Eglise Saint Joseph (Suite)

Depuis la construction de l’église, le quartier n’a alors pas beaucoup changé et Hem reste un village rural même si la population a grandi considérablement en 50 années. Sur la vue aérienne de 1951 on ne note pas une grande différence avec celle prise 20 ans plus tôt si ce n’est la disparition du château Olivier et le chantier de la Lionderie qui débute. En revanche en 1976 il n’y a plus de champs autour de l’édifice et en face de lui un tout nouveau lotissement a vu le jour en 1968.

Les photos panoramiques de 1951 et 1976 (Documents IGN)

Instantané de mémoire : « Je me suis installée en 1968 dans le nouveau lotissement construit face à l’église Saint Joseph. Je me souviens qu’à l’époque l’un de nos voisins voulait faire une pétition contre un résident qui possédait un coq, lequel le réveillait aux aurores et mon père avait refusé de signer, arguant qu’il était bien plus gêné par les volées de cloches de l’église, en particulier le dimanche matin…J’y ai fait ma communion solennelle en 1970 et je m’y suis mariée en 1982 ».

L’église est alors le repère du quartier et il n’est pas rare de voir des commerces y faire référence notamment Hem Service (sur ce sujet voir un précédent article paru sur notre site). Entre l’église et l’école un terrain reste inoccupé et c’est en 1990 que la construction du théâtre de l’Aventure y commence, théâtre inauguré l’année suivante (sur ce sujet voir un précédent article paru sur notre site).

L’église Saint Joseph dans les années 1970-1980 et la statue du Saint (Documents collection privée et Historihem )

Dans les années 1990, l’époque est au concert choral et la chorale y donne un premier concert du printemps d’Hem, au cours duquel plusieurs formations de la métropole participent y compris bien sûr la chorale mixte de Saint Joseph. En 1995, le père Vancorselis, longtemps curé de la paroisse, y célèbre ses cinquante ans de prêtrise, en présence de nombreux fidèles.

Concert choral et célébration des 50 ans de prêtrise de l’abbé Vancorselis (Documents Nord-Eclair)

Mais, la même année, près de 90 ans après sa construction, la vieille église ne répond plus aux normes de sécurité publique : toiture fissurée, charpente à réparer et clocher délabré… Elle n’appartient pas à la commune, puisque construite après la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et l’Association Diocésaine n’a pas les moyens de financer les réparations importantes nécessaires, au grand désespoir des paroissiens.

A la fin 1995, elle ferme donc définitivement ses portes. Il faut, à terme la démolir, mais pour cela le financement doit être trouvé. Il en est de même pour la construction appelée à remplacer le vieil édifice. Toutes les cérémonies vont être célébrées dans un premier temps à Saint Corneille mais chantées et animées par la chorale et la communauté liturgique de Saint Joseph.

Saint-Joseph ferme ses portes définitivement (Document Historihem)

L’abbé Vandeputte, prêtre responsable des communautés de Saint Jean-Baptiste à Forest, et Saint Joseph et Saint Corneille à Hem continue de résider au presbytère situé derrière l’église. Par ailleurs la maison paroissiale reste ouverte à toutes les activités habituelles : accueil des personnes, services et actes paroissiaux ainsi que le secrétariat.

Nouveau projet pour l’église fermée depuis 1995 (Documents Historihem et Nord-Eclair)

Un an plus tard le conseil économique de la paroisse présente un projet : la rénovation de la salle paroissiale située derrière l’église à côté du presbytère, ancienne église provisoire, afin de transformer à nouveau le rez-de-chaussée en salle destinée à accueillir des célébrations, tandis que l’étage comportera des pièces pour les réunions et les catéchistes.

Photo aérienne de 1998 avec l’église encore debout (Document IGN)

L’inauguration de la « nouvelle chapelle Saint Joseph » a lieu en février 1998. Une messe s’y déroule à la suite de laquelle les participants découvrent à l’étage l’exposition photographique consacrée au déroulement du chantier tout au long de l’année 1997. La chorale Saint Joseph y reprend du service. La paroisse nouvelle, composée de Saint Jean-Baptiste à Forest, Saint Corneille et la Chapelle Saint Joseph est alors en voie de constitution.

La nouvelle chapelle inaugurée et le pot de l’amitié après la messe ; la chorale Saint Joseph en action (Documents Historihem)

C’est en décembre 1998, une fois la décision de la démolition prise, qu’une réunion publique est organisée au restaurant scolaire de l’école Lafontaine, pour décider ce que deviendra, à terme, cet espace de 3000 mètres carrés en friche appartenant désormais à la communauté urbaine. Celle-ci propose 2 projets : soit un parking de 28 places en épi avec un espace vert au centre, soit 28 places de parking latérales avec, au milieu, une allée piétonne donnant sur la nouvelle salle paroissiale.

On démolit et après…(Document Nord-Eclair)

Fin janvier 1999, ce monument emblématique du quartier des Trois Baudets disparaît sous les coups des démolisseurs. Une fois les dernières briques enlevées et la terre arasée reste à son emplacement une espèce de lande désolée. Le projet retenu pour son aménagement prévoit un parking de 46 places pour garer les voitures à côté d’un espace paysager planté d’arbres. Par ailleurs, sous réserve de réunir les fonds nécessaires, l’association diocésaine prévoit l’édification d’un campanile devant réceptionner la cloche de l’ancienne église.

Disparition de l’église Saint Joseph en 1999 et la lande désolée qui marque son emplacement (Documents Historihem)

Il ne reste plus de l’église qu’une grande empreinte remplie de terre labourée, lorsqu’en février c’est finalement l’idée d’un square qui prend forme. L’école Jules Ferry doit avoir un nouvel accès côté square, la circulation est conçue comme une large impasse a ménagée avec du minéral, du végétal et priorité aux piétons, avec, au total, 45 places de stationnement, seuls les piétons auront accès à la rue de l’Abbé Lemire, et, même si le Campanile n’est pas édifié de suite faute de moyens, le câble électrique nécessaire sera prévu d’office.

Un square de dessine (Document Nord-Eclair)

S’ensuit en 2000 la célébration d’envoi de la paroisse de la bonne nouvelle d’Hem-Forest, à l’église Saint Corneille. Une équipe d’animation paroissiale se met en place, réunissant l’abbé Jean-Luc Vandeputte et quatre laïcs qui assument avec lui la responsabilité de la conduite de la nouvelle paroisse et reçoivent chacun une lettre de mission avant le traditionnel pot de l’amitié au cercle Saint Georges à Forest.

Titres de presse locale « en route vers la paroisse de la bonne nouvelle » et « la paroisse de la bonne nouvelle c’est toute une équipe » (Documents Nord-Eclair)

La même année voit la transformation de la place Saint Joseph destinée à accueillir un square, 43 places de parking et une entrée sécurisée pour l’école Jules Ferry. Un campanile de 7m50 en briques sera ensuite réalisé et supportera la cloche de 450 kilos, vestige de l’ancienne église. Cette oeuvre d’art sera signée par un architecte de St Amand-les-Eaux : Yvan Jansen.

Futur aménagement de la place Saint Joseph (Documents Nord-Eclair)
Un square se dessine (Documents Historihem)

Sous un soleil radieux de Juillet 2001, la Placette Saint Joseph et le campanile érigé en souvenir de l’église du même nom sont inaugurés, en présence de Pierre Mauroy, président de Lille Métropole Communauté Urbaine et de son vice président Francis Vercamer. Sont également présents l’abbé Gérard de Riemaecker , vicaire épiscopal de Roubaix, et l’abbé Jena-Luc Vandeputte , curé de la paroisse de la Bonne Nouvelle. Cet espace embellit et revitalise le quartier et la cloche Marie-Madeleine y sonne à nouveau.

Inauguration de la Placette et du Campanile (Documents Historihem)

L’église Saint Joseph n’aura donc pas fêté son centenaire et la chapelle Saint Joseph a réinvesti les locaux de l’ancienne église provisoire érigée au début du 20ème siècle. Son souvenir est néanmoins célébré par le Campanile édifié sur la nouvelle Placette Saint Joseph et sa cloche continue à retentir dans le quartier. Vu du ciel évidemment le rendu n’est pas le même et l’endroit est moins repérable qu’autrefois.

Photo aérienne de 2012 (Document Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem

Rue Jules Guesde : entre Hem Bifur et le boulevard Clémenceau

Ancienne route départementale n°19, de Lannoy à Saint-Amand, cette rue, longue de plus de 2 kms, s’est aussi appelée rue du Petit Lannoy jusqu’aux Quatre Chemins, avant de prendre le nom de rue de Lannoy puis, en 1925, son nom actuel : rue Jules Guesde. Elle part d’Hem Bifur et se termine rue de Lille à l’entrée de Lannoy.

