La fondation César Parent

C’est durant la 2ème partie du 19ème siècle que César Parent fait construire un établissement de bienfaisance, au 417 et 417 bis rue Jules Guesde, sur le territoire de la commune de Hem, à la limite de Lannoy, faute de place suffisante pour un tel édifice dans sa commune de Lannoy.

César Parent est le fondateur de l’ensemble textile Parent Monfort, puis Albert Parent, puis Parent Bétremieux, ensemble textile comprenant des tissages et filatures à Hem, Lannoy, Lys-lez-Lannoy et Bailleul, avec création des Ets Parent Monfort en 1821. A l’origine, l’entreprise ne possède que des métiers à main. La construction des établissement de Lannoy a lieu vers 1865.

Carte publicitaire des Ets Albert Parent (Fils de César) (Document collection privée)

César Parent, par ailleurs maire de la ville de Lannoy, a un fils qui est délaissé par sa fiancée à quelques jours du mariage. Il a également une fille qui fait partie de l’ordre des religieuses de l’enfant Jésus. Désireux de venir en aide à cet ordre César décide donc d’utiliser la dot de la future mariée disparue pour financer un édifice qui fera office d’hospice.

Mr César Parent et les religieuses de l’ordre de l’Enfant Jésus (Document Historihem)

La fondation César Parent, inaugurée en 1879, a donc pour objet d’accueillir les anciens : 10 personnes dans un 1er temps ; elle est gérée par des religieuse de l’ordre de l’Enfant Jésus. C’est un édifice à un étage composé de deux parties, de 16 et de 6 travées, séparées par une chapelle, perpendiculaire à son axe. Celle-ci est surmontée d’un campanile et porte une statue de saint Joseph sur le pignon. Les murs sont en brique et pierre de taille. Couvert de tuiles flamandes, l’édifice est agrandi en 1890 et 1903.

L’hospice (Document collection privée)

A l’époque, il n’y a pas de retraite et l’aide publique est très réduite. Il faut donc tenir serrés les cordons de la bourse et chaque résident apporte sa modeste contribution : les hommes assurent les petits travaux et les femmes rendent service à la buanderie et au raccommodage. Mais l’essentiel du fonctionnement de l’hospice et sa gestion repose sur les religieuses.

Parmi les sœurs dévouées qui se sont consacrées au fonctionnement de l’hospice on peut en citer une : née en 1887, entrée en religion chez les sœurs de l’enfant Jésus sous le nom de Soeur Irénée-Joseph, et au service des pensionnaires de l’Hospice dès 1916 en tant qu’infirmière cuisinière, Marie-Angèle Deman se voit décerner en 1958 le titre de chevalier de la Santé Publique, puis la médaille d’honneur de vermeil départementale et communale, en 1963, pour ses 35 années de service et de dévouement en faveur des pensionnaires de l’établissement, au cours d’une manifestation présidée par Arthur Dupire, maire de Lannoy.

Soeur Irénée-Joseph (Document Historihem)

L’époque des 2 guerres est particulièrement difficile. Cependant jamais l’hospice ne ferme ses portes. Après-guerre, le matériel est à la limite de l’usure mais les demandes d’hébergement sont de plus en plus nombreuses, l’ « Hospice de Lannoy » étant alors le seul établissement du genre. Pour gagner de l’espace on s’attaque alors aux greniers , transformés avec les moyens du bord, pour aménager des chambres sous les combles. Mais les conditions restent sommaires et indignes de nos aînés du propre aveu du maire de la ville.

Ce n’est que quelques années plus tard, en 1967, soit près de 100 ans après son inauguration, au moment où l’hospice accueille 110 personnes (alors que 4 ans plus tôt elles n’étaient que 68) qu’ont lieu les 1ers travaux de rénovation d’envergure dans le bâtiment.

Dans les années 60, la laverie située à l’entresol est impressionnante et bien équipée et la bibliothèque est garnie de 2.000 volumes grâce à la mairie de Lannoy et à l’Union des Commerçants.

Vues de la porte d’accès des fournisseurs rue de la Lèverie et vue du jardin en façade (Documents Historihem)
La laverie et la bibliothèque (Documents Historihem)

Mais il faut néanmoins agrandir afin d’accueillir plus encore de pensionnaires et des chambres sont ainsi aménagées au second étage dans la partie mansardée du bâtiment ainsi que des salles de bain et cabinets de toilettes, au prix de travaux très importants comme on peut le constater sur les photos avant/après de l’époque.

Photos avant/après du 2ème étage (Documents Historihem)
Photos des salles de restauration et salons (Documents Historihem)
Allocution des maires de Lys, Mr Desmulliez, et de Lannoy, Mr Echevin, et photo des officiels sur le perron de l’établissement (Documents Historihem)

A cette époque cela fait plus de 10 ans que les sœurs, autrefois en charge de la totalité des tâches à accomplir laissent peu à peu la place au personnel civil aussi bien en cuisine que pour les soins. Ainsi, le 1er agent civil, Mme Inghels, est recruté en 1955 car les religieuses, touchées par l’âge, ne peuvent plus assumer seules tous les services et les résidents sont plus nombreux et en moins bonne santé car plus âgés.

Photos du personnel en 1966 (Documents Historihem)

Puis 2 ans plus tard c’est au tour de la cuisine et d’autres chambres d’être rénovées, d’anciens dortoirs laissant place à des chambres accueillant moins de pensionnaires. Il faut en effet aménager des chambres individuelles regroupées par unités de 25 personnes. Un nouvel office est également installé pour le personnel et les sanitaires sont rénovés et modernisés.

Réfection des cuisines en 1969 (Documents Historihem)
Nouvel office et réfection des chambres en 1969 (Documents Historihem)

Puis après tous ces travaux de rénovation intérieure, une mise aux normes de sécurité s’impose et en 1971 4 escaliers de secours sont installés sur la façade arrière du bâtiment abritant l’ancien hospice devenu maison de retraite 10 ans plus tôt par arrêté ministériel, afin d’assurer l’évacuation des pensionnaires en cas d’incendie. Ces escaliers desservent les 1er et 2ème étages à chaque aile du bâtiment.

Les 4 escaliers de secours sur la façade arrière (Document Nord-Eclair)

En 1975, c’est l’heure de la retraite pour Mme Inghels, 1er agent civil, en service depuis 20 ans. Le personnel au complet assiste à la cérémonie organisée en son honneur quelques mois après son départ en présence de Mr Guelle, directeur de la maison de retraite, du Docteur Yersin, médecin de l’établissement et de Mr Echevin, maire de Lannoy et président du conseil d’administration de la maison de retraite.

Départ en retraite de Mme Inghels (Document Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Intervilles à Roubaix

En 1962, la télévision française voit naître une émission appelée à devenir culte : Intervilles, diffusée sur la RTF puis l’ORTF. Après douze ans d’absence, elle revient sur FR3 en 1985 puis de 1986 à 1999 sur TF1. A la tête du programme se trouvent Guy Lux et Claude Savarit, ses créateurs, rejoint par Simone Garnier et Léon Zitrone à l’animation.

Guy Lux, Simone Garnier et Léon Zitrone (Document le Figaro et Notre Cinéma et Luluberlu jeu de société)

Le principe est simple : deux villes françaises s’affrontent amicalement à travers une série d’épreuves physiques et de jeux d’adresse sur terre, dans l’eau et dans les airs. Parmi les épreuves les plus célèbres les jeux sur tapis roulant ou tournette donnent lieu à de nombreuses dégringolades et bien sûr les fameuses épreuves avec des vachettes déstabilisant les candidats sont directement inspirées des courses landaises.

Intervilles à Cambrai en 1971 avec ses vachettes (Document Nord-Eclair)

En juillet 1987, la presse locale roubaisienne est euphorique et Nord-Eclair titre : Roubaix entre dans la saga d’Intervilles. « Le 31 juillet la cité textile sera opposée à Cavaillon, chef-lieu de canton du Vaucluse, dans le cadre de la plus célèbre émission de télévision, celle qui bat tous les indices d’écoute ». L’émission réalise en effet à chaque fois entre 38 et 42 points d’Audimat soit 16 à 18 millions de téléspectateurs.

C’est à la fois un spectacle extraordinaire pour ceux qui ont le privilège de le vivre en chair et en os, comme ce sera le cas des spectateurs roubaisiens mais aussi un outil de promotion unique pour une ville. Roubaix a donc tourné pour l’occasion un vidéo-clip d’une minute trente qui sera diffusé le soir de l’émission pour présenter la ville.

