La Feuilleraie

La propriété, sise 42 rue de Lille (actuelle rue du Général Leclerc) à Hem, est, à l’origine, à la fin du 19ème siècle, la propriété de Mr Antoine Mulaton, industriel en teinturerie et blanchiment, dans la même rue (voir sur ce sujet l’article paru sur notre site consacré à la teinturerie Meillassoux et Mulaton). Puis il la vend à Joseph Picavet, chapelier lillois, qui a son tour la cède à Edouard Catrice qui désire en faire sa maison de campagne.

La propriété de Mr Mulaton (Document collection privée)

La propriété est occupée, en tant que maison de campagne  » La Feuilleraie », en juillet 1923. Elle est alors sans eau potable et sans électricité. Une pompe à bras permet de desservir l’eau non potable d’une citerne pour la cuisine, le vestiaire et les sanitaires. La toilette est faite avec le broc et la cuvette en faïence. Quelques pièces au rez-de-chaussée seulement possèdent un éclairage par le gaz. Dans les autres pièces, on utilise les bougies ou la lampe à pétrole dite lampe Pigeon .

La Feuilleraie entre 1920 et 1930 (Document Historihem)

Edouard Catrice est alors associé à Jean Deffrennes-Canet dans une fabrique de tissus d’ameublement située à Lannoy. Hélas, vers 1925-1926, des boiseries de sa demeure de Hem sont attaquées par un champignon (mérule) dont on ne parvient pas à se débarrasser même en remplaçant les bois atteints.

Facture de l’usine d’Edouard Catrice en 1920
Sa photo dans le parc de sa maison de Hem en 1922 (Documents Historihem)

Edouard Catrice décide alors d’abattre la maison et d’en construire une nouvelle sur les plans de Mr Bataille, architecte à Roubaix. Seules les dépendances sont conservées en l’état. Dans les combles, les bois sont remplacés par des poutres métalliques. Les murs sont épais, les boiseries en chêne et l’escalier en bois d’orme. Elle est terminée en 1931 et habitée en septembre non plus pour les mois d’été mais en tant qu’habitation principale.

Photo aérienne de la propriété en 1933 (Document IGN)
La maison terminée en 1931 façade et côté (Documents Historihem)

La maison est imposante et l’intérieur est aménagé pour loger confortablement une famille comptant dix enfants. Dix têtes symbolisant les dix enfants sont sculptées sous la corniche de la demeure. Au sous-sol se trouvent diverses caves et une buanderie. Au rez-de-chaussée, autour d’un grand hall dallé de marbre en damier sont agencés salon, grande salle à manger et petite salle à manger, office, cuisine et galerie terrasse.

Edouard Catrice et son épouse et 9 de leurs dix enfants à la plage (Document Historihem)
Les dix têtes sculptées sous la corniche de l’habitation (Document Historihem)
Hall, galerie terrasse, grande salle à manger et petite salle à manger (Documents Historihem)
Exemples de décoration intérieure (Documents SER)

Au premier étage, en haut d’un escalier dont les murs sont enjolivés d’arcades et de vitraux, se trouvent 6 chambres, une salle de bains, deux cabinets de toilette, une lingerie, le bureau d’Edouard Catrice et une chapelle. Quatre autres chambres se situent au deuxième étage ainsi qu’une salle de jeux-billard-lecture. Le 3ème étage comprend un grenier.

Escalier, palier du 1er étage et chapelle (Documents Historihem)

S’ajoutent à la demeure principale les dépendances, constituées d’un garage et d’une conciergerie. En cas d’absence prolongée de la famille la maison est ainsi gardée par le couple de concierges qui vit à demeure dans la propriété. Un jardinier est employé pour s’occuper du potager et mettre le parc en valeur.

La demeure est en effet située dans un parc boisé de près de 2 hectares qui est redessiné : allées cendrées et plates-bandes fleuries près de la maison, fruitiers et potager préservés sur le côté et dans le fond, appelé le bois, des arbres centenaires entretenus.

Les jardins aux abords de la maison (Documents Historihem)
Le verger potager, l’allée qui mène au bois et le bois (Documents Historihem)
A la fin des années 1930, le couple profite du jardin ; un ami y retrouve Edouard Catrice (Documents Historihem)

Tous les ans des manifestations festives sont organisées à la Feuilleraie. Outre les fêtes familiales s’y déroule la Fête-Dieu, 60 jours après Pâques : une procession se forme à l’église Saint-Corneille et se rend sur les pavés de la rue de Lille jusqu’au château Catrice.

L’entrée de la propriété et la façade arrière de la maison sont décorées de guirlandes de fleurs et d’oriflammes à queue de pie marqués d’une croix latine. Le cortège se dirige alors côté parc où un reposoir est aménagé dans la coursive de la maison.

La fête-Dieu au château Catrice entre 1932 et 1939 (Documents Historihem)

Remerciements à l’association Historihem et à la Société d’Emulation de Roubaix.

A suivre…

Château de la Marquise (suite)

Deux ans plus tard, en septembre 1946, le marquis d’Auray de Saint Pois décède à l’âge de 86 ans, dans son domaine de la Manche. Sa veuve, la marquise, née Mathide Marie Joseph Pollet, décède 11 ans plus tard, en 1957, à Paris à l’âge de 82 ans. Le couple a eu 2 filles Germaine Marie Mathilde en 1897 et Renée en 1899. Le château de Saint-Pois reste dans la famille jusqu’à la mort de la dernière en 1982. En revanche le domaine de Hem devient propriété municipale.

Photo aérienne de 1947 montrant l’ensemble du domaine après-guerre (Document IGN)

L’année du décès de la Marquise, à l’occasion de la fête nationale, un gymkhana automobile est organisé dans le Parc réunissant une vingtaine de concurrents venus de toute la région et chacun fait preuve de virtuosité pour contourner les multiples obstacles installés sur le parcours et ce devant une foule de curieux massés sur le périmètre du terrain.

Les curieux massés autour du terrain et un concurrent s’apprêtant à prendre le départ dans une fourgonnette 2CH (Document Nord-Eclair)

Mais les bâtisseurs, en l’occurrence « La Maison Roubaisienne » s’emparent bien vite d’une grande partie de ce magnifique terrain boisé à quelques kilomètres de Roubaix et bien desservi par 2 voies importantes : le boulevard Clémenceau et la rue de la Tribonnerie.

Ce terrain est divisé en 105 parcelles, dont la superficie varie entre 800 et 1300 mètres carrés. Le Corbusier, un temps pressenti comme architecte du projet ne parvient pas à s’entendre avec Albert Prouvost (Voir sur notre site un précédent article intitulé : Quand Le Corbusier vient à Hem).

Chaque acheteur d’un terrain fait ensuite bâtir selon ses goûts personnels mais en se pliant à l’impératif d’un plan d’ensemble issu de la nécessité de sauvegarder la beauté du parc. La discipline imposée dans la construction s’exprime en plusieurs impératifs : pavillons isolés, unité des angles de toitures, qualité de la brique et des tuiles , portillons standard…Les travaux de viabilité sont entrepris dès l’année 1958 et une nouvelle route traverse le terrain.

Les futurs propriétaires bénéficient de l’aide de l’Union mutuelle immobilière de crédit (UMIC), créée par Albert Prouvost (industriel roubaisien animateur du CIL) et le CIL(Comité Interprofesssionnel du Logement fondé en 1943 pour permettre l’accession à la propriété des ouvriers). Cet organisme est chargé de prêter de l’argent aux cadres qui souhaitent faire construire des logements individuels.

Titres du journal de 1958 avec photo du terrain avant le début du chantier et publicité pour l’achat de terrains à la Marquise (Document Nord-Eclair)

En 1959, les premiers pavillons apparaissent et la Voix du Nord titre : le lotissement résidentiel, édifié dans un parc magnifique, sera un des mieux réussis de notre agglomération. Sont en effet conservés de nombreux arbres d’essences différentes, un étang et des pelouses ce qui permet aux constructions d’être nichées dans un havre de verdure. La Tribonnerie va compter une trentaine de maisons dans un cadre enchanteur.

L’étang dans la Tribonnerie à l’époque des constructions et en 2017 (Documents collection privée)

La viabilité, alors achevée, se résume en quelques chiffres particulièrement significatifs : les terrassements pour égouts et encaissement des chaussées et trottoirs concernent un volume de 10.000 mètres cubes ; la longueur des égouts est de 2 kms et les chaussées nouvelles occupent la même distance ; la superficie de revêtement des routes est de 10.000 mètres carrés et la surface des trottoirs de 9.000 ; l’éclairage public est fluorescent…

Le titre de la presse locale en 1959 et la photo de 3 pavillons déjà construits (Documents la Voix du Nord)
Une photo du quartier dans les années 1970 (Document collection privée)
Photo aérienne de la Tribonnerie avec le plan d’eau de l’allée Matisse en 2023 (Document Google Maps)

Pourtant, malgré les propos rassurants de l’article sur le fait que la Tribonnerie ne présente alors plus aucun danger, lors de la construction du lotissement , on déplore sur un chantier, allée Matisse, la mort d’un maçon ayant frappé sur un obus anti-char avec un marteau et un clou. Ce serait la dernière victime des dépôts de munitions de Hem, si l’on excepte les blessures subies par 2 employés municipaux en 1986 alors qu’ils ramassaient des herbes dans l’ancienne propriété de la Marquise.

