Le 81 avenue Jean Lebas

Au 81 de la rue de la Gare à Roubaix, se trouve une immense bâtisse, en face de la place des Martyrs de la Résistance, à deux pas de la rue Pasteur. L’immeuble est occupé par la famille Weill-Blin et Neveux dans les années 1910, puis par les successeurs Weill-Blin dans les années 1930. C’est un commerce de draperies et tissus. L’entreprise possède également une deuxième maison à Elbeuf et un bureau à Paris.

document collection privée

L’immeuble est très vaste. La façade de l’avenue Jean Lebas est impressionnante. La superficie est importante, puisque l’entreprise donne également sur l’arrière au N° 20 de la rue de l’Espérance.

vue aérienne 1953 ( document IGN )

Dans les années 1960, le bâtiment est occupé par les établissements Duburcq installés auparavant au 16 rue Nationale dans les années 1950. Ils reprennent l’activité de négoce de tissus et draperies.

Publicité Ets Duburcq

En Novembre 1978, un incendie se déclare dans l’entreprise Duburcq. Les concierges M et Mme Verdefroy qui habitent de l’autre côté, rue de l’Espérance, alertent les secours. En quelques heures, l’immeuble flambe sur toute la hauteur ( sur 4 étages ). Et pourtant les pompiers arrivés rapidement sur place n’ont rien négligé pour venir à bout du sinistre. Mais le déploiement important des moyens ( quatre grandes lances, la grande échelle, et cinq petites lances ) n’ont pu empêcher le désastre de prendre de graves proportions. Au petit matin, il ne reste quasiment plus rien de l’entreprise.

L’incendie en 1978 ( document Nord Eclair )

En Mars 1984, l’immeuble est resté dans le même état que 6 ans auparavant ! Au grand désespoir des voisins, comme cette dame de 76 ans qui habite à côté au N° 79. « C’est inadmissible, l’immeuble est resté dans l’état, les marchandises et matériaux sont restés sur place. Mon mur mitoyen est rongé par l’humidité, ma cage d’escalier est pourrie, et il se dégage des odeurs insupportables. Mon appartement est devenu invivable ».

document Nord Eclair 1984

Il semble que cette personne ait été entendue, puisqu’en Novembre de cette même année, une demande de permis de démolir est déposée, pour plusieurs bâtiments : le N° 81 de l’avenue Jean Lebas, le N° 20 rue de l’Espérance mais également les N° 3 5 7 et 9 rue Pasteur, maisons murées depuis bien longtemps.

Plan cadastral – La partie encadrée en rouge sera rasée ( document archives municipales )
Le 81 avenue Jean Lebas en 1984 ( document archives municipales )
Le 20 rue de l’Espérance en 1984 ( document archives municipales )

Le N° 3 de la rue Pasteur était occupé par Mr Keirsgieter cafetier, le N° 5 était inoccupé, le N° 7 par Chéri-Roussel, pédicure et l’ANPE Agence Nationale pour l’Emploi, était au N° 9

Les 3 5 7 et 9 rue Pasteur en 1984 ( document archives municipales )
le 9 rue Pasteur en 1984 ( document archives municipales )

Le terrain alors vierge, est destiné à créer la fameuse esplanade en vue de l’ouverture du prochain musée de la Piscine. La création de cette place entre l’ancien musée et le nouveau permettra alors de valoriser les lieux et d’en faire un élément marquant de l’avenue Jean Lebas pour le début des années 2000.

Le terrain vierge de l’avenue Jean Lebas à l’angle de la rue Pasteur ( document archives municipales )

Remerciements aux archives municipales

Chez Charly

Charly Bacquaert est né en 1949 à Wattrelos. Il est fils et petit-fils de boulanger et il rêve de devenir cuisinier pour toucher à tous les métiers de bouche. Après son apprentissage chez Alcide à Lille, il débute sa carrière comme commis à l’hôtel de la Poste à Avallon qui possèdait à l’époque trois macarons au guide Michelin, puis devient chef de partie au restaurant « Le Chouan » à Bruxelles puis au Buffet de la Gare de Valenciennes, 2 restaurants étoilés.

A 23 ans, Charly, fort de ses formations reçues auprès des différents chefs étoilés, se sent alors prêt pour créer son restaurant, avec son épouse Arlette, née Scipion.

le 127 rue de la Gare, au début du siècle ( document collection privée )

Leur choix se porte sur Roubaix. En 1972, ils reprennent le café «Jules» au 127 avenue Jean Lebas, à deux pas de la gare et des grandes maisons de vente par correspondance. Ce commerce a toujours été un estaminet et ce, depuis la création de l’avenue Jean Lebas. C’est un petit établissement, d’une surface au sol de 116 m2.

Plan cadastral

Au début des années 1950, le responsable de l’établissement crée une ambiance « Club » regroupant la clientèle aisée du patronat du textile roubaisien. Il devient alors un lieu de rendez-vous apprécié du tout Roubaix.La cave voûtée au sous-sol était composée de caveaux au nom de grands crus de champagne, la décoration intérieure dans le style « Art Nouveau » comme chez Maxim’s à Paris est exceptionnelle, faite de boiseries en acajou et de cuivre. Cette salle cosy à tout de suite attirée Charly et Arlette qui décide de transformer cet établissement en restaurant et démarre leur affaire en Décembre 1972.

la façade du 127 avenue Jean Lebas en 1972 ( document archives municipales )

L’enseigne choisie est « Chez Charly ». Leur idée de départ est de créer un endroit ou les clients aiment aller : un restaurant convivial et chaleureux, un lieu où l’on se sent comme chez soi, où l’on peut discuter affaires, mais également en dégustant une cuisine de qualité.