Guy Lux et Simone Garnier à l’animation d’une émission (Document Nord-Eclair)
Claude Savarit qui sillonne les routes avec Guy Lux et le célèbre trio d’animateurs (Document archives municipales)

La ville s’y présente comme n’étant pas neuve mais se renouvelant, mettant en avant des symboles de Roubaix, deuxième cité de la région Nord Pas-de-Calais, première place mondiale du négoce de la laine :

le Parc Barbieux, poumon vert et fierté de la ville, « le beau jardin » qui couvre 33 hectares à l’entrée de Roubaix,

les Ballets du Nord, compagnie ayant fait le tour du monde, image de la jeunesse de la ville,

la VPC : près d’un colis par français est expédié à partir des célébres catalogues de Roubaix,

les écoles d’ingénieurs et de commerce qui forment des cadres bien formés pour ses entreprises dynamiques

et le futur centre de communication Motte-Bossut : le Téléport reliera Roubaix, par satellite, avec le monde entier.

Anecdote amusante : chaque année les organisateurs du jeu envoient des circulaires de candidatures aux villes susceptibles de les intéresser et choisissent ensuite entre toutes celles qui lui sont retournées. Or pour le Nord Roubaix était cette année en concurrence avec Lille et l’a emporté sur la « capitale »du Nord. Le 31 juillet c’est donc Roubaix qui accueille Guy Lux et Simone Garnier tandis qu’à Cavaillon Léon Zitone anime le jeu.

Pour faire patienter les futurs spectateurs, Nord-Eclair dévoile, au long du mois de juillet, les 4 jeux qui vont se dérouler à Roubaix tels que : le parcours du mauvais coucheur, les bouddhas menacés finalement remplacés par les belles pelotes de Roubaix, les géants du Nord, le pillage de la banque…tandis que 4 autres jeux se déroulent à Cavaillon.

Présentation des épreuves dans le programme (Documents archives municipales)
L’affiche annonciatrice de l’événement (Documents archives municipales)

Par ailleurs est organisée au parc des sports une journée de sélection des champions qui, parmi les 160 candidats, seront choisis pour représenter la ville de Roubaix face à Cavaillon. Ainsi, les 2 capitaines roubaisiens, celui qui dirigera l’équipe sur place et celui qui encadrera l’équipe présente à Cavaillon, ont concocté un petit parcours du combattant pour les valeureux candidats.

Il s’agit d’un parcours de débrouillardise exigeant tour à tour équilibre, adresse, vitesse, maîtrise de soi et réflexion. Par exemple ils sont conviés au passage sur une poutre, un lancer de balles de tennis dans des petits ronds, le maniement de balle avec les mains puis les pieds, un lancer de médecine-balls : parcours chronométré avec des pénalités pour chaque erreur.

Les candidats champions (Documents Nord-Eclair)

Puis d’autres ateliers sont proposés : vitesse avec accélérations et changements de direction, tractions à la barre fixe, tirs à la corde etc : une palette de jeux destinée à savoir qui peut faire quoi. La force physique ne suffit pas ; il faut savoir garder son calme, se maîtriser, oublier le trac, ne pas perdre tous ses moyens face à l’enjeu. Il faut 25 titulaires et 25 remplaçants dans l’équipe qui reste sur place comme dans celle qui se déplace.

Les candidats champions (Documents Voix du Nord)

En plus des épreuves physiques et sportives, les candidats devront répondre à des questions faisant appel aux connaissances dans deux épreuves intellectuelles dont les sujets se répartissent en quatre thèmes : histoire, géographie, sport, actualité et vie quotidienne. Pour les cerveaux roubaisiens, trois postes sont à pourvoir pour lesquels quelques valeurs sûres sont pressenties : 2 spécialistes roubaisiens des jeux télévisés et radiophoniques, véritables petites encyclopédies ambulantes ainsi qu’un professeur d’histoire géographie et un journaliste.

Les champions représentant la ville à Roubaix et à Cavaillon (Document Nord-Eclair et le Provençal)
Les capitaines des 2 équipes et le coq (Documents Voix du Nord)

Parallèlement et pendant plusieurs semaines, les employés des services techniques de la ville construisent les accessoires des jeux. Le cahier des charges est clair : TF1 se charge de toutes prestations techniques et cars régie, de la lumière et de la sonorisation des lieux; la ville se charge de la construction des jeux qui s’y déroulent, des décors, d’un podium intégré dans les tribunes pour accueillir présentateur et personnalités, des tribunes pour l’accueil de 5000 personnes et 3 à 4 tours lumière.

Guy Lux vient en fait les mains dans les poches et c’est à la municipalité de faire construire plateau et accessoires. C’est Jean-François Deccuber, directeur du département Ateliers du centre technique municipal qui dirige les travaux d’après des croquis des jeux expédiés par l’équipe de TF1 qui a travaillé depuis Paris sur la base d’un plan de la Grand Place de Roubaix.

Guy Lux amène son sourire et son talent d’animateur (Document Nord-Eclair)

Remerciements aux archives municipales.

A suivre…

Nicole Coquempot

En juin 1962, Nicole Coquempot, née Delgery, s’immatricule au registre du commerce et des sociétés pour exploiter une boutique de mercerie, bonneterie, lingerie, confection , au 43 rue des Ecoles à Hem dans une petite maison en front à rue, à priori à usage d’habitation jusqu’alors puisqu’aucun autre commerce n’y est répertorié auparavant dans le Ravet-Anceau.

Publicité (Document Historihem)

A l’époque la boutique est surtout axée sur les articles de layette même si la publicité fait également état de lingerie, bonneterie et chemiserie. Dans le courant des années 60, Nicole Coquempot se recentre sur la clientèle féminine à qui elle propose robes, bonneterie, jupes et chemisiers. Elle fait de la publicité dans Nord-Eclair à chaque occasion festive, telle que les fêtes de Pâques.

Publicité (Document Nord-Eclair)

Instantané de Mémoire : « Lorsque mes parents emménagent en juillet 1968 dans le lotissement construit face à l’église Saint-Joseph, je découvre avec plaisir la rue des Ecoles. Il y a Lobry bien sûr et juste en face la boutique de Nicole Coquempot où ma mère va acheter ses bas, combinaisons et chemises de nuit entre autres. J’ai 10 ans et je suis fascinée par cette boutique qui propose des centaines d’articles bien rangés dans une surface très exigüe. Quant à Nicole j’en garde le souvenir d’une femme très chic et raffinée, parfumée et pomponnée et tellement agréable et souriante ! Elle fait naître chez moi la vocation de tenir un jour une boutique comme la sienne… »

Dans les années 1970, la boutique est de plus en plus connue. Le quartier est animé et des cortèges sillonnent la rue les jours de fête. Nicole Coquempot apporte toujours un grand soin à l’agencement de sa vitrine régulièrement renouvelée, toujours très colorée et attrayante.

Cortège devant la boutique dont le pare-soleil est déployé (Document site Tu sais que t’es un vrai hémois si tu connais…)
La vitrine colorée et attrayante de la boutique (Document Historihem)

Nicole Coquempot distribue des marques prestigieuses telles que Petit-Bateau, Le Bourget, et surtout Vitos dont elles devient l’ambassadrice Hémoise, recevant même une distinction professionnelle de la part de Francis Vignes, président des maîtres lingers de France, ordre fondé par cette marque, et au sein duquel elle est admise en qualité de Maître Linger.

Distinction professionnelle (Document Historihem)

En 1925, en effet, la marque Vitos a été déposée par la famille Vitoux et Vitos est vite devenue l’une des premières marques de vêtements prêt-à-porter en France. Se sont enchaînées les créations coup sur coup des départements lingerie en tricot (bas sans couture) puis pull-over.

A la fin des années 1950, la société, introduite en bourse, a lancé du coupé cousu, puis une collection haute-Couture et à la moitié des années 1970 : des chemisiers, jupes et pantalons. C’est une marque de luxe particulièrement prestigieuse et renommée dont Nicole Coquempot fait état sur chacune de ses publicités.

Publicités de 1971 et 1975 (Document Nord-Eclair)

En 1975, en tant que Vitos-Club, elle fait participer ses clientes à un jeu concours national : « Douces rencontres de Vitos », et 37 clientes ravies se voient remettre une montre de couleur coordonnée aux ensembles Vitos dans les teintes modes de l’automne 1975.

