Fête de la navette (Suite)

En 1989, la fête de la navette est couplée avec le bicentenaire de la révolution les 3 et 4 juin. Le samedi a donc lieu un tournoi du jeu de paume entre une vingtaine d’écoles roubaisiennes, dont les élèves ont été initiés à ce sport très ancien à compter de novembre 1988 et qui font ainsi la démonstration de près d’une année de pratique. A cet effet un emplacement spécifique a été érigé sur la Grand Place.

Programme du bicentenaire et le week-end des 3 et 4 juin en partenariat avec le comité d’organisation de la fête de la navette et tournoi et croquis du jeu de paume ainsi qu’une photo de presse (Documents archives municipales et Voix du Nord)

Pendant quelques semaines, en parallèle, la Poste expose des documents postaux d’époque, et pour le week-end de lancement de l’exposition, à savoir celui de la fête de la navette, ouvre un bureau temporaire, le samedi en mairie et le dimanche à la salle Watremez où elle propose un timbre à date spécial « Bicentenaire à Roubaix ».

Le timbre à date spécial « Bicentenaire à Roubaix » édité par la Poste (Document archives municipales)

Ce même samedi 3 juin un rassemblement de 1500 tambours est réalisé sur la place de la Fraternité pour défiler, en faveur des droits de l’homme, en cortège jusqu’à la Grand Place. Les tambours ont été créés par centaines dans les écoles et associations à partir de matériaux de récupération : bidons ou cylindres tendus de peaux. Sont associés des groupes avec des chars évoquant de grands épisodes de la révolution.

Cortège avec 1500 tambours, groupes et chars (Documents Nord-Eclair et la Voix du Nord)
Lâcher de ballons et de montgolfières aux couleurs du bicentenaire (Documents archives municipales, Nord-Eclair et la Voix du Nord)

Le rassemblement Grand Place se termine par le traditionnel jet de navettes et l’envol de ballons et de montgolfières. Dans la soirée c’est un spectacle de chansons berbères qui se déroule au théâtre Pierre de Roubaix. Il est suivi d’une soirée de démonstration de danse de rue par « Dans la rue la Danse » à la salle Watremez : la Megaboum de la Révolution, sur fond de funk, reggae, house et acid music, avec les meilleurs DJ de la région.

Le spectacle de chansons berbères avec Ferhat et Kassia et le lancer de navettes dans la foule (Documents archives municipales et Nord-Eclair)
Megaboum de la révolution et prestation de « Dans la rue la Danse » (Document archives municipales et Nord-Eclair)

Puis le dimanche 5 juin, place à un grand tournoi de belote révolutionnaire suivi d’un concert apéritif sur fond d’hymnes révolutionnaires, puis une fête non-stop l’après-midi avec l’Orphéon Jazz Band Circus, la Troupe à Manou, les orchestres Musica Viva, Lys Batterie d’Halluin et Groupe Coeur du Portugal, le magicien Ericson, les chorales de l’école Albert Camus et du collège Jean Lebas clôturé par un grand final avec l’orchestre Diapason.

Le tournoi de belote révolutionnaire (Documents Nord-Eclair et Voix du Nord)

On retrouve peu de choses sur la fête de la navette de 1990, laquelle a pourtant lieu puisque son coût est chiffré l’année suivante au moment de la préparation de celle de 1991. Le programme regroupe en tout cas les groupes Crazy Girls, Military Boys, les Alizés et New Génération, des clowns, du catch, ainsi que En voiture Simone et Irémée et enfin le journaliste et humoriste Jean Crinon.

Jean Crinon en disque et affiche du catch (Document collection privée et archives municipales)

Enfin en 1991, c’est une fête commerciale de la navette qui est organisée du 14 au 28 septembre, par la Ville de Roubaix, la Fédération des Groupements Commerciaux de Roubaix, l’Union Commerciale de Roubaix et le Crédit Municipal de Roubaix, sous le patronage de Nord-Eclair, mais elle est couplée à la manifestation des 28 heures de Roubaix à la marche qui se déroule les 14 et 15 septembre.

Affiche de la fête commerciale de la Navette (Document archives municipales)

Il semble que ce soit le chant du cygne de la fête populaire imaginée 4 ans plus tôt et qui parait avoir connu son apogée en 1989 avec le bicentenaire de la révolution. Car cette fois la presse ne se fait l’écho d’aucun cortège carnavalesque ou autres animations. La fête de la navette est réduite à un jeu organisée par l’Union Commerciale avec l’appui du Crédit Municipal qui permet de gagner des lots et ne sera à priori plus renouvelée à l’avenir.

Affiche apposée dans les commerces participant et règle du jeu (Documents archives municipales)

Remerciements aux archives municipales de Roubaix

Chapelle Sainte Thérése de l’Enfant Jésus et de la Sainte-Face

Dans les années 50, un industriel roubaisien, Philippe Leclercq, fils de Louis Leclercq, propriétaire de la Roseraie, domicilié à Hem, déjà connu pour ses activités en faveur des lépreux et des enfants du Biaffra, ami de l’art et des artistes, est désireux de doter Hem d’une chapelle ouverte à l’art contemporain.

Il réalise ce projet ambitieux en ayant recours à divers artistes en la personne d’ un architecte suisse Hermann Baur, du sculpteur Eugène Dodeigne, du peintre spécialiste en art sacré Georges Rouault, du tisserand Jacques Plasse-le Caisne, et des peintres-verriers Alfred Manessier pour la conception et Louis Barillet pour la réalisation.

Panoramas 1946 et 1961 (Documents IGN)
La chapelle flanquée des anciennes maisons à l’otil (Document collection privée)

Le 16 septembre 1956, une belle cérémonie se déroule à l’occasion de la pose de la première pierre, sur le terrain du jardin potager des époux Charles-Leclerc-Salembier, propriétaires de la première brasserie de Hem. 4 ouvriers s’affairent sur le chantier et c’est le chanoine Descamps, doyen de Lannoy qui procède à la bénédiction, élevant une croix à l’endroit où se situera l’autel.

Pose de la 1ère pierre de la chapelle (Document La Croix du Nord)
Bénédiction de la pose de la première pierre (Document La Croix du Nord)

La maquette de la chapelle est pleine de promesses. En 1957, la chapelle est construite et Mrs Baur, Mannessier, Dodeigne et Leclercq s’y retrouvent pour concevoir les finitions de l’aménagement intérieur. Le dimanche des Rameaux 1958, la chapelle est ouverte au culte, en présence du cardinal Liénart.

Maquette de la chapelle (Document Narthex)
Les concepteurs du projet réunis dans la Chapelle (Documents Historihem)

Catholique fervent, Philippe Leclercq explique plus tard (propos repris et diffusés dans le journal La Croix du Nord) : « « J’ai voulu retrouver la vraie hiérarchie des valeurs. Dieu premier serviJ’ai pensé à m’en ouvrir à mon cher Mannessier, l’estimant capable plus qu’aucun autre peintre de faire pour Dieu une œuvre digne des grands siècles chrétiens, époques où rien n’était trop beau pour le Bon Dieu. »

 « Je tiens essentiellement à ce que cette chapelle soit intégrée dans la communauté paroissiale et en soit aimée », écrit Philippe Leclercq au cardinal Liénart en 1954, en acceptant le vœu des paroissiens qu’elle soit dédiée à sainte Thérèse de Lisieux.

Sainte Thérése de Lisieux (Document collection privée)

5 ans plus tard Philippe Leclercq est élevé par le pape Jean XXIII à la dignité de Camérier de Cape et d’ Epée et, en 1969 puis 1970, il devient Chevalier de la Légion d’Honneur puis Commandeur de l’Ordre de Malte. A son décès, en 1980, il est inhumé dans le choeur de la chapelle.