Dans un premier temps notre étude se consacre à sa première portion entre Hem Bifur et l’intersection du boulevard Clémenceau. Au début du vingtième siècle, si le côté impair de la rue est déjà bordé de maisons, le côté pair quant à lui ne compte que fort peu d’habitations car de grands champs la bordent encore.

CPA du début du 20ème siècle et vue aérienne de cette portion de la rue en 1933 (Documents collection privée et IGN)

Au début du vingtième siècle, c’est le bourrelier et sellier F. Madoux qui y ouvre son estaminet au n°5 juste à côté de l’école communale Pasteur (sur le sujet de l’école voir un précédent article édité sur notre site). Sa publicité insiste sur le fait que l’on peut y manger à toute heure et il est fort bien positionné puisque l’arrêt des transports en commun se trouve juste devant son établissement.

Dans les années 1950, c’est une épicerie tenue par le couple Vaussy Delescluse qui investit le bâtiment avant de céder la place à Adrienne Picard et son entreprise de confection à façon durant les décennies 60-70 puis à la confection de Mme Vaussy dans les années 1980. Enfin, un agent d’assurance Axa, René Masquelier, s’y installe dans les années 1990.

CPA du début du vingtième siècle avec l’estaminet et sa publicité sur le pignon, sa publicité papier et la même vue en 2008 et publicité de l’agence d’assurances AXA en 1994 (Documents Historihem et Nord-Eclair et Google Maps)

Le premier artisan à s’installer du côté impair de la rue, dans les années 1920, est un entrepreneur en maçonnerie : les frères Delecroix sont les successeurs de Charles Delecroix et installent leur petite entreprise au n°27 de la rue de Lannoy, où ils exercent encore à la fin des années 1930 mais on ne les retrouve plus dans les annuaires d’après-guerre. Actuellement le bâtiment est à usage d’habitation. Quant à la pharmacie Cauty voisine, au n°29, le bâtiment est incendié durant la 2ème guerre mondiale et n’est pas reconstruit dans l’immédiat.

Papier à en-tête de l’entreprise dans les années 1930 et le bâtiment en 2023 (Document collection privée et Google Maps)
Buvard publicitaire de la pharmacie Cauty, photo aérienne de 1947 avec l’emplacement du n°29, photo du n°29 actuel (Document collection privée et Google Maps)

Puis un négociant en vins et spiritueux, Jean Debay, installe son commerce au n°7 de la rue et y reste jusqu’au début des années 1960, ajoutant même à son activité le lavoir de Bifur, durant la 2ème partie des années 1950. Le bâtiment est ensuite repris par un fabricant de toiles, Jean Hotot, qui y exploite son activité durant une vingtaine d’années. Au début des années 2000, c’est l’entreprise Bauffe ; couverture, zinguerie, plomberie, qui investit les lieux et s’y trouve encore aujourd’hui.

Publicité de Jean Debay en 1958, publicité de l’entreprise Bauffe en 2000 et photos du bâtiment en 2008 et 2023 (Document collection privée, guide pratique de Hem et Google Maps)

Côté pair, c’est Jules Duquesne qui s’ installe au numéro 2 rue Jules Guesde en tant que tonnelier et tenancier d’un café. Celui-ci a pour enseigne : « A Hem-Bifur » et la tonnellerie s’appelle Tonnellerie de la Bifurcation. Après-guerre le café reste dans la famille Duquesne puis le Crédit Mutuel Agricole s’installe juste derrière. (sur le sujet du café voir un précédent article édité sur notre site). Actuellement une agence de la Banque Populaire s’y trouve.

CPA représentant l’estaminet/tonnellerie (Documents collection privée)

Puis le charron et maréchal ferrant Desmettre les rejoint en s’installant au n°6 après-guerre. Il y sera remplacé, au début des années 1970, par un négociant en fruits et légumes, H. Duthoit, qui y demeure une bonne dizaine d’années. Le bâtiment reprend ensuite un usage d’habitation.

Le n°6 actuellement (Document Google Maps)

Arthur Picard installe son commerce au 10 bis de la rue du Petit Lannoy, à Bifur, au début du vingtième siècle. Il y exploite une lingerie, bonneterie, mercerie, draperie, parfumerie, soierie. Il est également tailleur pour homme, femme et enfant. On retrouve la mercerie Picard également après la deuxième guerre mondiale, au n°16 de la rue Jules Guesde (le n°10 bis n’existe plus) où elle demeure jusqu’au milieu des années 1950. Puis le bâtiment abrite un domicile.

Publicité pour la mercerie d’Arthur Picard et photo du bâtiment du n°16 au 21 ème siècle (Documents collection privée et Google Maps)

Au début des années 1950, Raoul Blaze, négociant en confiserie, installe durant une quinzaine d’années son entreprise au n°18 de la rue qui reprend ensuite un usage d’habitation. Il semble y avoir eu un charron à hauteur du n°15, comme on le voit sur une carte postale du début vingtième siècle. Le bâtiment sera ensuite occupé par le marchand de charbon Dhulst puis par l’entreprise de plomberie Bauffe dans les années 1950 et pendant une trentaine d’année avant le déménagement de celle-ci au n°7 tandis que l’ artiste peintre P. Dupretz y installe son atelier .

Bâtiment situé au 18 de nos jours, (Document google Maps)
Publicités Dhulst puis Bauffe et CPA du début du siècle avec l’atelier du charron au n°15 et photo du même endroit en 2023 (Documents Historihem, publicité autour d’un plan de la ville, guide de la ville de 1982, autocollant collection privée et Google Maps)

Le peintre Marcel Castil, installe son entreprise artisanale de peinture au n°12, également dans les années 1950 et pour une trentaine d’années avant de déménager. C’est le couple Rollin, Christine et Bernard, qui prend sa suite après quelques travaux d’aménagement, en 1982, avec sa boutique Hem Optique, jusqu’en 2016, année durant laquelle leur fille Audrey leur succède avec Nathalie Dubois, commerce toujours en activité de nos jours après quelques modifications de façade au fil des décennies.

Photo de la future boutique avant travaux puis évolution de la façade jusqu’à ce jour (Documents collection privée et Google Maps)
Publicité des années 1980 et 2000 (Documents guide de la ville et Nord-Eclair)

Remerciements à l’association Historihem

A suivre…

Eglise Saint Joseph

Au début du 20ème siècle, la population sans cesse croissante des quartiers des Trois Baudets et du Petit Lannoy à Hem nécessite l’implantation d’une petite église, dont la première pierre est bénie le 30 avril 1905, et qui ne sera que provisoire et servira ensuite de patronage de quartier. En effet, à l’initiative de l’abbé Billaud, missionné par l’archevêque de Cambrai, dès 1908, une grande église est construite sur les plans de l’architecte Briffaut, entrepreneur à Hem.

Eglise provisoire (Documents Historihem et collection privée)
En-tête de facture de Cajétan Briffaut (Document collection privée)

Les pèlerins viennent à Saint Joseph servir Saint Camille et Sainte Apolline. Il convient de signaler que la dévotion à cette dernière existe alors déjà de façon immémoriale à Hem. En effet, la Chapelle Madame (Chapelle Sainte Apolline), aux confins de la paroisse, près du cimetière de Lannoy, était, avant la construction de l’église, l’objet d’une grande vénération et l’on y accourait de loin.

La chapelle Madame dans les années 1900, les litanies et sa statue (Documents Historihem)

L’église est érigée au milieu des champs comme le montre la photo aérienne de 1933, sur laquelle on distingue également le château Olivier sur la gauche. Les premières cartes postales représentant l’église Saint Joseph la montrent bien entourée de champs avec son presbytère à l’arrière et l’ancienne petite église devenue patronage. Sur une photo du début du siècle on distingue même des fétus de paille devant l’église.

L’église en plein milieu des champs et avec le début de la rue de l’abbé Lemire (Documents IGN et collection privée)
Intérieur de l’église, bénédiction des cloches (Documents Historihem)

La paroisse Saint-Joseph est de suite active : catéchisme pour les enfants du quartier bien sûr mais aussi « vestiaire des pauvres » (avec don d’espèces, de linge, couvertures, vêtements et chaussures), denier du culte, bibliothèque paroissiale, ainsi que l’édition d’un bulletin paroissial dès juillet 1912.

Bulletin paroissial n°1 de juillet 1912 (Document Historihem)

Il faut aussi citer les missions (les premières Missions de Paroisse datent du 18ème siècle) qui ont pour but de propager la religion dans les paroisses. Elles durent de 3 à 5 semaines et sont animées par deux ou trois missionnaires qui se déplacent dans les villages  pour toucher un maximum de paroissiens conviés à participer  aux cérémonies à l’église.  La mission est alors un temps fort de la paroisse,  un événement local   d’importance qui se clôture un dimanche par une cérémonie grandiose et très souvent par la bénédiction d’un calvaire ou d’une statue, avec une très grande participation de la population.