Remise de cadeaux en 1975 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 80, toujours répertoriée en tant que Vitos Club elle ajoute la prestigieuse marque de sous-vêtements roubaisienne Boléro à la lingerie qu’elle propose à sa clientèle. Elle met toujours en avant sa qualité de maître linger pour attirer l’attention sur la qualité des produits proposés dans sa boutique.

Publicités des années 1980 (Documents Nord-Eclair et Office Municipal d’Information de Hem)

En 1995, elle se confie à Nord-Eclair, dans la rubrique : Et vous qu’en pensez-vous, sur sa vie à Hem. « Je n’ai jamais regretté d’avoir pris la boutique. C’est familial, je connais mes clientes. Pour la plupart je les ai vues grandir. C’est un métier de contact où l’on ne s’ennuie pas. »

Photo de Nicole Coquempot (Document Nord-Eclair)

Nicole Coquempot ferme son commerce après une quarantaine d’années d’activité en 1998. Depuis la maison qui l’abritait a repris un usage d’habitation et plus rien ne laisse deviner aujourd’hui la boutique florissante qu’elle y a géré pendant toutes ces années.

Maison d’habitation en 2020 (Document Google Maps)

Pour autant cette femme active ne se résout pas à ne rien faire et dès 2001 elle prend le relais de son mari Daniel au conseil municipal. Ensuite, de 2008 à 2014, elle exerce la fonction d’adjointe au maire en charge des relations avec la population. A ce titre entrent dans sa fonction le suivi des services de l’état civil ainsi que le soin de représenter la ville dans les cérémonies protocolaires.

Francis Vercamer et le conseil municipal lui rendent donc un vibrant hommage au moment de son décès en 2016 pour avoir toujours cherché à se rendre utile à la collectivité, non seulement au sein de la municipalité mais aussi en tant que bénévole d‘ Oxyg’Hem, l’événement sportif de la ville de Hem depuis 1997, chaque Jeudi de l’Ascension.

Photos de Nicole Coquempot (Document la Voix du Nord)

Remerciements à la ville de Hem et à l’association Historihem

Les banques de l’avenue Jean Lebas (Suite 3)

A la même époque, une nouvelle banque s’installe à l’entrée de la rue au n°2, dans un bâtiment ayant hébergé plusieurs commerces tels qu’ un ancien magasin de droguerie et l’entreprise Cuisinier Motte et Cie. Il s’agit de la Banque Industrielle et Commerciale du Nord qui y reste jusque dans les années 1960.

Magasin de droguerie et entreprise Cuisinier Motte au début du siècle (Documents collection privée)
Carte postale des années 1930 et 1950 avec la banque (Documents collection privée)

En 1966, la BICN entreprend de gros travaux, aménageant un entresol sur une partie du rez-de-chaussée et effectuant la modification de toute la façade de l’immeuble. Les baies vitrées sont élargies et des chassis en aluminium oxydé sont posés. Par ailleurs, une ossature secondaire en acier est installée sur toute la hauteur de la façade jusqu’au chéneau et le piliers de tôle d’aluminium oxydé ou de pâte de verre de couleur blanche.

Les croquis de la nouvelle façade Grand Place et avenue Jean Lebas (Documents archives municipales)

La Banque Populaire Industrielle et Commerciale de la Banlieue Nord de Paris a été créée dans la capitale en 1922 et deviendra ensuite la Banque Populaire de la Région Nord de Paris. C’est d’ailleurs la Banque Populaire du Nord que l’on retrouve au n° 2 avenue Jean Lebas juste avant le rachat de l’immeuble par Nord-Eclair. A cette époque le magnifique immeuble investi par la banque dans les années 1930 est déjà défiguré depuis plus de 20 ans par les plaques blanches qui en recouvrent l’architecture d’origine.

La banque dans les années 1960 (Document Nord-Eclair)
Rachat de l’immeuble par Nord-Eclair (Document Nord-Eclair)
Immeuble occupé par Nord-Eclair dans les années 1980 (Document archives municipales)

Au départ de Nord-Eclair dans les années 2000, l’immeuble est investi par les sociétés Arcadim puis Square Habitat qui l’occupe encore de nos jours sans que des modifications notables y aient été apportées depuis les années 1960. Il s’agit d’un exemple supplémentaire des dégâts causés aux superbes immeubles de l’avenue au nom de la modernité.

Arcadim en 2014 puis Square Habitat en 2023 (Documents Google Maps)

Installation après les années 1950

Dans les années 1970, la banque Worms investit un immeuble longtemps occupé par une entreprise textile spécialisée dans les laines : Henri Ternynck et Fils. L’immeuble situé au coin de la rue l’Hospice est très vaste et d’une architecture assez remarquable.

Les Ets Ternynck en 1917 et Publicité des années 40-50 (Document collection privée)
Publicité de l’année 1975 de la banque Worms et flamme d’oblitération de l’année 1984 (Document Ravet-Anceau et collection privée)

L’immeuble est occupé 20 ans plus tard par les assurances AGF puis par Meilleur Taux.com avant qu’un cabinet d’avocats : Lexao ne prenne leur place. L’édifice quant à lui n’a pas changé si ce n’est une restauration qui a permis de redonner à l’immeuble un aspect prestigieux que l’usure du temps lui avait fait perdre.

Publicité des assurances AGF en 1995 (Document Nord-Eclair)
Photographie de l’immeuble en 2016 et 2023 (Documents Google Maps)

Le n°61 de l’avenue abrite quant à lui la Barclays Bank au début des années 1980 après avoir hébergé pendant plus de trente un fabricant de tissus : A. Parent-Clavière. En 1982 la banque rénove la façade sans toutefois lui apporter de modification trop importante ni dénaturer l’immeuble d’origine. Elle rénove également la partie arrière du bâtiment donnant sur la rue de l’Espérance.

Papier à en-tête des années 1930 du fabricant Parent-Clavière (Document collection privée)
La banque au début des années 1980 la façade et l’arrière du bâtiment (Documents archives municipales)
Croquis des rénovations du bâtiment à l’avant et à l’arrière (Documents archives municipales)

La Barclays Bank dans les années 1990 (Document archives municipales)

Puis après 1993, les assurances Masurel s’y installent jusqu’à la fin des années 2000. Depuis l’immeuble a été rénové et a retrouvé sa splendeur d’antan, devenant un cabinet d’avocats.

Assurances Masurel en 2008 et cabinet d’avocats en 2023 (Documents Google Maps)

Enfin, en 1988, au n°70 de la rue, au coin de la rue Nationale, s’installe le Crédit Agricole. Ce numéro a longtemps abrité un négoce de laines : Wenz et Cie, mais en 1968 le majestueux immeuble datant du début du siècle a été démoli pour laisser la place à la Résidence de l’Hermitage, laquelle a hébergé au rez-de-chaussée une station essence Elf, puis une agence de voyages : Wagons-Lits Cook.

L’ancien immeuble abritant les lainages Wenz et Cie (Documents collection privée)
Croquis du nouvel immeuble (Documents archives municipales)
L’immeuble dans les années 1980 avant l’emménagement de la banque (Document archives municipales)
Publicité des Wagons-Lits Cook (Document collection privée)

Implanté depuis 1965 rue du Vieil Abreuvoir, l’établissement bancaire inaugure donc ses nouveaux locaux dans la Résidence de l’Hermitage en juillet 1988 « afin d’améliorer la qualité de l’accueil et les services rendus à une clientèle sans cesse croissante ». Une réception accueillant de nombreuses personnalités roubaisiennes est donnée à cette occasion.

Inauguration de la nouvelle agence roubaisienne (Document Nord-Eclair)

Après le départ de l’établissement bancaire, le bâtiment abrite un service d’aide à domicile Home puis Optimhome toujours en place à ce jour. En 2022, l’immeuble vieillissant s’offrira un ravalement de façade.

La résidence de l’Hermitage dans les années 2000 (Documents archives municipales)
La résidence de l’Hermitage en 2017 et 2022 (Documents Google Maps)

Dans les années 1990, les majestueuses façades des bâtiments de l’avenue Jean Lebas, abîmées par le temps, la pollution et le manque d’entretien commencent à être ravalées. On choisit alors la couleur pour les mettre en valeur et redonner de l’harmonie à une avenue où se mêlent bâtiments anciens et modernes. Les architectes remettent ainsi en valeur les façades de l’avenue et leurs détails architecturaux. Le slogan «Roubaix, les couleurs du futur» est à cette époque en lien direct avec ce renouvellement urbain.