Philippe Leclercq, gentilhomme du pape et Marthe Lestienne (Document Thierry Prouvost)
Photos de la chapelle de la famille en 1958 (Documents collection privée)

La chapelle Sainte Thérèse se situe le long d’une petite route, dans un quartier mi-rural, mi-ouvrier : le quartier d’ Hempempont. On ne l’aborde pas directement depuis la route grâce à une muraille de verdure obtenue par quatre tilleuls, mais par un trottoir, perpendiculaire à la rue qui longe la rangée de petites maisons chaulées qui la flanquent, et en passant devant un campanile de briques muni de petites cloches sur lesquelles deux textes de Sainte Thérèse sont gravés : « L’amour attire l’amour » et « ce que je demande c’est l’amour ».

Le trottoir d’accès avec le campanile à l’époque et en 2020 (Documents collection privée)
les cloches et leurs inscriptions en gros plan (Documents Historihem)

Les quatre maisons très anciennes rangées le long du trottoir forment « La Cité Leclerc » et celle-ci se trouve donc dans l’enceinte de la chapelle : l’Enclos Sainte Thérèse. Autrefois couvertes de chaume, ces maisons vivaient alors au bruit du métier à tisser. Elles représentent le type même de la « maison à l’otil », une fenêtre et une porte pour la cuisine et 2 fenêtres pour la grande salle dans laquelle se trouve le métier. Une fois la pièce finie, le tisserand la mettait sur sa brouette pour la conduire à Roubaix. Ces maisons ont ensuite servi de logement aux ouvriers de la brasserie Leclerc, d’où le nom de l’ensemble.

Rien de solennel donc pour l’accès au lieu de culte puisqu’il s’agit d’une chapelle et non d’une église et que l’ensemble doit rester d’une grande simplicité. C’est pourquoi il n’y a pas de transition entre le trottoir et le parvis, revêtus du même pavement de briques depuis les seuils des anciennes maisons à « l’otil » jusqu’à l’entrée de la chapelle.

La dalle carrée dans le parvis (Documents Revue Art d’Eglise)

Seule fantaisie dans le pavement : une dalle carrée, sur laquelle doit se faire la bénédiction du feu à la vigile pascale. Cette dalle porte un texte représentant la prière qui accompagne, durant la nuit de Pâques, l’allumage et la bénédiction du feu nouveau. L’entrée quant à elle est surmontée d’un auvent portant une mosaïque de Mannessier, ayant pour thème l’Alléluia.

L’entrée de la chapelle surmontée de l’auvent (Document collection privée) et étude pour la mosaïque (Document Historihem)

En pénétrant dans la chapelle le regard se porte sur la Sainte-Face, œuvre de Rouault, sur le mur nu au dessus de l’autel, représentée sur un panneau tissé (et non une tapisserie) selon le procédé de l’artisan J. Plasse-Le Caisne, de vastes dimensions, de couleurs noire et ocres, qui a posé d’innombrables difficultés techniques pour sa réalisation.

La Sainte-Face sur panneau tissé (Document revue Art d’Eglise)

Les murs de vitraux conçus par Mannessier représentent une méditation sur la vie de Ste Thérèse de Lisieux : le côté sud qui a l’aspect d’une fresque de verre et de ciment est fait d’un vitrail aux tons éclatants, qui évoquent son enfance et sa jeunesse, puis les rouges, bleus et violets qui rappellent ses années de souffrance au Carmel et côté nord le mur plus bas est également fait d’un vitrail aux tons plus légers qui symbolise sa vie céleste.

Les deux murs composés de vitraux (Documents Historihem)

Contre l’un des murs se trouve l’autel du saint sacrement, table de pierre sur pieds de fer, œuvre du sculpteur Dodeigne tout comme l’autel principal en pierre de Soignies surmonté d’une croix en fer forgé. Figurent également dans la chapelle d’autres œuvres de l’artiste telles que les fonts baptismaux et la statue de Ste Thérèse.

Autel principal et autel du Saint Sacrement, croix de fer forgé , fonts baptismaux et statue de Ste Thérèse (Documents collection privée)

L’architecture intérieure de la chapelle ménage un espace harmonieux, grâce aux pentes du toit, couvert d’un bois simple, avec un sol pavé de dalles en pierre noire des Pyrénées espagnoles et des bancs de chêne dessinés par l’architecte Hermann Baur. Ce mariage de lumière et de matière crée une ambiance particulière propice à l’intériorité.

Vue générale de l’intérieur de la chapelle (Document revue d’Art d’Eglise et collection privée)

A suivre…

Remerciements à Historihem

Café du Bas du Bout

La rue Edouard vaillant est une rue très ancienne, citée en 1824 en tant que rue Poivrée, qui débute rue du Général Leclerc et descend jusqu’à la Marque à la rangée Droulers. C’est un siècle plus tard, en 1927, que la rue prend son nom actuel d’Edouard Vaillant, du nom d’un homme politique socialiste, mort en 1915, l’un des inspirateurs de la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. La rue ne mesure que 261 mètres de long et n’atteint pas la Marque mais s’arrête brusquement devant une rangée de petites maisons situées tout en bas : « au bas du bout ».

Vue aérienne de la rue Edouard Vaillant et du « bas du bout » en 1947 (Document IGN)

Au café du Bas du Bout , en bas de la rue au n°53, on organisait jadis des concours de Pinsons à la ducasse du dernier dimanche d’Août, exercice de chant comportant un prélude, un roulement et une finale, répété parfois jusque 600 fois en 1 heure, sachant que le nombre de chants détermine la victoire et non leur qualité.

Pour dresser un pinson, on le place en cage dans un verger où il s’en trouve déjà un en liberté, lequel devient son professeur. Le jour du concours chaque oiseau est apporté dans une cage minuscule et les cages sont posées sur des chaises éloignées de 2m60 les unes des autres.

Les Pinsonneux d’alors crevaient parfois les yeux des oiseaux au fer rouge, pratique sensée avoir un effet « bénéfique » sur leur chant. Curieuse ironie, c’est durant l’occupation de la première guerre mondiale qu’un commandant allemand prend un édit pour interdire cette pratique barbare. Cette législation se perpétue après guerre et les pinsonneux seront punis d’amende et de confiscation lorsqu’ils seront détenteurs d’un pinson aveugle.

Un pinsonneux la cage à la main (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)

La société de colombophilie les Francs-Amateurs existe quant à elle depuis 1879. C’est une passion qui exige du « coulonneux » le sens de l’observation, la patience, le savoir-faire, qualités détenues le plus souvent de père en fils, chaque génération d’éleveurs se transmettant les petits secrets de l’élevage et du dressage des pigeons. Soumise à une législation très stricte, la colombophilie est placée sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur. L’ouverture d’un colombier est soumise à autorisation préfectorale et chaque nouveau colombophile, doit s’affilier à une association de son choix qui lui remet une licence fédérale « sportif » pour prendre part aux compétitions ou « éleveur »pour élever des pigeons voyageurs.

A Hem, en 1886, on dénombre ainsi 37 propriétaires pour 504 pigeons , nombre qui tombe en 1900 à 2 pigeonniers déclarés pour 31 pigeons. Mais, après la première guerre, le nombre d’amateurs augmente à nouveau pour atteindre 76 en 1930 avec 1356 pigeons. La moitié des coulonneux hémois est inscrite aux Francs-Amateurs. Mais avec la seconde guerre mondiale les pigeonniers sont pillés. La colombophilie atteint son apogée après-guerre et plus précisément en 1952 avec 147 détenteurs totalisant 2233 pigeons.

Les Francs-Amateurs en 1968 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 1960, sous la présidence de Louis Gauquié, des trophées sont remis aux lauréats qui ont les honneurs de la presse locale. L’occasion d’annoncer pour la fin de l’année 1968 une exposition « standard-sport », un pigeon par catégorie et par amateur, avec remise des prix aux lauréats de 1968 chez Lempire rue Vaillant. C’est en effet René Lempire qui a repris, en 1968, le café jusqu’alors tenu par Gérard Mahieu, cité Droulers, au bas du bout.