Exemples de missions à Hem (Documents Historihem)

Par ailleurs le patronage de la paroisse organise de multiples activités sportives et culturelles, comme c’est l’usage à l’époque. Ainsi à Saint Joseph la gymnastique est mise à l’honneur avec la Vaillante. Fondé en 1925, le club comprend une clique et est alors composé uniquement de gymnastes masculins. La salle d’agrès se trouve dans l’ancienne chapelle provisoire de la paroisse Saint Joseph devenue salle du patronage.

La Vaillante dans les années 1920 et en 1920 lors d’une fête (Documents Historihem et collection privée)

Il existe aussi une activité théâtrale très active dès les années 1920, composée d’une section d’art dramatique pour filles et une section pour garçons. Les filles participent à des processions dès les années 1930 et le patronage organise par la suite des activités de loisirs pour les garçons.

L’activité théâtre dans les années 1920 (Documents Historihem)
L’activité théâtre dans les années 1920 (Documents Historihem)
Le patronage pour les garçons (Documents Historihem)

En 1933, le vingt cinquième anniversaire de l’église est fêté par le curé en exercice l’abbé Defossez entouré de ses 2 prédécesseurs les abbés Billaud et Desmarecaux, en présence de Mgr Descamps, vicaire général. A cette occasion la chorale paroissiale interprète les chants liturgiques, soutenue par la Symphonie. 5 ans plus tard c’est l’abbé Derville qui succède au curé Defossez.

Le 25 ème anniversaire de l’église en 1933, la photo de l’abbé Defossez et l’installation de l’abbé Derville en 1938 (Documents Historihem)
L’église Saint Joseph dans les années 1930 (Documents collection privée)

La vie de la paroisse c’est aussi, bien entendu, les communions solennelles à l’occasion desquelles les communiants prennent la pose et défilent autour de l’église dans leurs costumes du dimanche et leurs aubes. A cette occasion les familles font imprimer des images pieuses en souvenir à distribuer à la famille.

Une image pieuse des années 1920, une communion en 1930 et en 1941 (Documents collection privée et Historihem)

En 1957, le (récemment nommé) chanoine honoraire Edmond Derville célèbre son jubilé sacerdotal en tant que curé de l’église Saint Joseph. La cérémonie est présidée par Mr le Doyen du Chapitre de la Cathédrale et un cortège rassemblant tous les groupements paroissiaux parcourt les rues du Bas Voisinage (Louis Loucheur), Alexandre Ribot et des Ecoles pour atteindre la place de l’Eglise et assister à une messe solennelle d’action de grâces dont la chorale paroissiale interprète les chants.

Le chanoine Derville fête son jubilé et photo de la chorale dans les années 1950 (Documents Historihem)
CPA des années 1950-1960 (Document collection privée)

Un an plus tard c’est l’église qui fête son cinquantenaire, en présence du Cardinal Liénart, évêque de Lille. L’allocution de bienvenue du docteur Leplat, maire de la ville, a lieu dans la cour de l’école Sainte Thérèse toute proche. Puis un cortège se forme pour se rendre à l’église afin d’assister à la messe de 10 heures. Celle-ci est suivie d’une réception dans la salle du patronage. La chorale mixte de Saint Joseph fête également son cinquantenaire durant la même année.

Le cinquantenaire de Saint Joseph et de la chorale mixte (Documents Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Place de Verdun

La place de Verdun se situe dans la rue Gorghemetz au cœur du quartier de Beaumont à Hem. Sur cette place se trouvent l’église Saint-Paul depuis 1954 et un petit centre commercial depuis les années 1960. Elle a été inaugurée en novembre 1956, après une messe célébrée à l’église Saint Paul à l’occasion des cérémonies du 11 novembre par Jean Leplat, maire de la ville.

Inauguration de la place en novembre 1956 (Document Nord-Eclair)
L’église Saint-Paul à Hem en 2020 (Document Voix du Nord )

A la fin des années 1950 la cité jardin Beaumont (381 logements) a en effet vu le jour dans la plaine de Beaumont de l’autre côté de l’avenue Mozart. Il faut donc construire un minimum de commerces de proximité pour tous ces nouveaux habitants, bien éloignés du centre de la ville.

Photos aériennes du début des années 1960 puis de 1969 (Documents IGN)

Dès 1968, le Ravet Anceau fait état d’une épicerie Noréco qui reste en activité pendant une dizaine d’années, sous l’enseigne Corsaire. A cette époque, le petit centre commercial comporte également un tabac tenu par Mrs Pouille puis Baude, qui fait également librairie, papeterie, jouets et cadeaux, ainsi qu’un dépôt de teinturerie Rossel.

L’épicerie Corsaire, publicité de 1977 (Document Nord-Eclair)
Tabac Baude (Document Historihem)

Lorsque Mme Vandendorpe reprend le dépôt de teinturerie en 1971 et jusqu’à la fin des années 1980, elle diversifie ses activités et ajoute au nettoyage à sec : bonneterie, lingerie, marques Stemm et Playtex, prêt à porter, mercerie, layette, cordonnerie…

La bonneterie teinturerie Dominique, publicités des années 1970 et 1980 ( Documents bulletins d’information de Hem et Historihem)

Pour assurer un service complet le petit centre est également doté d’une pharmacie, tenu par Mme Ramette-Sabin, jusqu’à la fin des années 1970 . Cette pharmacie se révèle indispensable pour tous les habitants du quartier mais plus encore pour ceux qui n’ont pas de véhicule.

A la fin des années 1970 c’est l’enseigne Shopi qui s’installe dans le petit centre commercial de Beaumont à la place de l’ancien Corsaire. Cette enseigne alimentaire de proximité a été créée en 1973 par le groupe Promodès. L’accent est essentiellement mis sur les rayons frais dans les publicités de l’époque et l’enseigne reste en place à Beaumont pendant plus de 10 ans.

Publicités des années 1970 (avec la façade du magasin) et 1980 (Documents Nord-Eclair)

A cette époque le tabac existe toujours, géré par Mrs Mercier puis Deroo, ainsi que le magasin Dominique et la pharmacie alors tenue par Mme Lauridant-Sabin.

Puis viennent les années 1990 et l’ouverture, en 1991, un nouveau libre-service, à l’enseigne Goldy, ouvre ses portes, spécialisé dans l’alimentation : point chaud, magnifique rayon fruits et légumes, rôtisserie et boucherie, rayon crémerie sans oublier conserves, biscuiterie et liquides avec une très belle cave à bières.

Ouverture de Goldy en 1991 (Document Nord-Eclair)

Malheureusement, le centre commercial connait ensuite un gros passage à vide, notamment en ce qui concerne la supérette, abandonnée et vandalisée. Ensuite c’est sous l’enseigne 8 à 8 que la supérette de quartier rouvre ses portes en 2000, après plusieurs tristes années où l’endroit ressemblait à un cube muré au point qu’en 1997, la commune préemptait le bâtiment pour y aménager elle-même des cellules commerciales.

Suite à cela des travaux longs et coûteux avaient été entrepris pour obtenir un centre commercial tout neuf et fonctionnel, permettant ainsi la réouverture de 2 commerces : un salon de coiffure ouvert par JN Craissin, déjà installé au centre ville et une boulangerie installée par Mr Stievenard également présent au centre d’Hem.

Le guide pratique de la municipalité de 2000 fait également état d’une librairie et d’une civette tabac presse ainsi que de la pharmacie de Beaumont.

Le centre commercial (où une boulangerie existe toujours mais apparemment plus le salon de coiffure remplacé par un fleuriste : Fleurs de vanille) avec la supérette 8 à 8 en 2008 (Documents Google Maps)

La supérette quant à elle se lance sur une surface de 275 mètres carrés. Le groupe Carrefour-Promodes, par l’intermédiaire de sa filiale Prodim, a proposé cette franchise à Mr et Mme Delos, qui tenaient auparavant une supérette dans le quartier de la Bourgogne à Tourcoing.

Cette création de magasin les a tout de suite tenté avec beaucoup de produits frais, plus de 3000 références, un espace parfumerie, une cave à vins et un mobilier tout neuf. A cela s’ajoute les nombreux services offerts comme la livraison à domicile et les larges horaires d’ouverture.

Cela méritait bien une inauguration en grande pompe, en présence de la sous-préfète à la politique de la ville Anne-Gaelle Bauduin, de la conseillère municipale Claudine Dauphin, instigatrice du projet, et bien sûr de Francis Vercamer, maire de Hem.

L’inauguration de la supérette en 2000 (Documents Nord-Eclair) et une publicité (Document Historihem)

Mais en 2012, 8 à 8 ferme ses portes, fermeture heureusement suivie peu de temps après par l’ouverture d’un Proxi Super géré par Mr Rekibi qui propose à sa clientèle : épicerie classique, produits frais, fruits et légumes, un rayon bazar, un dépôt de pain, la presse et un service gratuit de livraison à domicile.