Mais ces immeubles n’abritent plus les mêmes activités car les entreprises textiles ont disparu en grand nombre et les banques elles aussi ont déserté ces grands édifices au profit le plus souvent de bâtiments plus modestes quand elles n’ont pas tout simplement fermé leurs portes.

A ce jour, des établissements bancaires historiques de la rue seuls demeurent au n°1 HSBC (anciennement Crédit Commercial de France), au n°19 LCL (anciennement crédit Lyonnais) et au n°33 CIC (anciennement Banque Scalbert ). L’ancienne avenue des banques est redevenue une rue aux activités beaucoup plus éclectiques.

Remerciements à la BNR et aux archives municipales de Roubaix.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’IEM La Source

L’Association de Parents d’Enfants Infirmes Moteurs (APEIM) est créée en 1974 par quatre familles ne trouvant pas de solution adaptée à leur enfant sur la métropole lilloise. Après quelques mois, l’accueil d’une dizaine d’enfants en bénévolat par les familles de l’association, passe à la création d’une classe de 20 enfants à Villeneuve d’Ascq à raison de 3 après-midis par semaine.

En 1977, l’APEIM de Villeneuve d’Ascq, est à la recherche d’un local pour accueillir les enfants handicapés moteurs-cérébraux le site de Villeneuve d’Ascq étant en effet vétuste et inadapté à la prise en charge de ces enfants, et afin de pouvoir envisager un accueil en semi-externat sur 5 jours.

Son président, Mr Florin, obtient enfin du secrétaire d’état à l’action sociale, Mr Lenoir, le feu vert et les crédits pour engager les travaux nécessaires dans une école désaffectée de Hem, au 184 rue du Général Leclerc, afin que le premier institut pour les enfants « sur-handicapés » du secteur puisse enfin ouvrir ses portes.

En mai1956, l’école chrétienne enfantine d’Hempempont et sa garderie s’ y était en effet installées et avaient été bénies par l’abbé G. Leurent de la paroisse Saint Corneille. La cérémonie avait alors rassemblé de nombreuses personnalités dont Paul Dubus, adjoint au maire, et Etienne Flament, donateur-fondateur de l’école, ainsi que Mme Prevost-Campagne institutrice et directrice de l’école.

Bénédiction de l’école chrétienne d’Hempempont en 1956 et premiers élèves dans la salle de jeux (Document Nord-Eclair)

Le local du 184 rue du général Leclerc 20 ans plus tard (Document Nord-Eclair)

Un centre médico-social précoce « La Source » va donc y être installé après quelques années de travaux afin d’y accueillir chaque après-midi des enfants sur-handicapés qui ne savent ni marcher ni tenir debout et qui ont des difficultés pour communiquer, lesquels seront pris en charge par une équipe spécialisée afin que ces enfants sortent quant même un peu de leur milieu familial, accèdent à la socialisation et libèrent de temps en temps leurs parents.

Prise en charge d’une petite fille à l’association par une maman bénévole (Document Nord-Eclair)

Le centre est inauguré en 1978, en présence de la première dame de France Mme Giscard d’Estaing. Mais, en 1982, force est de constater que « La Source » est devenue trop exiguë pour les 20 enfants de 3 à 10 ans qu’elle accueille en externat et l’établissement connaît une extension de ses locaux, avec des pièces plus spacieuses, une seconde piscine conçue pour plusieurs enfants et un espace terre et sable. L’inauguration a lieu en présence de Mr Provo, maire de Hem, et de Mr Haesebroeck, député du Nord.

Inauguration des nouveaux locaux (Document Nord-Eclair)

Après un grave incendie en 1994, il faut se débrouiller avec des locaux abimés, en attendant la reconstruction. En février 1995, le centre fête la fin des travaux de rénovation et en profite pour ouvrir ses portes vers l’extérieur et montrer un peu ce qui se passe dans ces locaux remis à neuf. C’est d’autant plus important que l’APEIM fête ses 20 ans d’existence.

Le centre est conçu comme une habitation, claire, avec une pièce pour chaque moment de la journée : salle à manger, salon, salle de jeux, piscine et même jardin clos. Les parents apprécient :« c’est petit, familial. Si on le souhaite, on prévient et on peut venir passer un moment, et puis surtout, ce n’est pas trop médicalisé ».

portes ouvertes après les travaux de rénovation (Documents Nord-Eclair)

L’extension de 1982 n’est qu’un maillon d’un projet plus vaste consistant à ouvrir un nouveau centre sur Wasquehal, pour les jeunes poly-handicapés de 10 à 16 ans, et un autre sur Villeneuve d’Ascq, pour les adolescents devenus adultes. En 2000, le directeur de la structure depuis sa création, Mr Lecointe, part en retraite et le président de l’association s’engage à à poursuivre le projet de la Source.

Départ en retraite de Mr Lecointe (Documents Nord-Eclair)

Le but n’est pas de guérir ces enfants mais d’être avec eux, pour ce qu’ils sont autour d’un projet tout simple : la vie quotidienne. La maison, où l’on fait soit même son pain, appartient aux enfants. Une seule pièce leur est interdite à savoir la salle des adultes. Une exposition leur est consacrée en l’an 2000 à la ferme Franchomme par un photographe en leur présence et en présence de Mme Houdry, adjointe à la culture, qui siège au conseil d’établissement et tient à rendre hommage au travail remarquable effectué.

Quelques photos des enfants (Documents Nord-Eclair)

L’IEM (Institut d’ Education Motrice) « La Source » accompagne en effet chaque enfant dans le développement de ses compétences sur les plans éducatif, pédagogique, thérapeutique et médical selon un projet individualisé réévalué avec sa famille tout au long du séjour.

Photos intérieures de « La Source » (Document plaquette IEM)
Photos extérieures de 2008 (Documents Google Maps)

L’accompagnement global est donc assuré par une équipe pluridisciplinaire :

  • scolaire et pédagogique par une enseignante spécialisée,

  • médicale par un médecin de médecine physique et de réadaptation,

  • paramédical par des professionnels orthophoniste, kinésithérapeute, psychomotricien, ergothérapeute, psychologue, infirmière,

  • éducatif et social par des éducateurs spécialisés, des moniteurs éducateurs, des aides médico-psychologiques, et des éducateurs de jeunes enfants.

L’IEM La Source passe ensuite une convention de coopération avec l’école maternelle Saint Exupéry sise 100 rue du Docteur Schweitzer à Hem pour la création d’une classe externalisée. A partir de septembre 2017, cette classe, associant des interventions pédagogiques et éducatives, dispose de 8 places maximum, modulables au sein de la classe. Elle fonctionne 4 matins par semaine (lundi, mardi, jeudi, vendredi).

Ecole maternelle Saint-Exupéry à Hem (Document Google Maps)

La classe externalisée a pour but de développer les objectifs suivants :

Permettre et développer la socialisation des élèves accueillis à l’IEM

Favoriser l’inclusion en milieu scolaire

Développer les compétences sociales et civiques des élèves accueillis

Contribuer à la scolarisation des élèves en situation de handicap

La presse se fait l’écho de cette initiative dont « L’objectif est de favoriser l’autonomie et la socialisation des élèves en situation de handicap. Pour l’école, tout l’enjeu est l’acceptation de la différence. Plus on travaille sur les différences très jeune, plus le regard sur celles-ci s’estompe »

Du lundi au vendredi, six enfants de trois à huit ans sont donc pris en charge jusqu’à 11 h 15 par Cécile Hollebecque, professeur des écoles à l’IEM, et un éducateur. Deux à quatre autres rejoindront cette classe externée chaque mardi et jeudi. « Ils ont été repérés en fonction de leurs compétences et peuvent répondre à des tâches scolaires ».Ils seront progressivement mêlés à d’autres classes et participeront aux projets de l’école et à la vie collective.

L’équipe à l’origine du projet et une photo des enfants (Document La Voix du Nord)

En 2007, un projet de construction de locaux plus modernes et fonctionnels est pressenti sur l’ancien terrain occupé avenue de l’Europe par le restaurant Buffalo Grill jusqu’à l’incendie de 1995 ayant occasionné sa fermeture définitive et l’abandon du terrain. La chaîne de restaurants envisage donc une donation au profit de l’association « la vie autrement » qui gère l’IEM.