Publicité de 1970 (Document Mémento Public édité par la ville d’Hem)

Des expositions sont dès lors régulièrement organisées dans le café tenu par René et Léonce Lempire, leur établissement devenant le siège des Frans-Amateurs. Les réunions générales s’y tiennent et René devient trésorier de l’association. Les préparations de saison et les concours s’y succèdent donnant lieu à des festivités au bas du bout, notamment lors des remises de prix.

Photo d’une exposition en 1971 (Document Nord-Eclair)
Photo des Francs-Amateurs dans les années 1970 (Document collection privée)

Il ne s’agit pas, loin s’en faut, des seules occasions de faire la fête pour ce petit bout de rue animée. Ainsi, dès les années 1960, une Miss Bas du Bout est élue et soutient l’équipe de football de la ville engagée dans un tournoi en 1966 et, la même année, comme chaque année y est organisée une kermesse au profit des anciens du quartier.

Miss Bas du Bout soutient l’équipe d’Hem et la kermesse au profit des anciens du quartier (Documents Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Fête de la navette

Du 9 au 14 juin 1987, la municipalité roubaisienne organise une première fête de la « navette », vaste fête populaire, accessible à tous, et permettant la participation de nombreuses associations de l’agglomération. Le nom choisi pour cette nouvelle fête est celui d’un emblème roubaisien :

« dans le métier à tisser, instrument formé d’une pièce de bois, d’os, de métal, pointue aux extrémités et renfermant la bobine de trame, qui se déplace de la longueur de la duite en un mouvement alternatif », selon la définition du Petit Robert. Quel meilleur nom aurait on pu donner à cette nouvelle fête de l’ancienne « capitale du textile » ?

Programme de la fête de la navette en 1987 (Document archives municipales)

Pour l’occasion 2 auteurs roubaisiens bien connus : Denyse Soubrie (pour les paroles) et Jean Prez (pour la musique) réalisent un 45 tours au rythme trépidant interprété par Jean Prez avec l’apport d’Yvon Juillet à l’accordéon. Sur la 1ère face on trouve « la navette en fête » :

« Chantez aujourd’hui c’est la fête,

la fête de la navette,

elle est jolie ma chansonnette,

on l’a tous dans la tête.

C’est aujourd’hui journée de liesse,

et la foule dans l’allégresse,

au son d’un orchestre musette,

fêtera la navette »

Disque créé pour l’occasion et photos de Jean Prez et Denyse Soubry et d’Yvon Juillet (Documents collection privée)

Le coup d’envoi a lieu le 06 juin, dans la prestigieuse salle Pierre de Roubaix de la mairie, par la remise des prix aux lauréats de divers concours : photo, dessin, plus beau bébé. Les œuvres, photos et dessins, y restent quant à elle exposées jusqu’au 14 juin, date de clôture des festivités.

Une pluie de cadeaux s’abat sur les bambins et leurs mamans, les premiers de chaque catégorie recevant de surcroit la plaquette du Conseil Général des mains de Bernard Carton, son vice-président. Quand au sénateur maire de Roubaix, André Diligent, il tient à dire « son plaisir de voir un tel concours, que l’on disait dépassé, retrouver une nouvelle jeunesse.

Remise des prix aux plus beaux bébés et un dessin de Teel représentant l’événement (Documents Nord-Eclair)

Pour le programme, la municipalité a vu grand : un podium sur la Grand Place, pour des démonstrations de danse, des clowns, des magiciens, des musiciens, un concours de chant, des orchestres, mais aussi des manèges, structures gonflables et stands de confiserie, des fanfares, des sociétés musicales, des défilés avec chars et géants à grosse tête et des spectacles de marionnettes.

Dès le 1er jour Jumbo Fun, l’éléphant gonflable de 5 mètres de haut accueille les enfants qui se baignent dans les balles de son estomac. Le lâcher de ballons organisé par Kiabi emporte les cartons bleus et blancs sur lesquels figurent leurs adresses et chacun espère que c’est le sien qui ira le plus loin.

Jumbo Fun et les balles de son estomac (Document Nord-Eclair)

Sur le podium Nounours et ses clowns assurent les entractes, les fantômes d’Ecosse prennent le relais des danseurs de Manou, et l’Association Visages en fête maquille les enfants qui le souhaitent, avant de laisser place dans la soirée aux différents groupes de musique : Husch, Joël Matysiak, Bâton Rouge, Dynam’s et Insomnie.

Nounours et ses clowns, les danseurs de Manou et Husch et Insomnie (Documents Archives municipales et Nord-Eclair)

Le week-end de clôture est le point d’orgue de la fête et le programme est à la hauteur : le samedi commence avec l’aubade aux mariés par l’orchestre Musette Duo, puis sur le podium : Bambou, le Liberty Club de Roubaix, le groupe yougoslave Shumadia, le groupe de la maison d’Espagne, Essence d’Andalousie, l’Ancienne, les enfants du Massif Central, le Grupo Folclorico Portugues et le groupe Evasion avant le grand bal de l’orchestre Les Leaders.

L’Ancienne, Shumadia, Liberty Club, Evasion, Essence d’Andalousie (Documents archives municipales et Nord-Eclair)

En parallèle, toute la journée une exposition vente de produits régionaux se déroule dans la salle Pierre de Roubaix à l’Hôtel de Ville : bières, gaufres, fromages, confiseries, alcools, confitures, chocolats fins, plats traiteur, linge de table et de maison et vêtements imprimés, sans oublier bien sûr une exposition de navettes et de pendules anciennes.

Le dimanche est le jour du défilé carnavalesque qui part du carrefour Gounod pour rejoindre la Grand Place, avec ses géants, ses chars et ses Gilles, ainsi que ses fanfares, avant un lâcher de navettes (petits gâteaux ) du haut de l’Hôtel de Ville, avec le concours du Syndicat des Boulangers de Roubaix. Par ailleurs dès l’après-midi, sur le podium se succèdent : l’Orphéon Jazz Band, les Joyeux Bituriers et le groupe folklorique de la jeunesse polonaise.

Le géant de Roubaix, les Gilles et différentes fanfares participant au défilé (Documents archives municipales)

Si le temps n’est pas toujours au rendez-vous, puisqu’il pleut des cordes la plupart du temps, et si, de ce fait, la foule n’est pas aussi nombreuse et enthousiaste qu’attendu, le dernier dimanche fait le plein, en partie grâce au soleil. Le final est donc une réussite et la fête bat alors vraiment son plein.

Défilés, chars, lancer de navettes et confettis et Poppins épeulois en délire (Documents Nord-Eclair)

En 1988, entre le 4 et le 19 juin se déroule d’abord une grande tombola à l’échelle de la commune avec le concours de la quasi totalité des commerçants roubaisiens. Le tirage au sort des gagnants a lieu à la salle Watremez et 36.000F de lots et bons d’achat sont distribués, ainsi qu’un total de plus de 600 couplés gagnants à toucher dans les PMU de la ville, au cours d’une petite réception organisée dans le salon d’honneur de la mairie.

Tirage au sort et remise des lots (Documents Nord-Eclair)

Si la première fête, en 1987, a permis « d’essuyer les plâtres », l’année suivante c’est gagné : Roubaix tient sa grande fête populaire et les quartiers, tout comme le centre en profitent. Cette fois, forte de la leçon de l’année précédente, la municipalité dresse un chapiteau à côté de l’Hôtel de Ville, pour le week-end, au cas où…

C’est l’Orphéon Jazz Band qui lance les festivités le vendredi soir sous le chapiteau. Puis le samedi c’est le tour de l’illusionniste Jean Frédéric puis Bambou ouvre la danse sur des rythmes africains avant de laisser la place à de la danse classique et moderne par les élèves de l’école Françoise Vizor du Boulevard de Cambrai. Pendant ce temps des groupes costumés défilent dans le quartier du Moulin-Potennerie.

