes, l’une présentant des murs de brique, l’autre revêtue de ciment.

Maisons de type A en bout d'alignement et en bloc de deux – photos Jpm
Maisons de type A en bout d’alignement et en bloc de deux – photos Jpm

Le second type présente également des différences en ce qui concerne les fenêtres, celle du rez-de chaussée est décalée vers le pan coupé et se prolonge sur celui-ci par une fenêtre supplémentaire.

Type A ciment en bloc de deux – photo Jpm
Type A ciment en bloc de deux – photo Jpm

Ce type offre un espace appréciable, une grande salle commune séparée par des portes battantes d’un salon sur la rue, un vestiaire, une salle de bains et une cuisine au rez de chaussée, trois chambres à l’étage. Le Wc est à l’extérieur, derrière la maison.

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Les travaux de viabilisation faits, la société se préoccupe de bâtir. En 1929, elle dépose un premier dossier pour la construction de 60 maisons. Le directeur des travaux municipaux donne un avis favorable et prévoit de revêtir les chaussées de Tarmacadam. Le conseil municipal accepte la construction et M. Gaston Duburcq, rue Inkerman est nommé commissaire-enquêteur pour mener l’enquête commodo et incommodo.

L’année 1930 voit aboutir à la mairie une autre demande pour la construction de 2 maisons type A1 rue de Beurnonville, ainsi que celle de 26 maisons rue Leconte-Baillon (J.J. Rousseau) : 3 type A1, 11 type E3, 6 type E2, 6 type E1. L’année suivante, la société envoie un dossier de construction pour 37 autres maisons rues de Beurnonville et d’Epinoy, comprenant 3 type C, 3 type A1, 4type E1 et 27 type E3. Toujours la même année, une demande complémentaire pour 78 maisons supplémentaires rue d’Epinoy et Zola, « ayant obtenu un nouveau prêt de la caisse des dépôts… ».

Elle dépose enfin en 1935 un dossier pour la construction de 15 maisons dans les rues Michelet et Zola, comprenant 6 type A1 et 9 type E3.

Une disposition typique : maisons basses encadrant un bloc de deux étages – photo Jpm
Une disposition typique : maisons basses encadrant un bloc de deux étages – photo Jpm

La consultation d’un Ravet-Anceau d’avant-guerre nous indique une population modeste avec en majorité, des employés (34 % et ouvriers (19%), un nombre important de fonctionnaires (17,5%), dont un nombre significatif d’agents de police, quelques commerçants et quelques retraités.

Si les fonctionnaires ne constituent pas la majorité des habitants, cet opuscule n’indiquant pas l’état de santé de la population, il est difficile d’assurer que les mutilés qu’avait prévus la Maison Roubaisienne sont bien présents en nombre significatif dans le lotissement…

La rue L. Loucheur, constituée uniquement de maisons doubles – photo Jpm
La rue L. Loucheur, constituée uniquement de maisons doubles – photo Jpm
Les documents proviennent des archives municipales.

Le 104 boulevard de Fourmies

En 1946, Monsieur et Madame Delplace, propriétaires d’une papeterie-imprimerie située 48 avenue Jean Lebas, décident d’ouvrir un deuxième magasin. Leur choix se porte sur un ancien café situé au coin du boulevard de Fourmies et de la rue Puget, tout à côté de l’usine Dazin-Motte. Ce commerce, sans doute le plus ancien de la rue, était un estaminet en 1898, tenu par H. Dubron, et c’est la seule maison individuelle recensée dans le Ravet-Anceau cette année là. Ce commerce va ensuite évoluer et devenir une boutique de vannier en 1936, puis un commerce de meubles en 1939. En s’installant à cet endroit après la guerre, la famille trouve – vestige de l’estaminet – une bourloire dans la cour, le long du mur de l’usine.

La papeterie en 1946
La papeterie en 1946

 En 1946, la façade est dans son état d’origine. On distingue à droite le mur d’enceinte de l’usine Dazin-Motte. A droite, le terrain formant le coin de la rue Puget est fermé par une clôture de ciment. La boutique vend de la papeterie, des registres, des articles de bureau, des fournitures scolaires. Assez tôt, on associe à tout cela la vente de jouets éducatifs. Au début, le magasin est tenu par une des filles du couple, toute jeune, pendant que ses parents continuent à officier avenue Lebas, tout en logeant boulevard de Fourmies. Au bout de quelques années, ils laisseront l’ancien commerce de la rue de la gare à une autre fille, pour venir diriger le magasin du Nouveau Roubaix.

L'intérieur du magasin
L’intérieur du magasin

Le commerce évolue graduellement et se transforme. On commence par y vendre des journaux et des magazines. Par la suite, y trouve de plus en plus des jouets et la place manque pour exposer . On commence par agrandir la vitrine. Cette nouvelle vitrine intègre une porte en verre, et sa partie haute permet de présenter aux passants les jouets volumineux.

La deuxième vitrine
La deuxième vitrine

Mais la place manque encore. La jeune fille se marie et on construit, dans les années 50, le long de la rue Puget une maison pour loger les parents, et, sur le coin, un bâtiment bas qui permet d’augmenter la surface du magasin. A la même époque, on modifie la vitrine qui recule pour augmenter la surface d’exposition. Le renfoncement, offre aussi la possibilité d’exposer de la marchandise supplémentaire dans des présentoirs mobiles. On voit sur la photo des sacs à main ce qui montre que le commerce s’étendait également à la maroquinerie.

La nouvelle vitrine en retrait de la rue
La nouvelle vitrine en retrait de la rue

Par ailleurs, Mme Delplace fait creuser une ouverture sur le sous-sol, qui lui permet d’exposer les voitures d’enfants en contrebas. Un escalier permettait aux clients d’aller examiner ces objets de plus près. La vitrine du bâtiment bas formant le coin prend toute la surface possible, tandis que le magasin s’étend à tout le rez-de chaussée à la fin des années 50. Le premier (ancien et nouveau bâtiment) étant dévolu au logement des différents couples.

Le bâtiment formant le coin.
Le bâtiment formant le coin.

Dans les dernières années, l’imprimerie, encore sise avenue Jean Lebas, vient s’installer au boulevard de Fourmies. M. Delplace installe alors son atelier sur l’emplacement de l’ancienne bourloire.

Ce commerçant s’y entendait en fait de publicité, et n’hésitait pas à décorer sa camionnette pour attirer l’attention des clients potentiels lors des fêtes :

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Leur fille quitte le commerce en 1964, mais celui-ci continue quelques années encore, tenu par les seuls parents. Puis, vient l’âge de la retraite et le commerce est fermé en 1974. Monsieur et Madame Delplace vont s’installer dans une ferme et déménageront tout le mobilier du magasin, comptoirs compris, dans la camionnette ! C’est enfin un cabinet médical qui ouvre à cet emplacement en 1978.

Le magasin, dans son état final
Le magasin, dans son état final
 Nous tenons à remercier la fille de la maison, qui a tenu le commerce de longues années, et grâce aux souvenirs et aux documents de qui cet article a pu être réalisé.

 

 

 

 

 

 

La briqueterie des Hauts Champs

Le Ravet-Anceau de 1900 nous présente, sous la rubrique fabricants de briques, la société Delecourt frères, située 50 boulevard de la République. Sont-ce ces mêmes frères qui prennent ensuite leur essor chacun de son côté ? Toujours est-il qu’à partir de 1925 apparaît au 47 rue de l’Amiral Courbet le siège social de la société Alfred Delecourt, installée jusque là à Rosendaël, près de Dunkerque. Cette société, spécialisée précédemment dans les briques silico-calcaires, voisine alors dans le Ravet-Anceau avec une autre société, celle d’Alphonse Delecourt et fils qui possède plusieurs briqueteries dans la métropole lilloise. Y a-t-il un rapport familial entre tous ces Delecourt, briquetiers ?

La raison sociale de l’entreprise de la rue de l’Amiral Courbet devient vers 1930 Alfred Delecourt, fils et gendre, alors que son activité s’exerce sur la plaine des Hauts-Champs, ainsi que l’attestent les photos aériennes de l’époque.

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L’entrée de l’entreprise s’ouvre face à la rue du chemin vert, et dans son prolongement. Elle comporte un vaste bâtiment servant de four pour cuire les briques, surmonté d’une haute cheminée, et d’un grand nombre de séchoirs, disposés parallèlement les uns aux autres et constitués d’une simple toiture, sous laquelle sèchent les briques récemment moulées. On extrait l’argile des terres environnantes grâce à un système mécanique de chaînes de godets qui raclent la surface supérieure du sol. Des wagonnets parcourent les emprises pour transporter les terres extraites et les amener à l’atelier de moulage des briques.

La briqueterie en 1947 – document IGN
La briqueterie en 1947 – document IGN

Tout ceci formait un ensemble imposant qui couvrait une bonne partie du quartier. Sa production a certainement été employée au début des années 30 à la construction des immeubles HBM et de l’église Sainte Bernadette qu’on voit au premier plan sur la photo suivante, datant de 1956, et sur laquelle on distingue les bâtiments de la briqueterie, et sa haute cheminée :

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Nord Matin, dans un article de 1951, nous présente cette entreprise. L’article précise que la société aurait été fondée en 1892 rue de l’Union (?). On y apprend qu’elle est dirigée depuis de nombreuses années par M. Camille Verkest, que les séchoirs représentent une surface de 12000 mètres carrés, et que la production de l’usine est de 30 000 briques par jour.

Vue générale de l'usine et détail d'un séchoir – Photos Nord Matin
Vue générale de l’usine et détail d’un séchoir – Photos Nord Matin

L’activité de la briqueterie ne dépassera pourtant pas la fin des années 50 : les années qui suivent vont voir la construction des grands ensembles qui constituent aujourd’hui le quartier, et notre briqueterie va être démolie progressivement pour faire place à ces immeubles qui, commençant par l’enserrer, vont finalement l’investir entièrement.

Photos IGN
Photos IGN

Pendant une période transitoire, les activités de la briqueterie sont arrêtées et la société place un gardien pour éviter que les enfants des premiers immeubles construits ne s’approprient les lieux. Peine perdue, et nombreux sont les témoignages de jeux dangereux sur les emprises de l’entreprise: les wagonnets sont pris d’assaut, ainsi que les trous provoqués par l’extraction, désormais remplis d’eau ! Finalement, les constructions rasées et les remblais effectués, la construction du nouveau quartier se poursuit.

L’ancienne briqueterie dans le nouveau quartier

Les autres documents proviennent des archives municipales.

L’ entreprise Cordonnier

Venant de la rue de Mouvaux, et à gauche de la rue, passés quelques commerces et maisons particulières, les établissements Cordonnier s’étendaient sur un vaste terrain circonscrit par les rues de Mouvaux, Boucher de Perthes et la voie ferrée.

Ils étaient constitués de deux bâtiments hauts, placés l’un sur la rue du Luxembourg, l’autre le long de la voie ferrée. Deux autres ensemble d’ateliers étaient situés le long de la rue de Mouvaux d’une part, et de la rue Boucher de Perthes d’autre part.

Les anciens établissements Cordonnier en 1962. Document IGN
Les anciens établissements Cordonnier en 1962. Document IGN

L’usine, qui figure déjà dans le plan cadastral de 1884, a pour adresse le 7 de la rue de Mouvaux et figure sous les noms de Louis Cordonnier, fabricant et filateur en 1886 , Louis Cordonnier frères et Léon Screpel, fabricants de tissus en 1895. Ce n’est qu’en 1906 qu’elle apparaît au 15 du la rue du Luxembourg, mais la raison sociale a changé entre-temps : on trouve en effet mention de Masurel-Leclercq, tissage mécanique, puis G. Masurel-Leclercq et fils.

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On la retrouve ensuite sous le nom de filature Lepoutre et Cie en 1914, alors que figure au 5 rue de Mouvaux la société anonyme de tissage, anciens établissements Cordonnier, puis société des anciens établissements Cordonnier, filature de laines peignées. Cette entreprise voisine en 1953 avec la société anonyme Manulaines (laines peignées) au numéro 9. Les différents bâtiments semblent avoir abrité plusieurs activités (au moins filature et tissage).

A près guerre, réside au 15 rue du Luxembourg le dépôt de la SARL des anciens établissements Cordonnier. A partir de 1961 s’installe au numéro 21, partageant les locaux de cette entreprise, la société Westaflex-France, qui fabrique des tuyaux souples, ainsi que, vers 1965, la société logique de l’Electronique (SOCAP Electronique).

Cette dernière société fait place à Westaflex en 1970. Dans une partie de l’usine s’installe en 74 G Devilder, négociant en déchets textile, remplacé en 1979 par G Losfeld, fromager en gros. A cette époque, Cordonnier et Westaflex figurent toujours au Ravet-Anceau à cette adresse.

En 1984 ne restent plus dans l’ancienne usine que Losfeld et Westaflex. On trouvera sur le site, après leur fermeture, les restos du cœur. Le bâtiment le long de la rue de Mouvaux, lui, deviendra un garage (voitures italiennes, puis japonaises) avant d’être démoli assez récemment. (L’exposition des voitures se faisait face à la rue de Mouvaux).

Document Nord Eclair 1990
Document Nord Eclair 1990

La tour située près du chemin de fer a brûlé un 14 juillet au début des années 70, et a disparu. L’autre, celle donnant sur la rue du Luxembourg, est utilisée comme garde-meubles sous l’enseigne de Liberty Box. Tous les bâtiments qui longeaient la rue de Mouvaux ont finalement été rasés, et ont fait place à une pelouse.

Cliché collection particulière.
Cliché collection particulière.

 

Les autres documents proviennent des archives municipales.