C’est une chance pour l’institut qui devrait pouvoir se doter d’un complexe de 2000 mètres carrés comportant 3 ailes : l’une dédiée aux enfants, l’autre aux adolescents, la dernière à l’administration et aux locaux communs de restauration, de soins ou d’activités. Le projet doit être réalisé pour 2013 d’après le magazine Tout Hem de 2010.

Le déménagement prévu en 2013 (Document Tout Hem) et la parcelle de terrain concernée sur le plan cadastral (Document cadastre)

Pourtant le projet n’a pas été mené à terme et l’IEM se trouve toujours dans ses locaux historiques. Quant à l’association « La vie autrement » qui en était la gestionnaire, elle a fusionné en 2021 avec le GAPAS (Groupement d’Associations Partenaires d’Action Sociale), association Loi 1901, qui propose diverses formes d’accompagnement pour des personnes en situation de handicap, enfants et adultes, à travers la gestion de 34 établissements et services sociaux et médico-sociaux.

L’IEM la Source en 2020 (Document Site Internet)
L’IEM vue aérienne (Document Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem

Les banques de l’avenue Jean Lebas (Suite 2)

Enfin au n°80 de l’avenue se situe la Banque Nationale de Crédit dont le siège social est également à Paris mais qui compte 450 succursales et agences en France. Elle est installée dans un joli petit immeuble cossu.

Publicité de la Banque Nationale de Crédit en 1914, en-tête d’enveloppe des années 1920 (Documents Ravet-Anceau et collection privée)
Façade de l’établissement en 1910 (Document collection privée)

Dans les années 1930, la banque y est remplacée par la société d’assurances : André Piat et fils. Puis, l’immeuble, qui n’a pas été sensiblement modifié abrite, dans les années 1980, un Espace Ressources Jeunes et enfin, dans les années 2000, un magasin de mode avant d’héberger un salon de coiffure.

En-tête de courrier d’André Piat et fils en 1938 et publicité de 1954 (Documents collection privée et Nord-Eclair)
Publicité de 1989 et photographie de la façade de l’Espace Ressources Jeunes dans les années 1980 (Documents Nord-Eclair et archives municipales)
Façade du magasin de mode en 2008 et du salon de coiffure en 2014 (Documents Google Maps)

Pour être tout à fait complet il reste à citer l’immeuble voisin qui au début du 20ème siècle abrite la Banque Albert Perier, fondée en 1903, laquelle y a installé son siège social tandis qu’elle a d’autres maisons à Cambrai, Saint-Omer et Dunkerque, ainsi que de l’autre côté de la frontière belge.

En 1914, elle a laissé la place à la Banque du Nord et de l’Est, d’après le Ravet-Anceau, et en 1928, on ne trouve plus trace d’établissement bancaire à cette adresse et c’est un drapier qui y est installé. Aujourd’hui, le bâtiment, comme son voisin, abrite un salon de coiffure.

Publicité de la banque Albert Perier (Document collection privée)
Photographie de la façade en 2022 (Document Google Maps)

Installation dans les années 1920-1930

Ce n’est que dans les années 1920 qu’une banque s’installe au n°1 de l’avenue de la Gare, à savoir le Crédit Commercial de France en lieu et place du Café Hôtel Moderne qui depuis le début du siècle faisait le coin de la nouvelle avenue et de la rue Saint-Georges (actuelle rue du Général Sarrail).

Publicité et carte postale du Café Hôtel Moderne (Documents collection privée)
Publicité de 1928 pour le CCF (Document Ravet-Anceau)
L’immeuble du CCF dans les années 20 (Document collection privée)

Dans les années 1960, l’entrée de l’agence est modifiée pour se faire dorénavant avenue Jean Lebas et des modifications des baies en façade sont faites en même temps ainsi que quelques changements à l’intérieur du bâtiment tels qu’un nouvel escalier et l’aménagement d’un logement de concierge au 1er étage.

Ces travaux seront suivis d’autres aménagements intérieurs nécessités par l’obligation d’agrandir les locaux. Sera ainsi aménagé le premier étage pour y installer divers services et créé un niveau interlédiaire sous forme d’une mezzanine donnant sur le hall du public. A cette occasion la façade du rez-de-chaussée sera modernisée et celle des étages ravalée et l’entrée sera à nouveau prévue à l’angle de l’immeuble.

Le croquis de la façade en 1972 (Document archives municipales)

Dans les années 1970 et 1980, l’agence bancaire organise des expositions culturelles comme celle du peintre Abel Leblanc en 1974 mais aussi une exposition de la vente à distance en 1987 en collaboration avec les entreprises roubaisiennes de ce « nouvel art de vivre ». L’immeuble du CCF, imposant, n’a pas changé depuis ses débuts roubaisiens et sa façade est particulièrement bien entretenue.

Les expositions de 1974 et 1987 au CCF (Documents Nord-Eclair)
Photographie du CCF dans les années 1980 puis 1990 (Document archives municipales)

Depuis le rachat par My Money Group de la marque CCF en 2000, et la disparition de celle-ci 5 ans plus tard, seule l’enseigne sur le bâtiment a changé pour devenir HSBC. L’immeuble, qui n’a connu que 2 types d’activités depuis sa construction, est resté presque inchangé depuis celle-ci.

Logos successifs du CCF et d’HSBC, façade extérieure et accueil de l’agence (Documents site web)

A quelques mètres plus loin mais de l’autre côté de l’avenue, dans les années 1920 on trouve la Lloyds & National Provincial Foreign Bank Limited, au n° 20. Il s’agit d’un immeuble prestigieux, le plus élevé de la rue, qui couvre les n°20 et 22 de l’avenue, le fameux Grand-Hôtel se situant au n°22. La banque anglaise y est encore répertoriée au milieu des années 1970.

Carte postale représentant la façade de l’immeuble dans les années 1920 et carte de la Lloyds envoyée en 1931 (Documents collection privée)

Puis à la fin des années 1980, les anciens locaux de la banque, restés un temps à louer, hébergent un magasin Z de vente de prêt à porter pour enfants. Mais dès 1991, l’Hôtel Altea, auparavant PLM ETAP et à l’origine Grand Hôtel, profite de son départ en raison d’un bail non renouvelé pour récupérer la totalité de sa devanture. Les nouveaux associés comptent redonner tout son caractère au bâtiment et en restaurer le prestige.

Locaux à louer en 1986 puis occupés par le magasin Z qui quitte les lieux en 1991 (Documents archives municipales et Nord-Eclair)
La future façade de l’Hôtel Altea remodelée en croquis et les nouveaux associés de la société hôtelière lilloise, l’acquéreur (Documents Nord-Eclair)

Aujourd’hui l’immeuble abrite toujours un hôtel Mercure rénové depuis plus de 10 ans. L’ancien Grand-Hôtel a gardé ses hauts plafonds moulés, ses verrières nordistes et son parquet récupéré de la Samaritaine. Le restaurant nommé le Vieil Abreuvoir a un cachet inégalable et sert du fait maison à partir de produits régionaux.

La façade du Grand-Hôtel en 2022 et l’intérieur (Documents Google Maps et site web)

Beaucoup plus loin vers la gare au n°86, dans un immeuble relativement modeste pour la rue, qui abritait auparavant un drapier, on trouve la Banque Robert dans les années 1920. Il s’agit de la succursale d’une banque parisienne qui s’occupe exclusivement d’opérations de bourse, de paiement de coupons, d’émission et de placement de titres et enfin de location de coffres-forts.

Mais en 1926, le directeur de la banque parisienne, André Robert, est mis en état d’arrestation pour abus de confiance et ordre est reçu, dans la succursale roubaisienne, de cesser tous paiements et toutes opérations financières et de liquider le travail administratif. L’établissement devrait être mis sous scellés d’après la presse locale.

La Banque Robert en 1926 (Document Journal de Roubaix)

Dans les années 1930, l’immeuble héberge un marchand de tissus puis d’autres commerces. Dans les années 1950, 1960 et 1970 il abrite, avec le bâtiment voisin du 84, à nouveau un marchand de tissus René Aron, puis un soldeur et une entreprise de travail temporaire. Enfin dans les années 2000, le Pôle 86 puis une société de traitement des eaux s’y installent.

Ets René Aron 84-86 avenue Jean Lebas (Document collection privée)

A suivre…

Remerciements à la BNR et aux archives municipales de Roubaix.