Des obus dans le parc de la Marquise en 1958 (Document Nord-Eclair)

Côté rue de Beaumont, le reste du parc est affecté dès la fin des années 1940, « au terrain hippique du parc municipal des sports » donnant sur la rue de Beaumont. Ainsi, en 1947, la SHR (Société hippique rurale) de la Vallée de La Marque organise un concours hippique sur le Terrain de la Lionderie pour chevaux de demi-trait puis pour chevaux de ville à l’issue duquel une médaille est remise.

Programme et médaille du concours de la Lionderie de 1947 et une carriole publicitaire dans les rues et des cavaliers à cheval (Documents Historihem)

Ces concours continuent après la création du quartier résidentiel de la Tribonnerie : ainsi celui organisé par la SHR de la Vallée de la Marque, en 1962, au profit du comité municipal d’aide aux anciens, sous le patronage du journal Nord-Eclair. Plus de 70 cavaliers et cavalières participent à ce Grand Prix de la Tribonnerie qui se clôture par une traditionnelle distribution des prix.

Le concours hippique de 1962 (Document Nord-Eclair)

En 1964, on note le déroulement du Rallye annuel de Saint-Hubert, organisé également par la SHR, au cours duquel le pain de Saint Hubert ainsi que les cavaliers et cavalières participant, tout comme les chevaux et les chiens, ont reçu la bénédiction de l’abbé Georges Leurent, curé d’Hem Saint Corneille, après la messe.

La bénédiction par le curé Leurent lors du rallye de 1964 (Document Historihem)

Le prix Nord-Eclair remporte également une vive réussite en 1967, avec la participation au concours du champion de France, dans le prix de la ville de Hem, ainsi que le joyeux rallye équestre de la SHR l’année suivante au cours duquel une randonnée de 30 kilomètres autour de Hem au départ du terrain de la Marquise avant un retour sur ce même domaine.

Le prix Nord-Eclair de 1967 et le Rallye équestre de 1968 (Documents Nord-Eclair)
Un concours hippique à La Marquise (Documents Historihem)

Dans les années 1970, le Club Hippique d’Hem, y organise encore des concours placés sous la présidence d’honneur du préfet de région et du maire de Hem. Y participent près de 600 chevaux dans les différents prix : Espoirs, Club Hippique d’Hem, Brasserie du Pélican et Nord-Eclair. Les personnalités sont accueillies devant le club-house et les différentes épreuves se répartissent sur toute la journée.

Les personnalités au concours de 1973 (Documents Nord-Eclair)

Dans les années 1980, les écuries sont toujours présentes sur l’ancien domaine de la Marquise. 20 ans plus tard il ne reste que peu de vestiges du château : hormis quelques pierres, vestiges du portail nord à l’angle de la Tribonnerie, se dresse encore l’ancien pigeonnier du Château de la Marquise au dessus du mur d’enceinte côté rue de Beaumont.

Les écuries dans les années 1970-1980 (Documents Historihem)
Les vestiges (2 pierres et 2 faîtières de pilier) et le pigeonnier rue de Beaumont dans les années 2000 (Document collection privée)

Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion pour son livre co-écrit avec Jacquy Delaporte Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au temps d’Hem et enfin à Jean-Louis Denis pour sa contribution.

Kiabi

En choisissant ce nom, le fondateur, Patrick Mulliez, veut donner l’image d’une enseigne « qui habille » toute la famille. La marque, première à se lancer sur le segment des vêtements et chaussures pour la famille à petits prix, est créée en 1978, avec l’ouverture d’un premier magasin à Roncq, dans le Nord.

Ce premier magasin de 1000 m2 sera vite suivi par d’autres points de vente toujours implantés en zone commerciale de périphérie et la marque impose son concept de mode à petit prix tout au long des années 80. En une décennie, Kiabi ouvre 35 magasins et recrute 1500 salariés : c’est l’âge d’or de la marque dont le slogan est « Kiabi, la mode à petits prix ».

Logo de Kiabi en 1978 (Document internet) et publicité reprenant les premiers magasins ouverts dans la région (Document Yuma Paris)

Dix ans plus tard la presse locale annonce le nouveau transfert du siège social de l’entreprise, située avenue du 08 mai 1945 à Villeneuve d’Ascq, vers Hem, 100 rue du Calvaire (dans la future zone des 4 Vents). Au départ, son implantation était prévue sur l’ancien site Gabert (sur le sujet voir un précédent article publié sur notre site intitulé Teinturerie Gabert). Mais le terrain s’est avéré finalement inadapté aux besoins de l’entreprise.

La construction a donc été décidée sur un terrain de 5 hectares situé juste à côté de l’antenne Sud dans la rue du Calvaire face à la Briqueterie (sur ce sujet voir un précédent article publié sur notre site intitulé Briqueterie de Hem).

Vue aérienne de l’emplacement futur de Kiabi (Plan actuel / photo des années 1960)

Le bâtiment doit être constitué d’une surface utile de 7000 mètres carrés et ne doit pas excéder 12 mètres de hauteur. La Direction générale et les services centraux vont se partager 3 niveaux. C’est la SOPIC, une société basée à Tarbes et spécialisée dans l’immobilier d’entreprise, qui est en charge de la réalisation de l’ouvrage.

Titre dans la presse locale en 1988 et maquette de la future construction (Document Nord-Eclair)(Document Nord-Eclair)

Cette nouvelle implique le transfert de 90 emplois sur la commune de Hem ainsi que la création de 100 autres postes pour le nouveau siège social voir même 135 emplois à l’horizon 1990, ce dont se réjouit bien évidemment Mme Massart, maire de la ville. Les travaux doivent débuter en novembre 1988, en vue d’un déménagement du siège social à la fin du premier trimestre 1990. Bien que l’architecte soit parisien et la SOPIC installée dans le sud du pays, ce sont des entreprises régionales qui seront occupées à la réalisation de la construction, ce qui signifie également une trentaine d’emplois sur le site pour une durée d’un an.

Photo aérienne de 1995 (Document IGN)

L’immeuble est finalisé en 1990, comme prévu et la SAS Kiabi Europe, créée en 1987, y installe officiellement son siège en juin 1990. Le bâtiment, flambant neuf, est de conception moderne et particulièrement curieux à observer depuis le ciel avec sa forme très inhabituelle.

Photo de l’entreprise nouvellement installée (Document archives municipales de Roubaix)

1990 est aussi l’année d’une nouvelle grande campagne de communication qui a pour slogan : « C’est bon pour le moral ». L’enseigne frappe fort en prenant pour égérie une star de la chanson et non des moindres puisqu’il s’agit de Johnny Hallyday. Les photos publicitaires couvrent les murs de France.

Campagne de publicité des années 1990 (Document Yuma Paris)

Trois ans plus tard, Kiabi s’exporte en Espagne et va continuer à s’internationaliser, notamment en Italie. En 1997, le réseau compte 85 magasins et en 2000, la marque lance son site web avant de se développer en franchise 5 ans plus tard.

En ce début de vingt et unième siècle, l’entreprise Kiabi effectue sa publicité au dos du guide pratique de la ville de Hem en associant étroitement l’ensemble de ses salariés à cette ville qui les a accueilli dix ans plus tôt. Son titre : Kiabi, l’an 2000 commence à Hem.

Publicité Kiabi an 2000 (Document guide pratique de Hem)

En juin 2011, Kiabi, à l’étroit sur le site de la Zone des 4 Vents à Hem (450 salariés) inaugure des nouveaux locaux dans la zone de Roubaix-Est à Lys-lez-Lannoy, 20 rue de Toufflers (250 salariés), dans les bureaux laissés libres par l’ancienne usine pharmaceutique Delpharm, mais prévient qu’il s’agit d’une solution transitoire, l’entreprise devant, à terme, retrouver un site unique.

Dès lors les salariés de la Direction France de l’entreprise, les ressources humaines et l’informatique s’installent à Lys-lez-Lannoy, tandis que les salariés du marketing, des collections (une cinquantaine de stylistes y travaillent sur les collections en permanence), des services administratifs et financiers restent à Hem.

Kiabi Lys-lez-Lannoy (Document site internet)

En 2013, la marque Kiabi est récompensée pour son concept de magasin par l’Institut Français du Design (IFD) et reçoit le label Janus dans la catégorie commerce. Mais en 2014, elle fait l’objet d’un « bad buzz » à cause d’un déguisement Zoulou, affiché à la vente sur son site avec une référence à la préhistoire, et vite retiré suite aux critiques. La même année Kiabi choisit de tendre une banderole sur un champ sur laquelle est écrit « Kiabi colore le tour » pour fêter le passage du tour de France. C’est une référence à sa nouvelle campagne mondiale « Kiabi colore la vie ».