Le défilé au Moulin Potennerie et la danse par l’école Vizor (Documents Nord-Eclair)

Enfin le dimanche, la musique de la FAL (Fédération des Amicales Laïques) anime un concert apéritif en fin de matinée, avant de laisser la place au spectacle Grain de Folie (parodies burlesques) et au groupe Czardas. Puis le grand cortège carnavalesque constitué d’une trentaine de groupes, chars, sociétés musicales et attractions, part de la place du Travail jusqu’à la Grand Place où la fête se termine par le désormais traditionnel jet de navettes depuis la mairie.

Char des commerçants de la rue Jules Guesde, enfants de l’école Saint-Eloi chantant l’hymne de la navette, cosaques de la Ferme aux Loisirs, Poppins de l’Epeule, Dames de Calais et groupe Belle Epoque de Comines (Documents Nord-Eclair)

L’adjoint au maire de Roubaix Mr Brillon a droit à un tour de piste devant les tribunes officielles, invité dans la sarabande par un groupe de joyeux lurons puis donne de sa personne en compagnie du sénateur maire André Diligent depuis la tribune lors du lancer de navettes attendu avec impatience par la foule en cette fin de journée riche en attractions diverses.

Tour de piste, lancer de navettes et la foule à la réception de celles-ci (Document Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements aux archives municipales de Roubaix

Centre Commercial Schweitzer (Suite)

C’est à cette époque que le débit de tabac de Fethi Kaouadji ouvre ses portes. Il restera ouvert pendant 20 ans et fermera ses portes en 2014. Sur une photo de 2015, le panneau du centre commercial fait état du tabac presse loto PMU Le Corail qui deviendra ensuite un point colis. Sur ce même panneau on peut constater qu’une épicerie Prosma existe également à côté de la supérette des 3 villes.

Panneau du centre en 2015 (Document Google Maps)
Emplacement de l’épicerie en 2022 (Document Google Maps)

En avril 1995, le centre, encore en travaux, accueille la signature d’une convention entre l’atelier de confection Indiga, représenté par Mustapha Saifi, l’organisme Vecteur Formation, représenté par Pierre Davroux et la ville d’Hem, représentée par Mme Massart, maire de la ville.

La ville met les locaux à disposition de l’entreprise, qui de son côté s’engage à mettre ses capacités professionnelles, techniques, commerciales et pédagogiques au service de l’insertion sociale et économique à Hem. Le public sera composé d’habitants hémois en difficulté et la mairie exercera un contrôle annuel sur les embauches. Quant à Vecteur Formation, sa mission consistera bien sûr à former les candidats en vue d’un retour pérenne à l’emploi.

L’installation d’Indiga au centre Schweitzer en 1995 (Document Nord-Eclair)

Un an plus tard, la SARL à l’enseigne M’Tex, gérée par Mustapha Saifi est immatriculée au RCS et restera en activité pendant 10 ans dans le centre commercial. Titulaire d’un CAP de mécanicien tourneur, rien ne le prédisposait pourtant à ouvrir une entreprise textile de 800 mètres carrés à Hem. Il sera en outre lauréat en 2002 du prix création de la fondation Nord Entreprendre.

Photo de Mustapha Saifi (Document Talent des Cités)

En 2000, des travaux d’extension du centre commercial sont réalisés par la ville et à cette occasion M’Tex ouvre un bureau de stylistes et de modélistes et prévoit 6 embauches, le but étant de créer à terme sa propre marque. Sont également prévues les embauches d’une secrétaire et d’un commercial et il faut donc des locaux plus grands pour accueillir tout le monde.

L’extension des locaux de l’atelier de confection en 2000 (Documents Nord-Eclair)

Toutefois en 2007 la société est fermée et radiée du registre du commerce et des sociétés. Mustapha Saifi avait également créé en 2000 un commerce de gros de textile, la SARL Arteny, qui fermera ses portes en 2009. La même année verra également la fermeture de sa deuxième société de commerce de gros : C2M international.

En 2007, le registre du commerce et des sociétés enregistrera également la radiation du deuxième atelier de confection du centre commercial : « De toutes Façons » qui avait vu le jour en 2000 et était géré par Bruno Vantichelen.

Pendant toute cette période, en 1999, la supérette des 3 villes, fermée depuis plusieurs mois, est reprise par Boualem Kechout. Il devient propriétaire du fonds de commerce de l’établissement dont les murs appartiennent à la ville et embauche 4 personnes dont une à temps plein. Il achète une chambre froide et une rôtissoire et souhaite créer un point chaud et une boulangerie mais manque de place pour s’étendre. En 2023, la supérette est toujours en activité.

Boualem Kechout dans sa supérette début 2000 (Document Nord-Eclair)
Photo de la supérette en 2022 (Document Google Maps)

En 2001, c’est la boucherie Kamel Longchamp qui ouvre ses portes. Elle est reprise en 2009 par Agrovia Hem, du Kamel Groupe, dont le gérant est Ramzy Kamoun d’après le site Société.com. Aujourd’hui la boucherie qui porte encore l’enseigne commerciale Kamel est toujours en activité.

Photo de la boucherie Kamel en 2022 (Document Google Maps)

La boulangerie du centre commercial a, quant à elle, connu plusieurs gérants depuis le groupe Holder, à savoir : le Comptoir du Pain de 1997 à 2007, puis Djamila Meftah et Nadget Mameche de 2007 à 2009 et enfin City, gérée par Fouad Baitar, boulanger installé à Roubaix dans un premier temps et qui gère 4 établissements.

Photo de la boulangerie en 2022 (Document Google Maps)

En 2009, la ville de Hem souhaite à nouveau procéder à la sécurisation, à l’aménagement du parvis et à la rénovation des façades du centre commercial, composé de 3 ensembles, pour un montant total de 300.000 euros.

Un restaurant ouvre alors ses portes pendant une petite année géré par Brahim Ben Bahlouli. Ce n’est qu’en 2014 que Nassim Baitar ouvrira son commerce de restauration rapide. En 2019, Kada Bouziane Belhadj le remplace pour 2 ans et en 2021, c’est l’I-Gill BBQ de Samir Bechia qui prend leur place.

Photos du snack en 2022 (Document Instagram I-Grill)

En 2010, c’est la pharmacie Schweitzer qui voit le jour, gérée par Driss Rajraji, officine toujours en activité aujourd’hui. Puis en 2015, un commerce de détail d’équipements automobile s’installe sur le centre à l’enseigne Best Pieces Auto. C’est Said et Hamid Kechout qui ouvrent cet établissement toujours en activité à ce jour.

Photo de la pharmacie en 2022 (Document Google Maps)
Photo de Best Pièces Auto en 2022 (Document Google Maps)

De nos jours le cabinet médical fonctionne toujours avec 2 médecins : Claudine Andriaminhamina et Anny Vermersch. Des infirmières complètent l’offre de santé en la personne de Sylvie Cottreel.

Photo du cabinet médical en 2022 (Document Google Maps)

Plus de 50 ans après sa création le centre commercial Schweitzer, après plusieurs rénovations, est donc toujours en activité même si les cellules qui le composent se sont recentrés sur les besoins essentiels type alimentaire et santé. Il est essentiel en effet que les habitants du quartier conservent leurs commerces de proximité.

Photos générales du centre en 2008 et 2022 (Documents Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem

Intervilles à Roubaix (suite)

Ainsi une ville champignon se dresse peu à peu entre la mairie et les abris bus qui se trouvent de l’autre côté de la place, devant l’église Saint-Martin, constituant un quadrilatère fermé. 5000 places de gradins ont été installées ainsi que la tour en imitation briques du jeu du mauvais coucheur, les pistes en imitation pavés de la route des géants et le reste : 2 piscines, des tréteaux et surtout plein de savon noir.

Les gradins installés sur la Grand Place (Document la Voix du Nord)
Installation des palissades pour le pillage de la banque (Document la Voix du Nord)

Les sponsors ont mis la main à la pâte : la banque de Super Croix, les pelotes géantes de Phildar, les tapis roulants provenant d’une entreprise de PVC. L’installation et la décoration de l’ensemble a été contrôlée par un décorateur de TF1et la commission de sécurité va venir vérifier la conformité de l’ensemble des installations. En effet l’installation des pièges à rire d’Intervilles a posé d’énormes problèmes de sécurité.