Charly Bacquaert au service au plat en salle en 1973 ( document C. Bacquaert )

La première année, Charly et Arlette proposent une cuisine régionale, des Waterzoï, des Potjevlesh. Le cadre du restaurant attirant une clientèle plutôt haut de gamme, ils changent alors de stratégie et décident de proposer une cuisine plus gastronomique mais faisant la part belle aux produits régionaux. Charly réinvente alors des recettes régionales. C’est le début d’une très grande aventure !

La devise de Charly et Arlette est « Manger bien, tout en restant léger ». Ils proposent donc une cuisine de contraste au niveau du goût et surtout au niveau des couleurs. Il est en effet impératif que l’oeil participe au plaisir du bien manger.

Intérieur du restaurant ( documents C. Bacquaert )

Le nom des plats originaux est très poétique : le ragoût d’artichaut et d’écrevisses, la charlotte d’anguilles de la Somme à la mousse de crevettes grises, le petit pâté chaud de saumon à la crème d’estragon, ou bien encore, le filet de bśuf à la moelle et au vin de Fleurie. La carte des vins est également exceptionnelle, car Charly a reçu une formation de son père, ancien représentant multi-cartes en vins fins.

Le succès est au rendez vous, leur restaurant « Chez Charly » devient un lieu incontournable de la restauration sur la ville, et même sur la région. Cinq ans après l’ouverture, il est cité au célèbre Guide Michelin.

guide Michelin

En 1982, Charly obtient le prix d’excellence de l’A.N.C Académie Nationale de Cuisine, ce qui lui permet de passer dans la presse locale et à la télévision régionale.

Charly en cuisine en 1984 ( document C. Bacquaert et publicité Nord Eclair )

Pendant la décennie 1980, Charly participe à de nombreux concours gastronomiques, et obtient ainsi de nombreuses récompenses. En 1983, il participe au championnat de France du dessert, le trophée Gaston Brule en 1984, finaliste national du prix culinaire Le Taittinger en 1988, finaliste du Meilleur Ouvrier de France 1990, en 1991 il obtient le trophée de l’académie des Glaces en créant la glace au caramel, et obtient une Toque au célèbre guide « Gault et Millau ».

Une Toque au Gault Millau

à suivre . . .

Remerciements à Charly et Arlette Bacquaert ainsi qu’aux archives municipales.

Prouvost assurances

Pierre Prouvost s’installe agent d’assurances au début des années 1920, au 17 rue Jules Deregnaucourt. Pendant une trentaine d’années, Pierre prospecte des clients, développe son agence et embauche du personnel et les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante.

document collection privée

A la fin des années 1950, le manque de place se fait cruellement sentir. Il faut donc songer à trouver rapidement des locaux plus spacieux. Pour garder sa clientèle d’assurés, il est impératif que les nouveaux bureaux soient le plus près possible de son ancienne étude. L’occasion se présente, lorsqu’à la fin des années 1950, le commerce de tissus de C. Delescluse et J. Dendoncker, situé au 10 place des Martyrs de la Résistance, se libère.

le 10 place des martyrs ( document archives municipales )
Plan du rez de chaussée ( document J. et V. Lepers )

C’est un immeuble cossu composé de quatre niveaux. Le rez de chaussée, le 1° et une partie du 2° étage sont réservés aux bureaux. La concierge, Mme Dejaegher réside dans l’autre partie du 2° étage et au 3° sous les toits. Face au développement important de son cabinet d’assurances, Pierre, au début des années 1960, recrute son fils Bernard ( un des 7 enfants du couple ) pour l’aider à gérer son agence. Ils deviennent ensuite associés.

Publicité Pierre et Bernard ( document J. Lepers )

Sur la photo ci-dessous, se trouvent l’accueil, à l’entrée des bureaux du rez de chaussée, et au fond, les bureaux de Mrs Prouvost. A l’époque, les secrétaires, toujours vêtues d’une blouse blanche immaculée, utilisent encore des anciennes machines à écrire Japy ou Olivetti.

Photo accueil ( document J. Lepers )

Pour l’administratif, c’est encore, à l’époque, le domaine du papier : les classeurs sont empilés et les documents classés dans les meubles métalliques fixés au mur.

( document J. Lepers )

Pierre et Bernard Prouvost travaillent avec de très nombreuses compagnies d’assurances dont les principales sont : Nationale Suisse à Bâle, Europe à Paris, Railways et Verspieren à Roubaix, DAS au Mans . . . ce qui leur permet de proposer ainsi des contrats d’assurances dans toutes les branches d’activités.

( document J. Lepers )

En 1966, Marie Verschaeve, une des employées prend sa retraite. C’est l’occasion de prendre une photographie d’un partie de l’équipe composée essentiellement de personnel féminin.

Sur la photo, à gauche : Bernard Prouvost et son épouse Charlotte née Wibaux, au centre Marie Verschaeve, puis à droite Pierre Prouvost et son épouse Marie née Outters.

Le départ en retraite de Marie Verschaeve ( document J. Lepers )

Le premier homme recruté par la direction est Mr Buyle qui prend les fonctions de chef de service de la mécanographie. Le second est Jean Rousseau qui a fait des études de droit, et qui prend en charge le service des sinistres auto.

Jean Rousseau et son équipe ( document J. Lepers )

Pierre Prouvost prend sa retraite en 1976 et Bernard continue seul l’activité.

Publicité 1978 ( document collection privée )

En 1987, la CUDL, Communauté Urbaine de Lille, dépose un permis de démolir pour les 8 10 et 12 de la place des Martyrs et une partie de la rue Saint Etienne, car un projet est programmé à cet emplacement : c’est la création de l’ESAAT.