André Camion et Jacquy Delaporte

André Camion est né en 1922 dans les Ardennes. Sur le recensement de 1954 à Roubaix, il figure en tant que directeur commercial au 23 boulevard Beaurepaire à Roubaix, adresse correspondant sur le Ravet-Anceau de l’époque à l’entreprise A. Camion, marchand de bois.

Bien qu’ayant suivi des études universitaires scientifiques, André Camion est un passionné d’art et de lettres. Président de la société des artistes roubaisiens, laquelle existe depuis le début du vingtième siècle, pendant de nombreuses années il est à l’origine d’expositions artistiques collectives ou individuelles.

Photo d’André Camion ( Document Nord-Eclair)

Un salon est ainsi organisé par cette société chaque année et de nombreux artistes, français mais aussi internationaux, y exposent leurs œuvres. Pendant des années le salon se tient à la galerie Dujardin, 14 bd de Paris à Roubaix puis dans la rue du Vieil Abreuvoir (Voir sur notre site l’article consacré à la Galerie Dujardin) avant d’être transféré à l’Hôtel de Ville.

Photo de la galerie Dujardin 14 boulevard de Paris à Roubaix en 1928 et extrait d’une carte de visite (Document collection privée)

Par ailleurs, un temps secrétaire de la SER (Société d’Emulation de Roubaix), la plus ancienne société de la ville créée au dix neuvième siècle, qui publie au fil du temps de nombreux travaux sur l’histoire de Roubaix, André Camion se signale à l’attention des érudits par ses travaux sur l’histoire locale ancienne. Habitant à Hem, il écrit ainsi en 1974 l’histoire hémoise de « l’explosion de La Marquise 30 ans plus tôt » lors de la libération de la ville.

Puis il rédige « à 4 mains » avec Jacquy Delaporte l’ouvrage « Hem d’hier et d’aujourd’hui », se consacrant pour sa part à la partie consacrée aux origines de la ville, quand Hem n’était qu’un hameau de huttes de terres et de roseaux au bord d’un immense marais, et jusqu’à la première guerre mondiale durant laquelle la ville est occupée par les forces allemandes qui imposent à la population leur loi et leur discipline.

L’ouvrage d’André et Jacquy est un véritable travail d’historien bien qu’il ne s’agisse pas d’une œuvre de chercheur. Leur but est en effet de s’adresser à tous les habitants de Hem et à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la commune. André Camion est alors retraité de son ancien commerce de bois et a consacré les 5 années précédentes à réunir avec son co-auteur d’innombrables documents pour réaliser l’ouvrage.

Photo d’André Camion puis d’André Camion et Jacquy Delaporte en 1982 (Documents Hem d’hier et d’aujourd’hui et Nord-Eclair)

Nord-Eclair se fait l’écho de la sortie du livre et de sa future présentation en décembre 1982 par les 2 auteurs et l’éditeur : les Editions du Beffroi à l’occasion d’une réception à la salle des fêtes, présidée par Jean-Claude Provo, maire de Hem. L’ouvrage est présenté par le journaliste comme passionnant, bourré d’anecdotes et de renseignements inédits mais aussi brillamment illustré de cartes postales, photographies, plans et croquis.

Couverture de leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui (Document collection privée)

Dès le jour de la parution du livre, 600 personnes se pressent pour l’acheter à la salle des fêtes de Hem et pour voir l’exposition de documents anciens réunis à cette occasion dans la galerie qui entoure la salle : affiches, cartes postales, photos, tracts et journaux. Malheureusement cette manifestation et la séance de dédicace qui s’ensuit a lieu en l’absence d’André Camion décédé subitement à son domicile.

Avis de décès d’André Camion dans le journal du 15 décembre 1982 (Document Nord-Eclair)
Vente du livre et exposition à la salle des fêtes (Documents Voix du Nord)

Jacquy Delaporte, quant à lui a d’abord été auxiliaire d’enseignement avant de passer le concours de commis de mairie et de l’obtenir en 1964 puis de devenir secrétaire de mairie 3 ans plus tard. En 1974, un poste se libère en mairie d’Hem où il va faire le reste de sa carrière sous 4 maires successifs : Jean Leplat, Jean-Claude Provo, Marie-Marguerite Massart et Francis Vercamer, en qualité de secrétaire général.

Très attaché à cette ville qu’il ne connaissait pas il se passionne pour son histoire au point donc de co-écrire l’ouvrage cité ci-dessus avec André Camion, ouvrage tiré à 2000 exemplaires vite épuisés et non réédité. Il en rédige la 2ème partie consacrée à l’entre deux guerres jusqu’à nos jours. Au total, il effectue sa carrière en mairie d’Hem

Photo de Jacquy Delaporte (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)
Exposition Hem d’hier et d’aujourd’hui (Documents Historihem)

En 1989, c’est en solo qu’il célèbre le bicentenaire de la révolution en écrivant

un livre tiré des cahiers manuscrits d’un jeune bourgeois né en 1769, révolutionnaire de la première heure qui a vécu sous la Révolution et l’Empire : Augustin Lenglet.

A partir des écrits inédits du jeune homme, riches d’anecdotes et d’extraits de gazette de l’époque, des écrits et illustrations qu’il a pu trouver au fil de ses recherches, Jacquy Delaporte fait un livre racontant la révolution telle que l’a vécue Augustin en nous faisant voyager aux quatre coins du département : J’avais vingt ans à la révolution.

Jacquy Delaporte à la sortie de son livre en 1989 (Documents Nord-Eclair)

Puis en 1990, au cours d’une exposition organisée par l’association Historihem, dont le président est alors Mr Massart, sous la mandature de Mme Massart, intitulée Hem d’hier et d’aujourd’hui, son ouvrage co-écrit avec André Camion est à nouveau mis à l’honneur en même temps que son nouvel ouvrage.

Parallèlement à sa carrière il complète en effet l’histoire de Hem en 1990 par un nouveau livre intitulé Hem images d’hier à partir d’un fonds de cartes postales collectionnées par André Camion et Bernard Thiebaut. Il se base également sur des photos de Mme Motte et sur les documents d’Historihem. C’est une promenade commentée dans la ville.

Couverture de Hem images d’hier (Document collection privée)
Photo de Jacquy Delaporte en mairie à son bureau en 2000 (Document Nord-Eclair)

En 2000, pour son départ en retraite, ses collègues lui réservent une surprise. Une belle voiture encadrée par la police municipale vient le chercher à son domicile de Forest-sur-Marque pour l’emmener à la salle des fêtes de Hem où il est accueilli par une haie d’honneur de policiers municipaux et par le maire Francis Vercamer.

Sur scène des élus l’attendent avec Patrick Salmon, directeur de la Cantoria et tout ce petit monde, maire en tête, entonne une chanson en son hommage. Puis c’est autour du personnel de mairie de lui dédier une chanson avant de laisser la place aux discours retraçant sa longue carrière de 26 ans en mairie d’Hem.

Après que la médaille de la ville lui ait été remise c’est à Jacquy Delporte de prononcer un discours plein de remerciements mais aussi de l’histoire des secrétaires de mairie à travers les âges. Il insiste ainsi sur le caractère passionnant du métier de secrétaire de mairie. Enfin alors que la cérémonie touche à sa fin il reçoit le cadeau de l’ensemble de ses collègue : un char à voiles.

Photos du départ en retraite en 2000 (Documents Nord-Eclair)

Puis il termine ses écrits sur l’histoire de Hem par un dernier livre publié en 2003 sous le titre Hem 1000 ans d’histoire. Dans cet ouvrage il reprend l’histoire écrite avec André Camion tout en l’enrichissant d’autres illustrations et d’une suite sur 20 ans. Il participe également en 2012 à la bande dessinée Au temps d’Hem, dans laquelle le dessinateur Christian Guillaume (connu sous le nom d’artiste Teel) assisté par la coloriste Chantal Guillaume retrace l’histoire de la ville de Hem écrite par le tandem Camion Delaporte 30 ans plus tôt.

Couvertures d’Hem 1000 ans d’histoire et de Au temps d’Hem et photo de Christian Teel et Jacquy Delaporte (Documents collection privée)

André Camion et Jacquy Delaporte apportent dans leurs écrits la preuve que l’histoire , en tout cas locale, n’est pas que l’affaire des historiens. Elle est avant tout celle de passionnés, curieux de transmettre la mémoire d’une ville chère à leur cœur en images et en récits afin que chaque nouvel habitant de la localité concernée puisse en reconstituer l’histoire.