Le déguisement Zoulou mis en cause en 2014 et la nouvelle campagne mondiale Kiabi colore la vie (Document Voix du Nord et Yuma Paris)

En 2015, Kiabi compte 500 magasins dans le monde et devient le n°1 du prêt-à-porter en France. L’année suivante, la marque reçoit l’aval de la MEL, après avoir filmé un « flash mob » des salariés sur le terrain convoité, pour déménager à Lezennes, à deux pas d’ Héron Park et du Stade Pierre Mauroy. La construction sur le site de Hem n’est en effet pas possible car il ne reste que 4 hectares de terrains, en sacrifiant les parkings alors qu’il en faudrait 10.

Un « flash mob » sur le terrain convoité en 2016 (Document Voix du Nord)

En 2020, Kiabi est catégorisée grande entreprise (entre 2000 et 4999 salariés). Pour cocher les nombreuses cases du siège social rêvé pour une enseigne de dimension mondiale, quoi de mieux qu’un projet de 30.000 mètres carrés en plein centre urbain dont l’ouverture est prévue fin 2024. Outre les fonctions centrales devrait s’y trouver : un magasin format XL au rez-de-chaussée (3000 mètres carrés), 20.000 mètres carrés de bureaux à l’étage, 2 restaurants, un parking de 900 places (dont 300 bornes électriques), 4000 mètres carrés de surfaces végétalisées (dont une partie des toits), une salle de conférence de 1.500 mètres carrés, 6000 mètres carrés pour l’accueil d’entreprises extérieures (notamment des start-up) proches de l’enseigne. Plus de 7000 mètres carrés sont prévus pour l’accueil des familles dont une crèche pouvant accueillir 35 berceaux et une halte-garderie ouverte en journée, soirée, week-end. Enfin un très grand parvis est destiné à accueillir des événements.

Le projet Kiabi pour 2024 à Lezennes (Document Fashion Network)

Le projet est porté par Etixia, la filiale foncière de Kiabi, développé avec le cabinet d’architecture Avant-Propos, et la première pierre est posée le 13 septembre 2022, le début du chantier ayant pris du retard avec la crise sanitaire. Avec ce nouvel écrin le groupe (et ses 10.000 salariés) se projette à 10 ans et prévoit un doublement de ses ventes d’ici 2030.

Le projet Kiabi (Document Etixia)

Si une production en France n’est pas envisagée, l’accent est porté sur la seconde main ou le recyclage des vêtements, comme sur l’écoconception des pièces à 100%, et le futur siège de Lezennes devrait, dans cet esprit, servir de laboratoire d’innovation à l’ensemble du groupe d’habillement pour le pousser à développer une mode plus responsable et durable. Des formules d’abonnement et de location de vêtements sont à l’étude tout comme de nouvelles applications numériques.

Un trou colossal à Lezennes en septembre 2022 (Document Voix du Nord)

Après le déménagement de Kiabi, on ignore encore l’usage futur des locaux de Hem dont la marque est propriétaire. Plusieurs options sont sur la table : reconditionner les bureaux pour créer éventuellement un EHPAD ou au contraire tout détruire pour faire de la logistique. A ce jour la question ne semble pas avoir été tranchée.

Kiabi est aujourd’hui une des nombreuses filiales du GIE Association Familiale Mulliez, spécialiste de la grande distribution et qui compte parmi ses enseignes : Auchan, Decathlon, Top Office…Sur la trentaine d’années que la marque a passé à Hem l’entreprise a connu une croissance qui ne s’est jusqu’ici jamais démentie et son histoire restera donc liée à la ville.

Château de la Marquise

En mai 1882 a lieu, sous l’égide de Maître Aimé Vahé, notaire à Roubaix, la vente par adjudication, en trois lots, d’une « magnifique campagne, belle futaie, bois, pièces d’eau », d’environ 15 hectares, dans la commune d’Hem, sur le Pavé de Roubaix à l’Hempempont (actuelle rue de la Tribonnerie), avec entrée sur la route départementale de Lille à Lannoy (actuelle rue Leclerc) et entrée avec conciergerie sur le sentier de Hem (actuelle rue de Beaumont).

Vente du domaine par adjudication en 1882 (Documents Historihem)

En 1896, le maire de Hem, Henri Désiré Joseph Leuridan, marie Mathilde Pollet, fille d’un riche cultivateur hémois à un aristocrate normand, Eugéne Marie Gaston d’Auray de Saint-Pois. Les époux s’établissent sur le domaine vendu à la famille Pollet 14 ans plus tôt, qui sera donc dès lors connu familièrement de la population sous le nom de Château de la Marquise, alors qu’aucun château n’y sera jamais construit.

Photo d’Henri Leuridan et mariage de Mathilde Pollet vu en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)

Le château de la famille de Saint-Pois est en réalité une demeure du XVIII ème siècle qui se situe sur la commune de Saint-Pois, dans la Manche, en Normandie. Le domaine y appartient à la famille du Marquis depuis le Moyen-Age. Le château y est reconstruit, après destruction, en forme de fer à cheval, l’aile nord abritant les cuisines et les autres ailes un décor raffiné. Le marquis ne vient à Hem que quelques fois par an pour y chasser le lapin et le faisan. Mais le parc est toujours impeccablement entretenu et fleuri, les étangs empoissonnés et les pâtures louées aux fermiers voisins.

Le château familial à Saint-Pois et le blason de la famille (Document Wikimanche et Man8rove)

Dans le domaine de Hem, la partie haute, plantée d’arbres et de pelouses, est agrémentée de trois pièces d’eau. Plus bas on trouve un petit bois de chênes magnifiques puis des prairies. Côté Est, est planté un verger et côté nord l’habitation du jardinier chef donne sur un grand potager et des serres chauffées. Un pigeonnier domine l’ensemble et 2 conciergeries assurent la surveillance de la propriété, l’une à l’entrée nord et l’autre à l’entrée sud.

Le bois et les bords du lac et le pont au dessus du plan d’eau (Documents collection privée)
La conciergerie côté nord et la glacière située dans le parc (Documents Historihem)

La demeure des châtelains, à Hem, est en fait un relais de chasse à un étage, sans style particulier, situé le long du pavé de Roubaix à Hempempont. Mathilde Pollet qui ne serait pas en très bons termes avec le propriétaire du château sis dans le quartier de la Lionderie souhaite quant à elle que sa propriété soit appelée « Château de la Lionderie », comme le démontre l’enveloppe qui lui est personnellement adressée, et la série de cartes postales qui lui sont consacrées porte d’ailleurs cette appellation.

Enveloppe adressée à la Marquise au Château de la Lionderie (Document collection privée)
Le Château de la Lionderie en hiver et en été (Documents collection privée)

La marquise est réputée pour avoir du caractère et la bande dessinée Au temps d’Hem illustre avec humour cet aspect de sa personnalité dans un dialogue imaginaire avec le tenancier du café Au bon coin, situé au coin de la rue de Saint-Amand (aujourd’hui rue du Docteur Coubronne) et de la rue Jules Ferry, sur son chemin pour aller à l’église Saint-Corneille.

Illustration humoristique du caractère de Mme la Marquise (Document Au temps d’Hem)

Mathilde Pollet n’a pas que des amis sur Hem et tente d’agrandir toujours plus son domaine ceint d’un mur sur une grande partie de sa surface. Ainsi en est-il de ses relations avec le fermier Louis Jonville qui refuse de lui vendre une parcelle qui lui manque et sur laquelle sera érigée la propriété de la famille Declercq (sur le sujet voir un précédent article sur notre site intitulé : Famille Declercq, 28 rue de la Tribonnerie).

Le Château côté rue et la ferme du domaine (Documents Historihem)
CPA de l’intérieur du château (Documents Historihem)

Pendant la première guerre mondiale l’ennemi occupe les différents châteaux de Hem et le domaine de la Marquise n’échappe pas à la règle, comme le démontrent ces cartes photos prises durant l’été et l’hiver 1917. La propriété ne subit à priori pas de dommages essentiels et la Marquise continue à l’habiter après guerre.

Le château pendant la première guerre (Documents collection privée)

Au début de la deuxième guerre mondiale les anglais ont leur point de ralliement au château de la Marquise dont le nom de code, pour permettre aux estafettes anglaises de se diriger, est « green shutters » : les volets verts. Les deux fermes voisines : Leplat et Jonville, sont les « twin farms » : les fermes jumelles. L’Etat-major se trouve sur le territoire d’Anappes au Château de Montalembert.

Puis, sous l’occupation allemande, le parc du Château et celui du château Olivier deviennent un dépôt de munitions : le plus important du Nord. Des bases anti-aériennes sont installées autour des deux châteaux et la commune d’Hem devient un point de traversée. Les véhicules allemands du Nord Pas-de-Calais et même de Belgique viennent s’y approvisionner en munitions, lesquelles sont empilées à hauteur de maison tous les 100 mètres. Ces 2 dépôts sont un point vital pour l’ennemi qui les fait garder par des civils français : 30 hommes le jour et 50 la nuit.

Tous les transports sont effectués de nuit par camion. De jour les munitions sont rangées et camouflées. Les travaux sont exécutés par des ouvriers civils de la région, amenés par camions militaires : de 20 à 30 hommes par domaine.

