La gare de débord de l’Allumette

En 1906, la gare annexe de marchandises, construite depuis peu près du quai de Calais, à l’emplacement de l’actuel quartier de l’Union, traite les transports par wagons complets. Mais, faisant état de difficultés d’accès à cette gare, une pétition de commerçants et de transporteurs des quartiers du Fresnoy et de la Mackellerie réclament une gare de débord plus accessible au camionnage. Ils proposent pour accueillir ces installations, le lieu-dit l’Allumette, près de la halte du même nom, à peu de distance de la gare principale. La rue du Luxembourg permettrait d’accéder commodément à cette gares, située à son extrémité. Ils adressent une pétition à l’ingénieur en chef du service de l’exploitation des chemins de fer du Nord.

Document Archives municipales - 1899
Document Archives municipales – 1899

Cette demande des usagers potentiels est accompagnée d’un tableau précisant pour chaque signataire le nombre de wagons prévus. Ce nombre est variable selon les entreprises, allant de 500 wagons annuels pour Carette-Duburcq à 25 pour la société des glacières et 20 pour la brasserie des débitants réunis.

Le maire de Roubaix appuie cette demande auprès de la compagnie de chemins de fer. Celle-ci prépare un pré-projet et évalue la dépense à un total de 220 000 francs, dont 87 000 pour l’achat des terrains. La compagnie en prendrait la moitié à sa charge. La part de la ville se monterait donc à 110 000 francs, quelle pourrait financer grâce à un emprunt remboursable en 50 ans couvert par une taxe prélevée sur chaque wagon complet transitant par la gare de l’Allumette. On chiffre à 2400 wagons dès la 1ere année le nombre de wagons concernés. Certes, la somme encaissée dans ce cas couvrirait à peine les intérêts de l’emprunt, mais on espère un accroissement du nombre de wagons au fil des années.

Le projet – document archives municipales
Le projet – document archives municipales

La gare de débord doit être desservie par une voie de service qui longe les voies principales depuis la sortie de la grande gare de Roubaix. Prévue pour recevoir 60 à 70 wagons à la fois, elle comportera deux séries de voies parallèles, l’une le long des voies principales encadrée d’aiguilles permettant les manœuvres, l’autre, en tiroir, un peu plus loin. Entre ces deux paires de voies, un espace permettant le déchargement. Une voie supplémentaire, desservie par un pont tournant, pourrait être rajoutée (tracé en pointillés). Le projet précise que les marchandises seront « chargées et déchargées à découvert par les soins et aux risques et périls des expéditeurs et des destinataires ».

Le conseil municipal adopte cette proposition en 1907. Le projet est envoyé pour approbation au ministre des travaux publics. Mais, en 1909, le ministère de l’intérieur s’oppose au prêt sur 50 ans, limitant la durée maximale à 30 ans, ce qui augmentera la somme à rembourser chaque année. La municipalité, pensant que les taxes générées seront suffisantes pour couvrir ce montant, accepte la solution préconisée. La déclaration d’utilité publique est publiée cette même année. On décide de solliciter le prêt auprès de la caisse Nationale des retraites pour la vieillesse.

 

Document archives municipales
Document archives municipales

Les travaux durent deux ans et se terminent en 1911. Des pétitionnaires déplorent cet atermoiement, accusant la compagnie de n’apporter qu’un zèle modéré à la réalisation et à la mis en service, alors que la mairie doit payer de sa poche le prêt qui cour, sans entrée de taxes en contrepartie.

Toujours en 1911, la compagnie des mines d’Ostricourt, dont l’agent à Roubaix est E. Lecomte-Scrépel et Cie, rue du grand chemin, se porte acquéreur d’un terrain rue du Luxembourg pour profiter des installations de la gare de débord, et demande à la compagnie la pose d’un embranchement particulier. Elle offre un prix forfaitaire de 600 francs par an. Le conseil municipal accepte.

Document archives municipales
Document archives municipales

 Le maire demande l’ouverture de la gare. Cette ouverture a lieu le 20 décembre. Le premier wagon parvient à l’embranchement des mines d’Ostricourt au mois d’Août 1912. En1923 la surtaxe produit 1280 francs en janvier, ce qui permet de penser que le remboursement du prêt n’offre pas de problème pour la ville. Les diverses photos aériennes de la gare de débord montrent d’ailleurs toutes une activité importante.

La gare de débord et l'embranchement des mines d'Ostricourt – Photos IGN 1962
La gare de débord et l’embranchement des mines d’Ostricourt – Photos IGN 1962

Cette gare de débord sera finalement victime à la diminution et au transfert sur route du fret. Fermée, elle est aujourd’hui remplacée par un rond-point. Signe des temps ?