Le Proxi super annoncé par la ville en 2013 et le même magasin 3 ans puis 6 ans plus tard (Documents Magazine Tout Hem et Google Maps)

Actuellement il n’y a plus de supérette, à proprement parler, dans le centre commercial de Beaumont mais la boucherie Zino s’ est installée dans les locaux en avril 2021, gérée par Madhi Tellache, dont la famille a longtemps tenu une boucherie rue de Lannoy à Roubaix, à l’angle du boulevard de Reims. Le nouveau magasin propose également des produits d’épicerie, des fruits et légumes, des produits orientaux, de la charcuterie et des surgelés.

La boucherie Zino (Documents photo IT et Voix du Nord)

La boulangerie actuelle : l’Hirondelle 2 a, quant à elle, été ouverte en 2021 par Youssef Hernoun qui avait déjà ouvert l’Hirondelle 1 à Roubaix. A Hem, il s’est associé à Florian Peere pour rénover la boutique, vide depuis quelques temps, et la municipalité a remis le laboratoire aux normes. La boulangerie propose bien sûr pain et viennoiseries mais aussi sandwichs, paninis et pizzas pour les formules du midi.

L’Hirondelle 2 avant et après (Document FB Duman design et publicité) la boutique et les 2 gérants (Documents Voix du Nord)

Durant l’année 2020, la pharmacie de Beaumont a été reprise par Thomas Remy. C’est sans doute l’une des cellules du centre commercial qui a le moins changé depuis la construction même si des améliorations, essentiellement intérieures, ont été apportées par les différents gérants de l’officine au fil du temps.

La pharmacie de Beaumont (Documents site internet, Calipharma et photo IT)

Pour redynamiser le site de la place de Verdun, en 2020, la municipalité n’a pas hésité à investir. Ainsi une réfection complète de l’éclairage urbain a été faite, du mobilier urbain neuf a été installé. Une nouvelle aire d’amusement éco-responsable a été aménagée juste à côté du parvis de l’église Saint-Paul.

La nouvelle aire de jeux (Documents photo IT et Voix du Nord)

Mais surtout en 2021, la mairie lance un marché hebdomadaire pour répondre à une demande des habitants et renforcer le commerce de proximité du quartier. Ce marché réunit une dizaine de commerçants ambulants: rôtisserie, primeurs, bar à jus, fleuriste, fromager, boucherie, habillement…

Le marché de Beaumont (Documents Voix du Nord)

60 années après la création d’un centre commercial, indispensable dans ce nouveau quartier sorti de terre autour de l’église Saint-Paul, et malgré certains décennies plus difficiles que d’autres pour l’activité commerciale dans le quartier, le petit centre est aujourd’hui toujours actif et bénéficie du coup de pouce apporté par le marché hebdomadaire de Beaumont.

Remerciements à la ville de Hem et à l’association Historihem.

Rue Louis Loucheur (suite)

Après l’intersection avec la rue du Maréchal Joffre, se trouve, au n°99, la deuxième boucherie de la rue, ouverte dans les années 1950. (Sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site). Un peu plus loin, sur le trottoir d’en face, le n°106 abrite la lingerie de J. Delemmes pendant la décennie 50 et le n°108 l’entreprise de chiffons de Roland Wagnies dans les années 1960 et l’institut d’esthétique de Brigitte Carpentier à la fin des années 1970. Ces 3 bâtiments ont ensuite retrouvé un usage d’habitation.

Publicité des années 1970 pour la boucherie et photo de la maison de nos jours, publicité de l’institut esthétique en 1978 et photo de la maison en 2023 (Documents Historihem, Nord-Eclair et Google Maps).

Le 111 rue Louis Loucheur est une adresse très connue, du milieu des années 1950 à celui des années 1980. Y est en effet installée la graineterie Clarisse, aussi appelée graineterie des Trois Baudets : poteries, semences, engrais simples et composés, outils de jardinage, oisellerie, poissons, cages et volières, puis son successeur Jardiflor à la fin des années 1980. Le bâtiment a ensuite retrouvé une vocation d’habitation.

Publicités des années 60, 70 et 80 et photos de cette portion de rue en 1973 et en 2023, photo du bâtiment en 2008 (Documents Historihem, Nord-Eclair, photos Patrick Debuine et Google Maps)

Nous parvenons à la dernière portion de la rue avant d’arriver à Roubaix, après avoir traversé les rues Briet et d’Halluin. Le premier commerce qui s’y trouve, sur le coin avec la rue Briet, au n°118, est un café ouvert par M.Van Maercke au milieu des années 1950 et qui, à l’époque, est également une entreprise de couverture plomberie. Puis Mme F. Crepieux reprend le « café de la Gaieté » à la fin des années 1950 et pendant une décennie. Lui succèdent Charles Lagaise, puis, dans les années 1980, le café PMU « Chez Gilbert et Michel », de Michel Rotsaert et Gilbert Lacroix, . Enfin, dans les années 2000, c’est le café « Le Phenix » qui sera le dernier en activité avant que les lieux redeviennent un domicile.

Publicités Van Maercke et Lagaise, événement fêté au café de la Gaieté en 1968, publicité de 1980 et photo de 2015 et 2023 (Documents Historihem, Nord-Eclair et Google Maps)

Le n°124 abrite, dans les années 1960, une supérette « Super Hem », à l’enseigne Cé-di-Choc puis Super Egé. Durant la décennie suivante, c’est un » lavomatic » qui lui succède, suivi du lavoir pressing des 3 Villes. Ensuite le bâtiment est fermé par une grille et paraît abandonné.

Publicités de la supérette en 1967, puis du Lavomatic et du lavoir pressing des 3 Villes et photo de l’ancien commerce de nos jours (Documents Historihem, Nord-Eclair et Google Maps)

La maison voisine au n°126-128, abrite quant à elle, dès les années 1960 la bonneterie de Mme Brogniart puis la maison Delvordre : bonneterie, lingerie, layette, chemiserie, maroquinerie. Puis c’est Pierre Detollenaere qui reprend la bonneterie « Marlène et Pierre », spécialiste du cadeau de naissance, la maison Riani-Bauwens et enfin Mme Vanhorpe avec «  Hem Boutique » à la fin des années 1970 qui occupent les lieux, avant de laisser la place à une maison particulière.

Publicités de la maison Delvordre en 1968 puis de Marlène et Pierre et Hem Boutique dans les années 1970, photo de la maison de nos jours (Documents Historihem, Nord-Eclair et Google Maps)

L’épicerie de Mme Bourlet occupe le n° 132, dans les années 1950, reprise ensuite par Mr Brogniart. Durant la décennie suivante c’est Lucien Duquesne qui y installe son commerce de TSF (Transmission Sans Fil) et TV (Télévision), repris dans les années 1970 par le couple Vandenhaute-Duquesne qui vend de l’électro-ménager. Par la suite la maison retrouve sa vocation de domicile.

Publicités des années 1960-1970 du commerce de TSF et photo du n°132 de nos jours (Documents Historihem, Nord-Eclair et Google Maps)

Jules et Marie-Madeleine Ladam exploitent leur ferme qui abrite 2 chevaux, un poulain et 8 vaches, à compter de 1948 et jusqu’en 1984, au n°136. La ferme est très ancienne : l’habitation date du 18ème siècle et des fissures sont apparues durant la guerre en raison de l’explosion du château de la Lionderie. Quant aux écuries, elles ont été refaites à la fin du 19ème siècle.

La ferme encore en activité dans les années 1970 (Documents Historihem)

Après l’arrêt de l’exploitation de la ferme, Jean-Marc Ladam y installe son activité artisanale d’électricité générale. Aujourd’hui l’aspect extérieur du bâtiment n’a pas beaucoup changé.

Publicités de l’entreprise d’électricité dans les années 1980 et photo de la ferme aujourd’hui (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

Reste à évoquer le n° 150, occupé durant une vingtaine d’années, à compter des années 1960, par un artisan carreleur, Michel Van Opbroek et le n°156 qui abrite l’épicerie d’Edmond Vionne, à peu près à la même époque, reprise ensuite par Céleste Vionne. On finit, un peu plus loin par le dépannage ménager service au n°170 durant quelques années des décennies 1970-80 et enfin l’alimentation générale de Mme F. Mahieu qui fait aussi poissonnerie dans les années 1960. Tous ces bâtiments sont aujourd’hui à usage d’habitation.

Publicité de 1971 pour l’épicerie et la maison d’habitation en 2008 (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

Ce n’est pas un hasard si, sur cette dernière portion de la rue, à compter du n°118, ne sont évoqués que les numéros pairs. En effet sur le trottoir d’en face nous sommes déjà sur la ville de Roubaix, dans la rue du Bas Voisinage (qui est aussi l’ancien nom de notre rue Louis Loucheur hémoise). La rue Loucheur qui hébergeait à l’époque les nombreux commerces et activités répertoriés ci-dessus est redevenue de nos jours une artère essentiellement résidentielle.