Le projet de démolition des N° 8 Gustave Requillart, N° 10 Bernard Prouvost et N° 12 inoccupé ( document archives municipales )

Bernard Prouvost exproprié de son immeuble du 10 de la place des Martyrs, s’installe alors, en 1988 dans des nouveaux locaux, au 678 avenue des Nations Unies, près du pont Saint Vincent, toujours à proximité de ses anciens bureaux et de sa clientèle.

document collection privée

Bernard décide de réhabiliter cet immeuble par de gros travaux de rénovation, et en particulier la réfection de la façade, ce qui ne manque pas d’attirer l’oeil du passant. « Je me réjouis de la volonté de la ville de promouvoir notre patrimoine, dit Bernard Prouvost dans la presse locale, il y a dans nos demeures grandes ou petites, une diversité, une qualité qui méritent d’être mises en valeur ».

Document Nord Eclair 1988
document Google Maps 2012

Bernard Prouvost prend sa retraite en 1993. Il cède son cabinet d’assurances à son fils Thomas qui le cède ensuite à Stéphane Heuls, agent général de la compagnie GAN. Bernard Prouvost décède en 2018.

Remerciements à Joëlle Lepers ainsi qu’aux archives municipales.

ESMOD ( suite )

Vu le développement de l’école ESMOD, le manque de place commence à se faire cruellement sentir. La décision de l’agrandir est prise en 2010. Les locaux doublent de surface, l’extension de 1400 m2 va presque permettre d’atteindre les 4000 m2 au total. Le bâtiment respecte les nouvelles normes BBC Bâtiment Basse Consommation et les architectes Laure Pauchet et Michel Naete signent un dessin résolument contemporain. En effet, greffée à l’hôtel particulier, l’extension s’élève sur toute la hauteur de sa façade arrière et s’appuie sur le pignon, à la place de la cour, des ateliers et du jardin.

Les projets ( documents archives municipales )
Photo en 2008 avant travaux ( document archives municipales )
Photo des travaux en 2011 ( document archives municipales )
Photo à la fin des travaux ( document archives municipales )

Le parti architectural choisi est le pli et la transparence : la toiture prend la forme d’une tôle plissée, la façade est vitrée et cette paroi de verre laisse apparaître un vaste volume porté par des poteaux. L’extension héberge l’entrée principale, des salles de cours, une salle modulable, un espace repas et une bibliothèque.

L’inauguration a lieu en Juin 2012, en présence de Pierre Dubois, maire, de Satoru Nino, président d’ESMOD International, et de Philippe Zmirou, directeur d’Esmod Roubaix

documents Nord Eclair

« C’est le mariage entre modernité et tradition », explique Satoru Nino, lors de l’inauguration. Il salue l’extension de l’école roubaisienne, l’une des vingt-quatre du groupe, réparties dans quatorze pays.

Mr Satoru Nino ( document ESMOD )

« Quel chemin parcouru depuis 1994 ! confirme Philippe Zmirou. Quand ESMOD a ouvert à Roubaix, nous n’occupions que le dernier étage du bâtiment : deux salles seulement. Nous sommes passés à presque 4.000 m² de locaux.

Philippe Zmirou ( document ESMOD )

Cette extension marque la volonté de mélanger le passé et le futur. Il y a beaucoup plus d’espace, de lumière. Pour être le plus créatif possible. Avec cette grande baie vitrée, c’est une vitrine ouverte sur Roubaix et sur la création. Car plus qu’une simple extension, cet agrandissement permet d’accueillir convenablement 220 élèves, et d’affermir la position d’ESMOD Roubaix dans le monde de la création. C’est une grande référence. Esmod l’est déjà aux quatre coins de la planète. Nos étudiants de Roubaix sont de futurs professionnels pour la région. Le 15 Juin, comme chaque année, le défilé ESMOD Roubaix sera un événement majeur. Nous accueillerons presque 1 800 personnes : un défilé que nous souhaitons offrir au grand public ».

Le défilé a lieu à la salle Watremez. Il a pour thème : la nature. Les mannequins apparaissent donc, d’une forêt enchantée, dans laquelle les mannequins déambulent, dans des tenues originales.

Fashion show 15 Juin 2012 salle Watremez ( document bnr )
document Nord Eclair
document Nord Eclair

ESMOD propose également des cours par l’ISEM (Institut Supérieur Européen de la Mode). L’école accueille cette spécialisation ( qui existe depuis trente ans à Paris ) dans les métiers du marketing et de la communication. Un peu comme une école de commerce mais qui se consacre exclusivement à la mode et au textile. « C’était une demande des entreprises du nord de la France qui éprouvent des difficultés à recruter des chefs de produit », détaille Philippe Zmirou. Ainsi, nos étudiants, en Fashion Design  et en Fashion Business, évoluent chaque jour, dans des espaces qui répondent à l’ensemble de leurs besoins.

En 2015, le développement de l’école, et l’accroissement important du nombre d’étudiants, nécessitent un agrandissement des locaux de l’ESMOD ISEM.

Cela passe par une extension et restructuration de l’école existante et la création d’une nouvelle entrée qui permet de rendre l’école accessible à tous. De même, les aménagements de l’extension permettent l’accessibilité à tous les niveaux du bâtiment.