Le message de Radio Londres après le débarquement (Document Au temps d’Hem)

Au printemps 1944, il ne reste plus qu’un officier qui commande, un Feldwebel, et quatre soldats dans chacune des propriétés. Ils logent dans des maisons réquisitionnées sur le boulevard Clémenceau. Ils effectuent des tours de garde, les clôtures des châteaux sont renforcées de barbelés et les grilles obscurcies par des planches. La rue de la Tribonnerie est interdite au trafic.

Les munitions entreposées sont toutes désamorcées, c’est à dire détonateurs et fusées stockées séparément. Il s’agit de munitions classiques de tous calibres depuis la balle de fusil jusqu’à la torpille marine, en passant par toute la gamme des obus. Les munitions légères (balles) sont entreposées dans les caves du relais de chasse et des dépendances de la Marquise tandis que les plus gros calibres se trouvent au château Olivier.

D’ autres explosifs délicats se trouvent dans des hangars légers en bois montés sur les pelouses et camouflés. La plus grande masse est empilée au pied des grands arbres. Certains tas d’obus reposent dans des fosses profondes de 0,50 m environ, protégées de talus et camouflées de bâches. L’ensemble représente une masse explosive considérable.

Après le débarquement, Radio Londres diffuse un message : « Lorsque les oliviers fleuriront, la marquise dansera ». Lors de la libération de Paris en Aout 1944, les allemands s’apprêtent à quitter Hem. L’officier allemand commandant la place prévient le maire qu’il va faire sauter l’ensemble le 3 septembre et qu’il faut évacuer les habitants. Fin Aout des bombardiers américains survolent les 2 domaines et c’est la panique mais aucune bombe n’est larguée.

La police française sillonne les rues (Document Au temps d’Hem)

Le 2 septembre au petit matin les hémois sont prévenus, par la police française qui sillonne les rues avec des automobiles à haut parleur, que les dépôts vont sauter ensemble à 13h. Les allemands improvisent un amorçage de secours et le dispositif de mise à feu électrique est remplacé par un cordon enflammé, suite aux tentatives de sabotage de la résistance hémoise, lesquelles ont ainsi évité par la coupure du courant une déflagration générale destinée à détruire la ville.

A 16 heures les allemands quittent les châteaux et moins d’une heure plus tard de formidables explosions retentissent. C’est comme un tremblement de terre suivi d’un tintamarre épouvantable : vitres et tuiles volent en éclats dans une bonne partie de la ville. Une fumée noire monte en volutes épaisses jusqu’à plus de 200m de haut. Autour des dépôts des projectiles retombent : obus, terre, briques, tuiles, branches…

L’explosion provoquée par les allemands et l’arrivée des anglais à Hem (Document Au temps d’Hem)

Les explosions se succèdent durant toute la nuit car tous les stocks ne sautent pas en même temps et la mise à feu se fait de proche en proche. Le 3 septembre au matin, l’enfer se calme et aucun blessé ou disparu n’est à signaler parmi la population estimée à 10.000 habitants. Seul un soldat allemand est retrouvé mort au Château Olivier, peut-être un artificier. Les parcs sont bouleversés : arbres déchiquetés, sol retourné. A la Marquise seules crépitent encore les balles dans les caves.

Les curieux affluent alors sur les lieux malgré le danger puisque 2/3 des stocks de munitions sont à priori toujours intacts, à la recherche d’armes ou de nourriture. S’ils n’en trouvent pas le pillage d’outils, de cuivre, voire même de portes commence. Le lendemain, quelques petites explosions reprennent à la Marquise puis le surlendemain très brutalement une grosse déflagration retentit et cette fois c’est le drame et 5 morts sont relevés. C’est seulement ensuite que les châteaux sont à nouveau gardés jour et nuit par les FFI.

Après la fuite des allemands vers la Belgique, au retour des anglais, les services de déminage français et anglais se mettent au travail pour désamorcer des milliers d’obus éparpillés ça et là ainsi qu’une trentaine de mines découvertes au milieu des caisses de munitions. Le sol sera ensuite nivelé par des bulldozers et de nombreux engins enterrés remontent périodiquement. Le ramassage de cuivre se poursuit durant plus de 10 ans et régulièrement de petites explosions dues à des feux d’herbes et branches se reproduisent longtemps après la fin de la guerre.

Le relais de chasse après les explosions de septembre 1944 (Documents collection privée et Historihem)

Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion pour son livre co-écrit avec Jacquy Delaporte Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au temps d’Hem et enfin à Jean-Louis Denis pour sa contribution.

A suivre…

Maternité Paul Gellé (suite 2)

Trois ans plus tard, en avril, c’est une mairie annexe qui est inaugurée dans les locaux de la maternité Paul Gellé, afin que les nouveaux parents n’aient plus à se déplacer à l’Hôtel de Ville pour y faire enregistrer leurs enfants. L’employé de mairie y recueille alors son premier acte de naissance officiel sur les 2.300 naissances par an que compte cette maternité.

La déclaration est ainsi vraiment facilitée, l’officier d’état civil pouvant se déplacer lui-même dans les chambres. Deuxième avantage : la mère peut ainsi avoir la même possibilité que le père de déclarer la naissance de son enfant. Cette initiative constitue à priori une première dans l’hexagone et Mr Diligent espère que celle de Roubaix en entrainera d’autres.

Inauguration d’une mairie annexe à l’entrée de la maternité et 1ère déclaration dans une chambre (Documents Nord-Eclair)

Au fil des ans, la maternité Paul Gellé s’est adaptée en permanence aux évolutions de la médecine comme de la société. En offrant un cadre aux consultations prénatales elle a incité les jeunes mamans à s’y rendre de manière systématique alors qu’auparavant seul un tiers d’entre elles s’y rendaient facilitant ainsi le dépistage des maladies durant la grossesse.

Avec l’obtention du droit à l’avortement en 1974, elle a créé un service d’orthogénie (IVG) et un centre de planification familiale. Elle a aussi été à la pointe de la prise en charge des prématurés. Son service de néonatologie et la construction du pavillon mère-enfant sont pour beaucoup dans l’obtention en 2009 du label décerné par l’OMS et l’UNICEF : « Hôpital ami des bébés », et dans son renouvellement en 2013.

La maternité dans les années 2010 (Document Ville de Roubaix)
Vue aérienne de la maternité et du pavillon mère-enfant dans les années 2000 (Document IGN)

Pourtant malgré cette volonté de se tenir constamment à la pointe de la technologie, et ses divers travaux de réfection, la maternité vieillit mal et souffre de son éloignement d’avec l’Hôpital Victor Provo. Pour lui dire adieu une photo-souvenir aérienne est programmée, photo de famille destinée à rassembler le maximum d’anciens bébés Paul Gellé.

La photo-souvenir en 2017 (Document France Bleu et France Info)

Au soir du 17 mai 2017, le bâtiment est donc complétement désactivé : tout y est éteint, des systèmes de ventilation au chauffage et les persiennes sont baissées pour éviter toute intrusion. Les bâtiments, propriété du Centre Hospitalier, n’ont pas encore d’avenir clairement fixé et l’on veut éviter qu’ils deviennent une nouvelle friche roubaisienne.

En effet, après avoir vu naître 120.000 enfants, la maternité Paul Gellé ferme donc ses portes en 2017 pour laisser place à celle de Beaumont. Celle-ci ouvre en parallèle et seules 3 sages-femmes restent une nuit supplémentaire à Paul Gellé pour préparer 17 mamans à être transférées dans la nouvelle maternité le lendemain. A leur départ l’entrée de leur maternité se couvre peu à peu de parpaings pour éviter les intrusions.

L’entrée de la maternité protégée par des parpaings pour éviter les intrusions (Document Voix du Nord)

Pourtant cela n’empêche rien et, très vite, les locaux désaffectés sont squattés et dégradés et ce malgré la présence régulière d’une entreprise de gardiennage. En 2022, les pompiers de Roubaix doivent intervenir sur le site pour agir sur un début d’incendie déclaré dans une pièce du dernier étage qui servait autrefois de chambre, feu rapidement éteint au moyen d’une lance à eau.

Malgré le mur et les barbelés un début d’incendie oblige les pompiers à intervenir en 2022 (Documents Voix du Nord)

En 2023, la très réputée maternité Paul Gellé de Roubaix n’est plus qu’un bâtiment fantôme au milieu d’un terrain envahi de détritus. Ouvert à tous vents, dépouillé de ses portes et fenêtres, le site a été pillé et vandalisé. Par terre reste un répertoire téléphonique où figure le numéro de l’ancien obstétricien de santé de garde et dans certaines chambres on devine encore l’ovale des grands lavabos où l’on donnait leur premier bain aux bébés juste nés auprès desquels subsistent encore, plastifiées, les consignes données aux nouveaux parents.

Extraits de vidéos et photos de la friche en 2023 (Documents Voix du Nord)

Instantané de mémoire : « J’ai donné naissance à mes 2 enfants à la maternité Paul Gellé. Ma fille y est née en 1985, avant la première rénovation et mon fils en 1991, après la rénovation et juste avant la création de la mairie annexe. Du personnel médical je garde le souvenir d’un grand professionnalisme mais aussi d’un souci constant du bien-être des parents comme des bébés. Je ne m’en souviens pas comme d’une « usine à bébés » mais comme d’un établissement à taille humaine où chaque maman se sentait importante et écoutée. J’ai bien conscience que cette maternité avait sans doute fait son temps mais ça fait mal au cœur de voir l’endroit où tant de personnes ont vu le jour dans l’état où il se trouve maintenant ».