Jean-François Deccuber, talkie-walkie à la main et l’ensemble des services technique devant ses décors (Documents Nord-Eclair)

Dans la semaine qui précède le jour J Guy Lux arrive à Roubaix et y rencontre les journalistes malgré une forte fièvre qui le cloue au lit. Il ne connait pas la ville où il n’est passé qu’une fois repérer les lieux en juin mais il connait déjà le Nord car Armentières et Saint-Amand ont précédé Roubaix dans l’aventure Intervilles. Il sait les nordistes accueillants, disponibles et compétitifs et loue l’efficacité de l’équipe municipale et du travail qu’elle a réalisé.

Guy Lux remis en selle, Simone Garnier et André Diligent (Documents Nord-Eclair)
Les représentants de Cavaillon à Roubaix (Documents le Provençal)
Les dernières répétitions en costumes (Documents la Voix du Nord)

Essayages de costumes et entraînement des 2 équipes à Roubaix (Documents le Provençal)

Et c’est le jour J. La ville de Cavaillon fait don à celle de Roubaix d’un document encadré : une carte originale en couleur du XVII ème siècle représentant le comtat d’Avignon et Venaisan. Les 5000 spectateurs massés sur la Grand Place en ont pour leur argent ainsi que les publicitaires. Un magnifique programme sur papier glacé est proposé.

Le cadeau de Cavaillon à Roubaix (Document archives municipales)
La couverture du programme (Document archives municipales)

A la télévision, l’émission s’ouvre sur Cavaillon, son soleil et ses cafés, puis Roubaix a les honneurs du petit écran par le biais d’un petit film vidéo dévoilant les fleurons du patrimoine local. Enfin Guy Lux apparaît pour présenter la ville et son sénateur maire André Diligent.

Côté Cavaillon, point de vue jeux, rien de transcendant : quelques vampires courant après des marquis « encarottés », quelques ânes plutôt trainards et une cueillette de pommes bien maussade. A Roubaix le clan des rieurs : savon noir, mousse à raser et seaux d’eau allégrement jetés sur les concurrents.

Intervilles à Cavaillon avec Léon Zitrone (Document le Provençal)
Intervilles à Roubaix : le clan des rieurs (Documents Voix du Nord)

Les caméras de TF1 ne restent pas statiques et la Grand Place est vue sous toutes les coutures. De superbes vues aériennes de la mairie régalent les téléspectateurs entre deux épreuves. En revanche le ballon aux couleurs de Nord-Eclair doit rester au sol en raison d’un vent beaucoup trop violent.

Devant les quelques 14 millions de téléspectateurs et surtout les 5000 habitants qui ont pris d’assaut les lieux pour décrocher une bonne place ainsi que les employés municipaux qui ont investi les balcons de la mairie c’est une sacrée java et l’occasion de crier cocorico plus fort que les autres.

Les Gilles de Binche et Wasquehal, André Diligent et Gérard Guy 1er adjoint de la ville de Cavaillon (Documents Voix du Nord)
Plaquette de présentation des gilles de Wasquehal (Documents archives municipales)

Les vendeurs d’esquimaux et de sandwichs sont présents pour ravitailler les spectateurs et, pour assurer une bonne vue de l’ensemble des événements à chacun, une quarantaine de récepteurs de télévision sont posés sur la Grand Place tout au long des tribunes. Les Gilles de Binche et de Wasquehal posent avec leurs beaux costumes colorés devant la mairie dès le générique.

Les récepteurs de télévision installés sur la Grand Place de Roubaix (Document le Provençal)
La foule de spectateurs (Documents Nord-Eclair)
Intervilles à Roubaix le clan des rieurs (Documents Nord-Eclair)
Le clan des rieurs (Document Nord-Eclair)

Les jambes roubaisiennes ne déméritent pas : à l’issue des épreuves physiques les deux villes sont à égalité, mais c’est la tête qui lâche au cours des épreuves culturelles qui départagent les deux équipes à l’issue du jeu. Pour avoir confondu le lac Toronto et la rivière Ottawa l’équipe de Roubaix chute dans la dernière question et Roubaix perd le match qui l’opposait à la ville de Cavaillon une mauvaise utilisation du joker lui ayant été fatale. Ceci explique le titre en première page de la presse locale : Roubaix a ri jaune. En revanche à Cavaillon la foule est en liesse place Thorel.

Egalité après les épreuves physiques, intellectuels en panne, mauvaise utilisation du joker (Documents Voix du Nord )
Roubaix a ri jaune (Document Nord-Eclair)
Foule en liesse place Thorel à Cavaillon (Document le Provençal)

Il faut dire que les concurrents roubaisiens n’avaient, aux dires de la presse du lendemain, que leur seul courage pour se motiver, car malgré les 5000 places vendues, pas de cris tonitruants d’encouragement pour soutenir le moral des champions roubaisiens, les supporters de Cavaillon étant bien plus expressifs bien que moins nombreux. Malgré le dépit de l’équipe et de Mr Diligent devant cette courte défaite, la soirée se termine en apothéose avec un magnifique feu d’artifice.

La réception à Roubaix et l’équipe de Cavaillon à Roubaix en fête (Document le Provençal)
Le feu d’artifice tiré avenue des Nations-Unies à l’issue des jeux (Document Voix du Nord)

Intervilles à Roubaix en chiffres c’est : 37 joueurs, une cinquantaine d’employés municipaux, 84 CRS et 60 policiers en tenue, 14 millions de téléspectateurs, mais aussi côté TF1 : 6 camions de matériel, un car directeur pour la régie, 200 techniciens, 15 hommes à la production et 40 aux images…

Le réalisateur, le chef décorateur, Simone Garnier et Guy Lux (Document Voix du Nord)

Bien sûr la question du coût des jeux est évoquée suite à la défaite, la mairie ayant dû faire face à de grosses dépenses : milliers d’heures de travail pour les employés municipaux, achat de matériel pour les décors, location d’infrastructure comme les tribunes…Mais il y a aussi eu des rentrées d’argent avec les programmes et les entrées payantes. Quoiqu’il en soit tribunes et décors sont ensuite démontés et la liesse du 31 juillet laisse la place à la quiétude du mois d’ Août sur la Grand Place de Roubaix qui, en dépit du résultat, a vécu là un grand moment.

Après la liesse du 31/07 la quiétude du mois d’août (Documents Nord-EClair)

Remerciements aux archives municipales de Roubaix

La résidence des Aulnes

Suite et fin d’un précédent article intitulé : la Fondation César Parent

Puis de 1989 à 1992, une nouvelle grande rénovation de la maison de retraite est accomplie afin de donner naissance à la Résidence des Aulnes. Des lieux de vie plus spacieux sont pensés pour rendre le séjour plus agréable et les différentes parties du bâtiment doivent être rendues plus faciles d’accès et conformes au nouvelles normes en vigueur.

Pose de la 1ère pierre par Mme Massart (Document Historihem)

Ces travaux constituent une grande opération d’humanisation qui s’avère très coûteuse. Le Conseil Général et la Communauté Urbaine sont de gros contributeurs mais 60% des frais engagés doivent être financés par des emprunts garantis par les villes voisines en témoignage de solidarité. Il ne suffit pas seulement en effet de rénover le bâtiment existant mais aussi de lui adjoindre une construction moderne.

Les travaux en voie d’achèvement en 1991 (Documents Nord-Eclair)

Et pendant tout ce temps que dure la construction et la réhabilitation il faut maintenir les résidents dans le confort et la sécurité, tâche à laquelle s’est vaillamment attaquée Mme Barbeau, la directrice, avec son équipe, ainsi que le souligne Mme Massart, maire de Hem, dans son discours d’inauguration en 1992.

Inauguration en 1992 de la Résidence des Aulnes (Document Historihem)

Au cours de la cérémonie d’inauguration, Mr Echevin, maire de Lannoy a fait un rappel de l’histoire de la résidence et Mr Derosier, président du Conseil Général, a mis en avant la politique du département en faveur des personnes âgées, mettant l’accent sur la prise en charge du prix de journée au titre de l’aide sociale, ainsi que sur la création de places : 100 lits aux Aulnes dont 35 médicalisés, et l’aide au maintien à domicile.

Ainsi les travaux réalisés aux Aulnes permet d’offrir aux pensionnaires des chambres individuelles, décorées de couleurs tendres, un mobilier adapté et un équipement complet au sein de l’établissement. Les chambres du 2ème étages ont ainsi vu les mansardes disparaître afin d’obtenir des chambres plus spacieuses et lumineuses.

Chambres du 2ème étage après suppression des mansardes vues de l’extérieur (Documents Historihem)

2 ans plus tard, en 1994, la résidence fête ses 3 centenaires, et 7 médaillées, dévouées au service des personnes âgées depuis au moins 20 ans. Un Hommage tout particulier est rendu à Mme Leruste qui fête à la fois ses 20 ans en tant que veilleuse de nuit à la résidence ainsi que son départ en retraite. La cérémonie se déroule en présence des maires de Hem et Lannoy, de nombreux adjoints et membres du conseil d’administration.

2 des 3 centenaires et 7 médaillés (Document Historihem)

C’est en 2002 que la résidence est transformée juridiquement en EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes) par arrêté préfectoral et en janvier 2010 Claudine Graver en devient la directrice.

Au cours de la 2ème décennie du 21 ème siècle, la Résidence des Aulnes connaît un nouvel agrandissement et aménagement. Un chantier de reconstruction de l’établissement dans sa globalité, d’une durée de 30 mois démarre ainsi en 2016. La restructuration programmée permet une extension portant à 105 le nombre de chambres dont 80 places d’hébergement classique et 25 places en Unité de Vie Alzheimer.

L’Ehpad en 2008, 2016, 2017 et 2020 (Documents Google Maps)

A l’issue des travaux, toutes les chambres sont individuelles et disposent d’une salle de bains ; la résidence dispose d’un grand hall d’entrée avec son estaminet ; la restauration en salle ou en chambre est prise en charge par une équipe dynamique ; une salle de bains bien-être est mise à disposition des résidents.

Chambre, hall d’entrée, équipe de restauration, salle de bains bien-être (Documents site internet)

Un siècle et demi après sa création, l’hospice est donc devenu un EHPAD du futur selon la Voix du Nord, l’idée de l’architecte étant de garder le vieux bâtiment pour conserver l’âme de l’ancien mais en faire un lieu adapté. Quant aux extensions arrières du bâtiment, elles sont détruites pour laisser la place à une construction neuve collée à l’ancien édifice de la rue Jules Guesde.

La volonté est de créer un « comme chez soi »où les résidents ont la liberté d’aller et venir tout en trouvant à l’intérieur de la résidence des services de proximité : estaminet, jardin, cabinet de kinésithérapie et salle d’ergothérapie.

Remerciements à l’association Historihem

Centre Commercial Schweitzer

Dans les années 1960, la société HLM « le Toit Familial », sous l’égide du CIL de Roubaix-Tourcoing, construit sur les territoires d’Hem et Lys-lez-Lannoy le groupe Longchamp, deux tours de logement dans le prolongement du grand ensemble des Hauts-Champs, le tout constituant une « ville » qui devrait regrouper 15.000 habitants.

Le CIL a donc chargé la SEFITEC (Société d’études financières techniques et commerciales) de l’étude et de la réalisation de l’équipement commercial de ce groupe, chargé de subvenir aux besoins courants de cette importante population, le seul commerce à proximité se situant avenue Motte à savoir Auchan.

Le centre en chantier en 1967 et un croquis le représentant achevé (Documents Nord-Eclair)

Une première tranche de 10 commerces est donc réalisée comprenant : un supermarché de 600 mètres carrés de surface de vente, un cours des halles (fruits et légumes), une boulangerie-pâtisserie, une succursale de la Caisse d’Epargne de Roubaix, une pharmacie, une teinturerie-blanchisserie, un magasin de bonneterie-lingerie-laine, des magasins d’optique et de chaussures, une librairie-papeterie et journaux tabac, le tout sur une surface de 2000 mètres carrés.

En 1968, six des 10 commerces prévus sont ouverts à la clientèle. Michel Delhaize, PDG des Docks du Nord les ECO, inaugure ici un nouveau supermarché alimentaire GRO. Il souligne qu’à la discrétion qu’on apprécie dans les libres services les vendeuses y associent la serviabilité et mettent leurs compétences au service de la clientèle.

L’inauguration du supermarché Gro (Document Nord-Eclair)

Dès cette première année d’ouverture la supérette, comme tous les magasins Gro et Docks du Nord, participe au jeu de Radio-Luxembourg : « Avez-vous du vin Famor ? » phrase magique permettant à la clientèle, si elle l’adresse au gérant en présence d’un des envoyés de Radio-Luxembourg, de gagner de nombreux lots.

Le jeu : Avez-vous du vin Famor ? En 1968 dans les magasins Gro et Docks du Nord (Document Nord-Eclair)

Le centre Schweitzer va s’agrandir (Document Nord-Eclair)

Dès l’origine une deuxième tranche de commerces est prévue dont la construction doit commencer dès l’année 1969. Celle-ci comprendra une dizaine de commerces spécialisés sur une surface de 800 mètres carrés : café-brasserie, salon de coiffure hommes et dames, studio photo, fleuriste, crémerie-volailles, poissonnerie… sans exclure d’autres activités commerciales ou libérales.

CPA et photo du centre commercial dans les années 1970 (Documents collection privée et Google)

Dès le début des années 1970, comme prévu dans le projet, la santé est une préoccupation qui amène l’installation d’un médecin en la personne de JC Chellé puis d’une infirmière à savoir Mme Delnatte.

Et en 1971, côté mode, le commerce de chaussures est le magasin bien connu des roubaisiens puisqu’il est déjà installé à Roubaix, rue de l’Epeule et rue de Mouvaux, à savoir les chaussures Monick, distributeur notamment de la marque Arbell. La bonneterie quant à elle porte les noms de Derasse et Delaby et le magasin distributeur de laines à tricoter est dépositaire de la marque Pingouin-Stemm et y demeure jusqu’en 1983. A la fin des années 1970, un magasin de prêt à porter pour femmes s’installe également à l’enseigne Quadrille, magasin toujours présent dans le centre commercial dans les années 1980.

Pub chaussures Monick de 1974 reprenant les 3 magasins (Document Nord-Eclair) autre pub (Document Historihem) et extrait d’une carte postale des années 1970-80 situant le commerce dans le centre à l’extrêmité à droite (Document collection privée)
Pubs Quadrille des années 1970-1980 (Documents Nord-Eclair)

Durant cette même vingtaine d’années c’est d’abord l’enseigne les Docks du Nord, les éco épiciers, puis l’enseigne Sogedis (gérante également du magasin de primeurs La Récolte) à laquelle va succéder Fraismarché GRO, qui gèrent le supermarché lequel comprend bien sûr les traditionnels rayons boucherie, poissonnerie, fruits et légumes. Le supermarché fait sa publicité pour attirer la clientèle de proximité en lui offrant des cadeaux et organise également des expositions de voitures sur son parking, en partenariat avec des concessionnaires roubaisiens.

Pubs supermarché Gro des années 70-80 (Documents Nord-Eclair)

La boulangerie-pâtisserie est quant à elle gérée par l’enseigne Holder, le groupe Holder, créé dans les années 1960 par Francis Holder, et prendra ensuite le nom commercial Le Moulin Bleu. Quant à la librairie, tabac, presse, elle est d’abord gérée par Mme Dufay à laquelle succédera Mme Dupen dans les années 1980. Enfin la pharmacie Ramage-Vilette à laquelle succédera la pharmacie Mascart dans les années 1980 complète l’offre de services essentiels proposés aux riverains.