L’école ESMOD s’est donc à nouveau agrandie et ce à peine quatre ans après avoir déjà poussé les murs. « Nous nous sommes aperçus que l’on manquait de place pour mieux accueillir les étudiants ; ils n’étaient pas à l’aise pour créer, constate Philippe Zmirou, le directeur. Car boulevard Leclerc, l’établissement héberge de plus en plus de jeunes : ils sont près de 300, désormais, à suivre le cursus de créateur d’ESMOD »

avant travaux ( document archives municipales )
l’extension en 2015 ( document archives municipales )

ESMOD France est aujourd’hui reconnue par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI). Dans une interview avec la Voix du Nord Philippe Zmirou déclare : « Notre philosophie, c’est d’exporter le savoir-faire via la formation : Faire rayonner la technicité française »

La ville est-elle définitivement tournée vers l’avenir ? « Sans aucun doute, Nous avons la chance d’être dans une ville qui a su se réinventer avec la Maison de la mode, le Musée de la piscine, Esmod, le CETI… etc »

Qu’est ce qui attire les étudiants à Roubaix particulièrement ? L’histoire textile de la ville, incontestablement. Il y a autant de talents à Roubaix qu’à Paris. »

Qu’est-ce qu’on apprend exactement dans cette école ? « Esmod propose deux filières. La première s’adresse à ceux qui veulent se spécialiser dans l’univers du stylisme-modélisme. La seconde filière, plus récente, s’ouvre à ceux qui veulent devenir acheteur, communicant, chef de produit. Ces deux formations s’étalent sur trois ans. »

document Esmod
Guillaume Delbarre et Philippe Zmirou, salle Watremez en 2021 ( document Nord Eclair )

Remerciements aux archives municipales.

Garage de la Grand Place

Michel Maerens, né en 1928, assureur à Hazebrouck et son épouse Jeanine, décident de créer leur petite entreprise. Un ami qui vient d’ouvrir un garage sur Lille avec location de places de parking, leur propose de faire la même chose. L’idée leur paraît intéressante. Le père de Michel, Alidor Maerens, l’aide à monter un dossier financier. Il ne lui reste plus qu’à trouver l’emplacement idéal. L’occasion se présente au début de l’année 1954, lorsque le bâtiment d’une entreprise située au 25 de la Grand Place à Roubaix, est à vendre. C’était auparavant le siège de l’entreprise Desfontaines, un grossiste en épicerie implanté depuis le début des années 1900.

L’immeuble de 4 niveaux ( de 125 m2 chacun ) se situe donc en plein centre ville. Au rez de chaussée, se trouve le magasin, à l’arrière une immense cour n’est pas utilisée à part un local réservé à la torréfaction de cafés en grains. Les 2° 3° et 4° étages sont réservés à l’habitation. La surface totale du terrain est de 1282 m2.

La façade Desfontaines au début des années 1950 ( document J. Maerens )
Plan cadastral

L’acte de vente est signé rapidement. Michel Maerens et son père déposent un permis pour la démolition du local dans la cour et pour la construction, sur la totalité de celle-ci, d’un garage couvert pour automobiles avec un étage et une rampe d’accès ainsi qu’un permis pour la transformation des deux baies vitrées en façade.

Les entreprises choisies sont : Degallaix, 23 rue du Cateau, pour le gros-oeuvre, et Browaeys, 14 rue Boucicaut, pour la charpente métallique. Les travaux vont bon train, durant toute l’année 1954.

Travaux dans une partie de la cour ( document J. Maerens )
Les ouvriers de l’entreprise Degallaix au travail ( document J. Maerens )

Michel Maerens et son épouse ont également prévu d’implanter au rez de chaussée un pont pour l’entretien de graissage-vidange des automobiles, ainsi qu’une piste de lavage et bien sûr, trois pompes en façade, dont une double, pour la vente de carburants : essence, super et gas-oil, avec une citerne enterrée de 25.000 litres. La marque choisie est ANTAR.

le pont et la piste de lavage ( document J. Maerens )
la façade extérieure ( document J. Maerens )

Le 1° Février 1955, c’est enfin l’ouverture du garage, par un froid glacial qui détruit une partie du carrelage fraîchement posé ! Le succès est au rendez vous très rapidement. A cette époque la Grand Place comporte de très nombreuses places de parking ( gratuites ) mais les 150 places proposées à la clientèle en location longue durée font le bonheur des nombreux commerçants du centre ville qui souhaitent garer leur automobile dans un garage qui leur garantit la sécurité.

Publicité ouverture Février 1955 ( document J. Maerens )

Michel et Jeanine Maerens communiquent par la publicité, pour inciter les particuliers à déposer leur véhicule pour l’entretien ( lavage, graissage et vidange ) pendant leurs achats chez les commerçants du centre ville.

Publicité ( document Nord Eclair )
Michel à gauche, Jeanine à droite et une amie au centre ( document J. Maerens )

Le succès est tel que le couple Maerens décide, dès 1960, d’agrandir en construisant un deuxième niveau pour augmenter le nombre de places de parking disponibles. Plus de 200 emplacements sont maintenant proposés à la clientèle. Les fidèles entreprises roubaisiennes Degallaix et Browaeys sont appelées pour exécuter les travaux pour la surélévation par un plancher supplémentaire.

le 3° niveau sous la charpente 1960 ( documents J. Maerens )

Michel Maerens continue à investir dans son entreprise. Il change les pompes à essence, pour la troisième fois, pour des appareils plus modernes et décide également des travaux pour la réfection de la toiture en 1976.

les nouvelles pompes à essence ( document J. Maerens )

( documents archives municipales )

Michel décède malheureusement en 1978, à l’âge de 50 ans. Jeanine continue seule l’activité, aidé occasionnellement par son fils Philippe. Huit années plus tard, en 1986, Jeanine arrête la distribution de carburants, supprime les pompes à essence et cesse toute activité d’entretien des véhicules. Elle ne se consacre alors plus qu’à la location des places de parking , et loue le rez de chaussée à l’assureur Dussaussoy

La façade à la fin des années 1980 ( document archives municipales )

En 1998, Jeanine, à 66 ans, décide de prendre une retraite bien méritée. Son fils Philippe ne souhaite pas continuer l’activité car il s’est dirigé vers une autre orientation professionnelle. L’immeuble est alors cédé à un groupe de 4 associés qui vont continuer l’activité de location de places de parking et transformer les 4 niveaux en bureaux et commerces en location,

La façade en 1999 ( document archives municipales )

vue aérienne et façade actuelles ( document Google Maps et photo BT )

Remerciements à Jeanine Maerens ainsi qu’aux archives municipales

ESMOD

En 1841, Alexis Lavigne maître-tailleur, puis tailleur-amazonier de l’impératrice Eugénie, publie ses premières méthodes de coupe et ouvre une école pour l’enseignement des métiers de la mode : le Cours Lavigne à Paris, qui deviendra 150 ans plus tard ESMOD, Ecole supérieure de Stylisme et de Modélisme, qui deviendra plus tard l’Ecole Supérieure des arts et des techniques de la Mode.

Alexis Lavigne ( document ESMOD )

Après les écoles créées à Paris, Bordeaux, Lyon, Rennes, ESMOD décide en 1993, de s’implanter à Roubaix. La ville n’a pas été choisie au hasard. En effet, ainsi que les deux directrices Mmes Paule Douarinou et Annette Goldstein le précisent : Roubaix a toujours été tourné vers le textile, la mode et l’innovation, la ville se trouve à un carrefour européen avec les pays du Nord, et accueille des grands groupes de distribution moderne et de vente par correspondance.

plan cadastral

Reste à trouver un endroit pour l’implantation de l’école. Le choix se fait sur un magnifique bâtiment, un endroit qui séduit à la fois la direction, les enseignants et les étudiants, et qui, de surcroît a du caractère : le 27 boulevard Leclerc.

vue aérienne Bardahl ( document archives municipales )

Cette magnifique maison de maître était précédemment le siège de l’entreprise Bardahl France ( voir sur notre site, un précédent article édité et intitulé : Bardahl ) et auparavant occupé par les établissements Paul Bonte et cie ( négoce de laines ).

documents archives municipales

L’architecte Philippe Alexandre se charge de réhabiliter l’immeuble. Le premier bâtiment sera occupé par une salle de cours, les magnifiques charpentes seront préservées et sauvées, car menacées par la mérule, et un podium arrondi sera installé pour les défilés de mode, équipement indispensable pour une telle école.

documents Nord Eclair

Sur le côté on aménage des bureaux, une salle de cours et une tissuthèque. Dans la cour, se trouve un vaste hangar dont la structure est saine, mais il faudra certainement le détruire car il ne correspond pas aux besoins de l’école et cela pourrait constituer une réserve foncière pour un prochain agrandissement.

René Vandierendonck, premier adjoint au maire, ne manque pas d’idées pour tout ce qui touche à ce quartier situé à deux pas de l’Eurotéléport, de l’IUT, et au cœur d’un vrai pôle universitaire.

document Nord Eclair

Mardi 15 Février 1994, une réunion se déroule en Mairie ; une table ronde-information sur « la mode, ses métiers, son avenir » avec la participation de Elisabeth de Senneville, styliste créateur, de Paule Douarninou et Annette Goldstein, directrices d’ESMOD international, de Jacques Bonte, historien de l’industrie textile du Nord de la France, de Jean Duforest président de Camaïeu, et de René Vandierendonck.

document Nord Eclair

Après la réunion de travail, où on prépare l’ouverture d’ESMOD Roubaix pour la rentrée de Septembre, à 19h30, se déroule un défilé de mode à la Mairie par les élèves de 3° année d’ESMOD Paris, et ensuite, c’est la fête ! Les étudiants costumés donnent de sacrées couleurs à l’intérieur et l’extérieur de l’Hôtel de Ville pour un carnaval débridé.

document Nord Eclair
Défilé à la mairie en Février 1994 ( documents Nord Eclair )

En Octobre 1994, c’est l’inauguration, en présence de Mr le maire, René Vandierendonck, des deux directrices d’Esmod Mmes Douarinou et Goldstein qui sont venues de Paris pour cet événement, ainsi que de 22 élèves, de leurs parents et des professeurs

Les nouveaux locaux sont flambant neufs, et sentent encore la peinture fraîche. On n’a pas mégoté sur les travaux pour que les lieux soient vraiment à la hauteur de la réputation de l’école

Inauguration Octobre 1994 ( documents Nord Eclair )

L’ESMOD se développe de façon importante à la fin des années 1990 . Chaque année au mois de Juin, est organisé un défilé de mode, réalisé par les étudiants(tes) de l’école. Chacun peut assister au spectacle et le défilé est gratuit pour les professionnels mais également pour le grand public sur réservation.

document archives municipales

« Les premières années, les défilés avaient lieu à l’hôtel de ville, précise Philippe Zmirou, le nouveau directeur d’ESMOD. Les professionnels étaient très impressionnés par la beauté des lieux et le majestueux escalier. J’avais envie de rendre le défilé accessible au public. « Ça va déclencher des émeutes, vous êtes à Roubaix! », m’avait-on dit. Finalement, je suis allé jusqu’au bout de mon idée et tout s’est bien déroulé. »

Les années suivantes, les défilés ont lieu dans des endroits différents : le parc de Barbieux, la manufacture des Flandres et très souvent la salle Watremez.

document archives municipales
document archives municipales

à suivre . . .

Remerciements aux archives municipales

Les potages Dulfrance

Pierre Caulliez crée en 1939, les laboratoires Dulfrance, au 230 rue d’Alger, dans une partie de l’entreprise des rubans Gallant. Pierre produit des farines alimentaires ( aliments pour bébés ) sous la marque Dulcia.

Publicité des laboratoires Dulfrance ( document collection privée )

Les débuts sont difficiles, en 1939, mais dès la fin du deuxième conflit mondial, les affaires démarrent enfin. A la fin des années 1940, Pierre Caulliez développe l’activité de farines alimentaires et commence à s’intéresser aux produits déshydratés, et en particulier les potages et sauces.

Buvard ( document collection privée )

En 1955, les locaux de la rue d’Alger sont désormais trop petits mais l’entreprise Dulfrance a la possibilité de reprendre un très grand local au 56 de la rue des Sept Ponts. C’était auparavant, l’atelier de fabrication des meubles De Beyne ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé De Beyne ).

le 56 rue des Sept Ponts ( document collection privée )

L’entreprise de Pierre Caulliez emploie 10 personnes pour fabriquer et commercialiser ses produits déshydratés. La concurrence sur le marché est féroce, car de grands groupes alimentaires sont implantés avec de très grandes marques : Royco, Knorr et Maggi.

document archives municipales

Pierre commence sérieusement à penser à l’exportation pour ses produits. Antoine Caulliez vient aider son père, au sein de l’entreprise Dulfrance. Dans les années 1970, Antoine attaque avec succès l’exportation vers l’Afrique, l’Amérique du sud, le moyen-Orient. Ensuite au début des années 1980, il songe sérieusement à s’implanter aux Etats-Unis, aidé et conseillé par la COFACE ( Compagnie Française d’Assurances du Commerce Extérieur ). Puis, Stéphane ( le fils d’Antoine ) entre dans l’entreprise pour aider son père.

document archives municipales
Antoine et Stéphane Caulliez ( document Nord Eclair )
documents Nord Eclair et collection privée

Antoine et Stéphane mettent au point une gamme de 9 potages et 6 sauces déshydratées, sous sachets traduits en anglais et en bilingue pour le Canada. Ils recrutent un agent pour la commercialisation de leur gamme de produits. Le succès est immédiat : deux ans après le démarrage, Dulfrance dispose désormais de 7 importateurs sur les USA et le Canada et dix containers ont été expédiés soit plus d’un million de sachets vendus.

En 1987, Antoine et Stéphane commencent à s’attaquer à de nouveaux marchés, tels que l’Australie et la Nouvelle Zélande à l’exportation et, pour la France, les collectivités, hôpitaux, restaurants d’entreprises, cafétérias, tous très concernés par les produits déshydratés. Dulfrance produit alors des conditionnements adaptés, des paquets cartonnés qui permettent de fabriquer 12 litres de potage.

document collection privée

Le succès de cette petite entreprise roubaisienne est d’autant plus surprenant qu’elle ne compte que 10 personnes ! Antoine et Stéphane s’expliquent : En effet, c’est que les ingrédients déshydratés ne sont pas fabriqués sur place. Nous les recevons séparément, nous les mélangeons selon nos propres recettes, et nous les conditionnons sur des machines automatiques, ce qui explique qu’il nous faut très peu de personnel. Outre le mélange, les emballages sont conçus à Roubaix, ainsi que toute la stratégie commerciale. Notre atout c’est justement notre petite taille, qui nous permet une grande souplesse et une rapidité d’adaptation.

documents Nord Eclair 2003

En Août 2003, un incendie se déclare dans l’entreprise Dulfrance. Les pompiers arrivent sur place avec quelques difficultés de circulation, puisque c’est le jour de la braderie du quartier ! Une bouteille de gaz est certainement à l’origine du sinistre. Les secours maîtrisent rapidement l’incendie. Le bâtiment de stockage de marchandises est fortement endommagé.

L’entreprise Bati-Techni-Concept reconstruit, en 2004, un nouvel entrepôt de stockage, qui a l’avantage d’avoir des liaisons directes avec les différentes parties de l’entreprise, améliorant ainsi, les conditions de travail du personnel.

document archives municipales 2004

En 2015, Dulfrance se rapproche de Nutridry, un groupe alimentaire de 5 entreprises spécialisées dans les produits déshydratés. La fabrication des potages Dulfrance se fait désormais dans les locaux Nutridry à Lezennes, rue Paul Langevin.

document collection privée

Dulfrance ferme ses portes le 24 Juillet 2015. Depuis 2016, le bâtiment du 56 de la rue des Sept Ponts est occupé par La Croix Rouge Française.

documents collection privée et Nord Eclair 2016

Remerciements aux archives municipales

L’incendie de « La Lainière » en 1960

Samedi 16 Janvier 1960 à 13h40, un incendie se déclenche dans un vaste bâtiment de 3 étages ( appelé La Cave Lepoutre ) de 8000 m2 à La Lainière de Roubaix. Dans ce vaste local sont stockés 400 tonnes de fils de laine avant pelotonnage.

Alertés par les systèmes performants de sécurité de l’usine, les ouvriers sur place préviennent les pompiers de Roubaix et de Tourcoing qui arrivent sur place rapidement et découvrent des flammes, certes, mais surtout une épaisse fumée qui se dégage des matières entreposées et qui gênent l’approche du foyer.

document Nord Eclair sur 8 colonnes, dimanche 17 Janvier 1960

Pour essayer de dissiper cette épaisse fumée, les pompiers brisent les vitres de l’immeuble et déversent des tonnes d’eau, mais, cette eau, au contact du feu et du sol brûlant, forme à son tour une vapeur, ce qui rend impossible toute visibilité ainsi que de pénétrer à l’intérieur de l’entrepôt.

document archives municipales

Vers 19h les pompiers appellent leurs collègues de Lille en renfort. Le feu est toujours intense et les bandes de béton qui soutiennent les fenêtres des étages commencent à fondre. Les sauveteurs commencent à être inquiets. A 20h15, la nef centrale s’écroule et trois explosions retentissent, provoquées certainement par des bonbonnes de produits chimiques utilisés en teinturerie. Un pan de mur s’écroule à son tour dans un fracas épouvantable.

document archives municipales

Les personnalités arrivent dont le préfet Mr Hirsch, et Mr Midol, l’un des directeurs de La Lainière, qui précise : la « Cave Lepoutre » n’est pas une cave mais un entrepôt de stockage de 100m de long sur 80m de large sur 3 niveaux, et qui comprend un atelier de pelotonnage, une teinturerie sur écheveaux mais également une imprimerie et un laboratoire photo.

document archives municipales

Vers 20h30 la cave Lepoutre s’embrase complètement. Il s’agit alors pour les pompiers d’épargner impérativement le reste des bâtiments de l’usine pour éviter un désastre complet.

Jean Prouvost et l’un de ses directeurs sur les lieux du sinistre ( document Nord Eclair )

Jean Prouvost en déplacement à Paris arrive dans la nuit de samedi à Dimanche. Les pompiers luttent toute la nuit à la lueur des projecteurs, et au petit matin, arrivent enfin à maîtriser le sinistre. Il va falloir plusieurs jours avant de pouvoir pénétrer dans le bâtiment.

300 personnes travaillent dans la cave Lepoutre, mais compte tenu du « roulement des équipes » ce sont 700 personnes qui sont touchées par cette tragédie. Mr Nicod, directeur du personnel, s’engage à recaser provisoirement l’ensemble des salariés concernés dans d’autres ateliers et services de l’usine.

Le lendemain, dans la presse locale, la direction demande expressément au personnel concerné de ne pas venir au travail, et déclare que les dispositions sont prises pour que toutes les personnes soient reclassées dans d’autres services de l’entreprise. Il n’y aura donc pas de chômage technique.

document Nord Eclair

Le lundi matin, le bilan est lourd : une dizaine de pompiers intoxiqués sont hospitalisés, l’entrepôt est détruit, 400 tonnes de laine sont parties en fumée, 150 machines sont détruites, et 700 personnes travaillant sur cette partie de l’usine sont concernées.

document Nord Eclair
document Nord Eclair

Le feu est enfin complètement maîtrisé le lundi en début d’après midi. Les dégâts sont colossaux ; il ne reste plus de la cave Lepoutre que des décombres.

document collection privée

Certes, ce bâtiment ne représente qu’une partie modeste de l’ensemble de la Lainière ( le rectangle rouge sur la photo ci-dessus ), mais la totalité de l’activité de l’usine sera forcement perturbée par la disparition de certains rouages importants, tel le pelotonnage, par exemple.

document Nord Eclair
document Nord Eclair

Il est donc essentiel de reconstruire rapidement cette partie de l’entreprise. Le mercredi matin, on commence déjà à déblayer les tonnes de gravats, les architectes sont déjà à pied d’oeuvre pour commencer à établir leurs plans de reconstruction.

document Nord Eclair

En 1961, un an après, une ossature se dresse sur le terrain où la cave Lepoutre a brûlé. En attendant la reconstruction complète, et grâce à la solidarité patronale, la Lainière assure son rythme de production. Les 5.000 ouvriers et employés de l’entreprise peuvent désormais assurer leurs fonctions à la Lainière.

Remerciements aux archives municipales.

Du roller-skate chez Cabour

En 1981, la municipalité décide qu’une partie de la Grand rue ( entre la Grand Place et la place de la Liberté ) va devenir piétonnier.

document Nord Eclair

Ce grand changement satisfait bon nombre de commerçants. Par contre, supprimer la circulation des voitures peut entraîner des conséquences inévitables et graves pour le garage Citroën situé au 29 Grand rue. Ce concessionnaire exclusif, la SA Cabour et J. Vancauwenberghe, doit alors transférer son atelier et son service commercial, dans son deuxième garage rue Racine.

le garage Citroën fermé en 1984 ( document archives municipales )

Après travaux, la Grand rue devient piétonnière en Août 1982 et le garage Citroën reste toujours fermé. En Janvier 1985, un projet d’ouverture d’une piste de roller-skate voit le jour, dans cet ancien garage. Quatre associés : Alain Carré, Jean-Pierre Seri Gnabbe, Robert Delgado et Dominique Bord louent le garage à la société Cabour, et dans un premier temps l’ensemble du rez de chaussée de 2400 m2.

Les quatre associés ( document Nord Eclair )

Un centre de roller-skate consiste à offrir à une clientèle très jeune, un total de 500 m de pistes de patins à roulettes. On peut y trouver 4 pistes différentes : un circuit d’initiation pour les plus petits, un autre pour les 7 à 12 ans, un troisième pour les grands de 12 à 77 ans et enfin un dernier pour les sportifs.

La réalisation d’une piste de roller à l’américaine, est unique dans la région. Il faut aller à Paris ou à Ostende pour trouver presque aussi bien. L’arrivée de ce centre, destiné à attirer beaucoup de monde dans le centre ville, est alors une très bonne chose !

l’ouverture ( document Nord Eclair )

Le centre de roller-skate ouvre le 6 Février 1985. Le matin, le centre accueille les écoles, et les professeurs de sport sont très favorables à cette activité qui apporte un complément pour l’éducation sportive. L ‘après midi, le centre est ouvert au grand public qui est accueilli par un animateur et un disc-jockey : l’ambiance est chaude, musicale et fondée sur des spots lumineux et colorés. Ceux qui ne font pas de patin, peuvent y trouver 15 jeux vidéo, un bar sans alcool et une piste de danse.

Les 4 responsables de ce centre de roller-skate sont ambitieux et envisagent déjà d’agrandir avec la création d’une salle de hockey sur patin, à l’étage, d’un café de jeunes côté Grand rue, et pourquoi pas des boutiques si l’ouverture sur l’avenue des Nations Unies est possible, par la suite. L’entrée est fixée à 15 Frs plus 10 Frs pour la location des patins, si l’on n’en possède pas soi-même.

Cachet.   Le N° de téléphone est en attente ( document collection privée )
document Nord Eclair

Après un démarrage encourageant l’affaire stagne dès le mois d’Août 1985. Les deux associés restants, Jean-PierreSeri Gnabbe et Alain Carré sont fortement désabusés, car, si au départ 90 à 95 % des clients louaient des patins, ils ne sont plus que 50 % aujourd’hui : les jeunes arrivent avec leurs propres patins sous le bras.

Jean-Pierre et Alain incriminent tour à tour, la presse et la municipalité. La présence de la police municipale devrait rassurer la clientèle mais sa présence constante en arrive à faire craindre une certaine insécurité. La SARL paraît bien mal en point. Les deux patrons estiment qu’on leur met des bâtons dans les roues et qu’on les empêche de travailler. Ils menacent de quitter Roubaix si l’on ne porte pas plus d’intérêt à leur maintien dans la ville.

document Nord Eclair

Au mois de Novembre 1986, un arrêté municipal annonce la fermeture prochaine du roller-skate de la Grande rue. En effet, une décision de la commission de sécurité de la ville constate qu’il n’y a pas d’issue de secours ! La situation financière de la petite entreprise reste très précaire. Le billet d’entrée est d’un prix modeste et un restaurant est en cours d’installation. Il leur est dès lors difficile de trouver des financements car les banques restent frileuses et souhaitent des premiers résultats positifs.

document Nord Eclair

La municipalité reste ferme et intransigeante sur la sécurité. Nous ne faisons qu’appliquer la loi, affirment Mrs Lamaire et Vandierendonck. Certes, cette fermeture tombe au plus mauvais moment, car les jeunes arrivent à Roubaix, et on tente par tous les moyens de structurer et d’animer le centre ville. Le jour même où la police fait appliquer l’arrêté municipal de fermeture, le tribunal de commerce de Roubaix prononce la liquidation du roller-skate. C’en est fini !

Quelques années plus tard, l’intérieur du garage Citroën est complètement rasé, car le projet de la construction de l’Espace Grand Rue arrive à grands pas. De nos jours la façade du garage Cabour existe toujours, l’intérieur étant occupé par une partie de l’immense magasin du Furet du Nord et des bureaux installés sur les deux étages.

la façade de nos jours ( photo BT )

Remerciements aux archives municipales

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Une Bugatti, rue du Maroc

Septembre 1989, branle-bas de combat, dans la rue du Maroc à Roubaix face au N°56. Des policiers de Roubaix et des démineurs venus d’Arras ont été requis par une étude notariale. Cette maison est inoccupée depuis le mois de Mai de cette année. Le vieux monsieur qui y résidait est décédé à l’hôpital.

Le 56 rue du Maroc de nos jours ( Photo BT )

D’après les voisins, Pierre Dominé et son frère Jean, décédé il y a maintenant une dizaine d’années, étaient passionnés par les véhicules anciens et surtout par les armes. Soucieux d’éviter des cambriolages, ils avaient fait courir le bruit que leur maison était piégée.

document Nord Eclair

En fait, les motifs de crainte ne sont pas fondés et tout se passe bien, à part un certain émoi dans le quartier. Il n’empêche que c’est quand même un joli trésor que tout ce petit monde peut admirer : une Hotchkiss et surtout une Bugatti. Ces deux voitures très anciennes sont en parfait état, certes très poussiéreuses, mais sans un seul point de rouille, seul le bouchon du réservoir de la Bugatti est manquant.

document Nord Eclair

Les deux voitures sont emmenées par l’entreprise Lys dépannage pour être stockées provisoirement dans ses locaux roubaisiens.

document Nord Eclair

La Hotchkiss date de 1958 et la Bugatti de 1928. Cette dernière est un coupé de 8 cylindres en ligne de 17 chevaux avec conduite à droite. Les frères Dominé ne la sortaient qu’une fois l’an pour une escapade en Bretagne en été ce qui explique que le compteur n’indique que 28.780 kilomètres parcourus en 61 années. Le véhicule est assuré au kilomètre, et l’assureur Bernard Tack de la rue Claude Lorrain, confirme les chiffres sans problème.

document Nord Eclair

La Bugatti de 1928 est très rare ; il n’y en aurait que 3 ou 4 de ce type, en France. Elle sera vendue aux enchères à la salle des ventes de Roubaix. Maître Mercier , commissaire priseur, qui s’y connaît pourtant bien en la matière, n’a pas encore eu l’occasion de voir ça, dans sa carrière. Les enchères pourraient bien atteindre des sommets. Le club Bugatti France estime la valeur du véhicule à un prix pouvant atteindre 500.000 Frs, et peut-être même davantage . . .

document Nord Eclair

En ce mois de Novembre 1989, à l’hôtel des ventes de Roubaix, Mr Picaud, expert parisien, vante les qualités de ce « trésor roulant » : très bonne origine… excellente conservation… quelques travaux mécaniques suffisent à la remettre en route…A l’époque dans les années 1920 1930, seulement 1000 exemplaires sont sortis de la maison Bugatti, et j’ignore combien sont encore en marche aujourd’hui !

Le vente commence, la mise à prix est de 200.000 Frs, les enchères ne durent que quelques minutes. A 400.000 Frs ils ne sont plus que deux amateurs en lice. L’un des deux, un collectionneur passionné qui souhaite rester anonyme, remporte le véhicule pour la somme de 470.000 Frs.

document Nord Eclair

L’acheteur ne fait pas de commentaires sur ses projets pour son véhicule. Sera t il dans une salle d’exposition ? Dans un musée automobile ? Reverra t il la Bretagne ?

Il souhaite absolument garder l’anonymat, mais cela risque d’être un peu difficile de passer inaperçu au volant d’une rutilante Bugatti « jaune canari ».

document Nord Eclair

Remerciements aux archives municipales