Remerciements à ces 2 personnalités hémoises pour leurs écrits ainsi qu’à l’association Historihem et la Ville de Hem

Les banques de l’avenue Jean Lebas (Suite 1)

Plus loin vers la gare, au n°22-24 de l’avenue, se trouve le Crédit du Nord, qui traite toutes opérations de banque et de fonds publics. Cette banque a son siège social à Lille, une succursale à Roubaix et des comptoirs à Croix et Lannoy.

Publicités du Crédit du Nord au n°22 de l’avenue Jean Lebas en 1914 (Document Ravet-Anceau et collection privée)

L’immeuble, qui abritait auparavant l’entreprise de broderies artistiques de Mme Fievet Mille, est alors bien intégré dans l’architecture générale de la rue comme on peut le voir sur une photo de la presse locale. Il est en effet dans un style conforme à tous les magnifiques bâtiments qui la bordent.

Publicités de Mme Fievet Mille et façade du Crédit du Nord dans l’immeuble d’origine au n°24 (Document Nord-Eclair)
Croquis et plans du rez-de-chaussée avant et après 1959 (Documents archives municipales)

Pourtant, en 1959, le Crédit du Nord cède aux sirènes de la modernisation et construit, en lieu et place de l’ancien immeuble, et après avoir racheté et démoli les maisons voisines, un horrible bâtiment à la façade bétonnée qui défigure l’ensemble de la rue.

Une photo de 1989 montre ainsi clairement le contraste entre le Crédit du Nord et l’immeuble voisin d’origine. C’est à cette même adresse que la banque demeure jusqu’à la fin des années 2000. Puis le bâtiment reste inoccupé avant d’accueillir un club sportif à l’enseigne Basic Fit.

Publicités du crédit du Nord en 1947, 1968 et 1975 (Documents Ravet-Anceau)
La façade du n°24 en 1989, 2008 et 2023 (Documents archives municipales et Google Maps)

En retraversant l’avenue on arrive au n°33 immeuble de caractère où se situe dès les années 1910 la Banque Scalbert. C’ est un établissement du Nord de la France fondé par Auguste Scalbert qui fusionne en 1976 avec la banque Dupont fondée dans le nord par Louis Dupont. La Scalbert-Dupont compte alors 154 agences.

La banque Scalbert en 1910 (Document BNR)
Publicités de la banque (Documents collection privée et Nord-Eclair)

En 2006, la Scalbert-Dupont est absorbée par le groupe CIC (Nord-Ouest) qui, dès les années 1920, avait pris une participation dans chacune des 2 banques nordistes d’origine. Depuis 1910, la façade de l’immeuble n’a guère changé si ce n’est la disparition des 2 colonnes d’origine encadrant l’entrée et supportant la grille, toutes deux disparues.

Façade de la Scalbert-Dupont dans les années 1970 et de nos jours (Document archives municipales et Google Maps)
Publicité de la Scalbert-Dupont groupe CIC (Document collection privée)

En remontant encore l’avenue vers la gare, sur le trottoir d’en face, on trouve un autre exemple du même ordre avec la Société Générale installée au n°40. Cette agence, qui a également des bureaux à Tourcoing et Croix, fait aussi escompte et opérations de bourses, et possède un service de coffres-forts. Elle a investi un magnifique immeuble de caractère comme le montrent deux cartes postales du début du siècle.

Publicités d’époque de la Société Générale (Documents collection privée)
Cartes postales de la façade initiale (Documents collection privée)

Comme le Crédit du Nord cependant, l’agence a elle aussi recours à une modernisation de sa façade en 1961 après rachat du 38 bis. Si les étages ne sont pas touchés le rez-de-chaussée est quant à lui bétonné. Ses publicités se modernisent également au fil du temps. En 1981, un guichet automatique très novateur est installé dans le passage menant à la rue Nain afin que la clientèle puisse y effectuer ses retraits sans descendre de voiture.

 

Croquis ancienne et nouvelle façade (Document archives municipales)
Le nouvel immeuble dans les années 1980 (Document archives municipales)
Publicités de 1928, 1965 et 1975 (Documents Ravet-Anceau et collection privée)
Installation du guichet automatique en 1981 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 2010, l’agence roubaisienne de la société générale quitte l’avenue Jean Lebas pour gagner des locaux plus petits, lumineux et modernes, construits en lieu et place d’une institution roubaisienne à savoir le Palais du Vêtement, sur la Grand Place de Roubaix. Sa nouvelle adresse devient le 1-3 Grande Rue à Roubaix. Quant au n°40 avenue Jean Lebas, il abritera après quelques temps divers cabinets médicaux.

La Société Générale avenue Jean Lebas en 2013 et 1-3 Grande Rue actuellement (Documents Google Maps)

En remontant encore vers la gare, un autre édifice abrite une banque dès le début du siècle. Il s’agit du n° 57-59, immeuble de style, et du Comptoir National d’ Escompte de Paris dont le siège se situe dans la capitale et qui possède également une agence à Tourcoing. Cette banque propose toutes opérations de banque et de bourse.

La façade du Comptoir National d’Escompte de Paris (Document collection privée)
Publicités de 1928 et 1955 (Documents Ravet-Anceau)

En 1962, le Comptoir dépose une demande de permis en mairie pour transformation et aménagement d’un immeuble à usage de banque. Il s’agit alors d’une mise en conformité du bâtiment existant aux normes d’hygiène et de sécurité, notamment avec l’installation d’une sortie de secours sur la rue de l’Espérance. Le plan joint à la demande donne une idée de l’aménagement intérieur du rez-de-chaussée où le public est reçu.

Plan joint à la demande de permis de construire (Document archives municipales)

Dans les années 1970, l’enseigne change car la  Banque nationale pour le commerce et l’industrie (BNCI) et le Comptoir national d’escompte de Paris (CNEP) ont fusionné en 1966 et c’est donc la Banque Nationale de Paris qui est installée dans les lieux, comme le montrent une publicité de 1975 et une photographie du bâtiment à l’époque.

Publicités de 1975 et 1979 et photographie d’époque (Documents Ravet-Anceau, Nord-Eclair et Archives Municipales)

Puis dans les années 1980, après le départ de la banque au n° 24 de la Grand’Place, l’immeuble est occupé par la compagnie d’assurances AGF. De nos jours c’est le groupe Gesco qui est installé dans les lieux et il est à noter que contrairement aux établissements bancaires précédemment cités, la façade de l’immeuble du 57-59 n’a pas connu de modification notable et a donc gardé son cachet d’origine.

Les assurances AGF : installation et photographie des années 1980 (Documents Nord-Eclair et archives municipales)
Photographie de Gesco en 2022 (Document Nord-Eclair et Google Maps)

A suivre…

Remerciements à la BNR et aux archives municipales de Roubaix.

Zone Marcel Lecoeur à Hem – 3 – le 35 rue Colbert

La ZA Lecoeur , à l’origine composée de 6 bâtiments, s’agrandit dans les années 1990, avec la construction du garage Opel dans la pointe située entre les 2 bretelles d’accès et de sortie de la voie rapide. Sur les photos panoramiques de l’époque on constate clairement que le terrain est vierge en 1988 et construit en 1995.

Photos aériennes de 1988 et 1995 (Documents IGN)
Porte-clef publicitaire du garage avec n° de téléphone à 8 chiffres donc antérieur à 1996 (Document collection privée)

L’automobiliste qui prend la sortie Hem arrive donc face au garage à la fin de la voie rapide. Le distributeur Opel Automobile de Roubaix est un très grand garage à la fois concessionnaire Opel puis aussi Kia et Chevrolet mais aussi un service personnalisé aux particuliers et aux entreprises pour l’entretien des véhicules et les travaux de carrosserie toutes marques.

Photo aérienne en gros plan (Document collection privée) et rue Colbert en 2008 (Document Google Maps)
Photo de face à la sortie de la voie rapide (Documents collection privée)

Le garage a recours aux publicités classiques de la marque mais aussi à des formes publicitaires plus inhabituelles telles qu’un défilé dans les rues avec Francis Vercamer, maire de la ville, à bord du véhicule, lors d’une braderie.