Remerciements à l’association Historihem

Tapisserie Page

En 1883, Edmond Page, maître tapissier, débute dans l’industrie de l’ameublement à la Justice à Roubaix. Il tisse également dans son usine des courtepointes et couches destinées à langer les bébés. A l’époque, dans la méthode française, on enveloppe l’enfant de trois langes superposés : lange de toile ou d’œil fin, lange de duvet, lange de flanelle. On assujettit le lange par des épingles de sûreté placées au-dessus des jambes, de façon que ces dernières restent libres.

Exemple de courtepointe du 19 ème siècle (Document Etsy)

En 1911, son ancienne usine, ayant été détruite par un incendie, il en bâtit une nouvelle 62 rue du Cimetière de Lannoy (actuellement rue des Trois Villes) à Hem. Cette fois il y installe du matériel plus perfectionné pour tisser : soieries, tapisserie coton, velours à dessins jacquard, velours imprimés et moquettes coton.

Exemple de tapisserie des Flandres du 17ème siècle (Document Selency)

Il reprend alors la tradition des anciens maîtres tapissiers célèbres pendant tout le Moyen-Age. Lors de l’invasion allemande pendant la 1ère guerre mondiale, l’ennemi détruit une partie de son matériel et dévalise spécialement ses riches collections de tapisseries des Flandres. Avec courage, il refait ses modèles consistant en garnitures de fauteuils et sofas, en bordures et en panneaux décoratifs.

L’usine Page (Document Historihem)

Dans l’immense bâtiment de briques rouges et blanches il y a jusqu’à 130 salariés et 80 métiers qui tournent. Les métiers à navette datent de 1927 et dans l’atelier se trouve même un vieux métier à tapisserie à la main avec une pédale et la mécanisation progressive de l’usine n’empêche nullement le tisserand de multiplier les interventions sur son ouvrage.

Les cartons Jacquard et les bobines de couleur (Document Historihem)

D’immenses étagères en bois montant jusqu’au toit abritent les cartons jacquard avec tous les motifs utilisés depuis le début de l’activité. Les bobines de couleur, enroulées sur du bois sont pendant longtemps surveillées par des enfants d’une douzaine d’années, jusqu’à ce que le travail des enfants soit interdit.

Le tisserand doit veiller à l’humidité des cartons jacquard, retendre ou renouer les fils qui se brisent. Les piquetières quant à elles vérifient les raccords et éliminent, le cas échéant, le point jaune qui s’est glissé dans un motif bleu au milieu d’une scène de chasse de 2 mètres sur 3…

Les métiers à navette (Document Historihem)

Les cartons jacquard, c’est l’ancêtre de l’informatique : un carton perforé de couleur blanche que l’on aperçoit au sommet des machines. Chaque trou contrôlant un fil de laine, le carton jacquard contient donc la programmation d’un dessin ou d’un motif. Les métiers à tisser à navette travaillent selon la technique dite de la double pièce qui permet de fabriquer du velours.

Avant la 2ème guerre mondiale, la région de Lannoy est non seulement la capitale française de l’industrie du tapis mais aussi le centre mondial du tapis. Les villes d’Hem, Lannoy et Lys-lez-Lannoy forment à l’époque « la vallée des tisseurs » et l’usine Page, située dans le quartier du Petit-Lannoy à Hem se trouve au cœur de ces 3 villes.

La rue qui l’abrite et qui sera par la suite nommée : rue des 3 Villes a en effet la particularité de n’être hémoise que d’un côté, le côté droit en venant de Lannoy, où se situe précisément l’usine et la maison de maître de la famille. De l’autre côté c’est la rue du Cimetière pour Lannoy puis la rue de Metz pour Lys-lez-Lannoy.

Vue aérienne de l’usine jouxtant la maison de maître en 1962 (Document IGN)

De père en fils les générations de la famille Page se succèdent à la tête de l’entreprise. Dans les années 1950, R Page et Cie est répertorié dans 4 rubriques : fabrication de tissus pour ameublement, tapis moquettes fabrication, tapis fabrication et , sous forme de SARL, tapisserie fabrication. La demeure familiale est alors au nom de R. Page-Crespel et se trouve au même endroit jusque dans les années 70.

En février 1955, un incendie se déclare dans la salle de piqurage et la vingtaine d’ouvrières qui a pris son service à 13h voit soudain des flammes s’échapper d’un tas de pièces finies ou à finir, entreposé dans cette salle qui sert aussi de magasin. L’alerte est donnée aussitôt et les pompiers de Roubaix arrivent sur les lieux.

Les soldats du feu attaquent le sinistre à l’aide de plusieurs lances alors qu’une épaisse et âcre fumée s’échappe des matières en combustion. Au bout d’une heure d’efforts tout danger d’extension de l’incendie est écarté et les pompiers entreprennent alors de déblayer les quelques vingt mille kilos de matières textiles.

Les bâtiments n’ont heureusement pas beaucoup souffert mais les dégâts devraient quant même atteindre plusieurs dizaines de millions les vingt tonnes de tapis et tissus d’ameublement étant hors d’usage. Aucun blessé grave n’est à déplorer, seuls deux ouvriers ayant été légèrement incommodés par les émanations.

Incendie aux établissements Page en 1955 (Document Nord-Eclair)
Publicités des années 1970-1980 (Documents Historihem et collection privée)
Vue aérienne de l’usine et de la demeure familiale en 1972 puis de l’usine et d’une nouvelle maison bâtie en retrait de la rue en 1995 (Documents IGN)

Puis, dans les années 90, la maison de maître disparaît des photos aériennes sur lesquelles on constate l’apparition d’une maison neuve, très en retrait de la rue. En revanche, l’usine est toujours là et, en 1993, Denis Page qui la dirige organise une opération portes ouvertes dont la presse se fait écho.

Des tapis feutrent le bureau du directeur, habillé d’un mobilier rustique et d’époque, tels que nos ancêtres les ont connus. Une impression de calme et de sérénité s’en dégage, un peu semblable à l’ambiance d’un musée selon le journaliste, impressionné par la bâtisse et le nombre et la qualité des tapis qu’elle abrite.

Le directeur de la 3ème génération : Denis Page (Document Historihem)

Dans l’atelier, une dizaine de métiers, en fonte et en bois, avec des sangles en cuir, tournent encore sous les hautes poutres métalliques. Le journaliste décrit les rouages bien huilés, la trame bien tendue, et, au fil des allers et retours de la navette, le motif qui se dessine sur le tapis de laine.

Ancien métier en fonctionnement (Document Historihem)

L’usine compte alors 17 salariés qui utilisent encore des métiers datant des années 1920. Outre les tapis de laines et velours produits, 2 des métiers sont encore utilisés pour la production de tapisserie dans la grande tradition de la tapisserie française type manufacture des Gobelins et Aubusson.

Tapisserie de tradition (Document Historihem)

Si les tapis Page ne sont pas les moins chers du marché ils sont uniques du fait de leurs caractéristiques et de leur aspect velouté : les dessins sont très anciens ( d’un demi-siècle à un siècle) et le fil de laine de Nouvelle-Zélande est de très grande qualité, très fin et brillant, la finesse du fil étant très importante tant pour la définition du dessin que pour la qualité du produit fini. Un procédé spécial est ensuite utilisé pour lui donner un aspect de patine ancienne.

Un métier en action (Document Historihem)

L’entreprise vend alors en France aux distributeurs et aux grands magasins parisiens mais exporte également 40% de sa production vers les Etats-Unis et les pays européens. De nouveaux produits sortent encore régulièrement, tel le tapis écologique, sans teinture, fait uniquement de fibres aux couleurs naturelles, produits très demandés par les américains. Pourtant en 1994, la société Page, créée en 1956, ferme ses portes et va être rasée.

Vue aérienne années 2000 (Document IGN)

Remerciements à l’Association Historihem

Rue Louis Loucheur

Dans le quartier des Trois baudets, cette rue, longue de 869 m, joint la rue Jean Jaurès à la rue d’Halluin, avant de se poursuivre jusqu’à Roubaix, rue Pierre Brossolette. Sans nom sur le plan cadastral de 1824, elle devient le chemin du Bas Voisinage sur celui de 1890, puis la rue du même nom au début du vingtième siècle, avant d’apparaître sous son nom actuel sur un plan de la fin des années 1960.

La rue du Bas Voisinage (CPA colorisée) dans les années 1900, vue de la rue Jean Jaurès, et la même vue en 2023 (Documents collection privée et Google Maps)

Dans la première partie de la rue, qui descend de la rue Jean Jaurès vers la rue Alexandre Ribot, on trouve, dès après guerre, des commerces très divers. Ainsi l’épicerie Tribalat puis Desmet Bonnaviat, alimentation générale, épicerie moderne, au n°39, au coin de la rue Ribot, qui sera ensuite reprise par les Thooris-Vergne au début des années 1960 avant de devenir, au milieu de la décennie, l’alimentation Dillies-Dupriez de Dominique Dillies sous l’enseigne « Dominique » jusqu’à la fin des années 1980.