Photos d’une chambre individuelle à la maternité Paul Gellé en 1985 et 1991 (Document privé)
Vue aérienne de la maternité en 2013 (Document Google Maps)

Ce qui reste des deux anciens bâtiments devrait être démoli afin que puisse débuter, sur ce site de 6000 mètres carrés, la construction d’ une opération immobilière mixte à savoir : 40 logements locatifs conventionnels du T2 au T4 et autant d’appartements dédiés à des personnes âgées ou handicapées.

L’ancienne maternité deviendra une résidence transgénérationnelle (Document Voix du Nord)

Quand aux bébés roubaisiens nés depuis mai 2017, leur arrivée dans ce monde se fait donc dans la très moderne maternité de Beaumont, rue de Beaumont, avec ses 60 chambres et ses onze salles de travail, toute proche, comme il se doit au titre de la santé publique, des plateaux techniques du Centre Hospitalier Victor Provo. Sachant que ce centre était lui-même déjà programmé lors de l’ouverture de la Maternité Paul Gellé en 1973, le destin de celle-ci semblait donc scellé dès son inauguration.

La moderne maternité de Beaumont (Document Voix du Nord)

Remerciements aux archives municipales de Roubaix

Carrefour Market Hem

A la fin des années 1990 l’entreprise de Teinturerie Meillassoux et Mulaton, sise rue du Général Leclerc à Hem depuis 1952, ferme ses portes. Elle est radiée du registre du commerce et des sociétés en février 1997 soit après presque un siècle et demi d’existence. Une photographie aérienne de 1995 montre un terrain boisé au futur emplacement du supermarché, le long de la voie d’accès à l’usine.

Photo aérienne de 1995 (Document IGN)

Sur une partie de l’ancien terrain qu’elle occupait se construit en 1995 un supermarché à l’enseigne PG (Prix de Gros). L’enseigne existe depuis les années 1960 et a été revendue par la famille de son créateur Jean Muselet en 1994 au groupe Delhaize-Le-Lion et prépare alors 20 implantations sur la métropole lilloise.

Enseigne du supermarché PG (Document Enseignes Disparues)

Le supermarché de Hem fait partie de ce programme. Installé sur une surface de 1200 mètres carrés, le magasin posséde un parking de 90 places et emploie 35 salariés, dont 25 hémois, sous la direction de Mr Colpaert, ancien commerçant de la rue Gambetta à Lille. On y trouve un rayon pain et point chaud, un rayon poissonnerie, un stand crémerie, des surgelés en plus des traditionnels rayons produits secs, bazar et liquides mais surtout un rayon boucherie.

Le magasin en fin de chantier, le secteur produits frais, le directeur Mr Colpaert et la mise en rayons (Documents Nord-Eclair)

Dès 1998, l’enseigne PG disparaît au profit de l’enseigne Stoc, fondée par la famille Badin-Defforey, puis devenue une filiale des Comptoirs Modernes, suite à un accord de cession avec ceux-ci. Sur la photo aérienne de 1998 on voit clairement, à la place de l’ancien terrain boisé, le supermarché et son parking.

Photo aérienne de 1998 (Document IGN)
Nouvelle enseigne Stoc (Document enseignes disparues)

Pourtant dès la fin de l’année 1998, le groupe Carrefour prend le contrôle des Comptoirs Modernes puis en 1999 fusionne avec Promodès et la totalité du parc des supermarchés passe alors sous l’enseigne Champion. En novembre 2000, est lancée l’opération publi-promotionnelle « 1000 Champions en fête » point d’orgue du passage à l’enseigne Champion des 490 magasins Stoc.

Photo aérienne de 2000 (Document IGN)
Changement d’enseigne (Document Nord-Eclair)
Nouvelle enseigne Champion (Document site internet)

Concrètement pour les clients, ce nouveau changement d’enseigne ne change pas grand chose. L’équipe et l’organisation du magasin restent les mêmes. La carte de fidélité Iris reste en service. Pourtant quelques améliorations sont à noter puisque les produits Champion vont progressivement faire leur entrée dans le magasin.

Publicité de 2000 (Document Nord-Eclair)

L’effectif salarié reste le même à savoir 32 personnes. Le directeur Jérôme Lesay explique que le magasin joue la carte du partenariat local en répondant dans la mesure du possible aux sollicitations des associations et des écoles et en étant partenaire de la course Oxyg’Hem.

Photo du magasin Champion en juin 2008 (Document Google Maps)

C’est fin 2007 que l’enseigne Carrefour Market voit le jour et dès 2008 elle est la 2ème enseigne de supermarchés en France. La gamme de produits Champion disparaît progressivement entre septembre 2008 et août 2009 et l’enseigne a quasiment disparu en fin 2009. A Hem dès la fin de l’année 2008 l’enseigne Carrefour Market a remplacé Champion et le magasin est par la suite agrandi et rénové.

Photo du magasin Carrefour Market en Novembre 2008 puis 2017 (Documents Google Maps)
Le panneau avec enseigne à l’entrée du parking en 2008 puis 2015 (Documents Google Maps)

En 2014, l’installation d’un Carrefour Drive est tentée dans la zone Marcel Lecoeur au 35 rue Colbert à Hem où se trouve déjà installé le Leclerc Drive. Le système est le même pour les 2 enseignes en ce qui concerne la récupération des commandes mais Carrefour, à l’inverse de Leclerc, bénéficie d’une surface intérieure plus grande où les produits peuvent être stockés.

Mais la concurrence est rude et Carrefour Drive rue Colbert ferme 2 ans plus tard. Carrefour Drive Market prend le relais, en 2019, avenue du Général Leclerc à Hem. A cette occasion des photos de l’inauguration sont diffusées par la municipalité.

Carrefour Market Drive en 2019 (Document Ville de Hem) et photo du magasin en 2019 (Document Google Maps)

Le supermarché hémois du Centre Ville créé en 1995 a donc été adopté par les habitants et, malgré les nombreux changements d’enseigne, il a su conserver sa clientèle près de 30 ans plus tard. Il a également su suivre l’air du temps en se dotant d’un drive.

L’intérieur du supermarché en 2020 (Document site internet)
L’extérieur du supermarché et une vue aérienne en 2022 (Document Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem

Le basket ball à Hem (suite 2)

La première journée des interdistricts est organisée en mars 2000, sous la présidence par intérim de Karim Brahimi (Christian Descamps ayant renoncé à la présidence pour raison de santé). 200 joueurs de 12 et 13 ans, garçons et filles, s’affrontent dans une série de petits matchs et sont observés et notés par des spécialistes. La Commission Technique Départementale se rend ainsi compte du niveau départemental des benjamins et benjamines et peut préparer la sélection 2000/2001.

Les 1ers Interdistricts à Hem en 2000 (Document HSBB)

En mai 2000, Karim Brahimi est élu à l’unanimité président du HSBB et reçoit, ainsi que l’ensemble de l’équipe, les félicitations de Mrs Vercamer, maire de la ville, et Saint-Maxent, adjoint aux sports pour le dynamisme du club, notamment au niveau de son école de basket et des résultats des joueurs. D’ailleurs, à la fin de cette saison la presse locale titre HSBB une saison formidable !

Election de Karim Brahimi à la présidence du club en 2000 et le gros titre de la presse locale en fin de saison (Documents Nord-Eclair)

Et l’année suivante c’est par 2 jours de festivités non-stop que le HSBB fête son 35ème anniversaire. Au delà de ses exploits sportifs le club se veut avant tout une grande famille accueillante et généreuse qui accueille près de 200 licenciés dans une salle remise aux normes et nantie d’un club-house pimpant. Il bénéficie d’une école de basket et même d’une section baby. Son bilan explique largement la lettre de félicitations adressée au président par le Comité Départemental Nord de Basket-Ball District Terrien.

Les 35 ans du club et la lettre de félicitations à Karim Brahimi (Documents Voix du Nord et HSBB)

Dans les années 2000-2010, sous la présidence de Karim Brahimi, le club est l’un des plus gros de la région et compte plus de 260 licenciés et 12 entraîneurs et bénéficie, à compter de 2003, du label national des écoles de basket, reconnaissance de la grande qualité de la formation des jeunes. En 2005, l’école hémoise recevra de la fédération française le titre d’Ecole Nationale.

Le club, non content de cumuler les succès sportifs, répond aussi présent quand il s’agit de soutenir de grandes causes telles que le Téléthon, les Restos du Coeur, Oxyg’Hem…Et en 2004, la première « poussinade » du cœur est organisée au profit de Ludopital.

Baptiste Brahimi, neveu du président âgé de 12 ans a en effet dû subir 2 opérations du cœur et a pu apprécier l’action de cette association au bénéfice des enfants hospitalisés. Il en est le parrain mais décède malheureusement quelques mois après avoir reçu le chèque à l’intention de l’association. La « poussinade » du cœur continuera ensuite à être organisée chaque année par le club.

L’école de basket labelisée en 2003 et première « poussinade » du cœur en 2004 avec Baptiste Brahimi pour parrain (Documents Nord-Eclair et Voix du Nord)

En 2010, la vieille salle Delcourt laisse la place à une toute nouvelle salle construite à la même place à côté du collège Raymond Devos. A peine construite cette salle subit un incendie accidentel dû à des étincelles projetées par des ouvriers travaillant à l’étanchéité du garage à vélos du collège tout proche. La nouvelle salle revêtue de bois nécessite l’intervention d’une vingtaine de pompiers durant près de deux heures pour venir à bout des flammes et de grandes quantités d’eau s’infiltrent par la toiture, rendant la salle inutilisable pour quelques temps et obligeant le club à recevoir à domicile à…Forest-sur-Marque.

L’incendie de la nouvelle salle Delcourt à peine construite en 2010 (Documents Nord-Eclair)

L’année suivante se déroule la première édition des « Trophem », lesquels ont pour vocation de récompenser celles et ceux qui ne comptent pas leur temps au sein des associations. Le trophée espoir est remis à cette occasion à Fanny Brahimi, la fille de Karim Brahimi. Celle-ci est en effet entrée au club comme joueuse à l’âge de 6 ans, avant de devenir bénévole à l’âge de 12 ans, quand elle commence à donner un coup de main à l’école de basket, et de valider son diplôme d’entraîneur à l’âge de 16 ans. Tout en poursuivant sa carrière de basketteuse elle encadre l’Ecole de Sport et prépare les enfants à intégrer la catégorie poussins ; en parallèle elle est animatrice des centres aérés et obtient un poste de directrice adjointe en 2010.

Première édition des « trophem » et le trophée espoir pour Fanny Brahimi (Documents Nord-Eclair)

Parallèlement à ses succès sportifs et aux distinctions obtenues par les dirigeants et membres du club la solidarité continue à tenir une place centrale pour le HSBB qui remplit les paniers de la Banque Alimentaire et continue à se montrer solidaire des Restos du cœur, notamment en 2013 et 2015. Par ailleurs chaque année l’USBB participe à l’opération Téléthon.

Soutien aux Restos du Coeur en 2013 et 2015 et Téléthon en 2022 (Documents Voix du Nord et HSBB)

C’est sous ces bons auspices que le club fête ses noces d’or en 2015, organisant une exposition , un match de gala, un barbecue et une soirée dansante. 300 spectateurs sont présents dans les gradins et des clubs amis sont là tels que les clubs belges d’Estaimpuis et Templeuve, mais aussi ceux de Ronchin, Armentières, Croix et Tourcoing, pour affronter les 19 équipes que compte le HSBB.

Noces d’or en 2015 (Documents Voix du Nord)

En 2017, le palmarès sportif met à l’honneur, parmi d’autres hémois, André Ninrinck, joueur au HSBB puis bénévole à l’école de basket, coach de plusieurs équipes au fil des décennies, créateur des « poussinades » du cœur et vice-président depuis 10 ans. Il est également membre de l’OMS depuis 20 ans et décoré de la médaille de bronze de la jeunesse et des sports. Durant la même année il reçoit un « trophem » au titre de 40 ans de dévouement au basket et 40 ans de bénévolat au sein du HSBB.

Palmarès sportif et Trophem 2017 (Documents Tout Hem)

Un nouveau titre de championnes du Nord est fêté, en 2018, pour les benjamines du Club après le triplé pour les seniors filles. La presse locale titre que le HSBB brille par ses résultats. Et en 2021, ce sont les bénévoles qui sont mis à l’honneur pour leur longévité au basket club : les uns reçoivent des lettres de félicitations du département, les autres des médailles de la fédération française de basket-ball.

Titre de championne du Nord pour les benjamines en 2018 et triplé pour les seniors filles ; le club brille par ses résultats (Documents Voix du Nord)
Les bénévoles à l’honneur en 2021 (Document Voix du Nord)

L’année 2022 est assombrie par le décès de Jean-Marie Delaey, surnommé Mr Basket, engagé au club depuis 56 ans, club dont il a été secrétaire puis vice-président. Enfin en 2023, le label citoyen récompense le HSBB (valable pour 3 saisons sportives), label qui récompense les efforts et actions hors compétition sportive pour favoriser le lien social et le vivre ensemble.

Photo de JM Delaey décédé à l’âge de 74 ans en 2022 (Document Historihem)
Obtention en 2023 du label citoyen (Document Voix du Nord)

A n’en pas douter le club Hem Sport Basket-Ball qui fêtera ses 60 ans en 2025, a tous les atouts dans sa manche pour faire de ce nouvel anniversaire une ode non seulement au sport mais aussi au dévouement aux autres et au bénévolat ainsi qu’à la bonne humeur et la convivialité.

Vue panoramique de la salle Delcourt en 2022, photo de l’extérieur et de l’intérieur de la salle en 2023 ; Karim, André et Bernadette (la secrétaire) en 2023 (Documents Google Maps et IT)

Vous pouvez, si vous le souhaitez, découvrir ou redécouvrir de nombreuses autres photographies sur le sujet  sur  le site de l’association Historihem : http://histori.hem.free.fr/ ou https://historihem.fr

Remerciements à Karim Brahimi et André Ninrinck et à l’association Historihem

Café d’ Hem Bifur

Au début du vingtième siècle, à l’entrée de la rue Jules Guesde, en venant du centre de Hem, côté pair il n’y a que des champs. En témoignent ces deux cartes postales du début du siècle sur lesquelles figure l’ Ecole Pasteur, côté impair.

CPA Ecole Pasteur années 1900 (Documents collection privée)

Puis une vue panoramique du carrefour de la rue Jules Guesde et de la rue du Docteur Coubronne, en 1933 ainsi qu’en 1962, montre un petit groupe de bâtiments côté pair, entouré de champs.

Photos aériennes de 1933 et 1962 (Documents IGN)

A l’issue de la 2ème guerre mondiale, à la libération fin 1944, une photo montre au carrefour un chariot de la Croix-Rouge attendant de connaître son point d’affectation tandis que des secouristes recensent les moyens en chevaux et voitures pour évacuer les sinistrés suite aux explosions des dépôts de munitions sur la propriété de « La Marquise ».

Photo de la Croix-Rouge en 1944 avec le bâtiment du n°2 rue Jules Guesde en arrière plan (Document Hem Images d’hier)

C’est Jules Duquesne qui s’ installe au numéro 2 rue Jules Guesde en tant que tonnelier et tenancier d’un café. Celui-ci a pour enseigne : « A Hem-Bifur » et la tonnellerie s’appelle Tonnellerie de la Bifurcation.

CPA représentant l’estaminet/tonnellerie (Documents collection privée)
En-tête d’une enveloppe de la tonnellerie datant de 1954 (Document Mémoire en Images de Hem)

Le nom ne doit rien au hasard ; il est également celui de la station située face au café et matérialisée par un abri, appellation due à la bifurcation entre les lignes de tramway de Lille à Leers et de Roubaix à Hem. Le virage effectué par le tramway à cet endroit correspond à la fin de la rue de Lille (aujourd’hui rue du Général Leclerc) et au début de la rue de la rue de Lannoy (aujourd’hui rue Jules Guesde).

Extrait de BD relative au nom du carrefour (Document Au Temps d’Hem) et photo du bus arrivant à la station dans les années 60 (Document Nord-Eclair)

Au café Hem-Bifur, le samedi soir chacun y va de sa chansonnette. Le coulonneux chante « ses écaillis » et le coqueleux « les coqs » et une chanson sur les quartiers de Hem est reprise en choeur sur l’air de la Cantinière.

Paroles de la chanson (Document Hem 1000 ans d’histoire)

La famille Duquesne, Jules d’abord puis Mme Duquesne puis enfin Maurice, exploite le café jusqu’au début des années 1970, tandis que la tonnellerie s’arrête avec Jules. L’activité presse s’ajoute à celle du café par la suite. Les champs à cette époque entourent toujours le petit groupe de bâtiments.

Photo aérienne des années 1970 (Document collection privée)

C’est la famille Mylle qui rachète alors les murs et reprend le commerce, où est proposée de la petite restauration et qui devient le siège des supporters de l’USH, l‘Union Sportive Hémoise, née en 1964 de la fusion du Club de Football du foyer Saint Corneille et du Football-Club de Hem. Elle le développe également en ajoutant dans un bâtiment annexe jouxtant le café, au n° 2 bis, une boucherie chevaline, laquelle se situait auparavant au 240 rue Jules Guesde.

Publicité café Hem-Bifur (Document Historihem)

Jean-Marc et Didier Mylle, 2 jeunes bouchers pensent en effet qu’il manque une boucherie à Hem Bifur. L’inauguration de la boucherie chevaline a lieu en 1977. Le magasin est traité à la manière rustique et campagnarde mais bénéficie en revanche du matériel de présentation et de conservation le plus élaboré.

L’atelier de préparation et la chambre froide sont agencés avec le souci permanent de préserver une viande de haute qualité dans les meilleures conditions d’hygiène et de fraîcheur. A l’occasion de l’ouverture un cadeau est prévu pour chaque acheteur et le journal Nord-Eclair met en lumière le nouveau commerce hémois.

Inauguration de la nouvelle boucherie chevaline (Document Nord-Eclair)

Publicité boucherie années 1979 et 1983 (Documents Nord-Eclair)

Dans les années 1980, une crémerie volaillerie s’installe, en la personne de Mme Mylle-Duquesne, au 68 rue du Docteur Coubronne, dans le bâtiment voisin de l’autre côté du café d’Hem Bifur, tandis que la boucherie Didier Mylle demeure au 2 bis rue Jules Guesde. Le café quant à lui est alors exploité par Roger Baert Piriou pendant quelques années.

Enfin le café est repris par le couple Depaemelaere au milieu des années 80, et devient alors également le siège hémois des supporters du Vélo-Club de Roubaix, lequel possède également un club à Roubaix au café Delchambre, rue de l’Hommelet, et un club à Leers, au café de l’Entente .

Publicité café Depaemelaere (Document Historihem)

Au n°2 bis, dans le même temps la boucherie chevaline cède la place à un salon de coiffure. Il s’agit du salon exploité par Jean-Noël Craissin, lequel était auparavant installé au n° 5 Place de la République dans le bâtiment jouxtant le commerce de fruits et primeurs Desprets.

Publicités du salon de coiffure (Documents collection privée)
Photos du salon dans les années 80 et près de 40 ans plus tard au moment de sa fermeture (Documents Historihem et Google Maps)

En 2003, lors de festivités dans la cadre du jumelage de la ville de Hem avec celle de Wiehl en Allemagne, on retrouve au carrefour d’Hem Bifur le café en arrière plan d’une photo des personnes costumées participant au défilé.

Défilé dans le cadre du jumelage Hem-Wiehl (Document Facebook Ville de Hem)

Mais en 2008,  Jean-Marc Mylle décide de tourner une page. Avec son frère, il reste propriétaire des murs que ses parents avaient racheté à la famille Duquesne, il y a 35 ans mais cède le fonds de commerce à la Banque Populaire. Comme il avait fait faire par un ami, Fabrice Dedryver, des fresques représentant le Hem d’autrefois que les clients pouvaient contempler en sirotant leurs verres, il décide d’en faire don à l’association Historihem.

Les fresques ornant l’intérieur du café au moment de sa fermeture (Documents Historihem)
Remise des fresques par JM Mylle à P Drouffe (Document Historihem)

Près de 100 ans après son ouverture le café Hem-Bifur a donc cédé la place à une agence bancaire après quelques travaux et le salon de coiffure a ensuite été remplacé par un commerce de pizzas à emporter. Le carrefour d’Hem-Bifur qui avait déjà perdu ses pavés et ses rails de tramway a donc radicalement changé d’image et une photo aérienne récente permet de constater à quel point le gros village des années 1970 a laissé définitivement la place à la ville.

Bâtiment en travaux en 2008 et agence bancaire en 2021 (Documents Google Maps)

Pizzaria Jo Happy Day en 2021 (Document Google Maps)

Photo aérienne du carrefour actuel (Document Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem, et à Jacquy Delaporte pour ses ouvrages Hem Images d’hier et Hem 1000 ans d’histoire, ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem.

Le basket ball à Hem (suite 1)

La décennie 1980 est celle de l’arrivée au club dans l’équipe masculine Seniors de Karim Brahimi qui avait fait ses premiers pas à Hem à l’âge de 12 ans, avant de jouer sur Roubaix pendant 8 ans. Il devient ensuite entraîneur, de même qu’André Ninrinck qui joue alors avec lui dans l’équipe. Très vite, le club compte 12 équipes. Dès le début des années 1980, les filles montrent leur potentiel en se classant championnes régionales et départementales pour les benjamines. Elles sont bientôt suivies par les minimes qui arrivent également jusqu’aux 16èmes de finale de la coupe de France Espérance en 1984.

L’équipe seniors en 1981 dans laquelle évoluent Karim Brahimi et André Ninrinck (Document USBB)
Les Benjamines en 1982 et les minimes en 1984 (Documents Historihem)

Eric Sanderson, un jeune américain passionné de basket, venu parfaire son français dans un lycée roubaisien en 1985, s’inscrit au club de Hem avant de repartir pour son Illinois natal en compagnie de Jean-François Mulliez. Peu à peu l’idée d’un échange entre américains et hémois émerge. En 1988, ce sont les All Stars américains du basket allemand qui passent faire une démonstration de leur talent à la salle Delcourt où Mme Massart est présente pour le coup d’envoi. L’initiative sera renouvelée l’année suivante.

Les All stars à Hem en 1988 et en 1989 (Documents Nord-Eclair)

Après une collecte de fonds imaginative et compliquée, et la recherche de sponsors, c’est au tour de 15 joueurs et joueuses du club hémois de s’envoler pour les Etats-Unis, projet dont l’initiative revient à Karim Brahimi, entraîneur des juniors et André Ninrinck. Après une visite touristique sur place, à New-York et Chicago, les hémois disputent un match contre des universitaires renforcés de Lester Rony, ex Chicago Bull, dans la salle d’une école pouvant accueillir plus de 2000 spectateurs, souvenir inoubliable pour le club.

La visite touristique des joueurs à New-York et chez Eric Sanderson (Documents USBB)
Les hémois aux Etats-Unis (Documents Nord-Eclair)

En 1990, c’est Eugéne Delcourt, membre du club de longue date qui devient président en lieu et place de Mr Deveyer Jacques, démissionnaire pour raison de santé. On retrouve à cette occasion parmi les membres actifs un certain Jean-Marie Delaey, ancien capitaine d’équipe enfants déjà cité et Karim Brahimi, entraîneur, qui reçoit une médaille de l’Office Municipal des Sports (OMS) d’Hem pour son dévouement.

L’assemblée générale de 1990 et l’élection du nouveau président avec les responsables en médaillon (Document Nord-Eclair)

En avril de l’année suivante le club, qui compte dorénavant 160 licenciés, fête ses 25 ans en organisant un match de gala. D’abord un derby oppose la jeune garde de Tourcoing à l’AS Ronchin, puis Berck est opposé à une sélection zaïroise de Belgique renforcée par deux américains. Enfin, un tournoi oppose les équipes d’Hem à des formations étrangères : anglaise, belge, écossaise. Au dernier moment l’équipe anglaise n’ayant pu venir, l’un de leurs joueurs fait seul le déplacement et s’intègre à l’équipe hémoise. Quant aux écossais, le club d’Hem leur réserve une petite surprise en défilant en kilt…

Les 25 ans du club (Documents Nord-Eclair et la Voix du Nord)
Un anglais dans l’équipe hémoise, le défilé de celle-ci en kilt en l’honneur des invités écossais à la salle Delcourt (Documents HSBB)

Chaque année le club organise un tournoi pour la fête du 8 mai et ce depuis 5 ans déjà mais il s’investit aussi dans les causes qui lui tiennent à cœur, tel que le tournoi au profit de Handicap International en 1992 : la rencontre sportive s’enrichit alors d’une dimension humanitaire. La journée commence par une démonstration effectuée par 2 équipes de handisport et se poursuit avec des équipes valides française, belge et zaïroise ainsi que les désormais habitués All Stars.

Le match handisport et l’équipe qui pose, l’équipe Zaïroise, la Courtraisienne et la Liévinoise (Documents Voix du Nord et USBB)

L’équipement de la salle Delcourt s’enrichit en 1994 d’un panneau d’affichage électronique offert par la municipalité et à cette occasion un pot d’inauguration est offert par le club, en présence des élus aux sports Mrs Delbergue et Saint-Maxent. Le HSBB compte alors plus de 200 licenciés, 13 équipes engagées en championnat de fédération française et une école de basket.

Nouvel équipement pour la salle Delcourt (Document Historihem)

L’année suivante, en novembre 1995, a lieu un match exceptionnel à la salle Delcourt entre 2 équipes de haut niveau à savoir : les 59/62 promotion basket contre la Black Jump Selection en match de gala. Pour l’occasion près de 800 spectateurs se pressent dans les gradins de la salle Delcourt pour assister au succès de la Black Jump Selection au terme d’un match très disputé.

Les 2 équipes, des athlètes impressionnants et des gradins archicombles (Documents USBB)

Puis ce sont ses trente ans que fête le club en 1996. Eugéne Delcourt, son président est un homme heureux. Les piliers du club : Jean-Marie, Karim et Dédé le sont tout autant. La fête, qui dure 4 jours, est réussie : les 13 équipes en démonstration rencontrent leurs amis du nord de la France mais aussi de Belgique, et d’Angleterre. Enfin un match spécial oppose les anciens de la Saint Joseph à ceux d’ Hem Sports devant les élus désireux de soutenir un club qui fait la fierté de la commune.

Les 30 ans du HSBB en mai 1996 (Document Historihem)

La saison 96-97 voit le club se mobiliser fortement pour la manifestation Oxyg’Hem : ravitaillement, épongeage, inscriptions, organisation aux départs et arrivées des 3 courses et participation effective aux courses de joueurs, parents et dirigeants. C’est aussi l’année où le HSBB fait le pari de rapprocher les 25 clubs sportifs de la commune regroupés au sein de l’OMS dans un même élan humanitaire pour le relais de la chaîne du cœur au cours duquel 400 kg de marchandises sont récoltés pour les Restos du Coeur.

Oxyg’Hem et les Restos du Coeur (Documents Voix du Nord)

1997, c’est l’année d’un nouveau président Mr Christian Descamps, qui est dans le club depuis les débuts avec Eugène Delcourt, Jean-Claude Vandenabeele et bien sûr Jean-Marie Delaey. Tous ont vu le club grandir au fil des années et JM Delaey, qui possède une caverne d’Ali Baba du basket : coupes, maillots, paperasses, n’a pas souhaité accéder à la présidence, se contentant de la vice-présidence de même que Karim Brahimi.

Tous espèrent voir la salle Delcourt obtenir bientôt son club-house soit un lieu convivial pour se retrouver illustrant le côté chaleureux du HSBB. C’est chose faite en août 1999 et le club-house est inauguré par Christian Descamps en présence du maire Francis Vercamer et de son adjoint Pascal Nys et le champagne coule à flot pour fêter cet événement tant attendu.

Inauguration du club-house de la salle Delcourt (Document HSBB)

A suivre…

Remerciements à Karim Brahimi et André Ninrinck et à l’association Historihem

Maternité Paul Gellé (suite 1)

Dès l’année suivante, un restaurant self-service est aménagé pour le personnel dans les sous-sols de la maternité. Et en 1982, la maternité est agrandie : lui sont ajoutés un kiosque et une garderie. A cette occasion la façade est quelque peu modifiée comme le montre les croquis joints au permis de construire nécessité pour procéder à l’agrandissement.

Aménagement du self-service dans le sous-sol en 1978 (Document archives municipales)
Aménagement du kiosque et de la garderie et modification de façade (Documents archives municipales)

Mais, en juin 1983, suite à la crue des collecteurs, les sous-sols des établissements hospitaliers de l’avenue Julien Lagache sont inondés. A la Fraternité ce sont la légumerie et les dépôts de pharmacie qui sont endommagés mais au Pavillon Paul Gellé l’eau monte jusqu’à 1 mètre 50, détériorant le matériel de stérilisation , le groupe électrogène, ravageant le restaurant du personnel et des locaux annexes (salles de réunion, vestiaires et archives).

Les dégâts sont évalués à 200 millions de francs et l’indemnisation des assurances est attendue, Roubaix ayant été classée en zone inondée par arrêté ministériel. Toutefois, sans attendre ces remboursements, le restaurant du personnel est refait à neuf moins d’un an plus tard, les agents hospitaliers ayant eux-même pu choisir les nouveaux mobilier et décor de leur lieu de détente et de restauration.

Du neuf à la maternité Paul Gellé (Document Nord-Eclair)

Et 3 ans plus tard, c’est le moment d’une cure de rajeunissement de 17 mois durant lesquels, comme un retour aux sources, le Pavillon Paul Gellé campe dans les pavillons 14 et 15 de l’Hôpital de la Fraternité. L’augmentation importante de l’activité chirurgicale, tant en obstétrique qu’en gynécologie, rendent en effet insuffisant le nombre de salles d’opérations. Il faut 4 blocs chirurgicaux au lieu des 3 déjà existant.

Depuis le début des années 1980, les nouvelles techniques d’échographie, de microchirurgie dans le traitement de la stérilité féminine, de fécondation in vitro et de traitements par laser se sont développées nécessitant un plateau chirurgical plus conséquent. Par ailleurs les conditions de l’asepsie en matière chirurgicale ont beaucoup évolué impliquant le respect de nouvelles normes très strictes.

Une salle d’opération supplémentaire va donc être créée plus particulièrement destinée aux césariennes avec, en annexe, une salle de réveil et les 3 blocs chirurgicaux déjà en place vont être restaurés et l’un d’eux agrandi pour correspondre aux nouvelles normes. Les 3 étages consacrés à l’hospitalisation vont eux aussi être entièrement réhabilités.

Bloc opératoire de la maternité provisoire (Document Nord-Eclair)

Il faut prévoir un financement de plus de 4 millions pour les nouveaux blocs opératoires avec 40% de financement par le Conseil Régional, au nom du contrat de plan spécial natalité, et le reste par emprunt auprès de la Caisse d’Epargne ; s’y ajoute plus d’1 million pour la réhabilitation des étages. Les travaux doivent durer près d’un an et demi et, durant cette période transitoire, les services déménagent.

Au pavillon 15, entièrement remis à neuf par les services généraux du centre hospitalier, sont installées: une salle septique, une salle d’opération, une salle d’accouchement avec réanimation des nouveaux nés et des salles de garde. En face, dans le pavillon 14, dit pavillon de cure, sont aménagées des chambres pour les futures hospitalisées et la maternité y retrouve la capacité d’accueil d’un de ses 3 étages d’hébergement habituels.

Entrée du pavillon 15 qui accueille les nouvelles patientes (Document Nord-Eclair)

En juillet 1987, les travaux sont finis : le pavillon Paul Gellé accouche d’un nouveau bloc opératoire ainsi que titre la presse locale. L’ « usine à bébés de Roubaix », flambant neuve, refaite de fond en comble et nantie d’un matériel tout neuf et impressionnant, est inaugurée par le docteur Ghysel, le sénateur maire de Roubaix et quelques uns de ses adjoints, le grand patron du Centre Hospitalier Mr Alliaud et celui de la maternité, le docteur Crépin.

Les 5.000 patientes accueillies chaque année et les 35.000 consultations annuelles vont avoir lieu dans les meilleures conditions possibles. De plus la salle spécialisée pour les césariennes est en service. Des tables modernes ont été installées, qui ne se commandent plus par manivelle, ainsi que de nouveaux scialytiques et un bras anesthésie, sans oublier le laser. De nouveaux locaux ont été aménagés pour le personnel ainsi qu’une « zone sale » bien séparée de la zone aseptisée.

Inauguration et photo du professeur Crépin (Document Nord-Eclair)

Enfin, en 1989, les travaux de construction du pavillon mère-enfant sont lancés avec une ouverture prévue l’année suivante. Ce centre de néonatologie est alors réclamé par le corps médical depuis plus de 10 ans : l’objectif est de soigner les bébés sans les séparer de leurs mères. Pensé à l’époque de Victor Provo, défendu sous le mandat de Pierre Prouvost, c’est à la toute fin du mandat d’André Diligent que le projet va enfin voir le jour.

Le pavillon mère-enfant annoncé par la presse dès 1980 pour 1983 (Document Nord-Eclair)
Croquis du futur pavillon (Document Nord-Eclair)
Permis de construire (Document archives municipales)

Sur 3 étages, plus exactement 2 rez-de-chaussée, haut et bas, et un étage supérieur, le pavillon va disposer des services suivants: imagerie médicale et matériel d’analyse, salle de préparation à l’accouchement, kinésithérapie pré et post opératoire et locaux techniques, tout en bas ; salles d’accueil des consultants de gynécologie et néonatologie et urgences dans le rez-de-chaussée haut ; enfin au 1er étage : une vingtaine de lits pour l’hébergement de néonatologie accueillant les mamans (et les papas) des nouveaux-nés soignés à l’étage inférieur.

Les personnalités sur le chantier en 1989 (Document Nord-Eclair)
Photo du chantier du pavillon mère-enfant et du pavillon achevé (Documents Voix du Nord et archives municipales)
Inauguration officielle invitation (Document archives municipales)

En avril 1991 a lieu l’inauguration, en présence du ministre de la Santé, Bruno Durieux, accueilli à l’entrée de la maternité par des banderoles et des slogans scandés par le personnel : « la pédiatrie veut vivre ». Le sénateur maire André Diligent propose donc une rencontre impromptue à la fin de la cérémonie pour entamer des discussions.

Rencontre impromptue après la cérémonie avec les représentants syndicaux et 14 (4) Rencontre avec les élèves infirmières (Documents Nord-Eclair)

Mais auparavant Mr Durieux prend largement le temps de visiter les lieux, guidé par Roger Alliaud, directeur du Centre Hospitalier Victor Provo, par le professeur Gilles Crépin et les Drs Dehaene et Delahousse en compagnie d’un bataillon d’élus. Tous admirent le nouvel équipement et saluent les premiers bébés et parents admis depuis l’ouverture le mois précédent.

Inauguration officielle (Document Nord-Eclair)

Le service de néonatologie inauguré comprend deux unités : une unité de 10 lits en box individuel permettant le maternage en incubateur des enfants nés prématurément et le traitement de tous les nouveaux nés atteints de pathologies métabolique ou infectieuse, ainsi que le traitement de tous les nourrissons malades âgés de moins d’1 mois ; et une unité de 10 chambres « mères nouveaux nés » permettant aux mères qui le désirent d’être présentes et de participer aux soins de leur bébé prématuré ou atteint d’une pathologie périnatale.

Rencontre des premiers triplés admis dans le service (Document Nord-Eclair)
La maternité en 1989 (Document collection privée)

Remerciements aux archives municipales de Roubaix

A suivre…