Publicités classiques de la marque en 1995 et 2005 (Documents site internet)
Défilé rue Coubronne un jour de braderie (Document collection privée)

Mais en 2014 le garage Opel n’est plus qu’un souvenir et l’entreprise Automobile de Roubaix sera radiée du Registre du Commerce et des sociétés un peu plus tard. La vitrine de la Zone Marcel Lecoeur change de visage avec l’installation d’un Carrefour Drive dans la zone où se trouve déjà installé le Leclerc Drive.

Carrefour Drive en 2014 (Document Google Maps)

Le système est le même pour les 2 enseignes en ce qui concerne la récupération des commandes mais Carrefour, à l’inverse de Leclerc, bénéficie d’une surface intérieure plus grande où les produits peuvent être stockés.

Carrefour drive (Document site internet)

La concurrence est rude et Carrefour Drive rue Colbert ferme 2 ans plus tard. Ce n’est qu’en 2019 que Carrefour Drive Market prend le relais avenue du Général Leclerc à Hem. A cette occasion des photos de l’inauguration sont diffusées par la municipalité.

Carrefour Market Drive en 2019 (Document Ville de Hem)

Commence alors une longue période où le 35 rue Colbert reste vacant et derrière les grilles fermées sont entassés de grosses pierres pour empêcher le parking d’être squatté. Triste vitrine pour les automobilistes qui arrivent sur Hem ou en partent que cette friche de plus en plus taguée et dégradée au fil du temps…

(Les pierres entassées derrière les grilles rue Colbert en 2017 (Document Google Maps) (Document Google Maps)Vues de la friche des 2 côtés de l’avenue de l’Europe en 2020 (Document Google Maps)

Enfin en Mars 2021, des travaux de réhabilitation du bâtiment commencent. La chaîne de distribution Grand Frais a choisi le site hémois à l’abandon depuis des années pour y établir un nouvel établissement. Un bâtiment de 997 mètres carrés va abriter les 5 rayons alimentaires usuels de la marque: fruits et légumes, épicerie, poissonnerie, boucherie et fromagerie.

Le bâtiment en travaux en mars 2021 (Document Voix du Nord) avec une ouverture prévue en juin 2021 (Document Google Maps)

L’ouverture a en effet lieu début juin 2021 et une boulangerie Marie Blachère s’installe dans le bâtiment qui jouxte le nouveau Grand Frais faisant du 35 rue Colbert un centre alimentaire complet.

Les 2 bâtiments côte à côte et le Grand Frais en gros plan (Document collection privée)

Remerciements à la Ville de Hem

Les banques de l’avenue Jean Lebas

La rue de la Gare est percée en 1882, en vue de relier directement la Grand’Place à une nouvelle gare de voyageurs, l’ancienne ne correspondant plus à l’importance qu’a pris la ville de Roubaix. L’année suivante, l’avenue de la Gare est viabilisée et reçoit un revêtement de pavés. Dès 1885, des constructions s’élèvent et la nouvelle avenue est rapidement bordée d’immeubles.

La nouvelle gare située à son extrémité est ouverte en 1888. En 1927, l’avenue reçoit un nouveau pavage à l’occasion du renouvellement des voies de tramway. Vingt ans plus tard, le conseil municipal décidera de lui donner le nom de Jean Lebas et une nouvelle vingtaine d’années plus tard un petit terre-plein central séparera les voies de circulation.

Percement de la rue en 1882 et vue générale de la rue au début du vingtième siècle (Documents BNR)

Installation fin dix-neuvième et début vingtième siècle

Dès la fin du 19ème siècle l’avenue de la gare devient rapidement l’adresse de prestigieux immeubles commerciaux, d’entreprises textiles et de maisons de banque. Parmi les premières banques à s’y installer on compte au n°6 le Comptoir de Change de Roubaix-Tourcoing, et M.Naessens et G. Martin, spécialisés en placements boursiers. M. Naessens y est encore répertorié en 1937 mais aucun établissement bancaire n’y figure plus après-guerre.

Publicités du comptoir des changes et de M. Naessens et G. Martin (Documents collection privée)

Se succéderont ensuite à cette prestigieuse adresse des commerces comme les marchands de chaussures Deflou dans les années 1950 et Papillon-Bonte dans les années 1960. Cette enseigne de renommée y restera durant une quarantaine d’années. A ce jour c’est un magasin de chaussures et maroquinerie à l’enseigne Cheryl qui a investi le rez-de-chaussée. Sur une carte postale représentant un jour de festival en 1910 on distingue clairement l’élégant immeuble qui a toujours le même cachet en 1997 et en 2023.

Gros plan d’une CPA de 1910, puis photos de 1997 et 2023 (Documents BNR et Google Maps)

A peu près en face, à la même époque, dans un immeuble beaucoup plus étroit au n° 9 se situe l’agence d’A.Moret et Cie, également spécialisée dans les placements boursiers. A la fin des années 1920, l’établissement est géré par R. Mangin et le reste jusqu’à la moitié des années 1970.

Publicité de 1955 des Ets Mangin (Document Nord-Eclair)

En 1973, la banque fait les gros titres de la presse locale, lorsqu’un convoyeur de fonds se fait braquer en pleine après-midi et se fait arracher sa serviette pleine de billets qu’il amenait dans une autre banque située à quelques mètres de là de l’autre côté de l’avenue.

Braquage d’un convoyeur de fonds en 1973 (Document Nord-Eclair)

Dans la 2ème partie des années 1970, l’établissement change d’enseigne et devient la société de Banque du Nord. A cette occasion la façade du bel immeuble, comme tant d’autres, est « défigurée » au rez-de-chaussée, au nom de la modernisation. La nouvelle agence se veut claire, moderne et avenante ce que démontre la photo de l’accueil.

Croquis de l’ancienne façade et de la nouvelle en 1974 (Document archives municipales)

Façade et accueil intérieur en 1975 (Document Nord-Eclair)

Puis, dans les années 1990, une agence de travail temporaire, la Solerim, prend possession des lieux avant de céder la place 10 ans plus tard au salon de coiffure de Roseliz Cromphout. La façade du salon de coiffure s’intègre à nouveau mieux dans l’architecture ancienne de l’immeuble et l’intérieur revendique élégance, classe et ambiance zen. Aujourd’hui un salon de coiffure occupe toujours les lieux.

La Solerim en 1990 (Document Nord-Eclair)
Le salon de coiffure des années 2000 et celui d’aujourd’hui (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

Quelques mètres plus loin s’installe au n°15-17 le Crédit Lyonnais dans un magnifique immeuble qu’il quitte 20 ans plus tard. En effet, dès 1937, le Comptoir Lainier Roubaisien s’installe au 15 et J.Florin, courtier en laine, au 17. Par la suite l’immeuble sera occupé par le drapier Hallynck puis par une agence de publicité Caribou avant de devenir un cabinet d’avocats puis un centre d’affaires.

La façade du Crédit Lyonnais au 15-17 et une publicité de 1928 (Document BNR et Ravet-Anceau)
La façade du Caribou, du cabinet d’avocats puis du Centre d’Affaires l’Arche (Documents Google Maps)

Quant à la banque, elle emménage alors dans l’immeuble voisin, au 19, où se trouvait auparavant la maison de vente de la chocolaterie confiserie L’Herbier-Bernaert. L’immeuble de caractère est beaucoup moins large en façade mais beaucoup plus profond. Dans les années 1950, le parking de la direction se trouve rue du Général Sarrail et 10 ans plus tard le Centre Administratif Régional du Crédit Lyonnais se trouve du 20 au 34 de cette rue, à l’arrière du bâtiment de l’avenue Jean Lebas.

Publicité de la chocolaterie au début du siècle et photo de la façade en 1963 (Document collection privée et Nord-Eclair)
Publicités du Crédit Lyonnais en 1937, 1955, 1968 et 1975 (Documents Ravet-Anceau)
Plan du bâtiment et photographie du CAR dans les années 1960 plus photo de l’intérieur au service informatique (Documents archives municipales et collection privée)

Dans les années 1990 la façade de l’immeuble avenue Jean Lebas n’a pas changé comme en témoigne la photo ci-dessous. 15 ans plus tard la marque siglée jusqu’alors CL devient LCL suite à un rapprochement entre Crédit Lyonnais et Crédit Agricole. C’est dès lors ce nouveau sigle qui orne la façade.

Façade du crédit Lyonnais dans les années 1990 et en 2022 (Document archives municipales et Google Maps)
Photographies de l’intérieur (Documents site web)

A suivre…

Remerciements à la BNR et aux archives municipales de Roubaix.