Publicités Desmet-Bonnaviat (années 50) puis Dillies-Dupriez (années 1970) (Documents Historihem et Nord-Eclair)
Photo du n°39 en 2008 et en 2022 (Documents Google Maps)

A la fin des années 1950 et jusqu’au début des années 1980, un horticulteur, A.Deligny est installé au n°19. « Célibataire, il vit avec sa sœur, institutrice. Il sortait son couteau pour couper des fleurs et en voyant une limace la piquait et la gobait. Il allait tout les jours au cimetière à vélo fleurir des tombes » d’après le témoignage d’un riverain.

Au milieu des années 1960, un marchand de charbon, Louis Vanbenneden, dit « le berger »occupe le n°2. Témoignage d’un voisin : « Ses deux fils, Achille et Louis, ont été les 2 derniers marchands de charbon avec des chevaux. L’écurie était en haut de la rue sur le coin de la rue Jean Jaurès, face à l’épicerie COOP. Mon père leur demandait, une fois par an, du fumier de cheval pour le jardin, avant l’hiver. Alors ils le livraient avec leur ancien tombereau sur le trottoir. Quand je rentrais de l’école Jules Ferry par la rue Alexandre Ribot, arrivé à l’angle de ma rue je voyais le tas énorme. Alors je savais que je ne pourrais pas jouer car il fallait tout rentrer avec des seaux jusqu’au fond du jardin avec mon frère. Quand le bus, qui passait par la rue à l’époque, glissait dans le fossé côté horticulteur, alors on allait chercher les chevaux du marchand de charbon pour l’en sortir. »

10 ans plus tard, le numéro 2 devient le siège d’un artisan en peinture vitrerie R.Voisart. A la même époque et jusqu’à la fin des années 1970, un artisan carreleur, Chantrie et fils, occupe le n°35.

Photo devant l’horticulteur dans les années 1970 et la même vue en 2022 (Document Patrick Debuine et Google Maps)

A l’époque, à hauteur du N°20, une palissade grise juste avant l’impasse Briffaut, délimite le terrain du patronage de Saint-Joseph, situé rue des Ecoles (Parallèle à la rue Loucheur), lequel accueille les activités sportives des enfants de la paroisse notamment le 1er terrain de volley. Témoignage d’un riverain, enfant à l’époque : « La soeur Agnés avec ses cornettes nous coursait avec son tisonnier quand on embêtait les filles ».

Le terrain du patronage délimité par une palissade en ciment juste avant l’impasse (Document Patrick Debuine)

Dans les années 1970, le terrain a été racheté et une maison y est construite pour abriter une entreprise de bâtiment ECH, entreprise de construction hémoise, également Z Dépannage, spécialisée dans le dépannage rapide de tous les domaines du bâtiment, laquelle fait sa publicité sur le pignon de la maison voisine. Dix ans plus tard, Mr Vanwynsbergue y est installé en qualité d’agence immobilière sous le sigle CIH. Puis la maison retrouve son usage d’habitation.

Publicités de Z Dépannage et ECH, en-tête de l’entreprise et photo de la maison en 2008 (Documents Nord-Eclair, collection privée et Google Maps)

Témoignage d’un riverain : « Dans l’impasse Briffaut il n’y avait pas d’eau, alors il fallait aller en chercher rue Jean Jaurès, en haut de la rue Loucheur, à la borne. Il y avait Georgette qui était déhanchée et marchait en se balançant qui allait chercher de l’eau avec ses deux seaux toute la matinée le jour de lessive, alors le trottoir en terre était trempé car elle en renversait beaucoup ».

Avec le n°39 ci-dessus, nous voici déjà au carrefour de la rue Alexandre Ribot (sur ce sujet voir un article précédemment édité sur notre site). Le contraste y est saisissant entre la vue d’une carte postale ancienne prise à cet endroit et la même vue en 2023. Finis les champs qui bordaient encore le côté impair de la rue du Bas Voisinage au début du 20 ème siècle. La rue Loucheur est à présent un alignement de maisons des deux côtés .

CPA du début du 20ème siècle et la même vue du croisement en 2023 (Documents Historihem et Google Maps)

Dans les années 1950, au n°42 s’installe la boucherie de J. Vandenberghe (sur ce sujet voir un article précédemment édité sur notre site). Un peu plus loin, au n°48, c’est une parfumerie qui ouvre ses portes, à la même époque, et reste sur place jusqu’à la fin des années 1960, celle de Mme. Meulebrouck. 10 ans plus tard et pour une décennie, c’est la pharmacie Vasseur-Dupriez qui y emménage et cédera la place par la suite à la pharmacie Lheureux. Aujourd’hui, c’est une habitation à cette adresse.

Publicités de la pharmacie en 1976 et dans les années 2000 et photo de celle-ci en 2008 (Documents Nord-Eclair, collection privée et Google Maps)

La maison voisine, au°50, accueille durant une quinzaine d’années, au milieu des années 1950, une fabrication de confection gérée par Mme Deblaere. C’est une quincaillerie qui se trouve au n°52, dans les années 1960, tenue par Cl. Froquet. Ces deux commerces, situés au coin de la rue du Maréchal Foch reprennent ensuite leur usage d’habitation.

Le n°50 en 2008 et 2023 (Documents Google Maps)

A la fin des années 1950, le n°56 abrite l’épicerie J.Mazurelle, puis l’alimentation générale J. Deschamps au milieu des années 1960. A la fin des années 1970, un salon de coiffure dames Deschamps-Janssens, qui fait également parfumerie, y côtoie l’épicerie Alain Deschamps, spécialisée dans la commercialisation des vins Nicolas. De nos jours le bâtiment est à usage d’habitation mais l’on y retrouve toujours le pignon en briques qui supportait la publicité des vins Nicolas.

Publicités des 2 commerces et photo en 2008 et 2023 (Documents Historihem et Nord-Eclair)

Le n°58 est la villa Mona Lisa de l’entrepreneur roubaisien Léon Degallaix-Vion, qui a fondé son entreprise de construction au 23, bd du Catteau à Roubaix et au 34 rue Ingres. Il est également le fondateur, en 1929, de la Société de briqueterie de l’entreprise dont il reste président pendant 37 ans. Il est enfin fondateur et vice-président de la caisse de congés payés du bâtiment ainsi que de la caisse de chômage et intempéries.

Le 23 bd du Catteau et le 34 rue Ingres à Roubaix (Documenst Google Maps)

Bien connu également dans la région du Touquet où il a oeuvré à la construction de nombreuses digues, hôtels et villas, il y possède une résidence secondaire et y fonde « La Touquettoise Immobilière » dont il est le président. En raison des nombreux services rendus à la corporation, il est promu officier de la Légion d’Honneur. Il décède, en 1966, à l’âge de 92 ans. Ses funérailles sont célébrées à l’église Saint-Joseph à Hem, en présence d’une foule imposante, constituée de nombreuses personnalités dont le maire de Hem, Jean Leplat. L’inhumation a lieu ensuite dans le caveau de famille, au cimetière de Roubaix.

Le décès de Léon Degallaix et la villa Mona Lisa à Hem (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

De 1979 au milieu des années 1980, la maison voisine, au n° 60, accueille l’auto-école de Marie-Louise Manche et, à la même époque, on retrouve au n°70 le piqurage à façon de H. Creton. Quant au n°78, il héberge, dès le début des années 1970 et durant une décennie, le salon de coiffure pour dames d’ Héléne Deblaere. Tous ces bâtiments ont retrouvé ensuite leur usage d’habitation.

Publicité de 1980 pour l’auto-école Manche et photo de la maison de nos jours, publicité de 1971 pour le salon Deblaere et photo de la maison en 2023 (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Presbytère de l’église Saint-Corneille (Suite)

Dans les années 1930, la location se poursuit entre le dirigeant de la municipalité Emile Delmet et le curé de la paroisse Saint-Corneille Edmond Delecroix. Puis en 1939 le nouveau maire Jules Delesalle procède à nouveau à la location du bâtiment mais cette fois, non plus avec Mr le Curé, mais avec l’Association Diocésaine de Lille, en la personne de son secrétaire.

Photos des maires Emile Delmet et Jules Delesalle (Documents Historihem)
Photo aérienne de 1976 : le petit bâtiment situé à l’avant n’existe plus (Document IGN)

Au cours des décennies suivantes l’Association reste locataire des lieux, renouvelant son bail avec les maires successifs de la commune. Mais en 1995, le presbytère, devenu vétuste, sous occupé et inadapté aux besoins de l’Association, n’est plus reloué par celle-ci.

La ville signe donc un bail de réhabilitation de 21 ans avec la Cal-Pact qui transfère, en quelque sorte, la propriété de l’immeuble pour une durée limitée. L’organisme, en tant que centre d’amélioration du logement, est chargé d’y réaliser deux logements d’insertion destinés à des familles en difficulté, et d’aménager les locaux restant disponibles en locaux d’animation paroissiale.