Logo du groupe Holder (Document site internet)
Publicité du café tabac Dufay (Documents Historihem)

S’ajoutent aux commerces déjà cités un opticien, Mr Leclercq, une teinturerie exploitée sous l’enseigne bien connue Rossel, dont les commerces n’apparaissent plus dans les annuaires des années 1980 et une agence de la Caisse d’Epargne de Roubaix. En revanche les années 1980 voient apparaître d’autres magasins tels que la parfumerie Longchamp de Mme Stassen qui gère également le dépôt de teinturerie Rossel.

Photos de la supérette des 3 villes fin 1980 début 1990 (Documents Historihem)
Pub optique Leclercq des années 1970 et 2 autres pubs (Documents Nord-Eclair et Historihem)
Publicité de la parfumerie Longchamp en 1983 (Document Nord-Eclair)

En 1994, force est de constater que le centre commercial ne fonctionne plus : l’ancien supermarché, vandalisé, est muré et beaucoup de cellules commerciales sont vides. Quant au bâtiment lui-même, il tombe en ruine. Il est donc décidé par la municipalité de procéder à sa rénovation.

Le nouveau centre devrait comprendre : une supérette, un restaurant, un atelier de confection et quelques commerces. Voirie et éclairages seront intégralement refaits afin que le quartier retrouve un centre de vie. C’est Francis Vercamer, alors conseiller municipal à l’économie, qui est en charge du projet.

Présentation de son projet par Francis Vercamer et plan du futur nouveau centre (Document Nord-Eclair)

Fin 1994, les travaux arrivent à leur terme et le nouveau centre devrait rouvrir en 1995. Cette fois il y aura une supérette alimentaire de 180 mètres carrés, un atelier d’insertion textile, un restaurant, également d’insertion avec l’association FERME, l’association Hem Services Habitants, une boulangerie crémerie, une boucherie, une pharmacie, un cabinet médical, un salon de coiffure et un tabac. La placette sera aménagée de manière paysagère et de nouveaux garages seront construits autour du centre pour les habitants des tours 90 et 200. Les parkings côté avenue serviront au marché les jeudis après-midi.

Remerciements à l’association Historihem

A suivre…

La fondation César Parent

C’est durant la 2ème partie du 19ème siècle que César Parent fait construire un établissement de bienfaisance, au 417 et 417 bis rue Jules Guesde, sur le territoire de la commune de Hem, à la limite de Lannoy, faute de place suffisante pour un tel édifice dans sa commune de Lannoy.

César Parent est le fondateur de l’ensemble textile Parent Monfort, puis Albert Parent, puis Parent Bétremieux, ensemble textile comprenant des tissages et filatures à Hem, Lannoy, Lys-lez-Lannoy et Bailleul, avec création des Ets Parent Monfort en 1821. A l’origine, l’entreprise ne possède que des métiers à main. La construction des établissement de Lannoy a lieu vers 1865.

Carte publicitaire des Ets Albert Parent (Fils de César) (Document collection privée)

César Parent, par ailleurs maire de la ville de Lannoy, a un fils qui est délaissé par sa fiancée à quelques jours du mariage. Il a également une fille qui fait partie de l’ordre des religieuses de l’enfant Jésus. Désireux de venir en aide à cet ordre César décide donc d’utiliser la dot de la future mariée disparue pour financer un édifice qui fera office d’hospice.

Mr César Parent et les religieuses de l’ordre de l’Enfant Jésus (Document Historihem)

La fondation César Parent, inaugurée en 1879, a donc pour objet d’accueillir les anciens : 10 personnes dans un 1er temps ; elle est gérée par des religieuse de l’ordre de l’Enfant Jésus. C’est un édifice à un étage composé de deux parties, de 16 et de 6 travées, séparées par une chapelle, perpendiculaire à son axe. Celle-ci est surmontée d’un campanile et porte une statue de saint Joseph sur le pignon. Les murs sont en brique et pierre de taille. Couvert de tuiles flamandes, l’édifice est agrandi en 1890 et 1903.

L’hospice (Document collection privée)

A l’époque, il n’y a pas de retraite et l’aide publique est très réduite. Il faut donc tenir serrés les cordons de la bourse et chaque résident apporte sa modeste contribution : les hommes assurent les petits travaux et les femmes rendent service à la buanderie et au raccommodage. Mais l’essentiel du fonctionnement de l’hospice et sa gestion repose sur les religieuses.

Parmi les sœurs dévouées qui se sont consacrées au fonctionnement de l’hospice on peut en citer une : née en 1887, entrée en religion chez les sœurs de l’enfant Jésus sous le nom de Soeur Irénée-Joseph, et au service des pensionnaires de l’Hospice dès 1916 en tant qu’infirmière cuisinière, Marie-Angèle Deman se voit décerner en 1958 le titre de chevalier de la Santé Publique, puis la médaille d’honneur de vermeil départementale et communale, en 1963, pour ses 35 années de service et de dévouement en faveur des pensionnaires de l’établissement, au cours d’une manifestation présidée par Arthur Dupire, maire de Lannoy.

Soeur Irénée-Joseph (Document Historihem)

L’époque des 2 guerres est particulièrement difficile. Cependant jamais l’hospice ne ferme ses portes. Après-guerre, le matériel est à la limite de l’usure mais les demandes d’hébergement sont de plus en plus nombreuses, l’ « Hospice de Lannoy » étant alors le seul établissement du genre. Pour gagner de l’espace on s’attaque alors aux greniers , transformés avec les moyens du bord, pour aménager des chambres sous les combles. Mais les conditions restent sommaires et indignes de nos aînés du propre aveu du maire de la ville.

Ce n’est que quelques années plus tard, en 1967, soit près de 100 ans après son inauguration, au moment où l’hospice accueille 110 personnes (alors que 4 ans plus tôt elles n’étaient que 68) qu’ont lieu les 1ers travaux de rénovation d’envergure dans le bâtiment.

Dans les années 60, la laverie située à l’entresol est impressionnante et bien équipée et la bibliothèque est garnie de 2.000 volumes grâce à la mairie de Lannoy et à l’Union des Commerçants.

Vues de la porte d’accès des fournisseurs rue de la Lèverie et vue du jardin en façade (Documents Historihem)
La laverie et la bibliothèque (Documents Historihem)

Mais il faut néanmoins agrandir afin d’accueillir plus encore de pensionnaires et des chambres sont ainsi aménagées au second étage dans la partie mansardée du bâtiment ainsi que des salles de bain et cabinets de toilettes, au prix de travaux très importants comme on peut le constater sur les photos avant/après de l’époque.

Photos avant/après du 2ème étage (Documents Historihem)
Photos des salles de restauration et salons (Documents Historihem)
Allocution des maires de Lys, Mr Desmulliez, et de Lannoy, Mr Echevin, et photo des officiels sur le perron de l’établissement (Documents Historihem)

A cette époque cela fait plus de 10 ans que les sœurs, autrefois en charge de la totalité des tâches à accomplir laissent peu à peu la place au personnel civil aussi bien en cuisine que pour les soins. Ainsi, le 1er agent civil, Mme Inghels, est recruté en 1955 car les religieuses, touchées par l’âge, ne peuvent plus assumer seules tous les services et les résidents sont plus nombreux et en moins bonne santé car plus âgés.

Photos du personnel en 1966 (Documents Historihem)

Puis 2 ans plus tard c’est au tour de la cuisine et d’autres chambres d’être rénovées, d’anciens dortoirs laissant place à des chambres accueillant moins de pensionnaires. Il faut en effet aménager des chambres individuelles regroupées par unités de 25 personnes. Un nouvel office est également installé pour le personnel et les sanitaires sont rénovés et modernisés.

Réfection des cuisines en 1969 (Documents Historihem)
Nouvel office et réfection des chambres en 1969 (Documents Historihem)

Puis après tous ces travaux de rénovation intérieure, une mise aux normes de sécurité s’impose et en 1971 4 escaliers de secours sont installés sur la façade arrière du bâtiment abritant l’ancien hospice devenu maison de retraite 10 ans plus tôt par arrêté ministériel, afin d’assurer l’évacuation des pensionnaires en cas d’incendie. Ces escaliers desservent les 1er et 2ème étages à chaque aile du bâtiment.

Les 4 escaliers de secours sur la façade arrière (Document Nord-Eclair)

En 1975, c’est l’heure de la retraite pour Mme Inghels, 1er agent civil, en service depuis 20 ans. Le personnel au complet assiste à la cérémonie organisée en son honneur quelques mois après son départ en présence de Mr Guelle, directeur de la maison de retraite, du Docteur Yersin, médecin de l’établissement et de Mr Echevin, maire de Lannoy et président du conseil d’administration de la maison de retraite.

Départ en retraite de Mme Inghels (Document Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Intervilles à Roubaix

En 1962, la télévision française voit naître une émission appelée à devenir culte : Intervilles, diffusée sur la RTF puis l’ORTF. Après douze ans d’absence, elle revient sur FR3 en 1985 puis de 1986 à 1999 sur TF1. A la tête du programme se trouvent Guy Lux et Claude Savarit, ses créateurs, rejoint par Simone Garnier et Léon Zitrone à l’animation.

Guy Lux, Simone Garnier et Léon Zitrone (Document le Figaro et Notre Cinéma et Luluberlu jeu de société)

Le principe est simple : deux villes françaises s’affrontent amicalement à travers une série d’épreuves physiques et de jeux d’adresse sur terre, dans l’eau et dans les airs. Parmi les épreuves les plus célèbres les jeux sur tapis roulant ou tournette donnent lieu à de nombreuses dégringolades et bien sûr les fameuses épreuves avec des vachettes déstabilisant les candidats sont directement inspirées des courses landaises.

Intervilles à Cambrai en 1971 avec ses vachettes (Document Nord-Eclair)

En juillet 1987, la presse locale roubaisienne est euphorique et Nord-Eclair titre : Roubaix entre dans la saga d’Intervilles. « Le 31 juillet la cité textile sera opposée à Cavaillon, chef-lieu de canton du Vaucluse, dans le cadre de la plus célèbre émission de télévision, celle qui bat tous les indices d’écoute ». L’émission réalise en effet à chaque fois entre 38 et 42 points d’Audimat soit 16 à 18 millions de téléspectateurs.

C’est à la fois un spectacle extraordinaire pour ceux qui ont le privilège de le vivre en chair et en os, comme ce sera le cas des spectateurs roubaisiens mais aussi un outil de promotion unique pour une ville. Roubaix a donc tourné pour l’occasion un vidéo-clip d’une minute trente qui sera diffusé le soir de l’émission pour présenter la ville.

Guy Lux et Simone Garnier à l’animation d’une émission (Document Nord-Eclair)
Claude Savarit qui sillonne les routes avec Guy Lux et le célèbre trio d’animateurs (Document archives municipales)

La ville s’y présente comme n’étant pas neuve mais se renouvelant, mettant en avant des symboles de Roubaix, deuxième cité de la région Nord Pas-de-Calais, première place mondiale du négoce de la laine :

le Parc Barbieux, poumon vert et fierté de la ville, « le beau jardin » qui couvre 33 hectares à l’entrée de Roubaix,

les Ballets du Nord, compagnie ayant fait le tour du monde, image de la jeunesse de la ville,

la VPC : près d’un colis par français est expédié à partir des célébres catalogues de Roubaix,

les écoles d’ingénieurs et de commerce qui forment des cadres bien formés pour ses entreprises dynamiques

et le futur centre de communication Motte-Bossut : le Téléport reliera Roubaix, par satellite, avec le monde entier.

Anecdote amusante : chaque année les organisateurs du jeu envoient des circulaires de candidatures aux villes susceptibles de les intéresser et choisissent ensuite entre toutes celles qui lui sont retournées. Or pour le Nord Roubaix était cette année en concurrence avec Lille et l’a emporté sur la « capitale »du Nord. Le 31 juillet c’est donc Roubaix qui accueille Guy Lux et Simone Garnier tandis qu’à Cavaillon Léon Zitone anime le jeu.

Pour faire patienter les futurs spectateurs, Nord-Eclair dévoile, au long du mois de juillet, les 4 jeux qui vont se dérouler à Roubaix tels que : le parcours du mauvais coucheur, les bouddhas menacés finalement remplacés par les belles pelotes de Roubaix, les géants du Nord, le pillage de la banque…tandis que 4 autres jeux se déroulent à Cavaillon.

Présentation des épreuves dans le programme (Documents archives municipales)
L’affiche annonciatrice de l’événement (Documents archives municipales)

Par ailleurs est organisée au parc des sports une journée de sélection des champions qui, parmi les 160 candidats, seront choisis pour représenter la ville de Roubaix face à Cavaillon. Ainsi, les 2 capitaines roubaisiens, celui qui dirigera l’équipe sur place et celui qui encadrera l’équipe présente à Cavaillon, ont concocté un petit parcours du combattant pour les valeureux candidats.

Il s’agit d’un parcours de débrouillardise exigeant tour à tour équilibre, adresse, vitesse, maîtrise de soi et réflexion. Par exemple ils sont conviés au passage sur une poutre, un lancer de balles de tennis dans des petits ronds, le maniement de balle avec les mains puis les pieds, un lancer de médecine-balls : parcours chronométré avec des pénalités pour chaque erreur.

Les candidats champions (Documents Nord-Eclair)

Puis d’autres ateliers sont proposés : vitesse avec accélérations et changements de direction, tractions à la barre fixe, tirs à la corde etc : une palette de jeux destinée à savoir qui peut faire quoi. La force physique ne suffit pas ; il faut savoir garder son calme, se maîtriser, oublier le trac, ne pas perdre tous ses moyens face à l’enjeu. Il faut 25 titulaires et 25 remplaçants dans l’équipe qui reste sur place comme dans celle qui se déplace.

Les candidats champions (Documents Voix du Nord)

En plus des épreuves physiques et sportives, les candidats devront répondre à des questions faisant appel aux connaissances dans deux épreuves intellectuelles dont les sujets se répartissent en quatre thèmes : histoire, géographie, sport, actualité et vie quotidienne. Pour les cerveaux roubaisiens, trois postes sont à pourvoir pour lesquels quelques valeurs sûres sont pressenties : 2 spécialistes roubaisiens des jeux télévisés et radiophoniques, véritables petites encyclopédies ambulantes ainsi qu’un professeur d’histoire géographie et un journaliste.

Les champions représentant la ville à Roubaix et à Cavaillon (Document Nord-Eclair et le Provençal)
Les capitaines des 2 équipes et le coq (Documents Voix du Nord)

Parallèlement et pendant plusieurs semaines, les employés des services techniques de la ville construisent les accessoires des jeux. Le cahier des charges est clair : TF1 se charge de toutes prestations techniques et cars régie, de la lumière et de la sonorisation des lieux; la ville se charge de la construction des jeux qui s’y déroulent, des décors, d’un podium intégré dans les tribunes pour accueillir présentateur et personnalités, des tribunes pour l’accueil de 5000 personnes et 3 à 4 tours lumière.

Guy Lux vient en fait les mains dans les poches et c’est à la municipalité de faire construire plateau et accessoires. C’est Jean-François Deccuber, directeur du département Ateliers du centre technique municipal qui dirige les travaux d’après des croquis des jeux expédiés par l’équipe de TF1 qui a travaillé depuis Paris sur la base d’un plan de la Grand Place de Roubaix.

Guy Lux amène son sourire et son talent d’animateur (Document Nord-Eclair)

Remerciements aux archives municipales.

A suivre…