Photo IGN - Géoportail
Photo IGN – Géoportail

 

 

 

On construit au Galon d’eau

Après les premiers efforts de l’Office municipal d’habitations à bon marché, les autorités continuent à se préoccuper du logement social, visant la résorption de l’habitat insalubre surtout représenté à Roubaix et Tourcoing par des courées et des forts. Le consortium textile projette de son côté dès 1925 la création de cités jardins. La guerre survient, qui n’arrête pas néanmoins la mise au point de projets. Dès 1943 on fonde le Comité Interprofessionnel du Logement, partant de l’idée que l’état et les collectivités locales ne peuvent à eux seuls tout faire, mais qu’il faut leur allier l’initiative et le financement privés.

Le CIL se propose d’associer les entreprises au financement de logements neufs. Celles-ci verseront une cotisation et une allocation logement proportionnelle au loyer. A partir de 1946, cet organisme devient paritaire et inclut les organisations ouvrières. Le but du CIL est la création de « cités jardins », constituées soit de maisons individuelles possédant un jardin, soit de collectifs insérés dans des parcs verdoyants. On considère en 1945 qu’il y a 12000 logements insalubres à faire disparaître.

Documents Journal de Roubaix 1944 - La Voix du Nord 1945
Documents Journal de Roubaix 1944 – La Voix du Nord 1945

Le bureau d’études du CIL, dirigé par M. Magnan, prépare des plans, mais la réalisation se fera par l’intermédiaire de sociétés d’habitations à bon marché. On constitue à cet effet une société « le toit familial de Roubaix-Tourcoing ». Au programme 1947-1948 figure notamment la construction de 118 logements au Galon d’eau, sur le site de l’usine Allart, fermée en 1935, et dont la démolition a lieu juste avant et pendant la guerre. Le terrain désormais libre entre la place Nadaud et le boulevard Gambetta, on commence par élargir la rue Nadaud pour lui donner la même largeur que les boulevards de Strasbourg et de Colmar qu’elle va relier.

La place Nadaud – avant et après – photos coll. Particulière et archives municipales
La place Nadaud – avant et après – photos coll. Particulière et archives municipales

La réalisation ne traîne pas et les nouvelles constructions commencent à s’élever. On construit des immeubles en formant trois U, un bâtiment s’étendant tout le long de la grand-rue, sur laquelle s’ouvrent 4 commerces. Ces immeubles, bâtis en briques rouges, possèdent un toit à quatre pentes, et constituent un modèle qu’on retrouvera dans les réalisations qui vont suivre, Potennerie, Pont Rouge, …

Photo IGN 1962
Photo IGN 1962

En 1950, 64 logements sont déjà occupés : en novembre 1949, les locataires ont demandé à emménager tout de suite, malgré l’absence des raccordements eau-gaz-électricité. En contrepartie, le CIL diffère la facturation des loyers. Celui-ci sera calculé pour ne pas dépasser le dixième des ressources des ménages.

 

Photo La Voix du Nord
Photo La Voix du Nord

 Les appartements, « où l’épouse attend dans un cadre reposant le mari rentrant de sa journée de travail » (dixit Nord Matin), sont modernes, bien aérés, et bien ensoleillés. Un concierge prendra prochainement son poste. En 1953, ce sera E. Della Vedova, qui habitera le numéro 1, porte D, sur la grand rue. Les magasins ouvrent leur porte. Parmi les commerces installés grande rue, une blanchisserie modèle, à l’instar de celles existant en Amérique. La SARL « Les lavoirs automatiques français » dénommée la « buanderie collective » par Nord Matin en 1950. C’est ainsi que s’installent la crèmerie Spriet, Poucinet layettes, Catteloin, modes. On y trouvera longtemps le magasin d’électroménager Electrolux.

La cité juste après la construction – document archives municipales
La cité juste après la construction – document archives municipales

Le printemps arrivant, on plante la végétation en avril 50, alors que cent logements sont déjà loués. Les jardins, sans avoir les dimensions des parcs de la Potennerie et du Pont Rouge, agrémentent néanmoins l’aspect du lotissement. Ils sont constitués de pelouses ombragées de peupliers. Ce jardin est le domaine des enfants, nous dit Nord Matin.

 

Photo Nord Matin 1951
Photo Nord Matin 1951

 On crée une zone verte en forme de croissant prise sur le boulevard Gambetta dont on remanie le tracé. Cette zone, elle aussi, plantée d’arbres, fait suite au jardin public situé près du pont Nickès.

Document coll. Particulière.
Document coll. Particulière.

 

 

 

 

 

Des sabots à la SARL

Photo La Voix du Nord - 1975
Photo La Voix du Nord – 1975

En 1869 a lieu le mariage d’Amédée Papillon, employé de commerce, et domicilié rue de la Gaîté, et de Lievène Thomas.Deux ans après le mariage leur naîtra un fils, Eugène. Le couple fonde alors un commerce de sabots au 146 de la rue de Lannoy, juste après la rue Decrême. Ils resteront à cette adresse jusqu’après 1891, puis déménagent avant 1894 pour installer leur négoce au 164 de la même rue, sur un terrain encore resté libre.

A cent mètres de là, Alfred Bonte tient en 1891, avec son épouse Désirée Platel, une épicerie située au 179, futur emplacement des galeries Maman Louise. Le couple, marié en 1870, donne naissance à une fille Marie. Après le décès du chef de famille en 1890, sa veuve reprend l’épicerie, qu’elle ne cède que vers 1900. Elle se retirera ensuite au 45 rue Ste Therese.

Ces deux familles se rapprochent en 1897, à l’occasion du mariage d’Eugène Papillon et de Marie Bonte, mariage qui fait l’objet d’un contrat, délivré par maître Vahé. Eugène est alors, comme son père, négociant en chaussures. Ils auront trois enfants, Suzanne, Lievin, et Louise, et prendront plus tard chez eux la mère de Marie, Désirée Platel, qui quitte la rue Ste Therese. Le couple reprend le commerce de chaussures des parents d’Eugène.

Sur ces entrefaites, en 1901, l’architecte Achille Dazin demande un permis de construire au nom de Eugène Papillon-Bonte au 167, sur l’autre trottoir. Le plan de ce bel immeuble très orné inclut à droite un magasin dont la vitrine comporte une double porte. La demande est renouvelée en 1910, la propriété s’étendant jusqu’à la rue Beaurewaert.

Document archives municipales - photo Jpm
Document archives municipales – photo Jpm

En 1913 le Ravet Anceau indique au 167 Papillon-Bonte, chaussures en gros. Le 164 est repris par une maison de vente à crédit.

Dans les années 30, Eugène Papillon fils, représente la deuxième génération pour l’entreprise. En 1933, il crée derrière le magasin la première usine de pantoufles à semelles vulcanisées de France, les « pantoufles du Docteur Bontemps ». En 1939, on trouve dans le Ravet-Anceau au 167 Papillon-Bonte, négociant, et au 167 bis anciens établissements Papillon-Bonte, E. et A. Papillon, fabricants de chaussures, l’adresse étant partagée avec un garage. La mairie reçoit une demande pour agrandir les ateliers. L’entreprise est également propriétaire des numéros 169 et 171. L’usine est de nouveau agrandie en 1947.

1947-96dpiDans les années 40, un second magasin ouvre ses portes, toujours rue de Lannoy par l’absorption des chaussures Dolly, magasin installé au 20, au coin de la rue de la Tuilerie, ainsi qu’un autre , au 6 et 8 avenue Jean Lebas à l’enseigne Deflou.

Photos La Voix du Nord et médiathèque de Roubaix – documents coll. particulière
Photos La Voix du Nord et médiathèque de Roubaix – documents coll. particulière

 Papillon-Bonte ouvre également un magasin Grand Place à Tourcoing. En 1956, l’usine de caoutchouc ferme, mais l’entreprise continue à grandir : en 1960, on ouvre Grand Place à Roubaix le premier magasin dédié aux enfants. Les magasins Chauss’Mômes se multiplient dans la région. Le nombre de magasins s’accroît dans différentes villes.

Mais le magasin du numéro 20 rue de Lannoy est exproprié lors de la démolition de l’îlot Anseele. Il est réinstallé ans un premier temps au Lido.

Photos la Voix du Nord et Nord Eclair
Photos la Voix du Nord et Nord Eclair

L’un après l’autre tous les magasins installés à Roubaix ferment pour des raisons diverses. Le siège social s’installe à Marcq. C’est maintenant la quatrième génération de Papillon qui est aux commandes de la société. Les magasins continuent à se multiplier, mais, peut-être pour l’instant, pas à Roubaix.

Le magasin grand rue – photo Delbecq archives municipales
Le magasin grand rue – photo Delbecq archives municipales

 

 

 

 

 

Circulation dans les quartiers sud

Les rues de Roubaix ont été initialement revêtues de scories, puis empierrées. A l’usage, cela créait des fondrières et la boue était défavorable à la circulation. Au fur et à mesure, on pave les chaussées, souvent d’abord par une bande centrale sur 3 mètres de large, puis, pour les plus utilisées, sur toute la largeur. On passe ensuite au tarmacadam. En contrepartie, ces améliorations ont pour conséquence l’augmentation de la vitesse des véhicules, et celle du nombre d’accidents.

L’avenue Delory illustre bien cette tendance. A partir de 1950, on la revêt en tarmacadam, sauf le long de la ferme Gourguemez, en prévision du chantier de la cité du Maroc. C’est ainsi qu ‘en 1956 on trouve toujours une zone fangeuse le long de la cité de Beaumont.

Photo Nord Eclair
Photo Nord Eclair

Tous ces travaux se terminent en 1957. 1960 voit l’aménagement d’îlots directionnels aux carrefours des rues Bernard Palissy et Henri Regnault. Mais, en 1963 est publiée une lettre ouverte de 120 familles habitant le long de l’avenue Delory dénonçant la circulation dangereuse, due au fait des «  afficionados de la vitesse, s’imaginant à Montlhéry ».

Le carrefour de la rue Henri Regnault – Document Nord Eclair 1961
Le carrefour de la rue Henri Regnault – Document Nord Eclair 1961

 Après étude, la municipalité va réagir par la pose de feux tricolores. C’est ainsi que seront équipés en 1965 les carrefours avec les rues Carpeaux, et Barbieux, en 1968 celui avec la rue Edouard Vaillant, et, en 1974 celui des rues Regnault-Fourrier. On poursuivra plus tard la lutte contre la vitesse sur cet axe par la limitation du nombre de bandes de circulation.

Photo archives municipales
Photo archives municipales

 Les autres grands axes ne sont pas en reste. On équipe également un peu plus tard les avenues Motte et Salengro. En 1967 sont traités les carrefours avec les rues Jean Jacques Rousseau et Leconte-Baillon, les rues de Lannoy et de Maufait. En 1969 suit le carrefour avec les avenues de Verdun et Van der Meersch, puis, en 1975 les rues Braille et Michelet.

Document Nord Eclair
Document Nord Eclair

Mais on n’en reste pas là et c’est, en 1978 le tour des carrefours avec les les rues Ingres, Marlot, ainsi que celui du boulevard de Fourmies.

Le carrefour avec la rue Léon Marlot - Photo archives municipales
Le carrefour avec la rue Léon Marlot – Photo archives municipales

 Les années 70 voient s’équiper tous les axes principaux des quartiers sud : en 1970 les carrefours des boulevards de Reims et de Mulhouse avec la rue de Lannoy, celui des rues Linné avec les rues Wante et Marlot. En 1975 l’intersection des rues Notte et Mongolfier, puis, en 1979 ceux des rues Notte et Paul Wante, ainsi que celle des boulevards de Reims et de Lyon, et de Lyon avec la rue Carpeaux.

Le coin du boulevard de Reims et de la rue de Lannoy – Photo Nord Eclair
Le coin du boulevard de Reims et de la rue de Lannoy – Photo Nord Eclair

Ainsi, en l’espace d’une quinzaine d’années, les quartiers sud s’équipent d’une signalisation visant à sécuriser la circulation. Celle-ci est toujours présente aujourd’hui, ce qui semble prouver son efficacité.

 

 

Années 50 : baby-boom et constructions scolaires

Dans les années 50, les quartiers sud vont être abondamment lotis. Cet afflux de population a pour corollaire la construction d’écoles primaires qui permettront d’absorber cet afflux d’enfants, lié au transfert de population venue d’autres quartiers, mais aussi à l’influence du baby boom. Les nouveaux lotissements sont construits sous l’égide du CIL, dans le but d’éliminer l’habitat insalubre.

Ces constructions débutent en 1950 par l’école Ste Bernadette, située dans un quartier où se mettent en place les chantiers des groupes Pigouche (45 maisons) et Carpeaux (54) sous l’égide de l’UMIC. L’école est construite sur l’emplacement de la vieille ferme de la Haie, appartenant à la famille d’Halluin et acquis en 1946 par la ville. Les bâtiments sont construits dans le style des maisons environnantes, récemment construites. Ils forment un L qui inclut l’ancien bâtiment d’habitation de la ferme servant aux religieuses.

L'école en 1983 - Photo Lucien Delvarre
L’école en 1983 – Photo Lucien Delvarre

1951 voit, rue de Condé dans le quartier du Pile, l’ajout de 3 classes aux 6 existantes et la construction d’un réfectoire, à la grande satisfaction de Mme Legrand, la directrice. Ces travaux s’expliquent par le fait qu’on prévoit 88 logements collectifs au square Destombes, tout proche, dont la construction démarre cette même année.

Photo Nord Matin 1951
Photo Nord Matin 1951

Après ces chantiers isolés, à partir de 1955 est mis en place un vaste plan de construction comportant plusieurs groupes scolaires, pour répondre au lotissement des nouveaux quartiers construits sur les zones restées libres.

Les premiers immeubles collectifs du quartier du Pont-rouge sont mis en chantier en 1950. D’autres constructions suivront à partir de 1953. On prévoit également un peu plus tard la construction du quartier des 3 ponts. Il faut scolariser toute cette nouvelle population, et l’on construit en 1955 un groupe scolaire comportant 16 classes à l’extrémité de la rue Julien Lagache, après l’hôpital et face à la vieille ferme Loridan. L’ouverture a lieu l’année suivante. Construite en plein champs, on l’appellera quelques années « l’école aux vaches », jusqu’à ce que les bâtiments s’implantent tout autour.

 

Le chantier à ses débuts. Photo Nord Eclair 1955
Le chantier à ses débuts. Photo Nord Eclair 1955

Pour répondre à la construction de la cité de débord, implantée dès 1950, et anticiper celle du quartier des Hauts Champs, qui s’élèvera à partir de la fin des années 50, on prévoit la construction du groupe Brossolette. La construction démarrera en 1956 et sera conduite en plusieurs phases successives pour arriver à un total de 38 classes.

Document la Voix du Nord 1956
Document la Voix du Nord 1956

Plus ponctuellement, apparaît une nouvelle maternelle au 225 de la rue de Leers. Mme Naye y sera directrice en 1968.

Photo Nord Eclair 1956
Photo Nord Eclair 1956

 Dans le quartier de Beaumont, où apparaissent également des lotissements de maisons individuelles, on élève un nouveau groupe scolaire, mais sur deux terrains proches pour des raisons de place disponible, toutes deux sur l’emplacement d’anciennes fermes (Leuridan et Cruque). On installe rue Edouard Vaillant l’école de filles et la maternelle (respectivement 4 classes, directrice Mme Brouart, et 3 classes, Mme Fourrage), et place du Travail l’école de garçons (directeur M. Godin).

Photo la Voix du Nord 1957
Photo la Voix du Nord 1957

A la Potennerie s’implantent au début des années 50 des collectifs. Dans le même temps s’ouvre en 1956 au coin des rues Jules Guesde et Dupuy de Lôme, sur une partie du parc, un ensemble scolaire comportant 10 classes de filles et 6 de maternelles. Il est inauguré en septembre 1956.

Document Nord Eclair 1955
Document Nord Eclair 1955

 En ce qui concerne l’enseignement privé, on construit à la même époque 4 classes supplémentaires à l’école St Michel rue Jouffroy.

Durant cette période, la municipalité fait donc un effort considérable pour s’adapter et faire face à l’afflux des élèves. Cet effort se poursuivra au cours la décennie suivante, mais dans une moindre mesure, l’essentiel étant réalisé.

Tous les documents proviennent des archives municipales.

 

Un dernier élargissement

Le coin de la grand rue et des rues de l’Hommelet et Pierre de Roubaix n’a pas fini d’être élargi : la pioche des démolisseurs va maintenant s’attaquer aux deux angles Est.

Le plan cadastral de1845 nous montre un bâtiment formant l’angle sud-est du carrefour. Il est composé de plusieurs propriétés, numérotées 134bis, 136 et 138 sur la grand rue, et 1 sur la rue du quai . Le 138 est prolongé parallèlement à la rue du quai par un bâtiment long qui forme un retour à angle droit pour rejoindre cette même voie, enserrant ainsi un terrain clôturé par un mur. La propriété porte les numéros 3 à 9 dans la rue.

Plan cadastral 1884
Plan cadastral 1884

Un article de la Voix du Nord publié en 1958 nous apprend que c’est justement au 138 qu’Eugénie Scrépel-Pollet transfère le magasin de pianos et instruments de musique qu’elle a ouvert en 1880 rue des Champs. Très vite, M. et Mme Marcellin Willot-Scrépel prennent une part active dans le commerce qu’ils reprennent rapidement. En effet, en 1893, monsieur Willot-Scrépel , négociant, domicilié au 70 boulevard de Strasbourg, est propriétaire du 138. L’enseigne affiche toujours néanmoins le nom de Scrépel-Pollet.

Il procède à des aménagements (installation d’une vitrine grand rue, et percement d’une grand porte et de fenêtres sur l’ancienne rue du quai, devenue rue Pierre de Roubaix.

Le magasin - Document médiathèque de Roubaix
Le magasin – Document médiathèque de Roubaix

Marcellin Willot-Scrépel était employé de commerce lors de son mariage avec Justine Scrépel-Pollet, fille de François Scrépel et de Marie Françoise Pollet. Leur gendre, Amand Lecat, les aide dans le commerce qu’il reprendra à son tour dans les années 30.

Il installe sur la rue Pierre de Roubaix des ateliers, car il fabrique également sa propre gamme d’instruments.

Les ateliers - Document médiathèque de Roubaix
Les ateliers – Document médiathèque de Roubaix

Très tôt, le commerce s’élargit par la commercialisation de machines parlantes, mais aussi de pianos automatiques à cylindres et et pneumatiques. L’entreprise suit les évolutions de près : avec l’avènement du pick up, on assiste à l’ouverture d’un rayon de disques. Apparaissent les premiers postes de radio ; l’enseigne a des relations suivies avec la maison Philips, dont elle deviendra distributeur officiel. On passera ensuite à la télévison et la Hi-fi, mais aussi à l’électroménager.

Documents journal de Roubaix
Documents journal de Roubaix

Durant cette période, les numéros 134 bis et 136, ainsi que le numéro 1 rue Pierre de Roubaix abritent encore d’autres commerces. On trouvera longtemps un estaminet au numéro 134 bis, un coiffeur au 136, une épicerie, puis une école de coupe au 1. cette situation dure jusque dans les années 50, où, finalement, Scrépel Pollet rachète les propriétés formant le coin.

En 1958, M. Francis Lecat étant responsable du commerce, la presse nous annonce l’ouverture d’un magasin agrandi et rénové, dont les vitrines ouvrent désormais sur les deux rues. L’inauguration réunit de nombreuses personnalités.

La nouvelle vitrine - Document Nord Eclair
La nouvelle vitrine – Document Nord Eclair

Le magasin s’agrandit encore au détriment des anciens ateliers de pianos rue Pierre de Roubaix. Les vitrines sont surmontées d’un bardage métallique reprenant le sigle stylisé de la société. La propriété s’étend désormais jusqu’au boulevard Gambetta.

Photo Lucien Delvarre
Photo Lucien Delvarre

En 1984 le magasin est repris par les établissements Leroy-Horinque. A cette même époque, les travaux de l’avenue des nations-unies avançant, supprimant le dernier tronçon de la rue de l’HOmmelet, et obligeant à un élargissement de la rue Pierre de Roubaix jusqu’au boulevard Gambetta. Le magasin, désormais frappé d’alignement, est démoli, ainsi que la belle maison située en face, de l’autre côté de la grand rue.

L'extrémité côté Gambetta. Photo la Voix du Nord
L’extrémité côté Gambetta. Photo la Voix du Nord

On reconstruit un nouveau magasin dans l’alignement, situé du côté du boulevard Gambetta.. Celui-ci changera de nom, la nouvelle enseigne arborant Leroy-Horinque, avant de disparaître victime de la concurrence des grandes surfaces. Il est désormais remplacé par un centre de remise en forme.

Les autres documents proviennent des archives municipales.

 

 

 

 

Un bol d’air dans le Beau Jardin

Près de dix ans après la démolition du cabaret de la Laiterie, le parc Barbieux manque d’animation. On évoque en conseil municipal l’installation d’une brasserie en novembre 1960, la création d’un centre de délassement en avril 1961. M. Horrent, rapporteur de la commission nommée à cet effet, remarque que « …la promenade pure et simple n’a plus l’attrait de jadis… » et déplore que le parc n’offre pas d’autres distractions. Il propose de créer des jeux pour enfants et adultes, ainsi qu’un établissement « attrayant et reposant » pour y « consommer en toute quiétude », et fait alors état de contacts avec la société anonyme « Loisirs et Sports », spécialisée dans ce domaine.

Cette société obtiendrait une concession de longue durée en échange de la construction des installations. La ville accorde cette concession pour une durée de quinze ans, et les travaux commencent très vite. Le maire de Roubaix inaugure les installations en juillet.

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Une première phase prévoit l’installation d’un embarcadère pour le canotage, des promenades en petit train et à dos d’animaux, et un établissement de consommation « pour l’attente et le repos ». On aménage les voies d’accès et les bords de l’étang, et on construit deux corps de bâtiments présentant un décrochement. Les barques sont installées et n’attendent plus que les plaisanciers. Une terrasse plantée de parasols prolonge les bâtiments.

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Cette première phase doit être complétée par deux autres, comprenant un golf miniature, une ou plusieurs salles de restaurant et de banquets, et des pistes de bowling.

Dans une édition de février 1962, la Voix du Nord salue le succès de l’établissement et annonce l’installation du golf miniature, l’extension des cuisines, et l’aménagement d’un sous-sol dans le bâtiment actuel. Le journal évoque par ailleurs la possibilité de construction d’un restaurant par la même société dans le centre du parc, près du kiosque à musique. Un bâtiment supplémentaire, présentant un deuxième décrochement est bâti dans l’alignement du précédent pour la saison 1962. Le golf miniature est installé près de l’embarcadère ; mais il n’est terminé qu’en fin de saison.

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En novembre de cette même année, on utilise le site pour des opérations de promotions : un défilé de modes, la présentation de la gamme Renault, avec, en vedette, la Floride…

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Les choses restent en l’état jusqu’en 1969, où on complète le centre avec une salle brasserie de 400 places. Le nouveau bâtiment est détaché du précédent. Placé le long de l’embarcadère, il en épouse la forme. Son ouverture a lieu fin juin, à temps pour la belle saison.

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Les documents proviennent d’une collection particulière, les journaux et délibérations des archives municipales.

 

 

 

On continue à dégager le carrefour

A peine les bâtiments des 1 et 3 rue de l’Hommelet sont-ils démolis, qu’on regarde en face, de l’autre côté de la grand-rue, où se trouvent tout une série de maisons vétustes qui gênent la visibilité des automobilistes. Ces bâtiments sont placés sur la grand-rue côté pair, juste avant la rue Pierre de Roubaix, et aux premiers numéros pairs de cette dernière voie. Sur le coin même, au 134 grand rue, se trouvait un estaminet, tenu en 1920 par Mme Vansteenkiste ; en 1939 on trouvait au 130 un marchand de légumes, et, au 134, un serrurier. Nord Eclair insiste en 1952 sur l’état de délabrement de ce bâtiment :

Photo Nord Eclair
Photo Nord Eclair

On remarque sur la photo, au premier plan, la maison qui vient d’être démolie au 1 rue de l’Hommelet, et, au troisième plan à droite, les premières maisons de la rue Pierre de Roubaix, des « basses toitures » également très anciennes, à qui l’administration n’a pas, non plus, l’intention de faire grâce. Tous ces bâtiments font un ensemble fermé autour d’une cour, qu’on trouve déjà sur le plan cadastral de 1804, cent cinquantenaires tout comme l’impasse St Paul, placée juste après entre les numéros 4 et 6.

 

Plan cadastral 1826
Plan cadastral 1826

 

On trouve dans les bâtiments bas au début de la rue Pierre de Roubaix jusqu’à la seconde guerre un estaminet, qui porte, au 2, l’enseigne « à l’encre noire » en 1895, et, au 4, une épicerie.

La décision d’abattre tous ces bâtiments est prise en conseil municipal, mais la réalisation se fait attendre. Deux ans plus tard, Nord Matin rappelle l’existence de cet ensemble qui continue à se dégrader :

 Photo Nord Matin
Photo Nord Matin

Ce rappel ne suffit toujours pas , et ce n’est que trois ans plus tard que l’entreprise Vandecastelle porte la pioche contre ces vénérables demeures.

Photo La Voix du Nord
Photo La Voix du Nord

Elles disparaissent donc en 1957, pour faire place à un parking ouvert. Celui-ci permettra de restaurer la visibilité dans ce carrefour très emprunté par les automobilistes, le reste du terrain restant en friche pour un moment encore.

Documents IGN
Documents IGN

 Mais cette friche va peut pas rester là à déparer ce coin de rue : en 1965, on y construit un immeuble, toujours présent aujourd’hui.. L’immeuble comporte au rez de chaussée des commerces, parmi lesquels on trouvera un moment un magasin « les coopérateurs ». Il sera dénommé « Super Coop » en 1968.On voit sur les photos que le 128 ter est épargné et qu’on le retrouve aujourd’hui à cet endroit :

Documents IGN 1965 – Google 2014
Documents IGN 1965 – Google 2014

 

On élargit à l’Hommelet

La rue de l’Hommelet est classée au réseau communal en 1838. En 1848, une commission municipale se penche sur l’opportunité de paver ce chemin, reliant le hameau de l’Ommelet et celui du Tilleul, sur une largeur de 3 mètres, à condition que les riverains abandonnent gratuitement le terrain nécessaire, pour transformer ce chemin en une rue de 10 mètres de large, la chaussée étant alors bordée de deux fossés « larges et profonds ». Le plan cadastral de1845 nous montre que le chemin fait un coude pour se raccorder à la rue du Quai (qui deviendra le début de la rue Pierre de Roubaix), et présente un étranglement au carrefour avec la rue du Galon d’eau (future grand rue), causé par des bâtiments qui débordent sur le chemin tant du côté pair que du côté impair. Ces bâtiments semblent très anciens, puisque, déjà présents sur le plan cadastral du Consulat daté du 25 vendémiaire an 13 (1804), ils persistent à marquer un état très antérieur de l’alignement du chemin. Cette situation, bien qu’incommode pour la circulation, va pourtant perdurer très longtemps.

Document archives municipales
Document archives municipales

 

Le bâtiment carré qui empiète du côté pair disparaît le premier (les photos aériennes de 1932 montrent qu’il a été remplacé par une maison de belle apparence construite en suivant l’alignement). Il n’est pas numéroté dans la rue de l’Hommelet, mais dans la Grand rue où on trouve en 1920 au 159 J. Flipo-Cousin, propriétaire, au 161 Eugène Leclercq, fabricant, et au 163 la pharmacie A. Delabaere. En 1939, on retrouve les mêmes propriétaires, sauf au numéro 161 où habite M. Flipo-Guerre-Tissot, industriel.

Le coin de la rue en 1965 – photo IGN
Le coin de la rue en 1965 – photo IGN

Cet immeuble va marquer le coin du carrefour jusqu’à la disparition de cette partie de la rue.

Le même immeuble vers 1980 – photo Nord Eclair
Le même immeuble vers 1980 – photo Nord Eclair

En revanche, le bâtiment situé à droite en débouchant sur la grand rue, au numéro 1, va connaître une carrière très longue. C’est d’autant plus étonnant que, dès 1866, le directeur des travaux municipaux conseille de racheter la parcelle pour dégager le carrefour.

La parcelle à acquérir – document archives municipales 1866
La parcelle à acquérir – document archives municipales 1866

Mais, très curieusement, cet avis n’est pas suivi d’effet et le bâtiment n’est pas démoli, puisqu’il va gêner la circulation au carrefour jusqu’au milieu du 20ème siècle. Côté numéros impairs, on trouve en 1920 au 1 R. Vandewille (-wiele?), fripier. En 1922 l’estaminet Verhoeve (157 gde rue), s’agrandit en achetant le 3 rue de l’Ommelet (ancienne tannerie Flipo). En 1939, on trouve au 1 M. Van de Wiele, qui est camionneur, et, au 3 E. Pennel, coiffure dames et la maison Paul fils, fripier.

Ce bâtiment ne va pas disparaître avant 1952 où, qualifié d’inutile et de vétuste, rendant le carrefour très dangereux, il sera finalement démoli à la suite d’une décision du conseil municipal.

Document Nord Matin
Document Nord Matin

Cette construction aura alors plus de 150 ans : bel exemple de longévité !

 

Une histoire d’école

Paul nous fait part de ses souvenirs de jeunesse :

« A Roubaix, (quartier du Pile), on peut voir boulevard de Mulhouse entre la rue Fénelon et la rue de Mons, un bâtiment scolaire privé. C’est une construction ancienne, mais toujours utilisée pour l’Enseignement.

Une petite porte, percée dans un mur de briques boulevard de Mulhouse, donne accès à une petite cour de récréation. Au fond de cette cour se trouve ce bâtiment avec 4 classes, deux au rez-de-chaussée et deux à l’étage. Cette école était appelée l’école de garçons St Alexandre.

Photo IGN - 1932
Photo IGN – 1932

Actuellement, elle fait partie du groupe scolaire Notre Dame de Lourdes, dont l’entrée est au 8 rue Bourdaloue. Le groupe comprend plusieurs locaux servant à l’enseignement autour d’une cour de récréation asymétrique, verdoyante. C’est l’ancien lieu du patronage Saint Rédempteur.

Dans les archives, il n’est pas fait mention de l’école Saint Alexandre, vraisemblablement construite avant 1910.

 J’y ai été écolier de 1933 à 1937, si bien que j’ai usé mes fonds de culotte dans chacune des quatre classes. Je me souviens du feu Godin au milieu de la pièce, allumé quand c’était nécessaire par les élèves à tour de rôle, aidés et conseillés par l’instituteur. Le papier journal, le petit bois, le seau de charbon, la boite d’allumettes… Toute une époque !

 

Pupitre de l'école Archimède – document médiathèque de Roubaix
Pupitre de l’école Archimède – document médiathèque de Roubaix

Sur les murs, les cartes de géographie : réseaux routier, fluvial, ferré de la France… On rêvait de voyages en les regardant. Il y avait aussi la carte des départements, bien coloriée, et un planisphère. Sur la table de l’instituteur, une mappemonde, je crois.

Dans une armoire vitrée, des instruments de mesure et de capacité en bois et en métal, exposés par rang d’importance.

L’encrier de faïence logé dans un trou percé dans le bois des pupitres. Les plumes gauloises et Sergent Major, nos doigts teintés d’encre violette. L’estrade, le bureau du maître, le grand tableau noir (puis vert foncé), et les craies ! Nostalgie, souvenirs !

Photo journal de Roubaix - 1935
Photo journal de Roubaix – 1935

Le logement du directeur et de sa famille se trouvait rue Bourdaloue. L’arrière de la maison n’était séparé du bâtiment scolaire que par un petit potager bordé de fleurs, bien entretenu par Mme Declerc. Après M. Declerc, ce fut M. Castre, puis M. Vanhoutte qui fut le directeur, lorsque mes garçons, dans les années 60, sont allés à St Alexandre. »

 

Mouvements gymniques au centre aéré dans les années 30 – document archives municipales
Mouvements gymniques au centre aéré dans les années 30 – document archives municipales

 

Nous tenons à remercier Paul de son témoignage. Peut-être avez-vous un souvenir à transmettre ? N’hésitez pas à nous contacter.