Sur la toiture, des tuiles neuves viennent donc consolider les tuiles vernissées, conservées par souci d’esthétique. L’isolation est renforcée dans les combles et au niveau des menuiseries extérieures par la pose de doubles vitrages. Sont également refaits le chauffage et l’alimentation en gaz et électricité, sans oublier l’aménagement d’un accès pour handicapés et des sorties de secours.

Bienvenue au 22, Place de la République (Document Voix du Nord)

Les 2 logements de type 3 sont situés dans la partie droite du bâtiment, dans l’avancée. Celui du rez-de-chaussée est de suite occupé et celui de l’étage doit être rapidement prêt à accueillir des locataires. Une trentaine de personnes, en contrat emploi solidarité, ont effectué la réfection complète des peintures extérieures, retapissé les pièces, posé les revêtements de sol et effectué les finitions de peinture, ainsi qu’aménagé les espaces verts.

Dans la partie centrale du presbytère ont été aménagées de spacieuses salles de réunion ainsi que des bureaux et celle-ci s’appelle désormais : la Maison Saint Corneille. Elle est ouverte également aux paroissiens des églises Saint-Joseph de Hem et Saint Jean-Baptiste de Forest pour l’édification d’une paroisse nouvelle ainsi que l’indique l’Abbé Vandeputte.

Mme Massart, maire de la ville, se félicite de l’initiative qui a permis au public en insertion du chantier école du Cal-Pact de réaliser, grandeur nature, des travaux complets, encadrés par des moniteurs qualifiés et en présence d’entreprises spécialisées. Elle forme le souhait d’une multiplication d’initiatives du même genre, susceptibles de combler les attentes sociales en matière de logement comme en matière d’emploi.

Logement social et emploi : discours de Mme Massart, maire de Hem (Document Voix du Nord)

Dans les années 2000, l’ancien presbytère a donc à la fois une vocation de logement social et à la fois une vocation paroissiale. La photo aérienne de 2000 ne présente guère de différence avec celle qui avait été réalisée 25 ans plus tôt et l’on y voit nettement le grand jardin à l’arrière du bâtiment et le jardinet à l’avant. L’ensemble semble bien entretenu comme le montrent les photos depuis la rue en 2008.

Photo aérienne de 2000 (Document IGN)
Photos de 2008 (Documents Google Maps)

Pourtant il semble que l’organisme social rende ensuite le bâtiment à la commune dans un état désastreux. A part la salle louée par la paroisse le reste du bâtiment est pourri et la présence de mérule est même évoquée. Toutefois la mairie à l’époque ne réagit pas et le bâtiment ne cesse donc de se dégrader au point que sa restauration à l’heure actuelle coûterait très cher.

Le bâtiment en 2023 (Documents Voix du Nord)

Or avec le projet actuel de tramway, la MEL a lancé une étude en vue du réaménagement du centre ville de Hem pour y fluidifier la circulation. Trois hypothéses seraient envisagées concernant l’ancien presbytère :

  • raser le bâtiment et aménager un parc public dans son jardin

  • le détruire et construire à sa place un immeuble d’une dizaine de logements

  • conserver le presbytère et en faire un tiers lieu pour les associations et laisser la paroisse continuer à occuper une partie du bâtiment comme aujourd’hui

Le jardin en 2023 (Document Voix du Nord)

La décision est pour le moment en suspens mais il faut reconnaître que, s’il n’a pas grande valeur architecturale, l’immeuble reste un symbole et tient à choeur aux hémois qui y ont suivi le catéchisme. La paroisse tient à le sauvegarder et à conserver un local proche de l’église et surtout à préserver le grand espace vert que constitue le jardin.

Par ailleurs, ainsi que le rappelle Jean-Louis Rémy, historien local, il faut le préserver, ne serait-ce que parce qu’avec l’église et la maison commune, ancienne Auberge du Coq (Voir sur ce sujet un précédent article paru sur notre site), face au choeur de l’église, c’est tout ce qui reste du XIIIème siècle sur la place de la République, époque où Hem était encore un petit village de 1500 âmes…

Vue aérienne du presbytère en 2023 (Document Google Maps)
Vue aérienne de la place de la République en 2023 et vue de l’ancienne maison commune et de l’église Saint Corneille (Documents Google Maps)

Remerciements à l’Association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui.

L’Ecole Publique aux Trois-Baudets (suite)

Dans les années 1960, dans l’attente du nouveau groupe scolaire prévu pour le quartier des Hauts-Champs, de nombreux élèves du quartier s’inscrivent à Jules Ferry et Paul Bert, occasionnant un surplus d’effectif dans ces 2 écoles. L’inspection académique décide alors de la création de 2 classes supplémentaires dans des locaux provisoires : celle des garçons dans un vestiaire sportif et celle des filles dans l’ancienne cuisine des cantines (dont les repas sont dorénavant livrés par une entreprise extérieure).

Photo aérienne de 1962 élargie jusqu’à l’avenue Foch avec les écoles Paul Bert et Jules Ferry ainsi que l’école La Fontaine et le terrain du stade Liétanie (Document IGN)

Mais la situation ne peut perdurer et la ville se voit contrainte de passer commande de classes préfabriquées : un bâtiment de 2 classes pour compléter l’école Jules Ferry, un bâtiment identique pour l’école Paul Bert et un bâtiment de 2 classes, un préau et un bâtiment sanitaire pour compléter l’école maternelle La Fontaine. Pour la rentrée scolaire 1962-1963, du fait de l’accroissement des effectifs, 2 classes mobiles sont construites sur un terrain appartenant à la municipalité, rue du Maréchal Foch, l’une pour compléter Jules Ferry et l’autre pour compléter Paul Bert.

Protège cahier d’un élève de Jules Ferry en 1962 (Document Historihem)

Instantané de mémoire : « Je viens habiter à Hem face à l’église St Joseph, dans le nouveau lotissement en juillet 1968. A Lille, je fréquentais l’école Notre Dame de la Treille mais comme j’habite juste en face de l’école Paul Bert je fais ma dernière année de primaire 1968-69 dans cette école publique. Je garde un excellent souvenir de mon année passée dans la classe de Mme Vantorre qui, par sa bienveillante attention m’a appris à avoir confiance en moi ».

Enfin en 1969, une classe supplémentaire est ouverte à Jules Ferry. Et durant les vacances scolaires de 1970-1971, les 2 écoles font l’objet d’une rénovation de l’éclairage. Par ailleurs les châssis sont remplacés et les sanitaires aménagés. Puis, en 1972, un restaurant scolaire est construit à l’école La Fontaine et une nouvelle classe est ouverte à Paul Bert.

Façade de l’école La Fontaine (Document Historihem)

En 1974, c’est le chauffage qui est installé dans les 2 établissements de la rue des Ecoles. Le sport n’est pas oublié et l’école Jules Ferry participe la même année au challenge du Nombre en cross et au challenge de la ville de Hem pour les catégories benjamins et benjamines. Toutes les écoles de la ville participent soit 300 garçons et filles et Jules Ferry se distingue particulièrement en remportant les 2 coupes.

Le challenge du Nombre remporté par Jules Ferry en 1974 (Document Nord-Eclair)

Enfin en 1975, l’école de garçons Jules Ferry devient une école mixte de niveau 2 (classes de CE2, CM1,CM2) tandis que l’école de filles Paul Bert devient une école mixte de niveau 1 (classes de CP, CE1). Quant à l’école maternelle La Fontaine, elle se voit renforcer de 2 classes mobiles. En 1977, c’est l’agrandissement de la cour des écoles Paul Bert et Jules Ferry qui est décidé.

Le préau de la cour de Jules Ferry (Document Historihem)

En 1978, la fête de fin d’année est commune aux 2 écoles et Mme Hendrickx, directrice, et Mr Guidez, directeur, leurs collaborateurs et le conseil de parents d’élèves collaborent pour que cette fin d’année soit un succès : jeux divers (basket, pneu penalty, cochon d’Inde, pêche à la sciure…) et exposition des travaux des enfants dans les salles de classe, ainsi qu’une braderie de vêtements permettent de se détendre et une petite restauration est assurée aux buvettes.

La fête de fin d’année de 1978 (Document Nord-Eclair)

Au début des années 1990, de gros travaux ont lieu à l’école La Fontaine après une série d’incendies et pendant toute la durée du chantier les 150 élèves sont accueillis à l’école Paul Bert-Jules Ferry sous la direction de Mr Vallet. C’est donc une toute nouvelle école dirigée par Mme Riems qui accueille les élèves à la rentrée de 1993.

L’école La Fontaine après les incendies et pendant les travaux et la nouvelle façade (Documents Historihem)

En 1998, à nouveau l’école Jules Ferry se distingue en sport. Trois classes de la métropole participent en effet aux rencontres internationales de tennis des Hauts-de-France organisées par la ligue des Flandres. Les CE2 de l’école se classent 2èmes, ce qui leur permet de ramener dans leur école un « kit tennis » comportant raquettes, balles, filets mais aussi battes de hockey et ballons qui permettront l’organisation d’exercices sportifs dignes de ce nom.

Rencontres internationales de tennis en 1998 (Document Nord-Eclair)

A nouveau siècle nouveau projet et l’école publique va changer de visage après les années 2000 dans le quartier des 3 Baudets. L’école Paul Bert-Jules Ferry, vieille de plus d’un siècle, ne va plus accueillir d’élèves à la rentrée 2022. Un nouvel établissement est construit 500 mètres plus loin, sur le site Liétanie (ancien terrain de football) à côté de l’école La Fontaine, avenue Foch.

L’objectif est de regrouper, sur le même site, les 2 entités formant le groupe scolaire. Le chantier suivi par l’architecte B plus B doit durer 2 ans et le projet comprend : 8 salles de cours, une salle d’arts plastiques, une salle polyvalente, une bibliothèque, une salle d’évolution et une salle pour les enseignants. Implanté sur un terrain d’un hectare et demi, le bâtiment est construit sur 1600 mètres carrés et se trouve entouré de 1300 mètres carrés d’espace extérieur.

Le stade Liétanie avec l’école La Fontaine dans le fond en 2019 et le projet de la nouvelle école Jules Ferry avec l’école La Fontaine qui jouxte le nouvel établissement (Documents Tout Hem)

Quant à l’école La Fontaine, réhabilitée en 1993 (soit 40 ans après son ouverture), elle est dans un état de vétusté nécessitant des travaux de remise aux normes et d’isolation thermique. Des panneaux photovoltaïques vont être posés, le système électrique remis aux normes, les châssis des fenêtres changés, la toiture, l’isolation, le chauffage refaits ainsi que les sols souples, peintures et faux-plafonds.

Une fois désaffectée il est possible que l’ancienne école Paul Bert-Jules Ferry soit transformée en logements et en bureaux après d’importants travaux durant lesquels une partie des bâtiments historiques devrait sans doute disparaître. Elle pourrait également devenir un espace de projets accueillant à la fois un centre de formation, un espace de coworking et un espace culturel.

Photos aériennes élargies en 2009 et 2020 (Documents IGN et Google Maps)

A partir de 2020 et courant 2021 des travaux impressionnants ont donc lieu dans la rue du Maréchal Foch, occasionnant de sérieux problèmes de circulation. Les 2 chantiers sont menés de concert : rénovation de La Fontaine ( durant les week-end et vacances scolaires) et construction de Jules Ferry. Le chantier de construction avance comme prévu en vue d’une future ouverture à la rentrée 2022.

Les travaux en 2020-2021-2022 (Documents Tout Hem)
Avancée des travaux de la nouvelle école (Document collection privée)

A la rentrée 2022, les élèves investissent en effet les locaux de la nouvelle école Jules Ferry qui voit son inauguration officielle organisée le 30 septembre 2022. Tout y a été pensé pour réduire au maximum la consommation énergétique et ainsi réduire les émissions carbone.

La nouvelle école en 2022 (Document Voix du Nord )
La toiture de l’école La Fontaine (Document Voix du Nord)
Inauguration de la nouvelle école (Document Historihem)

Remerciements à la ville de Hem et l’association Historihem, et à Jacquy Delaporte pour son ouvrage sur les écoles de Hem

Presbytère de l’église Saint Corneille

Dans le livre Hem d’Hier et d’Aujourd’hui, co-écrit par André Camion et Jacquy Delaporte, la première mention concernant le presbytère porte sur son incendie en 1692. Il s’agit d’« un feu de meschef », autrement dit d’un feu involontaire. André Camion ajoute que dans « Une description des paroisses du diocèse de Tournai » il est indiqué que le presbytère va être reconstruit « beaucoup mieux qu’il n’estoit auparavant ».

Détail de la carte particulière des environs de Lille de 1726 (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)
Essai de reconstitution de la place d’Hem au XIII ème siècle par André Camion (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)

Jean-Louis Rémy, professeur d’histoire géographie, retrouve quant à lui aux archives départementales un inventaire des biens du clergé de 1790, attestant l’existence du presbytère à cette époque. Le presbytère, contrairement aux autres biens du clergé n’a pas été vendu lors de la révolution.

La commune l’a alors récupéré pour le transformer en école et ce jusqu’en 1801, date à laquelle la paroisse en a récupéré l’usage tandis qu’il restait propriété de la mairie. Jean-Louis Remy trouve un cadastre de 1824 où l’on distingue clairement l’église et le presbytère, bâtiments séparés par un ancien cimetière, ainsi qu’un document datant de 1845 où il est fait mention du jardin entourant le bâtiment.

Le cadastre de 1824 (Documents Voix du Nord)
Le cadastre actuel nous indiquant une surface totale de 2170 mètres ( Document France Cadastre)
Convention de 1845 entre le maire et Achille Bouchery (Document Voix du Nord)

Avec la loi de séparation de l’église et de l’état de 1901, les rapports entre le maire de Hem et les catholiques se durcissent. Il est même question après les nouvelles élections municipales de 1906, de transformer le presbytère en service municipal et de sommer Mr le Curé de quitter les lieux. Mais un groupe de paroissiens ayant fait pression sur le conseil municipal, ce projet est abandonné au profit d’une solution amiable.

Cette même année, un document est donc signé entre le maire de Hem, Henri Delecroix, et l’abbé Edmond Pollet, curé de Hem, attestant de la location à ce dernier d’une maison à usage de presbytère avec dépendances et jardin entouré de murs moyennant la somme de 600 francs par mois . La location est faite pour un an et reconductible tacitement chaque année sauf préavis de trois mois donné par l’une ou l’autre des parties.

Elle est personnelle à l’abbé Pollet qui ne peut la transmettre à un tiers. Pourtant, à la mort de celui-ci deux ans plus tard, son successeur, l’abbé Victor Denhaene, obtient du Conseil la location du presbytère dans les mêmes conditions, mais pour 9 années.

Convention de location de 1907 (Document Historihem)

Un état des lieux établi par la mairie de Hem en 1907 permet de se faire une idée générale de l’immeuble :

-au rez-de-chaussée un couloir d’entrée carrelé, avec à gauche un grand salon parqueté avec cheminée en marbre et cloison donnant sur une grande véranda plafonnée et carrelée, avec grands vitrages sur le jardin et cheminée, dont une porte se situe au bout du couloir où se trouve également l’escalier menant à l’étage.

L’autre partie du couloir longe la façade, sur lequel donnent 3 salles munies d’un plancher, chacune éclairée d’une ou deux fenêtres et pourvue d’une cheminée. Au fond de ce couloir se trouve un bâtiment de dépendance avec cuisine carrelée éclairée d’une fenêtre et munie d’une cheminée, ainsi qu’une arrière cuisine avec carrelage en pierre, pompe et évier en zinc, communiquant sur le cabinet d’aisance.

Se trouve également au fond du couloir une porte donnant sur la serre, dallée avec grand vitrage sur le grand jardin entouré de murs, très bien planté et avec pièce d’eau.

A l’avant de l’habitation, se trouve un jardinet avec allées pavées en pierres bleues qui le contourne et mène également de l’entrée sur la rue jusqu’à la maison.

Essai de plan du rez-de-chaussée (Document BT)

-à l’étage: à mi-hauteur de l’étage un petit cabinet débarras, et au premier un couloir longeant la façade dessert toutes les chambres dont une à chaque bout contre les pignons, sur toute la largeur du bâtiment, éclairées de fenêtres et munies d’une cheminée.

Puis à mi-étage à nouveau un cabinet débarras et un grenier qui couvre la plus grande partie de l’habitation et où se situe également une chambre plafonnée et plâtrée contre le pignon opposé à l’escalier

-en dehors du bâtiment d’habitation, un autre bâtiment existe à l’entrée, le long du mur de façade vers la place, avec petit vestibule ouvrant sur deux salles carrelées, dont l’une, à usage de buanderie, munie d’une cheminée et d’une pompe de citerne. Ce deuxième bâtiment possède une sortie de service directement sur la rue, fermée par une porte en bois.

Photo aérienne de 1933 (Document IGN)

Au cours de l’année 1926, la presse locale relate un acte inouï de sauvagerie à Hem, un malfaiteur ayant profité de l’absence du curé, occupé par la messe de 8 heures, pour s’introduire dans le presbytère, afin d’y commettre un vol. Dérangé dans sa tâche par la mère de Mr le Curé, le voleur, qui s’est introduit dans la maison par la serre, frappe celle-ci à la tête à coups de sécateur avant de la baillonner, mettant en danger la vie de cette femme de 89 ans.

Un acte inouï de sauvagerie en 1926 (Document Journal de Roubaix)

A suivre…

Remerciements à l’Association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui.